Bonjour à tous,
Le 13 février dernier, veille de Saint Valentin oblige, les éditions Pocket nous ont proposé le roman adulte La Tentation de la Force, de Tessa Gratton, avec une couverture et un thème qui ne trompent pas : Avar Kriss et Elzar Mann sont mis en avant comme rarement dans la saga, avec non pas d’héroïques moments (encore que… on y reviendra) mais bien sur le lien qui les unit, un lien qui va se renforcer grâce au pouvoir de l’amour ! Roman incontournable de par son positionnement chronologique, l’est-il autant par son contenu ?
C’est ce que nous allons voir avec la critique de l’exemplaire offert par Pocket pour cela, que je remercie chaleureusement au passage, juste après le rappel de la couverture, du synopsis et des informations intéressantes comme le nombre de pages ou le prix par exemples :
Les Jedi réunifiés se préparent à riposter contre les impitoyables Nihil dans cette suite palpitante de L'Oeil des Ténèbres.
Pendant plus d'un an, le Rempart d'orage des Nihil a séparé Avar Kriss et Elzar Mann. L'évasion d'Avar depuis la Zone d'Occlusion a enfin réuni ces deux Jedi contre lesquels le destin s'acharnait. Mais si la distance physique a disparu, ils demeurent l'un comme l'autre tenaillés par le remords d'avoir échoué à protéger la galaxie contre la menace nihil.
Pour mobiliser l'Ordre Jedi et la République, Avar et Elzar se raccrochent à leur devoir envers la lumière et la vie. Ensemble, ils dirigent une audacieuse mission pour libérer la planète Naboo et montrer aux prisonniers du Rempart que les Jedi ne les abandonneront jamais. De nouveau côte à côte, les deux Maîtres Jedi ne peuvent désormais nier plus longtemps le lien qui les rapproche et les renforce depuis toujours. Avec Bell Zettifar, Burryaga et Vernestra Rwoh, ils s'efforcent de localiser Marchion Ro. Mais pour trouver le dangereux chef des Nihil, il leur faudra survivre aux horreurs sans nom face auxquelles ils se sont jusqu'ici révélés impuissants.
Pocket, 576 pages, 11,20 €, disponible depuis le 13/02/2025
La critique de L2-D2
Une suite quasi-directe qui surprend
Jusqu’à présent, les différents supports de romans de la Haute République étaient relativement indépendants les uns des autres. Comprenez par là que, dans les Phases 1 et 2, les romans adulte racontaient une histoire, les romans jeunes adultes utilisaient d’autres personnages, pareil pour les romans jeunesse, mais il était rare qu’un personnage passe d’un médium à un autre. Pour la Phase 3, les éditeurs ont décidé de bousculer les choses : chaque roman est la suite du précédent directement publié et ainsi, La Tentation de la Force de Tessa Gratton est autant la suite de L’Oeil des Ténèbres de George Mann que de Braver la Tempête de (déjà) Tessa Gratton et Justina Ireland. Et, de façon assez étonnante avec ce précédent roman, la transition se fait assez mal, avec un curieux sentiment qu’on a terminé le roman jeune adulte avec un statut de certains personnages (Xylan Graf, je pense à toi!)… qui est balayé dès les premières pages du présent roman. Du coup, comme on ne sait pas vraiment combien de temps s’est écoulé entre les deux œuvres (sentiment renforcé par le personnage que sauve Cair San Tekka dans les premières pages), ça donnerait presque l’impression que les personnages sont incohérents.
Un milieu de roman qui change la donne… ou fait semblant ?
Tessa Gratton a un problème avec les scènes d’action.
La première partie du roman monte en puissance : l’intrigue autour du Rempart d’Orage se développe enfin, les Jedi prennent l’initiative, tout converge vers le milieu de l’intrigue avec cet assaut mené par les Forces Républicaines sur Naboo et l’Impact de Foudre. On s’attend à une bataille violente, à une narration en parallèle, à des retournements de situation… il n’y en aura aucun. Tout est plié en une poignée de pages, anti-climatiques au possible. C’est déroutant, les personnages sont presque autant surpris que nous alors qu’enfin, le Rempart d’Orage est tombé ! Mais, et c’est là que réside une partie du problème, Marchion Ro a tout prévu. Tout. Trop. Il n’a aucune faille, il est trop puissant, mais se la joue trop mystérieux. Le rempart d’Orage tombe donc, permettant à la République une contre-attaque, mais Ro trouve un moyen différent de le rétablir et… il le dit-Rempart ne sera absolument plus mentionné dans la deuxième partie du roman. Du coup, peut-on encore le franchir ? La technique d’Avon est-elle efficace ? Tout cela n’a t’il servi à rien ? La méthode de Ro à son assistante sur le fait que la République verra demain, que c’est une façon de parler, pour qu’en fait il fasse bien quelque chose le lendemain ? Voilà un véritable problème du roman : les scènes d’action mollassonnes, et une intrigue autour de ce Rempart qui s’éternise et gagne du temps.
Avar et Elzar
Et en même temps, on l’aura compris, le Rempart d’Orage n’intéresse pas tellement Tessa Gratton. L’autrice n’en a en effet que pour Avar Kriss et Elzar Mann, qui vont passer une partie du roman à se tourner autour, avant qu’Avar ne soit la première à déclarer se flamme à Elzar qui, comme de bien entendu, va fuir dans un premier temps parce que bon, vous ne pensiez tout de même pas qu’ils allaient finir ensemble si vite, pas vrai ? Et… c’est un peu lourd, à la longue, car finalement tout suit des rails assez prévisibles. Ce n’est pas une histoire d’amour tragique, ce n’est pas une comédie romantique, ce sont deux grands nigauds de 40 ans qui comprennent enfin que s’ils ont des papillons dans le ventre en présence de l’autre, c’est bien qu’ils tiennent l’un à l’autre non mais oh, et que l’amour c’est beau, et ça ne peut donc pas mener au côté obscur.
Et là ça pose question : nous sommes deux cent ans avant la guerre des clones, deux cent ans avant qu’Anakin Skywaklker soit un paria et que son amour avec Padmé provoque à terme sa chute… et nous avons le même Yoda, celui qui expliquera plus tard à Anakin qu’il faut apprendre à accepter la perte de ceux qu’on aime donc, qui encourage, qui ENCOURAGE Elzar à aimer. Oh, bien sûr, il le fait à la Yoda (« facile, crois-tu, que l’amour soit ? ») mais on l’aura compris, ça ne pose aucun problème tant que tu restes fidèle à la volonté de la Force. D’où mon interrogation : si cette relation avait débuté au début de la Phase 1, on aurait pu envisager qu’une des sous-intrigues de la saga soit, justement, la mise en place d’une telle interdiction visible ensuite dans la prélogie… mais là ? On se dirige tout droit vers une histoire d’amour lancée uniquement afin de renforcer le sentiment de douleur que le lecteur ressentira lors de la mort/le sacrifice de l’un des deux dans l’ultime roman de Charles Soule.
(Oh, allez : ne me faîtes pas croire que vous n’y avez pas pensé. On se croirait dans toutes ces séries/films/comics, ou deux personnages se mettent en couple juste avant que l’un d’eux n’y passe… c’est la version romantique du « on en parlera la prochaine fois », pas de bol, celui qui sait meurt toujours avant la dite-prochaine fois!)
Le Fléau
Et pendant ce temps, Marchion Ro se promène en réalisant ces petites expériences sur le Fléau. L’Oeil des Nihils est curieusement géré depuis le lancement de la Phase 3 : véritable génie dans la première Phase, il semble depuis l’établissement de la Zone d’Occlusion à la traîne, comme s’il s’ennuyait. Et nous, quasiment avec. Ro n’a plus de grande ambition affichée, plus de vision à long terme. Ro végète, se contente de laisser ses ministres prendre des décisions, ricane en se comportant comme un grand méchant qui donne l’illusion aux autres qu’ils ont du pouvoir… Dans ce roman, Ro, qui a découvert l’existence du Fléau, va donc lui aussi enquêter et découvrir qu’il est insensible à ses effets, pour peu qu’il dispose d’un certain équipement sur lui.
C’est toujours curieux de voir des personnages de fiction mettre des centaines de pages à établir des liens que le lecteur/spectateur fait en une poignée de secondes : ainsi, tout le monde a compris que le Fléau était lié aux Sans-Noms mais les Jedi, eux, passent leur roman à se dire que tout de même, c’est curieux que l’effet soit si semblable… mais on aura compris que, là encore, ce n’est pas le propos du roman que de nous en apprendre davantage sur ce phénomène. Encore que, le personnage de Burryaga prend une importance insoupçonnée et a pour le coup droit à un vrai développement depuis son retour en début de Phase 3. C’est lui qui parvient à trouver une méthode, certes ponctuelle mais tout de même, pour faire face à un Sans-Nom, c’est lui qui encore, dans les dernières pages, va faire une découverte intrigante. Et finalement, là où dans le duo qu’il forme avec Bell, c’était lui le « faire-valoir » en Phase 1, cela devient l’inverse ici.
Le dernier Chapitre est, lui aussi, très intrigant, avec une scène forte mais dont Tessa Gratton peine à retranscrire l’intensité. Et il est difficile de savoir si Ro est sincère dans ses dernières paroles, s’il s’agit d’une mise en scène ou si, en toute bonne foi, il veut réellement faire ce qu’il propose. Ce sera à voir dans la suite !
Conclusion
Un roman qui ne fait guère avancer l’intrigue générale de la Phase 3, et par conséquent de la Haute République. Essentiellement centré sur la relation qui va franchir un cap (mais qui le franchit d'une lenteur...) entre Elzar et Avar, La Tentation de la Force a du mal à développer des scènes d’action fortes (l’assaut sur l’Impact de Foudre), et le tout donne l’impression de traîner en longueur, notamment tout ce qui a trait autour de la Générale Viess, dont on sent bien que les scènes sont uniquement là pour préparer le futur roman de Charles Soule. Il ne reste plus que 3 romans jeunes adultes/adulte pour boucler le cycle et on espère fort que les auteurs vont envoyer du lourd pour conclure cette vaste saga qui avait si bien commencé et qui, désormais, donne de plus en plus de signes d’essoufflement !
Note : 70 %
Encore merci à l’exemplaire offert par l’éditeur Pocket pour la réalisation de cette critique ! :-)
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Et à bientôt pour une prochaine ActuaLitté ! ;-)
Laurangedust a écrit:et aussi la super scene finale sur Coruscant