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Escale Meurtrière à Koros Major
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Escale meurtrière à Koros Major
 

Fenn Vri’Trem surveillait l’entrée de la grotte avec sa paire de jumelles à vision nocturne pour déterminer l’instant propice de l’attaque. En tant que leader, ce rôle lui incombait. Le Vengeur Un, Selim Solucé, couvrait le flanc droit et deux guerriers Krath des sept mondes de Téta le gauche. L’équipe formidable avait déjà constaté leur professionnalisme élevé au rang d’art, cette réputation n’était en rien abusive. L’escadron Vengeur et les Korosiens se mixaient à la limite d’une forêt de résineux, cachés dans des buissons épineux, repoussant sans succès le froid humide du milieu de la nuit.

Les Massassi effectuaient des relèves régulières. Le dernier groupe s’installait déjà dans une mortelle routine nocturne. Ils s’étaient dégourdi les jambes autour de leurs postes de garde et retournaient doucement à la torpeur d’une nouvelle nuit écourtée.

Le Maître Blâm Tio, commandant de l’escadron, les avaient briefés dans le secret du temple Jedi de Cinnagar, un bâtiment simple aux pièces étriquées décorées sans fioritures, le strict nécessaire pour un petit détachement de conseillers. Principale source de carbonite de la république, les sept mondes de Téta vivaient dans le confort de la technologie malgré leur position excentrée de la bordure extérieure. Ces mondes représentaient une cible potentiellement alléchante pour les Sith dont les exactions discrètes sur le territoire de la République augmentaient sans provoquer de heurts notables. Les visions du chevalier Jedi Jodan-Urr se cristallisaient aux abords de ce camp Sith caché dans les montagnes. L’équipe formidable devait y récupérer l’un des conseillers Jedi porté disparu et certainement prisonnier en ce lieu pendant que l’impératrice, épaulées par de rares Jedi convaincus de la menace Sith, préparait une bataille majeure.

Fenn fit signe à Selim qui modula le trille d’un oiseau de nuit. Les poignards des guerriers Krath coulissèrent en dehors de leurs fourreaux et les sécurités des lance-fléchettes s’effacèrent. À la deuxième stridulation, le métal déchira l’air en sifflant. Le bruit mat de la chair transpercée répondit, en sourdine ; les gargouillis inefficaces à déclencher l’alerte complétèrent la sérénade funèbre. Vengeurs et Krath se glissèrent dans les ombres nocturnes, les uns armés de blaster, les autres de lames aiguisées. Ils contournèrent les mares de sang bleuté pour achever les survivants lardés de couteaux et de carreaux.

En file indienne, ils s’aventurèrent en silence dans les boyaux de pierre plus ou moins façonnés par l’homme, un véritable habitat troglodyte. L’architecture du dédale de galeries incrustée dans sa mémoire photographique, Blâm menait la danse avec son ailier dans ses bottes. D’un signe de la main, il désignait des salles de garde où s’engouffraient des groupes constitués d’une paire de Vengeur et de quatre guerriers des mondes de Téta.

Vikky Kirioch et l’infatigable Trek Leeron s’introduisirent dans une chambre de garde. Les Massassi ronflaient comme des sonneurs. Gracieux, le Twi’lek se faufila entre deux couches et Vikky se posta en face de lui. Les guerriers se répartirent la pièce. Les corps anguleux représentaient des cibles faciles et bien que les Massassi soient terrifiants, l’effet de surprise ne laissait aucune chance aux troupes d’invasion massées là.

Les sabres s’élevèrent, les poignards se tendirent. À la lumière des lasers croisés, les lames brillèrent du sang des victimes presque innocentes. Gorges tranchées, torses transpercés, membres fumants, les plus chanceux eurent juste le temps de se retourner ou d’ouvrir un œil, les Massassi ne se mesurèrent jamais aux Krath. Malgré un entraînement sans faille, Vikky devina que la gêne d’un tel massacre fissurait le flegme de son coéquipier ; pour sa part, elle avait commis de pires exactions dans sa jeunesse. Le silence revint alors que le bain de sang refroidissait, des bruits de lutte parvenaient de pièces éloignées.

En plein accord avec la Force, San remontait une piste de noirceur. La peur n’existait plus, seule la Force comptait. Le chevalier dirigeait le groupe le plus nombreux : les deux autres Jedi de l’équipe, les ailiers de chacun, et autant de guerriers Krath. La présence d’un ou plusieurs Sith troublait la Force comme le fanal d’obscurité d’une nuit sans étoile. Quelqu’un souffrait aussi ; un voile de peine étouffait ses perceptions. San leva une main et le rythme de la course s’apaisa. Ils touchaient au but : une grande salle de pierre au plus profond du dédale de corridors grossiers au centre de l’architecture troglodyte. Ils s’arrêtèrent à un coude. 

Trois Massassi gardaient une porte métallique bardée de renforts. Les guerriers Krath jouèrent une nouvelle fois du couteau, mais, contraints de lancer en terrain découvert les ennemis furent alertés. Vifs comme l’éclair, ils dévièrent les projectiles. L’un se planta dans une cuisse, les autres retombèrent au sol après avoir généré quelques estafilades bleutés sur la peau rosâtre distendue par les muscles. Les gardes se jetèrent sur les agresseurs en grognant. Les blasters des ailiers chantèrent et les rayons laser se perdirent dans la roche. Sans peur des lasers et des lames tendues pour stopper leur course, les Massassi se jetèrent dans la mêlée. Les poings et les pieds s’abattirent sur les républicains comme une muraille de chair.

Les Jedi allumèrent les sabres crépitant et moulinèrent. Trop tard, deux guerriers Krath gisaient dans leur sang, les membres brisés ainsi que l’équipier Twi’lek de San projeté contre une saillie rocheuse, le crâne pulvérisé. À coup de sabre, les Jedi taillèrent en pièce les Massassi. 

Sans perdre de temps, ou se livrer à la peine, le chevalier Pelo se précipita vers la porte. Verrouillée ; l’alerte avait été donnée pendant l’affrontement bref mais sanglant. Il enfonça la pointe de son sabre dans l’acier et commença à se forer un passage.

– Aidez-moi ! intima-t-il à ses compagnons équipés à l’identique.

La discrétion n’était plus de mise, San privilégiait la vitesse. Une alerte tonitruante résonna soudain de l’écho des profondeurs de Koros Major. San espéra que l’opération menée tambour battant avait neutralisé les chambres de garde avec efficacité, si non, toute retraite serait impossible et l’équipe formidable accomplirait ici sa dernière mission alors que le conflit n’avait pas officiellement débuté.

Le panneau d’acier aux bords rougeoyants s’écrasa dans une pièce à l’entrée dépouillée. Des lasers les accueillirent, détournés par les moulinets des sabres. Ils répliquèrent avec intensité et investirent la place. Une robe noire se retourna dans le fond et un visage cornu tatoué de vert et de gris en émergea. Une onde de Force les balaya, San érigea un bouclier et maintint la position, les autres se couchèrent comme une forêt balayée par la tornade.

Des instruments de torture installés sur le sol entouraient leur hôte : chevalet, brasero et métal chauffé à blanc, bâtons électriques, couteaux, pinces, seringues et sérums colorés, ainsi qu’un célèbre casque de souffrances.

Immobilisé par des liens invisibles, le chevalier pendait, nu et ensanglanté, à quelques centimètres du sol. Privé artificiellement du soutien de la Force, sa part d’obscurité intérieure se taillait le meilleur morceau. Défiguré par une grimace, la haine irradiait des traits contractés par la douleur. San perçut au plus profond de lui les ténèbres semées aux quatre coins de la pièce ; ils arrivaient trop tard.

Le seigneur Sith souriait d’anticipation en dégainant sa lame, une lueur rose l’environna. Ces glaives imprégnés de force conjuguaient le poids d’une épée avec la précision diabolique d’un sabre laser. Bien que sévèrement préparé à une telle confrontation, le chevalier Pelo redouta ce premier duel. Le Sith moulina avant de prendre sa garde.

– Enfin un adversaire à ma taille ! s’exclama le seigneur de Korriban. Reconnais en moi le seigneur Jeust Enougth, Jedi. Si tu meurs en bon combattant, j’abrégerai tes souffrances avant de me dégourdir les doigts avec tes suivants.

San baissa la main gauche et remonta la droite pour que la pointe de son sabre à hauteur du front s’oriente vers l’ennemi. Genoux fléchis, il initia un déplacement rotatif avec l’adversaire en son centre.

– À qui ai-je affaire ? questionna le Sith.

– Chevalier San Pelo, Jedi ! Je jure ici que jamais vous ne torturerez mes compagnons. Je sauverai également celui pour lequel nous sommes venus, vos sous-fifres ne couvriront plus vos méfaits, la mort les a rappelés en plein sommeil.

Ils se tournaient autour et la longue spirale les rapprochait à chaque pas de la première passe d’arme dont l’issue déciderait du vainqueur.

– Je n’ai nul besoin d’animaux indisciplinés pour sortir d’ici. Pour ce qui est de mon prisonnier, je suis au regret de vous annoncer qu’il n’y a rien de récupérable en lui. Il a livré ses secrets et je m’amusais à retarder sa mort dans la souffrance que méritent les traîtres de son espèce.


Réalisant trop tard qu’il commettait une erreur, San se propulsa en avant. L’épée imprégnée se darda et il la détourna d’un revers. Les coups s’enchaînèrent en un maelstrom bleu d’eau et rosâtre guidé par la Force. La mobilité du Jedi avantagé par la légèreté de son arme ne l’empêchait pas d’avoir les bras ankylosés. Il rompit d’une ruade vers l’arrière. La pointe acérée fendit ses vêtements à hauteur des pectoraux et électrisa tout son buste. Il poussa une onde de Force en chutant sur le dos, sa tête porta durement sur la pierre. Trente-six chandelles troublèrent sa vision et il évita au dernier moment le chevalet projeté sur lui dans l’intention de l’écraser.

Jeust s’élança lorsqu’un sabre laser grésilla. Le coup de grâce s’arrêta, intercepté par le laser vert de Vengeur Huit. Le Sith gronda et décapita d’un revers le Togruta, tranchant net les quatre lekku blancs qui tremblotèrent quelques minutes sur le sol. Une gerbe de sang inonda San. Poisseux de la mort de son camarade, il se redressa et frappa la cuisse de l’adversaire. Jeust s’envola mais le pied retomba au bout du tibia cautérisé. Le Sith utilisa la Force comme une béquille pour se maintenir debout. L’amputation ne semblait pas le choquer. 

Variant les techniques de combat, San attaqua à deux mains basses en tailles latérales irrégulières. Le seigneur Enougth reculait en clopinant mais ne lâchait rien et contre-attaquait à la moindre ouverture. Le chevalier prévoyait les coups en avance et ne doutait pas de ses qualités ; enfant, il avait été abandonné pour ces talents. La lame brillante approchait de la peau tatouée jusqu’à ajouter des ombres noircies dans les encorbellements dessinés sous l’épiderme. Le Sith grimaçait à la recherche d’un moyen de se soustraire aux attaques douloureuses. Bientôt, la chair grésilla. Il se débattit avec désespoir, laissant s’exprimer toute sa fureur. Les forces s’équilibrèrent mais la Force penchait du côté du Jedi et les blessures se multiplièrent.

Les défenses de Jeust s’effondrèrent comme s’il se rendait à l’évidence et abandonnait toute idée de victoire. Lancé, San trancha un bras au milieu de l’humérus, découpa au niveau du genou avant de plonger son sabre dans le ventre de l’adversaire. Il le repoussa d’une pichenette de Force. Le corps glissa sur la pierre. Le souffle rauque, le Sith souffrait le martyre. San ne s’émut pas, la formation Jedi les prémunissait contre les dangers des émotions. Le chevalier s’approcha sur ses gardes.

– Vous mourrez lentement, fit San. Je n’abrégerai pas vos souffrances pour que vous puissiez comprendre ce qui a été infligé par vos soins.

– C’est de bonne guerre, siffla Jeust.

Les Vengeurs avaient décroché le torturé et lui administraient soins et drogues. Fenn Vi-Trem arriva sur ces entrefaites, essoufflé. Il comprit aussitôt la teneur de la situation et ordonna :

– Nous ramenons le Conseiller Jedi avec nous ! Il faut prévenir Cinnagar que nous sommes arrivés trop tard et que l’attaque Sith est imminente. Nous les avertirons par radio. On dégage ! San ?

– Oui ?

– Qu’est-ce que tu en fais de ce Sith ?

– Je le tiens en respect. Le seigneur Sith Jeust Enougth n’a plus d’estomac et ses viscères sont réduites à un paquet de viande brûlée. Il décédera de ses blessures d’ici une vingtaine de minutes.

– Ok, comme tu veux, mais tu sors maintenant.

Le Chevalier Pelo recula jusqu’à la porte et salua avec respect le Sith limité à une forme amputé et gémissante. Jeust eut un sourire ironique étouffé par une toux sanglante. Le sabre laser s’éteignit.

– San ? San ! appela une voix féminine dans le couloir.

Dans un ballet de cape, Pelo se retourna dans le corridor de pierre. Il courut à la suite de l’équipe et des guerriers Krath survivants.

– Tu n’as rien ?

Vikky loucha sur le torse déchiré du Jedi. San attrapa la main de la jeune femme au passage : 

– Cours ! Les Sith vont donner l’assaut à Koros Major d’ici peu.

Aidé de la Force, San guida Kirioch dans le dédale de corridors. Quelques cadavres de Massassi témoignaient des affrontements, San reconnut peu de Vengeurs parmi les morts et se félicita que l’opération ait été un succès sur ce plan-là. À l’extérieur, ils rejoignirent les motos-suspenseurs et s’envolèrent pour Cinnagar moteurs hurlants bloqués dans les tours.

*******


Ils approchaient enfin de Cinnagar. Les combats débutaient et les défenses de l’impératrice Téta illuminaient le firmament alors que les vaisseaux de guerre Sith pleuvaient littéralement du ciel. L’état du conseiller Jedi torturé inquiétait Fenn Vri’Trem qui doutait de réussir à le ramener jusqu’au vaisseau de commandement. L’essentiel consistait à récupérer les chasseurs et à rejoindre en orbite le détachement républicain ; la mission avait été remplie malgré ce demi-succès.


L’équipe formidable se rendit aux hangars d’Aarrba en ligne droite alors que les guerriers Krath rejoignaient les défenseurs de Téta. Un bombardement intensif pilonnait la zone portuaire pour préparer le débarquement massif des Massassi. Vri’Trem, le corps inanimé du conseiller Jedi dans les bras, s’avança vers la zone où leurs chasseurs étaient stationnés. 
Vikky se renfrogna lorsqu’une limace ignoble se traîna en pleine lumière. 

– Nous voilà dans l’obligation de vous quitter précipitamment, votre honneur ! salua le leader.


Le chevalier Pelo se positionna à la hauteur de Fenn pour poser une main sur le front du conseiller. 

– Je vous en prie, articula le Hutt d’une voix grave. J’ai veillé sur vos vaisseaux d’une qualité remarquable. 
– Un grand merci pour vos services.


Fenn jeta un coup d’œil interrogatif à San qui répondit négativement de la tête. 

– Nous ferons notre possible, termina-t-il.

– Dépêchez-vous ! décréta Aarrba. Les Massassi envahissent la zone.


Ils montèrent dans les chasseurs et s’envolèrent en trombe pour soutenir l’effort antiaérien de défenseurs de Téta. Après ce qu’ils en avaient vu, ils avaient toute confiance dans les capacités des guerriers Krath pour combattre les envahisseurs sur le terrain. Un combat d’envergure se déroulait ici, d’autres auraient lieu et l’équipe formidable constituait l’ossature de la défense du joyau du noyau : Coruscant.