
- Titre original Order 66
- Genre Roman
- Série Republic Commando (Vol. 4)
- Univers Legends
- Année et période -19 (Emergence de l'Empire)
- Auteur(s) Karen Traviss
- Traducteur(s) Thierry Arson
- Note du staff SWU
- Note des internautes
Alors que la fin explosive de la Guerre des Clones est proche, nul ne sait qui l'emportera. Mais peu importe qui gagne, certains enjeux sont plus importants pour les unités clones d'élites comme les Commando Omega et Delta ou les célèbres ARC-Null.
La dernière chose que ces valeureux guerriers ont besoin d'entendre est que le Chancelier Palpatine garde en secret de vastes armées de clones en réserve. Le Sergent Skirata n'a pas l'intention de rester debout les bras croisés tandis que Palpatine les envoie à la boucherie. Skirata commence alors à préparer un plan pour faire échapper les clones de l'Armée, mais ces efforts héroïques seront vains ... à moins qu'il puisse stopper le processus de vieillissement accéléré que subissent les clones. Pour cela, il aura besoin des services du scientifique séparatiste Ovolot Qail Uthan, actuellement emprisonné dans une prison-forteresse de la Grande Armée.
Mais même les armes les plus mortelles pourraient ne pas être assez puissantes pour avorter la vraie menace. Et rien ne stoppera l'horreur apocalyptique libérée par ces quelques mots articulés par Palpatine : Exécutez l'Ordre 66.
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Karen Traviss nous avait déjà surpris avec l'excellent True Colors en nous donnant un aperçu détaillé et engagé de la vie des clones en pleine guerre. Dans cet ultime opus de la série Republic Commando, la fin de la guerre approche justement, et tout tend au fil des pages vers ce revirement qui va toucher chaque être de la Galaxie, l'Ordre 66.
Scénario
L'auteur ne lâche pas sa veine militaro/espionne/réaliste et propose un livre magistral, tout simplement complet. Chaque personnage évolue dans sa direction avec des conceptions propres, et c'est un vrai plaisir que de se demander au fil des pages quelle va être l'atitude de chacun face au cataclysme final. Bon nombre d'entre eux se voient poussés dans leurs derniers retranchements, à l'image du fil conducteur de la série, Darman, dont les tourments psychologiques déroutants sont traités avec une belle maîtrise. L'originalité du roman vient fondamentalement de là : Traviss explore les motivations de chacun et leurs réactions, dans des situations extrêmement dûres pour un livre sensé se situer dans l'univers Star Wars, ce qui est loin d'être un défaut. On ne peut s'empêcher de sentir derrière tout ça un écho à la guerre, dont s'extirpe péniblement le pays de l'auteur. Sans dire qu'on se croirait en Irak (je l'ai dit ?) les scènes de violence « gratuite », éprouvantes, parsèment l'ensemble de l'œuvre : des clones pètent littéralement un câble en vidant leurs cartouches sur des cadavres, des rebelles sur une planète désertique et montagneuse se terrent dans des tunnels souterrains et encerclent l'unité Omega qui baigne dans le sang et les gravas en attendant d'être évacuée, un interrogatoire s'achève brutalement par un tir à bout portant en pleine tête... La liste est longue. Si tous ces parallèles sont certes décelables, ils ne sont cependant pas imposés comme tels, car ils viennent, toujours et avant tout, servir la réflexion sur des personnages « in universe ». L'auteur a ainsi l'intelligence (quel talent cette Karen) de ne pas porter de jugement sur ces actes pourtant discutables, mais plutôt de montrer quels sont leurs impacts sur chacun, le récit en devenant alors très poignant. L'écrivain s'éloigne parfois un peu de sa trame en traitant des intrigues annexes dans un désir de tout résoudre ( Kal Skirata qui reprend contact avec ses enfants biologiques... Mouais...), avec heureusement un style toujours très vivant et réfléchi qui fait bien passer le tout.
Dans la seconde moitié, l'histoire s'attarde un peu sur des éléments secondaires qui sont là, pour beaucoup, afin d'augmenter l'attente de l'ordre fatidique et l'impatience du lecteur. En effet, la mise en route des événements que l'on connaît dans l'épisode III n'arrive que dans le tout dernier quart du livre. Et chose étonnante, le récit ne joue pas du tout sur le ressort tragique de l'Ordre 66. Bien au contraire, ce dernier n'est vu que de loin, en ce sens que les personnages n'y sont même pas directement confrontés. La question de leur choix est ainsi éludé, au profit du suspense de savoir si tous vont réussir à quitter l'armée selon le plan mis en place par Skirata pour rejoindre le havre de paix Mando. Inutile de vous dire que tous n'y parviendront pas... Ce choix dangereux de passer en quelque sorte à côté de l'Ordre 66 (c'est un peu le titre quand même) permet d'instaurer de manière remarquable des points de vue véritablement inédits sur l'armée, les mandaloriens, et sur les motivations de Jango Fett lorsqu'il s'est proposé comme donneur pour la Grande Armée de la République. Au point que l'on en vienne à douter de l'omnipotence de Palpatine et du plan pour renverser les Jedi, où il semble avoir été plus opportuniste que manipulateur. Le livre ne se limite donc pas qu'à l'Ordre 66 et nous montre ses conséquences et les changements que va connaître la galaxie, mais toujours par le prisme de Kal Skirata et de sa petite équipe, qui ne cessera de s'agrandir jusqu'au bout du récit.
Conclusion
Au final, il s'agit là d'une œuvre riche et importante dans le cycle des Republic Commando. Plus qu'un aboutissement, elle représente un véritable tournant pour tous les personnages. L'affrontement final et le cataclysme tant attendu sont remplacés par un développement non dénué de tragique, et qui ouvre de belles perspectives que l'auteur continuera à prolonger dans les Imperial Commando. -
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Un super rythme, des personnages attachants et charismatiques, et un scénario assez imprévisible. Juste génial ! -
Une masterclass absolue, dans le top 10 de mes lectures romanesques Star Wars ! La série avait commencé sur des bases honnêtes mais convenues, et on finit en apothéose tragique. Tout ce que j'aime dans l'UE Star Wars s'y trouve : des personnages complexes et au-delà du manichéen (pensée à l'une des premières scènes avec Ordo et Bettany), une intrigue riche et déchirante qui vient compléter à merveille les films, des cultures explorées en profondeur (Mandos) et de nombreux liens avec le reste de l'univers. Aller nous chercher Callista du fin fond de l'ère Bantam ou Shysa des Marvel Comics, en gardant un tout cohérent, c'est très fort !
Contrairement à une autre tétralogie qui se déroule à peu près à la même époque (je ne la cite pas pour ne pas spoiler), tout ne finit pas bien. Et c'est appréciable dans une galaxie ou les protagonnistes ont une fâcheuse tendance à se relever de tout. Le destin de Sev, que je connaissais déjà pour avoir adoré le jeu vidéo, est sans doute la scène la plus poignante du roman, qui lui donne une dimension supérieure par rapport à la version vidéoludique. Et que dire du décès tragique amené quelques pages plus tard à peine, alors qu'on pense la fuite sans encombre déjà jouée ? La galaxie sombre dans les ténèbres, notre équipe aussi. C'est le début des temps obscurs !