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La Dernière Volonté
 
La navette d’assaut de la Nouvelle République voltigeait avec aisance entre les immenses griffes ciels qui recouvraient Coruscant. Se mêlant à l’intense circulation qui tissait une toile complexe striée de lumières multicolores, le vaisseau décèlera pour négocier un virage difficile avant de s’engager dans une artère moins large et de réaccélérer dans un bruit soutenu de turbines. Puis, tout à coup, la navette commença à perdre de l’altitude, croisant plusieurs niveaux de circulation sans hésiter un seul instant. A l’évidence, le pilote du vaisseau était quelqu’un d’habile.
On pouvait donc en déduire qu’il n’était pas responsable de l’état déplorable de la navette, dont la coque était enfoncée en de multiples endroits et dont la peinture à l’origine blanche, était maintenant grise, presque noire. Des grincements métalliques inquiétants se faisaient entendre à chaque fois que le vaisseau se lançait dans une manœuvre délicate, ce qui n’était pas pour rassurer ses occupants.

En fait, ce vaisseau était le symbole même des difficultés matérielles de la Nouvelle République. Celle-ci manquait de moyens et surtout de fonds pour renouveler ses équipements. Alors les vaisseaux existants étaient tout le temps sollicités, même pour les missions dangereuses. La navette d’assaut A-546 n’avait pas échappé à cette règle. Elle avait été mobilisée pour faire une descente dans les quartiers mal famés de la capitale afin de ramener l’ordre alors que des mouvements xénophobes non-humains s’en prenaient à ceux qui jadis avaient bénéficié de la surprotection de l’Empire. C’était la véritable première mission de la cellule Antiterroriste de la Nouvelle République sur Coruscant. Et elle avait bien failli tourner à la catastrophe.
A leur arrivée, les forces d’intervention avaient été accueillies à coup de blasters et même de lance missiles, ce qui expliquait les traces noires sur la coque de la navette A-546. La Nouvelle République avait fini par ramener l’ordre, non sans avoir mené un intense combat dans des ruelles sombres et malodorantes qu’elle ne connaissait pourtant pas. Les forces d’intervention avaient ainsi pu vérifier à quel point la propagande impériale était puissante. Bien loin de la situation apaisée qui était censée caractériser les quartiers inférieurs, la Nouvelle République avait découvert des lieux gangrenés par le crime et les trafics, tous plus odieux les uns que les autres.
Depuis cette mission, il fallait bien avouer que les problèmes de la Nouvelle République n’avaient fait qu’empirer. De multiples réseaux s’étaient établis sur Coruscant, et compte tenu des effectifs restreints, il était pratiquement impossible de tous les démanteler. Alors le Conseil Provisoire avait ordonné à ce que des choix drastiques soient faits. La priorité avait donc été donnée à la traque des groupuscules impériaux, les plus dangereux car les mieux organisés et les mieux armés. Et pendant ce temps là, tout ce que Coruscant comptait comme êtres malfaisants avaient pratiquement carte blanche pour agir. Personne ne pouvait nier que la transition politique se faisait dans la douleur.

Solidement attaché dans son fauteuil, le commandant Joshua Tenling cria au pilote de la navette pour couvrir le bruit assourdissant des turbines :
- Dîtes capitaine, si vous pouviez éviter de tous nous tuer, cela nous arrangerait les gars et moi. On a une mission importante à mener à bien, je vous le rappelle !
- Pas de souci commandant, cette épave a de bons restes.
La dite « épave » se mit alors à trembler violemment et Tenling écarquilla les yeux de stupeur en se raccrochant par réflexe à une barre métallique qui était accrochée à la paroi du vaisseau. Le capitaine fit alors d’une voix joviale :
- Ah bien sûr, si des vents contraires s’en mêlent, je ne réponds plus de rien !
- Bah diminuez votre altitude alors, il y aura moins de vent.
- A vos ordres, commandant.
Aussitôt, la navette piqua du nez dans un grincement affolant et Tenling crut même voir la paroi de la navette se contracter sous la pression. Alors que la chute semblait interminable, Tenling se tourna vers les hommes qui l’accompagnaient et qui eux aussi, s’étaient sanglés à leurs sièges. Ils étaient une dizaine, habillés de combinaisons noires portant l’insigne de la Nouvelle République sur l’épaule droite, d’une armure légère et portaient tous un impressionnant blaster chromé à leurs ceintures. Tenling sourit. Il avait eu l’autorisation pour cette mission importante de prendre avec lui les hommes de terrain que la cellule Antiterroriste avait de plus compétent. Finalement, peut-être que cette mission se déroulerait bien, tout du moins s’ils arrivaient en vie sur le lieu de l’intervention.

Tandis que la navette stabilisait enfin sa course, un des soldats s’exclama :
- Commandant, puis je vous poser une question ?
- Allez-y.
- Vous ne pensez pas que nous devrions être plus que dix pour mener cet assaut ? Si ces impériaux sont si dangereux qu’on le dit, des renforts ne seraient pas de refus.
- Pas d’inquiétude lieutenant, j’ai demandé à ce que les forces d’intervention spéciales nous rejoignent sur place.
- Oh…si les « boys » sont avec nous, alors nous ne craignons plus rien, répondit le lieutenant sur un ton sarcastique.
Les autres soldats rirent, plus pour évacuer la pression que pour autre chose. Tenling n’était pas vraiment surpris de cette remarque. Les « boys » étaient surnommés ainsi parce qu’ils étaient considérés par les membres de la cellule antiterroriste comme des p’tits gars qui n’avaient justement pas eu l’honneur d’intégrer cette cellule. En fait, les FIS étaient quelque peu méprisés par les hommes de Tenling. Mais aujourd’hui, le commandant ne voulait pas entendre parler de guerre entre les services. Ils étaient tous là pour un objectif commun et la moindre dissension interne qui pourrait faire capoter l’opération serait sévèrement réprimée.
- Soyez respectueux aujourd’hui les gars. Je veux que cette cellule impériale soit démantelée. Et je veux éviter un bain de sang !
- Pas de problème, commandant. Mais est-on sûr de nos sources cette fois ci? Les Impériaux sont bien là où on les attend ?
- Cette fois-ci est la bonne, lieutenant. Nous avons plusieurs sources qui se recoupent. Oh bien sûr, en arrêtant ces terroristes, nous ne vaincrons pas totalement les impériaux qui sont présents sur la planète mais nous leur porterons un sacré coup.
- Ca y’est, on arrive ! S’écria soudain le pilote de la navette.
Tenling se retourna alors de nouveau vers ses hommes et lança :
- Ok, préparez vous les gars, il n’y a pas de temps à perdre.

La navette descendit encore de quelques mètres avant de se poser doucement, mais dans un brouhaha de turbines insupportable. Tenling se détacha, se leva, ouvrit la porte coulissante de la navette et bondit au-dehors avant de faire signe à ses soldats de les suivre. Pendant ce temps là, le capitaine coupa les turbines et le quartier dans lequel ils avaient atterri redevînt silencieux. Si tout se passait comme prévu, les forces d’intervention spéciales devaient les attendre à environ cinq cent mètres de là. Ensuite, les deux unités armées se dirigeaient vers la planque des impériaux. Tenling prit malgré tout le temps d’observer la configuration des lieux. La nuit était tombée et seuls les lumières blafardes de ce quartier miteux lui permettaient de voir ce qui l’entourait. La navette s’était posée au milieu d’une place de taille moyenne et jonchée de détritus. Les immeubles qui bordaient la place étaient dans un état déplorable, la plupart des fenêtres étaient brisées et une odeur de moisi se dégageait, agressant les narines des soldats malgré l’air frais de la nuit. Tenling leva la tête et ne distingua pas le ciel étoilé, mais seulement un amas de métal et de transparacier. Visiblement, ils devaient être proches du sol originel de la planète, ce qui en soit n’était guère rassurant.

Prenant la tête de son escouade, le commandant Tenling fit un signe de la main pour indiquer la direction à suivre. Le petit groupe se mit en mouvement, courant avec agilité au milieu d’une ruelle adjacente, obstruée par d’innombrables carcasses de véhicules et de droïds rouillées par le temps. Au bout de quelques minutes, ils débouchèrent sur une nouvelle place, toute aussi sale que la première mais qui cette fois ci n’était pas vide. En effet, tout un peloton de soldats des forces d’intervention spéciales était présent, armes aux poings, en position défensive et d’attente. Un peu plus loin, un vaisseau de transport flambant neuf était posé, les turbines à l’arrêt.
Tenling s’approcha et s’immobilisa quand un homme vînt à sa rencontre d’un pas soutenu. Les soldats des FIS étaient tous vêtus de la même façon : combinaison de combat noir, fusil blaster d’assaut, casque à visière électronique et même un bouclier déflecteur portable. A côté d’eux, les hommes de l’Antiterrorisme étaient équipés de jouets :
- Il faudra vraiment que je parle de ces problèmes d’équipement au général Cracken, maugréa Tenling.
Son interlocuteur s’immobilisa à son tour et effectua le salut militaire avant d’ôter son casque, révélant un jeune visage. Même si dans l’obscurité il n’était pas évident pour Tenling de détailler le soldat, il semblait ne pas avoir plus de 25 ans. Bien bâti, il arborait un léger bouc marron qui faisait ressortir ses yeux verts. L’homme déclara d’une voix calme :
- Commandant, nous vous attendions.
- C’est ce que je vois en effet. Ou est votre supérieur hiérarchique, lieutenant ?
- C’est moi qui dirige cette escouade.
Tenling ne pu dissimuler sa surprise. Qu’un homme si jeune soit déjà à la tête de tout un peloton de soldats surentraînés en disait long sur le manque cruel de personnel dont souffrait la Nouvelle République en ces temps difficiles. A moins que ce lieutenant ne soit extrêmement compétent. Tenling se ressaisit et déclara :
- Très bien, je suppose que c’est donc vous qui allez me faire le rapport de situation, lieutenant… ?
- Je suis le lieutenant Connor Skell monsieur, et c’est un honneur que de vous rencontrer. La situation me semble idéale pour le moment. Nous avons pu nous poser au lieu de rendez vous sans aucune difficulté. Pas de traces d’espions impériaux, ni de résidents hostiles à notre présence. En fait, je trouve même que tout ceci se présente trop bien.
- Un piège ? demanda Tenling
- J’espère que non. Après tout, les impériaux n’ont aucun moyen de savoir que nous sommes ici, prêts à leur tomber dessus. Et puis, si nous avions du subir une embuscade, je pense qu’elle aurait déjà eu lieu.
- Je vois. Où est la cible ?
- J’ai envoyé deux de mes hommes en reconnaissance pour s’assurer que la voie était libre. Ils viennent de revenir sans encombre. Apparemment, l’immeuble où se terreraient les impériaux se trouverait à une centaine de mètre au Nord. Bien que tous les volets de l’immeuble en question soient fermés, mes hommes m’ont assuré qu’ils avaient vu de la lumière au troisième étage. Permettez-moi de vous dire que c’est bon signe.
- Je suis entièrement d’accord avec vous.
Tenling regarda sa montre avant de se retourner vers ses soldats et de leur faire signe d’approcher. Puis, il fit de nouveau face au lieutenant.
- Lieutenant Skell, je vous propose de laisser trois de vos soldats en couverture au cas où. Que votre vaisseau de transport se tienne prêt à décoller en cas d’urgence.
- Entendu.
- Bien, alors je crois qu’on peut y aller.

Les FIS et les soldats de l’antiterrorisme avançaient à présent dans une petite ruelle plongée dans le noir. En effet, cela faisait bien longtemps que l’éclairage public avait été démoli par des délinquants, et bien sûr, personne ne s’était donné le mal de venir le remplacer. Ces quartiers mal famés n’intéressaient de toute façon personne. Les forces républicaines avançaient promptement mais avec une agilité indéniable, ne faisant aucun bruit ou presque. Tandis que Tenling et Skell ouvraient la marche, leurs armes pointées devant eux, d’autres soldats balayaient avec leurs viseurs les immeubles qui bordaient la ruelle, s’assurant qu’ils n’étaient pas observés.
Au bout de quelques instants, Skell fit signe à tout le monde de s’immobiliser. Puis, il se rapprocha de Tenling et lui murmura en tendant le doigt dans une direction :
- Voilà, si vos sources sont bonnes, les impériaux se trouvent dans l’immeuble d’en face.
- Celui à la porte d’entrée défoncée ?
- Affirmatif.
- Parfait.
En observant les lieux, Tenling remarqua effectivement une faible lueur qui filtrait à travers les volets du troisième étage. L’immeuble se tenait en bordure d’une rue bien plus large mais qui était toute aussi déserte que les autres. Après quelques secondes de réflexion, Tenling se retourna de nouveau vers le lieutenant Skell et lui dit :
- Alors voilà ce que l’on va faire. Quatre de vos hommes vont rester ici en soutien. Envoyez également trois de vos soldats de l’autre côté du bâtiment, au cas où les Impériaux auraient la possibilité de fuir par là. Que d’autres hommes prennent position de part et d’autre de la ruelle. Quant au reste, dîtes leur de se préparer à intervenir. On va entrer. Je vous laisse choisir vos meilleurs éléments lieutenant.
- Entendu.
Sans faire un bruit et tout en veillant à rester accroupi, Connor Skell se dirigea vers ses soldats qui s’étaient eux-mêmes dissimulés dans l’ombre tant qu’ils étaient immobiles. En quelques secondes, les consignes furent transmises et exécutées. Des petits groupes de soldats se dispersèrent vers les points indiqués, prenant garde de traverser le plus rapidement possible les zones à découvert. Quant tout le monde fut en position, Tenling se retourna vers les militaires qui étaient encore présents et leur fit :
- Ok, on y va. Surtout ne faites aucun bruit, d’autant plus quand nous aurons pénétré dans l’immeuble. Il ne faut leur révéler notre présence qu’au dernier moment car c’est là notre meilleur atout pour éviter un bain de sang. Et rappellez vous, il nous faut faire des prisonniers pour les interroger. Cette cellule là n’est qu’une des nombreuses ramifications de l’organisation, nous avons donc besoin de renseignements. C’est clair ?
Comme seule réponse, Tenling eut un hochement de tête collectif.
- Alors, c’est parti. Lieutenant Skell, avec moi !
Les soldats se redressèrent tous en même temps et sprintèrent vers l’immeuble ciblé avant de s’immobiliser de part et d’autre de la porte d’entrée défoncée. Tendant l’oreille, Tenling ne perçut aucun bruit suspect. Jetant un dernier coup d’œil autour de lui pour se rassurer, il prit alors la décision de passer le premier et pénétra dans l’immeuble, aussitôt suivi par le reste des soldats.

Ils se retrouvèrent dans un hall de taille moyenne qui était dans un état lamentable. Le sol était recouvert de tâches brunâtres, les boites aux lettres étaient toutes défoncées, et deux fauteuils avaient été littéralement éventrés. Les murs étaient d’un jaune pisseux et l’odeur de moisissure imprégnait l’ensemble, rendant l’endroit particulièrement désagréable. Les soldats traversèrent le hall en catimini, évitant du mieux qu’ils le pouvaient les débris de verre qui étaient disséminés de-ci de-là. Ils empruntèrent alors l’escalier qui serpentait dans les étages et dont les marches en pierre étaient fissurées. Quant à la rambarde, elle était recouverte par endroit de vomi séché. Réprimant un haut le cœur, Tenling prit la tête du détachement, s’arrêtant à intervalle régulier pour écouter ce qu’il se tramait. Aucun bruit suspect ne vint l’alerter, l’immeuble paraissait totalement abandonné. Le commandant savait que ce n’était pas le cas, mais peut-être les espions impériaux étaient-ils les seuls occupants de cet endroit écœurant ? Quelque part, Tenling ne pouvait s’empêcher d’exprimer de la satisfaction face à la situation peu enviable des impériaux. Eux qui jadis avaient bénéficié de tout le luxe possible et imaginable, en étaient aujourd’hui rendus à se terrer dans un trou à rat.

Les militaires franchirent les paliers du premier et du deuxième étage, tous désert. Arrivé au troisième, des voix commencèrent à se faire entendre, même si elles restaient indistinctes. Tenling se retourna et fit signe à ses soldats de se tenir prêt. Le lieutenant Skell réajusta alors son casque sur sa tête et montra qu’ils étaient parés. Tenling s’engagea alors dans un long couloir lugubre, où la tapisserie et la moquette avaient été presque totalement arrachées. Les voix se firent plus nettes, ce qui permit même à Tenling de localiser l’appartement précis dans lequel se planquaient les terroristes. Il désigna une porte en bois épais et s’immobilisa à deux mètres à peine de celle-ci. Quant au lieutenant Skell, il alla se positionner de l’autre côté. Le reste des soldats se mit en position, certains activant même leur bouclier déflecteur portable. Avant de lancer l’assaut, le commandant de la cellule Antiterroriste essaya de percevoir ce qu’il se tramait dans la pièce. Il tendit l’oreille pour comprendre ce qu’il s’y disait :
- …qu’importe que le général Faraday ait été capturé ! Il savait très bien les risques qu’il courrait, fit un homme.
- Exact, ça ne change rien à notre mission, répondit une femme.
- Je pense qu’on est tous d’accord sur ce point, nous devons mettre en œuvre la Dernière Volonté de l’Empereur, ajouta un autre homme.

Tenling ne put réprimer un sourire. Visiblement, les sources étaient fiables ce coup ci, et si tout se passait bien, dans quelques minutes, un dangereux groupe de dissidents serait démantelé. Les paroles entendues confirmaient bien en tout cas la relation supposée entre ces groupes et le général Faraday. En revanche, Tenling ne comprenait pas ce que pouvait bien impliquer cette « Dernière Volonté de l’Empereur ». Il fallait en avoir le cœur net. Il fit alors signe à un soldat portant un bouclier de défoncer la porte. Celui-ci acquiesça de la tête et s’approcha de l’entrée de l’appartement. Il prit son élan et la brisa d’un puissant coup de pied. La porte vola en éclat, propulsant des débris de bois dans la pièce. Sans attendre une seule seconde, Tenling, Skell et trois autres soldats des FIS s’engouffrèrent dans l’appartement en hurlant :
- CELLULE ANTITERRORISTE, VOUS ETES EN ETAT D’ARRESTATION ! NE BOUGEZ…
La fin de la phrase fut engloutie dans un crépitement de laser. Les impériaux avaient réagi à une vitesse impressionnante, comme leur entrainement leur avait appris à le faire. Et il ne leur avait fallu qu’une seconde pour se saisir de leurs blasters et faire feu. Tenling et Skell se jetèrent sur le sol et glissèrent à l’abri derrière un canapé en cuir, tandis qu’un autre soldat des FIS s’agenouillait derrière son bouclier déflecteur. Un autre n’eut pas le temps de réagir et fut touché par une rafale au niveau de la gorge. Il bascula en arrière dans un gargouillement horrible et s’étala dans l’entrée de l’appartement, forçant ses collègues à enjamber son corps pour prendre pied dans la pièce.
Tenling et Skell se redressèrent de derrière leur cachette improvisée et ouvrirent le feu, tissant une étroite toile de lasers en plein cœur de l’appartement. Tenling toucha un impérial en pleine tête, qui ne poussa même pas un cri en s’écroulant. Quant à Skell, il maintint un barrage nourri de laser pour repousser les impériaux, qui reculèrent vers la sortie du salon donnant probablement sur les chambres. Pendant ce temps là, d’autres soldats des FIS se mirent en position de tir et fauchèrent deux impériaux au niveau de la poitrine. Ils s’écroulèrent l’un sur l’autre, leurs corps encore fumant. C’est alors que les Impériaux toujours en vie tentèrent de reprendre l’avantage en se dissimulant derrière des meubles en bois et en tirant à tout va. Skell et Tenling se carapatèrent de nouveau derrière le canapé qui se retrouva éventré par les impacts successifs, propulsant des bouts de mousse partout dans les airs.

Tenling jura entre ses dents quand il vit un autre de ses soldats être abattu et s’effondrer sur une table basse qui se brisa dans un tintement assourdissant. Skell rampa alors sur le sol et jeta un coup d’œil au bout du canapé. Avec une rapidité qui impressionna Tenling, il visa, tira, descendit un terroriste en l’atteignant entre les deux yeux, et se planqua de nouveau avant que le dernier impérial encore en vie ne le prenne pour cible. Tenling, voyant qu’un troisième soldat des FIS venait de s’affaler sur le sol poussiéreux, hurla :
- Finissez-le ! Finissez cet impérial !
Trois autres soldats de la Nouvelle République déboulèrent dans l’appartement et tandis que deux créaient un mur infranchissable avec leurs boucliers déflecteurs, le dernier arrosa le meuble derrière lequel l’espion était dissimulé. Une odeur de bois brûlé se répandit rapidement dans la pièce tandis que le meuble était complètement détruit par les multiples impacts. Sentant que sa protection n’en était plus une, l’impérial se redressa et ouvrit le feu dans un dernier baroude d’honneur. Analysant la situation en un éclair, Skell bondit sur ses jambes et fit feu à trois reprises. Les lasers vinrent percuter l’impérial au niveau du thorax, ce qui le propulsa avec violence dans le mur juste derrière lui. Alors qu’il s’écroulait en gémissant, une longue fissure se dessina sur le fragile mur. Puis un silence pesant tomba brutalement sur la pièce dévastée.

Tenling se redressa à son tour et regarda pendant quelques secondes l’étendue des dégâts avant de déclarer :
- Je ne pensais pas que cela se terminerait ainsi.
- Y a quelque chose qui cloche ! Lança aussitôt le lieutenant Skell
- Comment ça ? Demanda Joshua en fronçant les sourcils
- Nous avons entendu la voix d’une femme tout à l’heure.
- Oui et bien ?
- Regardez les corps ! Il n’y a que des hommes.
Le regard de Skell se posa alors sur le mur qui était en face de lui et dont la couleur était légèrement différente que celle du reste de la pièce. Pire encore, Connor distingua un mince interstice qui dessinait une porte dans le mur. Ecarquillant les yeux de stupeur, il hurla :
- Baissez vous !
Au moment où Skell agrippait Tenling par le col pour le faire basculer en arrière, la porte secrète s’ouvrit violemment, révélant trois autres espions, dont une femme, armes à la main. Un déluge de lasers frappa les soldats du FIS, dont l’un d’eux n’eut pas le temps de mettre son bouclier en opposition. Le tir qu’il reçut à la gorge lui fut fatal en quelques secondes. Le combat reprit alors, Tenling et Skell tirant à tout va pour atteindre leurs cibles. La femme impériale fut la première à crier de souffrance avant de se taire définitivement, vite rejointe dans la mort par l’un de ses collègues. Voyant que la situation était désespérée, le dernier survivant détacha un objet métallique de sa ceinture multifonction et l’activa avant de le jeter sur le sol. Tenling sentit son cœur avoir un raté en voyant le détonateur thermique finir sa course de l’autre côté du canapé derrière lequel ils étaient dissimulés. Le commandant cria alors à ses soldats :
- Fuyez ! Fuyez !
Tandis que les forces d’intervention se repliaient et quittaient l’appartement, Tenling comprit que lui et Skell n’auraient pas le temps de les imiter.
- On est foutu !
- Pas encore, cria Skell en se redressant et en tirant Tenling à sa suite.
Le lieutenant se dirigea alors vers la seule fenêtre de la pièce qui était toute proche d’eux et se propulsa dans les airs, l’épaule en avant. Il brisa la fenêtre qui vola en mille morceaux et défonça littéralement le frêle volet avant d’être happé par le vide. Se souvenant qu’il était au troisième étage, il lança sa main droite à l’aveuglette et parvînt à s’accrocher in extremis au rebord de la fenêtre. C’est alors qu’il vit le corps de Tenling passer par-dessus sa tête et chuter dans le vide. Mais le commandant eut le réflexe de se raccrocher à la jambe du lieutenant, ce qui arracha un cri de souffrance à celui-ci. Tandis que Skell tentait de réaffirmer sa prise, le détonateur explosa dans un fracas assourdissant. Le lieutenant vit des flammes se propager par la fenêtre défoncée avant de se rétracter soudainement, leur chaleur venant lécher ses mains. L’immeuble tout entier sembla trembler sur ses bases, mais fort heureusement, il réussit à tenir le coup.
- Ca va commandant ? Demanda Skell qui suait à grosses gouttes
- A vrai dire, je préférerai que l’on nous remonte ! Et vite si possible…
- Et moi donc.
A peine avait-il fini sa phrase que le lieutenant eut la joie de voir apparaitre par la fenêtre la main gantée d’un soldat des FIS.
- On peut dire que vous tombez bien vous !

Le commandant Tenling et le lieutenant Skell se tenaient à présent au milieu de ce qui avait été autrefois un salon. Tous les meubles avaient été carbonisés et les murs noircis par les flammes de l’explosion. Des cendres mélant débris et restes humains recouvraient une bonne partie du sol. Les équipes de la Nouvelle République étaient en train de fouiller de fond en comble les autres pièces de l’appartement, dans l’espoir de trouver des informations importantes.
Tenling fit la grimace quand une odeur de chair humaine brûlée vint lui agresser les narines. Le commandant souleva avec son pied un bras qui avait été arraché à son propriétaire avant de déclarer :
- Je crois que pour les prisonniers c’est raté !
- Et en plus nous avons trois pertes dans nos rangs, ajouta Skell qui portait maintenant son casque sous son bras droit.
- Cette opération est un fiasco ! Ragea Tenling en s’écartant du chemin des experts scientifiques.
- Pas totalement ! Après tout, cette cellule est maintenant démantelée. C’est toujours ça de pris.
- On peut dire ça comme ça…
C’est alors qu’un des soldats des FIS s’approcha des deux hommes et dit d’une voix excitée :
- Mon commandant, mon lieutenant, vous devriez venir voir ça ! La pièce secrète des Impériaux a été relativement épargnée et on a trouvé quelque chose qui pourrait être intéressant.

Aussitôt, les trois hommes se rendirent dans le local secret qui n’était pas plus grand qu’une chambre à coucher. Il était en fait uniquement meublé par des établis en bois épais, recouverts de plans et autres papiers, dont certains avaient été en partis consumés par les flammes. Le soldat du FIS fit le tri parmi le monceau d’informations tout en déclarant :
- Nous avons trouvé des renseignements concernant les anciennes actions de ce réseau, celles que nous avons déjà eu à subir en fait, ce qui dans le cas présent ne nous intéresse pas. Par contre, nous avons trouvé ceci.
Il se saisit alors d’un grand plan qu’il retourna pour que Tenling et Skell puissent voir ce qu’il y avait dessus. A l’évidence le plan représentait en détail une construction utilisant une énorme quantité d’énergie. Des indications supplémentaires avaient été griffonnées à la main, comme par exemple : « salle des gardes » ou encore « réacteur ». Le tout était d’une précision remarquable, ce qui provoqua une vague d’inquiétude chez Tenling. Voyant sa réaction, Connor le regarda en demandant :
- Vous savez ce que cela représente ?
- Oh que oui, vous avez devant les yeux le plan ultra-détaillé et actualisé d’une des six centrales servant à propager le bouclier planétaire.
- Le bouclier planétaire !?
- Tout juste. Autrement dit, notre meilleur moyen de défendre Coruscant en cas d’attaque ennemie.
- Ouah…je suppose que ce n’est pas bon pour nous, fit Skell en fronçant les sourcils.
- En effet. Cela pose également pas mal de questions sur notre système de sécurité. Comment ces foutus impériaux ont-ils pu se procurer ces plans ? C’est classé secret défense des trucs comme ça !
- Complicité interne ? Se risqua Skell
- Probablement. Et cela ne m’enchante guère…
Il y eut un instant de silence pendant lequel Tenling et Skell semblèrent perdus dans leurs pensées. Enfin, ce fut le lieutenant qui reprit la parole:
- Vous pensez que ces plans ont quelque chose à voir avec ce que l’on a entendu tout à l’heure avant de rentrer dans l’appartement ? Cette…«Dernière Volonté de l’Empereur » ?
- Je l’ignore, se contenta de rétorquer le commandant de la cellule Antiterroriste.
Puis, il détacha enfin les yeux du plan de la centrale pour les reporter sur le soldat du FIS qui était resté immobile jusque là :
- Autre chose ?
- Oui, et j’ai bien peur que ça ne vous plaise pas non plus.
- Au point où on en est…maugréa Tenling
Le soldat ramassa alors sur le sol une petite feuille, de la taille d’un tract, qu’il tendit ensuite à Tenling avant de déclarer :
- On en a trouvé des centaines disséminées un peu partout dans l’appartement. Apparemment, ces espions impériaux s’apprêtaient à les distribuer à des personnes bien ciblées.
Sentant le rythme de son cœur s’accélérer, Tenling lut alors à voix haute ce qui était écrit en gros sur le tract :
- « A tous les fidèles de l’Empire, nécessité absolue d’évacuer Coruscant. Menace imminente ! »

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