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Chapitre 40. Bespin
 
Debout devant la baie vitrée qui donnait sur la ville, élégamment revêtu d’un pantalon gris perle et d’une chemise de soie corellienne de couleur bleue, une courte cape du même ton négligemment jetée sur les épaules, Lando Calrissian se laissa aller quelques instants à une douce rêverie. En fait, oui, il était heureux. Ou presque. Fortuné, en tout cas. La Cité des Nuages, en termes de sanctuaire friqué, était ce que l’on pouvait rêver de mieux pour qui voulait éviter les ennuis avec l’Empire tout en ramassant du blé à la pelle.

Cette colonie minière surplombait une épaisse couche de gaz et de nuages – d’où son nom – qui elle même recouvrait la totalité de la planète Bespin, laquelle était entourée de plusieurs lunes. Les prospecteurs avaient édifié cette merveille technique qu’était la Cité des Nuages on ne savait trop comment, à la sueur de leur front et du front de leurs droïds… Elle avait été installée là où l’oxygène était pur, la vie possible… à 150 kilomètres de l’espace et à 30 kilomètres du sol.

L’exploitation du gaz naturel Tibanna rapportait beaucoup, en termes d’argent. Surtout, Bespin était isolé des voies de trafic commercial. Les prédécesseurs de Lando avaient donc eu l’idée de servir de banquiers pour diverses personnalités peu désireuses d’exposer leurs fonds au grand jour. Et on retrouvait des noms connus parmi les comptes…

Cela faisait déjà un petit bout de temps que Lando avait jeté son dévolu sur cet endroit, histoire de prendre sa retraite après avoir écumé la galaxie. Son dernier trip sur Coruscant l’avait définitivement poussé à se réfugier ici. Il avait viré l’administrateur de la boîte sans difficulté – gloire soit rendue au sabacc – et s’était imposé comme nouveau boss à la place du boss. Ses talents de gestionnaire avaient fait le reste. Et l’Empire ne lui avait pas cherché des poux dans la tête. Armand Isard était mort, les Impériaux avaient subi une défaite majeure à Yavin en perdant une puissante station orbitale qui avait détruit Alderaan. Du coup, Lando risquait d’être tranquille. Même Jabba semblait l’avoir oublié. En cette époque troublée, tout le monde avait autre chose à faire… Ce qu’il pouvait parfaitement comprendre…

En somme, Lando Calrissian avait réussi sa vie. Et contempler la foule d’habitants qui se pressait sur les terrasses et le long des avenues de la Cité illuminée par les lueurs du crépuscule naissant le confortait dans ce point de vue.

Ledit point de vue ne survécut pas plus de dix secondes lorsque son comlink se déclencha.




Boule de Billard, alias Lobot, l’attendait dans le Poste de Commandement du système de défense local, devenue tout à coup une ruche bourdonnante d’activité. Un simple clignement de l’œil suffit au fidèle adjoint de Lando pour résumer la situation. Une pure catastrophe d’amplitude apocalyptique, en bref. Les gars du Poste flippaient comme jamais en regardant les informations s’accumuler sur leurs écrans. Murmures, cris… Gasp… Tout partait en couille…

- Calmez-vous ! cria Lando. Faites-moi un topo des derniers événements.
- Monsieur, l’Executor vient de s’installer en orbite de Bespin, gueula un des membres du staff opérationnel. Le Seigneur Vador nous signale que lui et ses troupes font route vers la Cité des Nuages. Nous avons reçu pour ordre de nous préparer à les accueillir comme il se doit.

Une goutte de sueur perla sur le front de Lando. Vador !? Ici ? Qu’est-ce que… Etait-ce pour lui que ce monstre se rendait ici ? Pour épiloguer l’affaire du bacta génétiquement modifié ?

- Mettez nos forces de sécurité en état d’alerte ! ordonna Calrissian. Décrétez l’état d’urgence, que la population se prépare à évacuer…

Et, accompagné de Lobot, il se dirigea vers la sortie.

- Je vais moi-même accueillir le Seigneur Vador, s’exclama-t-il théâtralement.





La gorge nouée, le cœur pulsant comme une musique techno, le cerveau en alerte, Lando se préparait à recevoir le plus dignement possible le si tristement célèbre Dark Vador sur une des plate-formes de la Cité des Nuages…

La navette Lambda atterrit avec force jets de gaz et de vapeur. La rampe s’abaissa, laissant s’avancer quelques Soldats de Choc à pas cadencés.

Puis… un mugissement sourd, étouffé, mais constant, permanent… Le son produit par un respirateur. Une imposante silhouette noire descendit de la rampe d’un pas martial, entourée des Stormtroopers. Lando reconnut l’armure, reconnut la cape, reconnut le casque, reconnut le son du filtre à air, reconnut jusqu’à la démarche…

- Bonsoir, Calrissian, énonça gravement Dark Vador en s’approchant de lui.

La voix paraissait sortir d’outre-tombe. Un genre métallique, artificiel… inhumain. Lando ne trouva rien de mieux à faire que de s’agenouiller, conformément à la coutume… Lobot fit de même…

- Relevez-vous, mon ami, dit Vador sans dévier son sinistre ton d’un iota.

Lando se releva, fronçant les sourcils… Une leur d’espoir s’était ravivée… Le Seigneur Vador l’avait appelé… « mon ami » ?

- J’ai un marché à vous proposer, ajouta le Seigneur Noir de Sith. Mais le temps presse…
- Un… marché, Seigneur Vador ? balbutia Calrissian.

Il ne parvenait pas à y croire. Pas plus qu’il ne pouvait soutenir la vision de ce casque noir si impressionnant… Ce masque à la fois figé et empreint de cruauté…

- J’ai pris la peine de faire venir une de vos anciennes connaissances, crut bon d’ajouter Vador en adressant un signe de la main à quelqu’un resté dans la navette.

Et Lando vit…

… le major impérial descendit lentement la rampe de la Lambda. Une… femme… Le crépuscule donnait à ses beaux cheveux blonds une teinte orangée qui leur allait… à ravir…

- Major Reeze, venez avec nous… lui dit Vador. Ce marché vous concerne aussi…

Le regard de Nora croisa celui de Lando. Yeux sombres contre yeux sombres. Yeux sombres face aux yeux sombres. La peur et le regret se lisaient chez chacun d’entre eux. A ceci près que Lando était atomisé, lui.





- Il n’en est pas question !

Ce fut la première réponse de Lando – elle lui était sortie de la tête, comme ça. Il regretta aussitôt de l’avoir prononcée.

Debout, le dos tourné à la baie vitrée aperçue au début du chapitre, Dark Vador se tenait parfaitement immobile. Calme. A sa droite, Nora ne quittait pas Lando des yeux. La peur n’avait pas quitté son regard…

- Pouvez-vous… me répéter cela ? articula lentement Vador.
- Je ne vois pas ce qui vous pousse à vouloir arrêter Yan… enfin, Solo, s’expliqua Lando en essayant de se montrer convaincant. C’est un gagne-petit, un pue-la-sueur, un minus… Je ne comprends pas qu’un dirigeant aussi noble et réputé que vous en veuille à ce point à cet éternel adolescent…

Lando crut deviner qu’une ombre de sourire s’était dessinée sur le visage du Seigneur Noir.

- Vos flatteries ne m’atteignent pas, Calrissian, répondit-il sur un ton polaire. Yan Solo est un dangereux terroriste qui a contribué à détruire l’Etoile Noire. Sa tête est mise à prix par l’Empire et par les Hutts. N’êtes-vous vraiment pas intéressé par la prime ? Elle est plus que conséquente…

Lando ferma les yeux, une seconde, deux secondes… S’évada… C’était un cauchemar, il allait se réveiller…

Lando rouvrit les yeux. Le Seigneur Vador était toujours là, Nora était toujours là… Le boucher de Naboo et l’amour de sa vie, dans la même pièce… Ils formaient avec lui un fabuleux triptyque.

- Yan Solo ne peut pas avoir commis l’acte que vous lui prêtez, reprit Calrissian en se raclant la gorge. Il… Je vous l’ai dit, c’est le genre de type à avoir mauvaise mine…Un minable, donc.

Vador éleva sa main gauche gantée de noir vers Lando. Ce dernier crut tout à coup que sa gorge se comprimait… Il chercha son souffle… ne le trouva pas… Tomba à genoux…

- Je… je n’ai pas le choix… protesta Calrissian, qui étouffait.
- Oh ! répliqua Vador sur un ton volontiers ironique. Il n’a pas le choix… Vous entendez cela, Major Reeze ?

La pression devenait intolérable… Ses poumons, à leur tour, refusaient de répondre… Il se tordit sur le tapis, il allait…

Le Seigneur Vador abaissa la main. Lando eut le sentiment que sa gorge reprenait vie, que ses poumons étaient à nouveau en état de marche… Il se releva, main à la gorge, presque haletant…

- Si vous me tuez, vous ne pourrez pas l’atteindre… dit Lando, non sans une once de fierté.
- Mes félicitations, savoura Vador sur un ton mâtiné de respect. Vous avez très bien saisi l’enjeu. Mais je constate que votre amitié pour le capitaine Solo est bien plus solide que je ne le supposais. (Il se tourna vers Nora) Major Reeze, une chance que Kutchann vous ait envoyée pour m’espionner : vous aviez parfaitement raison. Ce cher monsieur Calrissian ne lâchera pas comme ça son ancien partenaire de jeu…
- Lando, l’Empire te propose simplement de livrer Yan au Seigneur Vador, renchérit Nora avec autant de conviction que mettait Calrissian à vouloir trahir Solo et Chewie. Si tu refuses, tu seras déporté, et la Cité des Nuages passera sous contrôle impérial.
- Je me montre généreux, ajouta Vador. Soyez coopératif, et vous n’entendrez plus jamais parler de moi. De même, votre ancienne affaire avec Jabba sera elle aussi définitivement enterrée. Vous deviendrez un intouchable. Je vous le garantis personnellement.

Lando était déchiré… Le dilemme était ignoble… D’un côté, Yan. De l’autre, Bespin… et sa propre vie… Mais… Ils avaient fait les 400 coups ensemble, Yan et lui… Yan lui avait sauvé la vie à de nombreuses reprises… Lando lui avait sauvé la vie à de nombreuses reprises… Une amitié comme celle-là, non…

… non, il n’en connaissait pas…

Lando inspira profondément, se préparant à prononcer les mots les plus difficiles de sa vie…

Il était au bord du précipice. Il lâcha :

- Navré… Je ne peux pas…

Un silence suivit ces fortes paroles, à peine troublé par le lent mugissement perpétuel du Seigneur Vador.

- C’est très courageux de votre part, observa simplement le Jedi sombre.

Vador éleva à nouveau sa main gauche. Calrissian referma les yeux, se prépara à affronter son destin…

Mais la main gantée de noir s’orienta vers Nora.

Le Major Reeze se saisit brusquement la gorge, son visage brusquement congestionné, horriblement grimaçant. A son tour, elle tomba à genoux, se griffant le cou, dégrafant son col… cherchant l’air… essayant de… survivre…

- Je suis au courant de certains détails relatifs au Major Reeze et à votre biographie Calrissian, déclara Vador, glacial. Le Côté obscur apporte quelques menus avantages.

Nora trouva la force de pousser un faible cri… Un gémissement, plutôt… Elle haletait…

- Espèce de monstre ! tempêta Lando. Salopard sanguinaire !
- Je vois que la mort imminente du Major Reeze ne vous laisse pas indifférent… remarqua Vador.

Le cœur de Lando fut dévasté par… il ne savait quoi… Il ne cherchait plus à comprendre… Il fallait… il fallait qu’il la sauve… Cette vie ne valait plus rien si… si elle devait mourir…

Il se souvint…

- Lando, ne tombe jamais amoureux de moi…
- C’est trop tard…

Et il avait fallu que, parmi les milliers de vaisseaux de la Flotte impériale, elle fût mutée sur celui de Vador… Et il avait fallu que ce vaisseau approchât de Bespin… Et il avait fallu que Yan Solo rappliquât au même moment…

Son meilleur ami contre l’amour de sa vie.

- Seigneur Vador…

Nora agonisait sur le tapis, prise de violentes convulsions… Le casque noir se tourna vers Lando.

- … j’accepte votre proposition, balbutia Calrissian, pulvérisé.

Vador abaissa la main. Nora sembla se calmer… Elle récupéra son souffle…

- Je savais que vous étiez un homme de compromis, ajouta Dark Vador, comme amusé.

Nora se releva… Son regard, cette fois, fuyait celui de Lando… Pour elle aussi, se dit-il.

Un officier impérial pénétra dans la pièce, se dirigea vers Dark Vador.

- Mon Seigneur, clama-t-il, le Faucon Millenium est sur le point de pénétrer dans l’atmosphère de Bespin !
- Parfait ! répondit Vador. Capitaine Treece, prenez toutes les mesures pour dissimuler notre arrivée. Je veux leur réserver moi-même la surprise.
- A vos ordres ! glapit l’officier.
- Quant à vous, Major, regagnez l’Executor. Cette opération ne vous concerne plus.
- A vos ordres, Mon Seigneur ! répondit Nora en reboutonnant son col.

Lando écoutait d’une oreille distraite… Juste avant de quitter la salle, Nora ralentit sa marche… Leurs regards se rencontrèrent une dernière fois… Celui de Nora était submergé par la tristesse et le remords.

Celui de Lando était mort.





La chambre était doucement éclairée par les lumières de la ville. L’on entendait en bruit de fond le flot des véhicules qui traversaient les différents canyons urbains de la planète. Mais à part ça, tout était… calme. Le jour ne s’était pas encore levé. Il faisait toujours nuit.

Il n’était pas à Bespin. Ce n’était qu’un flash-back, comme ceux qui l’avaient agressé tout au long de cette fanfic’ qui prenait des allures de roman. Retour à Coruscant, donc. Il avait du dormir quelques heures, dans les bras de Nora…

Lando se mit sur le dos, étendit son bras de l’autre côté du lit… son bras ne rencontra que le vide… Nora n’était pas là.

Il crut revivre la même situation qui s’était présentée à lui il y a quelques années. Les mêmes circonstances, exactement. Une frénésie de sexe ou une nuit de fusion amoureuse, c’était selon les points de vue, puis un départ silencieux, discret, de la part de l’amante…

Lando se gratta la tête. Sa peau était redevenue noire, voici plusieurs heures. Il était redevenu Lando Calrissian, le gentleman galactique. Il se leva, prit une douche, s’essuya, récupéra ses fringues de la veille qui traînaient alentours, s’habilla.

Nora ne revenait pas.

Qu’est-ce qu’elle était en train de lui faire ?

Shhhhh… Le son produit par une porte glissante… En parlant de Nora…

- Salut, Lando, dit-elle en entrant.

Elle s’était visiblement débarrassée de sa robe de soirée, car elle portait cette fois son uniforme de major. Il se pencha sur elle pour l’embrasser. Elle répondit à son baiser. Ils demeurèrent longtemps ainsi, debout, enlacés.

- Je vois que tu es prêt au départ, constata-t-elle d’une voix sourde.

Chose curieuse, elle n’avait pas le moins du monde souri depuis son retour dans la chambre.

- Je voudrais que tu viennes avec moi, demanda-t-il. Je voudrais que tu restes auprès de moi.

Nora le dévisagea.

- Tu sais bien que ce n’est pas possible.
- Coruscant finira bien par tomber, plaida Lando. L’Empire a perdu la guerre. Tu n’es plus d’aucune utilité, ici.
- Détrompe-toi.

Elle se dégagea. Recula. Se colla au mur, dans l’entrée… Lando ne comprit pas…

… et comprit encore moins lorsque la porte glissa de nouveau…

… lorsque des Soldats de Choc surgirent comme des brutes dans la pièce…

… lorsqu’un Stormtrooper se cogna la tête en entrant…

… lorsqu’ils le rouèrent de coups, le tabassèrent, le plaquèrent au sol, le ceinturèrent, le menottèrent… D’autres coups, encore… Un Stormtrooper lui éclata la colonne vertébrale, un autre lui écrasa la main droite… Ils le relevèrent… Juste à temps pour tomber nez-à-nez sur…

… la jeune femme en uniforme rouge qui lui faisait face.

- Enchantée de vous rencontrer enfin, dit-elle en lui adressant un sourire de mauvais augure. Nous avons fini par capturer le légendaire héros d’Endor…
- Je ne vois pas de quoi vous voulez parler, Diana ! répliqua Lando.
- Vous n’êtes pas dans la série V, ici, même si je porte un uniforme similaire ! explosa la jeune femme en lui assénant une magnifique gifle. Je suis Ysanne Isard, Directeur de l’Ubiqtorate !

Lando ne comprenait plus rien… Lando cherchait Nora des yeux… Un Stormtrooper lui asséna un violent coup de blaster à la tête… Il perdit connaissance.

- Emmenez-le au Lusankya, ordonna Isard en s’adressant aux Soldats de Choc. Une salle lui a été spécialement réservée.

Le Directeur de l’Ubiqtorate se tourna vers Nora, tout sourire.

- Mes félicitations, Major Reeze. Vous avez parfaitement accompli votre mission.

Nora ne souriait pas, elle.

- Ce fut un plaisir, Madame.

Ce fut sa seule réponse, prononcée sur un ton dépassionné. Les deux jeunes femmes sortirent de la pièce, laissée aux bons soins d’une équipe de nettoyage. L’arrestation de Lando n’avait pas duré plus d’une minute.
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