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Prologue
 
TRÈS SECRET


Sécurité impériale

DC-G-SP

00104492-v.




Eriadu, Secteur Seswenna,
31-VII Ca-St An II, ON







A : Son Altesse Impériale.

De : Gouverneur Tarkin, Secteur Seswenna, Eriadu.

Objet : Sécurité des systèmes sous domination impériale.




Mon Maître,


Nous avons pu constater que ce que nous pouvions originellement qualifier de mécontentement régnant au sein des régions éloignées s’était progressivement transformé en véritable dissidence politique, laquelle se trouve être revendiquée chez certains systèmes civilisés. Son Altesse voudra bien me pardonner si je me contente de répéter des rumeurs éventuellement infondées, mais il semblerait que cette dissidence ait parfois pris l’allure d’insurrections armées.

En complément de vos projets relatifs à certains Sénateurs protestataires, j’ai prolongé une réflexion portant sur des mesures à prendre en vue de garantir plus durablement la sécurité impériale. Vous n’êtes pas sans savoir que la mise hors d’état de nuire des gangs de pirates de l’espace, pour ne citer que cet exemple, est particulièrement entravée par la lourdeur administrative découlant de la délimitation des zones de compétence territoriales de chaque secteur – nous en avons nous-même fait l’amère expérience : il est extrêmement difficile de poursuivre un gang passé clandestinement dans un autre secteur, sans risquer de porter trop gravement atteinte à la compétence des autorités locales de sécurité.

L’opposition qui se manifeste à l’heure actuelle contre l’Ordre nouveau pourrait efficacement profiter de ces indéniables failles creusées dans notre dispositif répressif. Il n’est pas question d’accorder un quelconque avantage à ces bandes de rebelles qui hantent la galaxie : si cette résistance pour le moment dispersée tend à s’organiser, nous courons au devant de graves troubles susceptibles de perturber le bon fonctionnement de l’Etat et de l’économie galactiques. Un manque de fermeté de notre part à l’égard de ce péril serait au mieux imprudent, au pire suicidaire.

L’excellente décision prise par Son Altesse d’augmenter le nombre de bâtiments affectés à la Flotte impériale ne nous paraît pas en mesure de suffire pleinement à offrir ces garanties que nous évoquions – il est en effet à envisager qu’un certain nombre de planètes se prennent à contester plus durement encore les préceptes de l’Ordre nouveau. Des années, des décennies entières, même, seraient nécessaires à la constitution d’escadres de vaisseaux suffisamment nombreuses pour contrôler simultanément la totalité des systèmes planétaires de la galaxie.

C’est pourquoi nous soumettons à votre attention les recommandations suivantes :

1) En vue d’apporter des solutions rapides et durables au problème rebelle existant chez certains secteurs, je suggère l’instauration de Secteurs Prioritaires ayant compétence territoriale exclusive vis-à-vis des systèmes déjà infectés par les mouvements rebelles ou en contact avec d’autres systèmes victimes du marasme politique favorable à la prolifération de ce cancer révolutionnaire. Il va sans dire que ces Secteurs Prioritaires ne tiendraient aucun compte des frontières existant entre les différents secteurs ordinaires. Bénéficiant de la faculté d’aller à leur guise dans chacun de ces secteurs, nos forces seraient en mesure de réagir rapidement aux menaces que font peser ces groupuscules de petite taille, donc extrêmement maniables. Liquider une douzaine de bandes dispersées est plus facile que s’en prendre à une armée regroupée bénéficiant de bases et de stocks de ravitaillement sur une planète qui lui est entièrement dévouée. Un Secteur Prioritaire devrait dès lors englober plusieurs secteurs ordinaires et recevoir des troupes aux effectifs conséquents. Nous envisageons de confier à chaque Secteur Prioritaire l’équivalent de trois secteurs ordinaires.

2) La direction d’un Secteur Prioritaire devra être confiée à un seul homme à la fidélité éprouvée, ne rendant compte qu’à Son Altesse et personne d’autre, ce afin de pallier les retards dérivant de l’opportunisme politique de certains haut-fonctionnaires de l’Empire.

3) Il nous paraît souhaitable de démonter les émetteurs-récepteurs du réseau Holonet afin d’y apporter les modifications requises en vue de les installer sur le vaisseau-amiral de chaque escadre affectée à la protection d’un Secteur Prioritaire ainsi que le vaisseau-amiral de Son Altesse et les installations d’écoutes du Centre impérial. L’impact sur la rapidité des communications n’en sera que plus grand : nos forces, ainsi alertées, ne réagiront que plus vite, bénéficiant de moyens de coordination que l’ennemi le plus sophistiqué n’oserait rêver.

4) Un gouvernement bâti sur la peur est plus efficace qu’un Gouvernement bâti sur la force armée. Une utilisation adroite de notre formidable puissance de combat à l’encontre de certaines planètes plongerait les autres peuples de la galaxie dans la terreur – et nul n’oserait plus défier la volonté de Son Altesse Impériale. Les mondes devant faire l’objet de mesures d’exemples doivent, dans la mesure du possible, être suffisamment représentatifs et réputés pour décupler les effets psychologiques de leur anéantissement. Nous songeons notamment aux planètes suivantes : Alderaan, Caamas, Ithor, Corellia. Une liste complémentaire est indexée aux présentes recommandations.

5) Son Altesse Impériale n’ignore point que nous soutenons depuis longtemps la nécessité, pour l’Ordre nouveau, de s’appuyer sur un symbole aussi écrasant qu’incontestable destiné à impressionner, voire terrifier les masses. Le citoyen moyen ne saurait être impressionné par des statistiques. Un destroyer impérial n’inspire pas seulement la crainte par sa puissance de feu, mais aussi et surtout par sa taille. Le citoyen se souvient des symboles, de l’apparence. Il n’agit pas de manière rationnelle lorsque la peur envahit son cerveau. Nous pourrions exploiter cette paresse intellectuelle, la retourner à notre avantage. Si nous présentions à la galaxie une arme invulnérable, invincible, une arme à la puissance si immense qu’il serait folie de la défier, cette arme ne tarderait pas à devenir le symbole de l’Empire. Il nous en suffirait d’une poignée pour subjuguer des millions de mondes. Une telle arme devrait être capable de conquérir des systèmes entiers, de détruire des planètes d’un seul coup. La terreur qu’elle inspirera permettra à Son Altesse de régner à tout jamais dans la paix et la quiétude, l’ordre et la tranquillité, sans être le moindrement contestée.

6) Ce point m’amène à la considération suivante. Dans la mesure où une arme de cette importance bâillonnera les systèmes séditieux, il ne sera plus nécessaire de demander l’avis du Sénat sur les mesures à prendre. Quel intérêt de faire appel aux Sénateurs dès lors que vous pourrez directement compter sur des gouverneurs régionaux triés sur le volet ? Balayez à tout jamais les derniers vestiges pathétiques de l’Ancienne République et laissez la peur faire son œuvre – la peur de notre arme absolue.


Nous nous tenons à votre disposition pour exécuter tous les ordres que vous souhaiterez nous donner, mon Maître.



Gloire à l’Empereur !


Wilhuff Tarkin


Gouverneur de Seswenna







Caamas était un monde pacifique. Son peuple était bon. Son peuple était noble. Son peuple était courageux. Son peuple croyait en les mérites de la diplomatie, de la négociation. Son peuple appréciait les arts. Son peuple jouissait d’une culture sans égale. Son peuple adhérait aux fondements de l’Ancienne République, cette République de légende dévorée par la corruption, la guerre civile et la soif de vengeance d’un Maître Sith.

Paix. Justice. Courage. Des principes. Des mots. Des mots qui avaient été impuissants à repousser ces escadres de vaisseaux qui, un jour parmi d’autres, avaient pris position autour de Caamas et avaient entrepris d’y effacer, méthodiquement, impitoyablement, toute trace de vie – à tout jamais.

Le raid fut bref. Le raid fut dévastateur. Le raid fut tel qu’un second raid n’était même plus nécessaire. Lorsque les vaisseaux partirent, il ne restait rien de la planète. Son peuple avait succombé, écrasé sous les tirs de laser et de missiles, incinéré par les tempêtes de feu, asphyxié par les gaz déversés dans l’atmosphère, ravagé par les épidémies découlant de l’usage d’armes bactériologiques. Les hommes, les femmes, les enfants, les vieillards qui survécurent à l’assaut moururent peu après des suites de la radioactivité engendrée par les explosions nucléaires. La faune, la flore furent anéantis. Les océans, les forêts, les plaines, les villes, les villages, tout disparut, pour laisser la place à de la roche en fusion et des déserts de cendres… Une épaisse couche de poussière recouvrait le monde si glorieux de Caamas : la lumière du soleil ne parviendrait à la percer qu’au bout d’un millénaire.

L’agresseur avait été lâche. L’agresseur n’avait pas signé son crime. La destruction de Caamas frappa les consciences, durablement. Le Sénat fit montre de son mécontentement. Le nouvel Empereur fut violemment critiqué – mais ces critiques demeurèrent purement verbales. Déjà, les rumeurs couraient. L’Empereur aurait commandité cet holocauste. L’Empereur aurait tenu à dissimuler ses responsabilités. Des commissions d’enquête furent réunies, par le Sénat d’abord, par divers mondes ensuite – dont Alderaan. Elles ne trouvèrent rien.

L’agresseur s’était évanoui dans la nature.

Pour qui voulait éviter de songer plus longtemps aux images de ces réfugiés traumatisés, mutilés, décimés, de ces corps jonchant par millions, par milliards, les lieux du carnage, une autre question se posait. De toute évidence, les boucliers déflecteurs de Caamas avaient été désactivés. Ce qui au départ était une hypothèse se confirma par diverses découvertes ultérieures. D’où cette conclusion : Caamas avait été trahie de l’intérieur. Des agents avaient réussi à s’infiltrer sur cette planète, avaient réussi à détruire les boucliers, avaient réussi à s’échapper, avaient réussi à se cacher. Mais qui étaient-ils ?

La question fut posée. Sur le moment, elle ne trouva pas de réponse.

Et ce qui devait arriver arriva. Progressivement, la galaxie se mit à penser à autre chose que Caamas. Plus de vingt années après les faits, tout espoir d’apporter la lumière sur ce désastre avait disparu. Les préoccupations, au demeurant, étaient ailleurs. De manière générale, elles portaient sur la guerre que se livraient l’Empire et la Rébellion, cette guerre qui avait valu à Alderaan de subir le même sort que Caamas vingt ans plus tôt, cette guerre qui prit un tournant que l’on put croire décisif à Endor.

A cette date, nul ne songeait plus à Caamas – du moins, pas réellement. Plus personne, sauf les survivants caamasi, les ultimes rescapés de cette tragédie. Ces derniers n’oublieraient jamais, ne pourraient jamais oublier. Et leurs rêves seraient éternellement hantés par le souvenir de la destruction totale, calculée et systématique de leur monde et de leur peuple.








* * *









Naboo.

Naboo mourait.

Naboo subissait le sort d’Alderaan et de Caamas.

Les destroyers stellaires avaient ouvert le feu. Leur artillerie avait tout ravagé, avait matraqué les villes, matraqué les villages, matraqué jusqu’aux montagnes.

Les bombardiers TIE parachevaient la tâche des destroyers. Les bombardiers TIE achevaient les édifices encore debout. Les bombardiers TIE massacraient les foules de réfugiés.

Les unités de Soldats de Choc parachevaient la tâche des bombardiers. Les Soldats de Choc regroupaient les habitants. Les Soldats de Choc contraignaient les habitants à creuser d’immenses fosses. Les Soldats de Choc mitraillaient les habitants, les gazaient, les passaient au fil de la vibrolame. Les habitants tombaient par milliers dans les fosses. Les habitants tombaient par milliers sur les routes. Les habitants tombaient par milliers partout sur cette planète maudite. Par millions, déjà. Par milliards, bientôt.

Une question courait sur les lèvres des survivants, agitait leurs pensées : mais que faisait donc l’Alliance rebelle ? N’avait-elle pas vaincu l’Empereur à Endor ? Les nouveaux vainqueurs, les nouveaux maîtres de la galaxie allaient-ils donc laisser Naboo mourir ? Les nouveaux maîtres de la galaxie valaient-ils vraiment mieux que ceux qu’ils avaient terrassés ?

Ainsi pensait une colonne de réfugiés qui se répandait sur une plaine de Naboo, étant sur le point de rallier une de ces forêts impénétrables qui contribuaient à la réputation de paradis naturel de cette planète. Ces réfugiés, eux, n’étaient que des réfugiés parmi d’autres. Rien ne les distinguait de leurs millions de compatriotes qui parcouraient la planète dans tous les sens, espérant trouver un abri, un refuge, talonnés qu’ils étaient par les forces impériales. Ces réfugiés étaient des humains et des Gungans, des humains et des non-humains, unis malgré eux par la menace d’extermination qui planait sur leurs vies. Des hommes, des mâles, des femmes, des femelles, des enfants, des gamins, des bébés.

Ils n’avaient pas dormi depuis plusieurs jours. Les Impériaux ne les avaient pas encore rattrapés – mais ça ne saurait tarder. Ils couraient sans répit, chacun transportant ses enfants, sur le dos, sur le ventre, sur les épaules, sur des chariots, sur des speeders usés jusqu’à la trogne. L’instinct de survie guidait leurs pas. Ils restaient solidaires, non pas tant par bonté naturelle que parce qu’ils se sentaient plus forts et moins seuls. Mais ils étaient en étaient du même coup plus aisément repérables.

Ils marchaient, cette fois. Une marche rapide. Certains tombaient, victimes de l’épuisement. Personne ne leur venait en aide. Des gamins pleuraient à côté de leurs parents effondrés au sol, morts de fatigue. Les gamins, les bébés essayaient de réconforter les parents par les mêmes gestes de tendresse que ces derniers avaient antérieurement exprimés à leur égard pour les rassurer. Gamins humains, gamins gungans. Parents humains, parents gungans. Gestes humains, gestes gungans. Pleurs, cris humains, pleurs, cris gungans.

Et puis…

Et puis quelque chose se produisit…

D’autres adultes, d’autres enfants tombèrent. De plus en plus nombreux. En quelques secondes, ils étaient tous à terre. Mais ce n’était pas de la fatigue – pas du tout. Ils se tordaient sur le sol, se roulaient dans l’herbe, pris d’atroces convulsions. Leurs yeux se révulsèrent, de la bave coula de leur bouche grimaçante qui cherchait à aspirer l’air frénétiquement, désespérément. Leurs muscles n’obéissaient plus, leurs muscles se tendirent, leurs muscles se retournèrent, leurs muscles claquèrent. Des centaines, des milliers de corps se débattirent, hurlèrent, puis cessèrent tout à coup de bouger – définitivement.

Des cadavres sur des centaines de mètres. Cadavres d’adultes, d’enfants. Cadavres d’humains. Cadavres de Gungans.

Puis, un bruit. Un bruit sourd, répétitif. Un son que nul parmi ceux qui jonchaient le sol n’entendit – et pour cause. Un son… non, une symphonie sinistre, rythmée de percussions lentes.

Les Walkers – quatre, au total – passèrent lentement à côté de cette longue file de corps allongés, suivis de véhicules terrestres lourds, puis des Soldats de Choc. Ces derniers ne portaient par leur masque habituel, mais une version plus épaisse, plus protectrice, pour éviter les effets des projectiles à charge toxique, des gaz derniers modèles qui tuaient en quelques minutes.
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