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Chapitre 4. Contact
 
La porte se referma derrière lui en émettant un bref sifflement étouffé. Le Grand Moff Nesta était quelque peu usé par cette réunion du Conseil, quoique envahi par un puissant sentiment de fierté. Il s’assit lourdement sur un magnifique siège à répulseur que lui avait jadis offert l’un de ses plus grands admirateurs. Un admirateur qui devait, à l’heure présente, pourrir en taule, quelque part dans Kessel… Triste sort que celui des anciens chefs du Soleil noir.

Nesta laissa promener son siège vers la grande baie vitrée en transpacier renforcé qui donnait sur Coruscant. Il faisait presque nuit, mais c’était sans importance. Certains immeubles brûlaient toujours et des centaines de vaisseaux divers recouvraient le ciel.

Les rapports traînaient sur son bureau, tous aussi pessimistes les uns que les autres. Plus de la moitié de cette foutue planète avait changé de camp. L’autre moitié était ravagée par de violents affrontements entre forces de l’ordre et révolutionnaires. Le chaos régnait un peu partout. La Capitale n’était pas épargnée.

- Quelle tragédie… murmura Nesta, le ton plein de mépris. Des Ewoks qui se font Wookies…

Nesta demeura quelques instants affalé sur son siège, silencieux face au spectacle d’une mégalopole en ébullition. Puis il se redressa et se rapprocha de son bureau. Ses doigts pianotèrent sur une console de codage. La communication qu’il allait enclencher devait être sécurisée.

Il tapa le dernier code.

Accès accordé.

Nesta eut une moue de satisfaction. Parfait.

Ils ne pourraient refuser la communication. Ils étaient obligés d’accepter. Et effectivement…

… un hologramme réduit au dixième de taille apparut sur le bureau de Nesta. Ce dernier continua de sourire.

- Bonjour, Conseiller Mek’Thra, dit-il avec emphase.

Le Bothan le dévisagea, apparemment furieux :

- Êtes-vous devenu fou ? Et si l’Empire nous espionnait ?
- Aucun risque. La communication est sous contrôle. Chaque Moff a son propre stock de codes secrets indéchiffrables.
- Rien n’est indéchiffrable, répliqua Mek’Thra.
- Et vous vous y connaissez, concéda Nesta.
- Trêve de généralités. Que voulez-vous ?
- Ce que je veux ? dit Nesta. La paix dans la galaxie, la vie éternelle, les richesses, le pouvoir… Parlons plutôt de ce que je propose.

Le Bothan éclata de rire – très rare, chez lui.

- Nous proposer ? Vous n’êtes pas en état de…
- Croyez-vous ? rétorqua Nesta.

Son sourire avait disparu.

- Vous ai-je jamais déçu ? ajouta-t-il.
- Vous nous avez aidés à mettre la main sur les plans de la seconde Etoile noire, et après ? s’emporta Mek’Thra.
- Il s’agit tout de même là d’un titre de gloire…
- Ce n’est pas ainsi que l’on qualifierait ces choses chez nous, Nesta. Voyez-vous, quelques rumeurs courent à ce sujet. Des rumeurs qui ne sont pas à votre avantage.
- Ah. Quelles sont-elles ?
- Il paraîtrait que c’est l’Empereur lui-même qui a fait en sorte que nous obtenions ces plans. Il voulait nous tendre un piège. Et vous avec lui.
- Absurde, se récria Nesta. Voyez d’ailleurs comment ce fameux « piège » a abouti…

Une dénégation hypocrite, songea le Grand Moff. Avait-il paru convaincant ?

Bien sûr, qu’il était au courant des manœuvres de l’Empereur ! Ce dernier l’avait personnellement chargé, avec feu Xizor, d’organiser cette opération. Une opération d’autant plus juteuse que Nesta avait été payé par les Bothans – et s’était empressé de garder l’argent.

Mais cela, Mek’Thra n’avait pas à le savoir. Evoquer ce sujet était parfaitement inutile, compte tenu de ce qu’il était prêt à offrir.

- Vous comprenez dès lors pourquoi notre « confiance » en vous s’est érodée, reprit le Bothan, sarcastique.
- Je comprends, mais là n’est pas le problème. Si j’ai tenu à vous contacter, c’est pour une raison très simple.
- Laquelle ?
- L’Empire a perdu la guerre.

Mek’Thra ne réagit pas, semblant digérer l’information.

- Et après ? demanda-t-il.

Nesta commença à se prélasser outrageusement sur son fauteuil.

- Après ? Je veux organiser ma défection.

Nouveau silence.

- Ben voyons, grogna le Bothan, peut-être pas aussi sceptique qu’il voulait bien le montrer. Vous en avez encore de plus drôles ?
- C’est la vérité, répondit Nesta. Vous n’avez pas idée de l’ambiance qui règne ici. Chacun complote à qui mieux mieux. Je serai peut-être mort demain.
- Ce ne sera pas une grande perte.

Que tu dis, pensa Nesta.

- Je ne parle naturellement pas de l’éventualité d’une survie de ma part à l’issue de ces conjurations de palais, précisa-t-il. Dans ce cas là, les Rebelles voudront certainement me mettre la main dessus. Vous en connaissez certainement la raison, n’est-ce pas, Conseiller ?

A ces mots, Mek’Thra tressaillit. Touché, se dit le Grand Moff. Il s’agissait à présent d’exploiter l’avantage.

- Il serait extrêmement regrettable pour certains que je puisse avoir à confesser tout ce que je sais sur notre passé commun, poursuivit-il. Ne dites-rien, je sais que vous êtes d’accord.

Silence chez le Bothan. Il n’a pas mis fin à la conversation. Il attend.

- Il se trouve d’ailleurs, puisque nous évoquions ce sujet, qu’un de nos commandos a récupéré certains documents intéressants sur Magagran. Je crois que vous y aviez installé une base de transit là-bas, non ?

Le visage velu de Mek’Thra se décomposa.

Nesta sortit de sa vareuse grisâtre un jeu de datacartes. Il avait méticuleusement calculé chacun de ses gestes, à la seconde près.

- Un de mes amis au sein de l’Ubiqtorate m’a remis le Document, dit-il. Je ne sais comment vous avez pu le sortir des archives, mais le fait est là : je suis en sa possession. J’ai pris le temps de le relire. Il y a là des noms fort connus, dites-moi. Dont le mien…

Nesta s’interrompit, dosant soigneusement ses effets.

- … et le vôtre, acheva-t-il lentement.

Mek’Thra, l’air désespéré, eut une sortie lamentable. Un classique du genre :

- Combien voulez-vous ?

Le Grand Moff réprima une furieuse envie d’éclater de rire. Mek’Thra était aussi pitoyable qu’au début de leur entente, voici quelques années. Devant ses compatriotes, il affectait les grands airs de l’omniscient. Mais face aux Impériaux, il se dégonflait. Pas de surprise.

- Ttt… ttt… ttt… fit paternellement Nesta. Je vais effectivement finir par croire que l’Empereur avait raison à votre sujet… Il décrivait les Bothans comme affamés d’argent et d’honneur. Le ralliement de votre race à la Rébellion l’a beaucoup surpris. Et déçu.

Il inspira profondément, avant de reprendre :

- Vous voyez en tout cas que nous avons un intérêt commun. Evidemment, je réclamerai de l’argent en retour. Mais à titre subsidiaire. Je veux également l’impunité. Et je veux que vous m’aidiez à devenir le nouveau maître du Soleil noir.

Comme pour bien peser ses mots et laisser le temps à son interlocuteur d’analyser ses paroles, Nesta ajouta :

- Vous verrez que dans cette galaxie libérée, notre collaboration sera, comme par le passé, extrêmement fructueuse. L’on discutera plus tard du partage des tâches et des revenus financiers. J’en ai assez de cet encombrant poste de Moff. Surtout à l’heure actuelle.
- Ce que vous demandez, nous ne pouvons vous l’accorder, rétorqua Mek’Thra. Vous semblez oublier une chose : l’Alliance rebelle ne se constitue pas seulement de Bothans. Nous n’aurons pas les moyens de…
- Détrompez-vous, l’interrompit Nesta. Dans un avenir vraiment très proche, les Bothans seront considérés comme d’authentiques héros, les véritables libérateurs de la galaxie, les grands vainqueurs de cette abominable guerre civile. Rien ne pourra vous être refusé. Rien.

Mek’Thra avait repris quelque contenance.

- Nous sommes certes bien considérés au sein de l’Alliance pour le vol des plans de l’Etoile noire, mais je doute que cet exploit suffise à accroître substantiellement notre popularité…
- Qui vous parle de l’Etoile noire ? riposta le Grand Moff. Je vous propose de libérer Coruscant.

Jusque là, Mek’Thra avait tenu – difficilement, mais bon. Cette fois-ci, il ne put s’empêcher de pousser un cri de surprise.

- Vous… vous plaisantez ? pouffa-t-il, mal à l’aise.
- Je crains que non, répondit Nesta.

Le Grand Moff voyait bien, à la réaction du Conseiller bothan, qu’il avait mis dans le mille. Là encore, il lui laissa quelques secondes pour digérer l’information.

Nesta étouffa une toux, puis enchaîna :

- Cette planète est en proie au désordre et aux insurrections. Nous rencontrons les plus grandes difficultés à maintenir la paix civile. Mais mes soldats tiennent les points névralgiques. La plupart de nos bases, de nos installations et de nos fabriques d’armes sont encore opérationnelles. Nous avons de quoi résister à un siège en règle pendant plusieurs semaines. Une offensive terrestre destinée à détruire les boucliers aurait beau recevoir le soutien de la population, elle ne s’en heurterait pas moins à des troupes aguerries. Sans parler de la Flotte, qui, malgré Endor, conserve encore quelques beaux spécimens.

Mek’Thra hocha la tête, pensif.

- Moi, je vous offre tout cela sur un plateau, conclut le Grand Moff. En sachant que les Bothans ne se montreront pas ingrats.
- J’avoue ne pas comprendre, objecta le Conseiller bothan. Le sort des armes a tourné, certes, mais l’Empire n’est pas encore totalement abattu. Pourquoi le laisser tomber ?
- Je vous l’ai dit : l’Empire a perdu la guerre.

La séance du Conseil impérial qui s’était terminée il y a une heure avait achevé de le convaincre, même s’il avait déjà pris ses dispositions. Cela faisait des années que Nesta se prêtait au jeu de la politique et des coups bas. Il s’en était jusque là sorti grâce à sa faculté à distinguer ce qui pouvait le servir à long terme. Jusqu’à présent, il n’avait jamais commis de faux pas.

Et en la circonstance, les faits donnaient raison à son instinct : l’Empire agonisait. Mieux valait dès lors se retrouver du bon côté de la barrière. Qui plus est, rendre pareil service à la Rébellion, et si tôt, parviendrait peut-être à faire oublier ses péchés de jeunesse, comme disait Isard… Naboo ? Mais rien ne disait que la Flotte vaincrait, au fond.

- Je crois qu’il y a autre chose, fit le Bothan. Votre protecteur étant mort, vous vous retrouvez seul face à vos pires ennemis.
- Il y a de cela, en effet. Et j’ajoute que le chaos ambiant régnant sur Coruscant n’est pas pour plaire à mes associés.
- Je savais que le Soleil noir était derrière votre redécouverte du civisme ! applaudit Mek’Thra.
- Vous savez comme moi que l’organisation, dont il se trouve que je fais partie, a particulièrement souffert à l’issue de la chute du regretté Prince Xizor, rappela Nesta. Ses principaux dirigeants ont été traqués par Vador et ses sbires au même titre que les Jedi de l’ancienne République. Nombreux sont ceux qui passeront leur vie à Kessel ou je ne sais quel horrible lieu de perdition… D’une certaine manière, le Soleil noir est un ennemi de l’Empire.

Et l’ennemi de mon ennemi, surtout en ces temps troublés… Peut-être Nesta en rajoutait-il trop dans le pathétique… Après tout, il avait fait partie des initiateurs du projet Kessel.

- De plus, la guerre civile qui s’est faite jour sur Coruscant et quantité d’autres planètes nuit considérablement au commerce, légal ou non. Je ne vous évoque pas les conséquences que pourrait entraîner une invasion rebelle de Coruscant si la garnison se mettait à résister.
- En d’autres termes, le Soleil noir veut revenir en force, résuma Mek’Thra. Ce qui ne peut se faire avec l’Empire encore au pouvoir et en ces jours de troubles.
- Parfaitement.
- Vous ne nous demandez donc rien de moins que ressusciter l’Organisation, sous votre emprise bien entendu…
- Bien entendu, confirma Nesta, la voix mielleuse. Vous aurez tout pouvoir pour le faire. Car alors que je désactiverai les défenses spatiales, aériennes et terrestres de la planète, laissant, le peuple s’engouffrer dans les brèches ainsi ouvertes, votre flotte de combat surgira de l’hyperespace et déferlera sur la Capitale. Les gens seront fous de joie à l’idée que les Rebelles seront là. Que vous serez là. Rien que des vaisseaux bothans – sans doute issus de votre chantier secret d’Ho-D’Oacr ?

Ce nouveau coup d’estoc avait porté. Les Bothans, oui, étaient de grands espions. Mais l’Empire possédait également de très bonnes sources de renseignements.

- Oui, reprit Nesta, comme vous le voyez, je sais pour ce chantier. Curieusement, il n’a pas encore été attaqué… J’ai gardé l’information en réserve, pour mon usage personnel, en signe de bonne volonté.
- Quelle générosité de votre part…
- Au fond, je ne veux que vous venir en aide… continua le Grand Moff. Vous voyez, mon cher Conseiller, la Rébellion proclamera évidemment la République. Une République égalitaire, bien sûr, mais qui, je présume, ressemblera très vite à l’ancienne, c’est à dire un régime partagé entre plusieurs factions tant au sein de l’Assemblée que du pouvoir exécutif. La question est de savoir qui se retrouvera en position de force à ce moment là. Les survivants alderaaniens, de même que leurs partenaires caamasi, ne comptent plus vraiment. Par contre, je me méfierais des autres humains, si j’étais vous. Faut-il vous rappeler que la flotte rebelle, à Endor, se composait en majorité de vaisseaux mon calamari ? Que la guerre peut évoluer d’ici la capitulation des derniers réduits de l’Empire ? Vous aurez certes contribué à apporter des renseignements essentiels sur vos adversaires, et vous aurez joué un rôle non négligeable dans la destruction de l’Etoile noire. Mais vous me l’avez dit vous-même : des rumeurs tendent à indiquer que votre exploit n’en était pas vraiment un, que l’Empereur s’est, au mieux, servi de vous. A ce stade, ce n’est plus du respect ou de l’admiration que les gens ressentiront à votre égard, mais un doute, un doute qui ne disparaîtra pas aussi facilement. De quoi pourrez-vous alors vous prévaloir pour faire triompher vos intérêts ?

Nesta jeta un œil au jeu de datacartes qu’il tenait entre ses mains :

- … surtout si les informations que je possède venaient à être rendues publiques ?

Mek’Thra parut réfléchir.

- En somme, nous n’avons guère le choix…
- Voyez le bon côté des choses, le rassura Nesta Vous obtiendrez Coruscant sans avoir à utiliser vos batteries laser. Vous ferez croire à une réussite de vos réseaux d’espions et soulignerez votre audace d’avoir lancé votre flotte à l’assaut d’une planète réputée bien défendue. Je me suis déjà arrangé pour envoyer les destroyers stellaires de couverture ailleurs : une garantie supplémentaire que je vous apporte. Il n’y a même pas à réfléchir. C’est tout bénéfice pour vous, comme pour moi. Il suffit que chacun respecte sa part du contrat. Simple, n’est-il pas ?
- En effet.

Nesta en aurait trépigné de joie.

- Naturellement, une fois que je serai en sécurité, vous n’entendrez plus parler du Document de Caamas, ces datacartes qui peuplent vos rêves. Mais dans l’hypothèse où vous ne tiendriez pas votre parole, ce Document, d’une manière ou d’une autre, referait – hélas – surface.

Mek’Thra déglutit bruyamment.

- Je constate que nous je me suis fait parfaitement comprendre, savoura le Grand Moff.
- Attendez… Quelles garanties nous offrez-vous concrètement ?

Excité mais méfiant, le gars…

- J’évite de lancer un raid sur Ho-D’Oacr’, d’une part. Naturellement, votre flotte ne devra pas quitter l’endroit, sous peine de résiliation du contrat – vous comprendrez que dans ma position, je me doive d’obtenir certains gages de bonne volonté de votre part. Mais comme je me sens d’humeur généreuse ce soir, je vous informe que vous recevrez sous peu une offre de reddition du système Neemaï, complexe fortifié de trois planètes habitées. Son gouverneur est un homme à moi. Son état-major et ses hommes comptent parmi les soldats les plus vénaux de la galaxie.
- Je connais cet endroit et sa réputation, répliqua le Bothan. Mais qui nous prouve que vous dites vrai ? Qui nous prouve que ce système se rendra au premier tir de laser ?
- Votre réseau d’agents. Je suis persuadé que vous connaissiez déjà l’information.

Un silence – très bref, là encore.

- J’ignorais cependant que le gouverneur de Neemaï agissait sous vos ordres, avoua Mek’Thra.
- Il vous le confirmera lui-même, en tête à tête. Soyez cléments à son égard, il pourra nous rendre de précieux services lorsque la guerre sera terminée.
- Je vous trouve bien optimiste.
- La chute de Coruscant portera un coup fatal à l’Empire. Maintenant, je vais vous laisser un répit pour vous permettre de considérer mon offre. Je vous recontacterai sitôt que j’aurai appris la conquête de Neemaï. Nous discuterons à ce moment là des modalités de notre plan.
- Il n’est pas dit que nous accepterons.

Mais Nesta savait que le Bothan ne croyait pas à ce qu’il venait de dire. Les Bothans accepteraient. Pareil plan était certes risqué, mais ils n’auraient pas à supporter les plus graves dangers. C’était lui, Nesta, qui ferait tout le sale boulot. Et après, il serait libre. Définitivement libre. Ces empaffés du Palais impérial et des quartiers-généraux de l’Empire pouvaient aller se rhabiller.

- Nous verrons cela, Conseiller. Bonne journée. Et à bientôt.

Il coupa le contact. L’hologramme se désintégra en des millions de particules.

Nesta demeura un long moment assis sur son siège, le dos tourné à son bureau, son regard fouillant chaque recoin visible de la Cité impériale qui s’étendait au delà de la baie vitrée. La guérilla urbaine n’avait pas totalement altéré le scintillement légendaire de la Capitale. Les systèmes énergétiques fonctionnaient toujours. L’ordinateur central était d’ailleurs sous la responsabilité du Gouverneur. Ce qui n’était pas un mince avantage.

- Tout s’est bien passé ?

Le Grand Moff ne se retourna même pas.

- Je pense qu’ils accepteront, confia-t-il mollement. Cette journée m’a épuisé. Je sens que je vais dormir comme un charme, cette nuit.
- Il va falloir jouer serré, reprit la voix.
- Bien sûr. Cela dit… Puis-je vous confier un secret, colonel ?

Wetzel s’était installé face à la baie vitrée, mains derrière le dos, allure martiale.

- Faites.
- Je crois qu’en un certain sens, l’aventure me manquait un peu, fit Nesta d’un air désabusé en déboutonnant son col. Être Gouverneur de Coruscant et affilié au Soleil noir peut rapporter beaucoup, en termes d’argent, de pouvoir, de prestige… et de sécurité. Mais qu’on le veuille ou non, c’est là un travail ennuyeux. Il était temps, vraiment, que je me relance dans une opération digne de mes premiers coups de main. Je me suis hissé jusqu’ici en trahissant tous ceux à qui j’avais juré obéissance, de la République à certains petits escrocs politiques impériaux, sans parler de tous ces gangs qui pullulaient jusqu’à ce que Xizor nettoie tout ça. Une trahison de plus ou de moins, il fallait bien que cela survienne tôt ou tard… Les prochaines journées seront très animées. Enfin.

Wetzel émit un petit rire.

- Au fait, se souvint Nesta. Qu’en est-il de ce Garde impérial qui a participé à la récupération du Document de Caamas ?
- Il ne sera bientôt plus qu’un mauvais souvenir, répondit Wetzel. J’en fais mon affaire.
- Bien… bien… somnolait presque le Grand Moff. Je serai fier de vous considérer bientôt comme l’un de mes plus puissants Vigos.

La machine était lancée. Mais Nesta avait tout prévu. Il n’avait pas encore parlé de son projet Naboo à Mek’Thra. Cela pouvait attendre. Attendre de Mek’Thra une… « confirmation » qu’il savait inévitable.

Un traître, Nesta ? Trahison jamais ne prospère, comme disait l’autre. Car si elle prospère, nul ne la nomme trahison.
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