Les Honteux ont été persécutés pendant des générations par leurs maîtres cruels. Ils voient maintenant les Jedi comme d'improbables libérateurs. Ceux qui furent autrefois considérés comme leurs ennemis sont aujourd'hui leur seul espoir de rédemption.
Une croyance des Honteux stipule que
Yun-Shuno leur a promis la rédemption dans cette galaxie. A la suite de l'invasion
Yuuzhan Vong sur
Yavin IV, les Honteux trouvèrent un nouvel espoir de rédemption dans l'Ordre Jedi. Ce qui suit est la Légende de
Vua Rapuung et des Jedi, comme elle fut racontée par la Honteuse
Taan et traduite plus tard par l'aspirante Jedi
Tahiri Veila.
« Les Jedi ont des pouvoirs qu'aucun Yuuzhan Vong ne possède. Les guerriers, les modeleurs et les intendants sont jaloux et certains vont jusqu'à les craindre. Au début, les Honteux aussi redoutaient les Jedi, ces infidèles et adversaires redoutables … Puis deux d'entre eux sont venus sur Yavin IV racheter l'honneur d'un guerrier… Vua Rapuung avait reçu la marque de l'Humiliation à cause de la modeleuse Mezhan Kwaad. Un Jedi fut capturé par cette modeleuse, et l'autre devint le frère d'armes de Vua Rapuung. Ensemble, le Honteux et le Jedi vainquirent la modeleuse et rendirent son honneur à Vua Rapuung. Il est mort comme aucun guerrier auparavant, saluant un infidèle. Les dieux les ont aidés, cela ne fait aucun doute. Les hautes castes déchiffrent peut-être la volonté des dieux moins bien qu'elles ne le prétendent … ou bien elles nous dissimulent les voies de la rédemption. On murmure même que le statut d'Honteux, loin d'être un décret divin, serait en réalité imposé par les hautes castes afin de faire exécuter les basses besognes à leurs victimes… et de vivre glorieusement sans se rabaisser au niveau des gens du peuple. Peut-être que les Jedi sont le salut des Honteux. La légende de Vua Rapuung et de son allié Jedi le préfigurerait. »
Croyant pouvoir tuer l’Hérésie
Jeedai dans l’œuf, le Maître de Guerre
Tsavong Lah fit exterminer tous les témoins du conte de Vua Rapuung et
Anakin Solo. Mais cette tentative échoua, à mesure que les récits sur les
Jeedai affluaient aux oreilles de la caste des Humiliés.
Au moment où le Seigneur Suprême
Shimrra Jamaane s’établit sur la nouvelle Yuuzhan’tar, les hérétiques étaient désorganisées et les points de vue divergeaient sur le conte de Rapuung. Le Grand-Prêtre
Jakan fut chargé d’étouffer l’hérésie mais il commit une erreur en assurant que les jumeaux Jaina et
Jacen Solo n’avaient aucune connexion avec
Yun-Harla et
Yun-Yammka : les hérétiques s’emparèrent immédiatement du concept et l’associèrent à leurs croyances sur les
Jeedai, bientôt, au son des exploits des
Jeedai en guerre, les hérétiques établirent leur propre panthéon.
Ainsi, Jaina et Jacen Solo furent associés à Yun-Harla et Yun-Yammka, tandis que Tahiri Veila, surnommée également Celle-Qui-Fut-Modelée fut associée à Yun-Ne’shel.
Les exploits de
Wurth Skidder qu’un
Yammosk n’a pu briser, de
Corran Horn, surnommé « Le
Massacreur de
Shedao Shai », de
Mara Jade Skywalker qui vainquit les spores coomb, d’Anakin Solo qui racheta l’honneur de Vua Rapuung, ainsi que de
Ganner Rhysode qui massacra des centaines de guerriers Yuuzhan Vong en combat singulier et qui fut renommé le Ganner pour entrer dans la mythologie des Yuuzhan Vong.
C’est seulement peu après la bataille d’Ebaq9 qu’apparut Yu’Shaa, le Prophète. Unifiant la parole de l’Hérésie des
Jeedai, Yu’Shaa mena les hérétiques jusqu’à la fin de la Guerre et l’assaut sur la forteresse-palais de Shimrra, surnommé l’Ennemi aux Yeux Arc-en-Ciel. Entre temps, il réussit à constituer un groupe organisé, capable d’espionner et de se battre. Voici le récit d’un hérétique sur les enseignements du prophète Yu’Shaa :
« Lorsque tout le monde fut silencieux, le Prophète fit un long et patient signe de tête. Comme nous l’avait enseignés le guerrier, il signifiait le début de la réunion.
— Le conte, Yu’Shaa. Dis-nous le conte, nous dîmes à l’unisson.
C’était comme si nous n’étions qu’une seule voix, une âme, un esprit : l’esprit des Humiliés.
— Parle-nous des Jeedai.
— Qui le demande ? répondit le Prophète, exactement comme le guerrier avait dit qu’il ferait.
Nous prîmes une respiration collective et répondîmes :
— Nous, Yu’Shaa. Nous sommes les Humiliés et nous venons à vous pour votre sagesse.
Le Prophète se leva lentement de sa chaise majestueuse. Il leva les mains vers le masque couvrant son visage. Il le retira lentement, symbolisant visiblement l’abandon des vieilles coutumes Yuuzhan Vong. [...]
— J’ai reçu une vision, une vision des dieux, annonça le Prophète. La vision de mondes où nous, les Humiliés, pourrions vivre dans la gloire, sans honte, avec tout ce que nous pourrions souhaiter. Mais lorsque j’ai regardé vers ces mondes, une ombre sombre s’est glissée entre eux et moi. Une ombre noire géante. Ses yeux étaient faits d’arc-en-ciel, et ses mains recouvertes de sangs. Les dieux s’opposent à cette ombre, et ils envoient leurs puissants guerriers pour la combattre. Vous connaissez les noms de ces guerriers.
Alors que j’écoutai l’histoire, absorbé par les mots du Prophète, j’entendis ma propre voix s’élever parmi celles des autres autour de moi.
— Les Jeedai, nous criâmes, la joie embrasant nos cœurs.
Yu’Shaa hocha la tête puis se pencha en avant, comme s’il était sur le point de nous révéler le plus grand des secrets, quelque chose qu’il ne partagerait qu’avec des êtres dignes de confiance.
— Oui, les dieux ont envoyé les Jeedai pour vaincre l’ombre du mal, et pour nous guider vers le grand paradis. Depuis de nombreuses semaines et de nombreux mois la bataille fait rage entre les guerriers sombres du porteur des yeux arc-en-ciel et les gardiens des dieux. L’obscurité est tombée sur la galaxie, et il nous a semblé que tout espoir était vain. Les Yuuzhan Vong se sont détournés de leurs dieux en servant l’ombre du mal. Et lorsque tout espoir semblait perdu, que chacun d’entre nous semblait condamné pour l’éternité, que les yeux arc-en-ciel ne faiblissaient pas, les dieux m’ont donné la force. Ils m’ont donné l’espoir, que je vous transmets, afin que lorsque je regarde le sombre maître expirer un long et victorieux rire, l’herbe verte des champs se retourne contre lui. Ils s’entortillent autour de ses jambes et le font trébucher. Puis ils resserrent leur étreinte, retirent et étranglent la moindre parcelle de vie de la sombre menace, afin que le grand champ soit à nouveau libre ! Comprenez-vous ce que les dieux ont voulu me dire ? Ils veulent dire que seuls nous sommes faibles, mais qu’ensemble, comme tous ces brins d’herbes, nous sommes forts !
La tirade arracha une exclamation à la foule et un sourire sur mon visage. Lorsque le bruit se calma quelque peu, Yu’Shaa reprit ses paroles de sagesse.
— Soyons cette herbe qui fait chuter le géant noir ! Détruisons-le, lui et ses manières mauvaises, afin que nous libérions enfin !
Une seconde acclamation parcourut la foule et le Prophète attendit presque une minute entière pour donner à ses partisans le temps de s’imprégner de ses mots. Finalement il reprit son discours.
— Combien d’entre vous ont déjà rencontré un Jeedai ? Combien d’entre vous ont entendu le Saint Message de leur bouche, dans leur propre langue ?
Aucun d’entre nous ne répondit par l’affirmative et je n’en fus pas surpris. Bien peu de Yuuzhan Vong n’étaient pas au courant de l’existence de Jeedai, mais peu d’entre eux en avait déjà rencontré un, et survécut pour le raconter.
Comme personne ne répondait, le Prophète fit un mince sourire. Eludant la question il dit :
— J’ai rencontré les Jeedai. J’ai vu les jumeaux et leur pouvoir, j’ai connu Celle-Qui-A-Eté-Modelée et ai assisté à la mort de l’un de, sinon du, plus grand des Jeedai. J’ai entendu la vérité de leurs propres lèvres et ai écouté leur sagesse. Je l’ai fait afin de vous transmettre à mon tour la vérité, mes frères, pour que notre peuple puisse être libre.
A partir de cet instant, nous écoutâmes une nouvelle fois le conte de Vua Rapuung et Anakin Solo, cette fois la « vraie » version, bien que personne ne pouvait dire quelle était la vraie version. Lorsqu’il fut fini, il termina son intervention des quelques mots significatifs.
— Ici aurait dû se terminer l’hérésie Jeedai, dit Yu’Shaa. Si des Humiliés n’en avait pas été témoins, observant la scène près du damutek des modeleurs. Ils ont répandus le Message – qui continue à se répandre en ce moment même de bouche à oreille – parmi les nôtres. Il y a un autre chemin, un chemin qui mène à la tolérance et un nouveau mot pour espoir : Jeedai. Je suis maintenant prêt à répondre à vos questions, dit le Prophète après quelques instants tandis qu’il se rasseyait sur sa chaise multicolore.
Une femelle du premier rang fut la première à prendre la parole.
— Les dieux désirent-ils la guerre ? demanda-t-elle.
Yu’Shaa écarta ses doigts.
— La guerre en elle-même n’est pas mauvaise. Le problème est que nous menons la mauvaise guerre. Pendant que nous devrions nous rebeller contre ceux qui nous excluent, ceux qui nous gardent dans les prisons de notre propre volonté, nous combattons les Jeedai, qui ne font rien d’autre que d’essayer de nous libérer. Nous ne devrions pas non plus combattre leurs alliés puisqu’ils essayent également de nous apporter la liberté. Au lieu de poursuivre cette guerre inutile nous devons nous tenir prêt à nous révolter lorsque les Jeedai viendront nous libérer.
Aussitôt que je fus sûr qu’il eut terminé, je prononçai la question suivante. Il y en avait beaucoup qui affluaient dans mon esprit et j’étais submergé par le choix qu’il me fallait faire. Je réussis à me décider finalement :
— Les dieux ont-ils créé les infidèles ?
— Oui, répondit Yu’Shaa rapidement. Les dieux ont créé toute chose, y compris les infidèles. Bien qu’ils ne soient pas du côté des infidèles, ils devaient avoir quelque chose à l’esprit pour eux.
— Est-ce possible que les infidèles aient été créés pour nous enseigner nos propres fautes ?
Le Prophète sembla y réfléchir un instant.
— Oui, les dieux ont en effet peut-être eu l’intention de nous faire apprendre des habitants de cette galaxie. Je suppose que c’est possible, voire vraisemblable. Cependant, nous devons en permanence nous souvenir que nous ne connaissons pas les plans des dieux. A leurs yeux nous sommes des créatures microscopiques. Une seule de ces créatures serait-elle en mesure de comprendre ta volonté ?
— Non, Yu’Shaa, répondis-je, avant de réaliser rapidement que la question était rhétorique et ne m’avait pas été adressée.
Je me repris rapidement en demandant :
— Les Yuuzhan Vong peuvent-ils être sauvés ?
— Oui, je crois que nous avons encore une chance d’atteindre le salut. Mais afin d’être rachetés aux yeux des dieux, nous devons nous élever de notre basse position et forcer l’élite à nous considérer comme leurs égaux et non leurs esclaves. Mon peuple, je crains pour votre sécurité. Si un mot de ce message atteint un jour les oreilles de ceux que nous méprisons, cela signifierait la mort de notre organisation. Quittez donc cet endroit, et répandez le Message, mais soyez prudents quant à ceux que vous éclairez. Bien qu’un seul cri puisse être aisément étouffé, un océan de murmures continue de se répandre.
Sur ces mots, le Prophète fit un signe de tête à la foule, le signal que le prêche était terminé. »
Ainsi parlait Yu’Shaa le Prophète, chef sprirituel des Hérétiques, étendant peu à peu sa doctrine parmi les siens, répandant légendes et chants rituels comme celui de la Prière de la
Rédemption. Au sein d’une caste meurtrie par des millénaires de honte et de mépris, l’influence de Yu’shaa s’étendit rapidement et le Prophète s’entoura de fidèles serviteurs qui déguisés sous sa forme de Prophète, prêchaient le voie des
Jeedai dans les bas-fonds de Yuuzhan’tar. Au nombre de dix-septs, ces Humiliés à l’allégeance sans faille se prénommaient les Acolytes. Le Premier Acolyte était le conseiller direct de Yu’shaa, un poste qui fut longtemps occupé par
Shoon-mi Esh.