StarWars-Universe.com utilise des cookies pour faciliter votre navigation sur le site, et à des fins de publicité, statistiques, et boutons sociaux. En poursuivant votre navigation sur SWU, vous acceptez l'utilisation des cookies ou technologies similaires. Pour plus d’informations, cliquez ici.  
Chapitre IV
 

Iblir laissa à Safera le soin de réveiller Telin et Wyntar et de leur expliquer la situation avant d'entrer en scène ; ses compagnons la remercièrent de les avoir entraînés jusqu'ici, ce qui mit la jeune femme un peu mal à l'aise. Néanmoins, elle était contente qu'il y ait quelqu'un d'autre pour répondre aux questions et en poser à sa place.
-Comment va Valdie ? Nous pouvons la voir ?
Ce furent les premières questions que Telin posa au médecin Hynor.
-Elle est dans un état critique, avoua Iblir. Je regrette, mais elle est encore entre les mains de nos médecins ; sa blessure était assez importante, et elle a plusieurs infections... Je suis désolé, mais je ne sais pas si nous arriverons à la sauver.
-Vous avez mentionné des Chiss qui seraient venus avec vous... se rappela Safera. Que sont-ils devenus ?
-Presque tous sont morts parmi nous... cependant, l'un d'eux a survécu, et il vit toujours à Fayg ; vous pourrez le rencontrer si vous le souhaitez.
Wyntar mit un peu moins de temps que Safera à comprendre toutes les implications de la réponse d'Iblir :
-Vous voulez dire... qu'ils ont choisi de rester, ou qu'il n'y a aucun moyen de repartir d'ici ?
-Ah... Je regrette, j'ai bien effroi, non peur, que nous ne puissions rien pour vous ramener chez vous, en effet.
Avec un retard, Safera eut soudain l'impression qu'elle était à nouveau en sous-vêtements dans un bain d'eau glacée... Ils allaient rester ici... pour toujours ? Elle ne reverrait plus jamais rien de ce qu'elle avait connu? Et surtout, elle ne reverrait plus jamais Sev'rance? Elle allait devoir finir ses jours toute seule sous les océans d'Hautemer? Ce n'était pas possible... Elle préférerait encore mourir, elle ne pouvait envisager pareille existence... Manifestement traversés par des idées similaires, les trois Chiss s'entreregardèrent, horrifiés, comme si ce qu'ils venaient d'entendre était tout simplement trop terrible pour être exprimé par des mots ou des actes. Cependant, Safera était sûre que c'était bien pire pour elle que pour Wyntar et Telin... Elle était seule sans Sev'rance, désespérément seule ; elle n'avait qu'elle, que deviendrait-elle en son absence ? Elle risquait probablement une dépression, voire la folie...
- La vie ici n'est pas si mauvaise, tenta de les rassurer Iblir. Je sais que pour l'instant, ce ne sont pour vous que des mots, je sais que vous regrettez profondément de ne pas être chez vous, mais croyez-moi, un jour, vous ne regretterez plus la surface et les cieux... Je vous emmènerais rencontrer notre hôte Chiss, vous verrez qu'il n'est pas malheureux ici...
Telin fut le premier à se reprendre.
- Attendez... il y a une base Kryshzla dans les environs, non ? Vous les avez fui ? Et ils ont des chasseurs... si nous...
- Je sais à quoi vous pensez, Lieutenant Telin, mais... je vais emmener vous à notre... comment dire ? À notre Général, au commandant de notre armée, Varulg Fayg-Jehd. Il vous expliquera tout cela mieux que moi. Suivez-moi, nous allons tout de suite le rencontrer ; vous pouvez nager sans problèmes, les combinaisons sont faites pour cela.
Wyntar et Telin regardèrent Safera d'un air intrigué, mais elle n'en savait pas davantage sur ces combinaisons et leurs étranges respirateurs liquides ; ce mystérieux peuple avait dû développer toute sa science dans l'eau...
Iblir poussa quelques sifflements dans sa langue natale tout juste audibles pour les Chiss dans l'eau, et deux gardes Hynors les rejoignirent.
- Vous ne nous faites pas confiance, ou il y a des dangers sur notre route ? demanda Wyntar, préoccupé.
- Oh, Fayg est une cité tout ce qu'il y a de plus sûre, ne vous en faites pas pour cela ; en revanche... je regrette, mais il n'est pas encore tout à fait exclu que vous soyez des espions Kryshzlas qui auraient appris à parler cheunh...
- Pourquoi, vous trouvez que nous ressemblons à des Kryshzlas ? demanda Telin, plus surpris que réellement indigné.
- Lieutenant Telin... hormis le fait qu'ils sont armés et moi non, arrivez-vous à me distinguer clairement des deux gardes ?
- Euh... pas vraiment, non.
- Eh bien ce n'est pas plus facile pour nous de distinguer les êtres de la surface les uns des autres, d'autant plus que nous ne voyons pas les mêmes couleurs : je sais que vous avez combattu des Kryshzlas dans notre atmosphère car nous avons la technologie pour surveiller ce qui se passe en-dehors de l'océan, je sais que vous êtes constitués à peu près comme les Chiss et les Kryshzlas que nous avons connus, je sais que votre pilote Safera est probablement une femelle et donc vous un mâle parce qu'il nous reste des données sur l'anatomie Chiss, je sais que vous parlez parfaitement cheunh parce que je suis en train de vous parler ; c'est tout ce que je perçois de vous trois. Les autres différences m'échappent totalement ou presque. Si vous me dites que vous êtes des Chiss, je suis prêt à vous croire ; mais pas à parier la sécurité de Fayg là-dessus.
- Je comprends...
- Cette suspicion n'est que temporaire, rassurez-vous ; nous avons pu prélever quelques échantillons de votre ADN que nous sommes en train de comparer à celui des Chiss que nous avons connu.
Safera se demanda vaguement comment faisaient les Hynors pour procéder à des analyses et des expériences scientifiques dans un milieu aquatique... Elle et les deux autres pilotes Chiss s'élancèrent à la nage derrière Iblir et ses gardes ; les Hynors se mouvaient avec une grâce et une vitesse étonnante dans l'eau, à l'exact inverse de ce qu'ils seraient probablement sur la terre ferme. De son côté, Safera était sûre que sa combinaison l'aidait à nager d'une façon ou d'une autre, il n'était normalement pas possible qu'elle puisse tenir le rythme auquel nageaient ces créatures.
Safera était pressée de voir à quoi ressemblait la cité Hynor. Ils sortirent de la pièce où ils avaient dormi pour entrer dans un couloir de la même pierre noire, parcouru des mêmes veines de lumières colorées ; Iblir les emmena jusqu'à une porte, étrangement faite de métal malgré les profondeurs, et ils se retrouvèrent à l'eau libre dans la cité de Fayg.
Là encore, la première chose qui frappa Safera fut l'omniprésence des lumières vertes et bleues qui circulaient partout, incongrues au possible dans les abysses ; des lumières vives, rapides, sans cesse en mouvement, qui évoquaient la vie et l'espoir dans ces profondeurs, cachées loin des tempêtes et des cieux gris de la surface. Ces lumières dansaient sur d'immenses bâtiments d'un noir d'ébène, qui donnaient en fait plus l'impression de montagnes que de constructions, de la même matière que celle qui avait servi à fabriquer l'hôpital ; ils s'élevaient dans l'eau suivant une architecture complexe et travaillée, toute entière faite de pointes acérées et de courbes, comme si les architectes Hynors ne connaissaient pas les formes carrées et rectangulaires. Entre ces bâtiments se déplaçaient une multitude de créatures vêtues d'armures vert ou bleu sombre, les Hynors.
L'ensemble produisait un effet à la fois majestueux par son aspect imposant et rassurant par la vie dont il regorgeait ; c'était réellement magnifique, un joyau, assurément, mais qui n'avait pas l'aspect intimidant que Safera trouvait à d'autres lieux grandioses tels que les glaciers de Csilla. Au contraire, c'était un endroit plein de vie et de chaleur.
Safera comprenait brusquement ce qu'avait voulu dire Iblir, l'existence sous les océans ne serait pas aussi terrible qu'elle l'avait imaginé...
Elle se demanda combien ils avaient été de Chiss, ou même de Kryshzlas, à pouvoir contempler une telle beauté... Hormis eux et les anciens prisonniers des Kryshzlas, quelqu'un avait-il pu admirer la majesté de cette ville ? Et quelqu'un avait-il déjà pu remonter à la surface pour en parler ? Probablement pas... D'autres se seraient peut-être réjouis d'être ainsi privilégiés, mais Safera aurait vraiment voulu partager ce spectacle magique avec d'autres, cela lui faisait vraiment mal au cœur qu'une telle merveille se trouve sous les océans et que presque aucun Chiss ne le sache... et Sev'rance, elle aurait voulu être ici avec Sev'rance, cela lui faisait déjà assez mal d'être sans elle, mais d'être ici sans elle, de ne pas pouvoir partager cette vision avec elle, c'était pire que tout... Pourquoi fallait-il qu'en un tel instant, elle oriente ses pensées vers ce qui avait le plus de chances de lui briser le cœur?
À côté d'elle, Wyntar et Telin semblaient tout aussi émus, balayant inlassablement du regard Fayg, la cité des abysses ; d'ordinaire, Safera était la seule à se comporter ainsi, et elle soupçonnait que cela ajoutait à la réputation d'excentricité qu'elle s'était forgée depuis tant d'années.
Pour une fois, elle parla de sa propre initiative, parce qu'elle ne pouvait pas ne pas le dire :
- C'est magnifique...
- Oui, les étrangers aiment souvent beaucoup nos cités. Nous avons construit celle-ci il y a une cinquantaine d'années, lorsque nous avons dû fuir les Kryshzlas.
- Combien êtes-vous d'Hynors à Fayg ? demanda Telin.
- Il y a ici un million d'habitants ; les villes encore prisonnières des Kryshzlas sont un peu moins peuplées, mais au total, notre peuple compte environ cinq millions d'habitants.
- C'est tout ? s'étonna Wyntar. Nous avons des villes plus peuplées que cela...
- Les choses sont différentes sur Hautemer, nous ne pouvons pas nous étendre comme nous le voulons... Mais je vous expliquerais tout cela plus tard. Suivez-moi, vous allez rencontrer le Général Varulg Fayg-Jehd.
Ils nagèrent à la suite des Hynors, s'engouffrant entre les bâtiments noirs illuminés de vert et de bleu jusqu'à un bâtiment encore plus haut que les autres, terminé par une sorte de dôme couronné de piques parcourues de veines bleues.
- Le siège de notre gouvernement, expliqua Iblir.
Les Chiss suivirent leurs guides et passèrent une porte métallique plus lourde ; derrière, le corridor apparaissait comme presque entièrement bleu tant les lumières de cette couleur étaient nombreuses dans les murs. Brusquement, Safera n'avait plus l'impression d'être sous l'eau mais plutôt dans un vaisseau spatial à l'éclairage excentrique.
La présence de deux gardes dans ce couloir indiquait clairement qu'on ne plaisantait pas avec la sécurité dans cet endroit.
Iblir fit passer les Chiss par plusieurs couloirs, où ils croisaient parfois des gardes ou des Hynors à l'air affairé, et il ouvrit finalement une porte donnant sur ce qui devait être le bureau de ce Varulg Fayg-Jehd ; Safera se demanda vaguement comment faisaient ces créatures pour écrire. Peut-être ces lignes vertes et bleues qu'elle voyait partout à Fayg étaient-elles une sorte de réseau informatique? Cela expliquerait la présence particulièrement abondante de lignes bleues dans ce bâtiment-ci, le gouvernement devait communiquer et écrire plus que les autres... Et le choix d'une seule couleur devait être esthétique...
L'Hynor que Safera supposa être Varulg se tenait au fond de la pièce ; une sorte d'excroissance du minéral noir emplie de lumières bleutées montait vers lui, terminée par une sorte de perle blanche, et Safera en conclut qu'elle avait vu juste quant à l'utilité des lignes de lumières.
- Voici le Général Varulg Fayg-Jehd, responsable de la sécurité de notre cité, présenta Iblir. Vous pouvez parler cheunh, il parle votre langue. Général, voici le Lieutenant Telin et les pilotes Safera et Wyntar, les combattants de l'Ascendance Chiss que nous avons sauvés.
- Soyez les bienvenus à Fayg, soldats Chiss. Je suppose que vous des questions à nous poser, et j'en ai aussi ; mais tout d'abord, excusez-nous si nous ne vous faisons pas entièrement confiance, mais nous ne sommes toujours pas sûrs que vous ne soyez pas des Kryshzlas.
Le Général parlait le cheunh avec plus de difficultés que le médecin, il ne faisait pas spécialement plus de fautes de langue, mais il parlait plus lentement et semblait souvent chercher ses mots. Il émit quelques sifflements, et les gardes sortirent en fermant la porte ; deux Hynors n'avaient de toute façon probablement pas besoin d'aide pour maîtriser trois Chiss dans leur environnement naturel.
- Posez vos questions, si vous en avez.
Telin prit la parole :
- Pour commencer, j'aimerais savoir depuis combien de temps les Kryshzlas sont là. Notre propre peuple n'est en guerre contre eux que depuis quelques années, nous savons vaguement qu'ils ont conquis d'autres mondes auparavant, mais nous n'avons pas de données plus précises.
- Les Kryshzlas sont arrivés ici il y a une soixantaine d'années ; ils avaient eu vent de notre présence au fond des mers par des légendes Nagai, et ils ont pensé que c'était l'endroit idéal pour installer une base secrète. Je crois que les... les...
- Les sous-marins, l'aida Iblir.
- Les sous-marins, merci, ne sont presque plus utilisés par les êtres vivant à la surface de leur planète qui ont commencé à conquérir l'espace, mais les Kryshzlas s'en sont fabriqué toute une flotte dans l'objectif de nous conquérir. Ils étaient alors bien moins puissants qu'ils ne le sont aujourd'hui, mais nous n'avions jamais cherché à nous munir d'armes autres que pour combattre les prédateurs et nos propres criminels ; c'était inutile. Ils nous ont rapidement défaits avec leurs armes et ont commencé à occuper nos cités ; ils se sont construit une base sous-marine complète, avec de puissants sous-marins pour porter leurs chasseurs jusqu'à la surface. Cela leur a été souvent utile ces dernières années, cette base est totalement inconnue de tous leurs ennemis et ils aiment à s'en servir pour les déborder par surprise.
- Certains d'entre vous se sont enfuis il y a une cinquantaine d'années, et vous avez fondé Fayg, c'est bien cela ?
- En effet. C'est le père du docteur Iblir Fayg-Eka qui a mené l'exode d'environ trois cent mille Hynors jusqu'ici, et ils ont fondé cette ville ; d'autres sont restés en arrière pour envoyer vers nous les Hynors qui seraient prêts à prendre le risque d'essayer de s'enfuir, et nous avons ainsi un flux d'immigration régulier.
Wyntar sembla demander l'autorisation de poser une question à Telin, mais celui-ci l'assura d'un hochement de tête que la hiérarchie militaire n'avait plus vraiment d'importance à présent ; le jeune Chiss prit donc la parole :
- Le docteur nous a mentionnés des Chiss prisonniers des Kryshzlas lorsque vos ancêtres sont partis... Comment est-ce possible ? Nous ne sommes entrés en guerre contre eux qu'il y a peu...
- Je crois qu'ils ont été capturés lors d'une opération tout ce qu'il y a de plus officieuse... Ils ne tenaient apparemment pas leurs ordres de votre... votre Haut Commandement, mais de la Famille Sev, à ce qu'ils nous ont dit.
D'après ce que Sev'rance Tann lui avait dit de sa famille, cela n'avait rien d'impossible aux yeux de Safera.
- Vous n'avez jamais essayé de repousser les Kryshzlas d'ici ? demanda Telin, cette fois avec un intérêt plus tactique.
- Non. Jamais, et je ne pense pas que nous serons en mesure d'essayer un jour sans que cela ne se conclue par un massacre ; c'est impossible en l'état actuel des choses, et ce depuis cinquante ans.
Les instruments intégrés au casque de Safera ne rendaient pas vraiment le ton sur lequel s'exprimaient ses interlocuteurs, mais elle était sûre que si elle avait parlé à un Chiss, celui-ci aurait parlé d'un ton ferme.
- Mais... Pourquoi ? Vous sont-ils à ce point supérieurs technologiquement pour qu'aucun de vos prédécesseurs n'ait au moins essayé en cinquante ans? Et pourquoi avez-vous attendu une dizaine d'années pour vous enfuir, d'ailleurs? Pardonnez-moi, mais j'aimerais comprendre la situation tactique...
- Je suis désolé, mais je ne peux pas vous en dire plus long à ce sujet... Lorsque nous serons sûrs que vous n'êtes pas des ennemis, peut-être ; pour l'heure, Lieutenant Telin, considérez que j'ai de bonnes raisons de penser qu'un assaut contre les Kryshzlas serait une très mauvaise idée.
Fayg a-t-elle déjà été menacée ? demanda Wyntar. Est-ce que les Kryshzlas savent où vous trouver?
- Non aux deux questions. À notre savoir, à notre connaissance, les Kryshzlas n'ont jamais su où se trouvait Fayg, sans quoi cette cité n'existerait déjà plus; ils seraient venus un jour avec leurs sous-marins, et ils auraient fait de notre ville un tas de cendres.
La pensée n'avait rien d'agréable... Safera imagina un endroit regorgeant de tant de beauté et de vie perdu à jamais... Elle ferait tout son possible pour que cela n'arrive jamais, c'était une certitude.
- Pourtant, remarqua Telin, une attaque contre vous ne serait pas vraiment intéressante pour eux, puisqu'ils ont leur base et que vous ne pouvez pas les attaquer...
- C'est plus compliqué que cela...
- En effet, confirma Iblir. Pensez-vous que les Kryshzlas soient rationnels? S'ils l'étaient vraiment, ils seraient restés chez eux et auraient essayé de vivre comme ils le pouvaient avec ce qu'ils avaient, ils n'auraient jamais envahi quelque système que ce soit ; ils se mentent à eux-mêmes en se disant qu'ils mènent toutes ces guerres pour obtenir des richesses ou la gloire... Ce ne sont là que des prétextes qu'ils se sont donnés à eux-mêmes, car ce qu'ils aiment vraiment, c'est combattre et détruire. S'ils apprennent l'existence de notre cité, ils s'inventeront un autre prétexte pour aller nous détruire. Personne n'est vraiment entièrement rationnel ; nous avons tous quelque chose que nous sommes prêts à poursuivre au-delà de toute raison... Ils ne veulent peut-être pas se l'avouer, mais la guerre est une fin en soi pour les Kryshzlas ; ce sont des choses qui arrivent... Certains peuples prennent un mauvais virage idéologique et culturel parfois, et si les circonstances font que personne n'est là pour rectifier le tir à temps...
- Aujourd'hui, poursuivit le Général, les Kryshzlas sont une menace à abattre, parce que sauf retournement de situation exceptionnel, ils ne s'arrêteront jamais... Nous savons que vous-mêmes, les Chiss, êtes restés des années sans agir contre eux parce qu'eux-mêmes ne vous avaient pas attaqués ; à présent, ils sont devenus plus forts, et c'est vous qu'ils attaquent...
Safera connaissait suffisamment bien Telin pour savoir que la remarque ne lui plairait pas, et cela ne rata pas :
- Attendez une seconde ! Vous pouvez avoir vos propres principes, mais nous, nous n'attaquons jamais un ennemi en premier pour quelque raison que ce soit, c'est la porte ouverte à toutes les dérives, et c'est contraire à notre honneur ! Et sans nos principes, nous ne serions plus les Chiss ! C'est la seule raison pour laquelle nous n'avons jamais cherché à attaquer les Kryshzlas, nous ne sommes pas des...
- Nous savons que vous n'êtes pas des lâches, Lieutenant Telin, assura Iblir. Mais vous avez quand même choisi de ne pas agir contre les Kryshzlas, et maintenant, vous en payez le prix ; j'imagine qu'ils déciment vos hommes comme ils nous ont autrefois décimés, frappant vite et sans pitié avec leur artillerie lourde... Vous aviez sûrement vos raisons, mais alors assumez-en les conséquences, parce que c'est bien à cause de votre refus d'intervenir plus tôt que les Kryshzlas sont devenus un tel ennemi.
- À ce propos, nous aimerions savoir comment se déroule la guerre, dans l'espace ? demanda Varulg. Comment résistez-vous à leurs attaques ? Sont-ils sur le point d'être défaits, ou est-ce que même l'Ascendance Chiss commence à reculer ?
- Pour autant que je sache, nous tenons bons jusque-là, se risqua Telin. C'est vrai que nous avons subi des pertes assez sévères, ils ont mené des raids particulièrement meurtriers ; mais ils n'ont pas fait le poids contre nos armées sur le long terme... Aux dernières nouvelles, ils étaient en train de reculer, ils essaient de nous enliser par des tactiques de guérillas sur quelques planètes reculées ; nous avions prévu une offensive spatiale assez importante d'ici une semaine, et mon escadron a été envoyé ici s'assurer que les Kryshzlas ne disposaient pas de base depuis laquelle nous prendre à revers... Évidemment, maintenant, nous savons que ce n'est pas le cas...
- Alors j'espère vraiment que votre peuple va tout de même gagner cette bataille, Lieutenant, parce que les Kryshzlas en ont encore pour bien des années à massacrer et à réduire en esclavage les peuples de cette région de l'espace si vous n'êtes pas assez forts pour les arrêter... Bien, je crois que c'est à peu près tout ce que j'ai à vous dire et à vous demander ; vous resterez sous surveillance jusqu'à demain, mais en attendant, nous allons vous donner des logements... J'espère que vous vous ferez à la vie à Fayg et que votre camarade se remettra, mais je ne vous cache pas que les médecins sont assez pessimistes à son sujet... Une dernière chose...
Safera ne put s'empêcher de se sentir mal à l'aise lorsque Varulg se tourna vers elle :
- Vous n'avez absolument rien dit... Vous êtes la femelle, c'est bien cela ? Safera ?
- Euh... oui. C'est que... je...
- Safera n'aime pas prendre la parole, résuma Telin.
- Voilà...
- Bien... En tout cas, nous savons de quel courage vous avez fait preuve pour essayer de sauver l'autre pilote Chiss. Le docteur Fayg-Eka va vous accompagner là où nous vous logerons, et c'est principalement lui qui occupera de vous, c'est lui qui parle le mieux votre langue. Au revoir.

Les Chiss et leur escorte ressortirent dans la cité Hynor, et Iblir les emmena jusqu'à un modeste bâtiment en périphérie de la cité, globalement taillé comme un cône que l'on aurait coupé en deux ; comme tous les bâtiments Hynor que Safera avait vu jusque-là, des irrégularités probablement volontaires donnaient l'impression à la fois effrayante et rassurante qu'il s'agissait d'un être vivant. Iblir fit entrer les Chiss par une petite porte métallique située du côté conique, et ils entrèrent dans une petite pièce noire parcourue comme toujours de lumières vertes et bleues en mouvement permanent ; lorsque Safera vit que la pièce en question était totalement vide et se terminait par une seconde porte métallique plus épaisse, elle comprit que cette maison était différente des autres bâtiments Kryshzlas.
- C'est ici que nous nous séparons, déclara le docteur. Nous avions construit cette maison pour les Chiss qui vivaient autrefois ici, mais il n'y en a aujourd'hui plus qu'un seul qui a emménagé ailleurs. Elle est emplie d'air renouvelé en permanence par nos machines, il y a un sas de l'autre côté ; vous pourrez retirer vos combinaisons, vous êtes ici chez vous. Le bouton sur la droite de vos casques les videra du liquide. Les affaires de vos prédécesseurs ont été laissées ici, au fait. Moi, je ne peux pas aller plus loin sans équipement spécial ; nous ne pouvons pas vous enseigner la maîtrise de notre système de communication pour l'instant, mais un garde passera vérifier de temps à autres que vous n'avez besoin de rien. Nous nous reverrons demain.
- Alors à demain, docteur, et nous vous remercions de nous avoir accueillis ici, répondit Telin.
Tandis que les Hynors s'en allaient, les Chiss ouvrirent la porte et débouchèrent effectivement sur un sas ; Safera faillit s'étouffer en retirant son casque, comment était-elle censée respirer cette chose inconsistante qu'on nommait air ? Ses compagnons vinrent à son secours sans avoir l'air de savoir précisément ce qu'ils pouvaient faire pour elle, mais peu à peu, son corps se souvint ; Safera le laissa faire, elle oublierait pour de bon comment on respirait de l'air si elle essayait de contrôler le mécanisme.
- Ça va, assura-t-elle. Je ne sais pas, ce n'est pas facile de se réhabituer à respirer de l'air...
Wyntar et Telin retirèrent leur casque à leur tour ; eux aussi eurent un peu de mal à reprendre leur respiration normale, ce qui rassura un peu Safera, paradoxalement.
Les trois Chiss entrèrent dans la partie totalement sèche de la maison ; les murs n'étaient plus de pierre noire et de veines lumineuses, mais métalliques. Il paraissait évident que les Hynors avaient travaillé suivant les indications des anciens prisonniers Chiss et à partir de ce qu'ils avaient pu voir à la base Kryshzla, il était même probable que du matériel avait été récupéré car l'éclairage était électrique ; du reste, les Hynors avaient manifestement essayé de reproduire le mobilier d'un appartement Chiss avec leurs matériaux, principalement des minéraux divers et des algues mortes.
L'effet produit était assez déconcertant, cela ressemblait à ce que les Chiss connaissaient, tout en étant à l'évidence fondamentalement différent.
Safera, à nouveau en sous-vêtements, trouva de quoi s'habiller dans ce qui ressemblait à une chambre ; les Chiss qui avaient habité là précédemment étaient apparemment tous un peu plus grands qu'elle, mais elle prit la tenue qui lui sembla convenir le mieux. Être à nouveau dans l'air et habillée lui fit un drôle d'effet, comme une pause dans ce cauchemar, ou ce rêve, elle avait du mal à en décider, dans lequel elle avait sombré au cours de cette mission, comme si les choses étaient à nouveau normales, comme s'ils n'étaient pas portés disparus et enfouis sous les océans d'Hautemer parmi un peuple étranger, avec une base Kryshzla dans les environs... sauf qu'elle ne reverrait pas Sev'rance Tann.
Cette certitude lui faisait mal, mais étrangement, elle ne voulait pas s'arrêter d'y penser pour autant, à croire qu'elle préférait penser à Sev'rance douloureusement que ne pas y penser du tout.
La jeune femme revint dans ce qu'elle supposait être le salon ; Wyntar était étendu sur une sorte d'imitation de canapé, Telin descendait d'un escalier.
- Il y a encore une chambre là-haut, affirma-t-il. On te la laisse, Safera ?
- Oui. Merci.
- Bon... eh bien, on dirait que nous allons enfin pouvoir nous reposer un peu, et ce n'est pas de refus...
- Ouais... admit Wyntar d'une voix incrédule. C'est pas vrai, tout ce qui nous arrive depuis vingt-quatre heures est complètement dingue... Les chasseurs Kryshzlas sortis de nulle part, nous qui retournons chercher Valdie... Et maintenant, ces gens qui vivent au fond des mers... Pas fâché que ça se calme un peu pour le moment. Au fait, quelqu'un sait pourquoi nous ne sommes pas écrasés par la pression de l'eau ? Et tant qu'à faire, pourquoi les Hynors ne le sont pas? En principe, il n'y a que des animaux gigantesques à ces profondeurs, non ?
- Franchement, aucune idée, avoua Telin. Un scientifique Chiss pourrait peut-être nous l'expliquer... ou peut-être que c'est un secret qui n'appartient qu'aux Hynors... Il va falloir qu'on m'explique comment ces gens ont pu développer une telle civilisation sous l'eau...
- Vous pensez qu'ils sont fiables ? demanda Wyntar.
Telin haussa les épaules.
- En tout cas, ils ont l'air de détester sincèrement les Kryshzlas... Pour le reste, ça m'étonnerait qu'ils partagent notre sens de l'honneur, notre discipline ou notre détermination... (l'officier Chiss sourit) Il n'y a pas deux peuples comme nous, je préfère ne pas savoir ce que deviendraient les Régions Inconnues si nous n'étions pas là...
Safera était plus ou moins d'accord avec ce point de vue, elle était très attachée à son peuple parce qu'elle savait qu'aucun autre n'était aussi attaché à ses valeurs et que les autres peuples de la Galaxie devaient beaucoup à la résistance des Chiss dans les Régions Inconnues ; toutefois, si on demandait à un Hynor ou même à un Kryshzla, ne trouverait-il pas d'autres raisons tout aussi valables à ses yeux d'aimer son propre peuple ? La vision de la Galaxie des Chiss n'était pas universelle, et rien ne garantissait que ce soit la bonne ; après tout, du point de vue d'un Kryshzla ou d'un Vagaari, massacrer et piller sans agression préalable était un devoir au même titre que ne pas agir ainsi l'était pour un Chiss... Cela n'empêchait pas Safera de combattre de toutes ses forces la tyrannie des Kryshzlas, parce qu'il fallait faire ce que l'on croyait juste, c'était la chose la plus importante qui soit pour Safera ; il fallait seulement garder à l'esprit que l'on pouvait se tromper.
- Ils sont quand mêmes mystérieux, remarqua Wyntar, pourquoi est-ce qu'ils n'essaient pas de chasser les Kryshzlas, à votre avis ? Qu'est-ce qui peut leur faire si peur pour qu'ils ne s'aventurent même pas une seule fois de libérer leur peuple en cinquante ans ? Ils doivent nous cacher quelque chose d'important...
- Je n'en sais rien, mais ils doivent avoir une bonne raison... Vous avez entendu comment ce Général Varulg Fayg-Jehd parle des Kryshzlas ? Il ne leur offrirait pas le gîte et le couvert de son plein gré...
- Ouais, enfin, de toute façon, on ne peut pas vraiment savoir comment pensent les étrangers. Ce ne sont pas des Chiss...
- Peut-être, mais oublie l'idée d'un assaut contre la base Kryshzla, je te le dis, je ne sais pas pourquoi ils pensent que ce n'est pas possible, mais ils doivent avoir une bonne raison... Oublie ça au moins jusqu'à ce qu'on sache pourquoi c'est impossible. Non, il va falloir nous faire à notre nouvelle vie ici...
Wyntar eut un rire qui n'avait absolument rien de joyeux.
- Nous faire à quoi? À être loin de notre peuple jusqu'à la fin de nos jours ? À être bloqués sous les océans pour toujours? À ne jamais revoir tous ceux que nous avons connus ?
- À ta place, j'arrêterais tout simplement d'y penser, sinon tu vas devenir dingue... Ça va, Safera ? On ne t'entend pas... Enfin, comme d'habitude, mais bon... si tu as quelque chose à dire...
Safera sourit pour dissimuler sa gêne (comment pouvait-elle être en même temps si contente et si embarrassée quand on lui accordait de l'attention ?) et répondit timidement :
- Merci de vous en soucier... Vous avez raison, on peut sans doute faire une croix sur la base Kryshzla. Mais bon, ça ne va pas être facile de se faire à la vie ici : à la rigueur, ce n'est pas si grave que nous ne puissions plus revenir sur Csilla, on pourrait sûrement trouver pire endroit pour finir ses jours ; mais... j'ai du mal à me faire à l'idée que nous ne reverrons plus les Chiss que nous avons laissés derrière nous...
Wyntar releva la tête, surpris :
- Toi ? Enfin, je veux dire... je ne sais pas, tu n'as pas l'air très attachée à tes semblables... Tu viens rarement nous parler de notre propre initiative, et...
Safera chercha quelque chose à répondre, mais elle avait du mal à penser clairement... Il était étrange de voir qu'une simple conversation pouvait la mettre dans un état de stress presque pire qu'une bataille... Pour ne rien arranger, elle était sûre qu'elle devait avoir l'air épouvantablement gênée, ce qu'elle était...
- Parce qu'elle ne l'ose pas, expliqua une fois de plus Telin devant l'embarras de Safera. Nous la mettons mal à l'aise... Je me trompe ?
- Non... enfin, c'est à peu près ça, oui.
- Dis-moi, il y a quelqu'un dont la compagnie ne te fait pas cet effet-là ? Quelqu'un que tu aurais vraiment envie d'avoir ici, avec toi ?
- Euh, ce n'est pas parce que vous me mettez mal à l'aise que je ne veux pas de votre présence ici, hein...
- Oui, enfin, tu vois ce que je veux dire...
- Oui. Vous vous souvenez quand nous sommes allés sur Tehirahs ?
- Euh, à peu près, oui, pourquoi ?
À présent qu'elle avait commencé à parler, Safera s'exprimait avec plus de facilité ; et elle pouvait bien parler à Telin et Wyntar de sa vie d'avant (ça y est, cela ne devait même pas faire vingt-quatre heures qu'elle était bloquée sous les océans, et elle pensait déjà en termes d'avant et d'après...) à présent, ils étaient loin de tout ce qu'ils avaient connu pour toujours, presque les seuls Chiss au sein d'une cité étrangère.
- Il y avait une fantassin qui a vite retenue mon attention, là-bas... Sev'rance Tann. Plutôt belle, et surtout courageuse et intelligente, à se demander ce qu'elle faisait là... Je crois que je n'ai jamais rencontré quelqu'un d'aussi déterminé et désintéressé de ma vie, et en même temps... comment dire ? Je ne sais pas, d'une certaine façon, elle me ressemble... Mais je préfère ne pas m'étendre là-dessus. Enfin bref... je l'aime autant que je peux aimer, et je sais qu'elle m'aime tout autant ; s'il y a une personne que je voudrais avoir à mes côtés en ce moment, c'est bien elle. (Elle s'arrêta un instant, hésitante, avant d'oser reprendre :) L'idée que je ne la reverrais plus... ça me fend le cœur. Vraiment. Je ne sais pas comment je vivais avant de la rencontrer...
Elle se tut, surprise elle-même d'en avoir dit autant à Telin. Wyntar la regarda d'un air intrigué :
- Euh, réponds si tu le veux, mais... tu l'aimais... comme une amie ? Ou...
- Non... pas comme une amie, non.
- Dommage, commenta Wyntar avec un sourire amusé. Parce que tu seras la seule femme Chiss de la planète si Valdie meurt, et à priori, nous sommes coincés ici jusqu'à la fin de nos jours...
Telin éclata de rire.
- La discipline et le sérieux se relâchent vite chez les nouveaux, à ce que je vois...
- En même temps, techniquement, nous ne sommes plus vraiment des soldats Chiss, là...
- C'est vrai !
Safera sourit et reprit la parole sur le même ton amusé :
- On peut aimer deux choses à la fois, vous savez...
Wyntar sourit de plus belle.
- Ah ? Et c'est ton cas ?
- Euh... à vrai dire, non. Sev'rance oui, mais pas moi.
Elle rit un peu.
- Dommage pour toi...
- Oui, parce que tu n'avais pas l'air trop mal foutue, tout à l'heure…
Safera se demanda vaguement ce qu'il y avait de sérieux dans cette réflexion ; elle ne pensait pas être spécialement complexée à ce sujet, mais elle-même ne se considérait pas comme vraiment belle.
- Oh, ne panique pas, Wyntar... il reste les femelles Hynors, tu veux essayer ? Parce que je te les laisse... déclara Telin, faussement rassurant.
- La bonne blague ! Vu comme ça, nous avons intérêt à capturer des Kryshzlas en espérant qu'il y aura des femelles parmi eux, et vite ! Eux, au moins, ils n'ont pas évolué à partir de serpents marins...
- En même temps, vous avez déjà essayé de vous... rapprocher d'un serpent ? demanda Safera, espiègle.
Telin éclata de rire à nouveau.
- Eh bien, ça fait plaisir de voir que nous pouvons rire même dans une situation pareille... tant qu'il y a de l'humour, il y a de l'espoir ! Bon... difficile de dire quelle heure il est à la surface, mais je suggère que nous allions nous coucher... demain sera un autre jour. Passez une bonne nuit... Wyntar, avant que tu ne te trompes, c'est la chambre de Safera en haut, pas la tienne.
Tous trois éclatèrent de rire et rejoignirent leurs chambres. Là, Safera se déshabilla entièrement en espérant que Wyntar n'ait pas l'idée de faire une mauvaise plaisanterie en prenant Telin au mot ; mais elle avait passé assez de temps en sous-vêtements comme ça... Le lit n'était pas l'une de ces espèces de langues rouges comme à l'hôpital Hynor, peut-être ces choses n'étaient-elles utilisables que dans l'eau ; il était principalement fait d'un minéral vert sombre étrangement doux au toucher et d'une sorte d'algue grise.
Allongée dans l'obscurité, Safera commença à réfléchir aux implications de sa situation ; la première qui lui venait à l'esprit, bien sûr, c'était qu'elle ne reverrait plus Sev'rance, et c'était la chose la plus terrible qu'elle puisse imaginer, une souffrance qui asséchait son cœur, menaçant d'engourdir tout son corps et de ne plus faire d'elle qu'une marionnette de sa tristesse, elle aurait pu, elle aurait même voulu d'une certaine façon, rester à jamais sur ce lit et se laisser mourir de chagrin... Pourtant, elle s'était sentie étrangement bien en discutant avec Wyntar et Telin, comme si les difficultés qu'elle rencontrait depuis toujours dans les relations sociales s'évanouissaient face à une telle situation... Ils n'étaient ici que trois Chiss, quatre en comptant celui qu'ils n'avaient pas encore rencontré, cinq si Valdie survivait ; ici, même Safera ne pouvait pas être laissée à l'écart, et c'était à la fois rassurant et troublant.
Mais une autre idée lui traversa l'esprit, qui n'avait cette fois-ci rien à voir avec sa situation personnelle et ses relations sociales : et si cette base secrète permettait aux Kryshzlas de remporter la victoire lors de l'offensive Chiss qui s'annonçait ? Nombre de ses compatriotes mourraient... et que se passerait-il après ? Safera faisait confiance à l'Ascendance Chiss pour ne pas succomber face aux Kryshzlas, mais combien de temps faudrait-il encore avant que cette menace ne soit réduite à néant ?
<< Page précédente
Page suivante >>