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Chapitre 19 : Au Cœur de la Forteresse
 
– Qu'est-ce qu'on fait en attendant ? Du tourisme ?
– Mon frère est né et a grandi ici. Il y a la même forteresse noire que chez moi, sur Litonia. Cet édifice doit cacher bien des choses… Et on va savoir quoi. J'espère aussi que Tolfa a pu quitter le Survivant en un seul morceau.

– Vous plaisantez j’espère, Moff Danika ?
L’homme déglutit avec peine. C’était la première fois qu’il voyait le fameux Maître depuis son accident. Il constatait que les rumeurs concernant son état physique extraordinaire étaient fondées. Il connaissait aussi sa cruauté, et savait que les nouvelles qu’il apportait étaient tout sauf plaisantes.
– Je ne me permettrais pas Seigneur. Kano et Pa’aja ont quitté Aztilar hier, après avoir eu une altercation avec des chasseurs de primes.
– Votre incompétence est légendaire Danika. Vous laissez entrer n’importe quelle racaille sur Aztilar et vous laissez partir nos deux cibles. J’hésite quant à la manière dont je vais vous exécuter. Vous avez des suggestions ? Une préférence ? Ne me demandez pas une mort indolore, c’est absolument hors de question.
Le Moff trembla. Il avait appris que l’Amiral Zosskan avait été massacré peu avant, et son tour venait. Le Maître n’était pas du genre comique.
– Oh et puis j’en ai assez de perdre mes officiers, fit le Maître au travers de son synthétiseur vocal. Je vous laisse une chance. Mais vous n’aurez plus l’occasion d’échouer. Je vais prendre les choses en main. Faites venir mes experts. Où qu’ils soient dans la galaxie, je les veux ici dans moins de deux jours. Et je veux que le matériel soit prêt pour mon arrivée. Je déteste ces expériences ratées, mais il va vraiment falloir que je m’en mêle.
Surpris d’avoir survécu, Danika osa donner les autres mauvaises nouvelles.
– Mon Seigneur, il y a autre chose…
– Vous forcez votre chance, Danika. Mais j’apprécie que vous osiez avouer.
De toute évidence, le Jedi Noir avait saisi les pensées du Moff. Il parla à sa place.
– Un lieutenant du Survivant a pris la fuite en volant une navette du Survivant, n’est-ce pas ? Il y a fort à parier qu’il s’agissait d’un espion à la solde de Pellaeon. Il sera en mesure de donner la localisation du Survivant, il est certainement venu pour ça.
– Effectivement mon Maître. Il a dû transmettre les informations concernant les planètes sous notre contrôle, et le Nouvel Empire va frapper.
– Connaît-il l’existence d’Aztilar ?
– J’en doute Monsieur.
– Bien. Tout va se dérouler comme je le prévois. A présent disparaissez de ma vue. En vitesse.

Alera n’avait pas de nouvelles de Teydo Pa’aja depuis un moment. D’abord Edo et Kano, puis Teydo… Soudain, la voix du gand résonna dans son comlink.
– Une visite, mademoiselle Sanaka. Et ce n’est pas n’importe qui, vous pouvez me croire !
Un instant plus tard, la jeune femme ouvrait la porte à son visiteur, pour tomber nez à nez avec une femme de grande classe. Avoisinant la quarantaine, elle gardait une beauté royale. Ses longs cheveux bruns descendaient jusqu’à son bassin, et il émanait d’elle la noblesse, la grâce et l’intelligence. Alera lui sourit, se sentant immédiatement en confiance.
– Bonjour. Que puis-je faire pour vous ?
– Je suis Leia Organa Solo, Conseillère de la Nouvelle République. Vous devez être Alera Sanaka, je présume.
Coincée depuis son enfance sur Tabal, Alera n’avait jamais entendu parler de cette personne. L’ambassadrice de la Nouvelle République, fille de Darth Vader et héroïne de la Rébellion, mariée à Han Solo et mère de trois enfants Jedi, était une inconnue à ses yeux. Mais la jeune femme comprit vite que son interlocutrice était quelqu’un d’important.
– Je suis venue vous parler de Kano. Et m’assurer que vous alliez bien.
– Je vous remercie. Qu’avez-vous à m’apprendre ?
– Pas grand chose je le crains. Mais j’estime que les preuves en sa faveur sont concluantes. Nous venons de recevoir un message d’un espion, qui nous assure de son innocence.
Leia expliqua alors toute l’histoire à Alera, tous les détails de la mission de Kano. Elle raconta comment le témoignage de Tolet Tolfa avait été déterminant.
Un peu perdue, Alera dut s’asseoir pour faire le vide dans ses idées. Kano était innocent, mais il s’était jeté la tête la première dans la gueule de ses adversaires.
– Et il va bien ?
– Je l’ignore. Nous n’avons pas de nouvelles, mais je pense que tout est en ordre. Si je suis venue, c’est pour vous prévenir. Certaines personnes ne partagent pas mes certitudes concernant l’innocence de votre ami. Quand il réapparaîtra, il sera encore soupçonné. Je voulais vous préparer à subir ce qui va lui arriver. Il faudra du temps avant que tout soit oublié. J’espère que tout ira bien.
Les deux femmes restèrent un moment à discuter, et Leia promit à Alera de la tenir régulièrement au courant de l’évolution des évènements. Elle assura que, malgré les accusations, elle pourrait voir Kano s’il revenait. Elle confirma son soutien. Quand elle partit à bord du cargo corellien YT-1300 déglingué qui l’attendait à l’extérieur, Alera sentit une nouvelle fois qu’elle n’était pas la seule à croire en Kano, et cela renforça sa détermination. Elle reprit confiance en son avenir avec l’homme qu’elle aimait.

Deux silhouettes progressaient furtivement dans les couloirs obscurs et déserts de l’immense forteresse. Un grappin leur avait permis de grimper dans la tour centrale, et les deux intrus se laissaient guider par la Force pour pouvoir se repérer.
Teydo Pa’aja avançait en tête, suivi de près par Kano. Ils ignoraient ce qu’ils cherchaient. Des informations en particulier. Leur premier objectif était la bibliothèque, et ils empruntèrent discrètement le corridor menant à l’immense salle. Leurs pouvoirs de Jedi leur permettaient de se jouer des systèmes antiques de sécurité, et ils avançaient sans trop d’encombres.
Peu après, alors qu’ils venaient juste de neutraliser en douceur deux gardes légèrement assoupis, ils atteignirent la bibliothèque. Le passe dérobé à une de leurs victimes leur permit d’entrer sans problèmes.
La grande pièce comportait de nombreuses fenêtres, qui laissaient passer la lumière pâle émise par le noyau artificiel d’Aztilar, tournant à bas régime pour simuler une nuit. Les costumes moulants noirs récupérés à bord de l’Arc de Cristal avant son départ par les deux Jedi se fondaient dans ce paysage, composé d’immenses étagères remplies de manuscrits poussiéreux et de datacartes en piteux état.
Il fallut peu de temps au deux hommes pour se rendre compte qu’ils ne trouveraient que des livres de propagande pour l’Empire ou des ouvrages glorifiant Palpatine ou un de ses hommes. Aucune information substantielle sur Kano, son frère, ou leur père.

Ils parcoururent courageusement un grand nombre de volumes. Trois heures plus tard, Teydo s’était endormi en lisant un texte racontant un massacre d’ewoks lors d’une expédition punitive sur Endor, alors que Kano cherchait toujours. Il avait la certitude qu’il pourrait trouver quelque chose sur ses parents ou ceux de son frère, malgré les apparences. Il devait bien y avoir quelque chose…
Teydo se réveilla quand Kano, blafard, lui tapa l’épaule. Il comprit que Kano avait trouvé quelque chose de déroutant. Il tendit la main pour s’emparer du livre que tendait Kano. Il lut le titre : « Cœur de Glace ». Ce surnom avait été celui d’Ysanne Isard, chef des renseignements impériaux, une femme froide et dure qui avait péri au terme d’une lutte impitoyable contre l’Escadron Rogue. Teydo Pa’aja ne voyait pas l’utilité de cet ouvrage. Encore de la propagande pour un des bouchers de l’Empire.
Puis Kano lui montra une photo holo vieillie. On y voyait Isard, peu avant sa mort il y avait 17 ans. Elle se tenait droite sur un siège, un gamin de trois ou quatre ans sur les genoux. Kano se décida à parler.
– Je te montrerai l’holo que j’ai récupéré chez moi, sur Litonia, où je suis avec ma mère. C’est exactement le même gamin.
Teydo appela la Force pour mieux se réveiller.
– Tu veux dire que c’est toi ?
– Impossible, j’étais sur Litonia, c’est prouvé. C’est mon frère.
– Alors vous êtes bien jumeaux…
– Encore impossible. Lis ça.
Teydo entama la lecture du petit texte.
Peu avant son assassinat par l’Escadron Rogue, la grande Isard avait pris en charge l’Héritier de l’Empire. Kahn, promis au destin de devenir Darth Kahn, celui qui allait relever l’Empire.
Malheureusement, la perfidie de la Rébellion ôta à cet enfant la chance de grandir avec Isard comme modèle. L’enfant fut élevé par l’esclave qui l’avait mis au monde, le jour de la Bataille d’Endor.

Kano reprit le livre et le jeta avec mépris.
– Tout ça ne tient pas debout. Ce type est né le même jour que moi sur une autre planète, d’une autre mère esclave elle aussi, mais nous avons la même tronche. Je n’y comprends plus rien.
– Peut-être que vous vous ressembliez étant bébé, et que ça a changé ? avança Teydo.
– J’en sais rien. Apparemment la présence d’Isard a rejailli sur mon frère. Et il a mal tourné.
– Kano, je pense à un truc. On se disait que ce Kahn n’avait pas pu commettre des crimes à ta place, vu qu’il était dans son caisson.
– Oui, et alors ? demanda Kano.
– Imagine une seconde que Tolet Tolfa se soit trompé. Que tu aies réellement un jumeau en bon état quelque part, qui agit sous les ordres du Maître, qui a fait de l’intox et qui lui n’est pas ton frère. Qui voulait juste ton corps. Tu saisis ? Le Maître et ton frère seraient deux types différents.
– Possible, acquiesça Kano. Mais même si ce jumeau, ce Kahn, existe bel et bien, ça reste louche. Il ne peut pas être mon jumeau, on n’a pas la même mère. Cette histoire me met mal à l’aise, la Force me fait ressentir une drôle de sensation… Il y a un coup fourré quelque part, une pièce manquante qui nous empêche de résoudre l’équation.
– Et qui est ton père ? Il y a de fortes chances pour que ce soit un Jedi, puisque tu en es un et ton frère aussi apparemment. Je doute que les deux esclaves qui vous ont donné naissance avaient le don. Le fait troublant est que vous soyez nés tous les deux le même jour à deux bouts de la galaxie. La coïncidence me semble énorme.
– Oui. Et c’est mon père la clé de ce mystère. On tourne en rond, Teydo. Mais j’ai une conclusion. Kahn et moi étions promis à être des Jedi Noirs. Je pense donc que mon père en était un lui-même. Et des Jedis Noirs, il n’y en a pas eu tant que ça juste avant la Bataille d’Endor. On connaît Vader et Palpatine. J’ai entendu parler d’un groupe mené par Jerec, et de Joruus C’baoth. Mais je suis persuadé qu’aucun d’entre eux n’est impliqué.

La navette d’escorte approcha du gigantesque complexe scientifique, en orbite dans le système Zhar. Le Maître était seul à bord, ses experts voyageaient dans un autre appareil. Malgré sa condition physique, il était parfaitement capable de piloter, avec l’aide de la Force qui manipulait le vaisseau sans même qu’il ait à toucher aux commandes.
Ses experts étaient arrivés à temps à sa station. Ils lui avaient assuré que tout serait prêt pour son arrivée, et il espérait (pour eux) que c’était bien le cas. Il n’avait pas de temps à perdre avec des soucis techniques. Kano agissait à son nez et à sa barbe (enfin, façon de parler, cela faisait quatre ans que le Maître n’avait plus à se raser), et il était temps de prendre les choses en main.
Cette solution ne lui plaisait pas beaucoup. Tant que le résultat n’était pas assuré à 100%, il considérait que c’était du temps perdu. Mais il devait agir, quels qu’en soient le coût et les risques.

– Cet endroit est déprimant, fit Teydo Pa’aja.
Il avait bien raison. Il se trouvait avec Kano dans la salle du trône de Palpatine. L’Empereur mégalomane disposait de ce genre d’appartements luxueux dans toutes ses résidences de la galaxie. A présent, Kano savait ce qui se trouvait dans la forteresse de Litonia avant sa destruction. Les villageois devaient exécrer cette salle, ornée de poignées de sabres laser ôtés aux cadavres des Jedi massacrés par Darth Vader pour le compte de l’Empereur. D’autres trophées d’un goût douteux étaient disposés dans la pièce qui était une des rares à être entretenue, servant de salle de musée pour les fanatiques d’Aztilar.
Avant de quitter la bibliothèque, Kano avait emmené le livre découvert. Cette image et celle de Kano avec sa mère Nicoma, une fois confrontées, pourraient prouver que Kano avait bien un frère ou un alter-ego quelque part.
Kano inspecta les sabres accrochés au mur. La plupart étaient des armes de grande classe, réalisées avec tout le cœur de leurs utilisateurs. Il regarda les noms des victimes correspondant aux sabres. Nailik Lize, Mech Sang’ku, et tant d’autres… Massacrés sans vergogne par les troupes de Palpatine et par son bras droit, le Seigneur de Sith Darth Vader.
Teydo, quant à lui, observait le trône. Plutôt sobre, taillé dans le roc noir, il comportait cependant un certain nombre de boutons de commande. Teydo en activa certains, en vain. Ils avaient été désactivés, probablement depuis belle lurette.
– Teydo…
– Ouais ?
– Je perçois quelque chose de spécial dans cette pièce. J’ignore ce que c’est. Ce n’est pas seulement la présence passée de l’Empereur.
Comme guidé par une force mystique, Kano s’approcha du trône et s’y assit. Puis, grâce à la Force, il fit pivoter le siège de 180 degrés, et se retrouva face au mur, orné d’un holo montrant un charnier avec des centaines de cadavres de wookies.
Kano avait vu juste, son intuition s’était révélée exacte. Une fois la rotation accomplie, un cliquetis de fit entendre, et l’holo pivota pour révéler un étroit couloir. Teydo, intrigué, s’apprêta à l’emprunter. Ce fut son tour d’avoir un pressentiment. En effet, à peine avait-il fait un pas que les murs du couloir laissaient apparaître des canons laser. Teydo recula, et un canon tira. Mais il s’arrêta soudainement en fumant, et Kano s’engagea.
– Kano, attention ! cria son ami.
– Ne t’inquiète pas. Ca fait 20 ans que personne n’est venu ici, et ces trucs ne fonctionnent pas. Soit les Imps n’ont jamais découvert ce passage, soit ils n’ont jamais osé s’y aventurer.

– La procédure peut commencer, Seigneur, tout est prêt et nous vous laissons agir. Mais je dois vous mettre en garde…
– Peu m’importent vos inquiétudes, rugit le Maître. Je sais ce que je fais. Je vous demande juste de m’obéir.
– Mais vous devez savoir…
– Que la formule est instable et temporaire, acheva le Maître, que c’est risqué, que je serai affaibli et que ça ne durera pas. Je connais le refrain. Contentez vous de tout mettre en place, et n’abusez pas de ma patience.

Cinq minutes plus tard, les deux Jedi constataient avec stupeur qu’une unité de clonage Spaarti complète se trouvait au cœur de cette forteresse. La Force permit à Teydo de sentir la détresse de son ami.
– Alors c’est donc ça… murmura-t-il. Voilà comment des crimes ont été commis à ma place. Ils ont osé me cloner…
Il semblait évident à Kano qu’on avait prélevé sa structure génétique lors de son emprisonnement, pour créer un double de lui-même et commettre ces assassinats en son nom, avec certainement le Maître aux commandes. Il fut soudain pris de nausée et chancela. Voilà ce que les habitants de Litonia s’étaient empressés de détruire.
Son ami le soutint prestement, et le rassura. Il fut surpris de l’état dans lequel Kano s’était soudain retrouvé. Comme si un troupeau de banthas en chaleur l’avait piétiné.
– Je crois que tu fais erreur mon vieux… Palpatine a dû se servir de ces trucs quand il était encore en vie. Mais ce matériel est fichu depuis longtemps, crois-moi, et ça se voit. Je viens d’inspecter l’ordinateur central. Le système général est en sale état, il n’y a rien de récupérable. Même quand Palpatine a réapparu il y a quatorze ans, il n’y avait plus rien à en tirer. Calme toi mon gars. Personne n’est en mesure de créer une fournée de petits Kano, la menace des clones a bel et bien disparu avec la mort de Thrawn.
Kano parvint lentement à se calmer, appelant la Force pour rétablir ses sens. Teydo avait raison, en fin de compte cela sautait aux yeux que ces cylindres Spaarti ne valaient plus un crédit. En fait, Kano avait voulu trouver une explication à cette histoire de crimes, pour se rassurer. Il fut soulagé de savoir que personne ne pouvait plus créer des légions de clones depuis que Lando Calrissian et Chewbacca avaient fait sauté le complexe du Mont Tantiss, que l’Amiral Thrawn avait récupéré.
– Viens Kano, on en a assez vu. Partons d’ici.

Le contrôleur aérien n’y comprit rien. L’Arbalète de Feu, le vaisseau qu’ils avaient tenté d’arrêter auparavant, venait de surgir en orbite et fonçait vers Aztilar. Personne ne réagit assez vite, et le vaisseau plongea à l’intérieur de la croûte terrestre de la planète.

– Voici notre turbo-taxi pour le retour, fit Teydo en manœuvrant l’appareil à distance.
Peu après, le vaisseau apparaissait au-dessus de la forteresse, prenant totalement de cours les défenses de la planète. La commande à distance n'était pas capable de traverser les immensités de l'hyperespace, mais Teydo avait programmé l'Arc pour qu'il revienne dans le système automatiquement, piloté par le droïd de bord intégré. Le vaisseau attendait donc depuis quelques heures, proche de la planète mais à l'abri des détecteurs impériaux. Pa'aja n'avait alors eu qu'à recontacter l'appareil pour le faire s'approcher.
– On va s’amuser un peu, fit le Jedi en déchaînant les lasers de l’Arc de Cristal, qui avait conservé ses faux codes d’identification.
Les lasers rouges labourèrent les flancs de la forteresse, détruisant les murs de l’édifice, creusant des sillons ardents dans la pierre noire.
– Et un Palpy sans abri ! s’exclama Teydo Pa’aja.
Les deux Jedi s’étaient mis à l’abri. Quand le terrain fut bien dégagé, ils sortirent et la rampe d’accès du vaisseau s’abaissa. Ils se précipitèrent à l’intérieur de l’Arc de Cristal, et Kano éprouva un certain réconfort en retrouvant l’intérieur de l’appareil. Heureusement, un service d’hygiène automatique avait débarrassé les corps des commandos impériaux pris au piège, les expulsant dans le vide de l'espace avant de vaporiser une substance nettoyante dans l'appareil.
Une certaine nostalgie s’empara de Kano. Les souvenirs de Marvic Sanaka, Edo 27… Mais il n’avait pas de temps à perdre, et il saisit les commandes pour amener l’engin loin de la forteresse en train de subir le même sort que celle de Litonia. L’absence de protection en avait fait une cible facile, et les quelques tirs de laser avaient eu vite fait d’occasionner de gros dégâts.
Un groupe d’Oiseaux de Proie approchait à toute vitesse, mais l’Arc de Cristal avait déjà rejoint une des sorties menant hors de la croûte terrestre d’Aztilar. Les défenses étaient désorganisées, n’ayant pas prévu que le vaisseau revienne. Teydo, dans la tourelle gauche, abattit un des ennemis, qui devint une boule incandescente et alla percuter un bureau de police impérial dans une spectaculaire explosion.
Malgré tous les efforts des impériaux, l’Arc de Cristal rejoignit vite un point de saut en hyperespace. Le combat ne dura pas longtemps, et le fuyard bondit, ses moteurs d’hyperpropulsion s’activèrent et il disparut hors du système, laissant les loyalistes avec leur échec.

Une nouvelle vie commençait pour le Maître, même si cet état n’allait pas durer bien longtemps. Enfin, il avait un corps. Certes, le problème restait le même et la Force Obscure allait dévorer cet hôte, poussant le Maître, un jour ou l’autre, à revenir dans son maudit caisson avant de réussir à rendre un nouvel hôte opérationnel. Ses ressources étaient faibles, bien qu’un bon nombre de scientifiques travaillent à le fournir et à améliorer les performances.
De toute façon, il allait pouvoir profiter un moment de sa liberté de mouvement. Entièrement nu, il explora ses nouvelles capacités. Il serra le poing en souriant, fit quelques pas avant d’aller s’habiller. Ses experts avaient préféré se retirer, lui laissant la jouissance de ce corps, provisoire mais si plaisant. Les possibilités qui s’offraient à lui lui parurent tellement immenses. Tout ce qu’il espérait, c’était que le temps qui lui était imparti serait suffisant pour régler le problème Kano et pour acquérir définitivement le corps de Teydo Pa’aja. Son nouvel état lui permettrait d’être plus efficace. La perte de son apprenti était une raison supplémentaire pour s’occuper lui-même des événements. Et de châtier ses ennemis.
Soudain, un officier se permit de le perturber en ce moment de célébration. Le Maître se força à se calmer. Il voulait que sa première victime soit un ennemi, pas un des siens. Et puis le soldat avait peut-être une bonne raison de risquer sa vie.
– Je vous prie de pardonner cette intrusion malvenue, fit l’homme. Mais nous avons des nouvelles de Kano.
Intéressé, le Maître tourna vers lui son nouveau visage, beau et propre.
– Il semblerait qu’il soit resté sur Aztilar ces derniers jours. Il s’est introduit dans la forteresse, l’a sérieusement endommagée et a pris la fuite. Il était accompagné par Pa’aja.
Le Maître voulut hurler. Ces maudits Jedi s’étaient payé sa tête, et cela, il ne pouvait le tolérer, en aucun cas. Kano voulait jouer au plus malin, mais ce serait sa dernière erreur. Il allait lui faire payer, et en même temps y prendre un sacré pied. Les choses s‘accéléraient.
– Il veut la guerre le petit Jedi… Il va l’avoir.
Il saisit le sabre laser que l’Empereur lui avait laissé, et l’activa. La lame noire mais lumineuse se mit en marche dans un bourdonnement lugubre et menaçant. L’arme avait un aspect effrayant, son apparence comme les sons qu’elle émettait représentaient la noirceur de son utilisateur. Il fit quelques moulinets avec un rictus. En cet instant, il se sentait redevenir Kahn, futur Seigneur de Sith et Héritier de l’Empire.

Le voyage jusqu’à Coruscant allait être assez long, et ce fut l’occasion pour les deux amis de se retrouver vraiment. Teydo expliqua certaines choses à Kano, comme par exemple que les Maîtres désiraient le voir et que certaines choses devaient encore être éclaircies. Il lui avoua que l’opinion générale n’était pas vraiment en sa faveur, et qu’il devrait agir au mieux pour arranger les choses. Si il montrait, par son comportement, qu’il était digne de foi, les choses se simplifieraient. Par contre, tout écart serait un désastre.
Puis vint la bonne nouvelle : Leia Organa Solo, ex-Présidente de la Nouvelle République et Conseillère respectée, avait obtenue une dérogation pour que Kano puisse faire un détour par Dantooine pour y récupérer Alera Sanaka avant de se livrer aux autorités de Coruscant. Teydo Pa’aja était responsable de la bonne marche des opérations.
Kano sentit son cœur battre à l’idée de revoir enfin sa belle Alera. Il n’avait pas encore pu la consoler pour la mort de Marvic, et allait devoir lui annoncer le sort d’Edo. Teydo lui avait dit qu’elle ignorait que le droïd avait été détruit, et avait été choqué d’apprendre que le responsable était Kyp Durron et qu’il ne lui en avait rien dit. Mais Kano allait pouvoir parler à la jeune femme, la réconforter. Et lui dire qu’il l’aimait de tout son cœur, depuis le début.

– Teydo, j’aimerais te demander un service, fit-il soudainement.
Les deux hommes étaient tranquillement assis dans le poste de pilotage de l’Arc de Cristal, savourant un cocktail hapien.
– Je t’en prie.
– Parle-moi de moi. De Maran Cahru. De nous.
– Qu’est-ce que tu veux savoir ?
– Je n’en sais rien. A mesure que je découvre mon passé, des éléments me reviennent. Si tu me parles de mon passé, ça devrait beaucoup m’aider.
Teydo réfléchit un moment avant de se lancer.
– On s’est rencontrés il y a trois ans, quand je suis arrivé à l’Académie. Tu avait déjà fini ta formation, mais tu restais beaucoup sur Yavin IV pour te perfectionner. On s’est vite bien entendu. Je te voyais un peu comme un petit frère, mais en même temps je crois que je te voyais comme… un modèle. Tu n’avais plus de famille depuis longtemps, mais tu étais si serein, plein de joie de vivre ! Tu étais presque un animateur Jedi. Moi qui avait tout perdu, je sombrais dans la mélancolie. Ton exemple et l’aide de Maître Kyp m’ont poussé à voir plus loin.
"Tu étais si… lumineux ! Non ne ris pas, tu m’impressionnais. Tu étais un gamin, mais tu inspirais le calme, la sagesse, la sérénité. L’influence de Maran Cahru devait y être pour quelque chose. Vous formiez une paire incroyable, jusqu’à cet incident."
Il marqua une pause. Kano le regarda, impatient.
– Personne ne sait ce qui s’est passé. Vous aviez une chambre commune dans un des temples massassis. Un jour, alors que vous séjourniez tous deux à l’Académie, on a entendu des bruits de lutte, et j’ai accouru. Il y avait des commandos impériaux partout, qui ont vite été abattus par des élèves Jedi. Mais j’ai compris que c’était une diversion.
"Je dois t’avouer une chose, Kano. C’est moi qui ai dit que tu étais l’assassin, je suis le seul à l’avoir vu, et je sais ce que j’ai vu. Tu… enfin le coupable a abattu sa lame sur un Maran Cahru qui s’est laissé faire. La scène avait quelque chose de surréaliste…"
"Le fait que Maran n’ait pas opposé de résistance et ta disparition consécutive ont favorisé la thèse de ta culpabilité. Il devait y avoir un vaisseau dans la jungle, et tu as disparu après le crime."
"La présence de tant de Jedi dans le temple nous a empêché de détecter la présence des Jedi Noirs qui ont fait le coup, et qui t’ont enlevé comme me l’a avoué ton frère. Il devait y avoir un Jedi et Reez en renfort, ils ont tué Maran et Reez t'a embarqué, je ne sais comment. Quant au second Jedi Noir, un twi'lek, il a été abattu, mais j'ignore par qui."
"Puis tu es réapparu quelques semaines plus tard, pour commettre des actes dont je ne veux pas parler. Enfin quand je dis toi, je parle de l’ordure qui s’est fait passer pour toi."
"Je suis désolé mon vieux, je ne peux pas beaucoup t’aider, c’est tout ce que je sais. Fais-moi confiance, tout va s’arranger. Tu vas récupérer ta belle, puis on fera entendre raison aux Maîtres. Et on fera payer les coupables."

Dantooine était sur le chemin pour Coruscant, et l’Arc de Cristal jaillit enfin de l’hyperespace à proximité de la planète verdoyante. Kano sentait l’excitation monter en lui.
II mit l’Arc de Cristal en position pour pénétrer dans l’orbite de Dantooine. L’atterrissage allait prendre un moment, et il bouillonnait d’impatience. A ses côtés, Teydo le regardait en souriant, ravi que son ami retrouve un peu de bonheur après toutes ces épreuves. Il le méritait.
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