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Arrestation
 
- Que te voulait le Conseiller Darillian ? questionna maître Melvar lorsque Isil les eut rejoints.
La jeune fille était en pleine réflexion les yeux rivés sur un point imaginaire devant elle sur le sol. Elle répondit dubitativement.
- Me parler de Maître Mahr… et de mes parents.
- Tes parents ? s’étonna le Jedi qui s'arrêta de marcher pour la regarder. Je croyais que tu ne t’en souvenais plus ?
Il nota que la jeune fille ne répondait pas à son regard mais continuait à contempler le vide. Elle haussa les épaules et esquissa un geste évasif.
- C’est ce que je lui ai répondu.
- Curieux, murmura Adol Bruck un sourcil levé avant de se remettre en marche.
- Je ne l’aime pas, fit Isil à voix basse, il y a quelque chose en lui qui me déplait sans que je sache quoi.
- Pareil pour moi, grommela Hiivsha.
- C’est un homme politique, commenta le Jedi. Ils sont très particuliers et pas toujours en accord avec nos préceptes. D’ailleurs, il existe depuis le traité une fronde anti-Jedi dans laquelle se situent quelques personnages des plus en vue… Mais je ne pense pas que Darillian en fasse partie.
- Alors, pourquoi l’Ordre s’évertue-t-il encore à venir en aide à la République ? demanda le contrebandier avec un rien d'ironie dans la voix.
- La République c’est l’Humanité, répondit Maître Melvar. L’Ordre a pour mission de protéger la Galaxie, et la République est l’assise sur laquelle il s’appuie pour conserver cet équilibre.
- Mouais, fit Hiivsha d’un air peu convaincu tandis qu’ils descendaient les escaliers extérieurs de l’immense bâtiment du Sénat.
Ils s'installèrent dans le speeder qui attendait sur une des plateformes d'accès.
- Je dois rendre compte de la situation au Conseil. Les choses sont passablement plus compliquées qu'on ne l'avait supposé au départ. Quand même, j'aurais bien aimé pouvoir discuter avec le Chancelier Suprême, dit Adol Bruck en démarrant.
Une heure plus tard, ils se trouvaient dans la salle de l'holonet installée dans une partie du Temple qui n'avait pas été détruite par l'attaque Sith qui avait précédé la signature du Traité de Coruscant sur Alderaan.
- Chaque fois que je viens ici, je mesure combien les relations entre le Sénat et l'Ordre se sont dégradées ces dernières années, commenta Maître Melvar en établissant la communication avec Tython.
- Le mur de l'incompréhension entre les populations de la Galaxie et les détenteurs de la Force s'est effectivement considérablement épaissi, approuva Hiivsha en regardant Isil qui lui semblait fortement préoccupée.
- Et pourtant, il serait nécessaire d'obtenir une totale collaboration entre la République et l'Ordre, continua le Jedi.
- Mais les Forces Spéciales travaillent encore de concert avec les Jedi, non ?
- Oui… selon les cas et les personnes qui les commandent. Mais certains militaires se veulent désormais indépendants de l'Ordre dans leur manière de mener les opérations.
Hiivsha ne fit aucun commentaire. Pendant des siècles, pensa-t-il, les Jedi avaient eu l'habitude de mener les troupes au combat, les régiments et les armées étant pour ainsi dire toujours sous les ordres de généraux et autres officiers Jedi alors qu'à présent, si le divorce n'était pas consommé, les choses n'étaient plus autant systématiques. La République montrait des velléités d'indépendance par rapport à l'Ordre en qui elle semblait avoir perdu une partie de sa légendaire confiance. La retraite des Jedi sur leur planète d'origine Tython, n'avait rien fait pour contenir l'expansion de la fronde anti-Jedi qui sévissait dans certains milieux, de la populace des rues à la noblesse d'un nombre important de planètes. Sur Coruscant même, une partie de la classe politique se méfiait désormais des anciens protecteurs des mondes.
Les holoscans apparurent au bout d'un instant sous la forme de silhouettes translucides bleues, légèrement parasités, au centre de l’holocom. Le Conseil était clairsemé, certains Maîtres devant être en mission. Ceux qui étaient là écoutèrent les propos d'Adol Bruck en silence. L'un deux prit la parole.
- Vous devez faire attention, Maître Melvar, le terrain politique est glissant. Nous venons d'avoir une trop brève conversation avec le Chancelier Suprême et nous sommes convenus de la nécessité de remettre à notre garde le sénateur Kaldor le temps nécessaire au démantèlement du complot. Le Chancelier jugera par lui-même si d'autres arrestations, autres que celles de Kaldor et de Sazkaer sur Alderaan, sont nécessaires en fonction des événements futurs. Il compte casser la dynamique de ce complot maintenant que nous l'avons mis à jour, sans pour autant s'aliéner les puissants personnages qui sont cités dans le datapad que la Padawan Isil a récupéré.
- C'est un jeu dangereux, objecta Adol Bruck, qui pourrait très bien se retourner contre lui.
- Le Conseiller Darillian n'est pas de cet avis et le Chancelier Janarus semble l'écouter.
- Cette affaire n'est pas si claire qu'elle en a l'air. Avez-vous sondé la Force, Maîtres ?
- Nous en sommes conscients. Des tiraillements du côté obscur sont perceptibles autour des protagonistes de cette histoire. Le fait que le Sénateur Kaldor se soit allié à des Seigneurs Sith, pourrait très bien expliquer cela. Mais nous devons faire preuve d'une grande prudence. La République est devenue très instable et la moindre secousse pourrait fort bien provoquer son effondrement. Par ailleurs, l'aura dont nous jouissions jusqu'à présent, n'est plus. Le Chancelier a du mal à admettre notre façon de voir les choses.
- Je procèderai donc à l'arrestation du sénateur et je vous l'enverrai sous bonne garde. Ensuite, nous irons sur Alderaan pour nous occuper de Sazkaer et je mettrai Organa au courant.
- Le Chancelier a exigé que le Procureur soit informé de cette action pour apporter sa caution juridique.
On sentait dans la voix un léger accent d'embarras. Obi Melvar s'indigna.
- Depuis quand devons-nous en passer par les autorités judiciaires pour une action de police ?
- Il s'agit de ne pas augmenter la défiance dont beaucoup font preuve vis-à-vis de nous. Les choses sont un peu différentes que celles que nous avons connues. De diplomatie nous devons faire preuve, Maître Melvar.
- Soit, je me mets donc en rapport avec les services du Procureur.
- Cependant, le Procureur est en voyage et c'est au Procureur adjoint Mas Dom que vous allez avoir à faire. Elle…
Une hésitation fit s'interrompre le Maître qui parlait.
- Elle ne porte pas l'Ordre dans son cœur. Nous savons qu'elle fait partie des leaders du front anti-Jedi. Faites donc très attention à elle !
- C'est une chagrienne non ? Je crois la connaître un peu. C'est une personne très intelligente mais beaucoup trop autoritaire et butée à mon goût. Je ferais avec, ne vous en faites pas !
- Bien, Maître Melvar. Avez-vous besoin de renfort ?
- Merci, mais la Padawan Isil et le capitaine Inolmo m'accompa-gnent. Cela doit suffire.
- Si des Sith se mettent en travers de votre chemin, ne tentez pas l'impossible. La perte de Maître Mahr est plus que suffisante.
- Ne vous inquiétez pas, Maîtres, tout ira bien.
- Maître Shan n'est pas si optimiste que vous. Que la Force vous accompagne tous les trois !
Les holoprésences disparurent comme une vision qui s'évanouit devant les yeux. Hiivsha nota l'air préoccupé du Jedi mais ne put s'empêcher de penser que, si lui, avait ses raisons de l'être, Isil, qui n'avait pas soufflé mot depuis une bonne heure, semblait elle aussi préoccupée sans raison apparente. Il allait lui demander si tout allait bien, mais une intuition l'en empêcha, l'intuition que ce n'était pas le moment ni l'endroit pour l'inviter à des confidences. Il la sentait aussi hermétique qu'une huître sortie de la mer et, bien que cela lui en coûte, il s'abstint de toute remarque.
*
* *
Le Procureur avait exigé d'être avertie avant que les Jedi ne se rendent au domicile du Sénateur Kaldor. D'ailleurs, si le Conseiller Darillian en personne ne l'avait contactée pour lui confirmer la nécessité de cette opération de police, elle n'eut sans doute pas consenti à laisser faire. Jaster Darillian était resté discret sur les vraies motivations de cette arrestation, ce qui avait augmenté les réticences de Mas Dom à laisser ses services et les forces de police locales en dehors du coup. De son côté, Adol Bruck se sentait agacé d'avoir à rendre pareillement des comptes à des fonctionnaires. Cependant, il se raisonna et continua sa mission comme si de rien n'était, en bon gardien obéissant qu'il était.
Kaldor n'était pas au Sénat, ce qui était plutôt une bonne chose. L'idée de l'arrêter dans un endroit public où il comptait nombre d'amitiés influentes, allait à l'encontre de la discrétion requise qui avait été souhaitée par tout le monde. Le Sénateur s'était retiré dans son hôtel particulier qui trônait au sommet d'un immense building de la ville planète, preuve de son incalculable richesse et de la puissance de sa famille. Symbole de cette fortune, les jardins boisés qui entouraient la demeure de style ancien et qui contrastaient fortement avec le paysage de duracier et de permabéton qu'offrait la capitale.
Ils étaient donc partis vers la résidence de Kaldor après avoir pris soin d'avertir le Procureur Mas Dom de leur destination. Libre à elle de se déplacer ou pas, Obi Melvar s'en fichait comme d'une guigne. Ce en quoi il avait tort.
Lorsque l'airspeeder s'arrêta devant la plateforme d'accueil principale du domaine Kaldor, le crépuscule jetait ses lueurs irisées dans l'atmosphère. Dans cette lumière de fin du monde, les longs cheveux d'Isil flamboyaient d'or, de pourpre et de feu sur ses épaules. En contemplant le paysage, Hiivsha se prit à rêver aux vertes vallées montagneuses d'Adarlon et à ses lacs poissonneux. Les reflets du soleil sur les cimes enneigées y étaient autant d'éclats de cristaux qui scintillaient sous un ciel pur et il songea que les immenses forêts giboyeuses de son enfance lui manquaient. Il n'y avait que dans l'espace qu'il oubliait tout cela. Jetant un regard sur Isil, il soupira en se demandant si ce n'était pas une erreur que de l'aimer. Mais que devait-il faire à présent qu'il était trop tard ? Leurs regards se rencontrèrent et ce qu'il lut dans celui de la Padawan ne lui plut pas. Les yeux bleus étaient chargés d'incertitude et d'inquiétude, comme en proie à une sourde menace indéfinissable. Il ne retrouvait plus la jeune fille qui l'avait séduit au bord du lac d'Alderaan.
Ils gravirent quelques marches pour se retrouver sur un grand parvis marbré face à une imposante grille qui coupait un haut mur derrière lequel on apercevait des cimes d'arbres, luxe suprême dans les environs. Une créature cornue apparut derrière la grille lorsqu'ils furent tout proches. Adol Bruck annonça sur un ton autoritaire.
- Jedi en mission ! Nous venons voir le Sénateur Kaldor !
Le devaronien secoua sa tête inquiétante et grogna.
- Impossible. Le Sénateur ne peut être dérangé.
- Il est donc ici ? en déduisit le Jedi.
La créature grogna derechef sans bouger. Maître Melvar consulta Isil du regard puis se tournant vers le gardien des lieux, il fit un geste circulaire avec le bras et articula.
- Tout va bien, on peut entrer.
Le devaronien secoua de nouveau sa tête orangée en grognant.
- Vous pouvez entrer !
Il ouvrit le lourd battant de la grille. Adol Bruck insista en réitérant sa passe de Jedi.
- Inutile de prévenir le Sénateur, il nous attend.
L'humanoïde s'effaça devant eux et referma le portail avant de regagner la conciergerie. Les trois visiteurs s'enfoncèrent dans les jardins.
- Maître, murmura Isil, vous ne sentez rien ?
Adol Bruck ferma les yeux un instant avant de secouer négativement la tête.
- Pas précisément. Que veux-tu que je sente ?
- Je ne sais pas, Maître… quelque chose de préoccupant, un sillage sombre dans la Force.
- Je n'ai pas ta sensibilité naturelle, avoua Adol Bruck qui était plus doué pour manier le sabre et les poussées de la Force que pour pressentir les choses et lire dans l'avenir.
C'était un adepte du djem so et non un visionnaire.
- Avec le renouveau de l'Empire Sith, il est normal que la Force soit sillonnée par les ombres du Côté Obscur, Isil.
- Oui, Maître, répondit la jeune fille en épiant chaque coin d'ombre autour d'eux.
Au fond des jardins se dressait silencieusement la majestueuse demeure de la puissante famille Kaldor dont le Sénateur Jorus Kaldor était le descendant. Sa famille s'était considérablement enrichie durant les guerres mandaloriennes en faisant le négoce de technologies de pointe et possédait des chantiers navals et des arsenaux dans les mondes du milieu. Politiquement très appuyé par nombre de ses pairs, il avait été battu d'une courte tête à l'élection au poste de Chancelier Suprême, certains politiques ayant préféré un homme moins incertain et plus posé qu'il ne l'était lui-même. Sa rudesse et son intransigeance avaient joué contre lui en faisant reculer les plus modérés. Il demeurait toutefois un dauphin potentiel en cas d’empêche¬ment du Chancelier actuel.
En haut des marches du double et large escalier balancé qui menait vers le perron de l’entrée principale du bâtiment principal, un comité d’accueil les attendait. Un homme et quatre droïdes qui, visiblement, n’étaient pas là pour le protocole ni pour assurer le service de la maison. L’homme, longiligne, raide sur ses jambes, portait spencer noir et nœud papillon dans la plus pure tradition des maîtres d’hôtel stylés. Il demanda.
- Que puis-je pour ces messieurs dames, je vous prie ?
Maître Melvar répondit d’un ton cassant et autoritaire.
- Jedi en mission sur ordre du Chancelier Suprême. Nous sommes ici pour voir le Sénateur Kaldor !
L’homme ne parut pas s’émouvoir le moins du monde.
- Je ne pense pas que ce soit possible, Maître Jedi, le Sénateur ne souhaite recevoir personne.
- Je me suis mal fait comprendre, reprit Adol Bruck calmement. Je ne vous demande pas s’il veut nous recevoir, mais je vous dis que nous sommes là pour le voir. Ce n’est en aucun cas une demande mais un ordre !
Pour toute réponse, les droïdes sortirent de leur dos des fusils blasters qu’ils pointèrent vers les intrus. Le maître d’hôtel n’avait pas bougé d’un millimètre et reprit de son accent distingué et froid.
- À mon tour de m’excuser si je n’ai pas été assez clair, Monsieur. Le Sénateur ne reçoit pas. Mais vous pourrez toujours le solliciter demain au Sénat !
- Je ne pense pas, grinça Maître Melvar en décrochant son sabre laser de sa ceinture, imité en cela par Isil tandis que Hiivsha dégainait tranquillement son pistolet laser. Nous sommes venus arrêter le Sénateur Kaldor et je ne vous conseille pas de vous mettre en travers de notre chemin.
Les droïdes levèrent imperceptiblement leurs armes pour viser. Un très bref instant plus tard, ils gisaient démantelés au sol. L’attaque des deux Jedi avait été si rapide que Hiivsha n’avait même pas pu tirer un seul coup de pistolet. Isil s’était chargée des deux droïdes de droite tandis qu’Adol Bruck s’occupait des deux autres. La lame verte de la jeune fille et celle bleue du Jedi avaient sifflé dans l’air en crépitant, tournoyant avec une rapidité fulgurante, sectionnant les bras qui tenaient les fusils blasters, puis la tête et les jambes des droïdes.
Le maître d’hôtel considéra la lame dont le menaçait Maître Melvar en soulevant un sourcil tout en rejetant légèrement sa tête en arrière. Le Jedi grogna.
- Ce n’étaient que des droïdes ! Cela m’ennuierait de faire pareil avec vous ! Où est le Sénateur Kaldor ?
- Dans son bureau, à l’étage, en haut du grand escalier, Monsieur.
Adol Bruck le saisit par le col et l’écarta de son chemin.
- Tenez-vous tranquille et tout ira bien, sans quoi je vous arrête aussi pour obstruction à une opération de police !
L’homme se réajusta d’une série de petits gestes distingués sans rien répondre, regardant les trois personnes monter, sabres laser et pistolet au poing, l’escalier de marbre qui se divisait en deux pour grimper jusqu’au premier étage.
Comme ils arrivaient devant une grande porte à double battant, richement ornées de feuillures d’or, Isil se tourna vers le Jedi.
- Maître, je sens quelque chose d’anormal ! Une vibration dans la Force que je ne parviens pas à identifier !
Elle s’arrêta et ferma ses paupières. Là, dans les méandres des fils invisibles que composait la Force, elle distinguait une zone sombre qui cheminait vers le futur sans qu’elle parvienne à voir où ce sentier noir la menait. Le Jedi la prit par le bras.
- Reste ici et couvre nos arrières. Il faut nous attendre à tout !
Il fit signe au contrebandier de se tenir prêt à toute éventualité puis il tendit sa main gauche en avant et d’une violente poussée de la Force, il ouvrit les deux battants.
Au fond de la pièce, entre deux majestueuses fenêtres, le Sénateur se tenait derrière son bureau, assis dans un grand fauteuil de bois et de velours. Nullement surpris, il leva la tête en arborant un sourire convenu.
- Un authentique Maître Jedi dans ma demeure ! Entrez donc, je vous prie ! Je suppose que votre visite est de la plus haute importance pour vous être déplacés jusqu’ici ! Je viens si peu dans cette demeure…
Il montra les murs avec ses mains dans un geste grandiloquent, la tête levée vers les plafonds sculptés et décorés de fresques peintes.
- Je suis d’ordinaire dans mon appartement de la Cité Républicaine où vous auriez d’ailleurs pu me trouver demain de façon plus convenable… ou même au Sénat d’ailleurs ! Que pensez-vous de la décoration de ce manoir ? C’est mon arrière grand-père qui l’a fait ériger en haut de ces buildings pour échapper à la tristesse et à la monotonie de l’architecture de Coruscant !
Malgré lui, Hiivsha ne put s’empêcher de lever les yeux pour apprécier le décor richissime des lieux composé avec un goût un rien mégalomane. Maître Melvar, lui, n’avait pas quitté le Sénateur du regard. Ce dernier se leva de son fauteuil, le sourire toujours aux lèvres.
- Que puis-je pour vous, Maître Jedi ?
- Acceptez de me suivre sans résistance !
Kaldor se mit à rire.
- Vous suivre ? Vous plaisantez ! Vous n’ignorez pas qui je suis ? Je vais vous faire rentrer dans le rang, Jedi ou pas ! Vous n’avez aucune autorité ici !
- Vous vous trompez Sénateur, asséna Adol Bruck d’un ton toujours aussi calme. Je représente l’Ordre Jedi et l’autorité du Chancelier Suprême. Vous êtes en état d’arrestation pour complot contre sa personne et la République Galactique ! Et je vous conseille de nous suivre sans résistance !
Il balança la lame bleue de son sabre laser de droite et de gauche pour appuyer ses dires mais cela ne sembla pas impressionner le Sénateur le moins du monde. Il restait derrière son bureau comme si ce meuble représentait un rempart infranchissable derrière lequel il se sentait à l’abri. Adol Bruck fit deux pas en avant.
- Ma patience a ses limites, Sénateur ! Je vous donne l’ordre de vous rendre à mon autorité !
Kaldor émit un petit rire glacial et persiffla.
- Arrogance Jedi ! Typiquement Jedi ! Vous pensez que vous avez tous les droits derrière votre sabre laser ! Vous pensez que vous pouvez arriver chez moi, détruire mes droïdes et me passer les menottes ? Pauvre fou, vous ne savez pas à qui vous avez à faire ! Aussi inconscient que votre Maître Beno Mahr !
Les deux derniers mots avaient claqué dans sa bouche comme deux coups de fouet. Adol Bruck se raidit malgré lui et ses yeux brillèrent. Il leva son sabre et fit deux autres pas en avant, bien décidé à en finir immédiatement. Au même moment, la main de Kaldor s’abaissa sous le bureau et sous les yeux stupéfaits du Jedi et du contrebandier, il disparut comme happé par le sol tandis que dans un claquement sec, des panneaux d’acier occultaient les fenêtres et la sortie derrière eux. Obi Melvar se précipita derrière le bureau en regardant le sol qui s’était refermé.
- Une trappe ! Une saleté de trappe ! Il nous a joués comme des enfants !
Il tâtonna quelques secondes là où le sénateur avait posé sa main sans succès. On tambourinait contre le panneau d’acier qui avait remplacé la porte.
- Maître Melvar ! Hiivsha !
Le Jedi se précipita vers la sortie bloquée.
- Isil, cria-t-il, Kaldor s’est enfui ! Il va sans doute quitter les lieux. Intercepte-le pendant que j’ouvre cette porte !
- J’y vais ! répondit Isil avant de dévaler les escaliers.
Dans le hall, se tenaient trois autres droïdes qui ouvrirent le feu dès qu’ils l’aperçurent. La lame verte du sabre laser s’agita devant ses yeux et elle renvoya les tirs vers eux. Ils tombèrent au sol, leurs circuits grillés. Isil traversa le hall d’entrée et sortit sur le perron. Son oreille affûtée perçut sur sa gauche des bruits de pas sur le gravier. Elle se mit à courir pour faire le tour de la demeure. Dans l’obscurité, elle perçut une silhouette qui courait entre deux bâtiments vers ce qui devait être une entrée de service protégée par une petite grille ouverte. Il y avait fort à parier que le sénateur disposait par là d’un moyen de fuite et elle devait donc l’arrêter par tous les moyens. Se lançant à sa poursuite, la jeune fille se concentra sur la grille qu’elle apercevait à la lumière de la ville et visualisa les charnières et le battant pour en sentir la forme et la matière. Alors que le Sénateur arrivait à la sortie de cette allée gravillonnée, elle fit un geste de sa main libre et la grille se referma dans un grand claquement métallique qui résonna dans la nuit. Le Sénateur était pris au piège comme un animal dans une nasse, se dit-elle en fondant sur lui.
Adol Bruck avait enfoncé la lame de son sabre laser à travers le panneau d’acier et se concentrait pour tirer de la Force le plus d’énergie possible afin de l’alimenter. La lame bleue se mit à briller intensément tandis que le métal rougissait, blanchissait et se mettait à fondre comme une motte de beurre sous la lame d’un couteau chauffé à blanc. Il traça ainsi un grand cercle. Quand il eut terminé, une poussée de la Force envoya la découpe avec force dans l’escalier. Hiivsha lui dit en souriant malgré lui.
- Vraiment, je veux le même !
Le Jedi ne répondit pas à son sourire et dévala l’escalier suivi par le contrebandier. Arrivés sur le perron, il prit une seconde pour sonder la Force et fit un geste vers la gauche.
- Par là ! cria-t-il.
Ils reprirent leur course effrénée et s’engagèrent dans l’allée sombre. Comme ils arrivaient au bout, ils aperçurent une masse sombre devant eux. Au même moment, des projecteurs venus de l’extérieur transpercèrent l’obscurité et se braquèrent sur eux. Plusieurs véhicules de la police se posaient de l’autre côté de la grille, accompagnés des éclats rouges et bleus des avertisseurs lumineux. Des hommes en sortirent précipitamment. Adol Bruck et Hiivsha portèrent les mains devant leurs yeux pour mieux voir devant eux, éblouis par la lumière des projecteurs. Ils s’étaient arrêtés. À l’extérieur de l’enceinte, les policiers ouvraient la grille et s’écartèrent pour laisser le passage à une personne que Maître Melvar identifia comme le Procureur Mas Dom. Baissant les yeux vers la masse sombre sur le sol, il aperçut Isil, agenouillée devant une silhouette qu’il savait ne pouvoir être que le Sénateur Kaldor. Incrédule, il s’avança jusqu’à la jeune fille, dans son dos. La Padawan se tenait la tête entre les mains. Son sabre laser gisait à ses côtés, éteint. Des cris fusèrent chez les forces de l’ordre et la voix de Mas Dom retentit dans la nuit.
- Sécurisez le périmètre ! Je ne veux voir personne dans un rayon de deux cents mètres !
Elle se pencha vers le corps étendu aux pieds d’Isil qui semblait ne pas pouvoir réagir avant de se redresser et de croiser le regard du gardien Jedi.
- Il est mort ! annonça-t-elle froidement.
Mais Maître Melvar s’en doutait déjà. Hiivsha contourna le Jedi et s’accroupit contre Isil en lui posant la main sur l’épaule.
- Isil ? Isil ? Ça va ? Que s’est-il passé ?
Les projecteurs inondaient à présent la scène macabre d’une lumière intense dans laquelle chaque ombre se détachait puissamment, donnant au décor une impression surréaliste. Un homme, accouru aux côtés du Procureur, s’était agenouillé devant le corps sans vie pour faire les premières constatations tandis qu’Hiivsha aidait Isil à se relever. Elle semblait choquée et son visage était pâle. Il la regarda par en dessous.
- Ho ! Tu m’entends Isil ? Ça va ?
Maître Melvar s’approcha à son tour et demanda d’une voix rude.
- Isil ! Que s’est-il passé ? Qu’as-tu fait ?
Visiblement la jeune fille essayait de reprendre ses sens.
- Je ne sais pas, balbutia-t-elle.
L’homme penché sur le corps releva son visage en direction du Procureur.
- Il est mort, madame le Procureur. Visiblement, un coup de sabre laser… dans le dos !
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