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Chapitre 26. Immersion
 
… blanc.

Blanc ! Sa peau était devenue blanche, sa peau noire, si belle, si sensuelle… Blanche !

La porte de sa chambre s’ouvrit. Nora Reeze y entra, toujours vêtue de sa combinaison et suivie d’un… de…

… d’un Hutt ?

Lando eut un mouvement de recul. C’est un complot, ou quoi ? Ils veulent ma mort, c’est ça… Ma peau, blanche… Tout ça pour la République…

Oui, c’était un Hutt. Une saloperie pas aussi volumineuse que Jabba, mais tout de même : c’était toujours une… comment disait Yan, déjà ? Une « limace baveuse »…

- Salut, Lando, dit Nora. Contente de voir que tu ailles mieux.
- Ah ? grinça Lando. Je suis devenu un Blanc et tu trouves que je vais mieux ?
- Je te l’ai dit (elle était vraiment très proche de lui – il aurait pu l’enlacer) : tu seras toujours mon Lando.

Elle avait dit cela avec son sourire désarmant. Les femmes… Elles nous menaient vraiment par le bout du pif.

- Bonjour, Lando Calrissian.

Ca venait du Hutt, qui rampait dans sa chambre. Etait-il au courant de ce qu’il avait fait à Jabba récemment ? Sinon, Lando ne donnerait pas cher de sa peau… blanche…

- Je te présente Konga le Hutt, annonça Nora. Un ancien de la bande à Jabba, qui a fui ce dernier et fondé sa propre… institution.

« Arf ! Arf ! Arf ! Arf ! Arf! » Toujours ce même rire lourd et gras, décidément. Les grands yeux du Hutt dévisageaient Lando avec une lueur d’amusement.

- Konga le Hutt, savoura Lando. Le vilain petit canard de la bande à Jabba. Si vilain qu’il a décidé de faire cavalier seul en supprimant les émissaires de Tatooine, ce qui a poussé Jabba à mettre sa tête à prix.
- Et aujourd’hui, Calrissian, déclara le Hutt avec ce qui pouvait ressembler, si l’on faisait l’effort d’imaginer, à un grand sourire, je dirige le Front de Libération du département 14 de l’Invisec.
- Voyez-vous cela, un Hutt qui dirige la Résistance ! ironisa Lando.
- Tout change, Calrissian. Je me fais Résistant, tu te fais Blanc.

Le mot avait fait mouche. Lando se tourna vers Nora.

- Et tu fais confiance à ce salopard ?

Elle ne put s’empêcher d’avoir l’air embarrassé. Compte tenu de ce qu’il savait sur elle, c’était plutôt… comique, tragique ?

- Il a accepté de nous aider, expliqua-t-elle. Lorsque notre speeder a atterri en catastrophe, tu as été assommé. Les hommes de Konga contrôlaient la zone, ils sont venus nous sortir de là. Ils auraient pu nous dénoncer, mais comme tu le vois… Et puis Konga avait une dette envers moi.
- Elle a mis sous les verrous des chasseurs de primes qui avaient été envoyés pour me zigouiller, révéla Konga. Nous avons négocié un accord par lequel je lui livrais mes concurrents…
- Pratique, admit Lando. Mais elle aurait bien fini par dénoncer l’accord, non ?
- Impossible, ricana Konga le Hutt. J’ai des milliers de concurrents. Coruscant est l’un des coins les plus pourris de la galaxie. Les flics ont toujours besoin de négocier. C’est pour ça qu’ils sont tous à notre botte.

Nora lui jeta un regard presque moqueur. Lando se demanda si elle prenait bien la chose.

- Et j’imagine qu’il va falloir… comment dire… payer ?

Le faciès de Konga prit une allure peinée – toujours si on faisait l’effort d’imaginer.

- Oh, Lando… Tu me déçois ! Crois-tu vraiment que tous les Hutts sont des arrivistes cruels et sans pitié, obsédés par le pouvoir et surtout leurs propres revenus, prêts à n’importe quelle trahison et coup dans le dos pour parvenir à leurs fins ?
- Ben… oui.

Konga adopta une posture digne, redressant la masse de gélatine qui lui servait de crâne. Sa masse corporelle exhalait un parfum des plus… excessifs.

- J’agis au nom de la Résistance de Coruscant, qui aidera tout Rebelle, quel qu’il soit, à accomplir sa mission, dans l’intérêt de notre lutte contre la tyrannie impériale.
- Ca va, ça va… fit Lando, pas convaincu mais résigné.
- Content de te l’entendre dire, se félicita le Hutt.
- Nous serons hébergés ici en attendant de pouvoir passer à l’action, précisa Nora. Ce soir.
- Et je pourrais enfin savoir en quoi ça consiste ?
- D’abord, je t’invite toi et ta copine à ma table… lui dit Konga le Hutt en lui tapotant l’épaule. Ce n’est pas tous les jours qu’on peut se permettre de déjeuner en compagnie de l’un des héros qui ont détruit une Etoile noire.

Lando n’en fut pas muet de stupéfaction – mais sans savoir pourquoi, il prit cette info avec… fatalisme. Evidemment, les nouvelles ne pouvaient qu’aller très vite. Surtout chez les Hutts.

Un droïd amena des fringues à Lando – sorte d’uniforme assez bien taillé, bonne qualité, même si ça ne valait pas les costards de luxe qu’il se plaisait à collectionner. Une fois Calrissian habillé, Konga le Hutt l’emmena à sa suite, hors de la pièce. Nora fermait la marche.

Ils traversèrent une longue passerelle surplombant un genre de hangar où des types de toutes les races et de tous les sexes (masculin, féminin, mixtes, sans sexe) concevaient, fabriquaient, maniaient des armes, dans une ambiance industrielle. Les étincelles volaient, les gars braillaient, les machines tambourinaient, projetant des souffles de vapeur. En somme, un beau boucan.

- C’est là que nous formons notre petite armée, expliqua Konga en se traînant avec une certaine dextérité, à la manière de ses congénères Hutts, d’ailleurs. Il existe des dizaines de centres de ce type sur l’Invisec, et des centaines autre part. J’ai entendu dire que certains districts de Coruscant nous appartenaient déjà. Les Impériaux se regroupent surtout dans les zones de commandement et de forte concentration industrielle.
- Je ne te savais pas si attaché aux idéaux démocratiques, maugréa Lando.
- Tu ignores beaucoup de choses sur mon compte, Lando. J’admets que le commerce ne marche pas fort, ces temps-ci, et que pas mal de denrées de première nécessité manquent…
- … denrées que tu parviens malgré tout à diffuser auprès du bon peuple…
- Il le faut, non ? J’ai tout de même consenti une réduction de prix de 20 %.

Lando émit un petit rire méprisant. Même à ce tarif « préférentiel », Konga devait se faire un max’ de blé. Et en plus, il créait sa propre armée « républicaine ». Histoire de se conférer une plus grande légitimité.

Ils quittèrent la passerelle, prirent un ascenseur à moitié pété, qui les mena quelques étages plus haut… La cage s’ouvrit… Et Lando plongea…

… dans l’antre du mauvais goût.

La déco était moche et ringarde, la couleur des murs était moche et ringarde, le plafond était moche et ringard, le sol était moche et ringard, les courtisans de Konga étaient moches et ringards. Des couleurs criardes, voilà ce qui explosait aux yeux. Des couleurs criardes à tous les niveaux… Il n’y avait guère que les statues impressionnistes qui tranchaient. Le plafond mal nettoyé était, pour sa part, percé en son centre d’une grande baie vitrée en transpacier renforcé que frappaient méthodiquement les gouttes de pluie.

- Barrez-vous, gronda Konga aux courtisans. Je discute en privé.

La cour se dispersa en quatrième vitesse. Mieux ne valait pas chercher à désobéir au Hutt… Seuls restèrent les gardes du corps gamorréens à tronches de sangliers verts.

Au milieu de la pièce trônait une table, surplombée d’une nappe blanche, richement ornée de mets de toutes sortes. A cette vue, Lando reconnut qu’il avait un petit creux. Il s’assit à côté de Nora, Konga en face de lui, reposant lourdement sur une espèce de litière.

- Mange, Lando, mange, ceci est une autre contribution à l’effort de guerre rebelle… C’est moi qui ai cuisiné tout cela…

Un Hutt cuisinier ! Lando n’en revenait pas. Imaginer Konga en prince des fourneaux, toque sur le crâne et livre de recettes à la main, c’était mission impossible – même pour un rescapé d’Endor.

Konga, serviette à carreaux nouée autour du… enfin, du cou, en était déjà à ingurgiter un cœur de bœuf corellien, sans le moindre respect du savoir-vivre tel que l’affectionnait Lando. Il saccagea la présentation recherchée des plats et les attrapait les uns après les autres avec sa langue, sa queue ou ses petits bras. Son appareil digestif se mit à produire des gargouillis étranges… Lando en eut un haut-le-cœur. Il avait déjà eu des déjeuners d’affaires avec des Hutts, mais celui-là battait tous les records.

- Slurp… Est-ce que la nourriture est à ton goût, Calrissian ? demanda Konga en rotant bruyamment, ce qui manqua d’asphyxier Lando.
- C’est… parfait… toussa-t-il.

Nora, à ses côtés, faisait des efforts pour ne pas pouffer de rire.

- Trop aimable, rigola Konga en avalant une tentacule de… de quoi, au juste ?

Constatant l’air perplexe de Lando, Konga prit une allure de gourmet.

- C’est un bras de pieuvre de Naboo – garantie d’importation. Très bon, et bientôt… très rare… Goutte, tu vas adorer.

Naboo… Lando ressentit quelque gêne à vouloir ne serait-ce que mater ce plat – qui, tel que préparé par Konga, avait effectivement l’air des plus appétissants. Mais comme Konga insistait, il s’en découpa un morceau.

Et devait reconnaître que ce mets fondait dans la bouche.

- Vous auriez du éditer des recettes au lieu d’appartenir au Milieu, fit Nora.

« Arf ! Arf ! Arf ! Arf ! Arf! » – putain de rire…

Il n’y avait pas que la présence du Hutt qui posait problème…

Lando était assis à quelques centimètres de Nora. Il ne l’avait jamais approchée d’aussi près depuis… il voulait l’oublier. Leurs jambes se frôlaient presque. Lando approcha la sienne.

Celle de Nora ne s’esquiva pas. Une émotion qu’il n’avait pas ressentie depuis… longtemps le submergea. Par les circuits de C3PO, elle le ramenait à l’état d’ado…

Touchée. Jambes en contact.

Devant lui, Konga s’empiffrait. Spectacle écoeurant, qu’il préféra éviter de voir. Et du coup, son regard rencontra les mains de Nora, les bras de Nora, l’épaule de Nora, le visage de Nora… Les yeux de Nora.

Yeux sombres contre yeux sombres.

Sous la couverture, son corps nu se pressa contre le sien. Ses yeux sombres brillèrent d’une lueur mélancolique.

- Lando, ne tombe jamais amoureux de moi…

Il lui caressa les cheveux.

- C’est trop tard…

Yeux sombres face aux yeux sombres.

Là encore, elle ne se détourna pas. Et il la fixa, sans se poser de questions. Il y plongea, et comme les autres fois, il s’y noya. Sa main se rapprocha de la sienne… Encore un peu… Son index effleura la douce peau de ses doigts fins. Il en frissonna, pas de plaisir, mais de bonheur.

Et elle se laissait faire.

De bonheur… Non mais tu t’es vu, Lando ? De bonheur ! Le gentleman hors-la-loi, succombant au bonheur ! Le destructeur de l’Etoile noire, terrassé par… le bonheur ? Pourtant, ça fait tellement de bien…

- Burp… rota une nouvelle fois Konga. Dis-moi, Lando, ça fait quoi d’être Blanc, maintenant ?

Nora détourna la tête, retira sa main, dévisagea Konga. Lando avait une raison supplémentaire de détester les Hutts.

- Ce n’est que provisoire, expliqua-t-elle. Infiltration du territoire ennemi.
- Ouaip, dit Konga. Vachement passionnant, tout ça. Au fait, vous vous connaissez comment, tous les deux ?
- On s’est rencontrés à Tatooine, répondirent-ils ensemble, à leur grande surprise.
- J’étais le hors-la-loi, précisa Lando.
- Et moi le flic, ajouta Nora.
- Elle ne m’a jamais lâché depuis…
- Je n’aurais jamais renoncé à une telle cible…
- Vous faites un joli couple, parole d’expert, affirma Konga.
- Depuis quand t’y connais-tu, en femmes ?
- Depuis que mon ex’ est devenue mon ex’, répondit Hutt avant de fondre en larmes. La petite sœur de Jabba. Elle devait choisir entre son frère et moi.
- Elle a choisi son frère… déduisit Lando, presque peiné.
- Non, elle est partie avec son prof de gym… pleura amèrement Konga. Une mocheté sans pareille… Tiens, voici une photo…

Konga sortit une photo d’un des plis de sa chair et la tendit, dégoulinante de graisse et de transpiration, à Lando, qui enfila un gant avant de la saisir des doigts.

La photo représentait un Hutt sur ce qui ressemblait à une plage, un pare-soleil à la main et une fleur sur l’oreille.

- C’est lui ? dit Lando. Effectivement, il est laid.
- Non, crétin, répliqua Konga en reprenant la photo. C’est ma bien-aimée. N’est-ce pas que c’est la plus belle ? Et elle est sortie avec cet infâme Hutt body-buildé qui fait de la muscu chaque matin… Comme si, moi, j’avais le temps de faire de la muscu chaque matin… J’ai un business à gérer, merde…
- Il faudrait peut-être que tu prennes le temps de vivre, hasarda Lando.

Konga parut réfléchir, tout en mastiquant un reste de tentacule de poulpe d’origine Naboo.

- Oui, peut-être qu’un jour je prendrai ma retraite. En attendant, je suis célibataire et je l’assume. D’après Hutts’Health, c’est conseillé, après une rupture. J’attendrai que l’occasion se représente… N’empêche que ça fait mal. N’oublie jamais ça, Lando : les femmes sont dangereuses.

C’était prêcher un converti… mais attendez, là…

- … je croyais que les Hutts étaient hermaphrodites ? s’étonna Lando, tout à coup.
- Ca n’empêche pas d’avoir un cœur, répondit Konga. Tu sais à quel point je puis me montrer sensible… Je rejette par le mépris ces rumeurs qui feraient de nous des femelles. Encore des inventions de nos ennemis pour les tabloïds les plus minables de la galaxie. Ah, rien que de penser à ces saloperies, ça me donne faim, pas vous ?

Trois minutes suffirent à Konga pour vider les neuf dixièmes de la table. Bon prince, il avait laissé le reste à ses invités. Touchante attention.

- Bien, conclut-il en se léchant les babines couvertes de restes. Et maintenant, parlons affaires.
- Affaires ? répliqua Lando, surpris et au fond de lui-même, pas rassuré. Je n’ai pas mandat pour traiter.
- Un héros de guerre comme toi a toujours les moyens de traiter.

Merde, dans quel guêpier s’était-il fourré ? Nora n’avait pas l’air enchantée, elle non plus.

- Comme tu le vois, déclara Konga, cette planète, comme le reste de la galaxie, est ravagée par la baston civile. Quand il n’y a pas de guérilla, les gars manifestent, ils crient…
- « L’INVISEC EM-MERDE L’EM-PIRE GA-LAC-TIQUE ! … » s’écria Lando en souriant.
- C’est exactement ça. En bref, le chaos généralisé. L’étonnant est que les énergies essentielles soient encore diffusées. L’Empire a parfois sucré l’électricité et autres dans les zones qu’il ne contrôle plus vraiment. Et force est de constater que la situation des civils y est devenue chelou.
- Chelou ?
- C’est du sicba, du basic à l’envers : le langage fait fureur ici. Merde, Lando, depuis quand tu n’as pas foutu les pieds à Coruscant ? Bon, comme tu le vois, nous autres, non-humains et même humains, pourrions causer de sacrés torts à l’Empire. D’où ma question : est-ce que l’armée rebelle va lancer une offensive sur Coruscant ?

La brutalité de la question le laissa pantois. Est-ce que l’Alliance allait attaquer Coruscant ? Ca, il n’en savait rien. Mais pouvait-il avouer ça à Konga ? Comment ce dernier allait-il le prendre ?

- C’est possible, répondit-il, hésitant. Quoi qu’il arrive, je n’ai pas le droit d’en parler.
- Je pense bien, mais bon sang, Calrissian, si l’Alliance ne se bouge pas, l’Empire va nous écraser les uns après les autres. On pensait qu’il s’effondrerait de partout grâce à Endor.
- C’est le cas, le contredit Lando. On ne compte plus les systèmes qui se rendent.
- Mais ils contrôlent encore pas mal de systèmes, non ? Ainsi que les mondes du Noyau. Calrissian, il faut que tu repartes d’ici et que tu dises aux Rebelles de s’amener ici, ou au moins de nous envoyer plus d’armes, plus de fric, plus d’agents. Nous sommes nombreux, mais les Impériaux ont du matériel lourd et une puissante force de frappe aérienne. Et ils tiennent encore les centres de distribution énergétiques et alimentaires. D’ailleurs, ça flingue sévère, dans l’Invisec. Ici, vous êtes en sécurité, mais…

Le Hutt n’acheva pas sa phrase. Un grondement de turboréacteur fit trembler la pièce. La table sursautait légèrement. Lando leva la tête.

La grande baie vitrée du plafond se désintégra en plusieurs millions de fragments qui leur retombèrent dessus. Nora jeta Lando à terre, juste à temps pour ne pas avoir le faciès transpercé. Quelques objets en forme de fruits verdâtres balancés d’en haut rebondirent sur le sol en émettant un son qui ressemblait au choc produit par le métal sur le parquet… De la fumée s’en dégagea.

Beaucoup de fumée.

- Fumigènes, ou pire, traduisit Lando.

Des filins surgirent du ciel, touchèrent le sol. Des Impériaux les descendirent, blasters au ventre, se plaquèrent à terre, dégainant leurs armes. Des rayons laser frappaient de partout.

Konga s’empara des deux blasters qui se trouvaient sous la table, la renversa devant lui pour se protéger et inonda les Stormtroopers de tirs bien placés. Lando n’avait pas de blaster, mais Nora lui balança le sien – elle aurait une fois de plus recours à ses techniques d’expression corporelle.

Deux Gamorréens qui servaient de gardes du corps de Konga avaient déjà été tués devant eux. Deux autres s’étaient réfugiés derrière les statues et décochaient tirs sur tirs à l’adresse des agresseurs. Les statues impressionnistes éclataient l’une après l’autre… La fumée se répandait partout.

- Crevez, sales ordures, gueulait Konga en vidant ses chargeurs, tandis que Nora explosait les gueules de trois Impériaux.

De nombreux Stormtroopers descendaient par les filins, ouvrant le feu avant même de mettre pied à terre. Merde, que se passait-il ?

Les rayons ricochaient, fissurant murs, tables et statues. Les étincelles illuminaient la salle à manger du Hutt sur laquelle tombait la pluie… et la police impériale.

- Faut pas rester ici, cria Lando, qui étouffait déjà (les Gamorréens étaient déjà en train de cracher leurs poumons). Ils vont transformer ta table en gruyère, si ça continue.
- T’as raison, répondit Konga. Rejoins l’ascenseur, je vous couvre, toi et ta copine.

Hein ? Konga acceptait de les couvrir, Lando et Nora ? Improbable.

- Ne te fous pas de ma gueule ! s’emporta Calrissian.
- Eh, j’suis dans votre camp, à présent, non ? Je sais pas ce que ces connards me veulent, mais ils ne l’emporteront pas au Paradis.
- Si je m’enfuis, tu me tireras dans le dos, je suppose ? sourit Lando en se baissant pour éviter un jet d’étincelles à quelques millimètres de ses cheveux.
- Je suis capab’ de respirer les pires gaz toxiques, se contenta de répondre Konga en rechargeant son blaster tout en ne cessait de tirer avec l’autre. Réservez-moi une place dans l’ascenseur…
- C’est toi qui vois. Nora !

Celle-ci commençait à tousser, elle aussi. Lando se leva, le doigt enfonçant la gâchette de son blaster, tandis que Konga, ses deux flingues aux mains, ne cessait de couvrir les Impériaux de rayons.

- Nora, fonce vers l’ascenseur, je te couvre ! hurla Lando.

Nora Reeze l’avait entendu, et elle courut à grandes enjambées vers leur porte de sortie. Des laser rouges la loupèrent de peu. Elle atteignit l’ascenseur… Les portes s’ouvrirent. Elle s’y réfugia, maintenant les portes ouvertes.

- Lando, c’est à toi ! lui cria-t-elle.
- Vas-y, lui intima Konga.

Lando ne se fit pas prier. Il courut à toute vitesse vers la cage d’ascenseur, crut que chaque pas qui le menait vers la sortie serait le dernier, ne sut comment il évita les tirs laser mais…

… se retrouva à l’abri. Enfin, si l’on pouvait appeler cette antiquité un abri.

- Konga, amène-toi, maintenant !

Et il réalisa que c’était illusoire. Le corps de Konga était par trop volumineux pour échapper aux tirs impériaux. A moins…

- Konga, merde ! gueula Lando.

A moins que Konga n’ait déjà pris d’autres dispositions… Le Hutt adressa un clin d’œil à Lando.

A ce moment précis, une explosion détonna, venant de la droite. La salle trembla de plus belle, des corps d’Impériaux volèrent un peu partout. Un autre « BANG !!!! » retentit dans les deux secondes qui suivirent. D’autres Impériaux furent balayés, poussèrent des hurlements de douleur.

Konga se leva à son tour et se traîna vers l’ascenseur, tandis que d’autres Gamorréens rappliquaient des cuisines et s’efforçaient de couvrir leur patron… Chacun se sacrifiait pour se prendre un rayon à la place de Konga. Le salaire de l’héroïsme. Ils préféraient encore succomber aux Impériaux qu’encourir la colère de leur boss.

- Tu avais dissimulé des explosifs et tu me laisses me barrer sans me prévenir, et sous le feu ennemi ? pesta Lando une fois que le Hutt eut atteint l’ascenseur.
- Voyons, c’est toi le héros, non ? maugréa Konga en refermant les portes derrière les deux derniers Gamorréens de sa garde perso.
- Les Impériaux attaquent partout, l’avertit Nora qui avait branché son comlink. Il semble qu’il s’agisse d’une offensive générale sur tout votre secteur…
- Saloperie ! jura Konga alors que l’ascenseur se mettait à descendre majestueusement. Tu vois, Lando, que la situation est carrément trop grave ? Nous voilà avec une baston sur les bras !
- Nous ? s’exclama Lando. Eh, j’ai une mission à accomplir, je n’ai pas le temps de…
- Ose me laisser tomber après ce que j’ai fait pour toi, dit Konga sur un ton lourd de menaces, et je te bouffe à mon quatre-heures.

Lando, ulcéré, leva les bras au ciel.

- OK, OK, OK… Bon, on arrive où ?
- A notre dépôt d’armes…

Ouverture de portes.

Bruit et fureur. La manufacture que Lando avait pu observer au début du présent chapitre avait été transformée en champ de bataille. Une paroi entière de l’usine s’était effondrée – et la chambre où avait dormi Lando également… Des navettes militaires impériales avaient atterri sur les terrasses alentours, déversant un flot de soldats et de bipodes blindés qui investissaient la caserne attitrée du Front de Libération de Konga tout en dispersant les foules de manifestants…

- Ces fils de pute vont me le payer, marmonna Konga.

Lando lut de la détermination froide dans les yeux du Hutt.
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