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Opérations
 
Ruan, propriété de Jii'Mahtt Vraahrk


Monde agricole, Ruan exportait céréales et autres produits alimentaires dans la galaxie toute entière. De ce fait, les propriétaires des plus importantes exploitations étaient riches, très riches. Et avec la richesse venait l'envie d'en faire étalage auprès de ses relations. Certains modernisaient à outrance leurs exploitations, se faisaient construire des demeures plus extravagantes les unes que les autres… D'autres achetaient des œuvres d'art ou des objets anciens, dignes de figurer dans un musée.
Le Dévaronien Jii'Mahtt Vraahrk faisait partie de cette dernière catégorie : collectionner œuvres d'art et artefacts provenant de toutes les périodes de l'histoire galactique le passionnait. Il avait fait construire une annexe à sa demeure afin d'exposer ses pièces à ses amis, à de fortunés amateurs d'art et même à des scientifiques. Mais l'Empire tenait à garder le contrôle du marché de l’art et imposait des règles strictes sur l'importation et l'exportation. Aussi Jii'Maaht ne manquait-il aucune occasion – plus ou moins légale – d'augmenter sa collection.
Il n'avait donc pas hésité une seconde quand sa secrétaire lui avait annoncé que des antiquaires itinérants désiraient lui montrer leurs marchandises. De plus, celle qui semblait être la directrice de l'affaire – une Zabrak nommée Zara Nesim – était loin d'être laide, ce qui ne gâchait rien à l'entrevue. Enfin si : ses stupides tatouages faciaux narrant certainement quelques exploits guerriers d'illustres ancêtres. Bah ! Le nom qu'un guerrier laissait derrière lui était éphémère en comparaison des empires financiers que des gens tels que lui – Jii'Maaht Vraahrk – bâtissaient. Malgré ce maquillage de carnaval, cette Zara était superbe. Non, parfaite. Sa chevelure était suffisamment abondante pour qu'une personne innatentive puisse la confondre avec une humaine. Contrairement à ses collègues, elle n'avait pas l'air empruntée dans son costume et savait se comporter en bonne négociatrice. En résumé, les discussions s'annonçaient vraiment passionnantes.
Zara menait la conversation, quelques fois aidée par les précisions techniques qu'apportait son assistant principal, un humain de Corellia surnommé "Reddy". Les deux autres – humains eux aussi – présentaient les différentes pièces qu'ils avaient amenées avec eux, sans dire un mot.
L'inventaire était assez hétéroclite : poteries ithoriennes datant de deux millénaires, vases en cristal taillé de la Haute Epoque aldéraanienne, sculptures diverses, estampes, une série d'anciennes vibrolames échanis et de blasters mandaloriens… Jii'Maaht se décida pour plusieurs sculptures et un vase. La discussion au sujet des prix fut animée et Zara se défendit mieux qu'il ne l'aurait cru. Il fut obliger de débourser plus que ce qu'il avait prévu mais la qualité du travail des artisans le valait bien.
L'entrevue était terminée et les vendeurs s'apprêtaient à partir, quand la Zabrak demanda d'une voix suave :
« Vous avez l'air de vous y connaître en objets anciens. Peut-être désireriez-vous jeter un œil à notre collection spéciale ?
– J'en serais grandement honoré, ma chère. »
Pour toute réponse, elle sourit, puis fit un signe à Reddy. Celui-ci exhiba un coffret d'un peu plus de trente centimètres de long et le déposa devant le Dévaronien, qui l'ouvrit cérémonieusement. A l'intérieur, posé sur un coussin recouvert d'un fin tissu bleuté aux liserés d'or, se trouvait un cylindre en métal poli qui scintillait sous la lumière de la pièce. Il était prolongé par quatre pointes recourbées à l'une des extrémités. Au milieu se trouvait comme une sorte de poignée faite de lanières de cuir fin. Plusieurs boutons complétaient l'ouvrage. Malgré des connaissances assez poussées en histoire des armes – il était sûr que c'en était une – , Jii'Maaht ne put deviner la nature exacte de l'objet. Il se résolut donc à interroger Zara.
« Il s'agit d'un sabre laser ayant appartenu à l'un des Jedi envoyés combattre l'Insurrection Naddiste sur Onderon il y a quatre mille ans environ. C'est une pièce inestimable.
– Je… Non. Ce genre d'objets n'est pas de mon goût », répondit-il.
En réalité, s'il craignait surtout la politique impériale vis-à-vis de l'héritage de l'Ordre Jedi, ses interlocuteurs n'avaient pas à le savoir.
« Comme vous voulez, répondit Zara. Nous avons aussi la carcasse d'un droïde de combat datant de la Guerre Civile Jedi », dit-elle en activant un hologramme de la machine.
« Non, désolé. Je ne suis pas intéressé par les engins de guerre.
– Alors, il nous reste ceci », déclara t-elle en activant un autre hologramme.
La vue montrait un autel de pierre, orné de bas-reliefs et représentant des scènes guerrières. Jii'Maaht admira longuement la vue, inconscient du fait que quatre paires d'yeux observaient attentivement son comportement. Satisfait de son examen, le Dévaronien finit par en détacher les yeux et annonça :
« Non merci, cette pièce est superbe mais elle trancherait trop avec le reste de mes collections. Serait-ce trop de demander quelle est sa provenance ?
– Désolée, secret professionnel. Nous ne tenons pas à attirer plus d'attention qu'il n'est de raison sur notre modeste affaire.
– Je comprends, ma chère. Avant de partir, peut-être désireriez-vous un rafraîchissement ?
– Nous en serions honorés mais notre emploi du temps est malheureusement très chargé. Peut-être à une prochaine visite ?
– Mais certainement, certainement… répliqua le Dévaronien, visiblement déçu. Hmm, si vous désirez vendre cet autel à un connaisseur, il se peut que j'ai en tête le nom de celui qu'il vous faut.
– Tiens donc ? questionna Zara, faussement désintéressée.
– Oui mais… à mon grand regret, ma mémoire me fait quelques fois défaut et… »
Sans dire un mot, l'un des deux assistants, restés en retrait pendant les négociations, mit la main à son portefeuille et fit le geste de compter des liasses de billets.
Cent crédits.
« Non, je n'arrive pas à me souvenir… »
Deux cents.
« Ah ! Je l'ai sur le bout de la langue ! »
Trois cents.
« Quel idiot je fais ! Il est pourtant relativement connu dans la région ! »
Quatre cents.
« Zut ! »
Cinq cents crédits.
« Ça y est ! fit-il en claquant des doigts. Il s'agit d'un Hutt, Maarba le Hutt. Il est propriétaire des chantiers de réparation Aarrba sur Koros Major. Il m'est arrivé de faire appel à lui pour l'entretien de mes moissonneuses et de mes airspeeders-cargos.
– Nous vous sommes reconnaissants de vos conseils », fit la Zabrak.
L'assistant tendit la somme au Dévaronien et les quatre vendeurs prirent congé.

***


Le trajet de retour vers l'astroport se fit silencieusement. Une fois les contrôle d'accès à la baie d'amarrage où se trouvait leur cargo terminés, leur landspeeder de location franchit la porte d'entrée et s'arrêta devant l'écoutille de la soute du vaisseau.
Il s'agissait d'un cargo corellien de modèle YT-1760, l'Emerald Sparrow. Il mesurait environ vingt mètres de long et était constitué d'une structure principale circulaire, autour de laquelle étaient fixés les différents éléments : trois moteurs principaux et deux auxiliaires à "l'arrière" du vaisseau et, à leur opposé, pointait le cockpit enserré par deux mandibules. Sur la face dorsale du cargo se dessinait la forme d'une tourelle quad-laser, ajoutée à la cellule pour améliorer la défense. Le YT-1760 avait été conçu avant tout pour fournir une vitesse supérieure aux autres modèles de la série YT. Or, toute amélioration avait un prix, et dans ce cas précis, les équipements défensifs – lasers ou boucliers – avaient dû être sacrifiés sur les versions de série du cargo. La capacité des soutes avait, elle aussi, été réduite au dixième de celle du populaire YT-1300.
Cela n'avait pas stoppé les quatres associés : l'ajout d'une tourelle défensive et d'un générateur de bouclier était une opération courante pour ce modèle et de surcroît facilitée par la modularité ayant fait la renommée des produits de la Société d'Ingénierie Corellienne. Ils avaient aussi fait enlever deux des huits cabines individuelles pour accroître la capacité de la soute. Toutes ces améliorations étaient bien entendu onéreuses mais les bénéfices de leur affaire avaient rapidement couvert ces frais. Après tout, la vente d'objets anciens rapportait gros – pour peu qu'on s'adressât à la bonne personne.
Zara déclencha l'ouverture de la rampe d'accès à la soute tandis que Reddy et les deux autres associés, Jaan et Etosa, s'occupaient de transférer les pièces invendues du landspeeder vers le cargo. Zara se dirigea vers l'une des deux cabines innocupées et ouvrit la porte. Elle examina la table de nuit et vit que l'un des tiroirs était mal fermé. Y ayant remédié, elle se pencha et passa la main sous le sommier du lit. Elle découvrit une protubérance, attachée par du ruban adhésif. Elle arracha l'objet et le fourra dans sa poche. Ceci fait, elle repartit dans la soute.
Le chargement était presque terminé et Etosa était parti rendre le landpseeder à l'entreprise de location. Zara s'adressa aux deux autres :
« Nous avons conclu une bonne affaire aujourd'hui. Aussi, je pense que nous pouvons fêter ça ce soir dans le vaisseau. Et on terminerait par un nouvel holofilm, qu'en pensez-vous ?
– Ça me va, répondit Jaan.
– Pareil pour moi, acquiesça Reddy.
– Ok, n'oubliez pas d'en avertir notre mécanicien préféré quand il rentrera. »
Ils lui répondirent par un sourire ironique.

***

Les deux heures suivantes furent consacrées à des réparations de routine dans le cargo – qui avait quand même une bonne dizaine d'années – puis à la mise du couvert pour le dîner. Le repas fut plus copieux que d'habitude et très enjoué : les affaires marchaient pour cette petite entreprise et avec quelques ventes comme celle-ci, ils auraient bientôt un pactole suffisant pour s'agrandir. Cependant, ce n'était pas vraiment ce qu'ils désiraient : ils pensaient accomplir un meilleur travail en restant discrets. Les chansons et toasts à leurs futurs succès ne se comptaient plus quand le mécanicien – Etosa – se décida à montrer ses talents de cuisinier en préparant devant eux un dessert traditionnel de Talfaglio. Il s'agissait d'une sorte de gâteau aux fruits dont certaines parties devaient être frites avant d'être servies. Il installa donc sa poêle sur la table du carré et commenca la cuisson. Un crépitement assourdissant se répandit dans le vaisseau, accompagné de l'odeur caractéristique des corps gras utilisés.
Pour échapper à l'avalanche de décibels, ils décidèrent d'un commun accord de visionner l'holofilm mentionné par Zara auparavant et qu'elle exhiba de sa poche. Il s'agissait d'une adaptation d'une obscure nouvelle intitulée Les droïdes rêvent-ils de gizkas électroniques ? Le scénario était centré sur un policier – incarné par le célèbre comédien Arri Zawn'Phaurde – chargé d'arrêter un groupe de droïdes dits "réplicants" se faisant passer pour des humains. Après une demi-heure de film où le réalisateur montra la déprime dans laquelle était plongé le héros – il faut dire que le climat pluvieux du Centre Impérial n'aidait pas beaucoup – la bande son changea subitement. Au lieu de diffuser les dialogues du film, une voix synthétisée déclara :
« Sommes mécontents des résultats des recherches. Ordre d'accélérer exécution Gloire Impériale. Évolution situation politique grave dans secteur Noyau Central. Devez aboutir à tout prix. Bonne chance. »
La bande son du film reprit le dessus. Personne n'avait bougé, aucun regard ou parole ne fut échangé. Soudainement, une odeur de brûlé se répandit dans les coursives du vaisseau. Etosa sauta hors de son siège et se précipita vers la poêle en criant : « Mon gâteau ! ». Cette fois-ci, les autres eurent du mal à se retenir de rire.
Il fut malheureusement impossible de sauver quelque chose de ce désastre et Zara décida d'aller chercher un plat de remplacement dans le congélateur. En chemin, les ordres résonnaient dans sa tête : « Ordre d'accélérer exécution Gloire Impériale, devez aboutir à tout prix… ». Génial. Quant à cette histoire de situation politique, ils avaient eu vent des rumeurs de tapage au Sénat Impérial mais rien de plus précis. Jusqu'à présent. Le congélateur était bien rempli et elle n'avait que l'embarras du choix. Elle finit par se décider pour un rhyscate – une pâtisserie traditionnelle de Corellia que lui avait recommandé Reddy – et repartit en sens inverse. Elle repensa aux événements qui les avaient conduits ici, elle et les autres. Une combinaison entre un coup de chance et une idée à elle.

***

Elle était installée dans la salle de briefing avec ses coéquipiers. L'officier en charge de leur infiltration venait de leur dévoiler leurs identités d'emprunt. Dans son cas, ce serait Zara Nesim, native d'Iridonia. Jia, la spécialiste des transmissions à la peau d’ébène était devenue Jaan Hiako, une Coruscanti tandis que Derek, le petit Tanaabien jouait le rôle de Reddy Kesan, un Corellien et qu’Ashoka, le technicien, prenait le nom d‘Etosa Hanokio, un natif de Talfaglio. Un sourire lui vint aux lèvres quand elle se remémora l'esclandre qu'avait causé ce dernier :
« C'est inadmissible ! Me reléguer à une planète de seconde zone, Moi ! Alors que j'aurais dû être Corellien comme Derek !
– Ashoka…
– Ça ne se passera pas comme ça ! Je…
– Caporal Otieno !
– Heu… Oui, sergent ?
– Talfaglio est dans le secteur corellien. »
L'intéressé avait rougi et les occupants de la salle avaient éclaté de rire face à sa déconfiture. Elle avait aussi constaté non sans ironie que les petits malins du service des fausses identités de l'Ubiqtorate ne s'étaient pas foulés pour créer ces personnages et avaient forgé leurs nouveaux noms en utilisant des anagrammes de leurs identités réelles. Sanaz ne pouvait pourtant pas se plaindre du fait qu'une de ses idées se concrétise.
Tout avait commencé trois jours plus tôt par un énième débriefing de leur rôle dans l'opération qui les avait conduits ici. Cette mission était encore vivace dans son esprit et elle avait du mal à se détacher des mauvais souvenirs qu’elle en avait rapporté : la mort de compagnons d’armes qu’elle avait à peine eu le temps de connaître et qui auraient certainement gagnés à être connus mais surtout, l’obligation d’assumer sa véritable identité de Zabrak – chose qui aurait été impossible à imaginer encore un an auparavant.
A la fin de ce compte-rendu, elle avait émis la suggestion que, puisque les personnes recherchées étaient des archéologues qui avaient aussi dérobé les objets exhumés lors des fouilles, ils les avaient certainement revendus ou cédés à leur commanditaire. En réorientant l'enquête vers le milieu de la vente d'artefacts et d'objets d'art anciens, ils auraient plus de chance de retrouver leur trace ou celle du ou des commanditaires. Mais justement, comment attirer l'attention des voleurs et de leurs contacts ? En se faisant passer pour de tels vendeurs qui auraient dans leur inventaire quelques pièces issues du temple d'Ouranos V.
C'est ainsi qu'elle, le sergent Sanaz Miren de l'Armée Impériale s'était retrouvée détachée au sein de l’Ubiqtorate avec les prérogatives d’un lieutenant pour prendre la tête de cette mission. Nom de code : Gloire Impériale. Objectif : retrouver par tous les moyens possibles les deux archéologues, les plans qu'ils avaient soustraits aux scientifiques de la MAI et obtenir au minimum l'identité des commanditaires. La mission avait débuté il y avait presque un mois et pour l'instant, aucun résultat.

***
Une fois le dessert servi, Derek actionna un petit appareil et le posa sur la table.
« Nous avons trois minutes, déclara t-il abruptement.
– Opinions ? demanda Sanaz.
– Le « cornu » ? Et bien, à part son attirance marquée pour le beau sexe, il n'a pas l'air d'être impliqué dans nos affaires. Ou alors il le cache très bien. Mais je pense que le type qu'il a "balancé" mérite qu'on lui rende visite », remarqua Jia.
Quand Sanaz interrogea Ashoka et Derek du regard, ceux-ci se contentèrent d'opiner du chef, principalement car ils faisaient confiance aux capacités d’analyse de Jia.
« Nous partirons demain pour rencontrer son contact. On ne sait jamais », conclut-t-elle.
Derek coupa l'appareil – un brouilleur de micros – et les conversations reprirent comme si de rien n'était.

***

Le repas était terminé et Zara / Sanaz contemplait les pièces qu'on leur avait fournies pour la vente. Toutes étaient authentiques, à l'exception de l'autel du temple qui était une habile reproduction. Indifférentiable de l'original, sauf pour celui qui savait qu'il y avait une balise de localisation à l'intérieur. Ses yeux se posèrent sur les vibrolames et les vieux blasters. Elle sourit : quel meilleur moyen pour faire passer leurs armes en fraude qu'en déclarant en transporter ? Leur matériel était caché dans divers compartiments sous les coursives de l'Emerald Sparrow, tandis que les armes situées dans la soute trompaient les douaniers et leurs senseurs. Un plan parfait. L'appât était lancé, maintenant, ils n'avaient plus qu'à attendre que le poisson y morde pour le ferrer.
Le lendemain, le cargo marchand Emerald Sparrow décolla à destination de Koros Major, capitale du système de l'impératrice Teta.

***

Système de Foerost


Le destroyer impérial Retaliator glissait lentement dans l'immensité étoilée. Sur la passerelle, les hommes de quart observaient avec intérêt les formes qu'ils pouvaient apercevoir par la baie de transparacier. D'autres vaisseaux de guerre. En effet, les coordonnées où ils se trouvaient servaient de point de regroupement de la task-force dirigée par le contre-amiral Reiner Waldemar. Deux destroyers de classe Imperator (le Retaliator et le Persecutor), huits destroyers de classe Venator (Manticore, Basilisk, Hydra, Griffon, Chiron, Kraken, Sphinx, Cerberus), douze croiseurs légers de classe Carrack (Krayt Dragon, Rancor, Hornet, Nexu, Reek, Acklay, Shyrrack, Boma, Kintan, Kath Hound, Wraid, Kinrath Viper) ainsi que deux cuirassés Rendili de classe Dreadnought (le Claymore et le Tulwar) composaient cette flotte. Vingt-quatre vaisseaux lourds plus leurs chasseurs d'accompagnement et les troupes embarquées à bord. Une armada redoutable contre tout ennemi mal préparé et mal équipé. Ce qui ne serait pas le cas cette fois-ci.
La salle de briefing principale était bondée d'officiers : commandants des navires de la flotte accompagnés de leurs seconds, chefs d'escadrilles, commandants des unités d'infanterie embarquées, officiers des services de Renseignements de la Marine Impériale… Au centre, derrière le pupitre se trouvait le contre-amiral Waldemar. Les lumières de la salle baissèrent et les conversations se turent. Waldemar prit la parole :
« Messieurs, la crédibilité de l'Empire Galactique en tant que force politique est en jeu. Comme vous l'avez sans doute appris par l’Holonet, il y a douze heures, le Moff Hayden Rees, gouverneur du secteur boreo-tyrénien, a fait sécession avec l'Empire et proclamé une république démocratique. »
Une carte du secteur et le visage du Moff s'affichèrent sur l'holoprojecteur de la salle. L'amiral poursuivit :
« Plus important encore, la flotte sectorielle a rejoint le Moff dissident, ce qui va passablement compliquer notre tâche. »
Il laissa ses mots en suspens un instant pour appuyer ses déclarations.
« L'Empereur m'a personnellement chargé de diriger cette flotte dans le but de faire rentrer ce secteur dans le giron impérial et de traduire Rees et tous ceux qui l'auraient assisté ou inspiré devant la justice. Vous pouvez maintenant accéder aux plans préliminaires de l'opération par l'intermédiaire de vos datablocs. Le nom de code sera : Marteau Tyrénien. Comme vous pouvez le constater, le plan se décompose en quatre étapes :
1 - établir un blocus du secteur ;
2 - réduire au maximum la capacité de riposte de la flotte sécessionniste ;
3 - attaquer la planète capitale, Shar'Lis Tyra, pour arrêter Rees et ses complices. J'attire votre attention sur le fait que je tiens à minimiser le plus possible les pertes civiles. Après tout, les habitants sont peut-être encore fidèles à l'Empire ;
4 - pacifier les éventuelles poches de résistance. »
Il laissa le temps aux officiers d'assimiler les informations avant de reprendre :
« Pour la phase initiale, nous formerons trois groupes. Je dirigerai le groupe principal chargé de maintenir le blocus. Il sera composé du Retaliator, du Manticore, du Basilisk et des croiseurs Krayt Dragon, Rancor, Hornet et Nexu. Le deuxième groupe sera notre réserve opérationnelle : il sera dirigé par le commandant du Persecutor et comprendra tous les autres vaisseaux, sauf les cuirassés qui seront chargés de patrouiller sur nos flancs pour éviter toute mauvaise surprise. Des questions ? »
Le commandant d'un des Venator leva la main et demanda :
« Que savons-nous exactement à propos de l'opposition ? Quels sont leurs vaisseaux, l'état des équipages, leur entraînement et surtout, qui les commande ?
– Les équipages de la flotte sectorielle sont composés en majeure partie de natifs du secteur. Aucune défection n'ayant été signalée, nous affronterons certainement une flotte avec ses équipages au complet. Et surtout, avec un matériel, un entraînement et une doctrine impériale. Ah, et qui dit matériel impérial dit systèmes d'identification et de détection impériaux. Ils essayeront au moins une fois de se faire passer pour des alliés. Il faudra donc changer les fréquences d'émission de nos transpondeurs IFF pour éviter toute mauvaise surprise. »
La majorité des visages s'allongèrent, visiblement choqués par cette révélation propre à poser certains problèmes lors d'un engagement indécis…
« Concernant les défenses fixes : une station Golan défendant Shar'Lis Tyra et cinq stations plus petites chargées de défendre l'unique route hyperspatiale menant au secteur. Notez qu'ils peuvent les avoir placées en orbite des planètes habitées mais je n'y crois pas. Le plus gros morceau sera leur flotte : cinq classe Venator, dix classe Victory, quatre cuirassés classe Dreadnought et six classe Carrack. L'Ubiqtorate et les SR de la flotte n'ont aucune idée de leur répartition dans le secteur. »
Quelqu'un émit un sifflement.
« Et leur commandant ?
– Capitaine ? demanda Waldemar en désignant le responsable des renseignements du Retaliator.
– Il s'agit du commodore Trevelyan Phanteras. Mâle humain de Bhor VII, il a fait l'Académie Navale de Carida et l'École de Guerre du Centre Impérial. »
Le visage dudit commodore s'afficha sur l'holoprojecteur et l'on vit l'amiral pâlir en le contemplant. Des murmures s'élevèrent dans la salle, mais Waldemar les fit taire :
« Sachez aussi que le secteur ne dispose d'aucun chantier de réparation digne de ce nom et encore moins de chantier de construction. Il sera donc tout aussi intéressant de chercher à les endommager plutôt qu'à les détruire. Maintenant, le plan de bataille initial : le Tulwar et le Claymore partiront d'ici deux heures vers leurs positions de patrouilles respectives. Le groupe du Retaliator suivra dix minutes après et le groupe du Persecutor sera à cinq minutes de nous. Tant que le Retaliator sera en transit, c'est le contrôle de Foerost qui aura la charge de la mission. Une fois le groupe principal en position, il faudra nous attendre à une attaque majeure dans les vingt-quatre heures et plusieurs escarmouches pour tester nos défenses. Plus de questions ? Alors nous nous reverrons à l'entrée du système Boreus. »

***

Deux heures plus tard, Waldemar observa les cuirassés partir en avant-garde depuis la passerelle du Retaliator. Il n'arrêtait pas de revoir le visage du commodore dans son esprit et les souvenirs revinrent. « Mais pourquoi as-tu fais ça, Trevelyan ? ». Aucune réponse ne vint et il ne remarqua même pas le passage du destroyer en hyperespace. Ce fut la voix du capitaine Joris qui l'arracha à ses réflexions :
« Amiral, nous sommes passés en hyperespace et attendons vos ordres concernant la réintégration de l'espace normal.
– … Oui capitaine. Très bien. Je suis à vous dans une minute.
– Heu, sauf votre respect amiral... Je... Permission de parler librement, amiral ? »
Waldemar se retourna lentement et examina son subordonné, intrigué.
« Accordée, capitaine. Qu'est ce qui vous préoccupe ?
– Et bien, je pense que peu d'officiers l'ont remarqué tout à l'heure mais... vous avez réagi... étrangement lors de l'annonce du nom du commandant ennemi. Alors, je me demandais si... »
L'amiral soupira, regarda à nouveau le spectacle du vaisseau voyageant dans l'hyperespace et déclara :
« Oh, je ne le connais que trop bien... Nous allons tuer un ami, capitaine. Nous allons tuer le fils que je n'ai jamais eu. »


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