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Épilogue - Le choix d'une Jedi
 
Les pas du militaire aux cheveux grisonnants retentissaient sur le marbre du long et immense couloir qui menait à la salle du Conseil de l'Ordre du temple de Tython. D'une voix puissante qui résonna, amplifiée par les hautes arcades, il héla l'homme qui marchait devant lui dans la même direction.
- Capitaine Inolmo ?
Hiivsha se retourna, surpris, et s’arrêta, prenant le temps de dévisager l’officier général qui l’interpellait.
- Amiral Narcassan, par exemple ! s’exclama-t-il au bout de quelques secondes d’un intense effort de mémoire. Si mes souvenirs sont bons, la dernière fois que vous avez donné des ordres à mon escadrille, vous étiez colonel ? Les affaires marchent bien pour vous à ce que je vois ! gouailla le contrebandier en montrant les étoiles que le militaire portait au niveau de ses galons.
- Si on fait abstraction de l’âge qui passe, je n’ai pas eu à me plaindre, répondit l’Amiral en lui serrant chaleureusement la main. Mais vous-même, vous étiez capitaine il y a de cela presque dix ans ! Et maintenant vous êtes dans… le transport de marchandises, m’a-t-on dit ?
Hiivsha sourit.
- Oui, je n’avais pas d’avenir dans l’armée.
- Ne dites pas ça capitaine, vous aviez au contraire une carrière prometteuse !
- Je ne suis plus capitaine, ni votre subordonné, appelez-moi Hiivsha si vous le voulez bien.
- Soit, ce sera avec plaisir… et comme je ne suis plus votre supérieur, vous pouvez m’appeler Valin, répondit l’amiral avec une lueur de malice dans les yeux. Pourquoi avoir mis fin si prématurément à cette brillante carrière ? Vous étiez pourtant un pilote extraordinaire et un officier de valeur pour la République !
- Ah, disons que je ne voulais pas me retrouver un jour aux commandes d’une frégate ou pire, d’un croiseur !
Il eut un rire jovial, communicatif. L’Amiral reprit.
- Je vois, vous avez préféré la liberté des grands espaces interstellaires au pont désuet d’un vieux vaisseau fatigué, croulant sous les missions les plus ennuyeuses et les ordres contradictoires d’un état-major inefficace ?
- La guerre a pris fin avec le Traité de Coruscant, objecta Hiivsha, et je ne me voyais pas faire carrière pour un tas de raisons, y compris celles que vous évoquez et dont je vous laisse d’ailleurs l’entière responsabilité pour les avoir énoncées !
L’amiral sourit.
- Je comprends. C’est très tentant d’être son propre patron.
- Je ne vous le fais pas dire Valin ! J’ai appris que vous étiez à Balmorra avec le Defiance
Sa voix était devenue subitement grave. L’amiral Narcassan lui posa la main sur l’épaule.
- Je suis désolé pour votre ami, je n’ai pas eu le choix. J’ai attendu vraiment la dernière seconde pour détruire la base et tout ce qu’elle contenait, y compris le gaz PTK.
Hiivsha opina de la tête.
- Je m’en doute… En fait, je n’aurais jamais dû entraîner Joy là-dedans.
- Il a sauvé toute une planète, souligna le militaire, en cela, c’est un héros !
- Oui, soupira le contrebandier. Le problème c’est que la Galaxie est peuplée de quantité de héros… morts !
À son tour Narcassan acquiesça de la tête avant qu’ils ne reprennent leur marche qui les amenait au même endroit.

Dans la grande salle ronde du Conseil Jedi, les Maîtres patientaient en discutant. Lorsque Hiivsha et l’amiral Narcassan firent leur entrée, Maître Satele Shan vint à leur rencontre et s’inclina légèrement devant eux.
- Amiral, capitaine, merci d’être là !
- C’est un honneur et un plaisir, répondit le contrebandier en inclinant la tête à son tour. La salle du Conseil, le Saint des Saint de l’Ordre !
Il s’attira un sourire compréhensif de la part du Grand Maître. Obi Melvar s’approcha à son tour et les salua.
- Vous avez récupéré votre vaisseau, Hiivsha ? demanda-t-il en esquissant un sourire.
- Mon Choupy IV a été ravi de me retrouver, Adol Bruck. Je dois dire que l’argent d’Organa a été bien employé. Cet engin bénéficie désormais des toutes dernières technologies de pointe en matière de vol hyperspatial y compris celles qui ne sont pas sur le marché !
Hiivsha fit un tour sur lui-même en contemplant les hautes voûtes supportées par des colonnes de marbre.
- Je voyais cela plus grand ! finit-il par ajouter d’un ton railleur. Mais enfin, c’est rond… c’est bien !
Le Jedi sourit. Maître Satele reprit.
- Peu de personnes non Jedi en franchissent le seuil, capitaine Inolmo, mais vous êtes à votre place ici en ce moment.
Hiivsha ne répondit rien et se contenta de faire un petit signe de tête. Au même instant, les conversations se turent car les portes venaient de s’ouvrir de nouveau laissant la place à Onjo et Isil qui entrèrent, l’air attentif à ce qui se passait autour d’eux.
- Deux Padawans plus que méritants, commenta Satele Shan à voix haute. Venez nous rejoindre et prenez tous place.
Elle désigna les sièges vides qui leur tendaient les bras. Isil regarda brièvement Hiivsha et lui rendit discrètement le sourire qu’il venait de lui lancer avant de s’asseoir à l’instar des autres invités du Conseil.
Le Grand Maître de l’Ordre prit la parole.
- Tout d’abord, je dois vous transmettre les remerciements du Chancelier Suprême Janarus pour ce que vous venez d’accomplir pour la République Galactique. Des milliards d’êtres vous devront la vie sans jamais le savoir. Une catastrophe sans précédent depuis la dernière guerre et la ruine de Coruscant a été évitée grâce à votre dévouement, votre abnégation et votre courage. Et pour cela, tous ceux qui connaissent vos actions vous en seront éternellement reconnaissants !
Un murmure approbateur parcourut l’arc de cercle formé par les Maîtres présents. Hiivsha observa la Padawan de Maître Beno mais celle-ci se tenait les yeux mi-clos, le regard fixé vers le bas, les bras croisés dans les manches de sa bure brune. Il sentait son propre cœur battre un peu plus fort que d’habitude sans qu’il puisse en maîtriser la cadence, du seul fait de la présence de la jeune fille. Le contrebandier ne l'avait pas revue depuis la visite nocturne qu’il lui avait rendue dans l’appartement du Conseiller Darillian. À cet instant précis, il aurait voulu qu’elle lève le regard vers lui pour lui dire muettement quelque chose, mais il ne savait pas trop quoi. Qu’aurait-elle pu lui dire ? Qu’elle l’aimait ? Il ne se faisait plus d’illusion et savait que même si tel était le cas, elle ne le lui dirait jamais ! D’abord parce le dire, c’était reconnaître qu’elle avait, malgré l’enseignement reçu, des sentiments pour lui alors qu’ils étaient prohibés par le Code et l’Ordre ; ensuite, pour le protéger de lui-même espérant sans doute qu'en l'absence de toute expression de sentiments envers lui, Hiivsha s'éloignerait d'elle pour tenter de l'oublier. Sans rien dire, Adol Bruck les observait discrètement en essayant de deviner le conflit que leur relation faisait naître chez l'une comme chez l'autre.
Perdu dans ses pensées, le contrebandier n’avait même pas écouté le petit laïus que le Grand Maître de l’Ordre était en train de leur servir. Secouant imperceptiblement sa tête, il se reprit et releva les yeux vers celle qui discourait.
- … et nous nous devons de saluer la mémoire de Joy Laslo, continuait Satele Shan, l'ami du capitaine Inolmo pour le sacrifice suprême qu'il a si courageusement accompli afin de sauver la planète Balmorra. Le don de la vie fait partie du devoir le plus sacré qu'un être puisse avoir un jour à accomplir pour sauver d'autres vies. Ce don auquel Joy Laslo a consenti, est à la hauteur de celui de nombre de nos chevaliers qui combattent partout dans la galaxie et il restera honoré en tant que tel dans notre mémoire collective.
Satele Shan se tenait debout au milieu du cercle formé par les membres du Conseil et leurs invités. Elle était droite et belle, les bras le long de son corps et son visage était empreint d'une évidente expression de sérénité. Elle regarda longuement Hiivsha avant de continuer.
- Ce sacrifice, votre sacrifice, devra malheureusement rester ignoré de tous. Cette affaire a été frappée du sceau le plus secret de la République Galactique et classifiée par le Commandant Suprême Stantorrs lui-même en conséquence. C'est la volonté du Chancelier Janarus et de son Conseil de Sécurité que de ne pas vouloir rendre public le complot du Cercle Sombre ni le rôle que le Conseiller Darillian y a joué. Officiellement ce dernier a péri dans l'explosion de son vaisseau quelque part entre Corellia et Coruscant. Un tragique accident qui a abouti à une cruelle perte pour la République.
Le Grand Maître continua en direction d'Adol Bruck.
- Maître Melvar, toute enquête dans la sphère d'influence de Coronax a été interdite par le Conseil de Sécurité. Je vous prie donc de vous y conformer.
Le Jedi ouvrit la bouche comme s'il souhaitait répliquer quelque chose mais le regard impératif de Satele Shan l'en dissuada. Il se contenta de faire un petit signe de la tête en silence.
- Je mesure combien doit être grande votre frustration mais les considérations qui ont abouti à cet état de choses sont complexes. Le parti de la guerre n'attend qu'une simple provocation de la part de l'Empire pour prôner l’engagement ouvert et total, ce que le Chancelier Janarus ne souhaite pas. Imaginez le poids qu'aurait la tentative de trois génocides dans l'opinion publique pour les va-t-en-guerre républicains ? Ce serait précisément faire le jeu des factions qui gravitent autour de Darillian et de Dal-Karven !
- Et en ce qui concerne les victimes du Valiant ? demanda Hiivsha en rompant le silence ambiant.
Le Grand Maître tourna son visage vers le sien sans qu'aucune expression ne puisse se lire sur son visage.
- Officiellement, le Valiant est entré en collision avec un objet spatial erratique non détecté par ses systèmes de projection hyperspatiale et a explosé à son contact. Sachez toutefois que le Chancelier a envoyé une note diplomatique secrète à l'Empereur pour protester contre cet acte inqualifiable.
- Et qu'a répondu sa majesté Sith ? fit Hiivsha d'un ton railleur.
- L'Empereur a répondu qu'à sa connaissance aucun croiseur de sa flotte n'avait pu faire une chose pareille.
- Ce qui en soi n'est pas vraiment faux, intervint Obi Melvar, puisque enfin, il est évident que Dal-Karven et sa clique évoluent à l'écart des circuits officiels. Selon ce que nous a rapporté Isil, ce Cercle Sombre agit en toute indépendance à la fois de la République et de l'Empire. À se demander si nous ne découvrirons pas un jour qu'il gravite dans ce Cercle des intérêts hutts ou même mandaloriens !
Un murmure parcourut l'assistance. Maître Til prit la parole.
- Je suis d'avis que le Conseil envisage des investigations secrètes sur ce Cercle Sombre. Une telle organisation est un réel danger pour la Galaxie et l'Ordre Jedi ne peut l'ignorer et la laisser agir sans rien faire.
Les Maîtres approuvèrent l'intervention du twi'lek.
- Je suis d'accord avec vous, Maître Til, reprit Satele Shan, mais nous devons le faire avec la plus extrême prudence tant que nous ne savons pas jusqu'où s'étendent les ramifications de ce Cercle qui a peut-être infiltré les différentes sociétés galactiques en profondeur. Nous allons donc y réfléchir et enquêter sur lui.
Le Grand Maître se tourna ensuite vers le commandant du Defiance.
- Amiral, votre unité… d'exploration minière… c'est bien ça ?
- Cellule de prospection minière, répondit simplement Narcassan avec un large sourire qui en disait long.
- Est-elle opérationnelle ?
- Le vaisseau a passé les tests avec succès suite à sa refonte complète, il pourrait presque être manœuvré par à peine une centaine de personnes.
- Pour un tel mastodonte, c'est un exploit !
- C'est grâce au super ordinateur estampillé Vanjervalis Systems qui fédère toutes les commandes du bord. Une véritable petite merveille qui fait la joie de mon officier mécanicien ! Mais il est évident que ma réflexion est toute… théorique. En pratique, il ne saurait bien évidemment aller au feu avec un d'équipage si peu nombreux.
L'amiral se permit de rire légèrement pour détendre un peu l'atmosphère appesantie du Conseil.
- Enfin, pour répondre à votre question, Maître Satele, le Defiance est prêt, il a un équipage suffisant bien que réduit au quart de son potentiel maximum et quelques escadrons de chasseurs en nombre suffisant pour assurer sa protection rapprochée. Nous avons également des troupes pouvant intervenir au sol. Évidemment, dans des conditions de guerre ouverte, tout cela devrait être complété pour qu’il soit pleinement opérationnel afin de livrer bataille. Mais nous n'en sommes pas là.
- En effet Amiral. Le Defiance est pour le moment destiné à d'autres missions plus délicates et plus discrètes que celle de commander une flotte de guerre.
- Quand à mon équipe de… prospection minière, j'en attends toujours les premiers éléments.
Satele Shan regarda Isil du coin de l'œil.
- Il se pourrait que ces premiers éléments ne tardent plus à se manifester, Amiral.
*
* *
Le Conseil avait continué jusqu'à la nuit tombée, puis ses membres s'étaient dispersés. Au moment où Hiivsha s'avançait vers Isil pour lui parler, l'amiral Narcassan l'avait saisi par le bras.
- Capitaine Inolmo… Hiivsha, puis-je vous dire un dernier mot avant que nos chemins ne s'éloignent ?
Le contrebandier regarda à regret la Padawan s'éloigner en lui tournant le dos.
- Bien évidemment Valin, je vous écoute.
- Vous avez entendu parler du Defiance ?
- C'est votre vaisseau, oui, un croiseur de bataille de la classe Centurion repris aux Sith durant la guerre. Un géant de l'espace, un kilomètre deux de long, plus de trente mille hommes d'équipage à plein, six batteries moyennes de turbolasers, six batteries lourdes de canons à ion, deux batteries légères de canons lasers de défense localisée et trois rayons tracteurs… vous m'arrêtez si je me trompe, je dis tout cela de mémoire en essayant de me rappeler mes cours d'école d'officiers.
- Votre mémoire est excellente Hiivsha ! s’exclama l’officier général. Néanmoins, c'est sa configuration de bataille que vous avez décrite. À l'heure actuelle, comme je l'ai expliqué au Conseil, le Defiance est en configuration allégée… extrêmement allégée même. Certains sénateurs, approuvés par l'Ordre, ont émis l'idée de composer de petites unités d'action pour mener à bien des missions aussi secrètes que ponctuelles afin de s'affranchir des lourdeurs inhérentes à l'État-major et aux risques de fuites. Connaissez-vous le Sénateur Dal Set Harrak ?
- Pas personnellement.
- Il est à l'origine de ce projet. Et je cherche à monter une petite équipe d'éléments de confiance pour ce genre de missions.
- Des missions de quel type ?
- De tout type justement. Il ne me faut ni des combattants, ni des diplomates, ni des espions, ni des génies de la débrouille, ni d'excellents pilotes, mais tout cela à la fois !
- Je vois.
- Seriez-vous tenté par l'aventure ?
- Moi ?
Hiivsha se mit à rire.
- Vous oubliez ce que je vous ai dit tout à l'heure, j'ai abandonné la carrière militaire.
- Ce ne serait pas la même chose, Hiivsha. C'est plus une aventure que je vous propose, le temps qu'il vous plaira. Vos talents seraient précieux pour monter cette équipe.
Le contrebandier secoua la tête.
- Désolé, Valin, mais pour l'instant c'est non. J'ai encore plein de choses à faire et une livraison qui n'a que trop attendu. Livraison interrompue par une certaine jeune Jedi à qui je dois d'ailleurs aller dire deux mots, si vous me le permettez.
Les yeux de l'amiral brillèrent de malice.
- Bien entendu, quel sot je fais ! Vous retarder quand vous avez tant à faire. C'est le genre de mission qui n'attend pas en effet. Dans ce cas, Hiivsha, conclut-il en lui serrant la main, pensez à ma proposition. Vous serez le bienvenu à bord du Defiance quand vous voudrez et pour le temps que vous souhaiterez !
- Je verrai ça Valin, je vous promets d'y réfléchir… mais rien de plus !
- Rien de plus… ajouta le militaire en s'éloignant.
Hiivsha se retourna. Isil n'était plus dans les parages. Il sortit en direction des jardins et huma l'air de la nuit. Comme tout était tranquille ici, autour du Temple que les Jedi avaient reconstruit après la ruine de celui de Coruscant. Il s'avança parmi les fleurs qui bordaient les allées et remarqua plus loin, en haut d'une petite colline, deux silhouettes qui se détachaient sur le bleu sombre du ciel. Satele Shan semblait parler avec la Padawan du regretté Maître Beno Mahr. S'asseyant dans l'herbe, il décida d'attendre que les deux femmes aient achevé leur discussion.
*
* *
- Je sens une confusion dans tes sentiments, jeune Isil, disait Maître Satele. Tu dois revenir à la base même des enseignements que ton Maître t’a enseignés. Sans quoi, tu peux courir au désastre.
Isil accepta sagement la remontrance, la tête baissée.
- Oui, Maître, murmura-t-elle.
La chef du Conseil Jedi se rapprocha tout près d’elle et posa les mains sur ses épaules.
- C'est pourquoi le Conseil a décidé que tu ne serais pas encore Chevalier Jedi… pas tout de suite.
Isil masqua sa déception et répondit simplement.
- Je comprends, Maître.
Satele reprit.
- Mais nous ne te donnons pas la tutelle d’un nouveau Maître pour autant. Tu as énormément mûri depuis la dernière fois que je t’ai vue avec Maître Beno. Tu n’es plus tout à fait ce qu’il est convenu d’appeler une Padawan. C’est pourquoi nous avons penché pour une solution temporaire qui nous permettra de te mettre à l’abri des personnes que tes actions et celles de tes amis ont mises en cause. Ce Cercle Sombre nous apparaît comme une puissante menace réellement dangereuse et ces Seigneurs Sith risquent de te rechercher, sans compter que les sénateurs et les riches hommes d'affaires impliqués par la liste trouvée sur le datapad de Kaldor ont de puissants amis qui voudront peut-être te faire payer cher ton intervention dans cette histoire.
- Je pourrais rester sur Tython, avança Isil.
- Oui, ce serait une solution. Mais tes talents peuvent tout aussi bien servir l’Ordre et la République ailleurs. Je sais que tu veux devenir consulaire, mais tu dois apprendre encore différentes choses. Travailler avec d’autres personnes non Jedi te fera notamment le plus grand bien. Cela te permettra d’arriver à maîtriser pleinement les sentiments que tu éprouves… et en particulier pour le Capitaine Inolmo.
- Hiivsha, murmura la jeune Jedi.
- Oui, précisément. J’ai bien senti l’amour qu’il a pour toi mais cela ne doit pas te détourner de la Force. Or, je crains qu’en restant ici tu ne médites plus sur tes sentiments pour lui que précisément sur la Force. Maître Melvar a proposé de te plonger plutôt dans l’action pour que tu te recentres sur tes devoirs de Jedi. Le Conseil a suivi son avis.
- Je ferai ce que le Conseil m’ordonnera, Maître Satele.
- Bien, Isil. C’est ce que nous attendons de toi. Que tu arrives à surmonter tous ces sentiments qui ne doivent en aucun cas occulter ta raison ni prendre le dessus sur tes pensées. Ce sera ton épreuve initiatique de Chevalier Jedi. Tu connais le Code ?
- Il n’y a pas d’émotions, il y a la paix… il n’y a pas de passion, il y a la sérénité…
- C’est cela. Si tu ne peux pas affronter l’amour d’un homme de façon sereine, sans émotion, tu ne peux pas prétendre à devenir un Chevalier de l’Ordre.
- Je comprends, Maître, je m’y emploierai. Que voulez-vous que je fasse précisément ?
Elles étaient à présent au bord d’un plan d’eau bordé de fleurs orange et jaune qui frétillaient dans le vent léger de la nuit.
- Le Sénateur Dal Set Harrak qui t'a rencontrée le soir où tu as si brillamment sauvé la vie de Darillian…
- Ce n'est peut-être pas la meilleure chose que j'ai pu faire, objecta la jeune fille en la coupant dans son élan.
- Toute action a ses conséquences, Isil. Si tu ne l'avais pas sauvé ce soir-là, peut-être n'aurions-nous jamais découvert les génocides programmés par le Cercle Sombre et Darillian lui-même ne t'aurais pas amenée à l'endroit où tu as pu stopper le dernier missile.
- C'est vrai, Maître Satele.
La Padawan hésitait visiblement à aborder un autre sujet. Le Grand Maître patienta afin de la laisser se décider. Isil se mordillait la lèvre inférieure puis parut se décider à se jeter à l'eau.
- Au sujet de cette soirée…
- Je t'écoute Isil, tu peux tout me dire sans crainte, murmura Maître Shan d'une voix égale en l'observant du coin de l'œil.
- Voilà, c'est la façon dont j'ai pu arrêter le terroriste dans la boite de nuit. J'ai…
Satele Shan leva imperceptiblement la tête et respira profondément comme si elle avait voulu s'empreindre des parfums ambiants. Ou bien cherchait-elle autre chose à travers la Force ?
- Tu as utilisé le bouclier de la Force pour tuer cet homme, dit-elle lentement comme si elle constatait un simple fait.
Isil tourna ses yeux vers le Grand maître d'un air interrogateur.
- Vous le savez ?
- Je sens quelque chose de différent en toi depuis que tu es revenue de Corellia.
Elle s'arrêta de marcher et se campa face à la jeune fille, les yeux dans les yeux.
- C'est un chemin dangereux que celui qui borde le Côté Obscur, Isil. As-tu ressenti quelque chose en accomplissant cet acte ?
La Padawan baissa son regard.
- Oui, un grand froid, de l'orgueil, une sensation de puissance, j'ai… senti, comme touché du doigt, le pouvoir que j'avais.
Le visage du Grand Maître était aussi rigide que de la pierre et rien ne laissa deviner le frisson qui la parcourut à cet instant précis.
- Du Côté Obscur il va falloir te garder, Isil. Il faut une grande maîtrise de soi, un caractère très fort, pour pouvoir l'approcher sans s'y corrompre. Je sais que ton lien avec la Force est grand, très grand même… très puissant. Le danger est à la mesure de ce lien.
- Je saurais m'en protéger, Maître Satele.
- Je l'espère Isil, il le faut en vérité car tu es appelée à faire de grandes choses, je le vois à présent. As-tu autre chose à me dire ?
Isil hésita de nouveau en songeant à tout ce que Darillian lui avait dit. Mais au moment où elle allait s'en ouvrir, elle se referma comme un coquillage effarouché et décida que ses affaires privées ne concernaient qu'elle et non l'Ordre tout entier. La Padawan décida que Satele Shan ne lirait pas en elle et elle se referma dans la Force.
- Non, Maître Shan, rien de plus, répondit-t-elle d'une voix ferme en soutenant sans ciller le regard du Grand Maître. Je me sens prête à faire mes preuves !
Satele Shan essaya de sonder encore l'esprit d'Isil mais n'y trouva rien de plus et reprit sa marche. La jeune fille avait dressé une barrière infranchissable entre elle et son passé.
- Bien, reprit la Jedi. Je disais donc que le sénateur Dal Set Harrak a émis le souhait que tu rejoignes un projet qui lui tient à cœur et qui a le soutien du Conseil et du Général Garza. En conséquence, nous avons décidé de t'affecter sur le Defiance. Tu t’impliqueras dans l’équipe de ce vaisseau sous les ordres de Maître Torve à qui tu obéiras et qui sera chargé de t'évaluer.
- Oui, Maître.
- De tes actes et de ton comportement dépendra ton accueil par le Conseil comme Chevalier Jedi.
- Je vois.
Satele Shan s’arrêta à nouveau de marcher et resta un instant silencieuse avant de se tourner une dernière fois vers la jeune femme pour la sonder longuement, les yeux dans les yeux, avant de reprendre d’une voix toujours aussi sereine.
- Ton Maître avait beaucoup d’estime pour toi Isil, et bien qu’il ait décidé de te former alors que tu avais déjà douze ans, je pense qu’il a eu raison de le faire… même si à l’époque, il a plus ou moins contraint le Conseil à l’approuver. Je suis sûre qu'il serait fier du Jedi que tu es devenue.
Isil murmura un mot de remerciement tandis que le Grand Maître de l'Ordre repartait en direction du Temple. Sans trop savoir pourquoi, la jeune fille se félicita d'avoir passé sous silence une partie des échanges qu'elle avait eus avec Jaster Darillian concernant sa famille et son passé.
*
* *
Hiivsha gravit la petite colline verdoyante en contemplant la longue silhouette immobile de la jeune fille qui se détachait dans le ciel nocturne. Son visage était levé vers l'infini, plongée sans doute qu’elle était dans une profonde perplexité. Il s’approcha dans son dos puis, arrivé tout contre, fit glisser ses bras autour de ses épaules pour l'entourer affectueusement. La jeune fille n'avait pas bougé tandis qu'il la serrait contre lui.
- À quoi penses-tu ? demanda-t-il dans un souffle.
- J'essaye de voir l'avenir, répondit-t-elle d'une voix douce comme une caresse.
- Tu y arrives ?
- Maître Beno me disait que c'était à la fois possible et difficile, car il était toujours en mouvement. Certains de nos voyants y parviennent et ce qu'ils voient se produit parfois.
- Est-ce que nous sommes dans cet avenir ?
- Oui, j'y suis et tu y es également.
- Je voulais dire… ensemble ?
La jeune fille garda le silence.
- Ça veut dire non ? reprit le contrebandier.
- Ça veut dire qu'il m'est interdit d'envisager cet avenir à tes côtés.
Il la sentit frissonner dans ses bras. Or, l'air de la nuit était d'une tiédeur exemplaire.
- Alors nos chemins se séparent ici ? questionna-t-il.
- Il me semble.
Elle murmurait et on l'entendait à peine.
- Se recroiseront-ils un jour ?
- Je ne sais pas. Peut-être. Sans doute. Oui, je crois.
Il avait posé sa joue contre la sienne et souriait en regardant les étoiles.
- Est-ce qu'au moins tu peux me dire que tu m'aimes ?
Elle garda longuement le silence avant de le briser d'une voix tendre.
- Si je pouvais te dire je t'aime mon amour et n'aimerai jamais que toi sans risquer de laisser mes sentiments prendre le dessus, c'est exactement ce que je te dirais. Mais tout mon enseignement concourt justement à laisser de côté de tels sentiments qui sont incompatibles avec mon devoir de Jedi et interdits par l'Ordre dans lequel je veux être Chevalier. Pour ces raisons, je ne peux pas te le dire.
Il la saisit par les épaules et la fit se retourner pour la regarder en face. Qu'elle était belle sous cette lune qui faisait resplendir ses boucles blondes et inondait la peau tendre de son visage d'une lumière si caressante ! Ses yeux bleu clair scintillaient comme les étoiles du firmament.
- Alors, ne le dis pas… jeune Padawan, parvint-il à articuler submergé par une vague d'émotion qui l’étreignit jusque dans ses entrailles. J'accepte de te laisser vivre ta vie de Jedi jusqu'à ce que le destin daigne nous réunir de nouveau si l'envie lui en prend. Mais sache que je t'aime également du plus pur amour qui peut être donné à un être vivant et que s'il faut t'attendre toute une vie, même sans espoir, je t'attendrai.
- Non, ne m'attends pas, murmura la jeune fille en le suppliant du regard.
- Rien au monde ne me fera renoncer à toi, Isil, répondit le contrebandier avant de l'embrasser tendrement.
Ce long baiser passionné dura une éternité au sommet de cette colline qui surplombait le Temple Jedi. Ces deux êtres qui ne formaient plus qu'une unique silhouette sombre au clair de lune, portaient en eux le sentiment le plus noble qui puisse exister dans la Galaxie, mais l'un d'eux se devait de l'ignorer au nom d'un Code et d'un idéal de vie qui se méfiait des émotions, si fragiles parfois, que portait en elle une humanité imparfaite.
Pourtant, l'espace de cette éternité qui ne dura qu'un trop bref instant, plongée dans un temps qui avait suspendu ses ailes au-dessus de leurs têtes, la jeune fille se sentit heureuse et si pleinement femme qu'elle en oublia un instant ce qu'elle était destinée à devenir : un Chevalier Jedi.




FIN DU TOME 1
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