Bonjour à tous,
La Phase 3 de la Haute République bat désormais son plein ! C’est en effet depuis que le 14 août dernier que les éditeurs ont ouvert le bal des publications pour la dernière phase de ce vaste projet éditorial, et on peut dire que les sorties s’enchaînent : après le roman L’Oeil des Ténèbres de George Mann qui fait l’objet de la présente critique, Panini Comics a enchaîné en proposant quelques jours plus tard la mini-série Les Ombres du Flambeau, signée notamment par le très bon Charles Soule, et depuis moins d’une semaine, c’est Pocket qui a repris la main avec la sortie du roman pour jeunes adultes Braver la Tempête… avant que Panini ne reprenne la balle au bond avec en novembre les sorties des tomes 1 des deux séries de comics régulières. Heureusement que le bon Lain-Anksoo et notre graphiste en chef chuck ont proposé cette chouette infographie pour ne pas se perdre !
Je vous propose donc ma critique basée sur l'exemplaire VF du roman, un exemplaire offert par Pocket que j'en profite pour remercier chaleureusement au passage, après la traditionnelle présentation dudit roman !
Début de la phase III de la Haute République : un an après les événements tragiques de La Chute de l'étoile, les Jedi luttent pour rompre l'emprise qu'exercent les Nihil sur la galaxie.
La galaxie est divisée. Après la destruction traumatisante du Flambeau Stellaire, les Nihil ont dressé une barrière infranchissable autour d'une région de la Bordure extérieure où règne Marchion Ro et où ses adeptes sèment le chaos au gré de ses caprices. Les Jedi piégés en territoire ennemi, dont Avar Kriss, s'efforcent de porter secours aux mondes pillés par les Nihil tout en conservant une longueur d'avance sur les maraudeurs et leurs horribles créatures sans nom.
Hors de ce que les Nihil appellent la Zone d'Occlusion, Elzar Mann, Bell Zettifar et les autres Jedi unissent leurs forces à celles de la République pour tenter de rentrer en contact avec les planètes désormais coupées du reste de la galaxie. Malheureusement, toutes leurs tentatives pour percer cette muraille impénétrable ont étaient vaines. Cette succession d'échecs et de pertes démoralise Elzar et Bell, qui cherchent désespérément une solution.
Et quand bien même la République et les Jedi parviendraient à franchir la frontière ennemie, comment se défendre face aux Sans-noms qui s'attaquent directement à leur lien avec la Force ? Et quelles autres horreurs Marchion Ro leur réserve-t-il ? Le désespoir s'installe aussi bien au sein de la République que de l'Ordre Jedi, et refaire l'unité au sein de la galaxie semble désormais presque irréalisable...
Pocket, 528 pages pages, 10,80 €, disponible depuis le 14/08/2024
La critique de L2-D2
Une très (très) longue exposition
Le roman inaugural du cycle, La Lumière des Jedi, était une démonstration de genre : l’ensemble des personnages était introduit à travers le prisme de la Grande Catastrophe, et les cent premières pages du roman étaient pleines de tension dramatiques, poussant le lecteur avide d’en savoir plus à ne pas stopper sa lecture mais à la poursuivre. Et même après cette première partie du roman derrière nous, tout s’enchaînait à la perfection (en tout cas, selon moi, pour rappel ma critique de l’époque). Et même si le terme est un peu (souvent) galvaudée, ce roman de Charles Soule était une masterclass en terme d’écriture, de présentation de personnages, d’exposition, d’action. Tout le cycle était posé dans un roman qui était totalement auto-suffisant, même s’il appelait à des suites.
A ce titre, le roman inaugural de la Phase 2, La Voie de la Duperie, jouait la carte de l’intimiste, avec son focus sur une poignée de personnages, avec une action se déroulant sur une seule planète, dans une zone géographique très restreinte, et si un certain climax était atteint, rien à voir en terme de tension avec La Lumière des Jedi.
Avec L’œil des Ténèbres, George Mann semble reprendre la recette de La Lumière des Jedi, à un « détail » scénaristique prêt : l’auteur va donc passer la (les?) première(s) centaine(s) de pages à nous montrer où en sont nos différents protagonistes, prêt d’un an après la chute du Flambeau Stellaire, événement conclusif du non-moins excellent roman La Chute de l’Étoile. Le « détail » scénaristique en question, c’est qu’il n’y a pas de grande bataille, pas d’événement choc survenant dans cette première partie du roman qui aurait impliqué l’ensemble des forces en présence, nous permettant de voir ce que tel ou tel personnage est devenu. C’est de l’exposition pure, chaque personnage ayant droit à son/ses chapitre(s), d’autant plus que George Mann est plutôt adepte des chapitres courts mais à focalisation unique. Ce qui a ses avantages mais aussi ses inconvénients, étant donné que bon nombre de scènes donnent, parfois, l’impression qu’elles ont été raccourcies, et on sent régulièrement que les dialogues entre les personnages ne sont pas finis.
Un mot, enfin, sur la technologie des Nihil. Si elle est brillante, leur suprématie semble cependant assez peu crédible out-universe, et entre les réacteurs à Sentiers, les Sans-Noms et maintenant le Rempart d’Orage, cela commence à charger la mule...
Phase 1 + Phase 2 = Phase 3
Les liens avec la Phase 1 sont évidentes, le roman étant une suite directe, modulo le saut d’un an en avant, de la Phase 1, et on retrouve donc l’intégralité du casting survivant des romans adultes de cette Phase, du moins en ce qui concerne les personnages à l’influence « galactique ». J’étais en revanche assez curieux de voir comment la Phase 2 allait s’intégrer là-dedans tant, à la lecture de la dite Phase, j’étais sceptique sur son implication dans le grand cycle de la Haute République, avec presque sur les points clés l’impression qu’elle posait davantage de questions que de réponses, notamment sur tout ce qui a trait aux Sans-Noms, à la Planète X et aux différents sceptres impliqués dans cette histoire.
Le roman est, en un sens, rassurant, avec le retour d’un second-rôle de la Phase 2 dans une nouvelle fonction, quoi que cohérente avec ce qu’on avait vu d’elle auparavant, ainsi que la présence d’Azlin Rell dans un unique Chapitre, aux implications prometteuses mais dont on sent bien qu’il n’est pas là pour le roman lui-même mais en guise de teaser pour la suite. Le procédé est un peu grossier, mais il fonctionne, c’est indéniable.
Ce qui fonctionne moins, c’est la jonction entre les Phases, et l’articulation avec la mini-série de comics Les Ombres du Flambeau, pensée pour jouer précisément ce rôle. Ainsi, lors des deux cent premières pages, vous aurez ainsi régulièrement l’impression qu’un paragraphe ou deux sont là pour vous résumer un événement ou un fait survenu ailleurs, ainsi que le fera la mini-série mentionnée mais elle aussi de façon succincte. Il en est ainsi de la capture du Grand Maître Veter, ou bien alors du retour de Burryaga. Alors je l’aime bien, Burryaga, c’est un personnage plutôt sympathique, mais son retour est éditorialement alambiqué puisqu’il a lieu dans une nouvelle, dont une partie est résumée dans le comic mais également ici et surtout, il amorce une crainte que j’ai concernant cette Phase, et dont on aura sans nul doute l’occasion de reparler lors des prochaines sorties…
Un roman essentiellement consacré au développement de personnages
Ne cherchez pas de grandes scènes d’action : le roman en est avare, et n’est le théâtre que d’un seul véritable moment d’action, lorsque certains Jedi tentent en fin de roman de franchir le Rempart d’Orage Nihil. Le reste du roman, tout le roman en fin de compte, est consacré à du développement, à de la présentation, à établir un contexte visant à justifier les agissements des uns et des autres lors de leurs futures apparitions. C’est le cas notamment, côté espace républicain, de la Chancelière Lina Soh et d’Elzar Mann ; formidable Elzar, d’ailleurs, d’une justesse et d’une crédibilité particulièrement réussies, avec ce deuil, cette perte de Stellan mais aussi d’Avar, cette volonté de rendre hommage à la mémoire de son ami en voulant le remplacer, devenir celui qu’il était pour la galaxie. Avar Kriss a elle aussi droit à ses bons moments, bien que là encore, son évolution soit redondante au mieux, peu cohérente au pire avec celle montrée dans la mini-série Les Ombres du Flambeau. Et j’ai bien cru que son coéquipier Ugnaught était celui qu’on retrouverait quelques siècles plus tard dans The Mandalorian… peine perdue, mais j’y ai cru au vu d’un tic de langage du personnage.
Côté Nihil, en revanche, c’est presque décevant. Presque, car Ghirra Starros semble enfin avoir un réel intérêt narratif : si son ralliement aux Nihil semblait incompréhensible, au moins sa position ici est pertinente et ouvre certaines portes. De là à ce que Ghirra nous fasse une « C’était si artistiquement fait... », il n’y a qu’un pas, qu’on attendra néanmoins de franchir. La nouvelle organisation des Nihil est un peu redondante avec les Maître-Tempêtes, d’autant plus que Boolan brille par son absence (mais on comprendra qu’il est « réservé » à la série régulière Marvel), et que le duo Viess-Shryke est un peu cliché. Et bien sûr, il y a Marchion Ro, qui semble… éteint. Oh, bien sûr, il a ses coups d’éclat, ses tirades, ses bons mots, son don pour la mise en scène. Mais il ne semble clairement pas au mieux de sa forme. Est-il blasé ? Perdu ? Affecté par la présence des Sans-Noms ? Difficile à dire pour le moment tant, justement, le roman ne veut trop rien nous dire.
Petit carton jaune pour les personnages de Bell et Burryaga qui… ne servent à rien dans le roman. On espère donc que le duo aura un rôle à jouer par la suite, car si c’est pour le cantonner à ce genre d’utilisation, mieux aurait valu laisser l’incertitude planer sur le sort du wookie.
Conclusion
On pourrait comparer La Lumière des Jedi à un blockbuster pensé pour une sortie cinéma, là où finalement L’Oeil des Ténèbres est bien plus proche d’une reprise de saison de série TV. Très long dans son exposition, avare en événements marquants, le roman est là pour nous présenter le nouveau statu-quo et nous montrer l’état d’esprit des personnages. Et s’il lance de nombreux noms et présente, le détour de quelques pages, des individus dont on sent qu’on suivra le parcours ailleurs, il peine finalement à être marquant pour lui-même. A la fois prenant et bien écrit, il ne propose aucune avancée majeure de statu-quo...
Note : 75 %
A noter que le roman porte le numéro 204 !
N'hésitez pas à nous dire ce que vous avez pensé de ce script en vous rendant sur sa fiche ou bien sur le sujet du forum qui lui est dédié !
Encore merci aux éditions Pocket pour l'exemplaire offert pour la critique, et on se retrouve très vite pour discuter du roman Braver la Tempête, premier roman jeune adulte de la Phase 3 de la Haute République, disponible chez Pocket depuis moins d’une semaine !
Et à bientôt pour une prochaine ActuaLitté ! ;-)
GTZL1 a écrit:Porter Engle devient encore plus attachant, si c'était possible. J'espère d'ailleurs qu'il a survécu, parce que cette fin est plutôt décevante pour quelqu'un de sa trempe !