Dimanche 5 juin 2005, 02 :37
Paris, dans le13e arrondissement


- Faites sauter cette porte, lieutenant, fit la grosse voix
- A vos ordres, Mon Seigneur, fit le clonetrooper désigné en faisant signe à la dizaine d’autres qui les suivait, lui et Dark Vador.

Dix minutes plus tard, la petite troupe pénétra dans l’immeuble. Les explosibles furent inutiles, puisque la porte d’entrée n’était pas fermée. Les soldats en armure allèrent se poster devant l’ascenseur et l’un deux appuya sur le bouton d’appel. Devant l’inactivité totale de l’appareil, le Seigneur Noir des Sith se résolu à ordonner qu’on emprunte les escaliers.

Une fois le second étage atteint, les clonetroopers tirèrent à courte paille pour désigner à quelle des trois portes du petit pallier – HLM oblige – ils allèrent sonner. Le destin choisit celle de gauche. Le Seigneur Vador lui-même appuya sur la sonnette. Un court moment plus tard, un jeune homme parfaitement éveillé ouvrit, a peine surprit de voir une telle armée sur le seuil de son appartement.

- Ouais ? fit-il.
- Veuillez m’excuser, fit Vador. Vous êtes bien Cesba ?
- Heu… voui.

Aussitôt, les clonetroopers brandirent leurs armes et mirent l’individu enjoue.

- Nous vous avons enfin trouvé ! exulta Dark, dont la voix devint soudainement plus dangereuse ; limite sadique.
- Ha. Vous entrez ?
- Heu… ben… pourquoi pas. Merci.

Le Seigneur Noir pénétra dans le petit appartement impeccablement entretenu. Il nota intérieurement que les informations faisant part des origines portugaise de sa victime devaient être vraies. Les dix clones emboîtèrent le pas à leur patron, chacun d’eux se cognèrent le casque contre la porte, comme s’il s’agissait d’une tradition.

Le salon était faiblement illuminé par le téléviseur, branché sur Euronews. Cesba s’arréta devant lui, les mains dans les poches, et se retourna vers ses invités.

- C’est marrant, je tapais justement un truc sur vous, Vador.
- Justement ! cria Vador entre deux inhalations de ventoline. A présent que l’Episode III est sorti, la boucle est bouclée ! C’est finit vos conneries ! ajouta-t-il après un court silence.
- Je vous demande pardon ?
- Ne faites pas l’innocent, Cesba. Vos pamphlets ont peut-être fait les beaux jours de la République, mais c’est terminé ! L’Empire ne tolère pas qu’on se moque de lui.
- Quoi, mes news vous plaisent pas ?
- Pas du tout !
- Ha… Domage.

Silence.
Vador leva le poing.

- Les Jedi sont presque tous morts, j’y travaille, mais l’Empereur m’a donné l’autorisation de pourchasser tous les fauteurs de troubles, et vous en faîtes parti, vous et vos camarades de SWU ! Savez-vous seulement à quel point Madame Sue Rostoni est affectée par vos calomnies ? Et je ne vous cite qu’un exemple !

Vador pointa Cesba du doigt.

- Au nom de l’Empire, je vous… demande de vous arrêter. S’il vous plait.
- Ecoutez Dark, vous faites votre boulot, je comprends. Vous venez d’avoir une belle promotion et vous ne voulez pas perdre votre place ni votre jolie armure, mais bon, moi c’est pareil. En plus, là je tapais une news sympa : celle annonçant la sortie avancée du roman avec vous dedans.
- Ho ? Dark Lord ? fit Vador d’une petite voix étonnée.
- Yep ! Au lieu de sortir en février 2006, il sort le 22 novembre prochain, v’nez voir !

Cesba emmena le Seigneur Noir dans sa chambre et désigna son PC, sur le bureau. Firefox dévoilait une page du site officiel.

- C’est pas vrai, je suis toujours le dernier au courant ! bougonna Vador. Je suis un peu concerné dans ce cas précis, quand même. Merde, quoi !
- Vous savez, dans les grosses boites, la communication… tenta Cesba, pour apaiser la frustration de son invité.
- Mouais… Faites voir la couv’ ?

Vador émit un petit rire. Visiblement, il allait mieux.
- Oui, j’aime beaucoup !
- Vous, évidemment. De mon point de vue c’est très basique. Le graphiste quel qu’il soit s’est servis d’une ou deux photos commerciales et basta. Niveau créativité, bof bof… Mas bon, il est précisé sur la page que c’est pas la version définitive… Faut espérer que Steve Anderson récupère le bébé.
- Si ça reste comme ça, répondit Vador, je serai content ! J’aime particulièrement le sous-titre : The Rise of Darth Vader. Il faut avouer que c’est plus accrocheur en basic. Bon je vais y faire quoi, dans ce roman ?
- Je viens de terminer la traduction du court synopsis livré dans la news. Attendez que je change de fenêtre. Voilà :
« La République est devenue une dictature. Gouvernée d’une main de fer par le malfaisant Empereur Palpatine, avec l’appui de son nouveau bras droit : Dark Vador. La galaxie n’a même pas le temps de se relever pour panser les blessures que lui a infligée la Guerre des Clones qu’elle doit à présent être le témoin d’un nouveau drame : l’éradication totale des Jedi. Quelques mondes sont néanmoins décidés à résister et à faire front aux bouleversements apportés par l’Ordre Nouveau. L’une des nouvelles taches du Seigneur Vador est d’éteindre au plus vite ces feux naissants et de n’en faire que des tas de cendres fumantes. Une mission susceptible de lui faire prendre conscience de sa véritable puissance. »
- J’adore ! Et vos traductions de synopsis, vraiment, elles sont décidément excellentes, Cesba !
- Ouais, j’aime bien aussi !

Nouveau silence. Le Seigneur Noir sembla réfléchir.

- Ecoutez, rien qu’entre nous… Lieutenant, je m’occupe de tout, veuillez rejoindre la navette et m’y attendre.
- A vos ordre, Seigneur Vador, fit le clonetrooper en s’inclinant.

Lorsque la garnison eut quitté les lieux, Vador reprit, non sans jeter un coup d’œil, pour vérifier leur départ.

- Je disais : rien qu’entre-nous, je vous aime beaucoup. Non, vraiment, vos news sont sympa, pas que les votre d’ailleurs.
- Merci, c’est très gentil.
- Et c’est sincère ! Donc voilà ce que je vous propose : je vais dire au patron qu’on s’est expliqué, que je vous ai fait la morale, et caetera. Vous, vous continuez. Quand il verra que vous ne vous calmez pas, il m’enverra de nouveau vous tirer les oreilles, comme ça je vous rends visite de temps en temps, ça marche ?
- Topez-là !
- Bien ! Je suis ravi, vraiment. Bon, c’est pas tout, mais j’ai un rendez-vous à prendre auprès de James Luceno, j’aimerai savoir pourquoi il n’a pas encore jugé bon de me consulter.
- Je vous comprends. Mais inutile de prendre rendez-vous, en dehors des bouquins Star Wars, il branle pas grand-chose !
- HA HA HA !!
- Hé hé hé !
- HA HA HA !!
- Hé hé hé !
- HAAAAAAaaaa… Bon, je ne vous dérange pas plus longtemps. Merci pour cette délicieuse soirée. Ravi d’avoir fait votre connaissance, Cesba.
- Moi de même, Dark. Bonne route. Vous êtes garé où ?
- A Orly.
- Y’a pas grève ?
- Ne m’en parlez pas…