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Chapitre 7 : Accueil Chaleureux
 
Alera s'était endormie dans la petite chambre de l'aile gauche. Edo s'était connecté aux chargeurs installés par Marvic dans le cockpit, et s'était mis en veille. Kano, lui, veillait dans la chambre de droite. Par respect pour feu Marvic Sanaka, aucun des deux humains ne s'était permis d'occuper celle du milieu, plus confortable, où le vieil homme avait vécu pendant des années. Kano ne s’était pas encore remis du choc de la mort de son vieil ami. La fuite l’avait distrait un moment, mais à présent le calme de l’hyperespace faisait ressurgir la triste vérité : Marvic était mort à sa place.
Kano était assis sur sa couchette et réfléchissait. Il restait intrigué par la sensation éprouvée à l'approche du stardestroyer et de la mystérieuse sensation qui en émanait, qui l'avait particulièrement bouleversé. Il n'avait pas eu le temps de mieux comprendre ce qui était arrivé, mais savait que cela avait un certain rapport avec la Force, il aurait été prêt à le parier.
Le bourdonnement des moteurs d'hyperdrive dominait les coursives du vaisseau, et était si monotone que Kano se sentit bercé. Il n'avait pas la moindre idée du système dans lequel émergerait l'Arc de Cristal à sa sortie de l'hyperespace. Alera, dans le feu de l'action, avait commandé à l'ordinateur de vol une trajectoire qui ne croiserait pas de planètes ou d'astéroïdes, mais sans donner de destination précise. L'arrivée serait une surprise.

Le jeune homme décrocha son sabre laser de sa ceinture et le contempla pensivement. Il ne savait toujours pas si ce nom gravé en basic était le sien, mais il s'était habitué à le porter. Par contre, sa nature de Jedi ne faisait plus le moindre doute, l'altercation avec les chasseurs de primes avait été plus que convaincante. Kano sentait qu'il se rapprochait d'un contact avec la Force qu'il possédait déjà dans le passé. Une sorte de communion avec cette entité mystique, qui guidait l'univers et entourait chaque être vivant. Il était résolu à tenter de contacter un Maître Jedi pour essayer d'y voir plus clair. Celui-ci pourrait certainement l'aider à analyser ses sensations, et lui ferait redécouvrir l'usage de la Force.
Kano avait entendu parler des méditations Jedi, et se sentait capable de se lancer dans l'expérience. Il s'installa en tailleur sur sa couchette et ferma les yeux. Il fit abstraction des éléments qui l'entouraient, et parvint même à oublier le bruit des moteurs, ainsi que les images des derniers instants de la vie de Marvic Sanaka. Enfin, il appela la Force. Celle-ci l'entoura avec une surprenante rapidité, enveloppant son corps comme son âme.
Il n'avait pas la moindre idée de ce qu'il recherchait dans cette méditation. Mais il pressentait que la réponse viendrait d'elle-même. Quand son esprit se mit à divaguer et à voir des images insignifiantes, il ne s'en inquiéta pas. Petit à petit, ses idées devinrent de plus en plus claires. Les images tordues, les sons insignifiants, prirent peu à peu un sens dans son esprit.
Il vit une planète, qu'il ne put identifier. Le paysage s'étendait, monotone, sur des centaines de kilomètres. Une immensité désertique, rocheuse, triste à mourir. La couleur dominante était rouge ocre, et Kano parut sentir les vents brûlants de la planète qui faisaient claquer les pans de sa tunique. Finalement, il constata qu'il s'agissait d'une planète rocher plutôt que d'une planète désert. Partout, à perte de vue, des rochers, des gravats, du sable. De la désolation.
Il distingua un canyon, s'y engouffra, et remarqua enfin des traces de civilisation. Une forteresse imposante, taillée dans le roc noir. Celle-ci avait un air sinistre, avec deux tours moyennes encadrant une centrale gigantesque et des murs en pierre noire impeccablement polie. Le tout était assez effrayant et semblait dominer tyranniquement un petit village situé en contrebas, comme écrasé par l'édifice, qui masquait même une grande partie du peu de lumière qui parvenait au fond du canyon. Un petit fleuve serpentait au milieu des habitations délabrées.

Kano sortit soudainement de sa transe. Il se retrouva sur sa couchette. La méditation s'était arrêtée d'elle-même. Peut-être avait-il vu ce qu'il devait voir. Pour lui, ces images étaient loin de n'avoir aucun sens. Kano savait pertinemment qu'il venait de découvrir la première étape de sa quête. Une quête d'un passé, d'une identité. D'une vie.

– Ca va ?
Il n'avait même pas vu Alera arriver. Son repos lui avait redonné sa bonne mine si charmante. Sans demander l'autorisation, elle s'assit sur la couchette de Kano. Celui-ci baissa les yeux et marmonna :
– Je suis désolé, Alera. Désolé.
La jeune femme parut choquée.
– De quoi ? Tu m'as sortie de Tabal, comme tu me l'avais promis. J’ai toujours eu confiance en toi.
– Marvic. Il est mort par ma faute. Sans moi, les chasseurs de primes ne l'auraient jamais rencontré. C'est moi qui aurais dû mourir. Au lieu de ça, j'ai fui avec son vaisseau et son droïd. Et avec sa fille.
Kano releva tristement la tête et regarda Alera en face.
– Kano … Je crois que si Marvic est mort et pas toi, c'est parce qu'il le voulait. Mais je voudrais savoir … m'as-tu tout dit sur toi ?
– Il n'y a rien à dire. Je ne sais rien. Je ne suis rien.
Alera le fixa avec compassion.
– Tu le sauras. Je t'y aiderai. J'aimerais juste savoir ce que mon père t'a dit. Avant de mourir.
– Il parlait de toi. D'Edo. Et de son vaisseau. Il veut que je m'en occupe. Des trois …
– Occupe-toi d'abord de toi. Tu as assez de soucis seul… Et c’est moi qui vais m’occuper de toi...
La jeune femme prit une main de Kano dans les siennes, et ce contact chaud et rassurant le fit frémir. Il ne sut quelle attitude adopter, coincé dans une situation où le moindre geste pourrait donner l'impression qu'il profitait de la situation. Mais les yeux profonds d'Alera le sortirent de ses pensées pour le laisser se faire entraîner par ses sentiments. Il laissa glisser la paume de sa main libre sur la joue douce d'Alera, qui ferma les yeux et se laissa attirer vers Kano.
Mais que faisait-il ? Marvic venait de mourir, et tous deux étaient là, tout proches l'un de l'autre. Puis Kano se rappela… Rends Alera heureuse. Elle le mérite. Ces quelques mots suffirent à le convaincre. Ses doigts glissèrent dans les cheveux bruns fins d'Alera, et il la pressa légèrement et tendrement contre lui. Elle se laissa aller, mais pas trop. Enfin, elle releva son visage aux yeux fermés, et approcha lentement ses lèvres de celles de Kano. Alors que leurs lèvres respectives s'effleuraient, un bruit les fit sursauter.
– Et honnêtement, retentit une voix trop familière, je pense que vous inversez les rôles. C'est moi qui dois m'occuper de vous, pas l'inverse ! Les humains sont si… superficiels !
Les deux jeunes gens se regardèrent en souriant, plutôt gênés. Edo 27 avait toujours sa façon personnelle d'apprécier les choses. Et malgré tout, il ajoutait un peu de bonne humeur dans cette atmosphère morbide. Marvic l’aurait voulu ainsi, il n’aurait pas voulu voir sa fille et son ami se morfondre alors qu’ils avaient enfin quitté Tabal.
– Ceci dit, je trouve que nous formons une belle équipe. Vous êtes tous deux des assistants efficaces, pour des humains bien sûr, persifla le droïd. C'était une belle bataille. Qu'est-ce qu'on leur a mis ! Dommage que Monsieur Marvic n'ait pas vu ça…
Le droïd fit demi-tour, et Kano crut le voir les épaules affaissées, en signe de tristesse. Avec un droïd comme Edo, tout était possible. Même la tristesse. Un instant, Kano imagina le petit robot allant se cacher dans les coursives du vaisseau pour pleurer son maître défunt, vidant la première bouteille d’alcool venue pour noyer son chagrin. Mais le droïd en mourrait de honte, imbu de lui-même comme il l'était !
Alera semblait ressentir la même chose. Dès qu'Edo quitta la pièce, elle se laissa aller et pleura dans les bras de Kano, laissant s’évacuer la pression de la bataille. En quelques heures, sa vie avait entièrement basculé. Son père était mort, elle avait quitté sa planète pour se retrouver avec un inconnu dans un univers inconnu. Elle méritait tellement mieux qu'une vie d'aventurier avec un homme perdu qui n'en valait pas la peine.
– Tu sais Kano, j’en veux un peu à mon père de n’avoir jamais rien fait pour me sortir de Tabal, pleurnicha-t-elle. Mais je réalise qu’il l’a fait pour mon bien. J’ai vu ce que ces ordures de chasseurs de primes lui ont fait. Il était encore assez jeune quand il s’est posé pour la première fois sur cette maudite planète, après la mort de Maman. Ils étaient tombés en pleine révolte sur la planète natale de Papa, et Maman est morte sous ses yeux. Je l’ai très peu connue, je ne me souviens même pas d’elle. Puis il s’est retrouvé coincé sur Tabal quand ils ont commencé le blocus. Je sais qu’il avait l’intention de partir. Apparemment, je suis née juste avant que ma mère ne meure. Mon père a perdu toute conviction, et il a passé sa vie à bricoler son vaisseau, sans espoir. Et moi, je t’ai attendu pendant des années, Kano.
Le jeune homme réfléchissait à ce qu’il pourrait bien répondre, quand ses pensées furent interrompues. Soudain, les moteurs d'hyperdrive s'étaient tus, et la décélération fut perceptible.

Kano se redressa et essuya les joues d'Alera.
– Nous sommes sortis de l'hyperespace. Allons voir où nous avons débarqué, murmura-t-il.
Ils rejoignirent le cockpit et contemplèrent la vue qui s'offrait à eux. Une immense planète emplissait leur champ de vision. Une planète bleue, uniquement bleue. Tout l'inverse de la vision de Kano. La console bipa pour indiquer l'identification de la planète.
– Mon Calamari, annonça Edo. On a de la chance. On est tombés sur une des planètes les plus fidèles à la Nouvelle République.

Mon Calamari avait activement soutenu la Rébellion, en particulier les calamariens qui y vivaient. L'autre espèce, les quarrens, avait été plus réservée. A présent, des personnes célèbres pouvaient revendiquer leurs origines de la planète océan. Des personnes comme l'Amiral Ackbar, héros de la Rébellion, ou la guérisseuse Jedi Cilghal. La planète avait souvent été la cible de l'Empire, attaquée par les Dévastateurs de Monde du clone de l'Empereur, puis l'année d'après par les destroyers de l'Amirale Daala.
La planète était une importante base de la Nouvelle République, dans la Bordure Extérieure, et Kano ne fut pas surpris de détecter quelques croiseurs calamariens en orbite haute. Ces vaisseaux étaient les plus puissants de toute la flotte républicaine, et Kano admira leur forme oblongue parfaitement blanche. Il se dépêcha de leur transmettre un signal de détresse, avec un message.
– Ici l'Arc de Cristal. Nous avons fui la planète Tabal à la suite d'une attaque impériale. Nous requérons le soutien de la Nouvelle République.
Un instant plus tard, la voix rocailleuse d'un calamarien sortit de l'intercom.
– Ici croiseur Home One. Autorisation d'aborder accordée.

Quelques minutes plus tard, Alera et Kano descendirent la rampe d'accès de l'Arc de Cristal, contents de trouver un vaisseau plus vaste où se dégourdir les jambes. Edo avait préféré rester à bord, pour remettre le vaisseau en état après leur combat. Un rayon tracteur avait guidé l'Arc jusqu'à un vaste hangar, réservé aux appareils civils. Une délégation composée d'un lieutenant calamarien et de deux soldats les accueillirent, tandis que deux mécaniciens proposaient leur aide à Edo.
– Bienvenue à bord du Home One, capitaine Kano. Ce vaisseau servit de QG à l'Amiral Ackbar lors de la Bataille d'Endor, et je suis heureux de vous accueillir à bord de ce navire historique et légendaire. A présent, je vous propose de rencontrer notre capitaine.

Les deux jeunes gens suivirent leurs hôtes le long des coursives de l'imposant bâtiment de guerre. Enfin, ils gagnèrent un vaste bureau, où un officier en uniforme blanc les attendait. Il consultait un datapad, et s'empressa de l'éteindre à l'arrivée des deux voyageurs. Cette attitude surprit un peu Kano, mais il se rassura. Les calamariens étaient loyaux et droits. Ces extraterrestres aquatiques, avec une tête de poisson, avaient de gros yeux globuleux et une peau saumon, et étaient reconnus pour leur génie tactique.
– Bienvenue, capitaine Kano. Et vous êtes ?
– Alera Sanaka, répondit l'intéressée.
– Je suis le capitaine Asmera, de Mon Calamari. La Nouvelle République serait heureuse de vous soutenir, si bien sûr vous voulez me raconter vos problèmes.
Kano prit la parole avant Alera. Celle-ci comprit vite que Kano ne voulait pas que certaines choses soient dites. Elle s'abstint donc de tout commentaire, laissant le Jedi gérer la situation.
– Nous venons de la planète Tabal, sur laquelle l'Empire exerce un blocus. Nous avons réussi à le forcer, mais d'autres prisonniers y restent séquestrés. Et il y a de fortes chances pour que les rebelles impériaux soient à nos trousses.
– Vous voulez dire que l’Empire a violé le Traité de Paix ? demanda le calamarien, sceptique. Pellaeon n’aurait jamais permis ça !
– En fait, nos agresseurs devaient être des dissidents du Traité. Un certain Moff Danika fait la loi sur Tabal, envers et contre tous les principes du Traité.
– Ce que vous dites est inquiétant, maugréa le capitaine. Encore un nouveau groupe de rebelles, à moins que ce ne soit le groupe qui se fait appeler les Survivants. Je dois en informer Pellaeon. Merci pour cette information, capitaine Kano.
– Il y a autre chose, ajouta le jeune Jedi. Même si Tabal est une planète négligeable, il se trouve qu’elle a le renfort d’un destroyer stellaire.
Asmera écarquilla ses gros yeux.
– Vous en êtes sûr ?
– Absolument. Les données étaient concluantes. Et l’appareil était bien armé et abritait des chasseurs Tie tout à fait opérationnels, bien que je doute que le destroyer transporte sa capacité maximale de chasseurs.
– Alors certains Moffs ont encore de vraies ressources, murmura Asmera. Pellaeon va faire du grabuge, croyez-moi.
– Je voudrais ajouter encore une chose, dit Kano prudemment. Mais je ne puis totalement affirmer ceci.
– Allez-y, fit le calamarien, soucieux.
– A son bord, j’ai détecté la présence d’un ou plusieurs Jedi Sombres.
Asmera le dévisagea un bon moment, et Kano vit qu'il essayait de cacher le fait qu'il consultait encore son datapad. Et la Force lança un appel d'alarme dans l'esprit du jeune Jedi.
– Ca, je le savais déjà.

Le capitaine Asmera se leva brusquement et appela ses gardes.
– Veuillez neutraliser cet homme.
Puis il s'adressa à Kano, le menaçant de sa grosse main palmée.
– Il faut avoir un sacré culot pour se pointer à bord de ce vaisseau et jouer les victimes. Mais cette fois, la course est finie.
Une demi-douzaine de gardes républicains, en majorité des calamariens, s'étaient positionnés devant le capitaine, et Kano vit que le même nombre l'attendait à la porte de sortie. Puis ils ouvrirent le feu. Les rayons paralysants fusèrent dans un sifflement strident, mais Kano avait déjà brandi son sabre et parait les tirs. Il était encerclé. Il regarda au-dessus de lui et aperçut une grille qui donnait sur les conduits d'aération. A ses côtés, Alera avait du mal à suivre le cours des événements. Kano savait bien que les soldats ne tarderaient pas à l’immobiliser, voire à le tuer. Il allait avoir à se servir de toutes les ressources offertes par la Force pour s’en sortir. Entraîner la jeune femme dans ses acrobaties ne servirait qu’à une chose : la faire tuer également.
Alera était inoffensive (du moins en apparence), et les soldats ne lui feraient pas de mal. Le jeune Jedi adressa un regard désespéré et désolé à sa compagne, apparemment déboussolée. Mais le regard qu’elle lui rendit était compréhensif : Kano devait partir, comme ils avaient dû partir tous les deux après la mort de Marvic. Elle lui fit comprendre implicitement qu’elle se débrouillerait le temps que les choses s’arrangent. Kano ne perdit pas une seconde de plus. Il invoqua la Force pour sauter, et défonça la grille d'un coup de sabre. Son autre main lui servit à s'accrocher au rebord, et la Force l'aida à se hisser dans les conduits, à l'abri. Il pouvait s'y tenir accroupi et progressa le plus vite possible dans l'étroit conduit.
– Ce type est dangereux, cria le capitaine. Il ne doit pas quitter le vaisseau vivant. Quand à cette femme, sa complice, emmenez-la dans une cellule.

Mû par la Force, Kano se déplaçait à toute vitesse. En un rien de temps, il avait atteint les conduits d'aération qui surplombaient le hangar. Tout en courant, il essayait de se justifier d’avoir laissé Alera en arrière : malgré toute la bonne volonté du monde, elle n’aurait jamais réussi à le suivre. Il sauta à terre, apparemment seul. Il courut vers le poste de contrôle, où un ingénieur lisait un magazine érotique calamarien, le fameux « Calamaboy ». Il surgit derrière lui. Or il ne voulait pas tuer le moindre soldat de la Nouvelle République. Il parla de la façon la plus aimable possible.
– Excusez-moi, je souhaiterais décoller. Je suis très pressé.
Le calamarien aux commandes ne devait pas encore être au courant de l'alerte.
– Bien sûr, quel est votre vaisseau …
Il fut interrompu par l'alarme stridente sur sa console. Il leva son visage couleur saumon, dirigea ses gros yeux soupçonneux vers Kano et porta la main à sa ceinture. Kano se décida à tenter un coup de poker. Il lança la Force dans l'esprit de l'individu, faisant ployer sa volonté. Une technique délicate, que les Jedi répugnaient à utiliser. Le contrôle des individus était la tentation principale des adeptes du Côté Sombre… Il alla trouver la zone sensible de l’esprit du non-humain, et en prit le contrôle. Le calamarien était à présent prêt à mourir pour Kano, même si la maîtrise approximative des pouvoirs du Jedi rendait la connexion instable. Kano se sentait mal. Décidément, cette technique n’était pas recommandée. Mais le il n’avait pas le temps de faire des états d’âme.
L'effet fut immédiat. Le calamarien devint docile, et Kano lui parla en le fixant dans les yeux.
– L'Arc de Cristal est autorisé à décoller.
– L'Arc de Cristal est autorisé à décoller, répéta le calamarien.
– Tout est en ordre. Bon voyage.
– Tout est en ordre. Bon voyage.

Kano se précipita vers son vaisseau. Le Home One n'était pas habitué aux combats intérieurs, et les gardes n'avaient même pas encore saisi son vaisseau. L'ingénieur avait tapé les codes d'accès dès que Kano avait quitté son poste.
L'Arc de Cristal, toujours aussi flamboyant, reposait sur ses trains d'atterrissage. Visiblement, des techniciens avaient effectué une révision de routine et l'avait approvisionné, mais Edo travaillait encore sur le toit.
– Descends de là, tas de conserve, on s'en va !
– Mais monsieur je-sais-tout, je n'ai pas fini ! Et je ne peux descendre sans la rampe spéciale ! Et veuillez, je vous prie, adopter un autre ton à mon égard !
Kano jura. Il n'avait pas le temps d'amener la rampe pour faire descendre le robot, et ses répulseurs ne lui permettaient pas d'assurer une telle chute. Il ne pouvait pas non plus le laisser ici. Brusquement, il se servit de la Force pour faire léviter le petit droïd jusqu'au sol.
– Monsieur Kano, je proteste ! Sachez que maître Marvic ne se serait jamais permis un tel comportement! C'est intolérable ! Vous autres, les êtres organiques, vous vous croyez vraiment tout permis !
– Ta gueule ! J’ai déjà dû laisser Alera, mais tu peux rester aussi si tu veux ! Ils te feront nettoyer tout le navire !
Kano laissa tomber Edo sur le sol, sans grand soin, et le droïd brailla quand le bruit métallique de la chute se fit entendre, ses répulseurs ne parvenant pas amortir le choc à temps. Il utilisa le langage binaire des machines ; selon toutes probabilités, il insultait copieusement le Jedi, les sons qu’il émettait sonnant de manière particulièrement grossière. Sans l'écouter, Kano gravit la rampe d'accès, et se retourna une dernière fois, conscient qu’il trahissait son serment en abandonnant Alera. Il tenta de se rassurer en se disant que la Nouvelle République n’avait rien contre elle (contre lui non plus d’ailleurs...) et qu’ils ne lui feraient pas de mal. Il savait que la jeune femme le préférerait libre de faire la lumière sur son passé plutôt que retenu prisonnier sans savoir ce qu’on lui reprochait. Cependant, la sensation était étrange, comme s’il n’allait jamais la revoir. Tout va s’arranger, Alera, se dit-il, je viendrai te chercher et on sera enfin libres de se dire ce qu’on a à dire. Je suis si désolé... Il se rendait à peine compte de l’importance que prenait la jeune femme dans sa vie. Il rattraperait le temps perdu.
Il se laissa tomber dans le siège du pilote. Edo le suivait, en continuant à râler. Le vaisseau était encore chaud, et le décollage fut immédiat. Le technicien avait bien désactivé le rayon tracteur, et l'Arc fila hors de portée du Home One dont les armements n'étaient pas adaptés et pas prêts à chasser ce genre de petites cibles. Les lasers n'étaient pas en charge (le Home One se trouvait tout de même en plein milieu de son secteur, en sécurité), et le vaisseau vétéran de la Bataille d'Endor fut impuissant.
Quand l'escadron d'A-Wings jaillit du flanc du vaisseau, l'Arc de Cristal était déjà loin. Après quelques secondes, Kano effectua un micro-saut en hyperespace et sema ses poursuivants.

Edo était resté un moment silencieux, et semblait bouder. Il se décida enfin à parler.
– Je déplore vos habitudes de fuites intempestives. C'est très désagréable. Ce n’est pas bon pour mes circuits. J’ai besoin de calme, moi...
Pour toute réponse, Kano laissa éclater son désespoir, sa fureur, se leva brusquement, et flanqua un vigoureux coup de pied dans une console de l'Arc de Cristal.
– Et merde ! jura-t-il.
Edo soupira. Un droïd ne se serait jamais permis telle familiarité.
– Alera, murmura-t-il. Je l'ai abandonnée. D'abord Marvic, puis Alera. Je suis maudit…
Edo comprit enfin que quelque chose n'allait pas. Kano lui narra la réaction soudaine du capitaine calamarien, sa fuite et l'abandon d'Alera. Edo fut surpris de l'agressivité de la Nouvelle République.
Le plus inquiétant, c'était qu'ils lui en voulaient à lui, mais pourquoi ? A peine avait-il fui les impériaux et les chasseurs de primes que même la Nouvelle République lui tombait sur le poil. Il n'avait pas la moindre idée de ce qu'il avait pu faire pour énerver de la sorte l'un et l'autre des camps.
– Monsieur, sachez que moi je vous reste fidèle. Après tout, je suis programmé pour, dit le droïd pour essayer de réconforter l'humain qui se tenait à côté de lui. Avant sa mort Marvic Sanaka m'a ajouté une ligne de programme. S'il lui arrivait quelque chose, je devais vous obéir autant qu'à lui et à sa fille. Malgré votre comportement… déplorable, je suis ravi de servir un Chevalier Jedi. Je condamne vivement la réaction du capitaine Asmera, alors que vous lui apportiez des informations capitales. Les êtres organiques ne connaissent-ils pas la gratitude ? Et je regrette que nous ayons eu à laisser Maîtresse Alera, mais je pense qu’elle sera bien traitée. Mes collègues droïds de la Nouvelle République sont des gens bien élevés.

Kano ne dit rien, mais fixa le droïd en souriant. Edo lui serait certainement utile. Puis il lui parla de sa vision, estimant qu'il devait se rendre sur cette planète. Le seul moyen d’être utile pour Alera était de savoir pourquoi les républicains lui en voulaient, et il fallait pour cela que Kano se connaisse lui-même. Le droïd se tourna vers la console géographique, et entama une recherche avec son efficacité habituelle, guidé par Kano. Il tapa comme critères principaux de recherche les termes "désert", "faible démographie", "rouge". Le Jedi bénit la qualité de l'ordinateur de recherche de Marvic quand l'écran afficha seulement trois possibilités, après une courte période de réflexion. Chacune proposait une série d'images. Après une courte observation, Kano fit son choix, sans hésitation. Sa destination serait la Bordure Moyenne. Et la planète Litonia.
La galaxie connue se divisait en différents secteurs. Au centre, le Noyau Sombre était le repaire des impériaux, là d’où la plupart des insurrections impériales étaient parties. Longtemps, la Nouvelle République en avait su très peu sur ce secteur. Mais depuis la Paix avec l’Amiral Pellaeon, celui-ci avait fait du secteur un lieu fréquentable pour quiconque, et certains marchands étaient ravis de pouvoir commercer en toute liberté avec des mondes impériaux. Bien sûr, les indépendantistes perturbaient un peu l’ordre... Autour, se trouvait le Noyau, avec la capitale Coruscant, puis venait la Bordure Intérieure, très développée, ainsi que la région des Colonies. Ensuite, les mondes de la Bordure Moyenne étaient plus isolés. Ceux de la Bordure Extérieure étaient carrément perdus pour la plupart (comme Tabal). Enfin, la Frange délimitait les territoires connus. La frontière était lentement repoussée au cours des siècles. Au-delà, il y avait les Territoires Inconnus. Les rares explorations dans ce secteur mystérieux avaient été des échecs. Une rumeur prétendait que jadis, le Grand Amiral Thrawn avait été remarqué par l’Empereur pour son génie tactique. Sa race, les Chiss, était inconnue, et Thrawn avait été exilé de son monde. L’Empereur Palpatine l’avait recruté et depuis, il avait exploré une partie des Territoires Inconnus. Des rapports faisait état d’une menace potentielle, et d’informations recueillies par Thrawn pour la contrer. Mais Thrawn avait été assassiné par son garde du corps noghri quinze ans auparavant, emportant ses secrets dans la tombe.

Edo entra les coordonnées de la planète et passa en hyperespace peu après. Les étoiles autour de l'Arc de Cristal se transformèrent en traits lumineux qui vinrent s'écraser sur la coque pressurisée de l'appareil. Les deux passagers furent plaqués sur leurs sièges par la formidable accélération, alors que l'espace environnant était remplacé par les tempêtes ioniques de l'hyperespace, et le vaisseau atteignit sa vitesse maximale, traversant les années-lumière qui le séparaient de sa destination. Selon Edo, le voyage durerait quelques heures tout au plus. Le droïd semblait sensible à la détresse de l'humain, et faisait son possible pour l'aider. Kano décida de se reposer un peu, confiant la gestion du vaisseau à Edo. Il sentait que son escale sur Litonia n'aurait rien à voir avec un décontractant séjour touristique.
La perte de ses deux amis et la culpabilité empêchaient Kano de dormir. Il fit involontairement appel à une technique Jedi classique pour s'endormir, et ne tarda pas à sombrer dans un profond sommeil.

Un petit signal d'alarme déclenché par Edo réveilla le Jedi, qui utilisa à nouveau la Force pour ne pas avoir à subir les désagréments d'un réveil trop brutal. Le vaisseau était sorti de l'hyperespace, et Kano se débarbouilla avant de passer dans le cockpit. La vision était assez surnaturelle. Litonia était aussi rouge ocre que Mon Calamari était bleue. Pas la moindre trace d'océans ou de forêts. Rien que de la rocaille.
– Sympa comme coin pour passer ses vacances, fit Edo. Je peux vous demander ce qu'on vient faire là ? Qu'est-ce que vous venez y chercher ?
– Je te le dirai quand je l'aurai trouvé. Je te laisse te charger de l'entrée dans l'atmosphère.
– Bien monsieur Kano. Où est-ce qu'on se pose ?
– Aucune idée. Règle les senseurs de l'Arc pour repérer des formes de vie. J'ai bien l'impression que Litonia n'est pas ce qu'il y a de plus populaire …
En effet, Kano ne discerna pas la moindre trace de civilisation sur la surface de la planète. Ses capacités de Jedi n'étaient pas suffisantes pour qu'il parvienne à sonder la planète et à y détecter d'éventuelles formes de vie. Il laissa ce soin aux radars de l'Arc de Cristal.
Edo manœuvrait le vaisseau, qui fut sévèrement secoué à son entrée dans l'atmosphère de Litonia. Des vents chauds violents sévissaient sur les étendues rocailleuses et désertiques, et le droïd fit de son mieux pour conserver la trajectoire de l'Arc au cœur des tempêtes de graviers. On sentait qu’il craignait pour la peinture de l’Arc de Cristal.

Finalement, il parvint à conserver un équilibre, et commença à arpenter la planète Litonia, à une centaine de mètres du sol. A côté de lui, son maître paraissait attentif au moindre détail. Edo voulut l'aider, mais le comportement des Jedi était parfois si déroutant… Surtout celui-ci. A la réflexion, Edo fut d’accord avec la remarque de Marvic. Edo était déjà en service pendant la Guerre des Clones, bien que moins évolué, et avait eu l’occasion de servir le Chevalier Jedi avec lequel Marvic avait fait équipe pendant la Guerre.
Puis Palpatine était arrivé au pouvoir, le Jedi avait été massacré comme les autres et Marvic avait été enrôlé de force dans les troupes de l’Ordre Nouveau de l’Empereur. Il avait subi un lavage de cerveau destiné à en faire une machine à tuer, mais cela avait été un échec. Le lieutenant Sanaka avait fui l’Armée, s’était caché sous un nom d’emprunt avant de rencontrer sa femme, dont Edo se souvenait avec nostalgie. Une maîtresse si gentille... Qui avait été tuée injustement après l’arrivée d’Alera dans leur vie. Du moins, c'était la version que Marvic avait racontée à sa fille. Edo était l'une des rares personnes à connaître la sombre vérité…
Le temps avait passé, et Marvic avait entrepris un petit commerce et avait repris son vrai nom. Le marchand et le droïd étaient sur Tabal pour affaires quand le blocus avait été mis en place.. Marvic s’était résigné à son sort, passant son temps à bricoler son vaisseau ou Edo, entre autres. Le droïd se souvenait encore d’avoir donné le biberon à Maîtresse Alera...
Finalement, il trouvait à son tour que le jeune Kano avait une certaine ressemblance avec le Jedi disparu depuis des lustres, c’était assez amusant. Mais Edo chassa ces « pensées » pour se concentrer sur son travail de recherche.
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