StarWars-Universe.com utilise des cookies pour faciliter votre navigation sur le site, et à des fins de publicité, statistiques, et boutons sociaux. En poursuivant votre navigation sur SWU, vous acceptez l'utilisation des cookies ou technologies similaires. Pour plus d’informations, cliquez ici.  
Chapitre 23. Echappée
 
Les cieux d’Endor s’assombrirent au fur et à mesure que leur navette gagnait l’atmosphère, puis l’espace. Et bientôt, ce ne fut plus que la nuit perpétuelle du cosmos peuplée de ses lueurs d’étoiles scintillantes.

Et un dreadnought rebelle.

- Il nous tire dessus, murmura Guzmann, à bout de forces.

Tierce programma le vol hyperspatial pour Annaj. Il s’agissait d’agir vite – et bien. Soudain, un choc terrible ébranla la navette, certains circuits grillèrent. Oui, vraiment très vite…





Le capitaine du dreadnought Starshyna, un humain dirigeant un équipage consistant en un melting pot de nombreuses espèces opposées à l’Empire, vit la navette Lambda de loin, par l’un des hublots de la passerelle de commandement. Il venait d’apprendre l’évasion de ces salopards d’Impériaux et désirait ardemment les coffrer.

Même s’il devait leur reconnaître un sacré cran pour avoir effectué cet exploit.

- Commandant, nous allons attirer leur navette dans notre rayon tracteur, assura son second, un Calamari. Bientôt, ils seront à nous.
- D’après nos hommes, en bas, ces types leur ont causé pas mal de dégâts, expliqua le capitaine. Il nous faut ce vaisseau.

Le second salua, tourna les talons et partit donner des ordres en ce sens.





Nouveau coup de semonce. La navette tangua de manière inquiétante. Un autre éclair bleuté explosa non loin.

- Qu’est-ce que tu… attends… pour passer… en… hyperespace ? s’impatienta Guzmann.
- La navette est encore dans le champ de gravité d’Endor, répondit brutalement Tierce. Je programme les coordonnées d’Annaj.
- Annaj ?
- Là où s’est regroupée la Flotte.

Glacial, Tierce attendait que l’ordinateur de bord lui confirmât la sortie imminente de l’orbite d’Endor… Un « bip » furieux et répété lui indiqua que ses boucliers déflecteurs allaient bientôt rendre l’âme.

Le vaisseau ennemi se rapprochait dangereusement.





- Nous le tenons bientôt, Commandant. Il sera à notre portée dans une dizaine de secondes.
- Parfait. Préparez les cellules du quartier pénitentiaire, pour un interrogatoire.

10… 9…. 8…





- Allez, allez, allez… grogna Tierce, exaspéré.

Il avait pris les commandes, s’efforçant d’éviter les tirs laser du dreadnought.

- Ils auraient pu nous détruire depuis bien plus longtemps, remarqua Tierce.
- Ils… veulent… nous… capturer…





… 7… 6…





- Bon sang, ça traîne…

A chaque nouveau choc, même mineur, il croyait que leur faisceau tracteur les avait saisis.





5…





- Ca y est ! exulta Tierce.

L’ordinateur lui avait affiché l’info si ardemment souhaitée.

- J’amorce la procédure…




4…

Le capitaine croisa les bras. Pourquoi n’étaient-ils pas encore passés en hyperespace ?





- Mets… la… gomme…

Tierce ne se fit pas prier. Il enfonça la manette, paré pour…





3…





… le saut hyperspatial…

Une énième secousse – cette fois plus légère – chatouilla la navette. Tierce attacha solidement sa ceinture, avait déjà attaché celle de Guzmann…





2…

L’équipe de la passerelle en avait vu d’autres, mais un silence total s’était fait – en attente de la suite…

Un sourire imperceptible s’afficha sur le visage du capitaine. Une seconde et la navette serait prise dans le faisceau tracteur. Une seconde et…



… L’espace sembla se fondre une sublime aurore luminescente…

- C’est parti ! dit Tierce, un sourire sardonique zébrant son visage buriné.

… et ils plongèrent dans l’hyperespace…





La navette ennemie avait disparu en un éclair. Il ne restait rien d’autre que le vide cosmique à l’endroit précis où elle avait amorcé son vol hyperspatial.

Le capitaine demeura pensif quelques instants, fixant le lieu exact d’où avaient pu s’enfuir ces sacrés petits génies. Son adjoint calamari soupira bruyamment.

- C’est extrêmement regrettable, déclara finalement le capitaine.
- Nous avons joué de malchance, Commandant, estima le Calamari.
- C’est bien possible. Inscrivez sur le registre de bord qu’une navette impériale de type Lambda s’est échappée d’Endor avec un nombre indéterminé de passagers à son bord. Cette navette a plongé dans l’hyperespace avant que nous n’ayons eu le temps d’intervenir.
- A vos ordres.

Le capitaine contempla une dernière fois l’immensité intersidérale, haussa les épaules et émit un petit rire, très bref. Même si ces gars là étaient des Impériaux, il devait leur concéder ça : ils étaient plutôt gonflés. Probablement se feraient-ils abattre par leurs propres collègues. Chaque base spatiale impériale, paraît-il, était en proie à des mutineries, quand elles n’avaient pas fait sécession.

- Commandant, un message du Haut-Commandement…

Le capitaine se dirigea vers la console, lut en même temps que le technicien qui lui avait annoncé la nouvelle. Une fois qu’il eut fini, il hocha la tête et fit appeler son adjoint calamari.

- Le Haut-Commandement prévoit un regroupement de certaines unités en vue d’une opération imminente.
- Une grosse opération, Commandant ?
- Ca m’en a tout l’air.

Un parfum d’excitation s’exhalait du Calamari.

- Nous quittons Endor, conclut le capitaine. Mettez le cap sur Sullust, selon le vecteur 101-4 H.

Le Calamari s’exécuta. La procédure hyperspatiale allait être lancée.

Un regroupement en vue d’une opération… Une autre bataille, donc ? Si ça pouvait être vrai…





Les lueurs bleutées et blanchâtres, innombrables, défilaient sous leurs yeux, superbe nuée cosmique qui, même après des années de navigation intersidérale, ne laissait jamais indifférent.

- C’est… beau… murmura Guzmann.
- Quoi ?
- Les étoiles… L’hyperespace…

Tierce n’en revenait pas. Un Garde impérial aussi expérimenté que Guzmann ne se laissait d’ordinaire pas aller à de telles confidences… D’ordinaire…

Guzmann, assis sur le siège du copilote, le visage luisant de sueur et plus blême que jamais, les yeux rougis par cette mystérieuse infection, le regarda, qui fit frissonner Tierce. Son regard n’était pas celui du tueur qu’il avait toujours été, d’une loyauté absolue à l’Empereur. Son regard était…

… nostalgique…

… nostalgique ?

- Nous avons accompli tant de missions… poursuivit Guzmann rêveusement. Nous avons accompagné l’Empereur partout où il allait. Nous avons… vu tant de choses… Des constellations… des planètes aussi différentes les unes des autres… Nous… avons vu la galaxie… Nous avons fait… la galaxie…

Tierce ne le quittait pas des yeux, en proie à une émotion qu’il ne pouvait définir ni expliquer. Guzmann allait mourir, tous les deux le savaient. Ce n’était plus qu’une question de minutes… Mais le plus étrange n’était pas là. Le plus étrange était que Guzmann énonçât de telles considérations… métaphysiques.

Guzmann ne toussait plus. Et son visage ravagé semblait avoir atteint cette sérénité que d’aucuns cherchaient toute leur vie sans même ne serait-ce que l’effleurer.

- Ne t’es tu… jamais… posé des questions, Tierce ? Sur… notre rôle ? Sur… l’Empereur ? Pourquoi nous lui obéissions ?

Tierce fronça les sourcils, lèvres serrées.

- Ce type de question n’a pas lieu d’être… répondit-il au bout de quelques secondes. Je vais activer les médic de la navette…

Chaque navette Lambda comprenait deux droïds médic destinés aux interventions rapides, avec le matériel médical correspondant. Il avait pu remarquer que les Rebelles n’y avaient pas touché.

La main de Guzmann agrippa le poignet de Tierce. La force de la poignée surprit ce dernier.

- N’en fais… rien… articula Guzmann. Je n’en ai plus pour très longtemps… Occupe toi des coordonnées du vol hyperspatial…

Tierce, sans trop savoir pourquoi, y consentit. Le tableau de commandes lui indiqua que dans quinze minutes, ils seraient à destination.

- Comment… as-tu su ? demanda tout à coup Guzmann.
- Pardon ?
- Le mot de passe, à la base rebelle. Comment l’as-tu connu ?
- J’ai bluffé, déclara Tierce en souriant. J’ai eu de la chance. Ces Rebelles souffrent d’un manque total d’imagination, alors j’ai tenté le coup.
- T’as payé… le scénariste, n’est-ce pas ?
- Bon sang, rigola Tierce, tu es plus atteint que je ne croyais !

Il devina une ombre de sourire chez Guzmann. C’était tout ce qu’il pouvait faire…

Mais Tierce n’en avait pas fini avec lui. Il était temps de lui poser la question. Cette question à laquelle lui et Joric avaient toujours refusé de répondre. Alors, une fois de plus, et il savait qu’il n’aurait pas d’autre occasion de le faire, il se lança :

- Que faisais-tu sur Endor ?

Guzmann s’enfonça dans le siège. Se mit à tousser.

- Je n’ai… en principe… pas le droit de te le dire… On te l’a… répété, non ?
- Vous me l’avez suffisamment répété, oui. Mais il me faut une réponse. Il faut que je fasse payer celui ou celle qui vous a fait ça.
- La… vengeance… hein ? Tierce… Il n’y a rien de plus… inutile… que la vengeance… Il n’y a que la vie… et la mort… Tu comprendras… un jour… lorsque tu seras… dans le même état que… moi…
- La vengeance fait partie de nos vies, répliqua Tierce. Parle, maintenant…

Guzmann se tut.

Puis ses lèvres s’entrouvrirent. Et des mots s’échappèrent de sa bouche…

- … Nous… étions cinq… et avions été… détachés… de la Garde impériale… Comme toi… C’était avant… que l’Empereur… ne rejoigne l’Etoile noire…
- Pour quel genre de mission ?
- On… nous avait d’abord dit que… nous serions envoyés… sur… Tatooine…
- Tatooine ?

Une planète des sables, l’un des pires coins de la galaxie. Tierce avait entendu dire que le Jedi Skywalker avait grandi à Tatooine… Etait-ce en rapport avec lui ?

- … Ce n’était… qu’un paravent… En réalité… un officier supérieur… des services de renseignements… pour lesquels… nous devions agir… est venu nous voir… nous révéler la vraie nature de… notre mission…
- La mission, donc ?

Guzmann haletait, sa poitrine se soulevant à des intermittences de plus en plus brèves…

- … Nous devions former un… commando de… cinq hommes… pour Endor… Nous devions… Nous devions…
- Vous deviez quoi ?
- … détruire le générateur principal du bouclier de l’Etoile noire, basé sur Endor…

Les mots se rassemblèrent dans la tête de Tierce, ils se rassemblèrent, mais il ne leur attribua aucune signification logique particulière. En fait, il ne comprit pas cette révélation.

- C’est grotesque, dit-il.

Tierce en était presque furieux. Comment Guzmann pouvait-il trouver le moyen de plaisanter, au seuil de la mort ? Et plaisanter… sur ça ?

- … les ordres… étaient pourtant clairs… Nous devions… détruire le générateur de bouclier… dans l’hypothèse où les Rebelles n’y parviendraient pas… Nous… devions agir… dès que nous aurions appris le déclenchement de l’offensive ennemie… Nous avons attendu que les Rebelles… se fassent arrêter par les forces de sécurité… Nous allions intervenir quand les… Ewoks sont venus à leur secours… Les Rebelles ont fait tout… le travail… à notre place…
- Tais-toi… Tais-toi…

Tierce était comme sonné. Ainsi, un commando d’élite constitué de Gardes impériaux avait été envoyé sur Endor afin de couper le bouclier déflecteur de l’Etoile noire ? En somme, ce commando aurait suppléé à l’inefficacité des Rebelles ?

- Pourquoi ? murmura Tierce. Pourquoi ?
- Les ordres étaient clairs… Je… ahhh… On nous a dit que tel était le plan de l’Empereur. Que notre intervention faisait partie du piège qu’il tendait aux Rebelles… Qu’en réalité un autre générateur existait…
- Et vous y avez cru ?

Parce que lui, Tierce, n’y croyait pas… Pas du tout. L’Empereur était-il assez fou pour organiser un plan aussi tordu ? Impossible.

- Pourquoi… n’aurions-nous pas cru à des instructions venues des autorités supérieures ?
- Qui vous a donné l’ordre ? QUI ?
- C’est un colonel, Wetzel, qui nous a transmis ces instructions.

Wetzel… Il avait accompagné Tierce sur Magagran. Il s’était confectionné un alibi en béton, du coup. Ses mobiles, par contre, étaient obscurs. Qu’est-ce que Wetzel pouvait bien faire là dedans ?

Il y avait autre chose. Wetzel n’était qu’un colonel. Il n’avait pas le pouvoir de donner des ordres à une unité détachée de la Garde impériale. Non, ça venait de plus haut, de bien plus haut.

- A qui obéissait Wetzel ?

Guzmann se tordit de douleur – soudainement, sans explication… Il ne toussait plus, mais le liquide biliaire sortait quand même de sa bouche, maculé de sang noir… Son corps fut secoué de spasmes violents…

- A qui obéissait Wetzel ? beugla Tierce en s’efforçant de le maîtriser. A qui obéissait-il ?

Le corps de Guzmann avait cessé de lui appartenir. Ce n’était plus qu’une décharge électrique balayant un sac d’os et de chair. Il y eut des cris, des secousses, des vomissements, encore des cris…

- A qui obéissait Wetzel ?

Tierce s’était penché sur lui. Guzmann, le visage déchiré par mille souffrances, le corps implosé, proféra…

… un son…

… Un son…

… Un son qui pétrifia Tierce…

… Guzmann s’arc-bouta vers l’avant, comme jamais, le visage congestionné, les yeux démesurément écarquillés, prêts à bondir des orbites…

… des cris…

… Guzmann retomba sur son siège…

Et puis plus rien.

Les paupières de Guzmann se fermèrent. Pour l’éternité.

Tierce resta là, anéanti par le choc, à le contempler. Combien de temps ? Cela n’avait plus aucune importance. L’important était ailleurs. Dans ce que Guzmann lui avait dit. Et dans ce qu’il avait essayé de lui dire.

Anéanti, oui, le terme était juste. Ce n’était pas la mort de Guzmann qui l’avait plongé dans cet état de choc, non. Des camarades, il en avait déjà perdu, bien nombreux, trop nombreux.

Non, ce n’était pas cela…

Pas cela du tout.

Tierce, sans un mot, souleva Guzmann du siège. Le sortit du cockpit. Le déposa sur un lit de bord. L’attacha solidement. Puis revint au cockpit, nettoya soigneusement les traces de sang, de bile et de crasse laissées par Guzmann. Consulta le fichier de vol. Ils arriveraient… il arriverait à Annaj dans cinq minutes.

Tierce s’assit sur le siège du pilote. Et attendit. Ressassant toutes ses pensées. Et tout ce que Guzmann venait de lui révéler.

L’opération leur avait été présentée comme ordonnée par l’Empereur… Quelle mascarade ! Et les Gardes impériaux avaient été suffisamment abrutis par l’endoctrinement pour tomber dans le panneau ! L’Ancienne République et ses Jedi indépendants avaient peut-être du bon, en fin de compte… Tierce chassa cette pensée obscène de son esprit.

Oui, bien sûr, il connaissait le piège que l’Empereur avait tendu à l’Alliance rebelle. Mais ce piège ne prévoyait certainement pas de détruire le générateur d’Endor, bien au contraire. L’Empereur était un génie, et non pas ce fou mégalomane tel que le représentaient les caricatures rebelles. Il avait été le plus grand leader de l’Histoire, et non pas ce paranoïaque suicidaire.

Ou alors, quelque chose lui avait échappé ? Mais quoi ?

Quelqu’un avait envoyé un commando sur Endor pour permettre aux Rebelles de détruire l’Etoile noire, celle-ci n’étant plus protégée par le champ d’énergie. Quelqu’un qui avait tenu à effacer les traces, en prenant les soldats les plus loyaux que l’Empire connût, et en leur injectant une espèce de virus qui les empêcherait à tout jamais de parler tout en faisant passer ça pour l’habituelle mort naturelle. Quelqu’un de suffisamment haut-placé au sein du Gouvernement impérial pour se servir de Wetzel en vue de réquisitionner des Gardes impériaux et de leur tenir un baratin qui les amenât à le croire sur parole.

Une fois qu’il serait à Annaj, il repartirait pour Coruscant. Et là-bas, il contacterait le général Kutchann.

A présent, et plus que jamais, il s’agirait d’être prudent. Par delà la rage qu’il éprouvait quant à ces nouvelles informations relatives à la mort de l’Empereur, il devait réfléchir vite, et bien. Car quelque chose lui disait que ce qu’il venait d’apprendre n’était rien en comparaison de ce que lui réservait l’avenir.

Mais il savait cette fois ce qu’il avait à faire. Il avait encore un dernier devoir à accomplir pour l’Empereur.

Il trouverait ce traître, tout haut placé qu’il fût. Puis il l’exécuterait, personnellement.
<< Page précédente
Page suivante >>