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L’entrepôt
 
Le chef Galador posa sa chope sur la table avant de tourner légèrement la tête pour voir qui arrivait dans son dos.
- Ah Onjo, c’est toi ? Tu es en retard, dit-il négligemment en se replongeant dans son écran posé sur ses jambes.
- Une fois n’est pas coutume, chef, répondit Onjo avant de le frapper à la nuque d’un tranchant de la main.
Le Padawan amortit la chute du corps et de la chaise pour les coucher silencieusement sur le sol tandis que d’un geste, Adol Bruck avait stoppé celle de l’appareil qu’il reposa sur la table. Onjo se releva et fouilla l’uniforme de son chef pour en soutirer un passe qu’il enfouit dans une poche. Obi Melvar s’était approché du seuil de la pièce voisine et observa les quatre hommes qui jouaient aux cartes. Il y en avait deux de chaque côté d’une table.
- Il vaut mieux y aller en finassant, conseilla Onjo, pour éviter que l’un d’eux n’ait le temps d’actionner l’alarme.
- Tout à fait d’accord, approuva le Jedi, tu prends ceux de droite.
Sans ajouter mot, le jeune homme s’avança dans la pièce en levant la main.
- Salut les gars, comment ça va ? En plein boulot je vois !
Les gardes ricanèrent en abattant joyeusement leurs cartes sur la table.
- Ouais, fit l’un d’eux, on prend exemple sur le chef !
- Sûr, répondit un autre, faut toujours prendre exemple sur les supérieurs !
Ils rirent de nouveau tandis que l’un d’eux s’emparait du pli avec un gloussement de satisfaction.
- À moi celle-là les mecs, je vais vous plumer ce soir !
- T’es en veine on dirait, remarqua le Padawan qui s’était glissé dans le dos des deux hommes sur la droite en posant familièrement une main sur l’épaule de chacun d’eux.
En face d’eux, Obi Melvar, que les gardes avaient à peine remarqué et salué, avait fait de même.
- Qui c’est qui gagne les amis ? demanda-t-il d’une voix indifférente.
- Moi, affirma l’un des quatre en abattant une carte avec fracas.
- Ah oui, joli jeu ! observa Adol Bruck en regardant son Padawan.
- N’est-ce pas ! grogna triomphalement l’individu avant que sa tête ne heurte brutalement celle du joueur d’à côté sous la violente poussée des mains du Jedi.
Onjo ayant eu le même geste au même moment, les quatre hommes tombèrent de leur chaise, assommés.
- Du bon travail, Maître, observa le Padawan.
- Dommage, il allait remporter cette main, observa Obi Melvar en regardant les jeux. Attachons-les et bâillonnons-les, qu’ils ne puissent donner l’alerte.
L’affaire fut rondement menée et les deux Jedi ressortirent promptement pour regagner l’ascenseur.
- Direction les sous-sols, fit Onjo en appuyant sur un bouton.
Un instant plus tard ils se trouvaient dans un couloir voûté aux parois irrégulières, creusé à même la roche.
- Cette galerie mène vers les laboratoires de niveau quatre ! commenta Onjo en glissant le badge de l’officier dans une fente pour ouvrir un sas marqué d’un énorme chiffre trois. À partir de maintenant, il nous faut faire très attention. Si nous devons pénétrer dans les zones rouges, il nous faudra un masque respiratoire.
- J’espère que tu as le tien, dit Adol Bruck à son Padawan qui sourit.
- En fait, Maître, je me demandais si vous, vous aviez le vôtre, ironisa ce dernier.
Le Jedi fit un geste de la tête.
- Avance donc, animal, au lieu de m’agacer !
- Oui, Maître ! répondit le jeune homme en découvrant ses dents immaculées.
Les laboratoires étaient déserts. Le ronronnement des machines automatiques disputait le silence aux bips des droïdes qui s’affairaient sans s’occuper d’eux.
- Ce sont des robots inoffensifs, reprit Onjo. Ils ne s’occupent nullement de qui intervient dans les lieux. En fait, il ne devrait pas y avoir de monde dans ce secteur jusqu’à demain matin.
- Tant mieux, fit Obi Melvar, il nous sera plus facile de détruire le gaz si nous le trouvons.
Ils avançaient à travers un couloir quand un bruit se fit entendre devant eux. Le Jedi poussa son Padawan dans une encoignure.
- Nous ne sommes pas seuls ! souffla-t-il. Qui cela peut-il être ? Un gardien ?
- J’en doute. Nous ne descendons pas à ces niveaux. Tout est contrôlé depuis les salles de surveillance. Or, en ce moment, le vieux Sam doit dormir profondément sous l’effet du somnifère que j’ai introduit dans sa bière de Mila… quant aux autres ils ne peuvent…
Un claquement de porte suivit d’un bruit de pas qui alla en décroissant, leur indiqua que le danger potentiel s’éloignait. Sabre laser en main, ils continuèrent leur progression et s’introduisirent dans une galerie rocheuse qui descendait en pente douce. Des tuyaux couraient le long de la voûte. De nouveau une porte de sas leur barra la route. Elle était marquée d’un grand chiffre quatre peint en rouge. Onzo sortit son masque respiratoire portatif et se l’appliqua sur le visage, imité aussitôt par son Maître. Le badge fonctionna de nouveau et la porte s’ouvrit. À l’intérieur de la petite pièce qui s’ensuivit, ils trouvèrent des tenues de travail équipées de masques à réserves d’air. Le Padawan montra les sabres des yeux.
- Il vaudra mieux éviter toute étincelle là-dedans si on ne veut pas sauter avec la montagne.
Sans rien dire, le Jedi remit l’arme dans sa gaine. La deuxième porte du sas s’ouvrit et de nouveau ils se retrouvèrent dans des laboratoires déserts.
- C’est ici que doit être fabriqué le PTK, commenta Onjo. Il nous faut traverser cette zone pour atteindre la salle de stockage où j’ai aperçu les cylindres. Suivez-moi.
Leurs pas résonnaient sinistrement à travers les pièces désertes. Adol Bruck observait son élève. Il était parfaitement calme et serein comme un vrai Jedi maître de ses sens. Le jeune homme l’avait comblé. Il s’était révélé un apprenti de choix, calme et posé en dépit d’un maniement de l’ironie un peu facile et d’une propension à distiller à son Maître des réflexions gentiment moqueuses. Le Padawan serait bientôt prêt à passer les épreuves pour devenir un Chevalier Jedi, de cela Obi Melvar n’en doutait pas. Son courage et l’obéissance qu’il avait toujours montrée envers lui, en faisaient un allié précieux et un ami sincère. Sans doute la Force était-elle moins sensible chez son Padawan que chez celui du regretté Maître Mahr, Isil, mais en cela, Onjo ressemblait à Adol Bruck. C’était un Jedi Gardien, puissant au combat et qui maniait le sabre laser avec excellence.
Ils étaient à présent arrivés devant un nouveau sas dans lequel le Padawan s’engouffra.
- La réserve est de l’autre côté, dit-il refermant la première porte avant d’ôter son masque respiratoire. Nous repassons en zone trois.
Sortant du sas, ils se trouvèrent dans un entrepôt garni de nombreux caissons, au centre duquel un droïde de manutention semblait assoupi.
- Ils étaient là-bas, reprit Onjo en montrant du doigt une extrémité du hangar. Mais…
Il fit quelques pas et s’arrêta.
- Qu’y a-t-il, Onjo ? demanda Maître Melvar.
Le jeune homme désigna trois grands cylindres d’acier bleu sombre, soigneusement alignés sur le sol.
- Il n’y en a plus que trois ! s’exclama-t-il. Il y en avait six hier !
- Voilà qui est fâcheux, murmura Adol Bruck. Es-tu certain que ces cylindres sont ceux qui renferment le PTK ?
- Oui Maître ! J’ai vérifié dans le système informatique.
- Alors, vérifie de nouveau ! trancha le Jedi.
Le jeune homme courut à une console et inséra la carte de l’officier de sécurité, puis ses doigts tapotèrent avec une agilité évidente l’écran translucide sur lequel défilaient des données et des schémas. Adol Bruck s’approcha.
- Alors ? demanda-t-il avec une pointe d’impatience.
- Aucun doute, répondit aussitôt Onjo, ce sont bien les containers de PTK… voyons… six ont été conditionnés il y a trois jours… et… trois…
Il se retourna vers son Maître avec un air désespéré.
- … ont été acheminés vers le spatioport il y a une demi-heure à peine !
- Nous pouvons peut-être encore les intercepter avant qu’ils ne quittent la planète, s’exclama le Jedi en revenant vers les trois autres containers.
Il sortit du sac qu’il portait en bandoulière, trois petits objets ressemblant à des disques noirs épais de quelques centimètres.
- Que faites-vous, Maître ? s’enquit Onjo.
- Il nous faut détruire ce gaz et ces explosifs vont le faire pour nous. La chaleur qu’ils vont provoquer va détruire le gaz.
- L’explosion va toucher les laboratoires… ils vont exploser également.
- Je sais, il n’y a pas d’autre solution. Cela réduira à néant cette fabrique de mort et tout le gaz qu’elle pourrait contenir. À nous de ne pas traîner dans le coin à présent. Quelle est la plus proche sortie ?
- Par le fond de cette salle… il y a une galerie qui conduit vers les quais de chargement au bord du lac.
- Ne perdons pas de temps, je te suis ! dit Adol Bruck en poussant son apprenti par l’épaule.
Les deux Jedi se mirent à courir vers le fond de l’entrepôt lorsqu’un vacarme épouvantable se déclencha. Les sirènes du bâtiment tout entier se mirent à hurler tandis que de partout, des indicateurs lumineux rouges et verts se mettaient à clignoter.
- Qu’est-ce que c’est ? hurla Melvar à l’adresse du jeune homme.
- Le signal d’alerte… évacuation immédiate. La zone quatre vient d’être condamnée.
- Qui a bien pu…
La question du Jedi trouva vite sa réponse car les portes du fond du hangar venaient de s’ouvrir en glissant sur d’invisibles rails et une grande ombre noire se dressa devant eux sur le seuil. Aussitôt, Obi Melvar et son Padawan sortirent leur sabre laser dont la lame bleu électrique se mit à briller.
- Un Sith ! s’exclama Onjo stupéfait.
- Voilà qui est tout à fait inattendu, grinça le Jedi entre ses dents.
Les trois personnages s’observèrent un instant en silence, séparés par une distance d’environ dix mètres. Lentement le Sith rejeta en arrière la capuche de son vêtement sombre pour dégager une tête à la peau rougeâtre ornée de tatouages bruns, et au crâne lisse marqué de deux petites protubérances osseuses au-dessus des tempes. Ses yeux jaunes aux pupilles injectées de sang brillèrent cruellement et un rictus découvrit ses dents aiguisées comme celles d’un carnassier. Tranquillement, comme si le temps ne comptait pas pour lui, il sortit de sa ceinture un sabre laser dont le faisceau rouge s’illumina en crépitant.
- Inutile de chercher à fuir cet endroit, Jedi, articula-t-il de la façon posée qui allait avec ses gestes lents, vous ne passerez pas ! Votre quête s’achève ici !
- Vous n’êtes pas le premier Sith qui me dit cela, riposta Obi Melvar, et vous ne serez pas le dernier !
- Ne pensez pas que votre Padawan suffira à faire pencher la balance de votre côté, Maître Melvar ! reprit le Sith toujours immobile.
Les Jedi s’arc-boutèrent à leur sabre levé devant eux, bras semi tendus légèrement de côté, prêts à l’assaut.
- Je veux bien vous reconnaître un avantage, continua Adol Bruck sur le qui-vive, celui de savoir qui je suis quand j’ignore votre nom !
Le Sith ricana en amenant le bras qui tenait l’arme en arrière de ses épaules.
- Je suis le Seigneur Zal’Thir ! J’imagine que vous savez ce que cela signifie ?
Le Jedi serra les dents et les muscles de sa mâchoire se crispèrent.
- Cela signifie que vous êtes l’assassin de Maître Beno Mahr !
Un rire guttural s’échappa de la gorge du Sith.
- Pas son assassin… son vainqueur ! Maître Mahr a pris la vie de mon apprenti… j’ai pris la sienne ! Juste retour des choses !
- La situation est inversée, reprit Maître Melvar, cette fois vous ne vous en tirerez pas !
Le Sith rit de nouveau et ses yeux se fixèrent sur Onjo.
- Votre apprenti est déjà mort, mais il ne le sait pas encore… Jedi !
Son attaque fut aussi foudroyante que soudaine. Avec une violence inouïe il se propulsa dans les airs en effectuant un double saut périlleux pour atterrir entre les deux Jedi, tandis que la lame rouge effectuait un large cercle mortel. Adol Bruck para le coup in extremis avec son sabre tandis que son Padawan plus souple, avait fait à son tour une pirouette en arrière. À peine retombé sur ses jambes, il passa à l’attaque. Le Sith recula d’un pas et les lames s’entrechoquèrent à grand fracas en décrivant de rapides cercles lumineux dans l’air du hangar. Avec une redoutable aisance, il parvint à contrer les attaques simultanées des deux Jedi puis d’un seul coup, il étendit son bras gauche et envoya une onde de choc qui renversa ses adversaires en les projetant à plusieurs mètres de lui.
- Vous ne savez pas à qui vous vous attaquez, pauvres fous de Jedi ! Vos maigres talents ne font pas le poids face aux miens.
Son regard se leva vers le plafond de l’entrepôt puis il tendit les deux mains vers une grue de chargement qui les surplombait, dressée sur ses rails. Ensuite, il effectua de ses bras dans le vide, un geste violent vers le sol et la grue bascula dans un hurlement de métal froissé. Onjo cria vers Obi Melvar qui se relevait.
- Maître, attention !
Adol Bruck tendit à son tour les mains vers la masse monstrueuse qui fonçait sur lui en recherchant autour de lui le maximum de Force vivante pour modifier sa trajectoire. La grue dévia de sa course et s’écrasa tout près de lui. Un bras d’acier le percuta et le projeta contre l’un des murs de l’entrepôt. Profitant de cette diversion, Onjo reprit l’assaut contre le Sith et les lames reprirent leurs mouvements violents et rapides. Le Sith alternait les coups, frappant à la tête puis au flanc et enfin aux jambes. Le jeune homme para habilement tous les coups avec une concentration dans la Force sans faille. Il se tenait plutôt sur la défensive tant les coups du Sith étaient puissants. Chaque balayage latéral fut contré comme on le lui avait enseigné, lame dressée pour repousser l’assaut. Néanmoins, il reculait ce qui était un signe d’infériorité technique de mauvais augure.
Obi Melvar se releva péniblement, luttant contre l’étourdissement dû au choc violent qu’il avait reçu. Appelant chaque parcelle de la Force qui se trouvait alentour, il retrouva ses esprits quasi instantanément. Son Padawan était en difficulté, il devait retourner au combat le plus vite possible. Le Sith le sentit et s’envola d’un puissant bond par-dessus Onjo pour placer le Padawan entre lui et son Maître qui revenait rapidement. Une nouvelle fois il tendit la main gauche vers eux pour tenter de les déstabiliser d’une vague de Force mais Adol Bruck avait prévu son geste et bras tendu, il contra l’onde en la retournant contre le Sith qui à son tour fut repoussé de plusieurs mètres avant de se rétablir instantanément grâce à une pirouette qui le remit d’aplomb sur ses deux pieds. Il ricana en reculant.
- Si j’avais le temps, je vous enseignerai le vrai pouvoir du Côté Obscur, mais le temps m’est compté et le vôtre s’achève ici, Jedi ! Nous ne nous reverrons plus !
Tout en parlant il avait franchi le seuil de l’entrepôt et les portes se refermèrent sur lui. Adol Bruck se rua vers le commutateur pour les rouvrir mais en vain.
- Il a dû verrouiller de l’extérieur ou détruire le mécanisme d’ouverture ! s’écria-t-il.
- Maître ! répondit en écho son Padawan, les explosifs… combien de temps ?
- Plus beaucoup ! Il faut sortir d’ici nous aussi, répondit calmement le Jedi en regardant autour de lui.
- Comment ? La zone quatre doit être verrouillée à cause de l’alarme, nous n’aurons jamais le temps de forcer tous les sas avant de… il faut désamorcer les bombes !
Obi Melvar sourit.
- C’est dans les moments les plus cruciaux qu’un vrai Jedi manifeste son plus grand sang-froid, mon jeune Padawan ! Il n’est pas question d’empêcher l’explosion ! Ce gaz mortel est une peste qu’il nous faut éradiquer à tout prix même si pour cela nous devons faire le sacrifice de notre vie ! Songe qu’un seul container correctement monté sur une bombe ou un missile pourrait ôter la vie de toute une planète ! Ce serait un génocide !
Onjo plongea son regard dans celui de son Maître comme s’il voulait s’abreuver à la source de sa confiance.
- Alors, le Sith a dit vrai ? Notre route s’arrête ici ?
Adol Bruck lui tapota l’épaule.
- Maître Mahr m’a enseigné qu’il y avait toujours une alternative à toute chose. La nôtre passe par les ailes que nous donnera la Force.
- Des ailes ? Je ne comprends pas Maître !
- Regarde ces gaines au plafond. C’est un système de climatisation, d’évacuation de l’air. Il mène forcément vers l’extérieur.
- Mais il est à plus de quinze mètres !
- Alors, sors tes ailes, apprenti Jedi.
Adol Bruck ferma les yeux et prit une profonde inspiration, fléchit ses jambes puis effectua un bond qui le fit s’envoler littéralement pour le déposer sur une poutrelle métallique à quelques dizaines de centimètres de la bouche rectangulaire de la gaine. D’un geste brusque dans la Force, il arracha la grille de protection qui se tordit comme sous l’effet d’une main invisible avant de chuter bruyamment vers le sol.
- Allons, viens vite, animal ! s’écria-t-il à l’adresse du jeune homme avant de s’élancer dans le tunnel métallique.
Le Padawan imita son Maître et lui emboîta le pas pour engager une rapide progression à quatre pattes dans le conduit.
- Vite, fit le Jedi, je ne sais pas combien de temps il reste avant l’explosion.
Le temps leur parut interminable, mais le Force les propulsait à une vitesse peu commune compte tenu des circonstances. Soudain Adol Bruck s’arrêta.
- Qu’y a-t-il Maître ? demanda le Padawan.
- Ça descend à pic… tu aimes faire du toboggan ?
Au même instant un grondement sourd parvint jusqu’à eux en s’amplifiant à chaque seconde et le tunnel métallique qui les portait se mit à trembler.
- Ça va chauffer ! grinça-t-il entre ses dents. À la grâce de Dieu Onjo ! Suis-moi !
Le jeune homme jeta un coup d’œil en arrière et aperçut une lueur qui ne lui disait rien qui vaille. Une boule de feu se précipitait vers eux à la vitesse d’un express.
- Allez-y Maître ! cria-t-il, ou nous allons rôtir ici !
Il ne put s’empêcher de pousser le Jedi qui disparut dans la descente vertigineuse et plongea à sa suite.
La glissade sembla durer une éternité. Il rebondit douloureusement sur un coude de la gaine métallique. La chute se ralentit puis il lui sembla que le sol s’était dérobé sous lui. Il ne sentait plus aucun contact et tombait à présent dans le vide. Derrière eux les flammes rugissaient, prisonnières du conduit, cherchant une sortie, prêtes à tout dévorer sur leur passage.
Adol Bruck percuta soudain quelque chose qui explosa sous son poids puis le noir ambiant se changea en une luminosité blafarde. Le ventilateur de sortie et la grille de protection n’avaient pas résisté à l’impact. Ils venaient de sortir du boyau de métal et se trouvaient à l’extérieur mais ils tombaient toujours.
- Gare à l’impact ! eut-il le temps de lancer avant de s’enfoncer dans le lac au milieu d’une gerbe d’eau, imité aussitôt par son Padawan.
Au-dessus d’eux, un geyser de feu sortit par la bouche d’aération en éclairant les ténèbres comme une bougie géante.
Alors qu’ils regagnaient en nageant la rive la plus proche, une série d’explosions se firent entendre avec un grondement assourdi qui alla en s’amplifiant. Puis une immense gerbe de feu illumina le plateau rocheux en son centre et la détonation libéra une extraordinaire puissance comme celle d’un volcan entrant en éruption.
- Oups ! gémit Onjo en regardant la raffinerie qui semblait littéralement éclater en une myriade de morceaux incandescents.
- Gare aux retombées ! avertit Maître Melvar en apercevant une pluie de roches et de débris métalliques, dont certains rougeoyaient comme des pierres de laves, foncer vers eux en se répandant dans tout le voisinage de l’éminence rocheuse.
Il plongea pour éviter plusieurs projectiles et nagea puissamment sous l’eau vers la rive, suivi de son Padawan. Quelques minutes plus tard, ils sortaient tout dégoulinants de l’eau sombre et coururent se mettre à l’abri derrière des rochers. Mais le plus gros de l’explosion était passé. Le haut du plateau rocheux ressemblait à présent à un brasier tandis qu’on entendait une cohorte de véhicules de secours monter vers ce qu’il restait de l’usine.
- Je ne sais pas ce qu’ils conservaient là-dedans, mais ça n’a pas aimé notre petit feu d’artifice, observa Adol Bruck.
- En tout cas, les réserves de PTK ont dû être anéanties ! J’espère seulement que le personnel présent a pu s’en tirer avant que tout n’explose ! commenta Onjo en galopant derrière son Maître qui s’était mis à courir en direction du spatioport distant de quelques kilomètres.
Maître Melvar pouvait courir des heures sans paraître essoufflé. Il en profitait pour s’isoler dans la Force et parvenait à méditer tout en galopant. Lorsqu’ils parvinrent entre les hangars du petit spatioport, il se rendit immédiatement à l’entrée du plus grand d’entre eux dans lequel il avait vu le soir même le transport dont Onjo lui avait parlé.
- Par tous les diables ! jura-t-il en s’arrêtant devant le hangar vide, il est parti !
- Avec à son bord les trois autres containers sans aucun doute, maugréa son Padawan. Nous avons échoué !
Il nota le léger sourire qui s’était dessiné sur les lèvres du Jedi et grogna de nouveau.
- Vraiment, Maître, je ne vois pas en quoi la situation peut prêter à se réjouir ! Chacun de ces tubes peut anéantir une planète et vous vous souriez !
Obi Melvar tapota l’épaule de son apprenti.
- Viens Onjo, retournons à notre vaisseau !
Il reprit son pas de course. Le jeune homme leva les yeux au ciel et lui emboîta le pas. Le Jedi s’engouffra dans l’appareil qui attendait dans un hangar proche et se précipita vers le cockpit tandis qu’Onjo effectuait les opérations préparatoires à un décollage qu’il prévoyait rapide. Puis il vint s’asseoir aux côtés de Melvar.
- Où allons-nous si vite, Maître ?
Adol Bruck était penché vers un panneau de contrôle dont il manœuvrait les touches. Un instant plus tard, une carte de la Galaxie apparaissait sur un écran. Un petit point lumineux clignotait en se déplaçant dessus.
- J’ai placé un mouchard sur le transport dont tu m’avais parlé. Nous allons le suivre.
Les yeux du Padawan brillèrent.
- Formidable ! Mais êtes-vous certain que les containers ont été chargés à son bord ?
- Certain ? Non évidemment, répondit le Jedi avec une grimace. Mais as-tu remarqué le logo sur les containers de PTK ?
- Oui, Maître, répondit Onjo tout fier, un C barré d’une croix.
- Ce n’est pas une croix mais la lettre X enclavée dans le C. C’est le logo du consortium industriel galactique Coronax Corporation.
- Le milliardaire ?
- Le fabriquant de matériel de guerre, oui ! Le grand ami de notre ami le Conseiller Darillian ! Le transport en question lui appartient… j’ai pris mes renseignements !
Onjo laissa échapper un petit rire qui trahissait une légère nervosité.
- Et… les amis de nos amis sont-ils toujours nos amis ?
Adol Bruck ne quittait pas la carte galactique des yeux tandis qu’il répondait avec une pointe de sarcasme.
- En l’occurrence, je n’en suis pas certain. Ce grand ami de la République pourrait avoir une certaine zone d’ombre flottant autour de sa personne… et de son entreprise !
L’ordinateur de bord avait fini d’analyser les données émises par le mouchard et calcula en une micro seconde la trajectoire hyperspatiale du transport. Un mot s’étala en gros sur l’écran : CORELLIA.
- Il va à Corellia ? Pourquoi ? s’interrogea Onjo à voix haute.
- C’est étrange, renchérit Adol Bruck. Il n’y a pas d’usine Coronax là-bas que je sache même si je ne prétends pas connaître tous les emplacements de cet empire industriel…
- Vous croyez qu’ils veulent détruire la planète Corellia ? reprit le jeune homme maîtrisant une angoisse naissante.
- Il y a un truc qui cloche, répondit le Jedi. Les cylindres de PTK qu’on a trouvés ne sont pas des bombes, rien que des containers neutres. Pour les incorporer à un dispositif capable d’en diffuser le contenu sans le détruire par une explosion, il faut les équiper et cela va prendre du temps, sans doute plusieurs jours, sans compter qu’il faut les placer dans des endroits stratégiques soigneusement choisis… Quant à détruire Corellia… c’est certes un endroit stratégique pour la République et l’un de ses centres économiques principaux… mais quel intérêt l’Empire en retirerait-il ?
Il activa les commandes du vaisseau dont les moteurs se mirent à rugir.
- Ne perdons pas de temps, Onjo, et fonçons à la poursuite de ce transport vers Corellia ! Il nous faut retrouver ces containers et les détruire comme les autres !