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Évacuations
 
Hiivsha avançait avec méfiance dans les méandres du complexe. Il avait endossé une combinaison de travail prélevée sur le premier ouvrier de sa taille qu’il avait pu coincer dans un endroit proche du hangar. L’homme gisait à présent ficelé, bâillonné et copieusement sonné par une clé de trente, sous le faux plancher d’une salle technique. Il y avait également dissimulé ses vêtements qu’il pensait pouvoir récupérer plus tard. Le contrebandier espérait ne pas avoir frappé trop fort sur la nuque de l’homme qui, après tout, ne lui avait rien fait. Enfoui dans une des grandes poches de la combinaison, il avait conservé son arme qui allait sans doute lui être utile dès qu’il aurait trouvé comment neutraliser le dispositif prévu pour répandre le gaz mortel dans l’atmosphère de la planète.
Ainsi donc, il allait et venait en toute impunité comme l’un des nombreux personnels qui s’activaient dans les salles techniques et les couloirs. Dans ses bras, il transportait un module électronique qu’on lui avait demandé d’amener en zone deux, endroit éminemment intéressant puisque c’était dans cette zone que se trouvait le site de lancement du missile de mort.
Visiblement, le fait de porter la tenue adéquate était le meilleur des laissez-passer et il en conclut que l’essentiel de la sécurité reposait sur les contrôles mis en place dans les accès au bâtiment et non à l’intérieur de celui-ci. Cela faisait en effet bientôt deux heures standard qu’il se trouvait dans le complexe et durant ces deux heures, il avait non seulement pu étudier en toute quiétude l’essentiel des lieux, mais également et aussi surprenant que cela puisse paraître, réussi à se faire quelques amis. Ce fut d’abord le gros Bill qu’il avait sauvé de la chute d’une énorme caisse dans l’un des entrepôts, caisse savamment mise en équilibre instable par ses soins un instant auparavant. Bill l’avait chaleureusement remercié à grands coups de tapes dans le dos, manquant au passage de lui démonter une épaule. Puis il l’avait amené dans une petite pièce pour le présenter à des employés désœuvrés qui jouaient au pazaak en attendant qu’un contremaître veuille bien leur confier du travail. Les employés étaient nombreux dans le complexe et, d’évidence, ne se connaissaient pas tous, ce qui permit à Hiivsha de devenir naturellement « l’un d’eux », avec l’imposante caution de Bill. Les amis de mes amis étant mes amis, Hiivsha hérita de potes par contagion. Quelques poignées de mains plus tard, Hiivsha jouait avec eux et s’efforçait de perdre amicalement en laissant sur la table les quelques crédits républicains qu’il avait dans ses poches. Il alla même jusqu’à se rendre à la cafétéria du complexe pour ravitailler ses nouveaux amis en bière locale qu’il offrit généreusement, s’attirant ainsi les bonnes grâces de la petite compagnie. C’est ainsi que lorsqu’un contremaître arriva pour réclamer un volontaire afin de transporter un module ultra sensible des magasins des sous-sols vers le centre de contrôle, Hiivsha offrit tout naturellement ses services, poussé par ses potes éminemment désireux de ne pas interrompre leur partie de cartes.
- Vas-y, Hiivsha, firent-ils en cœur, on te garde ta place bien au chaud.
- Ok les amis, répondit le contrebandier, et surtout que personne ne touche à mes jetons hein, ajouta-t-il avec un clin d’œil complice. Bill, tu les as à l’œil n’est-ce pas ?
Des rires fusèrent et le gros Bill acquiesça en mettant en évidence des grosses paluches.
- Le premier qui touche à ta cave, j’lui éclate le nez !
Nouveaux rires. Le contremaître donna à Hiivsha l’ordre de transfert du dispositif sous la forme d’un badge permettant de se rendre dans les zones concernées.
- Dès que tu as fini, tu remets ce badge dans ce coffre, conseilla-t-il en montrant un boîtier dans le mur.
- Oui, patron ! répondit Hiivsha qui salua d’un doigt le contremaître avant de s’éclipser.
Voilà comment, les bras chargés, deux heures après être arrivé clandestinement à bord du cargo, il s’arrêta devant un sas marqué « Centre de contrôle ».
Il badgea et la porte coulissa sans bruit. Une fois franchie la deuxième porte, il se retrouva dans une pièce semi circulaire dont les hautes baies en transparacier donnaient sur une sorte d’immense cuve toute blanche au centre de laquelle il lui fut aisé de reconnaître une rampe de lancement de fusée. Sur la rampe, une sorte de gros missile attendait son heure tel un monstre endormi.
Dans la salle de contrôle, quelques ingénieurs en blouse blanche s’affairaient devant des pupitres et donnaient des ordres aux techniciens qui s’activaient dans la cuve autour de la rampe de lancement. L’un deux dévisagea Hiivsha puis en désignant du doigt le module qu’il tenait dans la main, ordonna.
- Ah, le module de compensation inertielle ! Bien, nous allons pouvoir remplacer celui qui est défectueux. Descends-le en cuve ! Allons, dépêche-toi, qu’on puisse reprendre les tests pour le compte à rebours !
Le contrebandier se dirigea vers l’une des deux passerelles métalliques qui constituaient les seuls accès à la cuve et en descendit les marches tandis qu’une voix annonçait dans des haut-parleurs : « Module de compensation inertielle pour changement. Reprise des tests et du compte à rebours à l’issue ! »
Un technicien s’en vint à la rencontre d’Hiivsha et lui prit des mains l’appareil qu’il passa à son tour à un autre homme qui l’amena à un groupe de personnes juchées en hauteur sur la rampe, le nez dans les entrailles de l’énorme missile, comme des chirurgiens en pleine opération d’un patient. Hiivsha sourit à l’adresse du premier technicien qui se tenait près de lui les mains dans les poches.
- Belle bête, hein ? fit-il en montrant l’engin de la tête.
- Ouais, répondit l’homme, va faire mal celui-là ! Me tarde qu’on évacue les lieux. Tout ce gaz là dedans prêt à gicler, ça me fout les jetons !
- Tu crois qu’on va évacuer dans combien de temps ?
- Dès que le module est en place. Y’en a pour quelques minutes, puis les tests et le compte à rebours… trente minutes au plus tard pour vider les lieux, rejoindre les navettes et hop, départ dans l’espace rejoindre le transport qui nous attend. J’espère que ce coup-ci tout va se passer pour le mieux !
- Moi aussi, murmura Hiivsha avec angoisse, moi aussi.
Il se fit oublier dans un coin de la cuve. Soudain son comlink le rappela à la réalité. Il approcha le transmetteur de sa bouche.
- Melvar, fit une voix, où en êtes-vous ?
- Il ne nous reste plus qu’une demi-heure pour faire quelque chose, répondit Hiivsha dans un souffle en tournant le dos à la salle de contrôle pour plus de discrétion.
- C’est bon, nous intervenons dans une vingtaine de minutes, le commando est prêt.
- Reçu, je vais essayer de m’emparer de la salle de contrôle pour éviter un départ manuel anticipé de l’engin. Mais je ne sais pas combien de temps je pourrais tenir. Elle se trouve au sommet du bâtiment, zone deux.
- Ok, capitaine, on vous rejoindra au plus vite, que la Force soit avec nous !
- On en aura bien besoin ! conclut Hiivsha.
Il chercha à tâtons le contact rassurant de la crosse de son blaster et soupira.
- Bon, allons-y !
Il patienta quelques minutes jusqu’à ce que les haut-parleurs se mettent à cracher l’ordre d’évacuation de la cuve. Alors que le personnel présent dans la cuve remontait en salle de contrôle, Hiivsha se mêla à eux sans se faire remarquer. Les tests semblèrent concluants car quelques minutes supplémentaires plus tard, la voix des haut-parleurs résonnait dans tout le centre : « Reprise du compte à rebours… départ du missile dans H moins quinze minutes… tout le personnel rejoint les navettes pour évacuation du complexe… je répète… reprise… »
Sans plus attendre et tandis que le message se répétait, l’essentiel du personnel présent sortit hâtivement de la salle de contrôle dans un brouhaha d’excitation. Il ne resta que trois hommes en blanc… et Hiivsha.
- Tout est vert, conclut l’un des trois ingénieurs, il n’y a plus qu’à évacuer nous aussi et…
En se tournant il remarqua Hiivsha et lui lança.
- Que faites-vous donc encore ici ? Vous devriez être en train d’évacuer ! Le spectacle est terminé !
- Je crains bien qu’il ne fasse que commencer, répliqua Hiivsha tranquillement en sortant son arme. Allons, écartez-vous de ce pupitre !
- Que… quoi… qui êtes-vous ?
- Peu importe qui je suis, reculez !
Sa voix claqua. Deux ingénieurs s’exécutèrent mais le premier tendit la main vers un gros bouton rouge qui trônait sous un capuchon protecteur au milieu du pupitre de commande. Il ne put achever son geste. Hiivsha tira et l’homme s’écroula dans un râle.
- C’était stupide de sa part ! commenta sèchement le contrebandier en regardant les deux autres hommes. Entre un génocide planétaire et vous, mon choix est vite fait ! Reculez encore et tournez-vous vers le mur !
« Évacuation en cours, reprit la vois du haut-parleur, compte à rebours… H moins dix minutes… »
Hiivsha s’était approché des deux hommes. Il leva son arme et frappa celui de droite sur la nuque. L’homme s’écroula. Puis il braqua son arme sur celle du dernier ingénieur.
- Verrouille l’accès à cette salle ! Vite ! Je compte jusqu’à cinq… un… deux… trois…
L’homme bafouilla.
- Ne tirez pas… pitié…
Il se rendit à un panneau fixé sur le mur et montra une manette d’un doigt tremblant.
- Là, la ma… la mana… la manette…
Hiivsha actionna le dispositif. Une voix résonna dans la salle.
« Sas verrouillé ! »
- Est-ce qu’on peut l’ouvrir de l’extérieur ? demanda-t-il d’une voix résolue qui n’engageait pas à la résistance.
- Non… non… d’ici seulement… que… que voulez-vous ? Il faut partir…
Au même moment le comlink d’Hiivsha s’activa.
- Nous donnons l’assaut ! fit la voix de Maître Melvar.
- Je tiens la salle de contrôle… il reste sept minutes…
On entendit dans l’appareil une série de cris puis des rafales de tirs lasers. La voix du Jedi résonna de nouveau.
- Capitaine, on est pris sous un feu nourri… des troupes de l’Empire… on était attendus… c’est un piège… Onjo, attention !
Hiivsha fronça les sourcils et plaça le canon de son arme entre les deux yeux de l’ingénieur.
- Tu vas me dire comment arrêter le compte à rebours !
- N… non… je ne peux pas…
Le canon appuya plus fort contre le front.
- Tu as trois secondes… un…
- On ne peut pas… pitié…
- … deux…
- Non, je ne…
- … tr…
- Arrêtez, je vais le faire !
La pression diminua et Hiivsha montra avec une série de petits mouvements du canon de l’arme la direction du pupitre de contrôle. Le haut-parleur résonna.
« Évacuation terminée… compte à rebours H moins cinq minutes… »
L’ingénieur manipulait fébrilement les boutons de la console devant lui en tremblant, le canon du pistolet blaster contre sa tempe.
« … H moins quatre minutes… »
- Dépêche ! ordonna Hiivsha froidement.
- Je… je fais de mon mieux… bafouilla l’homme, il y a une certaine séquence à respecter… sinon…
- Je te déconseille de faire le malin si tu ne veux pas mourir ici !
- Non… non, je vous assure…
Les mains pianotèrent sur un clavier. Sur un grand écran translucide, des pavés verts commencèrent à virer au jaune, puis à l’orange puis au rouge. Le haut-parleur annonça.
« … compte à rebours H moins deux minutes… compte à rebours suspendu… »
L’ingénieur poussa un long soupir de soulagement.
- C’est arrêté… le compte à rebours est suspendu !
Au même moment, des coups de poings rageurs se mirent à tambouriner à la porte extérieure du sas. Par les hublots carrés, Hiivsha aperçut des hommes en armure noire des troupes de l’Empire Sith. Il assomma l’ingénieur d’un coup de crosse.
*
* *
Les mains en l’air, le besalisk avançait dans les coursives, furieux de s’être fait prendre. Dans son dos, deux gardes en armure noire le tenaient en joue avec leur pistolet.
Il avait pourtant réussi le tour de force de passer inaperçu pendant une heure, en farfouillant dans les zones réservées après avoir piraté un terminal de sécurité. Faisant des commentaires à haute voix chaque fois que cela lui était possible, il avait renseigné de son mieux les officiers du croiseur qui était entré en contact avec lui et qui faisait route vers Balmorra. Ainsi, il avait pu leur confirmer que le cercle au centre de la plaine rocheuse du plateau était bien un silo de lancement avec à l’intérieur une sorte de fusée prête à décoller. Il était facile d’imaginer que le gaz se trouvait à l’intérieur avec un dispositif destiné à le répandre dans toute l’atmosphère de la planète.
Puis l’ordre d’évacuation avait été lancé à la sono générale du centre. Le personnel non indispensable à la dernière phase du lancement devait se rendre aux navettes pour décollage immédiat. Combien de temps restait-il exactement, il n’en savait encore rien, mais cela devenait urgent de faire quelque chose.
C’était dans une salle technique qu’il avait été surpris par des gardiens à qui son attitude avait paru immédiatement suspecte. Il était en train d’examiner les holoplans des lieux qu’il transmettait au Defiance à l’aide de son datapad. Si le relais de communication avec le croiseur était passé inaperçu, le piratage de la console auquel il s’était livré pour obtenir les plans détaillés des installations avait été détecté par le centre de sécurité et une escouade de gardes encore présents s’était aussitôt portée sur les lieux, juste un peu trop tôt pour qu’il puisse s’éclipser discrètement une fois le transfert de données achevé. Il dut remettre son datapad aux gardes mais personne ne songea à lui enlever du poignet son bracelet multifonction dans lequel était incorporé son comlink. Un modèle d’intégration qu’il avait réalisé lui-même et dont il était particulièrement fier.
On l’amena dans une pièce sécurisée dans lequel on le laissa seul un moment. Il put ainsi informer le Defiance de son infortune. Puis deux gardes et un humanoïde de forte stature entrèrent dans la pièce. Le chagrien tourna son visage bleu vers le besalisk et demanda d’une voix de basse.
- Qui êtes-vous et que cherchez-vous ? Comment être vous arrivés ici ?
Joy Laslo secoua sa tête en faisant trembler ses bajoues.
- Je suis un agent républicain et vous un traître à la solde des Sith ! Je sais pertinemment ce que vous projetez de faire sur Balmorra !
Les yeux du chagrien brillèrent.
- Je suis surpris que quelqu’un soit au courant de notre projet ! Comment avez-vous fait ?
Laslo secoua ses mains en avant.
- Je ne vous dirai rien. Mais laissez-moi vous convaincre de tout stopper… Vous ne pouvez condamner à la mort des millions d’êtres humains ! Aucune cause ne peut justifier un pareil génocide !
Son interlocuteur découvrit ses dents pointues.
- Vous n’êtes pas un Jedi pour pouvoir me convaincre de quoi que ce soit, et vous arrivez trop tard pour tenter quelque chose.
Il s’interrompit et leva un doigt en l’air tout en tendant une oreille. Au même moment, un klaxon surmonté d’une voix métallique fusa des haut-parleurs disséminés dans tout le site.
« Attention… Attention… à tout le personne encore présent… évacuation immédiate… je répète… attention… attention… évacuation immédiate… compte à rebours enclenché… quinze minutes avant lancement… »
Le chagrien leva ses arcades sourcilières.
- Voyez, nous n’avons hélas pas le temps de nous entretenir plus longtemps et comme vous ne venez pas avec nous, je ne pense pas que nous aurons l’occasion de nous revoir.
*
* *
Sur la passerelle du Defiance, les visages étaient tendus.
- Navigateur, estimation heure d’arrivée sur orbite ? demanda l’amiral depuis son fauteuil de commandement.
Un navigateur se retourna.
- Dix minutes Amiral !
Valin Narcassan échangea un regard avec Maître Torve.
- Le timing est serré, dit-il entre ses dents.
Puis se tournant vers Bump Liam.
- Lieutenant, serez-vous prêt à donner toute la puissance de tir que ce bâtiment peut donner ?
- En principe oui, Amiral, répondit l’officier mécanicien affairé devant une console vers laquelle il avait détourné toutes les commandes automatiques des postes de tir. Dans dix minutes, j’aurais drainé la plus petite parcelle d’énergie que compte notre bon Defiance vers les batteries de turbolasers et tous les missiles thermiques disponibles seront prêts à être lancés dès que nous sortirons de l’hyperespace.
Valin Narcassan passa la paume de sa main sur son front.
- Il faut que Monsieur Laslo se sorte de là avant que nous ouvrions le tir !
- Je pense qu’il en est conscient, répondit doucement Maître Torve à côté de lui.
*
* *
Toutes les minutes, le haut parleur égrenait le temps qu’il restait avant le départ du missile.
« Attention… Attention… à tout le personnel encore présent… évacuation immédiate… je répète… attention… attention… évacuation immédiate… compte à rebours enclenché… treize minutes avant lancement… »
- Où en êtes-vous ? demanda la voix de l’amiral dans le comlink.
- J’y travaille monsieur, répondit le besalisk qui s’affairait autour d’un boîtier de commande de porte, scellé dans le mur de la salle dans laquelle il était enfermée.
Il avait sorti de sa ceinture un fil rouge et or terminé à chaque extrémité par une pastille noire. C’était une mèche explosive dont le déclenchement retardé commençait dès lors qu’on pressait les pastilles l’une sur l’autre. Consciencieusement, il avait collé le fil tout autour de la plaque du boîtier, puis il comprima les extrémités noires ensemble et se réfugia dans le coin opposé de la pièce derrière une table. Quelques secondes plus tard le cordon explosait dans un nuage de fumée. Avec des grands gestes de la main pour tenter de la dissiper, il s’approcha du boîtier et acheva d’arracher la plaque à l’aide ses fortes mains. Les circuits et les fils électriques qui composaient le boîtier étaient à présent accessibles. Il sortit de sa ceinture un minuscule appareil et de petites pinces coupantes et se mit à l’œuvre.
« Attention… Attention… à tout le personnel… évacuation immédiate… je répète… attention… attention… évacuation immédiate… compte à rebours enclenché… huit minutes avant lancement… »
La porte coulissa. La voix était libre. Il annonça en rapprochant son poignet de la bouche.
- Cellule ouverte. J’évacue les lieux.
Il partit aussi vite qu’il le put à travers les couloirs à présent déserts. Son sens de l’orientation légendaire l’amena à la surface du complexe juste à temps… pour voir s’envoler la dernière navette. Le plateau était désert. Le cargo lui-même avait disparu. Impossible à présent de quitter les lieux.
Il lui restait néanmoins une chance : arrêter le compte à rebours. Il se mit à courir dans l’autre sens et s’engouffra à nouveau dans le complexe.
« Attention… Attention… à tout le personnel… évacuation immédiate… je répète… attention… attention… évacuation immédiate… compte à rebours enclenché… cinq minutes avant lancement… »
Au même moment le Defiance sortait de l’hyperespace. Balmorra leur apparut par les baies de transparacier de la passerelle. Le lieutenant Liam annonça, après avoir analysé la myriade de voyants de la console de tir et entendu les différents rapports des officiers de tir du vaisseau par le système de communication.
- Position de tir atteinte, Amiral. Cible verrouillée. Toutes batteries prêtes à ouvrir le feu. Missiles parés.
L’Amiral fixait d’un regard inquiet le haut-parleur par lequel la voix de Joy Laslo leur arrivait.
- Monsieur Laslo, où en êtes-vous ? Je ne peux prendre le risque d’attendre le dernier moment pour ouvrir le feu. Il nous faut détruire le site avant l’envol du missile.
- Je vais tenter d’arrêter le compte à rebours.
Maître Torve échangea un regard avec l’Amiral en soulevant un sourcil.
- Vous n’avez pas le temps, reprit ce dernier. Évacuez le site !
La voix lasse de Joy Laslo sortit par le haut-parleur. Elle était empreinte d’une évidente gravité.
- Il n’y a aucun moyen de transport pour me permettre de partir d’ici.
Les personnes présentes sur la passerelle à ce moment là se regardèrent les unes les autres en silence. L’annonce était lourde de conséquences pour celui qui l’avait prononcée. Ils entendirent la voix atone annonçant le compte à rebours : il restait trois minutes !
L’Amiral Narcassan se tourna vers Bump.
- Lieutenant Liam, tenez-vous prêt à faire cracher à notre Defiance tout ce qu’il a dans le ventre. Nous ne pouvons nous permettre qu’une seule molécule de ce gaz ne soit pas consumée !
Bump Liam acquiesça d’un signe de tête. Tous les voyants étaient à présent au vert. Il avait asservi toutes les batteries sur un seul interrupteur qui n’attentait que la pression d’une paume de main pour ouvrir les vannes de l’enfer.
Dans la salle de contrôle, Joy Laslo pianotait à toute vitesse sur les touches d’un clavier pour tenter de percer le code de la combinaison d’arrêt du compte à rebours. Il n’avait plus le temps de saboter l’engin qui était enfermé dans un silo de lancement et arrêter le processus n’était pas aussi simple que de fermer un interrupteur. Sauf ordre correct envoyé à l’engin de mort, ce dernier était autonome et rien ne pourrait l’arrêter.
« Attention… Attention… à tout le personnel… évacuation immédiate… je répète… attention… attention… évacuation immédiate… compte à rebours enclenché… deux minutes avant lancement… »
La main du lieutenant Liam tremblait légèrement au-dessus du bouton de tir. Du coin de l’œil il observait les visages tendus de l’Amiral Narcassan et de Maître Torve qui agrippait d’une main le haut du fauteuil du commandant de bord. Ils avaient tous deux le regard rivé vers le haut-parleur qui maintenait la liaison sonore avec Balmorra et le piton rocheux désertique sur lequel la semence de mort attendait de pouvoir se répandre pour éliminer toute vie.
- Amiral… dit tout bas le Jedi, il faut tirer.
Valin Narcassan croisa ses doigts et porta ses mains jusqu’à son menton.
- Je sais, Shalo, laissons-lui encore une minute.
- Il ne faut prendre aucun risque, Valin, continua le Jedi d’une voix grave. Si le missile décolle, notre tir risque d’être inefficace.
L’Amiral ne répondit rien.
Le besalisk continuait sa course contre la montre. Son authentification avait fonctionné et il était maintenant dans le système mais il ne connaissait pas la séquence du code à entrer pour tout stopper.
« Attention… Attention… à tout le personnel… évacuation immédiate… je répète… attention… attention… évacuation immédiate… compte à rebours enclenché… une minutes avant lancement… »
Il avait connecté à une prise d’entrée-sortie un petit appareil sur lequel une série de chiffres défilaient à toute vitesse. La voix dans les haut-parleurs égrenait à présent les secondes. « Cinquante-six… cinquante-cinq… »
- Monsieur Laslo, fit la voix de l’amiral Narcassan, dans vingt secondes nous devrons ouvrir le feu.
- Je sais, répondit Joy Laslo au comble de l’anxiété. Faites ce que vous avez à faire.
- Dites-moi que vous allez tout arrêter, sembla implorer le militaire.
- … quarante… trente-neuf…
- Je ne sais pas, murmura le besalisk en contemplant l’afficheur numérique dont certains chiffres se figeaient progressivement mais bien trop lentement à son goût.
- trente… vingt-neuf…
Il sentit le sol trembler sous ses pieds. Les moteurs de la fusée venaient de se mettre en marche. À bord du croiseur, Maître Torve murmura de nouveau tout proche de l’oreille de Narcassan.
- Amiral, il faut ouvrir le feu.
- … vingt… dix-neuf…
Un opérateur les yeux rivés devant sa console de détection s’exclama.
- Amiral, je détecte une nouvelle signature thermique à la surface du site ! Les moteurs du missile sont allumés. Décollage imminent.
Le capitaine Prak lança un coup d’œil au commandant Sayyham dont le visage de marbre n’exprimait aucun sentiment.
- … seize… quinze…
Joy Laslo chercha de la salive à avaler mais sa bouche, d’habitude si prompte à baver, était aussi sèche que les rochers d’un désert en plein midi. Une voix sortit du haut parleur. Une voix à peine audible, celle de l’amiral Narcassan.
- Je suis désolé, monsieur Laslo…
À bord du croiseur, tous les regards convergèrent vers le haut-parleur lorsque la voix répondit.
- Moi aussi, amiral.
Valin Narcassan ferma les yeux.
- Ouvrez le feu ! ordonna-t-il.
La paume de la main de Bump Liam s’abattit sur le gros bouton rouge et aussitôt toutes les batteries du Defiance se mirent à cracher. Les batteries de missiles lancèrent leurs engins qui partirent à une vitesse folle vers la planète.
Dans la salle de contrôle, Joy Laslo regarda une dernière fois le petit appareil. Il restait encore trois chiffres à trouver mais il savait que c’était trop tard.
- … six… cinq… quatre…
Il leva les yeux vers le plafond de la salle et au-delà vers le ciel azur de la planète. Il ne pouvait qu’imaginer les rayons de morts qui convergeaient à la vitesse de la lumière vers lui et les missiles thermiques qui viendraient achever le travail pour consumer tout le gaz que le missile allait libérer en explosant. Joy Laslo poussa un soupir. Tout était désormais accompli.
Sur le croiseur, un opérateur annonça.
- Objectif détruit, Amiral ! Aucun signe d’envol du missile. Nos missiles thermiques viennent d’exploser comme prévu.
Du haut-parleur ne sortaient plus à présent que des grésillements. Maître Torve fit un signe à un sous-officier pour qu’il soit éteint. Un silence pesant s’établit sur la passerelle. On entendit à peine l’Amiral souffler.
- Nous ne vous oublierons pas, monsieur Laslo.
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