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Le Choix du Soldat
 
J-3


***


« La journée d’audience a été particulièrement instructive aujourd’hui quand Aldwin Faraday a été obligé d’évoquer de douloureux souvenirs concernant ses premiers faits d’armes au sein de l’Empire Galactique. Bien que le général ait révélé qu’il subissait un odieux chantage affectif de la part de l’Empereur en personne, ce qui a jeté un trouble dans la salle, Faraday n’a pas pu nier son implication dans le génocide planifié du peuple Keldrak, pas plus qu’il n’a pu réfuter les faits concernant son rôle prépondérant dans le tristement célèbre Massacre de la Nuit des Ombres. Demain, les juges interrogeront le prévenu sur ses actes lorsqu’il était général des forces armées de l’Empire Galactique. Nul doute que nous ne sommes pas encore au bout de nos surprises et de nouvelles révélations pourraient bien survenir. Donc pour tout savoir sur le Procès du Massacreur, restez fidèle à notre chaîne ! C’était Alinya Kalway, en direct du Tribunal Spécial du Jugement des Crimes Impériaux pour la Nouvelle Tribune Galactique.

***

Allongé sur l’inconfortable lit de sa cellule, Aldwin Faraday essayait tant bien que mal de dormir. Il n’y parvenait pas malgré l’obscurité totale qui avait envahi la petite pièce. Le général aurait pu prétendre que c’était le bruit incessant de la pluie qui l’empêchait de trouver le sommeil, mais il savait pertinemment que ce n’était pas vrai. Certes, l’orage violent qui s’abattait sur cette partie de Coruscant donnait l’impression de ne jamais vouloir s’arrêter, mais quelque chose de bien plus troublant perturbait Faraday. Le procès. Ce fichu procès qui le forçait à revivre les heures les plus sombres de son existence. Ce maudit procès qui était parvenu à ébranler sa confiance en l’Empire et en son leader spirituel. Le doute n’était pas quelque chose de familier chez Aldwin Faraday. En fait, il détestait même ce sentiment qui affaiblissait les hommes et les rendait vulnérables. L’impérial s’était fait le serment, des années auparavant, de ne jamais se laisser envahir par l’incertitude. A l’évidence, il venait d’échouer.
Faraday aurait voulu chasser de son esprit les accusations qui avaient été proférées contre Palpatine, mais quelque chose l’en empêchait. Peut-être parce qu’au fond de lui, il savait que c’était la vérité. L’Empereur était peut-être réellement machiavélique et dénué de tout scrupule. Se pouvait-il alors qu’il ait utilisé Faraday, que la confiance qu’il lui accordait n’ait été qu’une feinte élaborée ? Se maudissant une nouvelle fois de douter, Faraday se tourna brutalement sur son lit, ce qui le fit furieusement grincer. Il devait retrouver son calme, ses certitudes et son aplomb, sinon, il savait qu’il serait laminé par les juges et par l’avocat de l’Accusation. Et Ballawick, son excentrique protecteur, ne pourrait rien faire pour le sauver.

Les yeux grands ouverts, fixés sur le mur sale qui se trouvait juste en face de lui, Aldwin ne pouvait s’empêcher de revivre la journée d’audience. Tout s’était déroulé comme dans un cauchemar, un cauchemar terriblement réel. Il avait d’abord cru démontrer qu’il ne faisait qu’appliquer les ordres avec l’histoire des Keldrak mais celle-ci s’était violemment retournée contre lui. Dès lors, il avait eu bien du mal à se défendre contre les accusations concernant le terrible Massacre de la Nuit des Ombres.

***

Cet évènement s’était produit deux semaines après la traque des Keldrak. Lors d’une réunion, l’Empereur avait bien fait comprendre à Faraday qu’il n’avait plus le droit à l’erreur. Tout en adoptant un ton apparemment neutre, Palpatine avait évoqué l’avenir de la fille d’Aldwin et avait « vivement espéré » qu’elle ne rencontre aucun problème à son arrivée sur Carida. Faraday s’était senti obligé de répondre aussitôt que la mission serait une réussite totale.
L’objectif était en fait de pacifier tout un quartier des niveaux inférieurs de Coruscant qui refusait la main mise de l’Empire. Pire, tous les agents administratifs qui avaient tenté de faire leur travail dans ce quartier avaient été blessés ou tués. Ne pouvant accepter cette situation, Palpatine avait demandé à ce qu’un exemple soit donné. Il fallait prouver que l’Empire n’était pas la République, que la faiblesse et le laxisme avaient laissé place à la force et à l’autorité. Aldwin Faraday était chargé de transmettre ce message.

L’assaut avait été donné en plein milieu de la nuit, soit le lendemain même du vote de la loi qui supprimait l’obligation d’attendre six heures du matin avant de procéder à une quelconque arrestation. De toute façon, cette fois encore, il n’était pas question de faire des prisonniers. Il fallait tuer. Tuer pour l’Empire, tuer pour que tous ceux qui aspiraient à la paix puissent enfin la trouver. Faraday aimait bien présenter la mission de cette façon, elle la rendait moins…douloureuse.
Le Massacre de la Nuit des Ombres avait été nommé ainsi car lorsque les rares survivants avaient témoigné de l’attaque, ils avaient décrit comment des dizaines et des dizaines de stormtroopers n’avaient d’abord été que des ombres qui s’étaient progressivement détachées de la noirceur insondable de la nuit. Les forces de l’Empire avaient attaqué comme si elles n’avaient été que des spectres à la recherche de leurs prochaines victimes à terrifier.

La suite, Aldwin Faraday aurait préféré l’oublier. Il avait méthodiquement donné ses ordres tandis que le quartier plongeait peu à peu dans le chaos, les habitants cherchant à fuir après avoir été tirés de leur sommeil par le bruit des blasters. Pensant sans arrêt au bien être de sa fille, Faraday n’avait laissé aucune chance à ses « adversaires ». Ses troupes avaient parfaitement quadrillé le quartier, resserrant inéluctablement leur piège, coinçant leurs victimes dans un étau implacable. Puis, les stormtroopers étaient entrés dans les immeubles délabrés et avaient inspecté chaque appartement, chaque pièce, le moindre recoin qui aurait pu abriter un dissident. Le silence de la nuit avait été troublé pendant près de trois heures par les décharges de lasers et les cris d’agonie. Faraday n’aurait su dire si dans tout ce bruit, il n’y avait pas eu quelques suppliques vite étouffées.

Le commandant des Forces de Pacification avait mis un point d’honneur à ce que personne ne s’en sorte vivant. Ils avaient tous été tués sans aucune hésitation, les hommes, les femmes et les enfants. Qu’ils aient été armés ou non n’avait rien changé. Qu’ils aient été fauchés de face ou dans le dos non plus. La mission était d’une redoutable simplicité et elle devait être menée à bien coûte que coûte.
Resté au milieu de la plus grande avenue du quartier à distribuer ses ordres avec une efficacité redoutable, Faraday n’avait eu besoin de tirer qu’une seule fois. Mais cette unique salve allait le hanter jusqu’à la fin de ses jours, toutes les nuits, tous les instants où il chercherait à trouver une impossible sérénité. Sur le moment, cela avait paru tellement simple, tellement évident. Un de ses soldats avait acculé une fillette contre un mur délabré. La jeune enfant portait une chemise de nuit rapiécée et tenait dans sa main droite une petite peluche moelleuse. Elle regardait avec des yeux terrifiés la visière inexpressive du casque du stormtrooper. Tremblant de tous ses membres, elle attendait l’inéluctable qui ne semblait jamais devoir venir. Le soldat hésitait et il ne parvenait pas à presser la gâchette, tout comme Faraday deux semaines auparavant dans l’antre des Keldrak. Avisant de la situation, Aldwin avait rejoint le soldat en quelques enjambées, lui avait attrapé son blaster et l’avait pointé sans hésiter vers la tête de la fillette qui pleurait maintenant toutes les larmes de son corps. Elle avait regardé Faraday droit dans les yeux et réussie à marmonner de sa petite voix:
- Pourquoi ?
- Je suis désolé. Tu meurs pour protéger une autre vie.
La décharge avait semblé plus puissante que les autres, comme si elle revêtait une plus grande force symbolique. Mais Faraday avait déjà tourné les talons au moment où le corps de l’enfant s’affaissait sur le sol, sa peluche blottie contre son cœur.

Au petit matin, les forces impériales dénombrèrent cinq cents quarante six cadavres, qu’ils s’empressèrent de brûler après avoir formé un tas de corps enchevêtrés impressionnant. Quand Faraday quitta ce quartier maudit, les yeux rougis par les émanations de fumée, il ne se demanda même pas comment la nouvelle de ce massacre allait être traitée dans les médias. Après tout, ce n’était pas son affaire mais celle de la propagande impériale. Lui, avait déjà fait sa part de travail. Et le lendemain, il fut félicité par l’Empereur qui lui réaffirma à l’envie qu’il avait agi pour l’ordre et la sécurité. Pour l’ordre et la sécurité !

***

Durant l’audience, la salle avait écouté le récit de Faraday dans un silence impressionnant. Mais à la fin, quand il eut fini, le juge Principal ne put empêcher qu’une terrible bronca ne se déclenche. Certaines familles des victimes hurlèrent leur colère, vociférèrent des insultes, crachèrent des menaces de mort. Le général impérial affronta cette vindicte sans broncher, sans montrer le moindre remord. Il ne devait pas, il ne pouvait pas. Il abhorrait la faiblesse, comment aurait-il pu accepter de laisser ce sentiment poindre en lui ? Le Massacre de la Nuit des Ombres appartenait au passé. Il ne pouvait plus revenir en arrière. Mais même s’il l’avait pu, l’aurait-il réellement fait ? Etrangement, pendant les dix minutes qui furent nécessaires pour que la salle retrouve un semblant de calme, Faraday tenta de répondre à cette question. Il n’y parvînt jamais.

Aldwin Faraday écouta ensuite d’une oreille distraite la charge de l’avocat de l’Accusation qui fit de lui un homme sans scrupule, totalement désinhibé et incapable de percevoir la portée de ses actes. Ballawick tenta de retourner la situation en rappelant que le seul responsable de tout ceci était l’Empereur. Mais l’avocat de l’Accusation sembla remporter la partie en assurant que « ce n’était pas l’Empereur qui tenait le blaster » et que Faraday n’avait « jamais eu le courage d’utiliser son libre arbitre. »

***

Alors qu’il se retournait une nouvelle fois dans son lit dont les draps sentaient à présent la sueur, Aldwin comprit que cette pourriture d’avocat avait raison. Il ne pouvait pas espérer se dédouaner sur quelqu’un d’autre. Ce qu’il avait fait, il devait l’assumer. Pourtant à l’époque, il avait toujours réussi à trouver des motivations, des explications à ses exactions. Il aimait d’ailleurs se dire qu’il agissait « pour le plus grand bien », que le sacrifice de quelques personnes rendait la société plus sûre et donc plus agréable à vivre pour tout ceux qui avaient décidé de respecter les lois de l’Empire.
Oui, voilà, respecter les lois de l’Empire ! Si tous ces individus nuisibles avaient été capables de comprendre cette simple vérité, de respecter cette obligation, il n’y aurait jamais eu de morts, il n’y aurait jamais eu de massacre, ni de procès ! Ce n’était pas la faute de Faraday s’il était coincé dans cette cellule puante, c’était celle de tous ceux qui avaient refusé d’accepter le règne salvateur de l’Empire. Et s’ils n’avaient pas compris tout ce qu’un pouvoir fort avait à apporter comme stabilité et sécurité, alors c’est qu’ils ne méritaient pas d’en profiter ! Mais alors ils ne devaient pas empêcher les autres d’obtenir ce bonheur, de toucher du doigt cet idéal de société parfaite. Faraday était emprisonné alors qu’il avait agi pour le plus grand bien, qu’il avait fait son devoir. Pourquoi tous ces idiots qui le jugeaient aujourd’hui ne le comprenait-il pas ? Peut-être parce que eux non plus ne méritaient pas de vivre ? Oui, c’était sûrement ça. Cela ne pouvait être que ça !

Aldwin Faraday parvînt enfin à s’endormir avec cette assurance qu’il avait toujours fait ce qui était juste et nécessaire. Mais s’il était si sûr de lui, pourquoi voyait-il toujours dans ses rêves une petite fille aux yeux tristes qui serrait contre elle une adorable peluche ?

***

Quelques heures plus tard, et alors que la pluie continuait de tomber, de gros nuages noirs enveloppant les cimes des plus hauts griffes-ciel, le commandant Joshua Tenling était assis devant une tasse de café bien fort d’où une légère fumée à l’odeur corsée s’échappait. En face de lui, Connor Skell avala une grosse bouchée de la viennoiserie qu’il tenait dans sa main droite avant de déclarer :
- Ce restaurant est une petite merveille ! Ca faisait longtemps que je n’avais pas pris un aussi bon petit déjeuner !
Tenling afficha un sourire forcé et jeta un coup d’œil autour de lui. Le restaurant était bondé. Des individus de toutes les espèces possibles et imaginables étaient attablés autour de repas plantureux, la plupart devisant dans leur langue maternelle, ce qui en fin de compte créait un mélange très étrange. Des droids serveurs déambulaient entre les tables, portant plusieurs plateaux qui débordaient de pâtisseries et de boissons en tout genre. Un délicat fumet s’échappait des cuisines situées à l’autre bout de la grande salle où l’on pouvait de temps en temps discerner les trois humains qui s’y activaient. Tous ces individus menaient leur petite vie, sans se douter de la terrible menace qui planait au dessus de leurs têtes.

Joshua attendit que le droïd serveur ait déposé deux verres d’un jus à la couleur rosée sur la table blanche, avant de déclarer d’une voix tendue :
- Si je vous ai invité ici, ce n’est pas uniquement pour vous remettre d’aplomb, lieutenant !
- C’est bien dommage ! Assura Connor en s’emparant avec envie d’un gros choux à la crème.
- Posez ce gâteau et écoutez-moi ! Fit Tenling en tapotant sur la main de son subordonné.
Skell s’exécuta tout en grimaçant, puis regarda son supérieur dans les yeux. Celui-ci poursuivit :
- J’ai quelque chose d’important à vous dire. Je crois avoir trouvé un moyen de faire avouer à Faraday tout ce qu’il sait sur la Dernière Volonté de l’Empereur.
- Pourquoi ai-je le sentiment que vous allez encore me parler de sa fille ?
- Parce que c’est le cas. Ecoutez lieutenant, j’ai passé ma nuit à faire des recherches sur elle ! J’ai essayé par tous les moyens possibles de retrouver une trace de cette Kelya Faraday.
- Et ?
- Rien ! Aucune trace ! A ce que j’ai cru comprendre, elle n’est plus sur Carida. Je pense que Faraday a raison quand il dit qu’elle a du être évacuée vers Bastion, comme tous les fidèles de l’Empire qui nous ont échappé.
Skell afficha une mine contrariée :
- Je ne vois pas en quoi ça nous avance. Si on ne la retrouve pas, nous n’aurons aucun moyen de faire parler Faraday.
- C’est là que vous vous méprenez !
Le visage de Tenling s’assombrit alors qu’il poursuivit :
- J’ai un plan.
- Là vous m’intéressez !
- Alors, écoutez bien.
Et tandis que Tenling exposait son plan, Connor passa progressivement de la surprise à l’incrédulité totale, allant même jusqu’à écarquiller les yeux de stupeur. En entendant l’idée du commandant, le jeune lieutenant en oublia son copieux petit-déjeuner. A vrai dire, il sentit même tout à coup qu’on venait de lui couper l’appétit. Quand Joshua eut terminé ses explications, Skell balbutia :
- Mais…si…si vous faîtes ça, vous allez anéantir Faraday!
Une farouche détermination apparut dans les yeux du commandant qui répondit aussitôt :
- Il ne m’a pas laissé le choix ! Il est le seul et unique responsable de cette situation. Il doit nous dire tout ce qu’il sait sur la Dernière Volonté de l’Empereur, coûte que coûte. N’oubliez pas qu’il en va de l’avenir de Coruscant et qu’il ne nous reste plus que trois jours !
- Je sais…murmura Connor en baissant les yeux.
Tenling, tout en se levant, avala la dernière gorgée de son café et reposa brusquement la tasse. Puis il fit :
- Si je veux que mon projet réussisse, j’ai encore des choses à finaliser. On se retrouve au procès !
Et il sortit, laissant Connor à ses interrogations.

***

La salle du procès était aussi comble que d’habitude. Comme à chaque début d’audience, une agitation palpable régnait dans le vaste édifice, dû aux questionnements multiples des journalistes qui parlaient entre eux ou encore aux déclarations lamentées des familles des victimes. Le brouhaha ambiant fut brutalement interrompu quand les trois juges prirent place, sous le regard haineux d’Aldwin Faraday qui s’était déjà installé à la barre. A sa droite, Veldran Ballawick finissait de se recoiffer pour paraître présentable aux droïds caméras, tandis qu’à sa gauche, l’avocat de l’Accusation triait ses notes.
Dans les gradins, Joshua Tenling faillit arriver en retard. Il se faufila entre des dizaines de personnes tout en s’excusant, puis vînt s’asseoir aux côtés de Connor qui le regarda avec une certaine appréhension.
- Alors ?
Tenling afficha un air satisfait :
- Tout se met en place. Le général Cracken a validé mon plan ! Même s’il a regretté que nous soyons obligés d’en arriver à de telles extrémités.
Connor ne répondit rien. Alors Joshua ajouta :
- Vous devez me faire confiance lieutenant. Dans deux jours, j’aurai les moyens de faire parler Faraday.
- Et si ça ne marche pas ?
- Ca marchera !
- Commandant…Lâcha Connor d’une voix lasse.
- Et bien, si vraiment j’échoue…
Tenling eut du mal à déglutir avant de finir sa phrase :
- Alors nous mourrons tous.

Aldwin Faraday, les mains agrippées autour de la barre en bois lisse, inspira profondément pour calmer les battements de son cœur. Ce procès avait le don de l’épuiser à la fois physiquement et moralement. Mais il redoutait surtout les questions qui allaient lui être posées car il avait l’impression d’emprunter un véritable chemin de croix et qu’au bout de celui-ci, il ne trouverait rien d’autre que le châtiment. Dès lors, que pouvait-il attendre de ce procès ? Rien, bien sûr ! Faraday savait parfaitement qu’avant même le début de cette mascarade, il était déjà condamné. La Nouvelle République avait juste pris le soin d’orchestrer et de scénariser son exécution. Comme c’était délicat de sa part…
En cet instant, le général impérial comprit que peu importait ce qu’il pouvait dire ou faire lors de ce procès, l’issue n’en serait guère différente. Où du moins, l’issue n’en aurait pas été différente si le procès avait eu l’opportunité de se conclure. Car Faraday avait une dernière carte à jouer. Une carte qui terrasserait tous ceux qui avaient osé croire qu’ils pouvaient vaincre l’Empire et ses plus fidèles serviteurs. En pensant à la Dernière Volonté de l’Empereur, Faraday fut soulagé. Il ne mourrait pas exécuté par ces maudits rebelles, il mourrait en exauçant la plus terrible des vengeances de Palpatine. La voix du juge sortit le général de ses pensées :
- Aujourd’hui mesdames et messieurs, nous allons aborder les évènements les plus récents dans la carrière du prévenu. Général Faraday, quand et à quelle occasion avez-vous obtenu ce grade?
Aldwin avala pour humidifier sa gorge avant de commencer :
- Il y a dix ans environ. Je crois pouvoir dire que l’Empereur avait toujours pensé à me confier de plus amples responsabilités que celle de commandant des forces de pacification de Coruscant. Je pense que Palpatine voyait en moi un serviteur dévoué et efficace. Il a voulu me tester pendant plusieurs années en me confiant des missions difficiles sur Coruscant. Une fois qu’il m’eut nommé général, j’ai pu intervenir dans d’autres secteurs de la galaxie.
- Et pendant toutes ces années, votre dévotion envers l’Empire n’a jamais faibli ?
Faraday répondit alors d’une voix cassante :
- Je vous l’ai déjà dit ! Aujourd’hui encore, je crois que l’Empire est bien plus porteur de stabilité que votre République. Les prétendues vertus de cette dernière ne sont bonnes qu’à la gangrener de l’intérieur. Un pouvoir fort, voilà ce qu’il faut à cette galaxie !
- Alors comment expliquez-vous la chute de l’Empire ? Demanda avec sarcasme un juge Assesseur.
Faraday tourna aussitôt la tête dans sa direction et le foudroya du regard :
- Des erreurs ont été commises !
- De quel ordre ?
- Militaire bien sûr !
Le juge afficha un petit sourire espiègle avant de poursuivre :
- Mais en tant que général des forces armées de l’Empire, n’avez-vous donc pas pris pleinement part à cette débâcle ?
Les traits du visage de Faraday se durcirent instantanément et sa peau prit une teinte rouge :
- Vous insinuez que je suis un incapable ? Vous sous-entendez que je suis responsable de la chute de l’Empire ?
- En fait, nous aimerions surtout savoir si vous concédez une quelconque responsabilité dans cette débâcle ? Reprit le juge Principal.
Faraday serra plus fort la barre, faisant blanchir les articulations de ses mains :
- Je n’ai aucunement pris part à cet échec ! J’ai toujours servi l’Empire avec efficacité et dévotion. Toujours ! Les missions que me confiait l’Empereur étaient toutes menées à bien, ainsi que les campagnes militaires.
- Donc vous n’étiez pas à la bataille de Yavin IV ? Celle qui a vu la destruction de l’Etoile Noire.
- Bien sûr que non ! Je suis général des forces armées terrestres. Je n’avais donc pas ma place sur cette station spatiale de combat, bien qu’il ne m’ait pas été difficile de faire mieux que cet imbécile de Tarkin.
Faraday fit une pause avant d’ajouter :
- En revanche, j’étais à la bataille de Hoth. Je pense que tout le monde ici se rappelle de son dénouement.
- Donc, vous voudriez nous faire croire que vous étiez un bon général ? Où tout du moins meilleur que lorsque vous étiez commandant des forces de pacification de Coruscant ?
- Comment osez-vous ? J’étais le meilleur ! Vous l’avez dit vous-même, j’étais reconnu comme étant le Serviteur de l’Empereur. Pensez-vous réellement que l’on m’aurait surnommé ainsi si j’avais été un incapable ? Croyez-vous que l’Empereur aurait fait de moi l’un de ses bras droits si je n’avais pas été fiable ? Vociféra l’impérial.
Le Juge principal se renfonça dans son fauteuil et forma un triangle avec ses mains avant de poursuivre :
- Mais…vous avez tué des milliers de personnes, non ?
- La guerre contre la Rébellion a…
- Qui vous parle de l’Alliance Rebelle ? Le coupa aussitôt l’avocat de l’Accusation.
Faraday voulut répondre quelque chose mais les mots restèrent coincés dans sa gorge, si bien qu’il ne parvînt qu’à ouvrir inutilement la bouche. Sentant qu’il devait pousser son avantage, l’avocat esquissa un petit sourire et sortit d’un dossier une feuille qu’il détailla rapidement avant de déclarer :
- J’ai ici une liste de planètes sur lesquelles l’Empire a exercé des représailles en justifiant à chaque fois ses interventions par des prétextes fallacieux. Laissez-moi vous donner un rapide aperçu : sur Harbos, 2530 civils ont été tués par les forces Impériales pour avoir refusé à deux reprises de s’acquitter d’un nouvel impôt ; sur Baromir, 34 630 victimes lors d’un bombardement orbital de grande ampleur au motif que les habitants avaient, je cite, « défiés » l’Empereur. Continuons avec Zokok IV, qui a eu le malheur de refuser la présence d’un gouverneur impérial. La démonstration impériale qui en a suivi a fait 53 650 victimes environ. Je dis environ car de nombreux corps ont été complètement atomisés par les bombardements, difficile d’établir un décompte précis dans ces conditions. Rendiil, 569 tués afin de mater une insurrection ; Gardelen, 3498 morts pour le même motif ; Kilirin, 34 867 morts au prétexte que ses habitants représentaient, je cite de nouveau, un « danger pour l’Empire.»
L’avocat releva alors la tête de sa feuille et demanda à un Faraday qui avait considérablement pâli à l’évocation de tous ces noms:
- Et savez-vous quel est le point commun à tous ces mondes ?
- Non…Marmonna le général qui savait pourtant parfaitement où voulait en venir le juge.
- Toutes les opérations impériales étaient sous votre commandement. Vous êtes le responsable de tous ces carnages.
Des murmures scandalisés se firent aussitôt entendre dans toute la salle d’audience, ainsi que quelques sifflets et des « Faraday, assassin », vite réprimés par les gardes de la sécurité. Quand le calme fut enfin revenu, l’avocat continua :
- J’ajoute que cette liste est malheureusement encore longue. Je me suis d’ailleurs forcé à faire un calcul bien macabre, je le crains. J’ai tenté d’additionner le nombre de civils qui ont perdu la vie sous vos ordres. Bien sûr, ce chiffre n’est que partiel car je suis certain que l’Empire a maquillé et minimisé certaines données. Mais tout de même, si je ne me suis pas trompé, nous pouvons vous imputer le meurtre, car c’est bien de meurtres qu’il s’agit, de…
L’avocat fit une pause théâtrale, s’assurant que tout l’auditoire était suspendu à ses lèvres :
- Quatre cent cinquante huit milles trois cent vingt trois civils !
Un silence de mort tomba alors dans la salle d’audience et Faraday eut l’impression qu’un poids énorme venait de s’abattre sur ses épaules. L’énumération des planètes lui avait déjà donné la nausée, mais là, ce chiffre maudit était à deux doigts de le faire littéralement vaciller. Réaffirmant son emprise sur la barre pour empêcher ses jambes de trembler, Faraday balbutia :
- Non…ce n’est pas vrai…ce n’est pas comme ça que ça s’est passé !
- Vous voulez dire que tous ces gens ne sont pas morts, c’est ça ? Cria subitement l’avocat de l’Accusation.
- Si mais…ils représentaient une atteinte à l’ordre !
- Et la fin justifie les moyens, général ?
Aldwin ne parvînt pas à répondre car une boule s’était formée au fond de sa gorge et il avait beau déglutir, elle refusait de s’en aller. L’impérial se demanda alors si c’était cela que l’on appelait la culpabilité et le remord…

Le reste de l’audience fut comme un terrible cauchemar pour Aldwin Faraday, qui resta les yeux dans le vague, repensant à ce que ce fichu avocat venait de lui dire. D’ailleurs, celui-ci profita de cet état de profonde lassitude du prévenu pour enfoncer le clou et dépeindre Faraday comme un monstre sans scrupule. Et cette fois ci, l’impérial n’eut même pas la force de réagir. Comment l’aurait-il pu ? Où plutôt, à quoi cela aurait-il servi ? Il était de toute façon condamné d’avance. Et même s’il avait eu la moindre chance de s’en sortir, la Dernière Volonté de l’Empereur s’appliquerait bientôt et il mourrait de toute façon. Tout ceci n’avait aucun sens, absolument aucun ! Se défendre était inutile car tout était déjà prévu, programmé. L’histoire était en marche et Faraday en serait l’un des plus grands écrivains.

Il sembla à Faraday que Ballawick tenta de retourner la situation une fois encore, sans grand succès. Ces propos furent accueillis par des sifflets et des exclamations indignées. A l’évidence, un tournant avait eu lieu et Ballawick lui-même devait avoir perçu que tout était perdu. Oui, Faraday avait perdu ce procès mais il savait qu’il s’apprêtait à gagner la guerre. Mais était ce seulement une guerre ? Aldwin baissa les yeux vers le sol en se posant cette question, tandis qu’autour de lui, l’avocat de l’Accusation reprenait sa violente diatribe. L’énumération des planètes victimes des exactions impériales prouvait que toutes ces attaques n’avaient pas eu comme justification un acte de guerre. Alors, peut-être que la Dernière Volonté de l’Empereur n’était qu’une simple histoire de vengeance personnelle et non pas l’arme ultime qui renverserait la Nouvelle République et balayerait tous ces parasites qui grouillaient à la surface de Coruscant ? Et si tout ceci n’était le résultat que de la folie d’un homme ? Et si toutes ces horreurs n’étaient que l’incarnation affreuse de la soif de domination de Palpatine ? Faraday avait-il été le jouet de cet homme ? Peut-être…mais surtout, peut-être n’avait il pas perçu ce qu’impliquaient ses propres actes. Sans s’en rendre compte, en se jetant corps et âme au service de l’Empire, Aldwin Faraday avait probablement franchi une ligne interdite…

Enfin, le juge Principal déclara la séance levée. Tandis que lui et ses assesseurs rassemblaient leurs dossiers avant de quitter la vaste salle par une porte située derrière leurs majestueux pupitres, les personnes présentes dans la salle se levèrent et un brouhaha général se déclencha de nouveau. Tout en regagnant l’issue principale, située en haut de l’amphithéâtre, les journalistes relisaient leurs notes et les familles des victimes manifestaient une fois de plus leur profond chagrin. Seuls Connor Skell et Joshua Tenling allèrent dans l’autre sens, dévalant les marches pour se rapprocher de la scène, sur laquelle Faraday était toujours agrippé à la barre, parfaitement immobile, le regard étonnamment absent. Avec la fin de l’audience, une vingtaine de soldats lourdement armés s’approchèrent également, s’apprêtant à escorter Faraday jusqu’à son speeder blindé. Les consignes étaient claires : l’impérial restait quelques minutes à l’intérieur du Tribunal, le temps que la foule au dehors se disperse sous l’impulsion d’autres gardes, avant d’être ramené dans sa cellule. Faraday ayant déjà réchappé à un attentat, il ne fallait prendre aucun risque.
Alors que Tenling discutait avec le chef de l’escouade qui assurait la protection du prévenu, Skell vit Ballawick se diriger en petites foulées vers son client. Il lui glissa un mot à l’oreille, le tapa amicalement sur l’épaule avant de se diriger vers la sortie. Faraday bougea enfin, se retournant légèrement pour regarder son avocat partir, tout en affichant une expression étonnamment neutre. C’était étrange car au début du procès, l’impérial n’avait pas caché son mépris pour tous les représentants de ce qu’il appelait une « pseudo justice », son propre avocat entrant dans cette catégorie. Mais à présent, Faraday semblait presque indifférent à la présence de Ballawick, comme si tout ceci n’avait finalement que peu d’importance.

La salle d’audience étant à présent totalement vide, Tenling fit signe aux soldats de se mettre en formation pour sortir. Le commandant de la cellule Antiterroriste doutait que Faraday ait un comité d’accueil à l’extérieur du tribunal car le temps était toujours aussi exécrable. Et d’ailleurs, à l’instant où le militaire se faisait cette réflexion, un nouvel éclair vînt déchirer le ciel noir.
- Allez, messieurs, en route !
Mais au moment où le convoi allait gravir les escaliers, la porte de sortie fut brutalement soufflée et une puissante explosion projeta cinq corps désarticulés dans la salle. Ceux-ci allèrent s’écraser sur des fauteuils dans un bruit sourd. Les hommes en question étaient tous des soldats de la Nouvelle République. Aussitôt, le convoi s’immobilisa et Tenling dégaina son blaster, tandis que Skell se mettait instinctivement devant Faraday. Plusieurs hommes lourdement armés pénétrèrent lentement dans la salle d’audience. Ils portaient tous la même tenue de combat noir ainsi que d’imposants fusils blasters gris argenté. Le plus imposant de ces soldats, un homme à la carrure et à la taille impressionnantes, désigna les corps calcinés des militaires de la Nouvelle République avant de déclarer :
- Ces gars n’ont pas voulu nous laisser entrer. Vous admettrez que ce n’était pas très poli. Y en a cinq autre dans le même état dans le couloir…
- Vous êtes qui, vous ? Demanda Tenling en regardant les « visiteurs » prendre position.
- Je m’appelle Galwen, je suis membre du groupuscule impérial le Second Empire, et je suis venu libérer notre chef à tous.
- Tiens donc…voilà une visite des plus inattendues. Je dois avouer que vous ne manquez pas de courage…ou de folie !
Le colosse Impérial esquissa un petit sourire avant de répondre :
- N’essayez pas de gagner du temps. Personne ne viendra vous sortir de ce guêpier, où tout du moins, vos renforts risquent de mettre un certain temps à arriver. Je vous conseille donc de nous laisser Faraday sans discuter. Nous sommes en bien meilleure position de tirs, vous n’avez aucune chance.
- Laissez-moi en douter !
Et sans attendre d’avantage, Tenling cria :
- FEU!
Les soldats de la Nouvelle République furent les plus prompts. Ils dégainèrent et ouvrirent les hostilités tout en se dispersant dans la salle. Les Impériaux ripostèrent dans la seconde qui suivit, faisant pleuvoir un véritable déluge de lasers sur la scène du tribunal. Sans hésiter une seconde, Skell agrippa Faraday par le col de son uniforme et le plaqua à terre, derrière la protection relative des fauteuils du premier rang. Skell entendit Galwen crier :
- Tuez les Rebelles ! Mais ne prenez aucun risque pour Faraday ! Il ne doit pas être blessé !
Tenling effectua une habile roulade sur le sol et riposta, ses tirs venant frapper de plein fouet la poitrine d’un impérial qui bascula à la renverse puis dévala les escaliers. Les soldats de la Nouvelle République, quant à eux, furent forcés de reculer. Certains eurent le réflexe de se jeter entre les rangées de siège, mais d’autres restèrent à découvert. L’un d’eux fut atteint de plusieurs salves et vacilla en arrière avant de s’écraser de tout son poids sur la barre d’accusation qui se brisa en deux sous la violence du choc. Et avant que les débris de bois ne soient retombés sur le sol, un autre soldat fut fauché et s’écroula à genoux sur le parquet.

Pendant ce temps là, Connor ripostait à l’aveugle, canardant le haut de la salle, espérant atteindre une de ses cibles. Mais à l’évidence, les assaillants étaient expérimentés et avaient bien préparé leur attaque. Toujours couché sur Faraday, Skell lui cria pour couvrir le bruit des décharges de tirs :
- Je serai vous, je ne chercherai pas à fuir !
- Et pourquoi ça ?
- Parce que si je vous vois bouger, je vous descends sans hésiter ! Maintenant venez, on est trop à découvert ici.
Connor se redressa alors légèrement et hurla à Tenling :
- Commandant, couvrez-moi !
Tenling dégaina un second blaster et fit feu sans discontinuer, forçant les impériaux à se carapater. Les décharges finirent leurs courses soit dans les murs, arrachant des morceaux à chaque impact, soit dans les fauteuils moelleux, les éventrant la plupart du temps. Profitant de la diversion, Skell se remit sur ses pieds et tira Faraday à sa suite. Il se rua vers le bureau derrière lequel était assis Ballawick quelques minutes plus tôt et le renversa brutalement pour s’en faire un bouclier. Puis il poussa Faraday à l’abri avant de se remettre en position de tir. Mais le colosse impérial qui dirigeait les opérations n’avait pas l’air de vouloir renoncer. Se saisissant de son fusil blaster d’assaut, il sauta agilement par-dessus deux rangées de sièges et se remit à tirer presque aussitôt. Skell s’accroupit derrière sa protection de fortune qui fut sérieusement ébranlée par l’assaut ennemi. Durant cet intervalle, deux autres soldats de la Nouvelle République furent abattus et s’effondrèrent sur le sol, l’un d’eux tombant les bras en croix. Quant à Tenling, il parvînt à toucher un impérial dont l’épaule émit un craquement sinistre quand un laser vînt la perforer. Le soldat hurla de douleur et disparut derrière un fauteuil, hors de portée.

Et tout à coup, la situation bascula de nouveau. Car venant de l’autre entrée du tribunal, celle réservée pour les juges, d’autres individus armés apparurent et prirent pied sur la scène. La plupart était des non humains, mais leur chef lui, en était bien un, et il affichait un regard déterminé, un regard de tueur. Tenling pivota sur lui-même pour aviser de la situation et écarquilla les yeux de stupeur. En effet, il ne lui fallu qu’une seconde pour reconnaître ces individus, où tout du moins, deviner leur appartenance. Les Lames de la Justice.
- Et merde, il manquait plus qu’eux.
Les nouveaux assaillants furent à l’évidence surpris de débarquer en plein affrontement, s’attendant à le déclencher eux-mêmes. Mais leur meneur se reprit rapidement et cria à ses hommes :
- Abattez Faraday ! Abattez-le coûte que coûte !
La réponse des Impériaux ne se fit pas attendre. Galwen pivota légèrement sur lui-même pour changer son axe de tir avant de hurler :
- Descendez-moi ces connards !

Vu de haut, la scène semblait presque irréelle. Des tirs fusaient dans tous les sens, créant une complexe et impénétrable toile mortelle. De nombreux protagonistes couraient en tout sens, cherchant à s’abriter dans un lieu qui ne s’y prêtait guère. Un membre des Lames fut fauché alors qu’il sprintait vers une cachette de fortune. Il s’écroula violemment et glissa sur le parquet avant de s’immobiliser aux pieds de son chef qui riposta aussitôt. L’impérial responsable de la salve mortelle tenta bien de se dissimuler derrière un fauteuil, mais celui-ci fut littéralement criblé d’impacts, si bien qu’un laser finit par passer et traversa la boîte crânienne de sa cible.
Au milieu de ce déchaînement de violence, Connor Skell ne savait plus très bien où donner de la tête. Il n’avait même pas prêté attention à l’identité des derniers arrivants, mais le simple fait qu’ils canardent les impériaux était bon signe. En revanche, que certaines salves soient destinées à Faraday l’était moins. Celui-ci était accroupi derrière sa cachette et ne pouvait s’empêcher de rire à gorge déployée, un moyen étrange pour lui de laisser échapper son stress.
- Je suis vraiment au centre de toutes les attentions ! Hurla t-il plus à lui-même qu’à Connor.
- On peut le dire, marmonna ce dernier en retour.

Pendant ce temps là, le chef des Lames de la Justice vit deux autres de ses hommes êtres tués sans ménagement. Avisant de la situation, il décrocha un détonateur thermique de sa ceinture et l’activa d’une main :
- Aux grands maux les grands remèdes !
Puis il lança la sphère métallique. A partir de cet instant fatidique, Joshua Tenling eut l’impression que tout se déroulait au ralenti. Il vit avec effroi le détonateur rebondir sur le sol et se diriger vers l’abri de Skell et Faraday. La bombe passa devant lui en roulant dans un tintement métallique tandis que le géant Impérial criait à Faraday de fuir. Enfin, l’arme s’immobilisa contre le bureau renversé alors que Tenling se relevait et se ruait vers elle. Comprenant qu’il arriverait trop tard, le commandant de la cellule antiterroriste s’égosilla :
- Connor ! Bombe !
C’est alors que Skell se redressa de derrière sa cachette, se laissa basculer par-dessus, se saisit du détonateur et le jeta dans le même mouvement. Dérapant sur le sol glissant en tentant de s’immobiliser, Tenling vit le projectile passer au dessus de sa tête avant de finir sa course dans les gradins.
- A terre ! Cria Skell.
A peine avait-il fini sa phrase que la charge explosa violemment, catapultant Tenling en avant. Le commandant ne vit pas deux impériaux, jusque là dissimulés, être happés par les flammes et consumés instantanément. Et tandis que des débris de siège et de plastique retombaient avec brutalité un peu partout dans la salle, Faraday fit quelque chose d’insensé. Voyant une petite porte à quelques mètres derrière lui, il se releva et se précipita vers elle. Skell fut surpris par cette réaction et mit quelques temps à réagir.
- Faraday, revenez !
- Je ne resterai pas ici ! Je tente ma chance ! Répondit-il en empoignant la clenche de la porte.
Comprenant ce qu’il se déroulait sous ses yeux, le chef des Lames de la Justice se mit à courir, évitant miraculeusement la pluie de rayons qui s’abattait tout autour de lui. Et au moment où Skell voulait à son tour s’élancer à la suite de Faraday, des tirs impériaux le contraignirent à se planquer de nouveau.

Faraday ouvrit la porte à toute vitesse et fut désappointé en se retrouvant face à un petit escalier qui semblait monter vers le toit. L’impérial se retourna et vit alors un homme qu’il ne connaissait que trop bien foncer vers lui, arme à la main. Sans hésiter, Faraday s’élança alors dans l’escalier, gravissant les marches trois à trois.

Quand Skell parvînt enfin à se redresser, le chef des Lames de la Justice avait disparu à son tour.

***

Aldwin Faraday déboucha sur le toit du Tribunal alors que les éléments naturels se déchaînaient au dessus de Coruscant. Des éclairs impressionnants ne cessaient de déchirer le ciel noir tandis qu’une pluie impénétrable s’abattait sans discontinuer, créant un véritable mur d’eau. Une puissante rafale de vent manqua de faire vaciller l’impérial qui se rattrapa in extremis. Mais son soulagement fut de courte durée car il se rendit bien vite compte qu’il était pris au piège et que pire encore, il s’était lui-même mit dans cette situation inextricable.
En fait, il se trouvait sur une sorte de chemin qui faisait tout le tour du grand dôme de verre, donnant l’impression que le cercle formé par le dôme était au milieu d’un carré encore plus grand. Mais en réalité, il n’y avait vraiment de l’espace qu’au niveau des angles de la structure car sur les côtés, le chemin ne devait pas faire plus de deux mètres de large. Cette taille était probablement suffisante pour assurer l’entretien du dôme mais certainement pas pour se battre. Et seul un parapet de sécurité d’un mètre de haut à peine empêchait de basculer dans le vide.
Au moment où Faraday commençait à paniquer, son cœur battant à tout rompre, il entendit que quelqu’un gravissait à son tour les marches de l’escalier. Se retournant brutalement, il vit le leader des Lames de la Justice apparaître, arme à la main. Un terrible coup de tonnerre se fit alors entendre et l’homme cria pour couvrir le vacarme :
- Ca se termine ce soir.

Faisant instinctivement un pas en arrière dans une grande flaque, Faraday répondit tandis que de l’eau ruisselait dans sa bouche :
- Je ne pensais pas vous revoir de si tôt, Azel ! A vrai dire, je pensais même ne jamais vous revoir.
L’homme esquissa un petit sourire et lança :
- Je dois avouer que j’ai un peu forcé le destin !
Faraday écarta alors les bras, ses vêtements imbibés collant à sa peau :
- Ecoutez, je ne vous ai jamais cru capable de tuer un homme de sang froid et je ne crois toujours pas que vous l’êtes aujourd’hui.
- Les temps changent. La prison, la torture, les humiliations peuvent être à l’origine de profonds bouleversements chez un individu. Vous devriez le savoir plus que quiconque.
A peine avait-il fini sa phrase que le dénommé Azel releva son blaster et le pointa en direction du cœur de l’impérial.
Faraday essuya vivement l’eau qui lui brouillait la vue avant de s’écrier :
- Ecoutez, réfléchissez ! Je suis riche, je peux…
- COMMENT OSEZ-VOUS ? COMMENT OSEZ-VOUS ESSAYER DE M’ACHETER ? S’égosilla en retour le leader des Lames de la Justice.
Et tandis que sa poitrine se soulevait brutalement, il poursuivit :
- Vous pensez que ma vengeance personnelle est à vendre ? Vous pensez que votre argent me ramènera ma femme!
Sentant la situation lui échapper, Aldwin voulut jouer sa dernière carte :
- Vous savez, je suis plus important que vous ne le pensez…surtout pour la Nouvelle République !
Azel se mit alors à sourire avant de s’exclamer :
- Incroyable ! Même à deux doigts de la mort, vous continuez à puer l’arrogance. Non, Faraday, cette fois ci, vous allez devoir payer pour tout ce que vous avez fait. Car vous ne m’avez pas seulement pris ma femme, mais vous m’avez aussi privé de quinze ans d’existence ! Et pendant ces quinze ans, je n’ai pensé qu’à une seule chose : à cet instant précis. Ce qui arrive maintenant a été longuement mûri et planifié !
Faraday déglutit bruyamment et fit un nouveau pas en arrière, comme si ce simple geste allait lui sauver la vie. Mais son talon heurta la paroi du dôme, lui signifiant qu’il était acculé. Azel hurla alors qu’un puissant éclair déchirait la noirceur des cieux :
- Et cette fois ci, personne ne pourra m’empêcher de savourer ma vengeance ! Vous entendez, personne ne se mettra sur ma route !
Et tandis qu’Azel allait faire feu, une voix déterminée retentit derrière lui :
- J’ai bien peur que si…
Alors, lentement, et tout en maintenant son arme braquée vers le général impérial, Azel tourna la tête.

Quand Connor regarda droit dans les yeux l’homme qui voulait assassiner Faraday, il en eut le souffle coupé. Il du faire appel à tout son entraînement et à sa maîtrise de soi pour ne pas céder à la surprise. Azel avait le même regard que lui, à la seule différence que dans celui du terroriste, brillait une lueur de folie. Mais pire encore, Connor s’aperçut qu’Azel avait presque les mêmes traits de visage que lui. Il était lui ! Où tout du moins, lui en plus vieux. La ressemblance était stupéfiante, bluffante même. Et en comprenant l’identité de l’individu qui se tenait devant lui, Connor ne put prononcer que trois mots :
- Nom de Dieu…
- Génial, il ne nous manquait plus que ça, les retrouvailles de famille ! s’esclaffa Faraday qui était pourtant soulagé de l’arrivée impromptue de Skell.
Azel regarda Connor presque avec indifférence et finit par déclarer entre deux coups de tonnerre :
- Bonjour mon fils, je vois que tu t’es décidé à nous rejoindre.
- Comment…comment est-ce possible ? Alors c’est toi ? C’est toi qui as juré la perte de Faraday ?
- Bien sûr ! Et tu devrais nourrir la même soif de vengeance que moi. Cet homme t’a pris ta mère ! Il l’a tué sous tes yeux et toi, tu ne trouves rien de mieux que de le protéger ! Mais qu’a-t-on fait de mon fils ? Qui t’a perverti de la sorte ?
Se ressaisissant et réaffirmant l’emprise sur son blaster qu’il pointait maintenant vers la tête de son père, Connor rétorqua :
- On m’a confié une mission…
- Oh bien sûr, défendre une ordure est plus important que le fait de venger ta propre mère ! Te précipiter au secours d’un monstre fait partie de tes priorités ! Et depuis quand, un homme doué de raison accepte t-il d’appliquer des ordres aussi écoeurants ?
Connor chercha quoi répondre, mais y éprouva de grandes difficultés. Il n’était pas préparé à cette rencontre, et surtout pas dans ces conditions dantesques. Le jeune homme aurait bien aimé que Tenling débarque à cet instant, mais comme il entendait toujours les échos de la bataille qui faisait rage dans le Tribunal, Skell comprit qu’il devrait se débrouiller tout seul. Mais comment avait-il pu en arriver là ? Pourquoi le destin l’amenait-il à choisir entre un père retrouvé et une mission déterminante pour l’avenir de Coruscant ?
A l’évidence, Azel perçut le dilemme qui rongeait son fils de l’intérieur car il s’écria alors qu’une rafale de vent venait soulever ses cheveux détrempés :
- Alors Connor, que vas-tu faire ? Tu vas tuer ton propre père ? Tu vas faire ce que cette raclure de Faraday n’a jamais été capable de faire ? Hein, réponds-moi ! Tu penses que ta « mission » est plus importante que ma quête de justice
Il fit une brève pause avant de conclure :
-C’est l’heure du choix soldat ! Mais fais-le vite !

Connor fit alors fonctionner son cerveau à toute vitesse, cherchant désespérément une issue à cette situation pourtant inextricable. Voyant que son fils ne bronchait pas et ne parvenait pas à appuyer sur la gâchette, Azel fit d’une voix redevenue étrangement calme :
- C’est bien ce que je pensais…trop lâche pour aller jusqu’au bout! Tu n’es pas mon fils…ou tout du moins, tu ne l’es plus !
Alors il pivota de nouveau vers Faraday et s’apprêta à appuyer sur la détente. Et tout serait enfin terminé…

***

A l’instant où Azel allait faire feu, Faraday rassembla ses forces et se précipita vers lui en bandant tous ses muscles. Le chef des Lames de la Justice fut surpris quand les bras étonnamment puissants de l’impérial lui enserrèrent la taille et le poussèrent en arrière. Les deux hommes s’écroulèrent sur le toit détrempé, faisant gicler une impressionnante gerbe d’eau et Skell lâcha son blaster qui finit sa course à un mètre de lui.
Faraday voulut frapper son adversaire et leva le poing en l’air, tandis que derrière lui, un nouvel éclair magistral venait éclairer la scène d’une lueur apocalyptique. Mais habilement, Azel para le coup et administra un coup de genou à son adversaire qui vacilla. Se relevant dans le même mouvement, Skell agrippa le général par le bras, le tira vers lui et l’envoya valdinguer. Emporté par son élan, Faraday heurta le parapet de sécurité, bascula par-dessus et disparut dans le vide.
- FARADAY ! Hurla Connor en se précipitant.
Mais Azel lui barra la route et lui expédia un coup de poing en plein visage. Connor fit trois pas en arrière alors que son sang coulait sur le sol, venant se mélanger à l’eau de pluie. Azel lui cria alors :
- Tu m’as profondément déçu mon fils ! Tu n’es pas digne d’être un Skell ! Comment as-tu pu me trahir ? Comment as-tu pu bafouer l’honneur perdu de ta propre mère ?
Tandis que Connor était encore sous le choc de la mort de Faraday, une voix grave parvînt à surpasser l’écho terrible du tonnerre :
- Au secours ! Aidez-moi !
C’est alors que le lieutenant vit qu’Aldwin s’était retenu des deux mains au bord du mur, son corps suspendu dans le vide. Il ne tenait plus qu’à la force des bras. Azel s’en aperçut également et se précipita vers le parapet. Mais cette fois ci, Connor fut plus prompt et ceintura son père pour le faire chuter. Les deux hommes roulèrent sur le chemin qui longeait le dôme, propulsant de l’eau dans tout les sens. Connor se retrouva sur le dessus et assena un coup de tête à son père qui hurla de douleur. La voix de Faraday se fit de nouveau entendre à cet instant précis :
- Je vais lâcher !
Connor détourna brièvement la tête et vit les doigts de la main droite de l’impérial glisser et lâcher le rebord.
- Et merde…
Au moment où il voulait se relever, le lieutenant fut agrippé par une forte poigne. Puis Azel lui balança un uppercut qui catapulta Connor en arrière.
- Aidez-moi ! Hurla Faraday.


Comme animé d’une rage bestiale, Azel se releva et se rua vers son fils toujours à terre. Avisant de la situation, Connor mit son pied en opposition et frappa de toutes ses forces dans l’estomac de son père qui en eut le souffle coupé. Puis le lieutenant poussa violemment pour repousser son assaillant qui tituba avant d’heurter le dôme dans un tintement de verre et de s’écrouler. Le cœur battant la chamade, Connor se remit à genoux et se traîna jusqu’au parapet où les cinq derniers doigts de Faraday menaçaient de disparaître. Et au moment où celui-ci allait définitivement lâcher prise, Skell lui saisit le poignet.
- Tenez bon, je vais vous remonter !
Il lui fallut près d’une minute pour se faire et Connor eut le sentiment d’y laisser ses dernières forces. Enfin, Faraday s’écroula sur le sol imbibé d’eau et Skell chercha à reprendre son souffle. En vain…

Relevant les yeux en sentant une présence au dessus de lui, Connor vit le regard déterminé de son père se poser sur lui avant qu’il ne lui expédie un puissant coup de pied. Connor partit en arrière mais son père le saisit par le haut de sa combinaison et le balança vers le dôme. Le jeune homme heurta violemment la structure qui émit aussitôt un bruit inquiétant. Voulant voir ce qu’il se passait, Connor bascula sur le dos et retomba les bras en croix sur le dôme, sa poitrine se soulevant avec difficulté.
Azel venait de ramasser son blaster ainsi que celui de son fils. Avec le premier, il visait la poitrine de Connor, avec l’autre, il tenait en joug Faraday qui était toujours à genoux, les mains plongées dans cinq centimètres d’eau.
- On dirait qu’en fin de compte, je suis le vainqueur ! Rugit Azel.
- Ne fais pas ça…Lança Connor en crachant du sang.
Celui-ci sentit alors le verre qui supportait son poids se craqueler lentement. En tendant l’oreille, il eut même le sentiment d’entendre la fissure progresser sous lui.
- Oh oh…Marmonna t-il pour lui-même.
- Et pourquoi ne le ferai-je pas, hein ? Donne-moi une seule bonne raison pour que je l’épargne ? S’époumona Azel.
Décidé à jouer sa dernière carte, Connor releva légèrement la tête et déclara :
- Parce que Faraday est la seule personne capable de sauver Coruscant de l’anéantissement.
Cette simple phrase suffit à faire frissonner le jeune homme, à moins que cela ne soit la pluie qui dévalait le dôme et ruisselait dans son cou.
Son père fronça alors les sourcils, mais ne baissa pas ses armes pour autant :
- Qu’est ce que tu dis ?
- Faraday est le seul qui puisse tous nous sauver. Il est le co-instigateur d’un plan démoniaque, appelé la Dernière Volonté de l’Empereur et qui nous tuera tous dans un peu plus de deux jours. Notre seule chance de nous en sortir, c’est de faire parler Faraday !
Azel émit alors un ricanement étrange avant de lancer :
- Et c’est tout ce que tu as trouvé pour me convaincre ? M’inventer une histoire ahurissante ? Tu penses vraiment que je peux avaler ces balivernes ? La fin de Coruscant, et puis quoi encore ?
Sentant la colère l’envahir face à ce père qu’il ne pouvait que maudire dans la situation présente, Connor se redressa de nouveau légèrement, faisant progresser encore un peu plus la fissure sur le dôme :
- CROIS CE QUE TU VEUX! MAIS SI ON NE FAIT RIEN, À LA FIN, ON MEURT TOUS!
Azel continuait de braquer ses deux cibles, mais ne s’était toujours pas décidé à faire feu. Peut-être Connor était-il parvenu à insinuer le doute dans son esprit ? Sous lui, le jeune homme sentit que le dôme était près à céder, et une immense fissure se mit brutalement à découper le verre, progressant sur deux bons mètres. Avisant de la situation, Azel ne fit pourtant pas l’effort d’aider son fils. Il préféra rester immobile, sous la pluie, hésitant vraisemblablement sur la marche à suivre. Connor tenta alors de pousser son avantage :
-Ecoute, Faraday est un homme mauvais qui paiera pour ses crimes ! Je t’en fais le serment. Mais laisse la justice rendre son verdict et par-dessus tout, tu dois le laisser vivre. Crois-moi, il est notre dernière chance ! Tu m’entends ? Notre dernière chance !

A cet instant précis, un speeder gris métallisé s’approcha du toit du tribunal, décéléra brutalement et s’immobilisa en vol stationnaire juste à côté de l’endroit où se tenait Azel Skell. Celui-ci ne se retourna même pas vers le dernier arrivant. Il attendit que la porte passager s’ouvre sur elle-même avant de s’écrier :
- Pile à l’heure !
Le pilote se pencha légèrement pour voir ce qu’il se tramait sur le toit avant de s’écrier :
- Heureusement que je vous ai équipé d’un transpondeur pour vous retrouver ! Mais on devrait filer d’ici rapidement patron, car les renforts arrivent !
Azel fit un simple hochement de tête avant de regarder Faraday droit dans les yeux : regard de tueur contre regard de glace, esprit de vengeance contre instinct de survie.
- Si la justice ne te fait pas payer pour tous tes crimes, crois-moi, je te retrouverai, où que tu sois. La galaxie ne sera jamais assez grande pour te cacher.
C’est alors que déboulant des escaliers détrempés, le commandant Joshua Tenling apparut, arme à la main, le visage ensanglanté et le souffle court. Il s’immobilisa devant la scène qui se déroulait sous ses yeux avant de crier :
- On ne bouge plus !
Mais le leader des Lames de la Justice n’obtempéra pas. Il se rua vers le parapet de sécurité, bondit par-dessus et s’engouffra dans le speeder qui accéléra aussitôt. Et c’est sous un véritable déluge qu’il disparut à l’angle d’un griffe-ciel.

Affichant une mine contrite, Tenling essuya le sang qui lui coulait dans les yeux, rangea son blaster et passa devant Faraday, qui toujours à genoux, paraissait bien misérable dans cette position. Le commandant s’arrêta à quelques centimètres de Connor et demanda :
- Ca va lieutenant ?
- Si vous pouviez me sortir de là, ça m’arrangerait !
- Attrapez ma main !
Et au moment où Connor tendait le bras vers l’avant, le verre du dôme céda brutalement. Skell eut l’impression d’être aspiré par le vide avant qu’une main vigoureuse ne le saisisse par le poignet.
- Je vous tiens ! Cria Tenling en tirant le lieutenant vers lui.
Connor parvînt enfin à se stabiliser sur le toit du tribunal et put essayer de calmer les battements affolés de son cœur.
- On peut dire que c’était moins une ! Lança Tenling.
- Je vous en dois une, commandant, ça c’est certain.
- Et moi je dois vous remercier d’avoir sauvé Faraday…
Connor baissa alors la tête, faisant dégouliner l’eau de ses cheveux :
- Le chef des…des terroristes…est mon père.
Tenling écarquilla les yeux de stupeur avant de déclarer au bout de plusieurs secondes d’un ton gêné :
- Oh ! Voilà qui n’arrange pas les choses.
- C’est le moins qu’on puisse dire.
- Hum…Lieutenant, la présence de votre paternel risque de…
- Rassurez-vous, que mon père soit intimement lié à cette affaire ne change strictement rien. J’ai dit que je protégerai Faraday et c’est ce que je ferai. Quand tout sera terminé…et bien…je m’occuperai de mon père.
- Je vois. Je voulais juste être certain que vous gardiez toute votre lucidité.
Cherchant à changer de sujet, Connor regarda alors Faraday qui se relevait enfin en titubant, avant de demander :
- Et les impériaux ?
- Tous morts. Mais j’ai eu du mal avec leur chef.
En disant cela, Tenling s’approcha de la partie de dôme brisée et désigna vingt mètres plus bas, le cadavre de Galwen, criblé d’impacts.
- Pendant un moment, j’ai bien cru que ce mec était increvable !
Au moment où Connor regardait la scène, les renforts de la Nouvelle République pénétrèrent dans le tribunal et se déployèrent, enjambant un nombre impressionnant de corps sans vie.
- J’ai perdu pas mal de soldats dans l’attaque, maugréa Tenling.
Skell ne répondit rien, alors le commandant continua :
- Il est temps que tout cela s’arrête. Pour de bon !
C’est alors que la voix de Faraday se fit entendre :
- Rassurez-vous commandant, dans deux jours, tout sera fini. Je vous en fais la promesse.
Et un nouvel éclair déchira le ciel…

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