Nos amis du podcast Faucon Millenial nous ont invités pour venir discuter du roman et essayer de vous convaincre de le lire ! L'occasion aussi d'analyser un peu plus en profondeur le roman.
Un épisode à retrouver juste en dessous, avant une prochaine grande annonce à ce sujet !
Bonne écoute !
J'espère que vous allez bien aujourd'hui car le livre dont on va parler a de quoi nous déprimer.
Il y a quelques mois est sorti Reign of the Empire - Mask of Fear. Premier tome d'une trilogie impériale ce roman suit principalement trois personnages, Mon Mothma, Bail Organa et Saw Gerrera.
Un roman glaçant, miroir de l'époque troublée qu'on vit aujourd'hui.
REIGN OF THE EMPIRE - THE MASK OF FEAR
Avant la Rébellion, l'Empire régnait.
"Pour garantir la sécurité dans la continuité et la stabilité, la République sera bientôt réorganisée et deviendra la première puissance galactique impériale ! Pour une société fondée sur l'ordre et la sécurité !"
Avec un seul discours et un tonnerre d’applaudissements, le chancelier Palpatine a fait s’effondrer l’ère de la République. A sa place s'est élevé l'Empire Galactique. Partout dans la galaxie, les gens se sont réjouis et ont célébré la fin de la guerre et les promesses d'un lendemain. Mais ce lendemain était un mensonge. Au lieu de cela, la galaxie a été déformée par la cruauté et la peur du règne de l’Empereur.
Au cours de cette terrifiante première année de tyrannie, Mon Mothma, Saw Gerrera et Bail Organa affrontent les ténèbres envahissantes. Un jour, ils seront trois architectes de l'Alliance Rebelle. Mais d’abord, chacun doit trouver un but et une direction dans une galaxie en mutation, tout en abritant ses propres secrets, peurs et espoirs pour un avenir qui pourrait ne jamais arriver s’ils n’agissent pas.
La critique de Lain-Anksoo
"Pour garantir la sécurité dans la continuité et la stabilité, la République sera bientôt réorganisée et deviendra la première puissance galactique impériale ! Pour une société fondée sur l'ordre et la sécurité !". Ainsi s’ouvre l’ère Impérial. Mon Mothma, Bail Organa et Saw Gerrera sont encore sonnés qu’ils doivent trouver leur voie dans ce nouveau paradigme s’ils ne veulent pas se noyer. Mask of Fear, premier tome d’une trilogie sur le règne de l’Empire, propose d’explorer la première année du régime.
L’extinction, bien trop réelle, d’une démocratie
L’avènement de l’Empire : comment une dictature remplace une démocratie et comment elle sécurise son pouvoir, sont des sujets souvent explorés ces dernières années. Kris Kempshall en a beaucoup parlé dans son incroyable Rise and Fall of the Galactic Empire, tout comme le fait avec brio la série Andor. Un nouveau genre s’invite dans les productions Star Wars, les œuvres politiques. Alors oui on a déjà eu des romans explorant les méandres du Sénat, les alliances politiques permettant de faire passer une loi ou de gagner une élection à l’instar d’un Vent de Trahison ou d’un Liens du Sang. Et bien évidemment, n’en déplaise à certain, Star Wars a toujours été politique notamment via ses sujets traités. Ici on va parler d’une œuvre politique au sens propre du terme, une œuvre qui explicite les dérives d’un régime, sa propagande, sa manipulation de masse et la manière dont s’articule son pouvoir. On ne parle plus de manœuvre politicienne ou sénatoriale mais bien du fonctionnement d’un état autoritaire. La cerise étant que la subtilité n’a plus sa place, aujourd’hui les œuvres deviennent des miroirs clairs, sans détours de notre monde. Une manière pour les auteurs d’allumer l’étincelle de l’espoir.
Donc ce livre parle de politique en temps de crise mais elle revient aussi à l’ADN de Star Wars en étant une œuvre avec un parti pris. Star Wars est par essence politique, Lucas y a dénoncé Nixon et la guerre du Vietnam, puis la guerre du golfe et l’impérialisme américain (pourtant une démocratie). Il est donc normal que même chez Disney avec des films souvent policés, un message politique continue à être diffusé dans les livres où même les séries TV. On comprend assez vite que les mécanismes de l’Empire qu’expose l’auteur sont des évènements qu’on peut rencontrer aujourd’hui dans certains pays du globe. Alexander Freed nous livre donc aussi un roman engagé.
C’est dans ce contexte qu’on retrouve nos personnages.
Face à la mort d’une démocratie nos héros vont réagir chacun à leur manière. Mon Mothma va chercher via la voie sénatoriale à réduire les pouvoirs de l’Empereur. Bail Organa de son côté va enquêter pour le faire condamner pour ses crimes. Là ou Saw Gerrera se prépare déjà à la guerre.
On pourrait presque y voir les trois pouvoirs, Mon Mothma ira du côté législatif, Bail Organa judiciaire, et Saw Gerrera est déjà dans l’exécutif, l’affrontement. J’aurai bien aimé aussi que le roman aborde le contre-pouvoir qu’est la presse, quelque chose de trop rare dans Star Wars, et comment l’Empire la musèle pour en faire un organe de propagande. Pour une prochaine fois j’espère.
L’extinction de l’espoir ?
On s’en doute tous nos héros vont vivre des déconvenues dans leur projet. On sait déjà que l’Empire règnera presque 25 ans. En plus d’étouffer la démocratie, Palpatine va souffler les recours traditionnels de Mon Mothma et Bail Organa.
A eux deux ils mènent des actions à court terme, plausibles dans ce qui était encore la République, moins dans un Empire. Toute la partie sur la sénatrice de Chandrilla va se rapprocher de ce qu’on connait déjà dans les romans du genre, comment faire passer une loi. Côté sénateur d’Alderaan, sa partie est la plus faible du livre, sa quête portant sur la trahison de Palpatine envers les Jedi bien qu’intéressante, nous emmène dans une direction peu passionnante qui croisera le chemin de Saw Gerrera.
C’est une mauvaise idée d’avoir fait de leurs histoires une histoire commune dans le roman. Ça empêche d’approfondir leurs missions respectives. Pourtant il y avait de quoi déchainer les passions, que ce soit avec le plan de contingence Séparatiste qu’explore Saw et l’enquête de Bail sur l’anéantissement des Jedi.
L’Onderonien est le seul à déjà miser sur le long terme et ça c’est bien vu. Nos sénateurs eux, doivent d’abord faire leur deuil et c’est le sujet de ce livre. Freed fait un très bon travail, le désespoir ainsi que le stress posttraumatique que vit Mon suite aux actes deshumanisants fait par un régime autoritaire, est palpable. Aujourd’hui ce n’est pas difficile pour le lecteur de se mettre à la place de la sénatrice, à un détail près : à un moment dans ma lecture je me suis dit « à sa place j’aurai baissé les bras », Mon elle se relève et cherchera une nouvelle voie pour combattre l’Empire. L’auteur nous montre ainsi qu’elle femme incroyable elle est et surtout qu’elle leader elle deviendra.
Elle et Bail vont devoir changer leur approche, la démocratie n’existe plus, même s’ils font passer une loi pour renverser Palpatine, ce dernier ne la respectera pas et restera en place. Pour cette nouvelle approche ils pourront compter sur Saw et la fin du livre nous montre bien la première pierre d’un futur conflit armé contre l’Empire.
L’extinction, un nouveau départ pour d’autres
Il y a un dernier thème dans le livre, avec des nouveaux personnages, qui tombe un peu comme un cheveu sur la soupe. Je devine que c’est quelque chose qui servira davantage dans les autres tomes de la trilogie.
Il y a principalement deux nouveaux personnages, l’une d’entre eux est des services de renseignement impériaux et l’autre est son apprenti·e non officiel. Pour la première le travail est bien fait et montre admirablement ce qui se passe quand on est une minorité alien qui accepte de jouer les colabo pour l’Empire. Pour l’apprenti·e c’est plus bancal. Iel se retrouve rapidement seul·e et va chercher où se situer face à la propagande impériale, face à des groupuscules de citoyens fachistes, et surtout face à ce qu’iel estime juste.
Son parcourt n’est pas inintéressant, au contraire il est d’autan plus important aujourd’hui, mais c’est tellement loin du reste de l’intrigue qu’on se demande ce que ça vient faire là-dedans. En tout cas pour l’instant.
Mask of Fear est un livre avant-gardiste dans le sens où il fut écrit il y a moins d’un an, avant la fascisation du pays de son auteur. On ne peut lire ce livre sans faire un parallèle glaçant avec les centaines de témoignage qui nous proviennent des Etats-Unis. On devine aussi que Freed s’est fortement inspiré de l’ « essai historique » in-universe Rise and Fall of the Galactic Empire. Ce livre prophétique avait déjà tout dit, y a plus d’un an.
Au-delà de l’aspect politique l’auteur retranscrit aussi parfaitement la dépression qui se saisit des sénateurs et des citoyens face à l’anéantissements de la démocratie, de leurs droits et de leurs libertés. A eux de faire le deuil d’une époque révolue pour pouvoir évoluer et affronter l’injustice.
Note : 91%
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A très vite pour d'autres critiques plus légères.