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Chapitre 10. Survie
 
Les drapeaux claquaient au vent. L’armée défilait au pas de l’oie autour du Palais impérial. De son auguste main, l’Empereur daignait adresser quelques généreux saluts à la foule qui se pressait pour l’acclamer. Un immense bûcher d’œuvres déviantes et d’artefacts jedi flambait sur la grand-place. Le soleil était à son zénith, l’Empire était à son zénith… Le soleil…

… lui illuminait le visage. Un œil s’ouvrit, cligna. Puis l’autre. Les yeux virent les arbres qui l’entouraient. Les yeux fouillèrent la zone. Des arbres, beaucoup d’arbres. Pas de Palais impérial. Pas de Stormtroopers. Rien que lui, Grodin Tierce, et les restes de son TIE.

Et un son, un bruit. Une cascade, environnée de rochers. Pas loin.

Encore sonné – son casque s’était littéralement coupé en deux –, Tierce s’empara de son matériel de survie et entreprit de s’extraire péniblement du cockpit, remerciant une fois de plus ses talents de pilote. Il avait réussi à reprendre le contrôle de son appareil à la dernière minute, et effectué un atterrissage en catastrophe dans un coin dégagé au sein d’une forêt qui s’annonçait aussi vaste qu’imperméable. Le choc avait été violent, et Tierce avait perdu connaissance. Combien de temps était-il resté inanimé, il l’ignorait. La migraine – atroce – demeurait.

Ses pieds touchèrent quelque chose d’humide. Un cours d’eau, pas profond, qui lui atteignait les mollets. Tierce constata avec plaisir qu’il était pratiquement indemne, hormis quelques contusions et cette damnée douleur au crâne. Il marcha d’un pas plus alerte vers les rochers, se retournant pour observer les dégâts du TIE. Il n’en restait effectivement pas grand chose. Ses ailes gisaient plus loin, tordues. Le cockpit avait bien tenu, quoique fumant de partout, criblé de trous divers et bien entaillé par endroits.

Tierce rejoignit la rive, se demandant comment il allait s’extraire de ce merdier. La forêt, l’immense forêt l’attendait. Des arbres qui paraissaient tenir le ciel, énormes, innombrables. Une jungle.

Ce fut alors que Tierce éprouva la sensation, cette sensation déplaisante d’être observé. Comme si tout un tas de gens le scrutaient, à l’abri de la forêt, prêts à saisir la moindre occasion qui se présentait pour lui sauter dessus et le cribler de coups de lames.

Pourtant, l’endroit était parfaitement calme. Féerique, même. Le doux clapotis de l’eau, avec en bruit de fond l’intensité de la cascade, invitait même au repos. Et Tierce, c’est vrai, était crevé. Si crevé…

Tierce porta la main à son blaster au moment où les formes bondirent du bois.





C’était de la folie, s’était dit Kneesaa. Wicket allait encore faire des siennes pour lui prouver ses qualités de guerrier. Les mecs étaient vraiment des crétins absolus. Depuis que Wicket était venue en aide à cette… humaine venue du ciel, cette Princessleia, il ne se sentait plus.

Ils étaient partis en expédition voici quatre heures, Wicket, elle et leurs deux meilleurs amis, Teebo et Latara. Bon, on se demandait bien ce qu’y avait pu attirer Latara ici, compte tenu de sa légendaire coquetterie qui faisait d’elle une reine de beauté plutôt qu’une guerrière. Enfin, si, il y avait une explication : Teebo était là. Un jour, il faudrait faire en sorte que leur histoire devienne plus poussée : ce serait encore à elle, Kneesaa, de jouer les entremetteuses. Ils étaient encore gamins, mais elle en connaissait un rayon, en matière d’hommes. Normal : c’était une princesse…

Pour faire bonne figure, le grand frère de Wicket, Weechee, s’était imposé comme leader de l’expédition. Bien sûr, les papas et les mamans n’étaient pas au courant – ils avaient déjà beaucoup à faire au camp, avec les amis humains. Wicket, lui, n’était pas débordant de joie – n’aimait pas trop agir sous la tutelle du frangin.

Et au hasard d’un chemin, en quête de nourriture, ils avaient entendu le bruit – un vacarme, en fait. Leurs petites pattes avaient galopé jusqu’aux lieux du sinistre. Et ils avaient pu voir les restes de ce rocher fumant tombé du ciel gisant dans la rivière, une longue traînée noire derrière lui.

Wicket avait lancé un regard significatif à Kneesaa. Un Dieu, encore ? Wicket bouillait littéralement sur place, pressé d’aller voir ça de plus près. Mais son frangin lui avait intimé l’ordre de se tenir tranquille.

Un Dieu, encore. Un monstre tout de noir vêtu, mais avec une tête d’humain, était sorti du rocher et marchait vers…

… eux.

Aussi Wicket avait-il désobéi à son frère.

Et ils durent tous faire de même : se jeter sur l’humain en noir pour le capturer. Ca pouvait faire un bon repas.





La peluche brune lui avait agrippé le visage. Tierce, déséquilibré, s’était renversé en arrière et s’écrasa dans l’eau. Il sentit des objets pointus lui lacérer le dos dans sa chute – de la roche ?

Tierce saisit la peluche par la bride et l’envoya voltiger au loin. Il chercha des yeux son blaster, l’aperçu juste devant lui mais n’eut pas le temps de le ramasser. Les autres étaient déjà sur lui.

Petits, très petits. Couverts de poils. Armés de lances et de sagaies. Mignons. Sans doute de la race Ewok. Avec l’autre, ils étaient cinq contre un. Faisable.

Quatre d’entre eux étaient autour de lui, pointant des lances à son endroit. Ils brûlaient visiblement du désir de l’embrocher…

Tierce, le visage en sang, put jauger ses adversaires. Il remarqua que celui à la peau claire avait l’air plus fragile que les autres. Une femelle ?

Sans hésiter, il s’attaqua à elle, sa main empoignant sa lance juste au dessous de la lame, assez fermement pour lui arracher l’arme…





… des pattes. Latara en fut un moment stupéfaite. Kneesaa se demanda s’ils avaient eu une bonne idée en l’embarquant avec eux.

L’homme en noir se débarrassa de Teebo d’un coup de pied en pleine face, puis fit tournoyer sa lance vers Weechee. Kneesaa allait intervenir quand…





… Tierce sut que le quatrième allait lui taillader le dos, et lui asséna un violent coup de bâton qu’il n’eut pas le temps de parer.

Le plus grand d’entre eux, jusque là, avait été dans l’incapacité de réagir, tétanisé. Tierce s’amusait à faire tournoyer sa lance – un peu petite, mais la lame paraissait solide. Brutalement, le bâton fendit l’air, plongeant sur…





… Weechee, qui sut le repousser. Le choc avait été violent, et Kneesaa, qui se remettait difficilement du coup que lui avait porté l’homme en noir, crut un instant qu’il allait perdre l’équilibre. Mais il resta debout, l’effort déformant son visage.

L’homme en noir se dégagea, décrivit un arc de cercle latéral avec sa lance, que Weechee, on ne sait trop comment, parvint là encore à parer.





La Force est avec lui, sourit Tierce. Un Ewok jedi ! Pourquoi pas, après tout ? Le Garde impérial fit tournoyer de plus en plus vite sa lance, à la manière d’une hélice destinée à broyer la moindre attaque.

L’Ewok attendait l’assaut. Il n’eut pas à attendre longtemps. Et cette fois…





… il ne put repousser l’agresseur. Un sifflement sourd, et un jet de sang éclata de sa gorge. Weechee s’effondra d’un bloc. Sans bruit. Sans un mot.

Pendant un bref instant, l’on n’entendit rien d’autre que le clapotis de l’eau et l’écoulement de la cascade, non loin.

Et puis un cri, qui glaça le sang de Kneesaa.

C’était Wicket.





Tierce le reconnut. C’était le lutin qui lui avait sauté à la gueule, le premier. Il lui fonçait dessus en hurlant, machette au poing. Le Garde impérial en aurait éclaté de rire. Ce minable n’avait pas la moindre chance…

Tierce évita avec une facilité déconcertante le petit Ewok, façon matador. Il était derrière lui, à présent. Quelques secondes… Son bâton s’abattit violemment sur…





… sa nuque…

Ce fut au tour de Kneesaa de pousser un cri. Son cœur avait explosé.

L’homme laissa là le corps sans vie du jeune Ewok. Il se dirigeait à présent vers l’objet sombre qu’il avait perdu lorsque Wicket lui avait sauté dessus.

Kneesaa se mit à ramper jusqu’à Wicket…





Il se pencha pour ramasser son blaster. Et ressentit une violente douleur à la tempe – fulgurante. Tierce manqua de perdre connaissance, sentit un liquide chaud lui maculer les cheveux, le visage… Passa sa main là où il avait été touché. La regarda. Elle était pleine de sang.

L’une des boules de poils avait réussi à jouer de la fronde et lui avait projeté une pierre en pleine tête, et il n’avait rien vu venir.

Il renonça à s’emparer du blaster. Face à d’aussi pitoyables adversaires, il préférait s’en sortir seul. Sa lance avait su lui rendre service : il décida de proroger le contrat d’utilisation.

L’Ewok avait déjà rechargé sa fronde – Tierce le visa soigneusement, et son bras droit s’abattit lourdement vers l’avant.





La lance transperça Teebo de part en part. Ce dernier tituba, poussa un râle et se vautra par terre, se tordant de douleur pendant quelques secondes, avant de succomber.

L’homme en noir fut devant Latara qui, depuis la perte de sa lance, n’avait pas bougé – raidie par la terreur. L’ombre de l’homme en noir la submergeait, à présent. Deux mains s’emparèrent d’elle.

Alors qu’elle se rapprochait de Wicket, Kneesaa put entendre le bruit que faisait le cou de sa meilleure amie en se rompant.





Tierce lâcha le cadavre désarticulé de l’Ewok et récupéra son blaster. Il restait encore une de ces bestioles, agenouillée sur le corps de son ami, le petit inconscient qui le premier s’était attaqué à lui. L’Ewok, secoué de légers tremblements, produisait des sons qu’il assimila à des pleurs, s’agrippait au cadavre.





Il ne bougerait plus, il ne se lèverait plus, il ne la regarderait plus, il ne parlerait plus, il ne sourirait plus, il ne commettrait plus ses bêtises, il ne la taquinerait plus, il ne s’amuserait plus à lui faire peur, il ne lui raconterait plus d’histoires pour la consoler, il… ce… ce n’était plus qu’un corps vide, à jamais privé de vie.

Le visage de Kneesaa était baigné de larmes. Ses petits doigts serrèrent de plus belle la fourrure brune de Wicket. Son cœur était lacéré par la douleur insupportable de la perte d’un être cher.

L’ombre de l’homme en noir se profilait dans son dos.





La scène était pathétique. Cette espèce d’ourson sanglotant sur le cadavre d’un autre ourson. Tierce était sur eux, désormais. Le blaster se pointa sur la tête du dernier Ewok.





Kneesaa l’avait entendu venir. Mais plus rien n’avait d’importance, à présent. Plus rien…

Le laser lui déchira le crâne comme du papier.





Tierce rangea son arme et reprit sa route. Il lui fallait trouver de la nourriture – mais il ne devait surtout pas rester ici. Les Rebelles devaient encore pulluler dans les régions… Une question le hantait déjà.

Comment allait-il quitter cette saloperie de lune forestière ?









* * *










- Nos troupes sont à pied d’œuvre au sein des trente districts planétaires, déclara le haut-gradé impérial via l’holocommunication.
- Excellent, général, répondit le Grand Amiral Takel. Le règlement définitif de la question Naboo débutera sur mon ordre direct.
- A vos ordres.

L’hologramme s’éteignit. Le Grand Amiral Takel se rassit sur son siège de commandement du destroyer interstellaire Epouvante. Sa flotte de combat comprenait cinq autres destroyers Imperator rameutés d’un peu partout.

Au delà de la baie vitrée se dessinait la silhouette bleuâtre de Naboo, parsemée de tâches blanches de grandeur variable. Oui, même de l’espace, cette planète était belle. Et lui, Takel, Grand Amiral de la Flotte impériale, allait définitivement anéantir cette beauté. Il finirait le travail que Vador avait entamé des années plus tôt.

- S’en prendre aux Gungans risque de poser des difficultés, Excellence, avait objecté le général commandant le corps expéditionnaire la veille, lors d’une réunion préparatoire. Il s’agit d’un peuple aquatique, réfugié dans des cités sous-marines.
- Laissez la Flotte s’occuper de cela, lui avait assuré Takel, non sans certaine condescendance.

Oui, la Flotte saurait s’en charger…

Les batteries laser des six destroyers étaient en effet, à la minute présente, pointés vers une cible, la ville lacustre sous-marine des Gungans, Otoh Gunga. Les boucliers adverses n’étaient pas assez puissants pour contrer le tir qu’allait leur décocher Takel. L’endroit serait pulvérisé en quelques secondes. Et ce premier holocauste serait filmé sous tous les angles, avant d’être envoyé à la Propagande, qui saurait en faire bon usage.

Le capitaine de l’Epouvante le rejoignit, se planta au garde-à-vous.

- Excellence, les batteries attendent vos instructions !

Le rythme cardiaque de Takel n’avait pas varié d’un iota depuis le début de cette… « campagne ». Pendant un bref instant, son visage demeura imperturbable, fermé.

- Combien d’habitants comprend la ville d’Otoh Gunga ? demanda-t-il tout à coup.

Le capitaine, quelque peu décontenancé, ne répondit pas immédiatement, cherchant dans ses datacartes, dans ses souvenirs.

- Environ quatre millions.

Takel connaissait déjà la réponse. Et il ne ressentit aucune émotion particulière lorsqu’il donna l’ordre d’ouvrir le feu.
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