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Chapitre 29. Accords
 
La voix de Mara Jade retentit dans l’intercom.

- Nous sommes en approche de Geonosis…

Pestage fit signe à Dhagr de sortir de la cabine. A peine le Noghri s’était-il exécuté que Pestage se détendit, soudainement heureux. Il ne supportait plus la présence permanente de ses gardes du corps. C’était assez ironique, voire grotesque, en vérité. Lui, Sate Pestage, se retrouvait contraint d’utiliser des Noghris pour se protéger ! Il fallait vraiment que la situation fût à ce point calamiteuse…

De manière générale, les non-humains lui faisaient horreur. Les non-humains puaient, les non-humains étaient stupides et barbares, les non-humains n’entendaient rien à l’art, rien au pouvoir. Les non-humains n’apportaient rien et prenaient tout. Les non-humains n’étaient que des parasites.

Pestage avait naturellement contribué à la rédaction des premières lois raciales, il y a une vingtaine d’années. Ces lois qui faisaient de la fréquentation d’un non-humain par un humain – ou réciproquement – un crime. Qui interdisait les meilleurs emplois aux non-humains. Qui établissaient un numerus clausus dans les Ecoles, les Académies et les Universités. Qui avaient supprimé les droits judiciaires des non-humains. Qui instauraient la ségrégation dans tous les lieux publics. Qui avaient constitué une des étapes menant à l’extension de l’esclavage… « Faites qu’ils deviennent analphabètes ! avait ordonné Palpatine. Qu’ils retombent à l’état de barbares, qu’ils crèvent de faim, meurent de misère… Faites qu’ils deviennent nos esclaves à tout jamais ! » Pestage avait obéi à cœur joie. Car rien ne valait la pureté du sang humain. Palpatine, tout ravagé par le Côté obscur qu’il fût, était un humain. Dark Vador était un humain. Même les principaux héros de la Rébellion, les Mon Mothma, les Bel Iblis, les Bail Organa, les Luke Skywalker, les Wedge Antilles, les Yan Solo, les Leia Organa, étaient des humains. Preuve, s’il en était encore besoin, que la race humaine était bien la Race élue. Et que ces microbes qui se reproduisaient comme de la vermine ne pouvaient prétendre à aucun droit dans cette galaxie.

Ainsi raisonnait Pestage – et rien n’aurait pu le faire démordre. Rien… jusqu’à Endor. Car Endor avait malheureusement imposé quelques sacrifices… D’où…

… d’où ces Noghris, ces Noghris si laids, si sales, si repoussants – mais pourtant nécessaires, pour sa mission, car jamais Pestage ne trouverait combattants plus efficaces.

… et d’où ce détour par Geonosis…

La planète des sables s’agrandissait au-delà du hublot.





Un véritable four. Leur navette avait atterri à l’intérieur de ce rassemblait à une arène creusée par les vents, à l’ombre d’un pic rocheux aussi grand que les gratte-ciels de Coruscant. A peine Pestage était-il descendu de la rampe qu’il avait été happé par la brusque vague de chaleur. Ses amples vêtements mauves de Chancelier ne convenaient pas à cet endroit – et il le savait. Mais il ne tenait pas à rencontrer son contact en bras de chemises. Non, hors de question : ce n’était pas son genre, se dit Mara.

Chakakh les précédait, aux aguets – plus efficace qu’un senseur. Derrière le Chancelier, Mara et Dhagr. Rien à redire, il était bien protégé. Non, vraiment, le seul problème, c’était le climat.

- Vous avez vraiment réussit votre atterrissage, reconnut Pestage, affable.

Mara Jade scrutait les rochers rouge et ocre qui les cernaient, tels de vastes gradins. Le vent hurlait entre les fentes naturelles des hauteurs granitiques environnantes. Elle aurait juré qu’il s’agissait réellement d’une ancienne arène, une arène mal entretenue, mais une arène… Et elle aurait également juré qu’ils étaient les seuls êtres vivants à fouler le sol de cette planète à l’heure présente – si elle n’avait vu de son cockpit une espèce de carcasse de métal sphérique rôtir au soleil, à quelques heures d’ici.

Ils étaient au centre – un groupe plutôt insolite : un vieillard vêtu à la mode hivernale, escorté de deux bestioles aux mines patibulaires et une jeune femme habillée façon mécano, casquette enfoncée sur le crâne. Vulnérables à une embuscade – mais Pestage était confiant.

- Je crains que nous ne soyons en avance, fit-il simplement remarquer.
- Je ne crois pas.

Ils se retournèrent instantanément, mains aux blasters – sauf Pestage, qui n’était évidemment pas du genre à s’embarrasser d’une arme.

La voix venait de cette grotte creusée dans « l’arène », derrière eux. L’écho résonnait encore lorsque celui qui venait de prononcer ces paroles sortit de l’ombre créée par la cavité.

L’homme – parce que c’était un homme, un humain – marcha à leur rencontre d’un pas alerte, le regard droit et le port altier. Il devait avoir atteint la cinquantaine, à en juger par ses cheveux gris acier et son visage dur percé de deux yeux dénotant une intelligence aussi vive qu’elle ne paraissait pas usurpée. Et il portait un uniforme d’amiral de la Flotte impériale, maîtrisait l’allure d’un amiral de la Flotte impériale.

Il n’était d’ailleurs pas seul. Une escouade de Stormtroopers l’encadrait.

- Grand Chancelier, dit-il en s’inclinant avec respect devant Pestage. C’est un honneur de vous retrouver, après tant d’années.

Le ton de l’amiral, par delà le vernis de politesse, laissait transparaître des vapeurs d’acide… Et cette chaleur n’arrangeait pas les choses, loin de là.

- … amiral Parck ? maugréa Pestage. J’ignorais…

Un mince sourire s’esquissa sur le visage de l’amiral impérial.

- Tranquillisez-vous, Chancelier, il s’agit là d’une promotion toute récente – une décision du Grand Amiral Thrawn, confirmée par l’Empereur lui-même, peu avant ces événements funestes qui vous ont poussé à vous rendre ici.

Pestage s’épongea le front – tant pis pour l’orgueil.

- Justement… amiral, grinça-t-il. Il était convenu que le Grand Amiral Thrawn devait se rendre personnellement ici, sur Geonosis. Or, je ne le vois pas. Peut-être pourriez-vous m’expliquer…
- Le Grand Amiral Thrawn se trouve malheureusement retenu par d’importantes affaires au sein des Régions inconnues, répondit Parck en affichant un air faussement navré. Il tient à vous présenter ses excuses, mais l’exploration de cette frange de la galaxie requiert en ce moment toute son attention, ainsi que vous devez vous en douter.

Pestage digéra l’insulte – d’autant que Parck avait particulièrement insisté sur le terme « exploration »… Ce fut alors que Mara Jade se souvint. Evidemment…

Grand Amiral Thrawn. Amiral Voss Parck. Deux des meilleurs officiers supérieurs de l’Empire. De véritables légendes au sein de la Flotte. Le premier, surtout : un non-humain qui avait réussi à s’imposer à l’Empereur par son génie militaire – un non-humain réputé pour n’avoir jamais perdu une bataille. Un non-humain qui avait réussi l’exploit démentiel de gagner les galons de Grand Amiral. Un non-humain qu’un certain capitaine Parck avait déniché sur une planète aussi désertique que celle-ci et avait offert à l’Empereur, il y a plus de vingt-cinq ans. Thrawn avait depuis rendu de précieux services à l’Empire. Thrawn avait écrasé une escadre post-séparatiste en se battant à un contre cinq. Thrawn avait vaincu la moitié de la Rébellion avant Yavin. Thrawn avait conquis des dizaines de mondes au sein des Régions inconnues. Thrawn avait anéanti le traître Zaarin. Thrawn-n’avait-jamais-connu-la-défaite.

Mara Jade comprenait un peu mieux les manigances de Pestage. Thrawn, effectivement, pouvait être un atout très précieux pour qui voulait annihiler la Rébellion. Mais pourquoi une telle rencontre ? Pourquoi ne pas avoir directement transmis des ordres de Coruscant ? Thrawn était un serviteur de l’Empire : un mot du Centre impérial et il devait rappliquer, non ? Il y avait certes eu ces rumeurs, sur cette magouille politique par laquelle Thrawn avait été réduit à jouer le rôle humiliant de cartographe des Régions inconnues…

Mais visiblement, cet exil cachait quelque chose, surtout si l’on se rappelait que Sate Pestage, successeur en titre de Palpatine et grand ordonnateur de la législation sur la pureté de la Race, avait fait le déplacement rien que pour rencontrer un Grand Amiral qui, après tout, n’était que son subalterne hiérarchique, non-humain de surcroît… Décidément, le Grand Chancelier était loin d’avoir tout dit à Mara Jade. Elle s’arrangerait pour le cuisiner dès qu’ils seraient de retour à la navette.

- Le Grand Amiral Thrawn m’a chargé de le représenter devant vous en vue de parvenir à un éventuel accord.
- Un accord ? s’étrangla Pestage. Dois-je vous rappeler que je suis votre supérieur ?
- L’Empereur était notre supérieur, répondit Parck. Depuis Endor, la situation a quelque peu évolué.
- Est-ce à dire que vous ne reconnaissez pas la légitimité du Gouvernement ? grogna Pestage. Est-ce à dire que vous avez décidé tous les deux de faire cavaliers seuls, à la manière d’un Zsinj ou d’un Kaine ?

L’amiral Parck hocha négativement la tête.

- Nous sommes toujours fidèles à l’Empire. L’Empire pourra toujours compter sur le Grand Amiral Thrawn.

Pestage redressa les épaules. Croisa les bras. Un voile de suspicion recouvrait son visage.

- Mais vous comprendrez, reprit Parck, qu’au vu de la gravité de la situation militaire, le Grand Amiral Thrawn soit enclin à exiger du Gouvernement des mesures susceptibles d’assurer un retour à l’ordre. Des mesures qui ne risquent pas nécessairement d’être favorablement accueillies par certains lobbies du Palais impérial.
- A quoi pensez-vous ?
- Dites-nous d’abord ce que vous voulez.

Parck s’en sortait bien, admit Mara. Ou alors Pestage était particulièrement nul, aujourd’hui. Le Grand Chancelier essayait de le faire parler, d’obtenir de lui un serment d’allégeance. Parck ne faisait qu’esquiver. Esquiver, encore et encore, en attendant de porter le coup d’estoc décisif. La guerre des mots pouvait être aussi violente, lourde de conséquences que la guerre réelle – celle avec les blasters, et, en fouillant un peu dans le passé, avec des sabrolasers.

Pestage inspira profondément. Il respirait mal, ici – saleté de sécheresse, si encore il pouvait être asthmatique…

- Vous savez ce que je veux, répliqua durement le Grand Chancelier. Je veux que le Grand Amiral Thrawn revienne des Régions inconnues. Je veux confier au Grand Amiral Thrawn la responsabilité de la Flotte impériale.

Voss Parck demeura muet quelques fractions de seconde, comme pour analyser l’information. Il devait s’y attendre, mais dit comme ça, par le Grand Chancelier impérial en personne, face à face, c’était un tout autre… plaisir.

- Vous avouerez qu’un tel désir s’avère surprenant venant de vous, Votre Excellence, fit remarquer l’amiral.
- Ne venez pas me faire la morale, protesta Pestage. Je suis un politicien, et les politiciens savent se contenter parfois d’accommodements s’ils veulent atteindre leur objectif. Ce dont il est question ici, c’est de la survie de l’Empire.
- Le Grand Amiral Thrawn sera flatté d’être considéré comme le dernier espoir de l’Empire, sourit ironiquement Voss Parck.
- Son ego ne m’intéresse pas, l’interrompit Pestage. Le Grand Amiral Thrawn est un excellent officier, mais nous en comptons d’aussi bons à la tête de nos troupes…

Il mentait mal, estima Mara Jade. C’était étrange… Pestage, si habile politicien, semblait perdre toute contenance devant Parck. Qu’est-ce qui lui arrivait ? On eût dit qu’il avait… peur. Oui, c’était cela. Pestage avait peur de Parck. Parck inquiétait Pestage. Parck était impressionnant.

Qu’est-ce qui pouvait bien justifier cette peur ? Qu’est-ce qui pouvait paralyser à ce point l’un des adjoints les plus efficaces de Palpatine ? Etait-ce d’ailleurs bien Parck qui produisait cet effet sur le Chancelier, ou était-ce celui qu’il représentait ? Mara Jade, tout en laissant prospérer ces interrogations, surveillait les alentours. Les Noghris, à côté, ne semblaient avoir rien détecté d’anormal.

Par les pustules de Skywalker, mais qu’est-ce qui se passait dans la tête de Pestage ?

- Je vois, émit l’amiral impérial. Vous voulez satisfaire les non-humains… Rassembler les peuples de l’Empire derrière vous en ressuscitant le mythe de l’ascension sociale…
- Entre autres, oui, reconnut Pestage.
- J’avoue ne pas bien comprendre, fit Parck. Vous exterminez Naboo, vous exterminez l’Invisec, et pourtant, vous êtes décidé à jouer la carte raciale ?

Pestage, pour la première fois depuis le début de leur entretien, se mit à sourire.

- Entendons-nous bien, dit-il. Si je nomme Thrawn à la tête de la Flotte, cela ne signifiera nullement un adoucissement conséquent de la législation raciale. Nous accorderons certes quelques révisions minimes ici et là, notamment en ce qui concerne la conscription, mais c’est tout.
- En somme, privilégier le paraître, conclut l’amiral. Et naturellement, le Grand Amiral se contenterait de jouer le rôle de la marionnette. Ce que d’aucuns à la Cour qualifient de « talents militaires » n’a en l’occurrence aucune part dans votre raisonnement, n’est-ce pas ?
- Je vous l’ai dit : nous comptons de très bons officiers.

Mais Pestage avait parlé avec l’air de celui qui était sur le point de dégueuler. Mara étouffa un fou rire subit. Si le vieux salaud avait voulu reconnaître le génie stratégique du Grand Amiral, il ne s’y serait pas pris autrement… Jamais Pestage n’aurait bougé ses vieux os jusqu’ici pour une motivation aussi dérisoire.

Donc, il était prêt à davantage de concessions qu’il ne voulait bien le dire. Et Mara sut que Parck l’avait parfaitement capté. Pestage était en position de faiblesse – car réduit à l’état de quémandeur, voire de mendiant, dépendant du bon vouloir de Thrawn. Pestage s’efforçait de ne rien montrer – maladroitement. Et Parck en profitait. Parck en jouissait. Parck adorait humilier le vieux. Parck tenait sa vengeance.
Parck dit :

- De très bons officiers, en effet. Aussi disciplinés que nous le sommes, je suppose.

Pestage dit :

- Evidemment – ceux-là sont loyaux.

Parck dit :

- Vous disiez que le Grand Amiral Thrawn dirigerait la Flotte ?

Pestage dit :

- Il serait nommé à sa tête.

Parck dit :

- Et qu’êtes-vous prêt à offrir en échange ?

Pestage dit :

- Que demand… propose le Grand Amiral Thrawn pour nous aider ?

Parck dit :

- Oh, un rien. Une atténuation de notre politique raciale, par exemple…

Pestage dit :

- Vous rêvez ?

Parck dit :

- Nous avons dit « atténuation », Excellence. Pas « suppression » : pas tout de suite.

Pestage dit :

- L’un des fondements de l’Ordre nouveau n’est autre que la pureté de la race humaine !

Parck dit :

- Ce fondement est bien inutile.

Pestage dit :

- Il existe, pourtant.

Parck dit :

- Au même titre que Naboo. Ou Caamas. Ou Alderaan. Ou l’Invisec de Coruscant.

Pestage fulminait. Pestage bouillonnait. Pestage explosa :

- Vous pouvez parler, amiral ! Vous vous croyez au-dessus de tout cela, n’est-ce pas ? Vous vous prétendez n’être qu’un militaire aux mains propres ? Ne vous moquez pas de moi : votre Grand Amiral comme vous même êtes particulièrement mouillés dans ce qui a été la part d’ombre de l’Empire. Dois-je vous rappeler le projet « Vol extérieur » ? Dois-je vous mentionner les ordres explicites donnés par l’Empereur au Grand Amiral Thrawn dans le cadre de… l’exploration des Régions inconnues ?

Parck haussa les épaules, l’air mitigé.

- La terreur ne constitue pas à elle seule une arme efficace. Elle doit être dosée, combinée avec d’autres procédés. L’anéantissement de peuples ne peut que générer davantage de conflits. La terreur ne saurait constituer un mode de gouvernement. L’Empire s’effondre pour avoir trop compté sur elle.
- L’Empire s’effondre parce qu’il est trahi de toutes parts, répliqua le Grand Chancelier. Le Grand Amiral Thrawn va-t-il agir de la même manière ? Va-t-il décliner mon offre ?

Parck dit :

- Le Grand Amiral Thrawn serait particulièrement honoré d’accepter cette lourde charge que, dans votre grande mansuétude, vous daignez lui attribuer. Malheureusement, ainsi que je l’ai déjà dit, sa présence se révèle particulièrement nécessaire à l’heure présente sur le front des Régions inconnues.

Le front des… Mara Jade avait peine à le croire. Certes, elle avait pu avoir accès à divers rapports relatifs à l’exploration de cette portion de la galaxie, et il fallait parfois user de la manière forte pour conquérir un monde, mais de là à qualifier l’endroit de… front…

- La situation doit être particulièrement grave, résuma Pestage, sinistre. J’ai toutefois peine à croire qu’elle soit aussi grave que celle que connaît l’Empire chez les mondes connus.

Nouvelle mine mitigée de Parck. Parck tempérait. Parck éludait. Parck esquivait. Parck répondait par des questions. Parck torturait mentalement Pestage. Parck ne promettait rien. Et quoi qu’il pensât, il ne laissait rien transpirer. D’ailleurs, en dépit de cette chaleur, son visage restait dénué de la moindre goutte de sueur. Un véritable iceberg. C’est lui qui aurait dû diriger la Flotte lors de la bataille du système Hoth, songea Mara avec ironie.

- Vous connaissez le Grand Amiral, dit Parck après un silence. Il est au service de l’Empire – et l’Empire sera bien mieux protégé s’il demeure actuellement là-bas, vous pouvez me croire.

Les yeux de Pestage brûlaient.

- Le Grand Amiral rejetterait-il ma proposition ?

Regard glacial de Parck.

- Il travaille pour votre salut et celui de l’Ordre nouveau, Excellence.

C’était donc un refus. Pestage serra les dents – Mara put ressentir sa… déception ? Non, le mot était trop faible, pas assez méchant. Parck ajouta :

- La présence du Grand Amiral Thrawn serait d’autant moins justifiée que le plan monté par le Grand Moff Nesta et le Grand Amiral Takel pour anéantir à Naboo l’élite de la Flotte rebelle nous paraît particulièrement astucieux.

Pestage fut incapable de dissimuler sa surprise. Mara Jade réalisa tout à coup ce que signifiaient ces orgasmes répétés de la Propagande concernant les « massacres de Naboo ». Un piège, tout simplement. Un piège dans lequel les Rebelles tomberaient, volontairement ou non. Et visiblement, à en juger par la réaction de Pestage, l’opération était à ce point secrète que Thrawn n’était pas censé avoir été mis au courant. Or, il l’était – et Parck également.

- Je vois que le Grand Amiral Thrawn est toujours aussi bien informé des décisions du Gouvernement impérial, sourit hypocritement Pestage.
- Il ne s’appellerait pas Thrawn s’il ne l’était pas, répondit Parck en lui adressant le même sourire.

Les yeux de Parck se tournèrent vers Mara Jade, qui eut un mouvement de recul. Elle avait rencontré Thrawn, déjà – le jour de sa promotion demeurée secrète au grade de Grand Amiral. Plutôt bel homme de grande taille, la peau bleutée, les yeux d’un rouge étincelant – de quelle race était-il donc issu ? Elle y avait senti un je-ne-sais-quoi d’inquiétant à son égard. Le fait est que Palpatine avait invité Mara à la cérémonie de promotion – et avait en échange révélé au nouveau Grand Amiral la véritable identité de la « Main de l’Empereur ».

Le regard de Parck s’attarda sur elle. Puis revint à Pestage.

- Vous pouvez être assuré, Excellence, que le Grand Amiral Thrawn vous sera fidèle, étant entendu que vous représentez à l’heure présente le gouvernement légitime de la galaxie.
- Je pourrai donc, sur ce point, compter sur le soutien du Grand Amiral ?
- Vous êtes le chef du Gouvernement, répondit Parck, sibyllin. Nous vous devons obéissance.

Pestage parut reprendre de l’assurance – même s’il se doutait bien que ces propos s’adressaient aux fonctions qu’il exerçait, non à lui-même. C’était au moins ça de gagné. Ni Thrawn, ni Parck ne joueraient aux Seigneurs de la Guerre.

L’entretien était terminé. Il n’y avait rien d’autre à ajouter. Mais Pestage souhaita jouer les prolongations.

- Comment se déroule exactement la campagne menée par le Grand Amiral Thrawn dans les Régions inconnues, amiral Parck ? Quels périls doit-il affronter pour être à ce point accaparé par sa tâche ?

Parck hocha la tête, pensivement.

- Il semble, confessa-t-il, que nous soyons tombés sur un genre de « guerre de religions ».

Pestage ne put rien tirer d’autre que cette phrase énigmatique qui ne voulait rien dire. Une guerre de religions ? Comme la Purge des Jedi ? Ben voyons.

- J’oubliais, se rappela Parck en faisant claquer son pouce contre le majeur. Votre commande est arrivée.

Parck fit demi-tour, fit un signe de la main en direction de la grotte. Une dizaine de Noghris s’avança vers la lumière.

- Cadeau du Grand Amiral Thrawn, annonça Parck. Comme convenu. Serait-ce trop vous demander de nous révéler ce que vous comptez faire d’eux ?
- Vous verrez bien, répondit le Chancelier, sans la moindre once de sympathie.

Pestage s’efforçait de ne pas grimacer. Il devrait cohabiter avec ces horreurs jusqu’à Wayland – mais après tout, mieux valait limiter les risques, face à C’Baoth. Et les Noghris, quoique non-humains, restaient de formidables combattants. Comme Thrawn, à cause de Vador, contrôlait la source d’approvisionnement de ces remarquables assassins, c’était à lui qu’il fallait s’adresser pour en obtenir. Thrawn était le nouveau guide des Noghris – lesquels ne reverraient pas leur maître Vador de sitôt.

- N’est-ce pas qu’ils sont impressionnants ? sourit Parck.

Leurs tronches étaient tout sauf aimables, décrypta Mara Jade. Et elle devait concéder ça à l’amiral : les Noghris étaient impressionnants. Très impressionnants. De petite taille, mais habiles de leurs pattes, et formés au maniement de n’importe quelle arme – leur préférence, de manière générale, allait aux vibrolames.

- Transmettez mes remerciements au Grand Amiral Thrawn, dit Pestage, la voix tremblante.
- Je n’y manquerai pas, Excellence.

Parck jubilait, réalisa Mara. Parck avait attendu des années pour voir ça. Parck guettait la moindre réaction de Pestage – chaque mouvement de l’œil, chaque tic du Chancelier impérial. Parck matait Pestage. Parck exultait.

Les Noghris se dirigèrent vers la navette, en rang par trois, comme pour une cérémonie rituelle. Parck salua militairement Pestage, qui répondit par une banale inclinaison de la tête et suivit les Noghris, Mara Jade surveillant ses arrières.

Juste avant de grimper sur la rampe d’atterrissage, elle se retourna.

Parck ne l’avait pas quittée des yeux. Mais elle ne savait pas ce que ce regard signifiait. Ce n’était pas le même regard qu’il avait destiné à Pestage. Non, cette fois, Mara Jade y lisait du…

… respect…

Elle n’insista pas et s’engagea sur la rampe d’accès.

C’était vraiment chaud, Geonosis.
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