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Révélation
 
- Personne ne recule ! En avant, tout le monde !
L’ordre fut bref. Le Jedi venait de sauter d’une hauteur de plus de vingt mètres depuis l’un des transports de troupes sans même attendre son atterrissage complet. Il se planta dans la fange des marécages devant Isil à peine reconnaissable tant son visage était maculé de boue et de sang.
- Maître Beno ? balbutia la Padawan d’un ton presque désemparé. Nous plions ! Nous n’y sommes pas parvenus ! J’ai… échoué…
La jeune fille qui venait d’avoir dix-huit ans avait la tête basse de l’animal vaincu. Autour d’elle les troupes hésitaient. De partout montaient des cris et des gémissements de douleur des soldats blessés et des mutilés. Elle leva vers son Maître un visage décomposé par la fatigue et le découragement. La pluie ruisselait sur ses joues sales comme autant de larmes de désespoir. Beno Mahr la secoua comme s’il voulait ranimait la flamme qui s’était éteinte en elle.
- Voici des renforts, Isil ! Vous avez tenu suffisamment pour éviter la déroute, nous allons reprendre l’offensive et emporter la position ! Allez ma jeune Padawan, fais-moi un sourire et rectifie-moi ce dos que je n’aime pas voir ainsi voûté !
Avec un sourire qui se voulait rassurant, il saisit sa Padawan par les épaules et les tira en arrière pour l’obliger à redresser son buste. Tous les appareils avaient à présent réussi à se poser malgré le tir meurtrier des batteries mandaloriennes, en provoquant de grandes gerbes de boue. Des hommes en descendirent pour se regrouper au pas de charge. Comme un heureux présage, le déluge qui tombait du ciel sans discontinuer depuis plusieurs jours s’était enfin arrêté et quelques rayons de soleil s’infiltrèrent entre les lourds nuages qui déjà, s’amenuisaient. Beno Mahr fixa Isil dans les yeux pour lui insuffler un renouveau de courage et d’une main balaya la boue qui recouvrait ses joues. Un éclair renaquit sur le visage de la jeune fille au moment précis où le soleil se posait sur elle.
- On va les avoir, Maître ! s’exclama-t-elle avec un souffle nouveau.
- Oui, cria presque le Jedi, oui Isil, on va les chasser de cette planète ! Sens la Force autour de toi ! Sers-t-en !
Un officier arriva en courant vers eux et salua.
- Les renforts sont prêts, général Mahr ! Nous évacuons les blessés vers l’arrière et nous avons rassemblés tous les hommes encore valides… ils veulent tous y retourner !
- Parfait colonel, répondit le Jedi. Le beau temps revient. C’est le moment de lancer notre contre-offensive. Que les blindés couvrent les compagnies A et B. Ma Padawan va commander le flanc gauche et vous le droit. Je dirigerai l’assaut principal au centre avec les troupes fraîches !
L’officier supérieur salua de nouveau en acquiesçant.
- Bien, général !
- Prête ? demanda Beno Mahr à son élève.
- Vous savez Maître, j’ai cru que tout était perdu…
- Rien n’est jamais perdu tant qu’il reste quelque part un peu de Force vive !
Il lui tapota paternellement la joue avec un sourire bienveillant et répéta.
- Rien n’est jamais perdu, n’oublie jamais cela, jeune Padawan, tant qu’il te reste la Force…
*
* *
L’écho lointain de ces paroles résonnait encore aux oreilles d’Isil tandis qu’elle s’efforçait de résister à l’étranglement dont elle était victime. En fermant les yeux, elle plongea dans le calme bienfaisant des vibrations qu’elle sentait tout autour d’elle. La Force vive était là, présente. Si Darillian pouvait s’en servir, elle pouvait le faire elle aussi afin de le contrer. Petit à petit, la Padawan retrouva en elle, calme et sérénité. La douleur de l’écartèlement et de l’étranglement qu’elle subissait s’estompa rapidement. Elle se concentra pour stopper l’écrasement qui oppressait sa gorge. À présent, elle pouvait distinguer des lignes de force lumineuses qui irradiaient l’espace tout autour d’elle. Elle commençait à ressentir cette puissance inconnue à laquelle elle avait déjà goûtée quelques jours auparavant mais elle n’en avait plus peur. Elle savait pouvoir s’en servir encore, marcher sur cette frontière entre la clarté et la zone plus sombre qui vibrait si intensément sans pour autant y succomber, elle en était certaine.
Lentement, la pression qui s’exerçait sur sa gorge se stabilisa et n’augmenta plus. La bouche ouverte comme un poisson hors de l’eau, elle faisait des efforts considérables pour respirer. Au travers des lignes de force, elle voyait, malgré ses paupières closes, se dessiner la silhouette de son adversaire qui la maintenait toujours en l’air, contre la paroi froide, bras écartelés. Alors, avec toute sa pensée orientée vers la Force, elle amalgama d’invisibles particules autour de l’homme pour l’enfermer dans un bouclier impalpable.
Darillian sentit la résistance extraordinaire que la jeune fille lui opposait. Il lâcha.
- Fantastique ! Je savais que tu pouvais faire mieux que cela, ma chère enfant !
Quelque chose avait changé autour de lui, mais il ne percevait pas encore ce que c’était. Il avait devant lui la jeune fille proche de la suffocation qui lévitait dans les airs, mais ce ne fut que lorsqu’il sentit une gêne pour respirer que la vérité se fit jour dans son esprit.
- Incroyable, s’exclama-t-il avec peine. Tu as réussi à créer un bouclier de Force autour de moi et tu… tu le vides de son oxygène ? Impressionnant ! La Force est vraiment grande chez toi Isil, t’en rends-tu compte ? Tu utilises là ce que ton Maître aurait appelé un pouvoir du Côté Obscur… c’est très bien ainsi… tu tiens vraiment de ton père… les gênes ne mentent pas…
- Mon… mon père… n’était pas un… Jedi… protesta faiblement Isil avec difficulté, grimaçant sous la douleur qui tiraillait ses membres écartelés et qui écrasait sa gorge.
Darillian trouva la force de ricaner.
- Et non, il ne possédait aucun pouvoir dans la Force… et ta pauvre mère non plus… Ne t’es-tu donc jamais demandée d’où te provenait ce don si puissant ?
- Que… voulez-vous dire ?
- Isil, la Force est puissante chez toi parce qu’elle est puissante chez ton père ! Je veux dire, ton père… génétique !
Les yeux bleus s’agrandirent.
- Je ne… comprends pas, murmura-t-elle d’une voix éteinte.
Jaster Darillian parut se ranimer sous l’impulsion de souvenirs éteints.
- Jaina ne pouvait pas avoir un enfant de Jann… elle ne devait pas… je ne l’aurais jamais… permis…
Les lèvres entrouvertes de la jeune fille se mirent à trembler tandis qu’elle demandait.
- Que… dites-vous ? Qu’avez-vous… fait ?
- J’ai fait ce qu’il fallait que je fasse… forcer Jaina à m’aimer… profiter de l’absence de Jann pour lui faire concevoir un enfant…
- Je… ne… comprends pas… vous avez… violé ma mère ?
Le Conseiller secoua la tête en signe de dénégation. Un rictus déforma les lèvres de son visage crispé.
- Non… non… je ne lui aurais jamais fait de mal… c’était mon amour… à moi… Jann n’avait pas le droit de me la prendre… ni de concevoir mon enfant avec elle ! Je ne lui ai jamais fait de mal… elle ne l’a jamais su… ni Jann… à mon grand regret. Je l’ai… aimé en cachette, à son insu… sans lui faire de mal… j’ai pu… agir sur son esprit avec l’aide de quelques drogues… pour la soumettre à ma volonté… puis lui faire oublier ce délicieux moment…
- C’est immonde ! essaya de crier Isil. Vous… n’aviez pas le droit !
- Je l’ai fait… par amour… pour elle et… pour l’enfant qu’elle devait porter ! Elle n’en a… jamais souffert… elle n’a jamais… su que tu n’étais pas l’enfant de Jann !
- Je ne… vous… crois pas ! Vous… mentez ! protesta la jeune fille en retenant les larmes qui montaient à ses yeux. Vous êtes… un être… abject ! Un monstre, une… bête !
La colère qui se peignit sur le visage de Darillian sembla lui apporter quelques forces nouvelles. Il s'emporta.
- Je t’interdis de me parler comme ça, Isil ! Ce que j’ai fait, je l’ai fait aussi pour toi. Si tu as de si grands pouvoirs dans la Force, c’est grâce à moi, c’est mon héritage ! J’ai toujours… veillé sur toi depuis… que j’ai cru t’avoir perdue dans l’incendie de ta maison… j’ai également veillé sur ton héritage familial Isil… Tout a été conservé à ton nom… par la holding Zilar, que j’ai créée du nom de ta mère… pour lui rendre hommage. Tous les biens des Zilar… et des Valdarra t’appartiennent… j’ai conservé intacte la fortune qui te revient et dont… tu peux reprendre possession n’importe quand. Il te suffit… d’aller voir le président… de la holding… et il te… remettra… tout entre… tes mains. Tu… es… mon… enfant… Isil !
Darillian avait à présent du mal à parler. Il suffoquait dans sa sphère de vide. Isil commençait à sentir la pression sur sa gorge diminuer et lentement, son corps se mit à redescendre le long de la paroi métallique et froide. Enfin, ses pieds touchèrent terre.
- Je ne suis pas votre enfant ! cria-t-elle. Mon père s’appelle Jann Valdarra, j’ai la même carte génétique que lui !
Le Conseiller ouvrait à son tour la bouche comme un poisson hors de l’eau à la recherche d’un peu d’oxygène. Rassemblant ses forces, il précisa.
- J’ai fait… trafiquer les fichiers… officiels pour… qu’il en soit… ainsi… N’imagine pas… un instant que j’ai pu… laisser quelque chose… au hasard.
- Tout ce que vous dites, ce ne sont que des mensonges !
- Il te suffit de procéder… à une nouvelle… recherche… génétique… pour être… fixée…
- Je n’en ai pas besoin. Je ne vous crois pas, c’est tout !
- Alors… si tu… en doutes… tue-moi…
Il tomba sur les genoux, vaincu. À présent il avait l’apparence d’un vieillard malheureux et brisé. Isil sentit en elle une lutte se livrer avec cette aspiration à la puissance qui s’emparait à nouveau d’elle. Il lui était loisible d’en finir, de venger ses parents en éliminant son adversaire vaincu. Il suffisait d’attendre encore un peu, juste quatre ou cinq minutes et tout serait accompli. Elle aurait gagné, s’imposant par sa puissance dominatrice à l’homme qu’elle se devait de haïr suffisamment pour l’anéantir ! La Padawan pouvait à présent mesurer son pouvoir à l’aune de celui dont elle venait de triompher. Au nom de quoi voulait-il qu’elle soit son élève alors qu’il n’avait pu l’empêcher, à elle, de le terrasser ? L’apprentie écrasant le Maître ! Beno Mahr aurait été fier d’elle !
Non ! Son Maître n’aurait pas été fier de sa Padawan ! Cette pensée s’imposa soudain à la jeune fille et elle la ressentit comme un violent coup de poignard dans le cœur. Seuls les apprentis Sith terrassaient leur Maître ! Que lui arrivait-il ? Était-elle en train de détruire une vie par son seul désir de vengeance ? Ses émotions n’étaient-elles pas en train de la submerger et de prendre le contrôle de son esprit ? Que faisait-elle du Code que son Maître lui avait si patiemment inculqué ? Était-ce ainsi que devait se comporter un postulant au grade de Chevalier Jedi ?
Isil se rendit compte qu’elle était en train de franchir une ligne interdite, une ligne qui l’emmenait vers des régions sombres et risquées d’où elle ne pourrait peut-être jamais revenir. Elle frissonna et lâcha prise.
Jaster Darillian inspira bruyamment en cherchant l’air de nouveau disponible autour de lui, la bouche grande ouverte. Il toussa violemment plusieurs fois en se tenant la gorge avant de se relever péniblement. Son regard trahissait une foule de sentiments contradictoires qui tous concernaient la jeune fille blonde qui se tenait si droite en face de lui.
Ensemble, ils firent le même geste, tendant la main droite vers le vide de l’étage inférieur. Comme deux jumeaux, les sabres laser s’élevèrent en tournoyant dans les airs et chacun gagna la paume de la main qui l’avait appelé. Ils s’allumèrent de façon parfaitement synchrone, lame rouge, lame verte, devant leurs yeux.
- Je vous tuerai dans un combat loyal ! affirma la Padawan d’un ton raffermi, campée fièrement sur ses jambes.
- Tu ne comprends pas, ma fille, je ne veux pas te tuer, tu représentes trop à mes yeux à présent que je connais ton emprise dans la Force, objecta le vieil homme qui reprenait de sa superbe.
- Alors rendez-vous à moi, vous aurez un procès équitable !
Darillian se mit à rire en secouant la tête.
- Isil, ma chère enfant, tu ne doutes de rien ! Tu es aussi naïve que tu es jolie… mille fois plus belle que ta mère. J’ai d’autres projets vois-tu, qui impliquent que je doive rester libre de mes mouvements même s’il me faut abandonner ma charge de Conseiller à la sécurité de Coruscant.
- Vous n’avez pas le choix. Si vous préférez combattre, soit je vous tue, soit vous me tuez… il n’y a pas d’alternative. Et cessez de m’appeler votre fille… je ne crois pas une seule seconde que vous soyez mon géniteur !
Quand il se mit de nouveau à rire, Isil sentit qu’il y avait quelque chose qu’elle n’appréhendait pas. Darillian semblait avoir au moins une autre carte dans ses manches. La jeune fille dressa son sabre laser, prête à toute éventualité et se mit en position d’attaque.
Le duel au sabre s’engagea de nouveau avec une fébrilité accrue. Les lames se frappaient mutuellement avec la rapidité de l’éclair. Isil sauta par-dessus son adversaire en tentant de l’atteindre en plein essor mais Darillian para habilement le coup de son sabre levé. Isil se retourna et ferma les yeux pour faire appel à toute la Force environnante. Sous ses paupières fermées, elle voyait l’ombre de Darillian, elle sentait ses mouvements. Son attaque fut foudroyante. Elle roula vers lui, se redressa, frappa de taille, enchaînant plusieurs coups d’en haut puis d’en bas et fit un tour sur elle-même pour revenir avec une puissance décuplée frapper le manche du sabre laser de son adversaire. Le coup brisa l’arme en deux en sectionnant net le pouce de la main qui la tenait et la lame rouge s’éteignit. Les traits du visage crispés, le bras tendu en avant, sabre horizontal à hauteur des yeux pointé vers la gorge du vieil homme dont le visage était resté de marbre, elle articula froidement.
- C’est fini, vous êtes en état d’arrestation !
- Tu ne peux gagner contre moi, dit-il d’une voix remplie de certitude qui fit dresser l’oreille de la Padawan.
- Pourquoi ? demanda-t-elle d’une voix méfiante.
- À cause de cela, répondit-il en levant sa main gauche qui tenait un petit boîtier.
Son pouce appuya sur un bouton rouge. Aussitôt un klaxon perçant retentit au sommet de la cuve dans laquelle ils se trouvaient et des lumières rouges se mirent à clignoter au-dessus des différentes issues. Une voix synthétique annonça dans d’invisibles haut-parleurs.
- Reprise du compte à rebours… mise à feu missile dans trois minutes… évacuation de tout le personnel restant…
La Padawan regarda derrière elle en direction de la salle technique qui se trouvait à présent dans son dos. Son intuition lui disait que quelque chose s’y passait.
- J’ai bien peur qu’il ne te faille faire un choix, ma chère Isil. Continuer le combat ou sauver Corellia toute entière ! lâcha le Conseiller.
- Qu’avez-vous fait ?
- C’est l’aboutissement d’un petit projet que quelques irréductibles du Cercle Sombre ont élaboré ! Sacrifier quelques planètes pour obliger la République et l’Empire à en finir une fois pour toute avec cette guerre larvée !
- Des… planètes ? Vous voulez dire, détruire des planètes toutes entières ? s’exclama la jeune fille incrédule.
- Leurs populations seulement… nous n’avons pas le moyen de désintégrer un corps astral aussi volumineux qu’une planète comme Corellia, Alderaan ou Balmorra… pas encore du moins… Mais nous possédons celui de contaminer son atmosphère pour éradiquer toute forme de vie au moyen d’un poison si puissant qu’une seule fusée le propageant dans l’air suffit à cela... juste quelques heures…
- C’est monstrueux !
- La fin justifie les moyens. Si après de tels génocides la République ne rompt pas le Traité de Coruscant, rien ne saura la décider ! Et l’Empereur lui-même sera mis devant le fait accompli. Il ne lui restera plus qu’à engager la totalité des armées de l’Empire pour broyer ce résidu de démocratie corrompue qui se donne le titre ronflant de République Galactique !
- Vous n’allez pas tuer des milliards d’individus sans défense ? Des femmes, des enfants, des vieillards qui ne sont pour rien dans cette guerre ! Ce serait d'une ignominie sans limite !
La voix de la Padawan tremblait légèrement devant pareille horreur qui dépassait tout ce qu’elle avait connu et son ton trahissait un réel désarroi. Un instant désemparée, elle se demanda ce que son Maître aurait fait en pareil cas.
- Vous êtes un monstre ! dit-elle en serrant les dents.
- Je suis plutôt un homme pragmatique qui sait que la fin justifie les moyens, quels qu’ils soient. Mais je t’offre une occasion de sauver tous ces gens… du moins ceux de cette planète. Baisse ton arme Isil !
Le sabre toujours levé et pointé à quelques centimètres de la gorge du Conseiller, s’abaissa. Darillian recula pour se mettre hors de portée de la Padawan.
- Mise à feu missile dans deux minutes… évacuation de tout le personnel restant…reprit le haut-parleur.
Le regard bleu d’Isil brilla intensément comme pour essayer de déchiffrer la pensée tordue du vieil homme.
- Je vous écoute, dit-elle.
- Je pourrais te demander de te sacrifier pour ces gens et de me suivre contre l’abandon du compte à rebours… que ferais-tu en pareil cas ?
- Je… je ne sais pas… avoua la jeune fille un peu perdue. Peut-être que je vous suivrai pour vous tuer ensuite.
Darillian ricana.
- Tu vas finir par faire une bonne Sith, Isil, ma fille… mais je ne te proposerai pas un tel marché. Je trouverai un autre chemin pour t’amener à moi, un chemin que tu choisiras par toi-même.
Isil retint un cri. Jamais, pensa-t-elle.
- Je vous tuerai si vous n’arrêtez pas ce décompte, grinça-t-elle une lueur implacable dans les yeux.
- Je veux bien le croire… à présent, répondit Darillian. Mais pour l’heure je ne te laisse qu’une alternative. Tu peux tout arrêter, il te suffit d’aller dans cette pièce et d’entrer le code un, un, zéro, zéro, alpha, zéro sur la console principale ou continuer à te battre contre moi. Il te reste environ une minute pour te décider.
- Mise à feu missile dans soixante secondes… évacuation de tout le personnel restant…sembla confirmer le haut-parleur au même moment.
Le choix était limpide : soit elle entrait dans la salle pour arrêter le compte à rebours à condition que Darillian lui ait dit la vérité et elle sauvait les milliards de personnes que comptait la planète, soit elle reprenait le combat et le Conseiller, même sans son sabre laser, se défendrait âprement avec ses pouvoirs. L'affrontement durerait plus que la minute dont elle ne disposait déjà plus et le missile partirait répandre son chargement de mort. À condition qu'elle parvienne à maîtriser l'homme, elle aurait sacrifié la totalité de la population de Corellia pour arrêter un criminel.
Isil entendait déjà l'insoutenable bruit formé par les cris de milliards d'êtres vivants en train d'agoniser. La Force en frémissait déjà à travers la Galaxie. Tout le poids d'un pareil choix sur ses épaules l'écrasait soudainement. Mais y avait-il vraiment un choix à faire ?
Subitement la Padawan tourna les talons et s'engouffra dans la salle blanche dont les portes se refermèrent sur elle. Il y avait là une foule d'appareils qui ronronnaient. Au milieu de la pièce se trouvait une console circulaire surmontée d'un grand écran. Un clavier en occupait le centre.
- Quinze secondes avant lancement, avertit le haut parleur qui entama alors le funeste décompte. Quatorze… treize… douze… onze… dix… neuf…
Soigneusement, en évitant de trop se presser pour ne pas se tromper, la jeune fille appuya sur les touches. Un, un, zéro, zéro, alpha, zéro. Le haut parleur annonça.
- Compte à rebours annulé à h moins trois secondes. Sécurités réactivées. Missile neutralisé.
Isil ferma les yeux pour fuir les sentiments qui l'envahissaient. Elle savait sans devoir y retourner, que Jaster Darillian n'était plus sur la passerelle. Il était en train de quitter la planète à bord d'une navette pour rejoindre un croiseur impérial qui l'attendait en orbite. Ce que ne savait pas le Conseiller à cet instant précis et que ne pouvait non plus savoir Isil, c'est que les deux autres missiles venaient également d'être neutralisés, l'un sur Balmorra où Joy Laslo, le besalisk, avait sacrifié son existence pour y parvenir, et l'autre sur Alderaan où Maître Obi Melvar et l'ex-capitaine Hiivsha Inolmo étaient déjà en train de faire leur rapport au Conseil de l'Ordre des Jedi sur Tython via l'HoloNet.
Dans quelques minutes, le Conseiller à la Sécurité de Coruscant, désormais en fuite, apprendrait de la bouche même de Dal-Karven que leur plan avait intégralement échoué comme avait échoué la tentative d'assassinat sur la personne du Chancelier Suprême, programmée par le sénateur Kaldor sur Alderaan lors de la visite que Janarus devait rendre à la maison Organa.
Immobile, les yeux toujours fermés, Isil sentait que, malgré tout, son destin et celui de Jaster Darillian, que Dal-Karven venait d’accueillir à bord du Fulgurant en l’appelant Seigneur Dalius, auraient tôt ou tard l'occasion de se croiser de nouveau.
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