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Préparatifs
 
ISD Retaliator, près du système de Boreus


Seul occupant de la salle de conférences, le contre-amiral Waldemar était assis en bout de table ; perdu dans ses pensées, il attendait l’arrivée des « prisonniers » avec un brin de curiosité. Lorsque le cargo Emerald Sparrow s’était arrimé dans le hangar du Retaliator, son capitaine avait contacté la passerelle du vaisseau de guerre pour s’identifier par un code militaire à haut niveau de sécurité. Où avaient-ils bien pu se procurer un tel code ? Il était tout à fait possible quoique peu probable que le destroyer ait arraisonné un groupe d’agents de renseignements ou de forces spéciales en mission secrète. On annonça à Waldemar par l’intercom que les prisonniers étaient sur le point d’être introduits dans la pièce. L’officier supérieur se leva pour les accueillir. Il serait le seul membre de l’équipage du destroyer à participer à cette entrevue car le code possédait un tel niveau de sécurité que seul lui et le capitaine Joris étaient habilités à accéder à de telles informations. Or, la situation actuelle dans la zone étant incertaine – les Boreo-Tyréniens pouvaient passer à l’attaque à tout moment – le commandant du Retaliator était resté sur la passerelle.
La porte s’ouvrit en sifflant et les « prisonniers » entrèrent. Ils étaient au nombre de quatre, deux hommes et deux femmes dont une Zabrak, aisément reconnaissable à ses cornes et ses tatouages faciaux. Ces derniers, loin d’être repoussants, rehaussaient sa beauté naturelle tout en lui donnant une aura de mystère. L’autre femme avait la peau noire et les cheveux coupés en brosse selon un style militaire. Elle était relativement jeune comparée aux deux autres humains, une vingtaine d’années standard d’après l’amiral. Quand il posa son regard sur son visage, elle détourna les yeux, visiblement intimidée. Son attention se porta ensuite sur les hommes.
Le plus grand des deux arborait un air espiègle et une combinaison de travail le désignant comme le chef mécanicien du cargo. A sa ceinture pendait une trousse à outils, préalablement vidée de son contenu par les équipes de sécurité qui avaient accueilli le quatuor à son arrivée à bord. Le dernier homme d’équipage, trapu, ne cessait de faire aller et venir son regard d’un point à l’autre de la pièce, en s’attardant plus particulièrement sur Waldemar, comme pour le jauger. L’officier supérieur songea que le prendre pour la petite brute dont il avait l’air serait une grave erreur et décida de ne pas le sous-estimer.
Les quatre « prisonniers » se placèrent alors sur une seule ligne et se mirent au garde-à-vous avant d’exécuter un salut militaire impeccable. Etonné de ce geste, Waldemar les examina plus attentivement. Ils lui étaient vaguement familiers, bien qu’il fut incapable de se souvenir d’une rencontre antérieure. Ce fut un nouveau regard sur la Zabrak qui lui apporta la réponse. Il fit abstraction des tatouages, des vêtements civils et de la coiffure et se rappela alors des cinq survivants d’Ouranos V. Parmi eux, il y avait une Zabrak, qui avait été promue du grade de caporal à celui de sergent par le commandant de son bataillon.
Souriant, il rendit leur salut avant de prendre la parole :
« Repos, sergent Miren. Soyez tous les bienvenus à bord du Retaliator. Prenez place », les invita t-il avant de se rasseoir dans son fauteuil.
« Je dois avouer, continua-t-il, que le fait que vous soyez en possession d’un code d’accès à si haut niveau nous a tous surpris, moi le premier. Maintenant que je sais que vous n’êtes pas de simples civils, je suppose qu’il vous a été donné par vos supérieurs des Renseignements ?
– C’est exact, répondit Sanaz. Je ne suis pas censée vous le révéler, mais vous le dire vous permettra de nous aider plus efficacement. Voilà, notre mission consiste à faire la lumière sur les causes de l’incident d’Ouranos V. En fait, nous recherchons les deux archéologues à l’origine de tout ceci et surtout les documents qu’ils ont dérobés.
– Intéressant. Votre piste vous amènerait donc en plein secteur boreo-tyrénien ?
– Oui. »
Il y eut une pause, puis la jeune Zabrak reprit son souffle et déclara :
« En vertu du contenu de la directive AT3 de la charte des Services de Renseignements Impériaux, nous demandons toute l’aide possible de votre part afin de franchir la ligne de front et poursuivre notre mission. Nous désirerions aussi communiquer avec notre chef de mission.
– Je sais en quoi consiste la directive AT3 et j’obtempère, répondit l’officier d’un air grave. J’avais fait préparer au cas où une liaison sécurisée avec le Centre Impérial dans l’éventualité où j’aurais à contacter l’Ubiqtorate. », fit Waldemar en désignant le projecteur holographique intégré à la table.
Sanaz le remercia et demanda aussi à ce que Jia puisse aller chercher leurs rapports à bord de l’Emerald Sparrow. Waldemar accepta et appela l’un des gardes postés hors de la pièce pour l’escorter. Les trois autres agents ne perdirent pas une minute et utilisèrent le terminal pour contacter le quartier général de l’Ubiqtorate. Ils venaient de terminer les procédures d’identification lorsque Jia revint avec les datablocs demandés. Elle était à peine installée que le buste du directeur Isard apparut sur le projecteur.
« Salutations à vous et à votre équipe, agent Miren, déclara l’image bleutée. Amiral », continua t-elle en se tournant vers Waldemar, qui répondit d’un hochement de tête.
Isard se retourna vers les quatre agents et leur déclara, un mince sourire aux lèvres :
« Je dois bien avouer que la teneur de votre dernier rapport m’a quelque peu surpris. Qui aurait pu prévoir que ce soit vous qui auriez trouvé une piste valable dans le cadre de Gloire Impériale, alors que jusqu’ici mes meilleures équipes ont fait chou blanc ? »
Ils furent tous abasourdis par les implications de cette déclaration mais ce fut Ashoka qui, recouvrant ses esprits le premier, s’en étonna à haute voix :
« Vous voulez dire que nous n’étions pas les seuls agents sur cette opération ? »
Cette fois, Isard rit franchement.
« Et ça vous étonne ? Je n’allais tout de même pas confier une telle mission à des débutants, quels que soient vos états de service dans l’armée !
– Mais alors pourquoi nous l’avoir donnée ? Pourquoi nous avoir détachés dans les services de renseignements ? interrogea Sanaz.
– Il s’agissait d’un test pour évaluer vos compétences d’infiltration. En effet, suite à vos « exploits » sur Ouranos V, le commandement des forces spéciales désirait vous évaluer de façon plus approfondie afin de déterminer si vous pouviez intégrer de telles unités. En vertu d’un accord de coopération entre nos deux services et aussi parce que la sous-direction « action » aurait pu être intéressée, je me suis chargé de ce test. Trêve de bavardages, votre dernier rapport et votre présence à bord du Retaliator me font dire que vos investigations vous ont mené au secteur boreo-tyrénien, n’est ce pas ?
– C’est exact, Monsieur le Directeur, répondit Sanaz. Nous cherchions à traverser le blocus mais les forces de l’amiral Waldemar ne l’ont pas entendu de cette oreille. »
Isard sourit de nouveau.
« Au moins, la flotte fait son travail. C’est un maigre réconfort dans toute cette histoire car la situation s’est passablement compliquée. Avant de continuer, je vous précise à tous – y compris vous, amiral – que ce dont je vais vous faire part est classé top secret. Moins de vingt personnes dans tout l’Empire sont au courant de tout ou partie de ces informations. »
La tension dans la pièce grandit à cette annonce. De tels secrets étaient jalousement gardés et leur mauvaise utilisation, lourde de conséquences. Les cinq occupants de la pièce se tendirent et écoutèrent attentivement le directeur de l’Ubiqtorate. Ashoka arrêta même de se contorsionner dans son siège.
« L’opération Gloire Impériale n’est pas la seule à conduire au secteur boreo-tyrénien. Voyez-vous, au moment où nous perdions tout contact avec la Mission Archéologique Impériale et la garnison d’Ouranos V, un groupe de Jedi en fuite fut capturé par un vaisseau non identifié dans le système de Chorax. Le Seigneur Vador, qui se charge personnellement de cette affaire, a pu remonter la piste des « kidnappeurs » jusqu’à Kuar.
– Kuar ? s’exclama Jia. C’est dans le Noyau Central, mais quel rapport avec Gloire Impériale ?
– Une intuition du Seigneur Vador et… des hypothèses de mes enquêteurs. Les livres d’Histoire nous apprennent que cette … Forge Stellaire, capable de produire une flotte en un temps record, consommait une énergie phénoménale, dont une partie venait de ce que le défunt Ordre Jedi appelle “Force”. Or, qui mieux qu’un Jedi est à même de capter cette énergie ?
– Je ne vous suis pas, Directeur, remarqua à haute voix l’amiral. Le récit que vous nous faites indique que les Jedi auraient été capturés. Pourquoi ne pas les avoir escamotés discrètement ? Puisque si le gouverneur Rees est bien derrière tout cela, les Jedi et lui ont un ennemi commun, ça ne tiendrait donc pas debout, non ?
– J’y ai réfléchi. Il est fort probable est que les captifs aient été emmenés contre leur gré. Une histoire d’éthique, je pense. D’ailleurs, les moyens employés ne laissent guère de doute à ce sujet.
– Admettons, enchaîna Sanaz. La piste de ceux qui sont en possession des plans de cette fameuse usine converge vers le secteur boreo-tyrénien. Vous nous affirmez qu’il en va de même pour les commanditaires de cet enlèvement. Cela signifie donc que la sécession boreo-tyrénienne peut poser de plus graves problèmes qu’une mauvaise image de marque si jamais ils arrivent à fabriquer une réplique fonctionnelle de cette usine d’armements. En ont-ils au moins la capacité ?
– Oh oui, toute la politique intérieure du Moff Rees visait à rendre autosuffisant son secteur. Il y est arrivé, d’après les derniers rapports à nous être parvenus. Mais il y a plus important : nous ne parlons pas d’une simple usine d’armement ultra-rapide. Ce dont il est question est d’une usine capable de construire n’importe quoi à partir de presque rien, un constructeur universel si vous préférez. C’est un vieux rêve des physiciens et si il venait à se concrétiser, les conséquences pourraient être désastreuses. »
Un silence pesant s’abattit sur la pièce. Isard attendit quelques instants, pour laisser ses paroles marquer les esprits, avant de reprendre.
« La situation actuelle m’oblige donc à modifier le cours de l’opération Gloire Impériale. Ecoutez bien, agent Miren. Votre groupe devra s’infiltrer dans le secteur boreo-tyrénien afin de : primo, poursuivre la mission actuelle consistant à retrouver ces documents et identifier les commanditaires des « incidents » d’Ouranos V. Secundo, dans le cadre de l’opération Marteau Tyrénien, vous devrez contacter le chef de station des Services de Renseignements en poste sur Tyra et évaluer sa loyauté. Si il s’avère qu’il travaille toujours pour nous et que vous avez besoin d’aide, il vous faudra entrer en contact avec lui car dès que vous aurez franchi la ligne de front, vous ne pourrez compter sur aucune assistance. La procédure de contact vous sera communiquée ultérieurement. Si vous avez besoin de contacter l’extérieur, l’amiral Waldemar vous fournira un émetteur crypté.
– A t-on une idée des personnes sur lesquelles nous pourrions cibler notre enquête ?
– Vous pourrez commencer par le gouverneur Rees. C’est un amateur d’antiquités, ce qui vous donnera une opportunité de l’approcher. De plus, son dossier le désigne comme le principal instigateur de cette sécession. Je vous en ferai parvenir une copie. Quant à vous, amiral, je suis chargé de vous transmettre de nouveaux ordres. En plus de maintenir le blocus du secteur, vous devez vous tenir prêt à tout instant à envoyer vos forces attaquer l’éventuel site de construction de cette usine. Les moyens et le modus operandi de cette partie de l’opération sont laissés à votre appréciation.
– En ce cas, répondit Waldemar, je désirerais votre appui afin d’obtenir le soutien de quelques unités supplémentaires.
– J’en déduis donc que vous avez un plan ? constata le directeur de l’Ubiqtorate.
– Oui et non, avoua Waldemar. Le plan que je mûris actuellement est destiné à gérer mon affrontement avec le gros de la flotte tyrénienne. Flotte qui ne sera pas loin si je décide d’entrer dans le secteur.
– Nous verrons bien. Avez-vous encore des questions ?
– Moi, oui, annonça Ashoka en levant une main. Comment allons-nous franchir la ligne de front ? Si on se présente aux avants-postes tyréniens directement après avoir quitté le Retaliator, je pense qu’ils vont se méfier et ce n’est pas moi qui irais les blâmer. »
Isard fit la moue face à ce « léger » détail. Il songeait à la meilleure réponse à donner quand Waldemar prit la parole.
« Avec votre permission, monsieur le Directeur, j’ai réfléchi à une idée qui mérite qu’on s’y attarde.
– Soit. Allez-y, amiral. »

***


Quelque part dans le secteur boreo-tyrénien


Le gouverneur Rees ne décolérait pas. Non seulement son conseiller spécial l’avait réveillé pour une nouvelle réunion d’information qui aurait pu attendre le lendemain, mais en plus il venait de lui annoncer un nouvel échec ! Et malgré cela, il se permettait d’être optimiste :
« … et bien que les assassins que j’ai embauchés aient échoué dans leur mission, j’ai la certitude que ces éventuels agents impériaux ne pourront pas remonter notre piste. Le Hutt n’a rencontré que moi, il ne connaît pas mon visage et je n’apparais dans aucun dossier officiel. Enfin, je le répète : le blocus impérial joue en notre faveur dans ce cas de figure.
– Que vous dites, lança le gouverneur. Nous devons quand même nous préparer à tout ! Commodore : tout vaisseau, même civil qui arrivera à forcer le blocus doit être considéré comme un ennemi potentiel et ne devra se déplacer qu’en convoi sous escorte armée. Nos services de sécurité devront eux aussi redoubler de vigilance afin de déjouer toute tentative d’action de la part d’éventuels espions impériaux.
– A vos ordres, gouverneur. Bien que la majorité des forces impériales semble immobilisée devant le système Boreus, j’ai pris l’initiative d’intensifier les patrouilles dans tout le secteur. Une fois la cargaison « spéciale » prête, ce qui ne prendra guère longtemps si j’ai bien compris, je pourrais commencer à m’attaquer à leur blocus. Il me faudra certainement plusieurs tentatives avant de le désorganiser car ils sont assez nombreux et l’amiral Waldemar est tout sauf un incompétent.
– Battre votre ancien mentor sera une victoire personnelle pour vous, n’est-ce pas ?
– Oh que oui. Mais, rassurez-vous : je ne laisserai pas mon orgueil m’aveugler. Nous prouverons à notre peuple et à la galaxie qu’il peut y avoir une alternative viable à l’Empire. »

***


ISD Retaliator, près du système de Boreus


Le hangar principal du vaisseau de guerre bourdonnait d’activité. Partout, des techniciens s’affairaient à réparer les chasseurs stellaires endommagés lors des derniers affrontements, ou à préparer ceux partant en patrouille.
Des sirènes d’avertissement retentirent près de la baie de décollage, ce qui provoqua l’évacuation du personnel se trouvant dans cette zone. Quelques instants plus tard, quatre chasseurs Nimbus firent leur apparition dans la baie et, repliant leurs volets stabilisateurs, se dirigèrent vers l’aire d’atterrissage dégagée pour eux.
Dans une partie isolée du hangar et protégée par un cordon de soldats à la mine patibulaire, on préparait l’Emerald Sparrow pour la prochaine partie de sa mission.
Sous la tuyère du réacteur central, Ashoka et une équipe de mécaniciens du destroyer révisaient les moteurs. Pour détendre l’atmosphère, le technicien de première classe, promu chef mécanicien du cargo, racontait de temps à autre quelques blagues salaces, déclenchant l’hilarité de ses collègues. Un observateur non averti aurait aisément pu croire qu’Ashoka n’ était rien d’autre qu’un pitre. Il aurait eu tort car Ashoka savait rester concentré lors d’une opération délicate et retenait bien les conseils que lui prodiguaient ses collègues.
A une dizaine de mètres du vaisseau, Jia discutait technique avec un jeune officier des Services de Renseignements de la Marine Impériale qui semblait être attiré par sa personne. Cela la gênait car elle n’aimait guère être le point de mire de ses interlocuteurs dans une conversation. L’homme lui apportait l’appareil qu’ils utiliseraient pour envoyer un message à la flotte si la situation l’exigeait.
« On dirait une bouteille d’alcool, avait déclaré la jeune femme, surprise.
– Effectivement. » Il brandit un objet cylindrique et prononca, sur un ton doctoral, « ceci est un enregistreur de données quelque peu modifié. Vous enregistrez votre message en le connectant à n’importe quel type de databloc et ensuite, vous le glissez dans la bouteille par le goulot et vous refermez le bouchon.
– Et après ?
– Après, vous lancez la bouteille dans l’espace, en la jetant dans votre vide-ordures par exemple. Le froid va geler le liquide à l’intérieur, ce qui aura pour effet d’activer le mécanisme de transmission intégré. L’alcool sera brûlé pour faire de la place et le message sera envoyé deux fois de suite sur une fréquence hyperspatiale protégée.
– Ça évite donc de passer par les relais Holonet. Pas bête, commenta Jia.
– C’est cela. Par contre, assurez-vous de ne pas vous trouver dans une zone de fortes anomalies électromagnétiques et qu’il y ait une ligne droite dégagée avec le récepteur, c’est-à-dire nous.
– Oui, j’ai compris, répondit-elle rapidement pour essayer de se débarrasser de l’officier car son regard s’attardant sur ses formes la rendait mal à l’aise.
– Voilà, c’est tout ce qu’il y a à savoir. Si vous avez d’autres questions, n’hésitez pas, déclara-t-il, sourire aux lèvres.
– Oui, oui. Je vous remercie enseigne…
– Orvaj. Enseigne Kyle Orvaj, à votre service.
– Merci, enseigne, » répondit-elle en saluant.
Elle s’empressa de tourner les talons et de repartir vers le Sparrow avec l’appareil, avant que son visage ne rougisse de façon visible. Bon sang ! Qu’est ce qu’elle détestait ces pseudos-conférences données par des officiers désireux d’impressionner le personnel féminin par l’étendue de leur savoir.
Elle continuait encore de ressasser cette pensée lorsqu’elle vit Sanaz descendre la rampe d’accès de leur vaisseau. Elle repensa aussitôt à leur première mission ensemble, sept mois plus tôt, et songea que bien des choses les séparaient. Au départ, Sanaz avait le même grade qu’elle et venait à peine d’arriver dans la section. Mais, les évènements aidant, c’était la jeune Zabrak qui avait secondé le lieutenant Jarek lorsque le sergent Hoffie avait été blessé. Sanaz avait gagné son grade de sergent grâce à ses compétences et une meilleure aptitude au commandement que Jia. Derek et Ashoka pensaient qu’elle serait la suivante à être promue et l’avaient souvent rassurée à ce sujet. Elle savait cependant qu’il n’en serait rien car elle paniquait à la seule idée des responsabilités associées. Pire encore : Derek, Ashoka et tous ses éventuels futurs subordonnés lui voueraient une confiance quasi aveugle pour la seule raison qu’elle serait leur supérieur. Or, si Jia commettait une erreur, ils seraient les premiers à en pâtir et cela, elle ne le souhaitait pas. Elle ne voulait pas trahir leur confiance.
« C’est pour l’apéritif ? questionna ironiquement Sanaz.
– Euh… non. C’est le communicateur hyperspatial qu’on devait nous confier » répondit Jia, brusquement arrachée à ses pensées.
Elle se lanca dans un résumé de l’exposé que venait de lui faire l’enseigne. A la fin, Sanaz hocha la tête, impressionnée.
« Pas mal. Ce petit gadget pourra nous servir. Tu as l’air songeuse. C’est cet officier qui t’as perturbée ?
– Oui… non. Enfin… Je pensais à ce qui nous attendait et je me disais que… au vu de mes capacités… J’ai peur de ne pas être à la hauteur de ce qui nous attend, sergent.
– Comment cela, pas à la hauteur ? »
Secrètement heureuse de trouver enfin quelqu’un prêt à l’écouter, Jia décida de s’ouvrir :
« J’ai bien réfléchi et je me suis rendue compte que j’ai toujours eu du mal à assumer mon rang. Je redoute l’inconnu et je n’ai jamais osé prendre d’initiatives. Sur Ouranos V, il y avait toute la section, alors cela ne s’est pas trop vu mais à la fin, dans la grande salle alors que nous n’étions plus que cinq, j’ai vraiment pris peur et si j’ai aidé le lieutenant c’est parce que je n’avais pas le courage de dégainer mon pistolet blaster. Je n’avais pas le courage de… »
Elle avait baissé le regard et parlait avec difficulté, tout à la fois soulagée de s’exprimer et honteuse de voir ses peurs exposées au grand jour.
« Tu n’avais pas le courage de voir la mort en face ? Jia hocha la tête.
– Mais moi aussi j’avais peur, reprit Sanaz. J’avais peur de me faire tuer en essayant de fuir et de me cacher dans les souterrains. Et je suis sûre que Derek, Ashoka et le lieutenant Jarek avaient peur eux aussi. Ecoute, Jia : tu ne dois pas douter de toi. Nous avons tous confiance en toi ici. Quelles qu’aient été tes craintes à ce moment là, tu t’es bien défendue lorsque le Sparrow a été attaqué sur Koros Major, tu as correctement analysé les réactions du Dévaronien que nous avons rencontré sur Ruan, ainsi que celles de tous nos autres interlocuteurs. Derek et Ashoka ont confiance en toi, j’ai confiance en toi. Ne te laisse pas abattre, tu y arriveras, j’en suis certaine.
– Merci, sergent, fit-elle d’un sourire triste mais plein de reconnaissance. Je… je vais aller cacher le transmetteur. Encore merci pour ces paroles. »
Sans plus attendre, Jia gravit vivement la rampe d’accès sous le regard de Sanaz. Au fond d’elle-même, la Zabrak était un peu inquiète pour Jia. La suite de la mission serait éprouvante pour tous, aussi Sanaz se promit-elle de garder un œil sur la jeune femme. Elle songea avec ironie que lorsque Jia l’avait surprise en train de dessiner ses tatouages faciaux rituels, c’était elle qui doutait de sa capacité à les commander. Et qui doutait encore au fond d’elle-même. Elle se ressaisit et prit un air impassible – le capitaine d’un vaisseau ne pouvait se permettre d’afficher ses craintes au grand jour. Du coin de l’œil, elle aperçut les techniciens s’éloigner et Ashoka se diriger vers elle.
« Moteurs contrôlés et en parfait état, sergent, fit-il en la saluant.
– Alors, il ne nous reste plus qu’à préparer le décollage. Allons-y. »

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