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La Lame de la Justice
An -15
 
Le long vaisseau pénétra avec un sifflement sourd en plein cœur du système de Cerea, au beau milieu des astres divers en orbite autour de la planète Cerea I. Des lunes tournaient gracieusement autour de leur axe, tandis que le soleil du système éclairait de sa pâle lueur céleste la coque du vaisseau et de celles des chasseurs formant son escorte.
A bord, la tension était presque étouffante. Une vingtaine de jeunes Padawan étaient serrés les uns contre les autres sur les banquettes d'accélération, tandis que les quelques instructeurs Jedi qui les accompagnaient étaient répartis au poste de pilotage et dans les tourelles de tir. Six chasseurs assuraient la protection de toute cette petite assemblée, qui en avait bien besoin depuis l'avènement d'une ère sombre pour tous les Chevaliers Jedi de la galaxie. L'ex-chancelier Palpatine, dans son intarissable soif de pouvoir, avait lancé une traque impitoyable pour se débarrasser du dernier obstacle sur sa voie vers la puissance : les Jedi. Son âme damnée, Darth Vader, était en tête de cette traque sans merci.
Les Jedi tombaient les uns après les autres, la plupart terrassés par le sabre de Vader, apparemment implacable. Quelques souches persistaient, comme ces instructeurs qui, malgré le climat d'insécurité, avaient persisté en continuant à former quelques enfants de toutes espèces, qui avaient fui Coruscant pour poursuivre la lutte en parcourant la galaxie, avec le mince espoir d'échapper à Vader et à ses sbires. Les quelques pilotes qui étaient à bord des chasseurs n'étaient pas des Jedi, ils étaient juste des sympathisants aux Jedi qui les protégeaient en cachette.

Les instructeurs Jedi étaient en fait des Chevaliers survivants de la Purge, qui estimaient que le seul moyen de permettre à l'Ordre Jedi de survivre était de lui assurer une continuité, en formant de jeunes gens qui constitueraient l'ossature de la force armée qui, le moment venu, tiendrait tête à Vader et à Palpatine. Tenter de se battre seul mènerait les Jedi à leur perte, ils avaient plus que jamais besoin du soutien de la relève future. Les jeunes Padawan avaient tous commencé leur formation depuis leur plus tendre enfance, avaient déjà de solides bases, mais aucun d'entre eux n'était âgé de plus d'une dizaine d'années standard (des enfants de certaines espèces étaient certes bien plus vieux, mais restait des enfants selon les normes de leurs planètes respectives). Il faudrait encore tenir longtemps avant d'espérer avoir un soutien efficace face aux hordes de chasseurs de primes et autres gens peu scrupuleux qui voyaient dans les Jedi, quels que soient leurs races ou âges, un bon moyen de se remplir les poches mais aussi de s'assurer les faveurs de l'homme qui peu à peu s'emparait de la galaxie. Se mettre du côté du vainqueur présumé, sans tenir compte de sa qualité, voilà un manque de courage significatif de la perte des valeurs qui symbolisait le déclin progressif d'une République affaiblie.
Le Jedi qui pilotait le grand vaisseau (qui servait en fait de centre de formation mobile), pris d'un malaise dû à un mauvais pressentiment dans la Force, scruta avec attention les radars du vaisseau. Le secteur était désert, à l'exception bien sûr du transport et des six chasseurs de type Z-95 Headhunter. Le Jedi twi'lek rabattit ses lekkus derrière sa nuque et fit une moue en s'adressant à son camarade ho'din.
– Tu le sens aussi ? demanda Naraw Telki.
– Oui, répondit simplement le ho'din, un Jedi plutôt pragmatique et peu causant, mais toujours perspicace.
Ils n'étaient que quatre Chevaliers et un Maître pour s'occuper d'une vingtaine de gamins, parfois turbulents. Leur petit groupe avait fui Coruscant, et ils étaient bien plus nombreux à l'origine. Plusieurs des instructeurs étaient déjà tombés dans des traquenards lors de diverses escales. Leurs espoirs s'amenuisaient de jour en jour, mais ils gardaient courage en voyant l'insouciance infantile et la motivation des enfants qu'ils avaient fait serment de protéger et de former de leur mieux.
– Prends les commandes, fit le twi'lek en se levant de son siège. Je vais voir les petits, eux aussi ont dû sentir que quelque chose ne tourne pas rond.
– Oui, acquiesça le ho'din, toujours aussi peu causant.
Le twi'lek quitta le cockpit et s'engagea dans le couloir menant aux quartiers d'équipage. Il passa devant un des postes de tir et adressa un signe de tête à un de ses amis proches, un humain d'une trentaine d'années, expert au sabre et qui enseignait aux Padawans comment se défendre efficacement. Chacun des quatre Chevaliers instructeurs avait sa tâche, tandis que l'unique Maître (un autre avait été piégé par des Jedi Noirs lors d'un ravitaillement sur Commenor) supervisait tout ce petit monde. Le twi'lek se chargeait de l'aspect basique du maniement de la Force, le ho'din tâchait de transmettre son savoir théorique ainsi que sa sagesse dans la Force. Enfin, un dernier Jedi, un falleen, enseignait la maîtrise de la Force dans les relations avec d'autres individus. Ils s'étaient répartis les enseignements de manière sommaire, surtout depuis que leurs effectifs avaient commencé à se réduire de façon tragique chaque fois qu'un de leurs camarades tombait au combat pour permettre aux petits de fuir. Tous craignaient qu'un jour, la fuite ne soit pas possible et que tous aient à faire face à leurs bourreaux… Qu'ils soient prêts ou non.

Il arriva enfin auprès des enfants qui se racontaient des histoires, paisiblement assis sur les banquettes. Certains jouaient au dejarik ou au sabbac, d'autres encore pratiquaient leurs exercices habituels. Naraw Telki sourit en les voyant ainsi, aucun ne semblait partager le mauvais pressentiment qui s'était emparé des instructeurs depuis leur arrivée dans le système. Tant mieux…
Mais ce pressentiment avait ses raisons d'être. Alors qu'il allait engager la conversation avec un petit calamarien, dont l'air espiègle révélait qu'il avait probablement commis une quelconque bêtise, la voix du ho'din retentit dans les haut-parleurs de l'engin pour lui demander de le rejoindre au plus vite. Cet appel était superflu, le twi'lek ayant perçu par les courants de la Force le trouble de son camarade. Préférant s'informer au mieux, il se rendit au plus vite dans le cockpit. Déjà en chemin, il comprit aisément le problème : il perçut la présence de nouveaux arrivants dans les parages et parmi eux… un être qui irradiait dans le champ de la Force. Une sensation intense, mais en même temps d'une noirceur perturbante pour tout être sensible à la Force. Aucun des Jedi à bord ne pouvait être dupe quant à l'identité de cette personne, et quant aux raisons de son arrivée à proximité, dans un secteur plutôt reculé de la galaxie. Ils y étaient venus dans l'espoir d'y passer inaperçus, visiblement c'était raté.
Quand il parvint auprès du ho'din, il trouva également le Maître Jedi responsable de leur groupe, un petit bimm très bavard mais tout aussi puissant malgré son apparence fragile. Il posa immédiatement la question qui lui brûlait les lèvres.
– Comment ont-ils pu nous trouver ?
En attente d'une réponse, il jeta un œil aux détecteurs. Plusieurs chasseurs avaient surgi de l'hyperespace, ainsi qu'un petit transport d'assaut. Enfin, le ho'din répondit.
– Je crois le savoir. La Force me le murmure, et je n'ai pas su le détecter avant.
Son air dépité semblait indiquer le reproche qu'il se formulait, mais même le Maître n'avait pas perçu l'élément qui avait permis ce piège. Cet élément leur fut confirmé l'instant d'après.
– Escorte, déclara le bimm dans le micro, de sa petite voix, vous avez dû comme nous repérer le comité d'accueil. Pouvez-vous nous fournir une couverture de fuite ?
– Négatif, rétorqua sèchement le leader des six chasseurs d'escorte.
– Pardon ? s'étonna le Jedi humain, qui, depuis sa fosse d'artilleur, pouvait suivre les communications.
– Je répète, négatif. Désolé.
– Je vois, déclara sobrement le falleen depuis la seconde fosse d'artillerie.
– J'aurais dû le sentir, se désola le ho'din, avec un air de plus en plus déçu et coupable.
– Cela n'a rien de personnel, Jedi. Nous n'avions pas vraiment le choix…
– Je vois, répéta le falleen avec un brin de colère contenue.
Le bimm, lui, tenta de rester lucide.
– Vous comptez nous abattre ? demanda-t-il au leader des pilotes.
– Non, mais ne comptez pas sur nous. Nous ne garantissons plus votre sécurité, mais nous ne vous tirerons pas dessus pour autant. Nous ne sommes pas des…
– Je sais, coupa le bimm. Tant pis. Merci pour tout ce que vous avez fait auparavant. Et adieu.
Ils virent les six chasseurs emprunter un nouveau cap pour s'éloigner du vaisseau, tandis que les appareils ennemis approchaient à toute vitesse.
– Quoi ?! s'étouffa le falleen dans son comlink, vous les laissez filer comme ça ?
– Oui, répondit calmement le bimm. Même si ces hommes nous trahissent aujourd'hui, ils nous ont réellement protégé par le passé et je ne l'oublie pas. Ils ont dû être achetés ou menacés, nous ne devons pas leur en vouloir.
– Mouais, grommela le falleen.
– Assez discuté, fit soudain le grand ho'din. Nous sommes seuls, et ils seront sur nous bien avant que nous ayons trouvé un cap hyperespace pour partir d'ici.
Il ordonna alors à l'humain et au falleen de rester à leurs postes d'artilleurs respectifs, envoya le twi'lek rassurer et préparer les enfants, et resta quant à lui aux commandes, le Maître bimm à ses côtés. Le petit Maître faisait à peine un mètre de haut, soit deux de moins que lui, mais il lui avait toujours voué un respect et une confiance absolus. Néanmoins, leur situation en ce jour paraissait bien désespérée.
Leur vaisseau fit feu avant même leurs assaillants, le falleen et l'humain déchaînant depuis leurs tourelles un flot de lasers verts qui balaya deux chasseurs en approche. Pendant ce temps, le ho'din manœuvrait le vaisseau vers un vecteur de saut en hyperespace. Ils étaient encore bien loin du point de saut, et leurs agresseurs déversaient déjà leurs tirs sur les boucliers de leur navire. De toute évidence, leurs chances de partir à temps étaient très minces, tous le savaient mais aucun n'osait admettre que le vaisseau était d'ores et déjà condamné. Une de leurs meilleures options était d’évacuer le navire avec les quelques nacelles de sauvetage, après les avoir programmées pour sauter en hyperespace sur un cap aléatoire. Cap qui pourraient les emmener en sécurité à des années-lumière, mais qui pourrait tout aussi bien les expédier dans un quelconque astre spatial. Quant à dégainer les sabres laser pour défendre le vaisseau lors de l'abordage, ce serait certes efficace tant qu'on tenterait de les capturer, mais cette stratégie se révélerait totalement inutile dès lors que leurs ennemis, perdant patience, se déciderait tout simplement à abattre le vaisseau et tous ses occupants.
A moins que ce ne fût l'intention initiale : les tirs commençaient à s'écraser en masse sur les boucliers du vaisseau Jedi, lequel n'était pas conçu pour des batailles de ce type. Chaque coup ébranlait le malheureux appareil, que le ho'din manœuvrait de son mieux, avec l'aide de la Force, pour tenter d'esquiver au maximum les salves destructrices. Les boucliers déflecteurs avaient de plus en plus de mal à repousser les décharges d’énergie, le sort du petit groupe faisait à chaque seconde moins de doute.

Naraw Telki s'était approché des enfants, qui avaient cessé leurs activités dès le début des combats, n'ayant pas eu besoin de la Force pour sentir que quelque chose ne tournait pas rond. Tous ces petits êtres, enveloppés dans un voile de Force déjà très grand pour leurs âges, se sentaient impuissants et désolés en percevant l'angoisse de leurs instructeurs. Le twi'lek essayait de leur expliquer qu'ils allaient quitter le système dans quelques secondes pour rejoindre l’hyperespace, et qu'ils y seraient en sécurité.
Un silence pesant s'installa quand le vaisseau s'arrêta soudain, les moteurs coupés et les systèmes probablement mis hors service par les canons à ions ennemis. Les éclairages faiblirent, avant que ceux de secours ne prennent le relais. Le vaisseau était comme mort, incapable d'avancer, le pilote ho'din avait perdu la partie : les boucliers avaient été abattus, puis les systèmes avaient suivi.
Les batteries de turbolasers étaient elles aussi hors service, et les deux artilleurs quittèrent immédiatement leurs postes, conscients que l'abordage était imminent. Les deux Jedi postés dans le cockpit le quittèrent également, et les cinq Jedi se retrouvèrent dans la cabine principale, aux côtés des petits Padawans. Tous les regards se tournèrent alors vers le Maître bimm, qui prit la parole calmement.
– Il semblerait que nous soyons à court de ressources… Mais nous serons les ressources de ces enfants (tous comprirent le sens de ces paroles). Le vaisseau dispose de seulement quatre capsules d'évacuation, mais seuls deux d'entre nous partiront.
Les Chevaliers Jedi se regardèrent en silence, comprenant le plan du Maître. Ils allaient répartir les enfants dans deux capsules, avec un Jedi pour les accompagner dans chacune. Les deux autres capsules seraient envoyées d'abord pour attirer le feu ennemi. Pendant ce temps, les trois Jedi sacrifiés resteraient à bord pour occuper les troupes d'abordage. Ainsi, quand les deux capsules vitales seraient expédiées, les chasseurs seraient occupés par les deux leurres et les troupes par les Jedi. Avec de la chance mais surtout avec l'aide de la Force, les enfants pourraient partir en hyperespace avec leurs accompagnateurs. Avec beaucoup de chance…
Restait à savoir qui partirait et qui resterait. Et tous savaient que ce serait le Maître qui prendrait cette difficile décision. Tous étaient prêts à sacrifier leurs vies pour ces enfants, possible renaissance de l'Ordre Jedi. Le choix fut rapidement fait. Le bimm désigna deux des Jedi. Le twi'lek et l'humain, qui acquiescèrent sobrement sans oser regarder leurs amis qui resteraient en arrière.
– Nous n'avons pas beaucoup de temps. Tous les deux, accompagnez les enfants aux capsules et préparez-vous. Quant à nous trois, je crois que nos sabres laser vont servir. Une dernière fois.
Une violente explosion interrompit leur conversation. Sans attendre une seconde de plus, le twi'lek Naraw Telki et l'humain Medi Trabe entourèrent les enfants, de plus en en plus agités, tandis que le ho'din, le falleen et le bimm se précipitèrent vers le lieu par lequel les troupes ennemies avaient dû pénétrer à bord de leur appareil.

Le jeune takisha suivit docilement Medi Trabe dans les coursives de l'appareil, perpétuellement ébranlé par les vaisseaux qui l’abordaient pour déverser leurs flots respectifs d’assaillants. La petite troupe composée de la vingtaine d’enfants et des deux Chevaliers Jedi se dirigeait vers l’arrière du vaisseau et, il le comprit, vers les capsules d’évacuation.
– Maître Medi… dit-il doucement.
– Oui ? fit le Jedi sans s’arrêter de marcher.
– J’ai peur…
Medi Trabe ne répondit rien, mais il prit la main de l’enfant takisha dans la sienne, le réconfortant par ce contact mais également par la Force. Ils entendaient, vers l’avant du vaisseau, les premiers tirs de blasters, qui révélaient que les trois autres Jedi avaient engagé le combat contre les assaillants. Probablement des chasseurs de primes de la plus basse espèce, prêt à s’attaquer à des enfants, du moment qu’ils étaient Jedi et que Palpatine les payait pour cela. Medi posa sa main libre sur le pommeau de son sabre laser, accroché à son flanc gauche. Il aurait dû combattre lui aussi, mais le Maître bimm lui avait dit de partir. Les techniques de combat étaient pourtant sa spécialité…
Il savait que les Jedi restés en couverture étaient perdus, il le sentait. En fait il sentait une présence qui montait à bord, et l’arrivée de cet individu laissait peu de doutes quant à l’issue de la bataille. Un être qui avait tué de ses mains un nombre incalculable de Jedi n’allait pas se laisser arrêter par deux Chevaliers et un Maître, il fallait être lucide…
Mais Medi avait un mauvais pressentiment dont il ne parvenait pas à expliquer le motif. Les enfants devaient aussi le ressentir, la peur du petit takisha le montrait bien. Naraw Telki avait pris la tête, et prenait en charge la moitié des petits Padawans. Medi Trabe formait l’arrière-garde, surveillant qu’aucun agresseur ne les rattrapait.
Pourtant, l’attaque ne vint pas de l’arrière. Le mauvais pressentiment trouva sa justification lorsqu’un choc se fit entendre contre une des cloisons arrière du vaisseau. Quelques secondes plus tard, la paroi de l’engin était découpée au rayon laser et un pan de mur vola en éclats. Medi comprit vite qu’un deuxième vaisseau de débarquement s’était glissé à l’arrière pour décharger ses troupes et prendre les cibles en tenaille. Ce second vaisseau d’assaut n’avait pas été détecté par le radar ; il avait dû rester caché et surgir au dernier moment pour bénéficier d’un effet de surprise. C’était réussi.
Naraw avait déjà fait jaillir la lame orangée de son sabre laser, et quand les premiers ennemis surgirent, il leur retourna leurs lasers avec brio. Mais, même en maniant le sabre selon les enseignements Jedi, nombreuses étaient les fois où l’on ne pouvait sauver tout le monde. Le twi’lek avait pu parer les tirs proches de lui, mais des enfants éloignées avaient été atteints et Medi vit les tirs en faucher quelques-uns.
Avec un cri de désespoir, le Jedi activa à son tour son sabre bleu clair et fit un bond vrillé au-dessus des enfants, qui l’emmena aux côtés de Naraw Telki. Il fit fouetter la lame d’énergie et balaya les premiers chasseurs de primes qui avaient osé pénétrer à bord, depuis la passerelle d’abordage pressurisée déployée depuis leur propre vaisseau. Profitant de quelques secondes de répit, Medi s’adressa à Naraw.
– Emmène les petits, vite ! Je les retiens ici.
L’heure n’était pas aux délibérations, et le twi’lek obéit, faisant signes aux enfants terrorisés de le suivre. Naraw constata que cinq enfants avaient été assassinés, et il prit un blessé dans ses bras, avant de courir vers l’arrière et les capsules. L’attaque surprise avait en fait un seul but : retarder la fuite. En effet, les troupes débarquées à l’avant, submergeant les trois Jedi, commençaient à affluer vers l’arrière. Pendant que Medi Trabe contenait les ennemis qui arrivaient par l’arrière, ceux de l’avant accoururent et prirent Naraw et les enfants en chasse.
Les lasers fusèrent au-dessus des têtes des petits, et quelques-uns furent touchés mortellement. Le Jedi twi’lek contint la rage qui l’envahissait en voyant d’innocents enfants se faire massacrer, il savait que rester combattre ne servirait à rien : il devait faire vite et rejoindre les capsules. Si courir était facile pour lui, cela l’était moins pour des enfants morts de peur. Ceux qui restaient en arrière ne faisaient pas long feu, et Naraw eut maintes fois à refouler ses larmes en sentant les jeunes vies qui rejoignaient la Force. Le champ de la Force lui avait par ailleurs déjà révélé que le falleen et le bimm n’étaient plus, seul le ho’din et Medi continuaient à lutter pour couvrir sa fuite et limiter le nombre de chasseurs de primes qui lui couraient après.

Quand ils approchèrent enfin des rampes de lancement des capsules, il vit qu’il restait seulement neuf enfants sur les vingt qui étaient partis à peine quelques minutes plus tôt. Tous étaient horrifiés, beaucoup pleuraient, les plus grands tentaient de garder leur calme et de rassurer les plus jeunes. D’un geste, Naraw Telki ferma la porte qui menait au hangar de largage, avec cependant la conscience que cela ralentirait à peine les assaillants.
Puis il se rua vers les capsules et les prépara toutes les quatre au lancement. Ils n’avaient finalement besoin que d’une seule, les trois autres serviraient donc à la diversion. Il s’approcha de celles-ci et les enveloppa d’une illusion de la Force, qui tromperait les radars détecteurs de formes de vie. Ce genre d’enchantement était un don puissant chez lui, c’était certainement la raison qui avait poussé le Maître bimm à le charger de cette opération.
Alors que les premières explosions secouaient la porte du hangar, il ouvrit la dernière capsule et la montra aux enfants, qui se ruèrent à l’intérieur. Sans attendre une seconde de plus, il activa la mise à feu des quatre appareils de sauvetage, avec un compte à rebours de dix secondes qui lui permettrait de monter à bord avec les enfants. Une voix synthétique féminine se mit à égrener les secondes quand il confirma le lancement.
Dix.
Il s’écarta des commandes de lancement et dévala les escaliers qui menaient aux capsules.
Neuf.
La porte du hangar explosa, minée par les chasseurs de primes.
Huit.
Il arriva au niveau de la première capsule et en verrouilla l’écoutille.
Sept.
Les chasseurs de primes commencèrent à ouvrir le feu à travers la fumée de l’explosion.
Six.
Il atteignit la seconde capsule et la verrouilla également.
Cinq.
La fumée dissipée, les assaillants entreprirent de se déployer dans le hangar, à la recherche de cibles.
Quatre.
Il verrouilla la troisième capsule et activa son sabre quand les chasseurs de primes le repérèrent.
Trois.
Il dévia les lasers ennemis alors qu’il s’approchait de la capsule avec les enfants. Un chasseur de primes arma son fusil à concussion et fit feu.
Deux.
La sphère d’énergie percuta le Jedi en plein dos et l’envoya voler dans la capsule.
Un.
Le corps carbonisé, il eut la force de lever la main pour activer la commande interne de verrouillage.
Zéro.
Quatre détonations simultanées (ainsi que d’autres détonations consécutives mineures lorsque les attaches cédèrent) indiquèrent la propulsion des quatre capsules, qui fusèrent dans l’espace en sifflant. Les chasseurs ennemis les ciblèrent immédiatement, ignorant qu’une seule était occupée. Ils tirèrent sur les petits engins (leur taille en faisait des cibles difficiles) et l’un d’entre eux fut détruit.
Au beau milieu de la tourmente, Naraw Telki, mortellement atteint, s’adressa aux enfants serrés les uns contre les autres dans l’étroite capsule. Il avait, en un instant, pris une grave décision et se devait de tout régler avant qu’il ne soit trop tard.
– Oubliez… dit-il avec peine. Oubliez ce que l’on vous a appris…
Il émit un râle de souffrance, utilisant la Force pour se maintenir en vie après une telle blessure.
– C’est… le seul moyen… pour qu’ils vous laissent en paix…
Allongé entre de petits êtres qui le regardaient en pleurant, Naraw savait que cet ordre signifiait qu’il renonçait aux efforts et au but de son équipe d’instructeurs : perpétuer l’Ordre Jedi. Mais il allait mourir, et ces enfants seraient seuls, sans défense face à leurs ennemis. Le seul moyen de survivre était de renier leur pouvoir, d’être des individus normaux qui n’attireraient pas les foudres de Palpatine et de ses sbires.
– Vivez… Je vous en prie… Faites-le pour moi…
Il leva difficilement la main et fit un geste, appelant la Force pour pénétrer les esprits fragiles des enfants et pour en ôter leur apprentissage de la Force, le soustraire, le retirer de leurs mémoires, leur faire oublier leur don. Pour les protéger… Cet acte lui brisa le cœur, annihilant tous ses espoirs, mais il s’agissait également d’une mince chance de survie pour ces enfants. Ces derniers furent étourdis par ce lavage de cerveau et parurent sonnés, ce qui arrangea bien Naraw Telki : ils ne firent pas attention quand la vie quitta son corps et qu’il rejoignit la Force. Sous le choc de cette manipulation violente de leurs jeunes esprits, tous s’étaient évanouis. Un sourire illumina le visage de Naraw Telki lorsqu’il vit les corps apaisés de ces enfants innocents.
– Et que la Force reste avec vous… Malgré tout…

L’assaut à l’arrière avait été un simple élément pour retarder les enfants, les assaillants étaient peu nombreux et quelques coups de sabres permirent de venir à bout des derniers chasseurs de primes. Mais Medi Trabe savait que le gros des troupes était arrivé à l’avant, et qu’il restait certainement un bon nombre d’ennemis à bord. Il avait perçu la secousse relative au lancement des navettes, et espérait de tout cœur que les quelques enfants rescapés pourraient sauter en hyperespace sans encombre. Les navettes étaient programmées pour passer en hyperespace en direction de systèmes favorables aux Jedi. Medi avait senti avec amertume le décès de Naraw, les enfants se retrouveraient donc seuls dans une petite capsule, au beau milieu d’un secteur inconnu… Et il doutait qu’ils sachent utiliser les commandes qui permettaient d’envoyer la capsule se poser sur une planète. Quant aux moyens de communication… qui pourraient-ils bien appeler à la rescousse ?
Il interrompit ses réflexions quand il vit un groupe de chasseurs de primes revenir, frustrés, du hangar. Les assassins de Naraw, sans aucun doute. Ils ouvrirent le feu dès qu’ils virent le Jedi, et celui-ci bondit dans le haut corridor pour éviter les lasers. Se retrouvant à droite du groupe, il lança son sabre avec la Force, et l’arme volante alla tailler en pièces ses adversaires, avant de décrire un arc de cercle pour rejoindre la paume de son propriétaire. Il s’approcha alors pour s’occuper des survivants.
Medi avait une sacrée réputation dès qu’il s’agissait de tenir un sabre, et n’avait pas l’intention de se laisser faire. Il avait de la chance : ses compagnons s’étaient battus en plein chaos contre des dizaines d’adversaires et y avaient laissé la vie, lui ne s’occupait que de groupes isolés qu’il pouvait maîtriser. La mort de ses amis n’avait pas été vaine, ils avaient très probablement abattu le gros des troupes. Mais il en restait encore un bon nombre et, s’ils se rassemblaient tous, Medi Trabe ne pourrait tous les contenir aussi facilement.
En fait, il restait surtout un ennemi en particulier. Celui dont tous les Jedi présents à bord à l’origine avaient perçu la présence. Celui qui était certainement parvenu à éliminer trois de ses compagnons, y compris un Maître Jedi. Il restait celui que tous redoutaient. Le traître. Medi réalisa soudain qu’un vaisseau d’assaut était resté amarré à l’arrière, et qu’il lui était tout à fait possible de s’en servir pour prendre la fuite. Les capsules avaient été larguées, rester à bord ne lui aurait servi qu’à mourir.
Ou à éliminer la plus grande menace jamais rencontrée par l’Ordre Jedi. C’était suicidaire, beaucoup de grands Jedi avaient essayé mais avaient été abattus. Mais lui, Medi Trabe, s’en sentait capable. Etait-ce de l’arrogance ? Non. Il devait essayer. Si tous les Jedi fuyaient devant lui, alors jamais personne ne l’arrêterait. Il périrait certainement comme les autres, mais il se devait de tenter sa chance, en l’honneur de tous ses camarades tombés au combat.
Déterminé, il repéra son adversaire à l’aide de la Force et se tourna dans sa direction. Quelques secondes plus tard, le Seigneur Noir des Sith arriva au détour d’un couloir, entouré de soldats qui s’apprêtaient à tirer. Il les arrêta d’un geste de la main.
– Laissez-moi faire. Je veux celui-là vivant.
Medi Trabe fixa Darth Vader, intrigué.
– Tu as de la chance, Medi Trabe. L’Empereur t’a choisi.
Le Jedi ignora ces propos et activa alors son sabre bleu, qui croisa le rouge de Vader dans un flot d’étincelles.
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