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Chapitre 22 : Révélations
 
Bastion. La capitale d’un Empire en pleine mutation, le centre nerveux d’un gouvernement qui avait cessé la guerre avec la République depuis cinq ans. La planète était déjà la capitale avant le Traité de Paix, et l’Amiral Pellaeon l’avait gardée pour en faire un partenaire de Coruscant, capitale républicaine.
Pendant trois décennies, l’Empire avait représenté une puissance militaire écrasante, menant un règne basé sur la terreur. Puis l’Empereur était mort, les leaders comme Thrawn, Daala, Hethrir, Zsinj ou Ysanne Isard qui avaient pris le relais avaient été vaincus à leur tour, et la paix avait été signée. Le Nouvel Empire, ou les Vestiges comme l’appelaient certains, avait gardé certains de ses idéaux, basés sur la rigueur, la puissance et la discipline. Mais les mentalités avaient évolué. Les peuples qui dépendaient du Nouvel Empire le faisaient de leur plein gré, les idées racistes envers les non-humains s’estompaient, et les impériaux devenaient des citoyens paisibles et heureux, souhaitant oublier les dégâts d’une guerre trop longue et meurtrière.

L’économie impériale cherchait sa voie depuis que la construction militaire s’était ralentie. Bastion restait tout de même une planète prospère et moderne. Depuis peu, un accord spécial permettait même à des étudiants républicains ou indépendants de venir faire les études dans la capitale impériale.
La coopération s’étendait. Elle avait commencé dès la chute du Moff Disra et de l’imposteur, Flim, qui s’était fait passer pour Thrawn sous le contrôle du clone du major Tierce. Le premier accord du Traité de Paix avait été de mettre en place un service de renseignements communs entre les deux gouvernements. D’une part, pour éviter les complots. D’autre part, pour mieux faire face ensemble aux éventuels problèmes pouvant survenir. L’ex-contrebandier et revendeur d’informations Talon Karrde avait été choisi pour assurer la liaison entre Coruscant et Bastion. Sa puissante organisation de renseignements étaient devenue « officielle » et offrait des services dignes de sa réputation.

Il soufflait comme un vent de fête sur Bastion quand le Chimaera sortit de l’hyperespace dans le système. La nouvelle de la défaite du pseudo-Moff Danika s’était vite propagée, et avait été confirmée par l’arrivée du Survivant quelques heures avant. Les citoyens avaient d’abord cru à une attaque, avant d’apprendre la reddition des indépendantistes.
Et à présent, le héros était attendu. La lutte contre les terroristes avait tout de même coûté des vies, et les impériaux étaient heureux d’en avoir fini. Et d’avoir à leur tête un homme avisé de la trempe de Gilad Pellaeon.

Assis dans le fauteuil de commandement de feu le Grand Amiral Thrawn, Pellaeon s’autorisa un franc sourire en voyant les vaisseaux qui décollaient de la planète pour préparer le feu d’artifice. Le cuir du fauteuil était encore percé par le coup de couteau du noghri qui avait tué Thrawn quinze ans auparavant, et Pellaeon trouvait le paradoxe presque amusant. Cette marque de couteau avait signifié la défaite de Thrawn, et aujourd’hui Pellaeon était dans le même fauteuil pour célébrer la victoire.
Quand on y réfléchissait, les indépendantistes avaient été facilement vaincus. Le vrai problème avait été de les localiser, la Bataille d’Aztilar étant gagnée d’avance. Mais la pression s’était relâchée, et le peuple avait besoin de fêter ce succès. Des attentats avaient semé la panique à plusieurs reprises, et tout cela allait enfin finir. Bien sûr, il restait des opposants à la paix, mais aucun des groupes n’arrivait à la cheville de celui de Danika. Si les loyalistes s’étaient unis, ils auraient pu être dangereux, mais leurs divergences internes les séparaient et les affaiblissaient. Pellaeon n’aurait pas de répit avant d’avoir maté tous ces trouble-fête. Il tenait à la paix qu’il avait eu tant de mal à obtenir. Les impériaux la méritaient.

Pelleaon se leva calmement pour rejoindre la navette qui le mènerait du Chimaera à la surface de Bastion. Des soldats de choc à l’armure rutilante l’escortaient fièrement dans les couloirs du destroyer.
Enfin, la navette décolla et, une dizaine de minutes, après, pénétrait dans l’atmosphère de Bastion. Par le hublot, le Suprême Commandeur des Forces Impériales eut du plaisir à retrouver la silhouette des tours de la cité principale. En s’approchant, il put voir les gens qui laissaient éclater leur joie dans les ruelles, et qui l’acclamèrent en voyant arriver la petite navette de classe Lambda modifiée.
Pour éviter des débordements de liesse, le commandant Ran Borune posa la navette dans un petit hangar à l’abri de la foule. Pellaeon fut le premier à en sortir, droit dans son uniforme de parade. Borune s’approcha en souriant.
– Ils vous attendent, Amiral.
– Allez-y, vous, Commandant Borune. C’est vous qui êtes censé avoir mené la bataille, ils veulent vous voir également. Je vous rejoindrai dans un moment.
Ran Borune ne comprit pas l’attitude de l’Amiral. Ils n’avaient que quelques pas à faire pour arriver sur le petit balcon qui surplombait la foule prête à les acclamer. Mais Pellaeon n’avait pas l’air pressé.
– Je vous ai dit avoir un rendez-vous, et je ne voudrais pas faire attendre mon invité. Allez-y, je vous en prie.
Borune accepta et gagna la porte que menait au balcon. Pellaeon ne s’était pas trompé, et entendit les vivats que suscita l’arrivée du commandant. De son côté, l’amiral partit avec son escorte vers ses quartiers personnels. Un petit speeder banalisé les mena discrètement et rapidement à destination, dans les quartiers militaires de Bastion. En arrivant, Pellaeon s’adressa à sa secrétaire assise à son bureau dans le hall d’entrée.
– Ravi de vous revoir Prysa, comment allez-vous ?
– Très bien Amiral, je vous remercie, répondit la jeune femme blonde. Toutes mes félicitations, je…
– Epargnez-moi ça Prysa, j’y aurai droit toute la semaine !
– Je vois, fit-elle en souriant. J’imagine que vous voulez savoir si votre invité est arrivé…
– On ne peut rien vous cacher.
– L’Arc de Cristal est arrivé hier soir sur Bastion. J’ai eu l’honneur de faire visiter Bastion à ce charmant Chevalier Jedi. A présent… il est dans votre bureau.
Pellaeon n’attendit pas plus longtemps et traversa le hall en direction de son propre bureau. Il ouvrit, et vit enfin celui qu’il attendait et cherchait depuis si longtemps. Un jeune homme, à qui l’Amiral donna la vingtaine, se tenait droit devant une baie vitrée qui offrait une superbe vue sur la capitale de Bastion. Le Chevalier Jedi se tourna lentement, et eut la surprise de voir Gilad Pellaeon qui s’inclinait.
– Bienvenue sur Bastion, Seigneur Kano.
Kano cligna plusieurs fois des yeux. Pellaeon, leader du deuxième gouvernement de la galaxie, l’appelait Seigneur.
– Bonjour Amiral. Dites… vous n’allez quand même pas vous y mettre aussi avec vos Seigneur, etc…
Pellaeon s’approcha, et les deux hommes échangèrent une poignée de main rapide et ferme.
– Vous allez vite comprendre que tout impérial respectable ferait de même.
– Je sais, j’y ai déjà eu droit sur Aztilar. Mais vous devez faire erreur.
– Pas le moins du monde. Mais laissez moi vous dire que vous avez bien changé depuis notre dernière rencontre.

Intrigué, le jeune Jedi voulut en savoir plus, quand un cri de femme retentit. Les sens de Jedi de Kano retentirent dans son esprit. Instinctivement, il porta la main à sa ceinture, et tressaillit en se souvenant qu’on lui avait demandé de laisser son sabre laser avant d’entrer dans le bâtiment. Pour des raisons de sécurité, les civils n'avaient pas le droit d'être armés dans la zone militaire. Kano songea soudain un instant que les impériaux lui avaient tendu un piège.
Il se tourna vers Pellaeon, qui se dirigeait vers la porte.
– Prysa… murmura-t-il.
En deux enjambées, l’officier inquiet avait atteint la porte. La Force interpella Kano, qui réagit.
– Amiral ! cria-t-il d’instinct.
Quand Pellaeon ouvrit la porte, une salve de laser crépita autour de lui. Mais Kano avait utilisé la Force pour jeter l’Amiral à terre, et lui évita de se faire occire. Puis la Force lui permit de refermer la porte et de la verrouiller à distance. Pellaeon recula, mais n’avait pas paniqué et avait dégainé son blaster.
Soudain, la porte vola en éclats, et la porte de l’autre côté de la pièce fit de même. Deux individus apparurent de chaque côté, et Kano reconnut un trandoshan et trois humains. Faisant honneur à l’entraînement impérial, Pellaeon abattit un humain d’un tir habile et froid. L’impérial avait eu la bonne idée de s’abriter derrière son bureau, alors que Kano n’avait pas bougé. De toute façon, les intrus avaient l’air d’en vouloir à Pellaeon.
– Fichez le camp Amiral ! cria Kano.
Dans un seul geste, les trois types se tournèrent vers Kano. Pellaeon en profita pour s’éclipser, pour aller chercher des renforts. Il ne fuyait pas, mais faisait confiance au Jedi en lui obéissant. C'était le meilleur moyen de s'en tirer et d'arrêter les tueurs au plus vite.
Tout se passa très vite. Kano fit venir le blaster du mort dans sa main, et s’apprêta à tirer. Mais rien ne sortit de l’arme. Kano se souvint alors : de toute sa vie, il n’avait jamais touché un blaster, et ignorait que la sécurité devait être activée. Et même avec une arme opérationnelle, son manque d'expérience le rendrait peu efficace. Il n’avait pas le temps, et préféra se débarrasser de l’arme inutile. Rassemblant sa force et la Force, il jeta le blaster dans le visage d’un humain, qui cria sous la violence du choc. Il tomba à genoux, le nez en sang.
Un instant, Kano se sentit nu sans son sabre, puis il se rappela que seule la Force lui donnait sa puissance. Il ferma les yeux, se laissa porter par le courant de la Force, et évita d’instinct le laser qui frôlait son épaule. Puis il fonça en avant, et décocha un crochet du droit dans le visage du trandoshan, qui ne fit que reculer. Cette espèce reptilienne était très résistante, et le coup ne suffit pas à endommager sa peau orangée écailleuse et épaisse. Du coin de l’œil, Kano vit le dernier humain, à sa gauche, qui le mettait en joue. Le Jedi affermit sa position sur sa jambe gauche, resta accroupi, avant de pivoter sur sa jambe et d’envoyer son pied droit pour frapper la main du tueur.
Kano se redressa et bondit en dépliant son corps, parallèle au sol, le visage vers le bas et les pieds vers l’humain. Le temps semblait ralenti par la Force, et Kano pouvait décomposer ses mouvements. Il laissa ses pieds se poser sur la poitrine de son adversaire, puis poussa de toutes ses forces. L’assassin fut violemment poussé vers le mur, tandis que Kano se trouvait propulsé vers le trandoshan. En plein vol, il envoya ses deux poings dans la tête du non-humain, qui tomba à terre cette fois-ci. Kano, lui, avait tourné verticalement sur lui-même pour se retrouver sur ses pieds.
Un coup d’œil lui suffit à évaluer la situation. Le trandoshan et l’humain s’apprêtaient à se relever, tandis que celui au nez cassé gémissait encore. Kano n’avait pas une seconde à perdre. Il prit de l’élan et sauta en direction de l’humain qui s’était relevé dos au mur. Il atterrit les pieds sur les épaules de l’homme. En un éclair, le Jedi serra la tête de l’humain entre ses chevilles et donna une impulsion à son corps avec son buste. Il tourna sur lui-même de 90°, la tête de l’autre toujours bien coincée entre ses chevilles. Le cou de l’humain craqua sinistrement, et Kano se laissa aller à terre tandis que sa victime s’effondrait.

Evidemment, Kano avait senti que le trandoshan s’approchait, et il l’attendait. L’extraterrestre écrasa ses énormes poings sur Kano, qui para avec ses avant-bras. Le jeune homme fit une grimace en sentant la douleur envahir ses membres. La Force donnait un tour d’avance au Jedi, qui se pencha et lança sa jambe droite dans celles du trandoshan, le faisant culbuter et tomber lourdement. Mais le tueur devait être entraîné, et se releva en vitesse, pour être accueilli par un nouveau coup de pied de Kano. Il en fallait plus pour dompter un trandoshan. Il attrapa les bras de Kano, et serra. Quelques os craquèrent, et Kano devait réagir à la puissance de son adversaire.
La Force vint à sa rescousse, comme à l’accoutumée. Une lumière irradiante émana du corps du Jedi, et le non-humain, aveuglé par cette lumière artificielle implantée dans son esprit par la Force, lâcha sa prise pour se couvrir les yeux et recula.
Pendant ce temps, le type au nez cassé était revenu dans l’arène et sortait une vibro-lame pour faire payer sa mutilation au Jedi. Un premier coup de la lame trancha un pan de la tunique de Kano en travers de son torse. Le Chevalier Jedi n’apprécia pas, et attrapa le poignet de l’homme, se mit derrière lui d’une enjambée et tira. Le poignet craqua et la vibro-lame glissa par terre.
Kano saisit le type, une main l’agrippant au col et l’autre à la ceinture. Puis la Force décupla sa force physique, et il jeta le type en l’air. Alors que l’humain était dans les airs, Kano sauta, se mit la tête en bas en plein bond et plaça ses jambes autour de la taille du gars. Une fois accroché, Kano les fit pivoter tous deux avec une impulsion pour orienter la tête de son ennemi vers le sol.
Quand ils retombèrent, l’homme se fracassa le crâne sur le tapis corellien du bureau de Pellaeon. Kano, lui, amortit sa chute. Il prit appui sur le sol avec les mains, et se repropulsa en l’air grâce à la Force, pour retomber sain et sauf sur ses pieds.
Soudain, plusieurs tirs de blasters retentirent, et Kano vit le trandoshan se faire cribler de tirs de blaster. Les renforts venaient d’arriver, et étaient intervenus au moment où l’extraterrestre se jetait sur Kano.
Entouré de ses hommes, Pellaeon observa le champ de bataille. A côté de Kano, le corps calciné du trandoshan, près du bureau l’humain abattu, contre un mur celui au cou brisé. Et au beau milieu, gisait la dernière victime au crâne en bouillie. Kano, quant à lui, était visiblement épuisé. Tout d'abord physiquement, mais la Force brute qu'il avait utilisée était également épuisante.
L’Amiral avait assisté à la dernière partie de la bagarre, et on entendit un garde d’honneur, dans son uniforme noir, qui ne put se retenir de siffler de stupeur.
– Qu’est-ce que ces types faisaient là ? fit le Jedi, essoufflé.
– Des tueurs engagés par des indépendantistes je présume, fit Pellaeon. Un dernier sursaut d'agonie, certainement…
Pellaeon regarda à nouveau les corps des vaincus.
– Je suis désolé, dit Kano. J’imagine que vous auriez aimé en interroger un. Je me suis quelque peu… laissé allé devant l'urgence de la situation…
– Il n’aurait mieux pas valu pour eux qu’ils survivent. Et par pitié ne vous excusez pas ! Vous m’avez beaucoup impressionné, Jedi. Vraiment impressionné. Et vous m’avez sauvé la vie. Mes hommes vont vous rendre votre arme immédiatement.
– J’ai juste réagi à leur attaque. Mais après tout ça, je pense que vous ne refuserez pas de répondre à quelques petites questions. Et je me serais ravi de vous dire ce que vous voulez savoir sur les hommes de Danika.
– Ce sera avec plaisir, Kano. J’imagine que vous êtes venu pour avoir également certaines réponses. Trouvons d’abord un endroit plus agréable. Et j’ai une dernière chose à régler.

Pellaeon sortit de la pièce, Kano sur ses talons. Il fit un signe de tête au soldat qui lui rendit son précieux sabre laser. Le Jedi sentit une vague de tristesse déferler sur l’impérial quand il vit un corps recouvert d’une couverture. L’Amiral s’agenouilla et souleva la couverture, pour voir le visage éteint de sa secrétaire, que les tueurs avaient dû abattre dès leur arrivée. Pellaeon la regarda tristement.
– Désolé, Prysa. Vous allez me manquer…
Puis il se tourna vers Kano, qui put voir ses yeux embués de larmes retenues.
– J’en ai assez de tout ceci, monsieur Kano. Nous avons gagné, mais cette lutte coûte encore la vie d’innocents. C’en est trop.

Les deux hommes quittèrent le bâtiment. Ils s’étaient mis d’accord sur un site isolé où personne ne viendrait les importuner. Un peu plus tard, ils se retrouvaient dans la pièce principale de l’Arc de Cristal, à qui Kano avait redonné sa vraie immatriculation, sa fausse identité d’Arbalète de Feu étant devenue obsolète. Pellaeon vit le Jedi s’adresser à un petit droïd déglingué.
– Edo, verrouille le sas et préviens moi si qui que ce soit approche.
Le robot bipa affirmativement, et Kano revint s’asseoir en face de Pellaeon.
– Je vous remercie de bien vouloir me recevoir aussi facilement, Amiral. Je suis surpris que vous ayez accepté la requête d’un simple Jedi, criminel présumé de surcroît.
– Vous venez de me sauver la vie, jeune homme, n’est-ce pas ? Et je ne crois pas en votre culpabilité.
– Ca fait toujours plaisir, grommela Kano. Ca fait une bonne semaine que la Nouvelle République me court après pour un crime que je n’aurais jamais commis.
– Je sais tout cela, Talon Karrde m’a transmis les informations vous concernant, et je les ai examinées avec intérêt.
– Si je puis me permettre… pourquoi ?
– Parce que je sais pertinemment que vous êtes innocent, et que c’est votre frère le coupable.
Kano n’en revint pas. Un homme de cette influence connaissait l'existence de son frère, et pouvait assurer son innocence. Il pourrait le réhabiliter auprès de la Nouvelle République.
– Mais… vous pourriez le dire à la Nouvelle République ! s’écria-t-il.
– Je n’ai malheureusement aucune preuve, je suis désolé. Je vais tout vous expliquer :
"C’était il y a au moins quinze ans, peu avant la mort de Thrawn. J’étais son adjoint, je le suivais partout et connaissais la plupart de ses projets. Un jour, il m’a amené sur une petite planète, Litonia, où un Moff s’était installé. J’ai eu du mal à comprendre ce qu’il venait y chercher. Puis j’ai vu cette forteresse, remplie de matériel de clonage."
"J’ai été surpris de voir que le matériel ne valait plus rien. Mais Thrawn, lui, ne paraissait pas troublé. A vrai dire, peu de choses pouvaient le prendre de court… J’ai compris qu’il n’était pas venu pour ça. Il est allé y rencontrer un gamin, d’à peine cinq ans, que je jugeais sans intérêt. C’était vous, Kano.
"Bien sûr les villageois n’ont pas apprécié de nous voir. Je ne sais pas ce que Thrawn vous voulait. Il vous a dit quelques mots en privé, a donné des ordres au Moff, puis est reparti."

Pellaeon marqua une pause pour observer Kano. Le jeune homme semblait boire ses paroles. Il reprit son récit.
– Je me doutais que l’Empereur avait quelque chose à voir avec cette histoire, la forteresse avait été une de ses résidences. Mais les choses sont devenues encore plus compliquées après. Nous sommes allés sur la planète Aztilar, où j’ai retrouvé cette forteresse et… le même gamin. Thrawn n’avait toujours pas l’air surpris, et a fait le même numéro avant de partir. J'ai appris après qu'Ysanne Isard s'intéressait aussi au gamin d'Aztilar, et cela renforçait mes soupçons."
"J’ai un jour eu le courage de poser la question à Thrawn. La campagne contre la République venait de commencer, et je m’efforçais de rassembler les pièces des puzzles. J’avais deviné que vous et votre frère jumeau étiez des Jedi, à la manière dont Thrawn cachait votre existence à Joruus C’baoth. Je pensais que vous étiez deux simples jumeaux Jedi, que Thrawn voulait garder sous la manche, en attendant que vous grandissiez."
"Quand je lui ai donc demandé, il s’est contenté de répondre que vous étiez tous deux les Héritiers de l’Empire, et qu’il devrait vous donner le pouvoir dès votre maturité atteinte. J’avoue que j’avais du mal à suivre, et j’en ai tiré une conclusion."

Kano attendait, accroché aux lèvres de cet impérial qui lui servait toute l’histoire sur un plateau d’argent. Cela semblait trop beau.
– Kano… pour moi, vous ne pouviez être que les fils de Palpatine.
Kano toussota et regarda son interlocuteur.
– Vous plaisantez j’espère ? s’étrangla le Jedi, abasourdi.
– Pas le moins du monde, j’en ai peur. J’ai soumis mon hypothèse à Thrawn, qui ne m’a jamais répondu. Il m’a promis de tout me dire une fois la Rébellion écrasée. Il est mort quelques jours après sa promesse, et l’Empire s’est effondré à nouveau.
Kano fixait l’Amiral avec de gros yeux ronds.
– Non… et pourtant, ça semble si logique.
Il laissa son visage aller dans ses mains. Puis il frappe la table avec force.
– Kano… fit Pellaeon doucement. Vous comprenez à présent pourquoi je ne dis rien à la Nouvelle République. Même si je pense que vos origines ne déterminent pas votre destin, certains républicains risquent de ne pas être aussi indulgents…
Dans un premier temps Kano, abattu, ne dit rien. Pellaeon le laissa se reprendre. Enfin, le Jedi leva vers lui un visage déchiré par la nouvelle.
– Que savez vous d’autre, Amiral ? Sur mon frère…
– Je ne sais pas grand chose en fait, je vous ai tout dit. Thrawn est mort, Isard aussi, Litonia s’est rebellée, et Aztilar est devenue une base indépendantiste à mon insu. J’ai perdu votre trace et celle de votre frère, et à aucun moment je n’ai songé à vous utiliser pour relever l’Empire. L’expérience avec Joruus C’baoth m’avait déplue, et je ne tenais pas à m’entourer à nouveau de Jedi.
"Ce n’est que récemment que j’ai lu les rapports républicains, faisant état d’un Jedi appelé Kano. Ma vieille mémoire s’est remise en route, et je me suis souvenu de ce garçon de Litonia. Karrde m'a transmis plus d'informations, et j’ai vite deviné que les crimes qu’on vous imputait devaient venir de votre frère. J’ai tenu à vous rencontrer pour pouvoir vous aider, et puis aussi parce que vous avez eu affaire aux Survivants."
– Amiral, il y a toujours un truc qui cloche. Même si cette ordure de Palpatine est mon géniteur, il reste que mon frère Kahn et moi avons le même physique, sans avoir la même mère…
– Je sais, répondit l’impérial, ce point m’a interpellé également. Mais nous parlons bien de l’Empereur… Qui sait ce dont il était capable avec la Force ? Comme par exemple, de faire un enfant sans partager sa structure génétique avec la mère.
– Je vois… fit Kano. Il devait estimer que ce serait du gâchis que ses rejetons aient en eux le sang d’une simple femme, qui ne maîtrisait même pas la Force. Mais attendez.. cela voudrait dire que je serais… comme un clone de Palpatine.
– Détrompez-vous jeune Jedi. J’ai eu l’occasion d’étudier les clones auprès de Thrawn. Ils sont une copie de l’original, et la plupart ont une croissance accélérée, pour des raisons de rentabilité. J'ai vu le cas du clone Joruus C'baoth, devenu fou pour cette raison et pour la Force incompatible avec son corps. Vous, vous êtes un enfant normal, qui a grandi normalement. D’ailleurs, pensez-vous avoir beaucoup de points communs avec le défunt Empereur ?
Kano acquiesça à la remarque, mais restait perturbé par une telle révélation. Il admit qu’il s’en était douté un temps. Palpatine avait créés ces enfants pour en faire ses successeurs. A sa mort, d’autres impériaux avaient voulu récupérer les futurs Jedi Noirs. Mais lui, Kano, avait été protégé par sa mère et avait grandi à l’abri de l’influence obscure. Ce qui n’avait pas été le cas de son frère, entouré d'Ysanne Isard et de Danika…
– Mais que dois-je faire ? demanda Kano, se confiant à une des seules personnes prêtes à l’aider.
– Sachez que je me moque de vos liens avec l’Empire. Vous êtes libre et je vous crois innocent. Vous avez ces informations, tentez de les confirmer et gardez les pour vous. Ou oubliez tout. Palpatine est mort, la guerre est finie, vous êtes un Chevalier Jedi, alors le reste n’a plus d’importance.
Kano sourit au militaire qui essayait de le réconforter de son mieux.
– Mais je suis recherché…
– Personne ne vous importunera sur le territoire impérial, vous avez ma parole, promit Pellaeon. Restez sur Bastion si vous le voulez.
Cacher un criminel allait à l’encontre des termes du Traité de Paix, mais l’Amiral semblait prêt à aider Kano. Une autre explication à ceci vint aussitôt.
– Kano, j’aimerais vous proposer un emploi. Votre performance de tout à l’heure était exemplaire. Je voudrais vous garder près de moi.
Kano ne cacha pas sa surprise.
– Un Jedi dans l’Empire… On me prendra pour un Jedi Noir…
– Pas forcément. L’Empire a bien changé. Vous feriez le travail d’un Jedi mais… pour le Nouvel Empire. J’ai besoin d’aide pour en finir avec ces loyalistes, et un Jedi ne sera pas de trop.
– Mais vous venez de les écraser ! Danika a échoué !
– Il en restera toujours, vous avez pu le constater dans mon bureau. Un autre leader surgira, s’appropriera illégalement le titre de Moff comme Danika, engagera de faux gardes impériaux… et nous devrons nous battre à nouveau. Et il y aura encore des innocents tués, comme Prysa.
"Joignez-vous à moi, Kano. Vous aurez tout ce qu’il vous faudra. Vous aurez une nouvelle identité, des hommes à vos ordres… Vous serez mon bras droit. Et je vous promets que toutes vos actions iront dans le sens de la justice. Je suis un homme de parole, Kano. Faites-moi confiance. En outre, j'ai comme la sensation que la paix ne durera pas. Je n'envisage pas un nouveau conflit avec la République, mais le militaire de carrière que je suis sens que de nouveaux troubles attendent cette galaxie. J'aimerais que l'Empire puisse compter sur vous lorsque ça arrivera. Que la République ne soit pas la seule à avoir des Jedi à ses côtés."

Kano ne s’était pas attendu à ça. Un travail au sein de l’Empire… Mais il devrait rester caché. Tout ce qu’il perdrait, ce serait Teydo Pa’aja, son ami, qu’il ne pourrait plus voir.
Kano avait tout perdu. Alera Sanaka, la femme qu’il aimait, avait été assassinée par son frère, et c’était lui qui se retrouvait inculpé du crime. La douleur qu’il ressentait torturait son âme, mais Kano faisait son possible pour la combattre. En attendant de faire payer son cher frère.
Et à présent, voilà qu’on lui apprenait des origines qu’il n’aurait pas souhaitées, même dans le pire des cauchemars. Toute sa vie avait tourné à l’enfer depuis son réveil, amnésique, dans une petite cabane sur la planète Tabal. Kano chassa ces pensées de son esprit. Mais il avait beau se battre, les tristes vérités revenaient toujours à l’assaut de son esprit affaibli.
– Je vais y réfléchir Amiral, mais sachez que votre offre m’intéresse. Cependant, il me reste certaines choses à régler avant.
– Je vois. Et je vous attendrai.
– Et moi aussi, fit une voix familière. On pourrait bosser ensemble !
Kano n’en crut pas ses oreilles, puis appela la Force pour confirmer son impression. Il était bel et bien là, toujours aussi discret. Kano fut surpris de ne pas l’avoir repéré plus tôt.
Il évita de se ridiculiser en le cherchant du regard, et se contenta de parler.
– Ca fait longtemps que t’es là, Tolet ?
– Assez, ouais, répondit le minuscule zhin. Je fais mon boulot : Pellaeon m’a engagé comme espion personnel !
– Décidément l’Amiral sait où recruter… glissa Kano. Mais qu’est-ce que tu fais là ?
Ce fut Pellaeon qui fournit la réponse.
– Quand le Commandant Ran Borune a fui le Survivant, monsieur Tolfa s’est introduit dans sa navette, et s’est montré à nous. Il a complété les informations de Borune, et nous a aidé à localiser les indépendantistes. Il m’a fait l’honneur d’accepter le poste que je lui proposais.
– Ravi de te revoir, Tolet. Enfin, façon de parler. Je tenais à te remercier pour ce que tu as fait à bord du Survivant.
– Mais je t’en prie Kano, fit Tolfa. Et l’Amiral a largement dédommagé mes petites aventures…
– Content pour toi, répondit le Jedi. Tu as entendu ce qui vient d’être dit ?
– Oui… je suis désolé mon vieux Kano. T’as pas de chance mon gars…
Pellaeon prit la parole.
– J’ai chargé l’agent Tolfa de récolter des informations supplémentaires sur toute cette histoire. Il fera son rapport régulièrement, à vous, à moi et à Talon Karrde.
– Encore merci Amiral, dit Kano. Je suis touché de votre soutien. A tous les deux. Une fois cette histoire réglée, je reviendrai, et Tolet, Edo et moi formerons une sacrée équipe !
Tolet quitta le navire pour laisser les deux hommes finir leur conversation. Il partait, minuscule être sur le sol de l'Arc de Cristal, quand Kano l’interpella.
– Tolet !
– Ouais.
– Je ne te sens pas… C’est normal ?
Kano devina le sourire jusqu’aux oreilles pointues de l’extraterrestre.
– Je me suis entraîné, Jedi… Sympa non ?
Kano sourit à son tour, malgré la tristesse qu’il ressentait, omniprésente.
– Parfait Tolet. Merci. Et à bientôt.

Encore bouleversé, Kano remercia à nouveau maladroitement l’officier impérial pour son aide, alors que ce dernier s’apprêtait à quitter à son tour l’Arc de Cristal.
– Kano… ne vous laissez pas abattre. Cela n’en vaut pas la peine.
Kano ne répondit rien. Il ordonna juste à son droïd de préparer le vaisseau pour quitter Bastion. Pelleaon s’adressa une dernière fois à lui, en lui tendant un bout de filmplast.
– Une dernière chose. Vous serez peut-être intéressé d’apprendre que votre frère a été localisé par mes services, mais je préfère laisser agir les personnes compétentes pour affronter un Jedi Noir… Les coordonnées se trouvent sur ce filmplast. Bonne chance, Kano. Soyez prudent, tâchez de revenir en un seul morceau. Contactez-moi si vous avez besoin d’aide pour capturer ce Kahn. Et puis, si vous voulez alléger votre conscience… considérez que c’est votre première mission ! Neutraliser Kahn.
Kano marmonna encore quelques remerciements, s’empara du filmplast, et retourna à l’intérieur du vaisseau. Pellaeon se retrouva seul sur la piste quand l’Arc de Cristal s’éleva sur ses répulseurs.
– Je vous plains, jeune homme. Ceux qui sont liés à la Volonté de l’Empereur en sortent rarement indemnes.

Quand l’Arc de Cristal passa en hyperespace, Kano retourna sur sa couchette, essayant d’oublier l’horreur de sa situation. Mais un bruit de répulseurs l’interrompit.
Edo 27, son fidèle droïd, émit un petit bruit mélancolique.
– Toi au moins tu es encore là, mon vieux… fit Kano.
Edo bipa encore pour essayer de réconforter le Jedi. Edo avait failli finir à la casse, mais il était encore là, unique compagnon de Kano. Il était dans un sale état. Mais alors qu’Alera était morte et Teydo probablement en prison, lui restait là. Son affrontement contre le Jedi Kyp Durron lui avait coûté plusieurs systèmes, comme son synthétiseur vocal. Mais le robot restait un pilote hors pair et un ami fidèle.
– Tu as entré les coordonnées de Pellaeon ? Où va-t-on aboutir ?
Pour répondre, Edo incita Kano à le suivre dans le poste de navigation, et indiqua les informations sur leur destination.
– Super, maugréa Kano. Kahn n’a décidément aucun goût.
Edo trilla pour exprimer son accord.
– Tu l’as dit. Nar Shaddaa n’est pas vraiment le genre de coin qui me remontera le moral.