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Chapitre 17 : Épilogue...
 
Toute personne pensant que le temple Jedi n’était que silence, retenue et méditation, n’avait sûrement jamais mis les pieds dans la crèche où étaient gardés les plus jeunes enfants destinés à devenir un jour chevaliers. Turbulents, bruyants et chahuteurs, ils mettaient de l’animation et donnaient souvent du fil à retordre aux maîtres chargés de veiller sur eux, tout en arrivant à rester adorables et respectueux. Les disputes existaient, mais étaient très rares, et les rires se répercutant sur les murs dotaient la grande bâtisse d’une vie bien particulière, comme seules l’innocence et la jeunesse pouvaient apporter.
Obi-Wan entra dans le niveau deux de la crèche où se trouvaient les initiés de deux à cinq ans. Les dortoirs étaient divisés en plusieurs pièces accueillant chacune six enfants, et étaient accessibles en traversant le gigantesque espace de jeu où il venait de pénétrer. Celui-ci se composait en partie d’un jardin muni de balançoires et autres aménagements entourés d’un petit cours d’eau profond de quelques centimètres à peine, et d’une grande salle éclairée par de hautes fenêtres qui donnaient sur les cours intérieures du temple. Les Jedi prenaient énormément soin de leurs enfants, ils les chérissaient et leur donnaient tout leur amour, conscients de leur importance. Ils étaient pour eux - et à juste titre - la richesse la plus précieuse, leur espoir et l’avenir de l’Ordre. Les initiés étaient donc élevés dans un petit cocon protecteur et apprenaient pas à pas à se familiariser avec la Force et la philosophie Jedi, tout en conservant leur espièglerie et leurs longues récréations.
Les petits visages joufflus et les rires cristallins apaisèrent quelque peu le chevalier, lui faisant oublier un instant ses soucis. Le soleil se couchait, et les maîtres de crèche commençaient à préparer les enfants pour la nuit, et Obi-Wan regretta de n’avoir pas pu se libérer plus tôt. Il aperçut Zoya Illiba, une des assistantes, et s’approcha d’elle.
-Bonjour ! lui lança-t-elle. Je ne pensais pas vous voir aujourd’hui !
-Je suis venu rendre visite à l’un des nouveaux initiés, dit-il en lui serrant la main.
-Eh bien c’est un peu tard, mais nous pouvons essayer de le trouver !
Ils n’eurent pas à chercher bien longtemps, car une voix aiguë retentit et un frêle petit garçon se précipita dans leur direction depuis le jardin.
-Obi-Wan !!
-Calen ! s’exclama le jeune homme avec un sourire tandis que l’enfant se jetait sur lui et s’agrippait à sa jambe.
Ses cheveux foncés avaient été coupés à la façon des autres initiés, et il portait à présent une tunique claire qui lui saillait étonnamment bien. Kenobi s’accroupit afin de se mettre à sa hauteur.
-Tu te plais, ici ?
-Oh oui ! fit Calen avec enthousiasme en hochant la tête. Regarde, Obi ! Je suis comme un vrai Jedi !
-Mais tu vas devenir un vrai Jedi, lui assura Obi-Wan.
-Pour l’instant il va surtout aller au lit, déclara Zoya en regroupant les initiés à sa charge.
-Vous permettez que je m’en occupe ? demanda le chevalier.
-Oui, bien sûr ! Sa chambre est la E. La deuxième à gauche.
-Très bien.
Obi-Wan attrapa le petit garçon et le prit dans ses bras avant de se diriger vers les dortoirs. Calen se laissa faire volontiers et posa sa tête sur l’épaule du jeune homme.
-Tu seras mon maître quand je serai grand ? s’enquit-il soudain.
Le chevalier s’arrêta un instant, puis l’amena jusqu’à son lit.
-Je ne sais pas… Il peut se passer tellement de choses en bien peu de temps. Mais je suis sûr que quoi qu’il arrive, ton maître aura de la chance de t’avoir.
Calen sourit et se glissa sagement dans le lit.
-Dis-moi, il y a quelque chose que j’aimerais savoir, commença Obi-Wan en s’asseyant sur le rebord. Qu’y avait-il dans cette boîte, sur Panescan ?
-Un tooke, bâilla le petit garçon. Tout seul comme moi. Alors je l’ai pris…
Les tookes étaient des rongeurs, de vraies petites boules de poils aux grands yeux qui avaient une grande popularité auprès des enfants. Il n’était pas étonnant que Calen se soit attaché à lui et ait refusé de le laisser aux deux autres garçons.
-Et que lui est-il arrivé ?
-Je l’ai perdu dans la forêt. Il a sauté de la boîte et il est parti.
Obi-Wan pouvait voir dans le regard de Calen qu’il se faisait toujours du soucis pour le petit animal.
-Ne t’en fais pas pour lui. Il est sûrement retourné parmi les siens, le rassura-t-il en remontant les couvertures. Il doit être heureux là-bas.
Le petit garçon hocha la tête et bâilla encore.
-Tu vas partir, Obi ?
Le jeune homme haussa un sourcil, surpris.
-Oui. Demain.
Calen sortit une main des couvertures et la posa sur celle d’Obi-Wan.
-Attention aux griffes, dit-il, l’air sévère.
-Aux griffes ?
-J’ai fait un rêve, chuchota Calen. C’était noir. Tu étais seul, et tu avais mal. Il y avait des griffes, et personne ne t’a dit de faire attention.
Le chevalier prit la petite main de l’enfant et la tint dans la sienne.
-Eh bien voilà qui est chose faite, sourit-il, se demandant s’il devait prendre l’avertissement au sérieux. Je te promets de me méfier des griffes. Il est temps de te reposer, petit lutin.
Il posa son autre main sur le front de Calen et lui envoya une légère suggestion à travers la Force pour l’aider à dormir.
-Nolhee elie pel’ei, murmura-t-il.
C’était l’une des premières phrases en Panescien qu’il venait d’apprendre. ¨Que les étoiles veillent sur toi¨ était leur façon de souhaiter une bonne nuit. Il fut étonné d’entendre Calen lui répondre d’une voix endormie :
-En pel’ei, Obi-Wan…
Le jeune homme sourit encore, arrangea une dernière fois les couvertures, et sortit silencieusement de la pièce.

~*~


Obi-Wan avançait lentement dans les grands couloirs vides et sombres du temple, la plupart des autres résidents s’étant retirés dans leurs quartiers ou dans les divers foyers. La nuit était tombée depuis plusieurs heures, faisant régner l’obscurité dans les dédales du gigantesque édifice, adoucissant les formes des statues, et teintant les murs d’une couleur bleutée. Les voûtes et le haut des larges colonnes impressionnantes se perdaient dans les ombres nocturnes au-dessus du chevalier, dont les pas, le moindre souffle ou le froissement d’étoffe se réverbéraient avec une étrange résonance, ressemblant à s’y méprendre à de discrets chuchotements, comme si quelque fantôme de sage patriarche glissant le long des murs sculptés conversait doucement avec de mystérieux interlocuteurs. Les longues fenêtres à voussures de chaque côté du hall laissaient filtrer des rayons clairs et obliques de lumière grise formant des taches ovales sur le sol de pierre lisse. Le vaste espace autour du Jedi était désert et silencieux, pourtant il semblait empli d’un mouvement perpétuel, d’une vie et d’une énergie omniprésente qui chassait toute anxiété pour la remplacer par une tranquillité bienveillante. La Force. Elle était là, enveloppant les lieux de sa puissance, rassurant les esprits tourmentés et encourageant les autres à la méditation.
Le jeune homme s’y sentait si bien. Si son cœur avait trouvé un foyer sur Panescan, son âme appartenait au temple et à son Ordre. Là était sa véritable demeure, et l’idée de devoir la quitter si tôt l’attristait.
Il emprunta un petit escalier qui descendait à sa gauche, continua le long d’un court passage éclairé par de minuscules lampes incrustées au milieu des murs telles de petites étoiles dorées, et arriva devant une grande porte fermée. Gravés sur sa surface, des traits sinueux, des lignes ondulantes et des courbes fines dans lesquels une couche d’or fin avait été versée. Obi-Wan appuya légèrement sur la petite commande d’ouverture, puis entra d’un air déterminé dans le mémorial du temple Jedi.
Il s’agissait d’un grand hall sans fenêtres à part un dôme en verre, et dont on ne pouvait voir la limite, les murs formant régulièrement des circonvolutions et des détours. Des bustes et quelques rares portraits décoraient les allées à intervalles réguliers, apportant une touche d’élégance à la sobriété de la salle. Sur chaque cloison se trouvaient des centaines de plaques commémoratives portant le nom de Jedi décédés, et devant chaque plaque brûlait une petite flamme bleue sensée rappeler aux visiteurs que la vie de ces êtres chers se poursuivait au-delà de la mort, dans la Force. Toutes ces années passées au temple, et pas une seule fois Obi-Wan n’avait songé à chercher les noms de ses parents parmi les autres.
Cela faisait bientôt huit ans qu’il n’était pas revenu au mémorial. Depuis la mort de Tahl. Les premiers temps suivant son décès avaient été très durs pour Qui-Gon, qui avait passé presque toutes ses soirées - parfois même la nuit entière - à pleurer celle qu’il avait aimée. Une nuit Obi-Wan était allé le retrouver dans ce même mémorial pour essayer de le réconforter, mais Qui-Gon, submergé par la peine, l’avait sèchement renvoyé à leurs quartiers. Sur le moment, l’adolescent avait compris qu’il n’était pas assez proche de son aîné pour se permettre de le déranger dans son deuil, et les limites de leur relation furent ainsi fixées. Il sut qu’ils ne seraient jamais que maître et padawan, pas une véritable famille. Il avait renoncé à en chercher une ce jour-là. Le choc de la réalisation avait été rude, mais il l’avait surmonté. Toutefois, peut-être était-ce à cause de cet événement qu’il n’avait jamais osé remettre les pieds au mémorial.
Il arriva devant la plaque de Tahl et s’y arrêta un instant, repensant à la femme magnifique qu’elle avait été et qu’elle resterait toujours pour lui, de sa bonté et de son humour sec qui arrivait toujours à faire taire son maître. Il s’inclina lentement en signe de respect, puis poursuivit son exploration.
Au bout de quelques minutes à peine, sans doute guidé par la Force, il trouva l’inscription qu’il cherchait.

KENOBI, THERAN
Chevalier Jedi


Obi-Wan se mit à genoux, à hauteur de la plaque et de la flamme, puis ferma les yeux. Il l’avait retrouvé. Après tout ce temps, il pouvait enfin honorer son père comme il se devait. Maintenant il sortirait de l’oubli où il s’était volontairement plongé presque vingt-cinq ans plus tôt, serait reconnu par les autres Jedi comme un des leurs, qui avait perdu la vie en accomplissant son devoir - protéger les innocents - mais plus encore, il allait reprendre la place qui lui était due. Il redeviendrait le père d’Obi-Wan Kenobi.
Le jeune homme rouvrit les yeux, et cette fois-ci les quelques larmes qui s’y formèrent ne contenaient aucune tristesse, mais de la sérénité, et le bonheur d’avoir recouvré ce qu’il avait perdu.
-Je ne t’oublierai pas cette fois, papa, murmura-t-il. J’espère que… où que tu sois, tu es en paix.
Devant ses yeux, la flamme bleutée frémit doucement, et il sourit.

~*~


-Paré, R4 ?
Une série de bips répondit au Jedi qui finissait d’entrer des coordonnées dans l’ordinateur de bord. R2-J3 étant en révision, l’astromech R4-P17 avait été mis à la disposition d’Obi-Wan et installé à l’extérieur de son starfighter.
-Bon dans ce cas allons-y. On a assez perdu de temps.
R4 trilla brièvement et fit tourner son dôme. Obi-Wan jeta un dernier coup d’œil au temple que les premiers rayons du soleil venaient illuminer, puis lança les propulseurs avec un froncement de sourcils. Le temps des pensées mélancoliques et amères était révolu, l’heure était à l’action. Il n’avait pas retrouvé ses origines pour perdre Qui-Gon, il ne pouvait l’admettre. Il ne savait pas par où commencer, où chercher, mais si quelqu’un pouvait ramener son ancien maître au sein de l’Ordre, il savait que c’était lui.
Le chasseur Jedi décolla progressivement de la plate-forme avant de s’élever dans les airs, quittant l’enceinte du temple pour une durée encore inconnue. Obi-Wan eut un sourire ironique en réalisant qu’à peine quelques mois plus tôt, son passé n’avait été qu’un flou vague et obscur tandis que son avenir semblait tracé avec une précision incontestable. Tout d’un coup, alors qu’il s’apprêtait à quitter l’atmosphère de Coruscant, inconscient qu’un autre vaisseau s’était mis à le suivre à distance, l’inverse se produisit : son passé était devenu clair comme de l’eau de roche, mais son futur, lui, n’avait jamais été aussi incertain.

~*~


“Ecoute et je serai là
quand l’horizon s’assombrira sous un voile incoercible de ténèbres
je serai là
quand tu douteras de la voie et que la solitude te pèsera
je serai là
à chaque instant, à chaque rire, à chaque larme sur ton chemin
je serai là
mais arme-toi de patience, de bravoure et d’intégrité
car avant de trouver la paix à laquelle tu aspires, la route sera encore longue…”



FIN