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La Quête de la Rédemption
 
J-1


***

« Après une interruption forcée d’une journée, le procès d’Aldwin Faraday va pouvoir reprendre aujourd’hui. En effet, comme vous le savez certainement, le prévenu a de nouveau été au cœur de toutes les attentions ! Nous avons ainsi appris que des impériaux infiltrés sur Coruscant ont tenté de le libérer par la force. Mais dans le même temps, les terroristes qui avaient déjà essayé de l’assassiner quelques jours auparavant, sont de nouveau passés à l’action, sans succès heureusement. Cependant, cet incroyable affrontement a fait de nombreuses victimes, tout particulièrement dans les rangs de la Nouvelle République. La salle d’audience ayant quant à elle subi des dégâts importants, le procès a du être suspendu une journée afin que des réparations provisoires soient effectuées. En ce début d’après midi, nous nous attendons donc à voir de nouveau comparaître Aldwin Faraday, qui devra, une fois encore, lever le voile sur les heures les plus dramatiques de l’Empire et sur son rôle durant cette période trouble. C’était Alinya Kalway, en direct du Tribunal Spécial du Jugement des Crimes Impériaux pour la Nouvelle Tribune Galactique. »

***

Quand Joshua Tenling pénétra dans le vaste bureau d’Airen Cracken, il sentit tout de suite que l’atmosphère était électrique. Le commandant de la cellule Antiterroriste découvrit le général en train de faire les cent pas, se rongeant les ongles quand il ne se passait pas les mains derrière la tête, signes de sa grande nervosité. En entendant la porte s’ouvrir, il se retourna brusquement et son visage afficha un bref soulagement en découvrant l’identité de son visiteur :
- Ah commandant, merci d’être venu aussi vite ! L’heure est grave.
- Mon général, si vous ne me l’aviez pas dit, je ne l’aurai pas deviné, répondit Tenling en souriant pour détendre l’atmosphère.
Cette tentative échoua et eut comme seule récompense des grommellements. Puis Cracken enchaîna :
- Si Faraday ne nous a pas menti, il ne nous reste plus qu’un jour avant que son foutu plan n’entre en action ! D’ailleurs, est-on sûrs qu’il ne nous a pas leurré ?
- Non, je ne pense pas. Je suis assez doué pour percevoir le mensonge chez les gens et je peux vous assurer que Faraday est intimement persuadé de la véracité de ses propos.
- Alors nous avons perdu la partie…Fit Airen en secouant la tête de dépit.
- Pas encore ! Il nous reste la séance d’aujourd’hui pour faire craquer Faraday ! Je peux y arriver, faîtes moi confiance.
- Vous croyez vraiment que votre plan va marcher ?
- On n’a pas vraiment le choix de toute façon. Mais rassurez-vous, cette journée d’interruption forcée m’a permis de rendre le subterfuge d’autant plus crédible.
- J’aimerai avoir votre optimisme.
Il y eut un silence entre les deux hommes, vite rompu par Cracken :
- Certains pensent que la situation est désespérée !
- Comment ça ? Demanda Joshua en fronçant les sourcils.
- Fey’lya a suggéré que le gouvernement soit évacué vers Mon Calamari. Mon Mothma va très certainement accepter.
- Je vois…les rats quittent le navire !
- Commandant, modérez vos propos ! Car même si vous n’avez pas tout à fait tort, la version officielle est que le gouvernement doit être épargné pour pouvoir répondre à la crise qui résultera de la destruction de Coruscant.
- Mon général, si Coruscant est anéantie, la Nouvelle République s’effondrera ! Je suis prêt à en mettre ma main au feu. Nous ne devons pas abandonner, pas maintenant. D’autant plus que jusqu’à preuve du contraire, nous ne savons pas en quoi consiste cette Dernière Volonté de l’Empereur ! Peut-être sommes-nous capable de l’empêcher ! Il ne faudrait pas dramatiser la situation, après tout, nous n’avons que la parole d’un Impérial pour juger de ce qu’il doit être fait.
- C’est pour ça que j’ai décidé de rester ici. Si l’armée a un rôle à jouer, elle doit se tenir prête à tout moment.
Tenling approuva d’un bref signe de tête. Cracken le regarda droit dans les yeux et lui dit :
- Vous n’avez plus qu’une seule chance commandant, espérons que ce sera la bonne.

***

Dans le repaire miteux des membres du groupuscule Second Empire, l’atmosphère était également électrique, mais pour une raison différente. Car tout le monde se préparait à l’affrontement, à ce pour quoi ils s’étaient entraînés pendant d’innombrables heures. Tous les impériaux avaient revêtus des tenues de combats, portaient de puissants blasters lourds et des détonateurs thermiques. Quant à certains, ils avaient sur leur dos des sacs bourrés d’explosifs qui allaient se montrer essentiels pour la suite des opérations.
Debout devant une fenêtre crasseuse qui offrait une vue lugubre sur les quartiers mal famés de Coruscant, le chef du Second Empire astiquait méticuleusement sa précieuse arme. Il avait le regard déterminé et ses gestes étaient précis, dénués du moindre tremblement. Il incarnait à l’évidence ce qu’il convenait d’appeler un redoutable guerrier. Alors qu’il rangeait son blaster pour jeter un œil à son chrono, un homme au regard étonnamment inexpressif s’approcha de lui et lança :
- Nous sommes tous prêts !
Le chef pivota lentement sur lui-même et afficha un petit sourire de satisfaction :
- Bien. Alors nous allons pouvoir passer à l’action.
- Et pour Faraday ? Galwen a échoué et nous n’aurons plus l’occasion de le libérer.
Le chef sembla réfléchir quelques secondes à la remarque de son subordonné, bien qu’en fait, il avait déjà mûrement étudié la question :
- Nous n’avons pas le choix. La mission passe avant toute chose et le général le sait. C’est même lui qui nous l’a stipulé à plusieurs reprises.
- Alors…Commença le soldat
- Alors Aldwin Faraday sera honoré pour son sacrifice ! Le coupa le chef.
Il y eut un moment de silence entre les deux hommes avant que l’instigateur de la mission n’assure :
- Je suis sûr qu’il est fier d’être l’artisan de la renaissance de l’Empire. Il emportera cette glorieuse pensée dans la mort. Comme chacun d’entre nous si nous ne devions pas survivre à la Dernière Volonté de l’Empereur.
Le soldat acquiesça d’un bref signe de tête avant de rejoindre ses collègues. Le leader du Second Empire réajusta sa tenue de combat avant de lancer :
- Soldats, l’heure est venue. Que chacun rejoigne son unité et se dirige vers la cible qui lui a été assignée. Nous devons tous agir en même temps et porter un coup décisif. Et durant les générations à venir, la galaxie se souviendra de ce jour comme celui où la Nouvelle République a tremblé de peur !


***

Quand Joshua Tenling et Connor Skell pénétrèrent dans le tribunal, quelques minutes avant que ne débute l’audience, les deux hommes se remémorèrent aussitôt les évènements tragiques qui étaient survenus en ce lieu deux jours auparavant. En effet, bien que les réparateurs aient fait un travail formidable en si peu de temps, le tribunal affichait encore les stigmates de l’incroyable bataille qui avait failli coûter la vie à Faraday.
La plupart des sièges éventrés avaient été remplacés, bien que certains encore présents aient été fortement roussis par les décharges de tirs. Une nouvelle barre de comparution avait été installée et des lattes de parquet arrachées avaient été reposées. Seule la partie du dôme brisé n’avait pas pu être restaurée et une grande bâche en plastique avait été mise à la place. Bien que celle-ci protégeait de la pluie, elle était en revanche fortement secouée par les rafales de vent qui sévissaient encore sur Coruscant.
Les deux hommes descendirent les escaliers et se dirigèrent vers la scène où se tenait le Juge Principal. Celui-ci préparait l’audience en relisant un nombre impressionnant de filmplast. Avant qu’il ne l’atteigne, Connor glissa à son supérieur :
- Comment se fait-il que le procès reprenne si vite après ce qu’il s’est passé ? On aurait pu attendre que la salle soit complètement réparée !
- Et bien pour une fois, on peut remercier Fey’lya. Il a lourdement insisté pour que le procès suive de nouveau son cours dans les plus brefs délais. Il tient à ce que Faraday soit jugé le plus rapidement possible. Inutile de vous dire que cette reprise de séance hâtée sert parfaitement mes plans.
- Alors vous êtes décidé à jouer votre dernière carte ?
- Et comment ! Je pense que dans le cas présent, le jeu en vaut la chandelle. Espérons juste que votre père ne viendra pas une fois de plus tout perturber.
A l’évocation d’Azel Skell, son fils baissa les yeux et marmonna des propos inintelligibles. Joshua assura alors :
- Je suis désolé pour vous lieutenant. Sincèrement. Mais jusqu’à la fin de cette mission, vous allez devoir faire abstraction de son existence.
- Je sais, répondit le jeune homme en sachant pertinemment que c’était impossible.
Tenling s’arrêta alors en face du Juge Principal qui releva subitement la tête, tout en montrant une certaine incrédulité.
- Co…commandant, qu’est ce que je peux faire pour vous ?
- A vrai dire votre honneur, j’ai besoin de vous parler.
Le Juge reposa ses filmplasts et déclara :
- Je vous écoute.
- Bien. Je vais essayer d’être le plus clair et le plus précis possible. Mais nous n’avons pas beaucoup de temps et il est essentiel que vous compreniez rapidement les enjeux de ce que je vais vous dire.
- Vous m’intriguez…
- Et ce n’est qu’un début. Je suis ici pour vous parler de la Dernière Volonté de l’Empereur.
Durant les minutes qui suivirent et alors que les premiers journalistes pénétraient dans l’hémicycle, Tenling expliqua discrètement ce qu’il savait sur la Dernière Volonté de l’Empereur, quand elle devait avoir lieu et surtout le rôle d’Aldwin Faraday dans son déclenchement. Au fur et à mesure de son récit, le Juge ne put s’empêcher d’écarquiller de plus en plus les yeux. Et quand Joshua eut terminé, il déglutit avec difficulté avant de déclarer :
- Mon Dieu…je…je ne sais pas quoi dire. Si vous dîtes vrai, alors nous devons fuir !
- Non ! S’écria Tenling aussitôt en fronçant les sourcils.
Il se calma rapidement avant d’enchaîner :
- J’ai un plan qui pourrait bien nous sauver. Mais j’ai besoin de votre aide pour le mener à bien
- Je vous écoute.
- Ma foi c’est assez simple, vous devez m’autoriser à interroger Aldwin Faraday durant la séance d’aujourd’hui.
Cette fois ci, le Juge regarda avec incrédulité son interlocuteur :
- Mais vous n’y pensez pas…
- Votre honneur, s’il vous plaît, je sais que le Juge peut invoquer un Article du Code Pénal qui autorise un représentant de la loi à interroger le prévenu si une situation d’urgence pouvant mettre la vie d’individus en danger se présente. Je suis un représentant de la loi et permettez-moi de vous dire que l’annihilation de Coruscant est une situation d’urgence.
- Je vois que vous vous êtes bien renseigné. Cet article existe en effet mais il n’est jamais appliqué car il est sujet à polémique. La Défense ne peut se préparer à cette intervention.
- Monsieur le Juge, avec tout le respect que je vous dois, je n’en ai rien à foutre. Si Faraday ne nous dit pas ce qu’il sait, il ne restera personne pour prononcer le verdict de ce procès !
Le Juge se tut alors et s’affaissa dans son siège, visiblement pour réfléchir. Pendant d’interminables secondes, il donna l’impression de se triturer les méninges, de chercher une réponse quelque part. Enfin il se releva et en expirant brutalement, lança :
- Entendu. Quand je vous appellerais, vous pourrez interroger le prévenu. J’espère que vous savez ce que vous faîtes commandant.
Comme toute réponse, Tenling effectua un bref hochement de tête. Puis il fit demi-tour, se dirigeant vers les gradins, Connor Skell sur ses talons. Celui-ci lui souffla alors :
- Commandant, vous vous rendez compte que si vous révélez au grand public l’existence de la Dernière Volonté de l’Empereur, Coruscant va aussitôt plonger dans la panique la plus totale !
- Mieux vaut la panique à la destruction, se contenta de répondre Tenling en affichant un regard déterminé.

Quand Aldwin Faraday s’approcha de la toute nouvelle barre de comparution, Tenling se dit que l’homme avait rudement bien encaissé les évènements survenus l’avant-veille. Certes, ses traits étaient tirés, ses yeux cernés et sa coiffure n’était plus aussi soignée, mais il conservait toujours une certaine dignité et son regard de glace n’avait pas perdu de sa farouche détermination. A moins que tout ceci n’ait été qu’une façade. Peut-être qu’au fond de lui-même, Faraday était en proie aux doutes. Peut-être une rude bataille avait-elle éclaté entre une partie de lui même qui restait fidèle à l’Empire et une autre désirant mettre fin à toutes ces horreurs. Et si l’impérial était en proie à un profond dilemme intérieur, alors Tenling devait en profiter. Si la confiance de Faraday en l’Empire était fissurée, il fallait définitivement la faire exploser en lui assénant le coup de grâce.
La voix tremblante du Juge Principal sortit Joshua de ses pensées. En effet, il se passa nerveusement la main devant la bouche avant de lancer :
- Mesdames et messieurs, des évènements de dernière minute qui m’ont été rapportés m’incitent à bouleverser l’ordre du jour.
Cette simple phrase suffit à déclencher quelques débats au sein de l’assemblée. Faraday, quant à lui, fronça imperceptiblement les sourcils. Le Juge enchaîna alors :
- Aujourd’hui, je souhaite invoquer l’Article 99 régissant la tenue des procès criminels.
- Quoi ? S’exclama Ballawick en bondissant aussitôt de son siège.
- Maître, veuillez rester calme s’il vous plaît !
- Que je reste calme, mais cet article est une aberration, tout le monde le sait ! Assura t-il en faisant de grands gestes.
- La situation l’exige…
- La situation ? Mais quelle situation ? Je me demande bien quel fait supplémentaire pourrait-on encore reprocher à mon client ?
Cette question fut ponctuée par des exclamations dans la foule et un brouhaha généralisé se déclencha. Pendant que les Juges Assesseurs tentaient de faire revenir le calme, l’Avocat de l’Accusation resta stoïque, attendant visiblement que le Juge poursuive sa déclaration. Et c’est d’ailleurs ce qu’il fit quand le niveau sonore redevînt acceptable :
- J’ai bien conscience des implications à l’invocation de l’Article 99. Mais j’ai fait ce choix en mon âme et conscience.
- Et quel représentant de la loi va venir interroger mon client ? S’exclama Ballawick en écartant les bras d’exaspération.
Avant même que le juge n’ait répondu, Aldwin Faraday avait tout compris. En une fraction de seconde, il venait de passer de l’incrédulité totale à la révélation. Et il ne put s’empêcher d’afficher un léger sourire :
- La dernière carte, murmura t-il. Il va jouer sa dernière carte !
- J’appelle Joshua Tenling, commandant de la Cellule Antiterroriste de Coruscant. Commandant, c’est à vous.
Aussitôt, les têtes se mirent à tourner dans tous les sens, cherchant du regard l’homme qui venait d’être appelé. Celui-ci se leva lentement, réajusta son uniforme et descendit les escaliers tout en calmant les battements rapides de son cœur. Il arriva enfin sur scène et passa devant Faraday qui pour sa part ne le quittait pas des yeux. Il lui lança même à voix basse :
- Si vous faîtes ça commandant, c’est que vous êtes désespéré !
Tenling ne préféra pas répondre. Il se racla la gorge et tout en dévisageant son interlocuteur, commença :
- Mesdames et messieurs, aujourd’hui, je souhaite interroger le prévenu sur la Dernière Volonté de l’Empereur.
« Et c’est parti », pensa aussitôt le commandant.

***

Tenling s’était attendu à ce que cette première phrase provoque des remous dans l’assistance. Mais à l’évidence, tout le monde était rivé à ses lèvres. Personne ne sachant ce qu’était cette Dernière Volonté de l’Empereur, il était donc impossible de spéculer sur son contenu. En revanche, le mot « Empereur » avait toujours cette étonnante capacité à maintenir le calme et la discipline.
Ballawick écarquilla les yeux d’incompréhension puis lança sur un ton moqueur tout en sautillant:
- La Dernière Volonté de l’Empereur ? Mais qu’est ce que c’est que ça encore? Une histoire abracadabrante écrite par un jeune écrivain plein d’imagination ?
Tenling le foudroya du regard avant de rétorquer du tac au tac :
- Laissez-moi parler et vous verrez.
Constatant que Ballawick n’avait rien à ajouter, Tenling commença son discours en s’assurant que les droïds caméras, qui servaient également de micro, voltigeaient tout autour de lui. Mais en fait, les dits droïds avaient tous désactivés leur fonction permettant de retransmettre ce qu’ils filmaient sur l’Holonet. Joshua avait expressément fait cette demande afin que la population ne puisse assister à l’interrogatoire concernant la Dernière Volonté de l’Empereur. L’information s’ébruiterait tôt ou tard, mais il valait mieux que ce soit au dernier moment.
- Le projet dénommé la Dernière Volonté de l’Empereur a été élaboré lorsque Palpatine était encore en vie. A ce que nous savons, son objectif était simple, il voulait semer le chaos et la confusion sur Coruscant si celle-ci venait à tomber entre les mains de ses ennemis ; l’Alliance Rebelle en l’occurrence. Quand je parle de chaos, il se pourrait bien que ce projet coûte la vie à des milliards d’individus.
Tenling effectua une petite pause, et put alors constater que toute l’assistance était médusée. Puis il poursuivit tout en se déplaçant lentement :
- Nous avons bien entendu enquêté sur cette Dernière Volonté de l’Empereur et il nous est apparu que Dark Vador lui-même craignait les implications d’un tel projet. Ce constat nous amène à supposer que l’Empereur avait pour sa part versé dans la folie la plus totale. Malheureusement, nous ne savons pas en quoi consiste concrètement cette Dernière Volonté. Nous ignorons de quelle façon nous allons être frappés et à quel danger nous allons devoir faire face. En revanche, nous savons quand. Et j’ai le regret de vous annoncer que ce projet démoniaque doit se déclencher dès demain.
Le silence qui avait envahi la salle d’audience se transforma subitement en un capharnaüm indescriptible. Les journalistes bondirent de leurs sièges en posant des centaines de questions. Des témoins crièrent leur désarroi et voulurent aussitôt se diriger vers la sortie. Quant à d’autres individus, ils hurlèrent des propos qui dans le brouhaha devinrent totalement incompréhensibles. Tenling du s’égosiller pour se faire entendre :
- Mesdames et messieurs, restez calmes ! S’il vous plaît, gardez votre calme. Il est essentiel de ne pas céder à la panique.
- EH CONNARD, J’AI PAS ENVIE DE CREVER ! S’époumona quelqu’un.
- JE VEUX SORTIR ! Lança un autre en se ruant vers les portes.
Mais celles-ci étaient protégées par un nombre impressionnant de gardes lourdement armés qui ne bronchèrent pas une seule seconde. En effet, après l’attaque contre le tribunal, la sécurité avait été renforcée.
- Mesdames et messieurs, veuillez regagner vos sièges. Personne ne sortira d’ici tant que nous n’aurons pas fait toute la lumière sur cette Dernière Volonté de l’Empereur.
- Et comment comptez-vous faire ça ? Lança un Ballawick tout à coup craintif.
- C’est ce que j’essayais de vous dire avant que vous ne vous vous excitiez tous ! Une seule personne est en mesure aujourd’hui de nous dire de quoi il retourne précisément. Et cette personne est présente ici, dans cette salle.
Aussitôt, tous les regards se braquèrent simultanément vers Aldwin Faraday. Celui-ci, qui était resté jusque là silencieux, se mit alors à rire doucement, la tête baissée. Puis il la releva progressivement avant de regarder Tenling dans les yeux :
- Je ne pensais pas que vous auriez le courage d’aller jusqu’au bout, commandant.
- Alors c’est que vous ne me connaissez pas.
- Mais commandant, que vous le vouliez ou non, cette information sortira de ce tribunal, et bientôt le désordre régnera en maître sur Coruscant et les autorités n’y pourront rien. Vous venez de déclencher la Dernière Volonté de l’Empereur !
- Mais personne n’est encore mort ! Vous pouvez empêcher ça !
Faraday souleva un sourcil interrogateur :
- Et pourquoi le ferai-je ?
- Peut-être parce que l’Empereur vous a trahi.
Tout à coup, une ombre tomba sur le visage de Faraday qui commença à serrer plus fortement la barre en bois lisse. Ayant perçu ce changement d’attitude, Tenling poussa son avantage :
- Et aussi parce que votre confiance en l’Empire est sérieusement ébranlée. Et si, général, par le plus grand des hasards, pendant toutes ces années, vous aviez fait le mauvais choix ? N’est-il pas temps de réparer vos erreurs ?
- Foutaises…
A ce moment précis, Tenling comprit qu’il était temps de mettre son plan à exécution. Tout en tentant de dissimuler au mieux son appréhension, il fit d’une voix parfaitement innocente :
- Dois- je comprendre que si c’était à refaire, vous ne changeriez rien ?
Faraday ne répondit pas. Alors son interlocuteur enchaîna :
- Dois-je en déduire que vous ne feriez rien pour sauver votre fille, Kelya ?
Brutalement, Faraday releva la tête et foudroya Tenling du regard. Puis il marmonna très doucement :
- Qu’est ce que vous avez dit ?
- Vous avez bien une fille, général ?
- Oui. Mais elle est très probablement sur Bastion à l’heure qu’il est.
Tenling se tut pendant quelques instants, ce qui lui permis de constater que l’assistance s’était totalement calmée et que tous suivaient maintenant avec passion l’affrontement qui se déroulait sous leurs yeux. Certains s’étaient même immobilisés dans les escaliers alors qu’ils se ruaient vers la sortie. Alors Joshua se saisit d’un filmplast qui était jusque là plié soigneusement dans sa poche avant de lancer :
- Elle est peut-être sur Bastion, mais dans ce cas là, dans un cimetière. Car votre fille est morte, général.

***

Aldwin Faraday crut pendant un instant qu’il avait mal entendu. Tenling venait d’affirmer que sa fille était morte. Il lui avait lancé ça comme ça, abruptement, sans préambule, sans même une once de compassion dans la voix. Cela ne pouvait être possible. Il avait forcément mal compris !
- Ma fille ne peut pas être morte…
Tenling afficha pour la première fois un semblant de mine désolée :
- Et pourtant, il n’y a pas d’erreur. Après que vous nous ayez parlé pour la première fois de votre fille, ici même, j’ai mené une petite enquête afin de découvrir ce qu’il avait bien pu advenir d’elle au moment de la chute de l’Empire.
Et alors que Tenling déambulait à présent sur scène, Faraday le suivit activement du regard, les battements de son cœur s’accélérant un peu plus à chaque seconde.
- Comme tout le monde le sait certainement dans cette salle, Carida a été reprise récemment aux Impériaux qui ont fui la planète, laissant derrière eux leurs archives militaires. Et oui, général, vos petits gars sont partis tellement vite, qu’ils n’ont même pas pris le temps de détruire tous les fichiers compromettants. Mais ce n’est pas la question qui nous importe aujourd’hui. Ce qui compte, c’est qu’en accédant au serveur de ces archives et en faisant une recherche sur le nom de votre fille, je suis tombé sur ceci.
Tenling brandit alors la feuille qu’il avait sortie quelques minutes auparavant de sa poche avant de la tendre à Faraday qui la saisit fébrilement. Et alors que l’homme la lisait à toute vitesse avec une grande nervosité, Joshua continua sur sa lancée :
- Ce filmplast est en fait le constat de décès de Kelya Mayleen Faraday, qui a été rempli par les autorités militaires de Carida. Général, je vous invite à regarder la date inscrite en haut à droite du document ainsi que la cause avancée pour expliquer la mort de votre fille.
Mais Faraday n’entendait plus Tenling. Il avait à présent les yeux rivés sur le nom de sa fille et ses mains tremblaient de plus en plus. Une veine de son cou se mit à battre violemment et ses yeux devinrent brouillés, comme si les larmes n’attendaient qu’un petit signal pour couler en abondance. Aldwin inspira profondément, relisant encore et encore le filmplast, le serrant tellement fort qu’il commença à littéralement le broyer. Voyant que l’impérial ne l’écoutait plus, Tenling poursuivit pour l’assistance :
- Ce constat de décès nous révèle donc que votre fille est morte par accident, suite à une rixe qui aurait dégénéré à cause de soldats ivres après une soirée trop arrosée. Cette bagarre se serait finie par des échanges de blasters et Kelya aurait succombé à un tir perdu. Quant à la date, elle nous indique clairement que Kelya est morte il y a plusieurs années, et comme par hasard, pile au moment où l’Empereur a insisté pour que vous soyez en permanence au service de l’Empire, ne vous laissant donc nullement l’occasion d’aller retrouver votre enfant sur Carida.
Faraday releva enfin la tête, l’air complètement hagard. Joshua ignora la détresse qui transparaissait sur son visage et enfonça le clou :
- Oh bien sûr, je n’ai aucune preuve que l’Empereur soit responsable de cet… « accident ». C’est peut-être réellement ce qu’il s’est passé, bien que j’aie à titre personnel quelques doutes.
Soudain, Faraday sembla rassembler les derniers espoirs qui lui restaient et hurla :
- VOUS MENTEZ !!
- Je vous demande pardon ?
- VOUS MENTEZ FORCEMENT !
L’impérial inspira profondément et continua d’une voix plus calme :
- L’Empereur m’a peut-être tenu éloigné de Carida, mais je continuais à appeler régulièrement ma fille grâce à l’Holonet. Et je peux vous assurer qu’elle était bien vivante.
- Ah ça…Se contenta de répondre Tenling en haussant les épaules.
Il se gratta rapidement la tête avant de continuer :
- Oui en effet…vous l’avez vue. Je ne peux le nier car j’en ai moi-même la preuve.
Faraday fronça de nouveau les sourcils d’incompréhension. Mais où le commandant voulait-il en venir ? Il eut rapidement la réponse. Tenling releva les yeux vers les portes de la salle d’audience et lança d’une voix théâtrale :
- Mesdames et messieurs, je vous demande d’accueillir Kelya Faraday.
Des murmures consternés envahirent la salle quand les portes s’ouvrirent, laissant le passage à une sémillante jeune femme blonde, aux formes agréables et aux traits fins. Kelya balaya la salle de ses yeux bleus clairs avant de descendre les escaliers vers la scène, sous le regard éberlué des personnes présentes. Faraday, qui tremblait à présent de tout son corps, balbutia :
- Mais…mais…vous venez de dire que…
- Je sais ce que j’ai dit. Mais vous avez raison général, vous avez bien parlé à quelqu’un pendant toutes ces années.
Et alors que Kelya arrivait enfin sur scène, Tenling dégaina son blaster en un éclair et fit feu à bout portant. L’impact percuta Kelya au niveau de la poitrine dans un étrange tintement métallique. Et tandis que des étincelles fusaient, la jeune femme vacilla quelque peu en arrière avant de se stabiliser et d’adopter une posture rigide. Et là où de la chaire brûlée aurait du apparaître, on ne voyait qu’une surface grise et lisse.
Tenling rangea son arme sous le regard choqué de l’assistance qui ne comprenait plus rien à ce qu’il se déroulait sous leurs yeux. Le commandant fit alors :
- Voici votre… « fille », général. C’est étonnant ce que la technologie nous permet de faire de nos jours. Ces androïdes sont vraiment stupéfiants, n’est ce pas ?
Mais Faraday ne pouvait pas répondre, il en était incapable. Il regardait toujours fixement la « chose » qui se tenait devant lui et qui ressemblait comme deux gouttes d’eau à sa fille.
Tenling sentit alors que c’était le moment de porter le coup de grâce :
- Comme je le disais, je ne peux pas prouver que l’Empereur ait fait assassiner votre fille, mais je viens en revanche de démontrer qu’il a tout fait pour vous cacher la vérité et pire encore qu’il a mis en place ce subterfuge sordide pour vous leurrer. Il a trouvé là un excellent moyen de garder le moyen de pression qu’il avait sur vous. Et oui, général, pour lui, vous n’étiez qu’un vulgaire pion, un jouet dont il pouvait disposer à sa guise. Vous pensiez servir un leader digne de confiance, mais ce n’était définitivement pas le cas. Pendant toutes ces années, cet homme machiavélique vous a pris pour un imbécile.

Cette fois ci, tout l’entraînement militaire de Faraday ne put l’empêcher de craquer. Sentant ses défenses s’abaisser les unes après les autres, l’Impérial s’affaissa misérablement sur la barre et se mit à pleurer, déversant un flot de larme que rien ne semblait pouvoir arrêter. Et c’est dans un silence de mort que Faraday pleura la disparition de sa fille, cet être qui représentait tout pour lui. Il la considérait comme son avenir et elle avait toujours été la plus belle chose qui lui soit arrivée dans son existence.
Tenling ne dit rien pendant plusieurs secondes, regardant avec un air mêlant compassion et pitié l’homme abattu qui se trouvait devant lui, avant de s’en approcher et de dire :
- Et vous voudriez appliquer sa Dernière Volonté après tout ce qu’il vous a fait ? Vous êtes prêt à mourir pour un homme qui s’est joué de vous ? Pensez-vous que cela soit le genre de chose que Keyla ait attendu de vous ? Que vous tuiez des millions d’innocents, c’est ça le genre de geste qu’elle appréciait chez vous ? Je ne pense pas. Réfléchissez Faraday, des millions de personnes sur cette planète ont des filles comme Keyla ! Vous êtes prêt à toutes les sacrifier juste pour assouvir la soif de vengeance puérile d’un Empereur fou ?
Faraday avait toujours la tête dans les bras et avait bien du mal à rester debout. Alors Tenling posa une simple dernière question, une question qui symbolisait tout le dilemme qui rongeait l’impérial à cet instant précis :
- Ne croyez-vous pas qu’il est temps de partir en quête de rédemption ?
Enfin, le général releva lentement la tête et braqua ses yeux rougis par le chagrin dans ceux de Tenling :
- Elle…elle est morte…Parvînt-il seulement à murmurer.

A cet instant précis, le commandant de la cellule Antiterroriste se demanda comment Faraday réagirait s’il lui avouait subitement que la mort de sa fille n’était qu’une simple mascarade et qu’il lui avait menti pour le briser moralement. C’était là l’ironie de l’histoire, le fier et orgueilleux Faraday venait de perdre de sa superbe en prenant un mensonge élaboré pour une vérité incontestable.
Et tandis que Faraday marmonnait des paroles incompréhensibles en secouant lentement la tête, Tenling posa son regard sur le certificat de décès que l’impérial avait laissé tomber sur le sol. Récupérer un exemplaire de ce certificat dans les archives de Carida n’avait pas été très difficile, en revanche, le falsifier avait été plus délicat. Mais Joshua s’était rendu chez un des plus brillants faussaires de Coruscant qui avait pendant longtemps travaillé pour la Rébellion. Ce gars avait un talent inouï et était parvenu à modifier le certificat pour que celui-ci soit au nom de Kelya Mayleen Faraday. A l’évidence, il avait fait un boulot remarquable car Faraday n’y avait vu que du feu. Toutefois l’impérial avait refusé de croire si facilement à la disparition de sa fille. Mais fort heureusement, Tenling avait anticipé cette réaction du général. La deuxième phase du plan avait donc été de récupérer une image tridimensionnelle holographique de Kelya Faraday dans l’ancien appartement de son père. Puis, Tenling avait commandé la conception d’un androïde ressemblant parfaitement à la jeune femme. Oh bien sûr, il avait du payer le prix fort pour que l’androïde soit réalisé en un temps record, mais le jeu en valait la chandelle. Et l’ironie dans tout ça, c’était que le jour d’interruption forcé du procès avait permis à Joshua de réceptionner sa commande. Cette imitation parfaite avait fait définitivement croire à Faraday que l’Empereur s’était joué de lui, qu’il avait osé lui dissimuler la disparition de sa fille pour continuer à le contrôler. Un pantin, voilà ce qu’il était, rien de plus.
Mais si le plan avait réussi à fonctionner, c’est parce que Faraday était prédisposé à lâcher prise. Tenling en était persuadé. Au fond de lui-même, l’impérial devait déjà douter, et les évènements d’aujourd’hui avaient été la goutte d’eau qui avait fait déborder le vase. Tenling s’était juste contenté de faire chuter Faraday une bonne foi pour toute. Et il y avait peu de chance pour que l’homme s’en relève. Mais si la première phase du plan avait fonctionné, Joshua devait encore obtenir les informations tant convoitées sur la Dernière Volonté de l’Empereur. Et il n’avait pas l’intention de lâcher prise, pas après tout ce qu’il venait de faire.

Alors le commandant posa délicatement sa main droite sur l’épaule de Faraday et fit d’une voix calme :
- Le moment est venu, général. Faîtes le bon choix ! Vous ne devez rien à cet Empereur démoniaque qui vous a volé votre fille et votre vie tout entière. Vous avez perdu la première manche contre lui mais ne le laissez pas vous dicter sa loi même dans la mort. Vous avez toutes les cartes en main pour que Kelya soit vengée !
Aldwin essuya d’un revers de main les larmes qui lui brouillaient la vue avant de renifler bruyamment. Comment était ce possible ? Comment avait-il pu vivre dans le mensonge et la tromperie pendant tant d’années ? Comment l’Empereur avait-il pu l’utiliser de la sorte, sans jamais éprouver le moindre remord. Faraday avait le sentiment d’être souillé, humilié. Il avait donné sa vie pour un homme qui ne le méritait pas.
Et tout à coup, le général impérial comprit pourquoi l’Empire avait échoué dans sa quête de domination de la galaxie. Les valeurs de l’Empire restaient nobles et ses objectifs louables, mais ils avaient été pervertis par un Empereur indigne d’eux, un Empereur qui cherchait à toujours accumuler d’avantage de pouvoir, jusqu’à en perdre le sens des réalités. Ils avaient tous été trompés, dupés ! Les Moffs, les militaires, les citoyens fidèles à l’idéal de l’Empire Galactique. Tous ! L’Empereur leur avait volé leur rêve.
En repensant à tout ce qu’il avait fait pour Palpatine, Faraday sentit la colère l’envahir, le dévorer. Il avait le sentiment destructeur que sa vie avait été gâchée, qu’il avait fait confiance à un homme qui le méprisait assez pour lui mentir. Un homme qui n’avait pas hésité à lui voler sa fille, à lui arracher sa source de bonheur. Dès lors, Faraday ne pouvait s’empêcher d’entendre résonner en lui la question de Tenling : « Ne croyez-vous pas qu’il est temps de partir en quête de rédemption ?» Faraday avait fait des choses horribles, avait commis des actes sordides, dénués de toute morale, mais il l’avait fait pour protéger sa fille. Et aujourd’hui, elle était morte. Il avait tué, massacré, pillé pour l’Empereur et tout ça alors que son enfant était déjà mort.
La rédemption ! Oui, voilà le seul espoir qui lui restait, la dernière lumière dans les ténèbres, l’ultime flamme qui brillait encore au fond de son être. La rédemption, une valeur tellement noble mais difficile à atteindre. La rédemption, le rêve de tout homme qui se serait égaré sur le chemin de l’obscurité.
Mais plus que tenter de se pardonner à lui-même, Faraday ne pouvait accepter de sacrifier des innocents, pas cette fois, il en avait déjà tellement tué ! Comment avait-il pu accepter le plan de l’Empereur ? Quelle force sordide avait agi en lui pour qu’il accomplisse sa Dernière Volonté ? Il était temps que tout cela cesse. Dès maintenant.

Rassemblant ce qu’il lui restait d’honneur, Aldwin Faraday se redressa, réajusta son uniforme froissé et regarda avec fierté Tenling qui était resté jusque là immobile. Et il se prépara à dire tout ce qu’il savait sur la Dernière Volonté de l’Empereur, prenant ainsi une savoureuse vengeance sur l’homme qui lui avait tout pris.

***

Mais soudain, le cours des évènements bascula de nouveau de façon dramatique. Au moment où Faraday ouvrait la bouche, un homme se redressa brusquement dans les tribunes, au deuxième rang, et hurla :
- CETTE POURRITURE VEUT TOUS NOUS TUER, QU’IL CREVE AVANT NOUS !
Dans la périphérie de son champ de vision, Joshua Tenling vit un éclair argenté et son cœur fit instantanément un raté. Tout se déroula alors au ralenti et le commandant de la cellule Antiterroriste vit ses espoirs s’écrouler en une terrible fraction de seconde. L’homme qui venait de se lever brandissait à présent un petit blaster chromé. Il visa Faraday qui pivotait alors sur lui-même, alerté par les éclats de voix.
- Noooooooooooooooooon, hurla Tenling.
Au moment où Connor Skell bondissait de son siège à son tour, ayant compris ce qu’il se passait, l’homme pressa la détente et le laser fusa vers la poitrine de Faraday. Tenling se rua vers l’impérial mais n’eut pas le temps de s’interposer. Le tir heurta sa cible et c’est les yeux écarquillés de stupeur que Faraday bascula en arrière, ses bras battant l’air inutilement. La décharge sema aussitôt la terreur dans l’assistance qui se mit à hurler. Au moment où Faraday tombait à terre, Skell était déjà sur l’agresseur qu’il ceintura avant qu’il ne puisse tirer une seconde fois. Les deux hommes roulèrent à terre, entre deux rangées de sièges. Les personnes présentes dans la salle se mirent à courir en tout sens dans un fracas indescriptible, se ruant vers les portes, et même les gardes de la Nouvelle République ne purent les empêcher de sortir. Certains furent littéralement piétinés par la foule apeurée. Et alors que le chaos le plus total régnait, Tenling tomba à genoux auprès de Faraday et hurla :
- UN MEDECIN, VITE !
Un soldat reprit :
- FARADAY EST A TERRE, FARADAY EST TOUCHE !
Le cerveau de Tenling se mit à fonctionner à pleine vitesse. Il ne comprenait pas comment un homme avait pu introduire une arme dans le tribunal avec un tel dispositif de sécurité, sauf s’il avait bénéficié d’une complicité interne, mais de toute façon, tout ça n’avait plus d’importance. Faraday était à terre, les bras en croix, la bouche grande ouverte, cherchant à inspirer désespérément de l’air.
- Tenez bon général, tenez bon ! UN MEDECIN, MERDE!!
C’est alors que Faraday tenta d’articuler quelque chose. Un filet de sang s’écoula le long de sa bouche et Tenling du s’approcher encore pour discerner quelque chose au milieu des gargouillis :
- Elle…elle…
- Votre fille ? Faraday, écoutez moi, je…
- Nan…pas ma fille. Elle…elle sera là…dans…douze heures.
- Qui ? Qui sera là dans douze heures ?
Faraday menaça de basculer dans l’inconscience et ses yeux roulèrent dans ses orbites. Tenling jeta un coup d’œil à la tâche de sang qui progressait sous son uniforme avant de lui lancer :
- Restez avec moi général, restez avec moi ! Dîtes-moi, qui sera là dans douze heures ? DITES-LE MOI !
Faraday releva difficilement la tête en tremblant et fixa son regard dans celui de Tenling :
- L’Armada Fantôme…L’Armada Fantôme de l’Empereur…
Puis sa tête retomba en arrière. Et à l’instant où les médecins bousculaient Tenling pour s’installer auprès du blessé, le commandant vit que l’Impérial fermait les yeux, peut-être définitivement. Alors, Joshua releva le regard et tomba sur celui de Skell qui maintenait à présent fermement l’homme ayant tiré sur Faraday. Et il y vit quelque chose de terrible.

La peur.

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