Depuis Coruscant : La violente attaque-surprise de Coruscant par les forces du général Grievous a – c’est le cas de le dire – mis un terme provisoire aux dissensions du Sénat quant à la manière de gagner une guerre qui n’a que trop duré. Alors que plusieurs Sénateurs, appuyés par de nombreux officiers de l’armée, souhaitaient mettre fin au rôle des Jedi dans la gestion des affaires militaires, un autre débat avait suscité d’ardentes controverses au sein de la rotonde : fallait-il assiéger les mondes dissidents de la Bordure extérieure, ou essayer de sécuriser les zones planétaires du Noyau ?

La première stratégie, dite « indirecte », avait rencontré l’aval du Chancelier Palpatine. Elle présentait certes l’avantage d’isoler les différentes planètes séparatistes, afin de les faire capituler l’une après l’autre. Prisonnier des luttes d’influence qui affectaient la direction politique de la Confédération des Systèmes Indépendants, et lui-même traqué par les Jedi, le général Grievous avait semble-t-il été contraint de répliquer au cas par cas, au lieu de réunir ses forces en une seule armada. Dès lors, des Sénateurs se croyaient autorisés à rallier le Chancelier, tandis que d’autres s’inquiétaient du dégarnissement des garnisons du Noyau, sans être réellement écoutés.

L’invasion déclenchée par le général Grievous s’est chargée d’apporter une réponse – brutale – à ces polémiques géostratégiques. La bataille de Coruscant risque, pour tout dire, de mettre plus rapidement fin à la guerre que nombre de spécialistes ne le pensaient. Que la République perde, et son centre nerveux disparaît : elle s’effondrera en un instant. Qu’elle gagne, et la fine fleur de l’armée du Comte Dooku aura été anéantie : les forteresses séparatistes tomberont comme des fruits mûrs, faute d’être ravitaillées en droïds de combat. Il n’empêche : en accentuant la pression sur la Bordure Extérieure, le Chancelier Palpatine n’a-t-il pas commis l’erreur de dégarnir Coruscant, ouvrant la voie à la Flotte du général Grievous ?

La question mérite d’autant mieux d’être posée que la stratégie du Chancelier s’inscrivait dans le cadre du débat relatif au vote des premières mesures de décentralisation bureaucratique, le projet déposé par le Sénateur Ask Aak devant permettre au Sénat de transférer certaines de ses prérogatives à des conseils d’administration régionaux, dont la plupart des directeurs seraient nommés par le Chancelier lui-même. Poursuivre la guerre dans les mondes de la Bordure extérieure aurait eu pour conséquence de remettre les pleins pouvoirs militaires à ces exécutifs locaux, voie ouverte à l’instauration de satrapies féodales ne rendant compte qu’à la Chancellerie. De là à conclure que cette dernière profitait de la guerre pour établir une dictature militaire, il n’y a qu’un pas...

Et pourtant, le fait est que l’offensive de la dernière chance du général Grievous ne pourra que traumatiser un Sénat déjà enclin à suivre les voies les plus extrêmes. Pour autant qu’il y ait encore un Sénat demain ! A trop rechercher le pouvoir personnel, le Chancelier Palpatine n’a-t-il pas scellé le destin de la galaxie ?

Zigaï Kalugg