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Le Procès du Massacreur
 
«Mesdames et messieurs, c’est un évènement majeur qui va débuter aujourd’hui au Tribunal Spécial du Jugement des Crimes Impériaux, un évènement essentiel pour que des millions de familles de par la galaxie puissent enfin faire le deuil de l’un de leur proche, tombé sous le joug de l’Empire, meurtri par la violence et la cruauté d’un homme : Aldwin Faraday. Celui que toute la presse a déjà surnommé le Massacreur va en effet devoir répondre de toutes les atrocités qu’il a commises alors qu’il était au service de l’Empereur en personne. Dire que les attentes autour de ce procès sont énormes est un euphémisme, des millions de personnes vont en effet pouvoir suivre la retransmission du procès en intégralité sur l’HoloNet. Quant à la première séance d’audience, elle devrait débuter à 10h et je peux vous assurer qu’ici, des milliers d’individus sont déjà massés près des barrières de sécurité pour conspuer Faraday lorsqu’il apparaîtra. Ce procès se déroule donc dans une atmosphère particulièrement tendue, ce qui explique l’important dispositif policier déployé par la Nouvelle République que vous pouvez peut-être voir derrière moi. Ne manquez donc pas le début du Procès du Massacreur, dans deux heures maintenant ! C’était Alinya Kalway, en direct du Tribunal Spécial du Jugement des Crimes Impériaux pour la Nouvelle Tribune Galactique. »

***

Connor Skell entra lentement dans la petite cellule du général Faraday qui finissait de réajuster le col de sa superbe tenue de général. L’Impérial avait insisté pour porter ses plus belles décorations lors de la première journée d’audience, sorte de défi qu’il souhaitait lancer à tout ceux qui voulaient assister à son lynchage public. De part et d’autre du général, deux soldats de la Nouvelle République se tenaient immobiles, armes à la main, prêts à intervenir au moindre geste suspect du prévenu. Mais visiblement celui-ci n’avait nullement l’intention de tenter de s’évader. D’autant plus qu’à son âge avancé, il n’avait probablement plus les moyens de réaliser un effort prolongé. Non, sans complicité interne, le général n’avait aucune chance de s’enfuir.
Faraday lui tournant le dos, Skell se racla la gorge pour signaler sa présence. L’Impérial pivota sur lui-même, délaissant le petit miroir qui lui avait été amené pour qu’il puisse être présentable lors de l’audience. En voyant les traits du général, Skell eut l’impression qu’il allait défaillir. C’était comme s’il venait de recevoir un terrible coup de poing dans l’estomac et qu’il en avait le souffle coupé. Comment aurait-il pu oublier ces yeux de glace et cet air hautain ? Bien sûr le temps avait fait son œuvre et de profondes rides striaient le visage de l’Impérial, mais Connor était certain qu’il avait en face de lui l’homme qui avait lâchement assassiné ses parents. Il ne pouvait y avoir de doute, et bien que la terrible scène se soit déroulée il y a plus de vingt ans déjà, Connor la revivait comme si c’était hier.
Expirant doucement pour calmer les battements affolés de son cœur, le jeune lieutenant fit un pas en avant, avant de demander d’une voix qu’il espérait assurée :
-Vous êtes prêt ? Il va falloir y aller.
Montrer un quelconque signe de faiblesse à cet homme dénué de scrupules était bien la dernière chose que pouvait se permettre Skell. Sa mission était simple, il devait protéger Faraday des terroristes qui voulaient l’abattre, et ce coûte que coûte. Il ne devait penser à rien d’autre et ne devait jamais ressentir la moindre once de volonté de vengeance. C’était ce genre de sentiment qui le mènerait inévitablement à ruiner sa carrière, et ça, il ne le voulait pour rien au monde. Faraday avait réussi à détruire son enfance, pas question qu’il parvienne à faire la même chose avec le reste de sa vie.

Les yeux du général se posèrent sur le jeune soldat qui se trouvait face à lui et l’étudièrent de la tête aux pieds. Puis Aldwin déclara d’une voix pleine de suffisance :
- Ainsi c’est vous que l’on a chargé d’être mon petit chien ! Je pensais qu’ils m’enverraient quelqu’un de plus vieux.
- Soyez assuré que je suis parfaitement à même de vous protéger.
- Je l’espère pour vous. Je dois avouer que la mission que l’on vous a confiée est particulièrement ingrate.
Skell ne dit rien. Faraday attrapa alors sa veste grise qu’il enfila et ajusta parfaitement, avant de s’immobiliser et de demander avec un petit sourire espiègle :
- Dîtes-moi… ?
- Lieutenant Skell.
- Dites moi lieutenant Skell, si je dois aller aux toilettes pendant le procès, c’est vous qui me tiendrez la…
- Il faut partir, le coupa Connor, nous avons un speeder à prendre avant d’arriver au Tribunal.
- Vous avez raison, il ne faudrait pas faire attendre la plèbe ! Après tout, elle réclame mon lynchage public depuis trop longtemps pour l’en priver quelques minutes encore.
- Ne faites rien de stupide et tout se passera bien, rétorqua Connor d’une voix glaciale.
Soudain, avec une rapidité extraordinaire pour un vieil homme, Faraday se précipita vers son interlocuteur et s’immobilisa à quelques centimètres de lui seulement. Tandis que les soldats de la Nouvelle République avaient relevé leurs armes dans un geste parfaitement synchronisé, Skell n’avait pour sa part pas bougé. Il fixa le regard de glace de l’impérial jusqu’à ce que celui déclare d’un ton hargneux :
- Mon petit, vous savez à qui vous parlez ?
Connor leva un sourcil avant de répondre d’un air moqueur :
- A un prisonnier ?
Les deux hommes se dévisagèrent encore pendant des secondes qui semblèrent durer une éternité, puis enfin Faraday se recula lentement avant de désigner la sortie :
- Bien, je crois que je suis prêt à aller affronter cette mascarade !
Voyant que Skell ne bronchait toujours pas, le général fit avec un grand sourire hypocrite :
- Après vous très cher !


***

Le speeder blindé de la Nouvelle République avait quitté le centre de détention dix minutes auparavant, ce qui signifiait qu’il en restait encore cinq avant de parvenir à la piste d’atterrissage située aux abords du Tribunal. Dans le véhicule climatisé, deux soldats de la Nouvelle République se tenaient à côté du pilote, sur une large banquette en cuir blanc. Tandis que l’un des deux surveillait avec minutie tout évènement qui aurait pu paraître suspect dans les cieux surchargés de Coruscant, l’autre était en contact comlink permanent avec les deux navettes d’assaut qui les escortaient. La première ouvrait la voie en faisant rapidement dégager les véhicules qui se trouvaient sur le chemin du convoi, tandis que l’autre fermait la marche, protégeant ainsi les arrières du speeder blindé. Sur la banquette arrière de celui-ci se tenaient Connor Skell et Aldwin Faraday, ce dernier ayant les mains emprisonnées par des menottes électriques.

Même s’il essayait tant bien que mal de dissimuler sa nervosité, Connor ne pouvait s’empêcher de tapoter sur le blaster d’assaut qui pendait à sa hanche droite. De plus, il jetait régulièrement des coups d’œil nerveux par la fenêtre, s’attendant à voir des terroristes fondre sur eux à tout instant. En effet, Skell savait pertinemment que ce premier voyage vers le Tribunal était important, car il constituait une occasion rêvée pour les assaillants de s’en prendre à Faraday. Mais pour l’instant aucun incident n’était à déplorer, hormis des insultes vociférées par quelques conducteurs de speeders qui venaient en sens inverse et qui comprenaient où se rendait le convoi.
La flotte de véhicules s’engagea dans une nouvelle voie aérienne plus dégagée avant de diminuer progressivement son altitude :
- On y sera dans deux minutes, lâcha le pilote d’une voix tendue.
Skell jeta un coup d’œil à Faraday qui se tenait immobile à ses côtés. Bien que l’homme fut en apparence étonnamment décontracté compte tenu des circonstances, Connor remarqua malgré tout des gouttelettes de sueur qui perlaient dans le cou du général impérial. Skell se dit que ce signe de nervosité était bien léger étant donné l’enjeu de ce procès qui allait confronter un des plus grands criminels impériaux à toutes les horreurs qu’il avait pu perpétrer pendant des années. A vrai dire, le lieutenant des forces spéciales n’était même pas sûr qu’il aurait lui même supporté une telle pression.

Comme s’il avait lu dans les pensées du jeune homme, Faraday tourna lentement la tête vers lui avant de déclarer d’une voix assurée :
- Vous savez, tout ceci ne m’effraie pas.
- Vraiment ?
L’impérial hocha les épaules :
- Oui. J’ai passé ma vie à craindre la sanction de l’Empereur si j’échouais à mener à bien les missions qui m’étaient dévolues. Je ne me souviens pas d’un seul jour où je n’ai pas eu la peur au ventre à cause de toute la tension qui régnait à la Cour Impériale. Et je ne parle pas du Seigneur Vador ! A chaque fois que je le croisais, j’avais le sentiment de sombrer dans un puit d’obscurité sans fin. Je crois pouvoir dire que j’ai été habitué à ce genre d’évènements.
- Si vous le dites…
La voix du pilote coupa la discussion :
- On va se poser. Préparez vous !
En effet, le speeder blindé gris métallisé ralentit fortement son allure avant d’entamer une descente presque à la verticale vers la piste d’atterrissage prévue à cet effet. Celle-ci avait été installée à une centaine de mètres du Tribunal, dans une rue adjacente calme et protégée par un impressionnant dispositif policier. Faraday jeta un coup d’œil par la fenêtre et vit des dizaines de soldats de la Nouvelle République lourdement armés qui faisaient cercle autour de la piste, garantissant ainsi son intégrité.
- Tout ça pour moi ? Non vraiment, c’est trop ! Lança l’impérial en esquissant un sourire malin.
Connor se demanda si cette apparente décontraction et ces railleries ne cachaient pas en fait une grande tension. Mais si c’était le cas, Faraday était très habile pour la dissimuler aux yeux de tous.

Enfin le speeder toucha terre et le pilote coupa les turbines dans la foulée. Aussitôt, les deux soldats quittèrent le véhicule et l’un d’eux alla ouvrir promptement la porte arrière, permettant à Skell puis à Faraday de sortir.
C’était une belle journée qui débutait sur Coruscant, et les rayons du soleil matinal venaient réchauffer les corps et les âmes. En levant les yeux, Skell s’accorda même une fraction de seconde pour observer la lumière qui se reflétait sur les hautes tours de verre, elles-mêmes se démarquant du bleu du ciel. Puis Skell fut replongé dans l’intensité du moment quand le commandant Tenling vînt à sa rencontre et lui lança, visiblement soulagé :
- Je constate que tout s’est bien passé jusque là !
- En effet commandant, espérons que ça dure.
- C’est bien ça qui m’inquiète ! Bon, voilà le topo : on a une centaine de mètres à parcourir à découvert avant d’arriver à l’entrée du Tribunal. Quand on aura quitté cette ruelle, on va se retrouver dans l’avenue principale et Faraday va pouvoir enfin rencontrer son fan club.
- Vous voulez dire que…commença l’intéressé en perdant un peu de sa superbe.
- Ouais, ça risque d’être chaud. On va tâcher de passer en vitesse. Allez en route !
Presque aussitôt, le groupe s’élança dans la ruelle. Tenling et une dizaine de soldats des FIS étaient à la tête du cortège, suivi de près par Skell qui collait littéralement Faraday, tandis que d’autres soldats fermaient la marche, blasters à la main. Au fur et à mesure qu’ils approchaient de l’avenue principale, des clameurs commencèrent à se faire entendre, d’abord faibles, puis de plus en plus puissantes. Skell vit alors Faraday ralentir l’allure comme s’il pressentait ce qu’il allait se passer dans quelques secondes. Connor attrapa l’impérial par le bras et le tira vers lui :
- Allez, ne perdons pas de temps !
Soudain, le groupe déboucha dans l’avenue principale, et le brouhaha de la foule devînt impressionnant.
- Nom de…jura Skell
Le chemin vers le Tribunal avait été « balisé » par de grandes barrières de sécurité, derrière lesquelles des milliers d’hommes et de femmes d’espèces différentes étaient massés, certains brandissant des holo-pancartes vers le ciel, d’autres levant le poing en signe de défi et de protestation, d’autres encore s’égosillant ou éructant pour conspuer les forces de l’ordre qui les empêchaient de passer. Au bout du chemin, le Tribunal resplendissait sous le soleil. Le bâtiment avait été construit sur un promontoire que l’on escaladait en utilisant un immense escalier en pierre blanche. Le tribunal en lui-même était quant à lui une impressionnante structure en acier gris avec des teintes plus claires par endroit, le tout surmonté par un gigantesque dôme en transparacier.

Tout à coup, la foule comprit que Faraday venait d’arriver. Alors les protestations redoublèrent d’intensité, des hurlements de rage se firent entendre, les insultes se multiplièrent et des centaines de crachats s’écrasèrent sur le chemin, à quelques centimètres à peine de Faraday et de ses «protecteurs ». Dans la cacophonie monstrueuse, Skell parvînt tout de même à distinguer quelques bribes de paroles :
- ORDURE !
- ASSASSIN, TU AS TUE MA FAMILLE !
- TU POURRIRAS EN ENFER COMME TON EMPEREUR !
- FUSILLEZ-LE SANS LE JUGER !
Tandis que les forces de la Nouvelle République se déployaient sur toute la longueur du chemin, faisant barrage avec leurs corps et leurs armes, des objets se mirent à pleuvoir sur le groupe de Faraday. Ce furent d’abord des cannettes vides, puis des conserves et enfin des cailloux gros comme le poing :
- BOUCLIERS ! Hurla Skell pour couvrir le bruit de la foule.
- BOUCLIERS ! Répéta presque en même temps Tenling.
Aussitôt, les soldats qui accompagnaient le prévenu déployèrent leurs boucliers déflecteurs et les levèrent légèrement vers le ciel afin de repousser les projectiles. Skell poussa Faraday vers le milieu du groupe et appuya sur sa tête :
- Baissez vous nom de Dieu !
Le sol était maintenant jonché de débris et de détritus, dont la plupart rebondissait un peu partout. Les pierres continuaient de s’abattre à une cadence infernale sur les déflecteurs alors que le groupe n’était plus qu’à une trentaine de mètres de la volée de marche qui menait au Tribunal.
- SAC A MERDE !
- FUMIER ! TU VAS CREVER !
- SI ON TROUVE TA FEMME, ON VA LA…
Skell n’entendit pas la fin de la phrase puisque le bruit de quelque chose qui prend feu attira son attention. En relevant la tête, il vit que quelqu’un dans la foule avait enflammé un pantin déguisé en général Impérial. A présent, les pierres volaient également vers le pantin, le percutant et finissant même par réussir à lui arracher la tête. Puis ce qu’il restait de la marionnette fut balancé sur le chemin où elle finit de se consumer sous les cris de haine de la foule. Skell, le cœur battant à tout rompre, fut satisfait de voir qu’il n’était plus qu’à dix mètres des marches du tribunal. Il glissa à Faraday qui avait les yeux hagards :
- Tenez bon, on y est presque !
C’est alors que la foule se jeta avec violence contre les barrières de sécurité et tenta de forcer le barrage de soldats de la Nouvelle République. Avisant de la situation, Tenling hurla :
- CONTENEZ-LES! CONTENEZ-LES !
Soudain, une décharge de blaster surnagea dans le brouhaha, suivi d’un gargouillis immonde et de nouveaux cris de rage. Tenling regarda partout autour de lui et cria affolé :
- NON, NON, NE TIREZ PAS! NE TIREZ PAS !
Le souffle court, Tenling vit alors à deux mètres devant lui une femme et son enfant être littéralement écrasés contre les barrières de sécurité par la pression de la foule. La femme et son fils furent comme aspirés par cette marée humaine et piétinés sans ménagement. Le commandant de l’Antiterrorisme, sentant que la situation lui échappait, cria alors à Skell :
- COUREZ ! COUREZ VOUS REFUGIER DANS LE TRIBUNAL AVEC FARADAY!
Connor fit signe qu’il avait compris et attrapa par le bras l’impérial qui tremblait maintenant de peur, avant de se mettre à sprinter :
- Suivez-moi ! Vite ! Parvînt-il à souffler.
Au même moment, un des soldats de la Nouvelle République fut atteint en plein visage par une pierre et bascula en arrière, son arme glissant sur le sol. Tandis que du sang s’échappait de son arcade sourcilière, de son nez et de ses lèvres, Tenling cria de nouveau :
- ON A UN HOMME À TERRE! JE REPETE…!
Deux autres soldats s’arrêtèrent auprès de leur camarade blessé, le saisirent par le col et commencèrent à le traîner sur le sol.
- IL FAUT DISPERSER LA FOULE! S’égosilla un membre des FIS en passant près de Tenling.
- Vous avez raison.
Saisissant de nouveau son comlink, Joshua changea de fréquence et fit :
- Forces anti-émeute, à vous de jouer !
Puis Tenling fonça à son tour vers le Tribunal, grimpant avec agilité sur les somptueuses marches et rattrapant Skell et Faraday. Des vaisseaux anti-émeute apparurent alors de derrière un immense griffe-ciel et plongèrent littéralement vers la foule, leurs turbines créant un puissant déplacement d’air. Puis ils se mirent en vol stationnaire et leurs canons à eau entrèrent en action, déversant des litres de liquide à haute pression sur la foule déchaînée. Tenling ne vit jamais comment cette masse compacte d’individu se dispersa, car à ce moment là, lui, Skell et Faraday étaient parvenus à pénétrer dans le Tribunal et les lourdes portes de l’édifice s’étaient refermées derrière eux.

***

Reprenant son souffle, Joshua Tenling s’approcha d’un des soldats du FIS et lui dit d’une voix encore saccadée :
- Plus…jamais…ça ! La prochaine fois, je veux…que l’on se pose devant le Tribunal ! Et pas…ailleurs !
- Mais c’est impossible compte tenu de la configuration des lieux et…
- Démerdez-vous ! Cria Tenling en rangeant son blaster.
Puis, il se retourna vers Skell dont l’uniforme était couvert de détritus en tout genre et lança :
- Et vous ça va, lieutenant ?
-Disons que je commence à comprendre pourquoi vous m’avez accordé une prime pour cette mission.
C’est alors qu’un rire, faible dans un premier temps, mais qui s’amplifia rapidement, se fit entendre. Tout le monde se retourna vers Aldwin Faraday, qui adossé à un pilier, tentait de retrouver une certaine contenance.
- On peut savoir pourquoi vous vous marrez ? Demanda Tenling sur un ton agressif.
- Vous voyez lieutenant, je vous l’avais bien dit ! Assura Faraday en réponse.
Voyant que Skell fronçait les sourcils d’incompréhension, le général se redressa quelque peu et poursuivit :
- Un lynchage public, ni plus, ni moins ! Je haïs ce bas peuple, ces abrutis qui lorsqu’on leur laisse un tant soit peu de liberté en profitent pour vous poignarder dans le dos et vous pourrir de l’intérieur ! Voilà où le laxisme et la faiblesse mènent ! Voilà comment la République a été détruite et voilà à cause de quoi votre « Nouvelle République » périra. Ces gens dehors…ils ne sont rien de plus qu’un vulgaire troupeau. Ils n’ont rien compris et ils ne comprendront jamais rien. Je les abhorre !
- Je crois que c’est réciproque, se contenta de répondre Skell.
Tenling regarda alors sa montre avant de déclarer :
- Allons-y, nous devrions déjà être dans la salle d’audience.

***

La salle d’audience en question était immense et impressionnante. En fait, elle ressemblait à un vaste amphithéâtre avec ses gradins en demi-cercle et sa « scène » située en contrebas. A cet endroit précis, on avait installé deux immenses bureaux de forme arrondie qui se faisaient face, séparés par une vingtaine de mètres environ. A mi-distance, on trouvait la barre à laquelle venait témoigner celui qui était appelé à comparaître. A trois mètres devant cette barre et donc directement en face des gradins qui pouvaient accueillir plus de trois cents personnes, se tenait une grande estrade sur laquelle on avait installée les trois pupitres des juges. Derrière ces pupitres, on voyait les luxueux sièges en cuir rouge dans lesquels les juges allaient s’installer. Plus généralement, l’ensemble de la salle était dans les teintes rouge bordeaux, tirant parfois sur le marron. L’amphithéâtre avait été construit sous le dôme en transparacier qui culminait à une vingtaine de mètres au dessus de la salle et qui offrait une vue saisissante sur le ciel bleu de Coruscant.

Alors que dix heures approchait à grands pas, Faraday pénétra dans l’arène et s’immobilisa quelques secondes pour regarder les trois cents personnes qui étaient massées dans les gradins. Les individus ayant le droit d’être présent dans la salle faisaient soit parti des familles des victimes, soit étaient journalistes où encore membres de la sécurité. Des soldats avaient d’ailleurs été positionnés aux endroits stratégiques de la salle, ainsi qu’à ses portes d’accès en bois d’acajou. Un léger brouhaha animait la foule qui se tut tout à coup quand Faraday apparut. Celui-ci, escorté par deux gardes, descendit alors l’escalier recouvert de moquette pourpre afin d’arriver sur la scène, qui était elle en parquet flottant. L’impérial se dirigea alors vers le bureau de droite, où il retrouva Ballawick qui affichait un sourire confiant. Au bureau d’en face se tenait l’Avocat de l’Accusation qui avait revêtu le traditionnel costume noir et violet.

Regardant tout autour de lui, Faraday vit alors des dizaines de droïds caméras qui voltigeaient un peu partout dans la salle et qui permettaient aux habitants de Coruscant de suivre le procès minute par minute. En pensant que ses déclarations allaient être écoutées par des millions voire des milliards d’individus, Aldwin se sentit mal à l’aise. Mais sachant qu’il était observé, il utilisa son entraînement militaire pour se ressaisir rapidement. C’est alors que les trois juges apparurent à leur tour, sortant de l’autre issue de la salle, qui se trouvait juste derrière leurs pupitres. Ils allèrent prendre place dans une solennité presque exagérée et celui situé au milieu réajusta même son uniforme et son couvre chef de façon à être plus présentable devant les caméras.
Profitant des dernières minutes de tranquillité qui lui restait, Faraday analysa sa situation. Elle n’était guère brillante bien sûr, et il ne pouvait espérer une quelconque compassion de la part de cette Cour qui devait être évidemment à la solde de la Nouvelle République. Ces juges étaient là pour mettre en scène son exécution et non pour entendre ce qu’il avait à dire pour se défendre. Faraday avait également de gros doutes sur la stratégie de Ballawick, son avocat. En fait, se décharger sur Palpatine était peut-être une bonne idée, mais c’était en même temps trop évident et trop facile. Personne ne croirait cette excuse, même si au fond elle était loin d’être sans fondements. Pendant un court instant, Aldwin se demanda également ce qu’il était advenu de sa femme. Tenling lui avait assuré qu’elle allait bien, mais il aurait voulu en avoir le cœur net et pouvoir lui parler.

Tout à coup, le Juge Principal se leva pour parler et on sentit tout de suite la tension monter dans la salle d’audience. Tout le monde se tut, et on entendit donc bientôt plus que le système d’aération qui tournait à plein régime. Faraday tenta de calmer les battements affolés de son cœur et de refluer les décharges d’adrénaline qu’il sentait palpiter dans ses veines. Il serra les poings et ferma les yeux pendant quelques secondes avant de les rouvrir, une lueur de détermination au fond des pupilles. Si ces juges voulaient le condamner à mort, ils allaient d’abord devoir écouter ce qu’il avait à dire. La presse avait présenté ce procès comme l’affaire du siècle, et bien il allait lui donner raison. Ce jour allait rester dans l’Histoire comme celui où un ancien général Impérial avait refusé de se faire tuer sans combattre.
Le juge Principal jeta un coup d’œil discret à ses deux Juges Assesseurs avant de débuter d’une voix grave et empreinte de solennité :
- Mesdames et messieurs, aujourd’hui va débuter le procès d’Aldwin Konrad Faraday. L’Avocat de l’Accusation, ici présent, parlera au nom de la Nouvelle République et de toutes les familles des victimes qui se sont constituées partie civile. L’Avocat de la Défense, ici présent, sera chargé de répondre aux accusations. Je tiens à rappeler que notre objectif est de faire la lumière sur les heures les plus sombres de l’histoire de cette galaxie et j’insiste sur le fait qu’il ne s’agit pas de juger l’Empire mais uniquement le général Faraday. Au terme de ce procès, nous devrons déterminer si cet homme est bel et bien responsable de crimes de guerre et de génocides ethniques.
Le Juge Principal fit alors une pause, prenant le temps de balayer du regard l’ensemble de l’assistance, avant d’ajouter :
- Pour commencer, nous devons savoir ce que le général Faraday a décidé de plaider. Maître Ballawick ?
L’avocat se leva lentement, se tut pendant quelques secondes avant de déclarer d’une voix sereine et avec un petit sourire aux lèvres :
- Non coupable !
Des murmures outrés se firent entendre dans l’assistance, et bons nombres de personnes se mirent à discuter entre elles, certaines montrant même ostensiblement Faraday du doigt.
- Merci Maître Ballawick, assura d’une voix plus forte le Juge Principal pour ramener le silence.
Celui-ci attendit quelques secondes encore, avant de déclarer:
- Mesdames et messieurs, cette première séance sera consacrée à l’enfance de l’accusé. Par ce retour en arrière, nous espérons comprendre quels sont les éléments qui ont poussé Aldwin Faraday à rentrer au service de l’Empire Galactique. Cet examen nous permettra également de nous faire une meilleure idée de la personnalité de l’accusé.
Il y eut un nouveau silence, durant lequel l’avocat de l’Accusation et celui de la Défense se toisèrent du regard, puis l’un des juges Assesseurs fit à son tour :
- Nous appelons Aldwin Faraday à la barre.
Sans hésiter une seule seconde, l’impérial se leva lentement, réajustant au passage son uniforme qui était déjà pourtant impeccable. Faraday regarda la salle dans une attitude de défi avant de se diriger solennellement vers la barre, ses pas résonnant sur le parquet flottant. L’impérial s’immobilisa alors, faisant ainsi face aux juges, et les dévisagea les uns après les autres tout en tentant une nouvelle fois de calmer les battements affolés de son cœur. En revanche, il n’accorda aucune attention aux trois droïds caméras qui vinrent voltiger autour de lui pour le filmer sous tous les angles.

Le juge Principal reprit la parole et lança tout en se penchant légèrement en avant, comme pour mieux dominer le prévenu :
- Aldwin Faraday, jurez vous de dire la vérité, rien que la vérité ? Dites « je le jure ».
L’impérial renifla avec dédain avant de lever lentement la main droite et de dire d’une voix posée et grave :
- Je le jure.
- Bien. Selon les nombreux éléments que nous avons pu recueillir sur votre passé, il apparaît que vous êtes né sur Excelsior, dans la Bordure Extérieure. C’est bien ça?
- C’est exact.
- Visiblement, vous avez tout de suite été attiré par une carrière militaire et les témoignages recueillis vous décrivent très souvent comme quelqu’un avide de pouvoir et recherchant en permanence la reconnaissance de ses pairs.
- Faux, cracha Faraday.
- Je vous demande pardon ?
- Je dis que vos sources sont erronées ! Je n’ai jamais eu l’ambition de faire une carrière dans l’armée, du moins pas au début. Quand j’étais jeune, j’aspirais à mener une vie simple et paisible. Mais ce sont les évènements politiques tragiques qui se sont déroulés sur Excelsior à l’époque qui m’ont forcé à évoluer. Je n’étais pas quelqu’un avide de pouvoir, comme vous le dites, mais j’ai rapidement compris que pour protéger les miens, il convenait d’être du côté des forts plutôt que de celui des faibles. Voilà ce que mon enfance sur Excelsior m’a apprise, voilà ce que la mort de mes parents m’a enseignée ! J’ai fait une promesse il y a cinquante ans, et cette promesse est comme inscrite au fer rouge dans ma chair !
- Puisque vous semblez vous opposer aux informations que nous avons sur vous datant de cette époque, peut-être pouvez-vous nous exposer votre vérité ? Demanda l’un des assesseurs avec une voix polie et respectueuse.
Faraday fronça les sourcils pendant quelques secondes, ne sachant visiblement pas très bien s’il devait obéir au juge, si tout ceci avait même une quelconque utilité. Il tourna alors la tête vers la droite et vit Ballawick lui faire un signe de tête confiant. Alors l’impérial répondit :
- Entendu.

***

Excelsior, Système d’Arrachnalek, cinquante ans plus tôt.

Dans une ruelle mal éclairée et sale, coincé entre deux gros conteneurs métalliques rouillés, un jeune garçon pleurait à chaudes larmes, le corps tremblant, le cœur battant la chamade. Difficilement, l’enfant se releva et se risqua à jeter un coup d’œil dans la ruelle, afin de s’assurer que personne ne pouvait le voir. Le garçon en question devait avoir 13 ans. Ses yeux d’un bleu de glace et ses cheveux d’un blond étincelant lui conféraient un visage attendrissant. Bien qu’il soit issu d’une famille aisée d’Excelsior, Aldwin Faraday portait des habits troués et dans un état déplorable. En fait, ils n’avaient pas été tout le temps ainsi, mais la course effrénée qui l’avait mené jusqu’à cette bourgade excentrée de la capitale l’avait épuisé et l’avait contraint à se reposer dans des endroits repoussants. Mais si le jeune garçon était là, c’est parce qu’il ne pouvait se résigner à l’idée d’abandonner ses parents à leur terrible sort.

L’attaque s’était produite trois jours auparavant. La famille Faraday se préparait à aller se coucher dans les chambres de leur luxueuse demeure construite en haut d’une colline verdoyante, quand une poignée d’hommes armés avaient fait irruption et avaient kidnappé le père et la mère d’Aldwin. Celui-ci avait eu le temps de se cacher, et avait reconnu dans les agresseurs des Réformateurs, ces opposants au Roi en place sur Excelsior. Ces hommes et ces femmes avaient en fait juré de renverser par la force une monarchie qui régnait sans partage depuis plus de mille ans. En tant que premier intendant du Roi, Zakary Faraday était rapidement devenu une cible idéale, car beaucoup le considéraient comme le conseiller préféré de sa majesté.
Aldwin avait alors décidé de poursuivre les Réformateurs afin de savoir où ils emmenaient ses parents et tenter de découvrir ce qu’il allait leur arriver. Cette course infernale les avait menés dans une petite ville qui était tombée quelques jours auparavant aux mains des Réformateurs. L’annonce de la capture de l’intendant du Roi avait été l’occasion de faire une grande fête, durant laquelle Aldwin en avait profité pour se faufiler dans le centre ville et tenter de découvrir où ses parents étaient retenus prisonniers. Mais il avait du bien vite renoncer car la faim et la soif le tiraillaient et il n’avait pas dormi depuis près de deux jours, ce qui était considérable pour un enfant de 13 ans. Voilà pourquoi il s’était effondré dans une ruelle malodorante, et voilà pourquoi ses yeux de glace laissaient à présent couler des larmes épaisses. En fait, plus le temps passait plus il pressentait qu’il ne reverrait jamais ses parents.

C’est alors qu’un bruit venant du bout de la ruelle dans laquelle il était dissimulé attira son attention. Il risqua un nouveau coup d’œil et vit alors passer à dix mètres de lui un groupe de soldats qui, arme à la main, encadrait un homme et une femme visiblement exténués. Le cœur d’Aldwin fit un raté lorsqu’il reconnut ses parents, bien que leurs visages soient horriblement tuméfiés. Bondissant sur ses pieds, Aldwin se mit à courir avec agilité et rapidité, prenant bien soin de rester dans les zones d’ombres. Arrivé au bout de la rue, il se pencha légèrement et vit que le petit groupe s’était engagé dans une plus grande avenue qui menait très certainement à la place centrale de la ville.
Prenant son courage à deux mains, Faraday essuya les larmes qui embuaient ses yeux et après avoir regardé tout autour de lui, se lança à la suite du groupe, tout en veillant à rester à bonne distance. Fort heureusement, avec la nuit qui régnait sans partage sur la ville, Aldwin ne croisa pas grand monde, ce qui était préférable car on aurait pu s’alarmer de voir un petit garçon s’aventurer tout seul dans une ville quadrillée par des soldats armés. La course d’Aldwin l’amena, comme il l’avait pressenti, à une grande place bordée par des maisons luxueuses dont tous les volets étaient fermés. La place était recouverte de pavés blancs et des grandes torches enflammées disposées à intervalles réguliers servaient à éclairer les lieux. Des centaines de personnes étaient massées sur la place, dessinant un grand cercle dans lequel on avait installé deux grands et larges poteaux en bois. Le groupe de soldats qui accompagnait les Faraday se mêla à la foule qui s’écarta sur son passage, certains insultant et crachant tout de même sur les parents d’Aldwin :
- A MORT LES TRAITRES !
- TUONS CES CHIENS DE MONARCHISTES !
Les deux prisonniers apparurent résignés car ils ne réagirent même pas à ces vilipendes. Avançant voûtés, ils semblaient avoir du mal à respirer et souhaitaient visiblement que ce jeu cruel cesse enfin.

Sans hésiter, Aldwin se fondit dans la foule d’anonymes, qui continuaient de crier leur haine de la Monarchie et leur volonté de s’emparer du pouvoir. Des tirs de blasters dirigés vers le ciel se firent également entendre. La respiration courte, la sueur lui coulant sur le visage, le jeune Faraday se glissa entre plusieurs personnes et s’immobilisa quand il arriva au premier rang. Il n’osa pas faire un pas de plus, mais l’envie de crier à ses parents qu’il était là fut difficile à réprimer. Les Faraday lui tournaient pour l’instant le dos, tandis qu’ils étaient amenés vers les poteaux en bois. Les soldats les firent enfin pivoter et les attachèrent, sans que leurs victimes, visiblement trop faibles pour ça, n’osent se révolter.
Puis, tandis que les clameurs de la foule se calmaient peu à peu, les soldats se reculèrent de plusieurs mètres, et se saisirent de leurs blasters, avant de se mettre en position de tir de façon parfaitement synchronisée. L’un d’entre eux cria alors :
- PRET A TIRER !
Aldwin aurait voulu crier, faire quelque chose pour mettre fin à ce spectacle insoutenable, mais sa bouche refusait de prononcer le moindre mot. Il aurait voulu se ruer vers ses parents et se mettre les bras en croix devant les blasters de ces monstres, mais ses jambes flageolantes refusaient de le faire avancer. A moins que ce ne soit l’instinct de survie qui lui hurlait en fait de rester immobile, presque indifférent au milieu de cette foule hostile. Le petit garçon avait l’impression que son cœur voulait sortir de sa poitrine, tellement ses cognements lui faisaient mal. Les yeux écarquillés de stupeur, il ne pouvait détacher le regard de ses deux parents qui attendaient presque avec soulagement la fin du calvaire.
Alors que tout semblait se dérouler au ralenti, Aldwin vit son père relever lentement la tête dans un signe d’ultime défi envers ses bourreaux. Puis il articula à grande peine, ses lèvres étant déchirées et sa langue gonflée :
- Je meurs en ayant fait mon devoir ! Je meurs en ayant lutté pour l’ordre !
Puis le regard vitreux de Zakary Faraday tomba par hasard sur son fils, ce petit homme coincé entre des grandes personnes et qui n’osait pas bouger et à peine respirer. Alors le père rassembla ses dernières forces pour sourire à son fils. Un ultime sourire.
- FEU !
Une dizaine de lasers fusèrent vers les deux corps attachés, qui furent secoués de spasmes quand les impacts se firent ressentir. Aldwin sursauta quand le bruit des tirs résonna dans la nuit, et l’éclat rouge des lasers vint se refléter au fond de ses grands yeux bleus. Son père et sa mère s’écroulèrent alors mollement dans une posture grotesque. Leurs têtes tombèrent sur leurs poitrines et ils ne bougèrent plus. La foule hurla alors sa joie et de nombreux individus levèrent le poing vers le ciel, tout en vociférant de nouveau des insultes à l’encontre de la Monarchie. Seul au milieu de cette masse compacte, Aldwin resta immobile, les yeux rivés sur les corps abandonnés de ses parents. Aucune larme ne vînt aux yeux de l’enfant car il avait déjà trop pleuré auparavant. Quand la foule se dispersa enfin, plongeant la grande place dans un calme étrange après cette surcharge de violence, Aldwin eut enfin l’impression que ses jambes lui permettraient de nouveau d’avancer. Il se précipita vers le corps de ses parents et tomba à genoux près de celui de son père. Lentement, il posa sa main droite sur la poitrine encore chaude de celui ci et murmura d’une voix étranglée :
- Je combattrai pour l’ordre et la sécurité papa, je te le promets ! Pour l’ordre et la sécurité.
Et il se blottit au pied des poteaux d’exécution, pour rester encore un peu avec ses parents. Juste un petit peu…

***

- J’ai appris des années plus tard que les Réformateurs avaient essayé de soutirer des informations à mon père, mais celui-ci avait refusé de parler. Ils avaient alors décidé de se débarrasser de mes parents, portant par la même occasion un coup terrible au Roi.
Un grand silence s’était abattu dans la vaste salle d’audience et seul le bourdonnement du vol des droïds caméras était audible. Aldwin Faraday, soixante trois ans, mais arborant le même regard profond que dans son enfance, releva la tête avec dignité, ravalant ses larmes au passage. Le juge Principal le regarda pendant quelques secondes, jeta un coup d’œil à ses assesseurs, puis enfin déclara :
- Très bien, merci pour ces précisions importantes. Je laisse la parole à l’avocat de l’Accusation, si celui-ci a quelque chose à ajouter.
L’avocat en question se leva alors théâtralement de son fauteuil et s’approcha de Faraday avant d’en faire le tour, tout en le jaugeant du regard. Enfin, les mains croisées dans le dos, il fit :
- En fait, je n’ai qu’une seule question à poser. Général Faraday, si je comprends bien, vous avez eu à souffrir de la violence d’individus sanguinaires…alors pourquoi avoir vous-même eu recours à cette violence si sordide des années plus tard?
- Objection ! La question est biaisée ! S’exclama Ballawick en bondissant sur ses pieds.
- Objection rejetée. La question me semble tout à fait appropriée. Général Faraday, pouvez-vous répondre ?
- Je croyais m’être déjà fait comprendre. Je l’ai fait pour l’ordre et la sécurité ! Mater les rébellions pour éviter des guerres civiles et des milliers de morts ! Entre deux maux, choisir le moins destructeur…
Il y eut un silence, puis l’avocat de l’Accusation esquissa un petit sourire et fit en retournant à sa place :
- La Cour appréciera cette réponse à sa juste valeur…
Faraday regarda alors son avocat et murmura de nouveau :
- Pour l’ordre et la sécurité.
Comme s’il cherchait à tout prix à s’en convaincre…

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