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Chapitre 41. Aube
 
L’aube n’allait pas tarder à naître. Mais le Palais brillait encore de mille feux, dans l’obscurité déclinante d’une nuit qui se préparait à mourir.

Il était prévu une importante réunion du Grand Conseil Impérial, à cette heure. Cette fois, la plupart des hiérarques qui n’avaient pas pu se rendre au premier congrès post-Palpatine étaient présents en chair et en os. Quelques Grands Moffs, quelques Grands Amiraux, quelques Gouverneurs, quelques officiers supérieurs… Ce qui faisait beaucoup, mais l’Empire était encore immense, et la crise d’importance.

Un par un, les pontes pénétrèrent dans la grande salle, s’installèrent autour de la vaste table ronde qui symbolisait l’unité des secteurs impériaux. Quelques sièges, néanmoins, étaient encore vides au bout de quelques minutes. Notamment ceux de l’Empereur (ça, on risquait pas de l’oublier), de Sate Pestage – en visite officielle dans divers endroits – ainsi que ceux du général Kutchann, de sa supérieure Ysanne Isard et du Grand Moff Nesta.

Quelques questions se firent jour parmi l’assistance. Où donc étaient passés ces gens là ?




De l’autre côté du Palais impérial, dans son bureau personnel, Nesta, en manches de chemises, s’échinait à jeter datacartes et autres archives au désintégrateur. Il avait été informé des récents événements par un ami de l’Ubiqtorate : Wetzel avait été arrêté, Kutchann avait disparu sans laisser de traces… Quant au Document de Caamas, nul ne savait ce qu’il était devenu. Tout s’écroulait. Le plan de Kutchann avait montré ses limites, et Nesta allait bientôt en payer le prix. D’ailleurs, ses complices avaient certainement parlé, car depuis une dizaine de minutes, ses gardes du corps étaient aux prises avec des unités de choc dans les couloirs du Palais.

- Gouverneur ! scanda une voix agitée via l’intercom. Les troupes de l’Ubiqtorate ont enfoncé nos lignes, nous devons battre en r…

Un hurlement, puis plus rien, rien d’autre que du grésillement – sinistre. Nesta leva la tête, le front imbibé de sueur, l’œil hagard. Sa garde personnelle avait lâché prise et l’ennemi rappliquait. Il pourrait encore s’enfuir par un passage secret – le Palais en comptait des milliers – mais un scrupule le retint… Il se demanda s’il ne devait pas avertir Mek’Thra.

Non… S’il informait les Bothans, cette salope d’Isard ne louperait pas la conversation et disposerait d’une preuve à charge supplémentaire. Il ne lui accorderait pas ce plaisir. Jamais de la vie.

Nesta embarqua une petite mallette avec lui, ayant téléchargé tous les fichiers nécessaires, et se dirigea à pas rapides vers l’un des trois passages secrets qui partaient de son bureau personnel.

Il ne fit pas un pas de plus. Le puissant souffle d’une explosion balaya la porte d’entrée dudit bureau – la porte en question était censée résister à n’importe quel projectile, lui avait garanti l’architecte… Des Soldats de Choc firent irruption dans la pièce, l’un d’eux se cogna le casque en fonçant sur une armoire…

Nesta, tétanisé, ne pensa même pas à s’emparer de son arme. Dix blasters étaient braqués sur lui.

- Toute résistance est inutile ! clama un Stormtrooper. Lâchez vos armes et cette mallette ! Doucement, sans faire d’histoire !

Le Grand Moff, mort de trouille, s’exécuta. Il balança la mallette sur le côté. Sortit lentement son blaster pour le déposer à terre et l’envoyer d’un coup de pied aux armures blanches. Le blaster glissa tranquillement sur le parquet jusqu’aux pieds des Soldats de Choc.

Nesta leva ensuite les mains au ciel. Mais curieusement, les Stormtroopers ne bougeaient pas, semblant attendre… quelqu’un.

L’ex-Grand Moff entendit le son sinistre des pas produits par le visiteur sur le parquet.

Ce même uniforme rouge, ce même visage magnifique percé de deux yeux de carnassier… Ysanne Isard. Encore.

- Vous êtes partout ! maugréa Nesta.
- C’est bien la mission de l’Ubiqtorate, répondit Cœur de Glace. Et je suis l’Ubiqtorate.


Dans la salle du Grand Conseil impérial, d’aucuns commençaient à s’impatienter.

- La situation militaire de l’Empire s’aggrave de jour en jour, chuchota un Grand Moff à l’adresse d’un amiral. J’ai cru comprendre que la Flotte et l’Armée subissaient quotidiennement des désertions massives.
- C’est la vérité, Gouverneur, répondit sombrement l’amiral. J’ai cependant découvert, au hasard de mes recherches, une arme secrète que l’Empereur avait mis en chantier sans nous tenir informés.
- Ah ? sourit le Grand Moff. Et quelle est-elle ?

L’amiral regarda de gauche à droite, veillant à ne pas être écouté. Puis il se lança :

- Quelque part dans le Complexe de la Gueule, un système planétaire inconnu des cartes, l’amirale Daala…
- … Daala ? Attendez… ce nom me dit quelque chose…
- C’est la pouf de Tarkin, rappela l’amiral. C’était, devrais-je dire.
- Ah, oui, il tenait à ce que leur liaison demeure secrète… opina le Grand Moff. Je me suis toujours demandé ce que cette jeune femme trouvait à ce nain.
- Toujours est-il que Daala supervise la fabrication d’un engin spatial nommé le Broyeur de Soleil.
- Comment ?

Le Grand Moff n’en revenait pas.

- Le Broyeur de Soleil est un vaisseau capable d’annihiler des systèmes solaires entiers, expliqua l’amiral.
- C’est formidable ! s’écria le Grand Moff avant de baisser le ton, conscient de sa gaffe. C’est toujours mieux que l’arme secrète que j’ai récemment découverte.
- Vous aussi ?

Décidément…

- Un grand vaisseau de guerre, datant de la Purge des Jedi, L’œil de Palpatine ! déclara triomphalement le Gouverneur. Il est armé de telle sorte qu’il est capable de détruire une plante !
- Une plante ? fit l’amiral, perplexe.
- Une planète ! corrigea le narrateur. C’est mon clavier qui a déconné !
- Ah, firent ensemble les deux Impériaux.
- Toujours est-il que je compte en parler au cours de cette réunion, précisa l’amiral. Ainsi, nous pourrons récupérer le Broyeur de Soleil et gagner la guerre. C’est une question de vie ou de mort : si on le laisse à cette incompétente de Daala, je n’ose imaginer les conséquences.
- Moi aussi, je ferai un exposé quant à L’œil de Palpatine ! promit le Grand Moff. Avec de telles armes, l’Empire va pouvoir l’emporter.
- Assurément, sourit l’amiral.





- Que signifie cette violation de mes quartiers ? tempêta Nesta, jouant la comédie jusqu’au bout.
- Ne me prenez pas pour une conne, cher Gouverneur ! lui susurra Isard en s’approchant de lui. Je vous mets en état d’arrestation pour faits de corruption, divulgation de renseignements militaires à l’ennemi, sédition, et tentative d’atteinte à la Sûreté de l’Etat.
- Vous faites erreur, ricana Nesta en s’essuyant brièvement le front. Vous n’avez rien contre moi.

Isard éclata de rire. Nesta réprimait assez mal le tremblement de ses mains et de ses jambes… Mince, puisque même ses dents s’y mettaient…

- J’ai les aveux de Wetzel, répondit Isard. Je l’ai interrogé moi-même. Ils parlent tous, vous savez…
- Wetzel ? fit Nesta. Je ne connais pas ce…
- Pas de fadaise avec moi, l’interrompit Isard en élevant la main. Il y a aussi cette enquête que l’on menait sur vous, sur vos activités illicites avec le Soleil Noir. Wetzel avait tout découvert, et a tout gardé pour lui, sans doute sur ordre de Kutchann… Histoire de vous rendre plus coopératif, je suppose ?
- Vous racontez n’importe quoi, Directeur Isard ! pesta l’ex-Grand Moff.

Le regard d’Isard était terrifiant. Nesta cherchait à l’éviter.

- Les documents de Wetzel ont été retrouvés, tous, l’informa Cœur de Glace. Ils sont en train d’être examinés par nos agents du pôle financier. Les dix premiers fichiers étaient déjà suffisamment accablants pour vous abattre dans le dos.
- Une pure invention de la part de Wetzel… contre-attaqua Nesta. Franchement, Directeur Isard, ne voyez-vous pas qu’il s’agit d’un coup monté ?

Isard le dévisageait, l’écrasant de son mépris.

- Vous êtes décidément très obstiné, Nesta. Mais c’est trop tard. Vous avez joué, vous avez perdu.
- Tu ne l’emporteras pas au paradis ! s’emporta l’ancien Gouverneur.

Isard répliqua par un uppercut du droit qui vit voltiger Nesta sur son bureau. Le dignitaire impérial s’écrasa sur le lourd meuble, renversant les datacartes, les papiers, la lampe, la console de communication… Il gémissait…

Isard donna un ordre à un Soldat de Choc, lequel vira Nesta du bureau, remit la console de communication en place en y insérant une datacarte.

Un hologramme surgit de la console, réduit au dixième de taille. Un hologramme représentant trois hommes assis dans ce qui ressemblait à une espèce de sombre gradin…

Le premier était un gros tas emmitouflé dans une toge tout aussi ample. Nesta le reconnut immédiatement : un ancien Conseiller de l’Empereur nommé Plumba, davantage connu pour ses passions archéologiques que pour ses compétences. Le second, au centre, était un général, un certain Carvin, le plus grand génie militaire de l’Empire en matière de batailles terrestres, mais absolument nul en politique – comme la quasi-totalité des généraux. Quant au troisième, un grand maigre tout chauve appelé Challer, il occupait jusqu’à présent des fonctions honorifiques au sein de la Direction Impériale.

- Un beau trio de pleutres… ricana Nesta en s’essuyant les lèvres tachées de sang.
- Taisez-vous, lui intima Isard. Vous allez écouter, quelques heures avant le peuple de cette planète et ceux de la galaxie, un discours historique.

Nesta la regarda sans comprendre… Mais il comprit vite, en fait.

« Une minuscule clique d’officiers et d’administrateurs stupides, ambitieux et sans scrupules a comploté d’anéantir le Gouvernement impérial par un coup d’Etat d’une ampleur inégalée », lisait Carvin d’une voix mal assurée. Leur échec est à la hauteur de la trahison dont ils se sont rendus coupables envers l’Empire. L’ordre a pu être restauré sans difficulté au Centre impérial. Les traîtres ont été arrêtés et emprisonnés. Ils paieront cher pour cette félonie. Malheureusement… »

Nesta eut un doute affreux. Il prêta davantage l’oreille.

« … une partie de leurs effroyables desseins s’est réalisée. Une bombe installée dans la salle du Grand Conseil Impérial a explosé alors que se tenait une réunion au sommet de notre Etat-Major et des Gouverneurs Principaux. Il n’y a eu malheureusement aucun survivant… »

Isard baissa le son. Se tourna vers Nesta.

- Attendez, qu’est-ce que cela signifie ? protesta l’ex-Moff.
- Votre complot a failli réussir, traduisit Isard avec un sourire sinistre. Votre bombe a anéanti une bonne partie du Gouvernement.
- Ma bombe ? Mais…

Alors l’ancien Grand Moff réalisa tout ce qu’impliquait cette dernière phrase de Coeur de Glace.





Dans la salle du Grand Conseil, l’impatience avait fait place au mécontentement. Les hiérarques acceptaient certes d’être menés en bateau par l’Empereur, mais nullement par ses successeurs.

- Je me demande ce que fait Isard... s’inquiéta un Moff.
- Plus d’une heure de retard, fit remarquer un Grand Amiral, agacé.
- Elle tient à faire savoir qui est le chef, ici, répondit un autre officier. Il va falloir songer à s’en débarrasser.

Il avait sciemment prononcé cette phrase à voix haute. La plupart des membres du Conseil hochèrent la tête en guise d’approbation.

Le Grand Moff qui avait découvert L’œil de Palpatine sortit une datacarte d’une des poches de son uniforme. Toutes les informations se trouvaient là-dedans. A côté de lui, son voisin d’amiral fit de même. Tels furent leurs derniers gestes d’êtres vivants.

En quelques centièmes de seconde, le parquet de la salle de conférence se volatilisa en plusieurs millions d’éclats. L’onde de choc balaya la table, les chaises, les œuvres d’art, le trône impérial, ravagea les murs, percuta le plafond, qui s’écroula dans l’instant. Les corps, eux, avaient été annihilés par le souffle de la déflagration et incinérés par l’abominable chaleur que dégagea l’explosion.

La bombe avait été spécialement conçue pour que l’onde de choc remontât vers le haut toute sa puissance de destruction. Lorsqu’il fallut compter et identifier ce qui restait des corps, l’on put constater qu’elle avait parfaitement accompli son œuvre.





Nesta n’y croyait pas. Il refusait d’y croire.

- Vous vous êtes servie de moi !

« Emmenez-le », dit simplement Isard aux Soldats de Choc, lesquels s’emparèrent violemment du Moff déchu et l’embarquèrent hors de son bureau.

Isard jeta un coup d’œil à la console qu’elle venait de désactiver. C’était ainsi que Nesta avait du communiquer avec les Bothans.

… les Bothans…

Ces derniers allaient lancer leur offensive, mais pas avant que la Flotte rebelle ne donne l’assaut à Naboo – et Isard, grâce à ses agents, savait qu’elle interviendrait aujourd’hui, dans quelques heures. Coruscant, en raison du départ de son escadre de couverture, était sans défense stellaire. Il y avait bien les stations Golan et l’armée de terre, mais il fallait éviter les mauvaises surprises.

La meilleure défense, c’était l’attaque : cette devise avait toujours été celle d’Ysanne Isard. Torturé, Wetzel avait lâché un nom, Ho-D’Oacr’… C’était plus que suffisant. Et Cœur de Glace avait déjà donné ses instructions en conséquence. Elle réservait une bien mauvaise surprise à ces rascals de l’espionnage…

Une lueur diurne traversa la baie vitrée du bureau de Nesta qui donnait sur la capitale. Amusée par la coïncidence, Ysanne Isard esquissa un sourire. Oui, décidément, l’Empire était à l’aube d’une ère nouvelle.

La sienne.
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