L'annonce de nouveaux films de la franchise provoque beaucoup d'interrogation. Pour tenter d’éclaircir nombre de points qui restent flous, le staff film vous propose des articles de fonds pour comprendre ou imaginer les choix de Walt Disney Pictures et de Lucasfilm. C'est donc ici que sont consignés l'ensemble de ces articles, que nous vous invitons à lire ou relire pour bien saisir les enjeux autour de ces nouveaux films.
Bonne lecture !
C'est maintenant officiel, J.J. Abrams est le réalisateur du premier épisode de la nouvelle trilogie Star Wars. Son nom résonne avec une force assez impressionnante dans le monde de l'audiovisuel, notamment auprès des publics attirés par le cinéma à grand spectacle et de science-fiction (SF). Peut-être que certains d’entre vous ne connaissent pas particulièrement le parcours de ce passionné de SF, ni les raisons qui ont sans doute poussées Kathleen Kennedy à se tourner vers cet homme. Retour sur un parcours tout tracé.
Les débuts
Jeffrey Jacob Abrams de son vrai nom est né le 27 juin 1966. Fils d'un producteur de télévision et d'une productrice déléguée, son rapprochement avec l'univers du cinéma et de la télévision se fait très rapidement dans son enfance. Fan de Star Wars dès le départ (11 ans lors de la sortie de Star Wars, l'âge idéal !), c'est surtout de Steven Spielberg que le jeune garçon s'éprend.
C'est à 14 ans qu'il réalise son premier film tourné en Super 8 (cela ne vous dit-il rien ?) avec son ami Matt Reeves. Ce film, présenté lors d'un festival (qu'il remportera), sera remarqué et présenté dans un article qui finira sur le bureau de Kathleen Kennedy (!), qui, intriguée par le savoir faire de ces jeunes talents, fera appel aux deux compères pour restaurer les premiers films Super 8 de Steven Spielberg. De ce postulat de départ, le rapprochement avec la situation actuelle n'est que logique.
La télévision
Après un court passage remarqué sur le scénario d'Armageddon en 1998, J.J. Abrams cherche sa place dans le monde d'Hollywood et va se concentrer tout d'abord sur le monde de la télévision.
C'est en 2001, armé de sa première expérience sur Felicity (série pour adolescent créée avec Matt Reeves), que la carrière de J.J. Abrams va faire un immense saut en avant avec la série Alias. Produite par Bad Robot, sa société de production (issue de Touchstone Televison, une entreprise de Disney !), cette série va être encensée par la critique et deviendra de façon unanime l'une des meilleures du genre. Le secret de ce succès ? Outre une équipe de production au top, c'est l’obsession pour les mystères que Abrams insuffle dans ses projets qui tiendra le spectateur en haleine. Qu'il s'agisse de messages cachés, de références subtiles in-universe, de cliffhangers à n'en plus finir, ou encore de l’obsession pour les nombres, tout cela fournira une campagne marketing virale de haute volée ! Au fil de ses productions, les références à d'autres œuvres du 7ème art sont légion, et ce, dès Felicity (mais nous y reviendrons plus tard). Ce schéma créatif remplira le cahier des charges de l'ensemble des productions télévisuelles de Abrams.
Suite au succès de Alias, un nouveau projet pointe le bout de son nez. Vous la connaissez sans doute : la série Lost : Les Disparus débarque en 2004. Si le projet initial n'est pas porté par Abrams mais par Lloyd Braun, la chaîne ABC (détenue par Disney, on y revient toujours) fait rapidement appel à Abrams suite à un pilote en deçà des attentes. C'est avec Damon Lindelof que Abrams se charge de créer la mythologie de la série en y insufflant les ingrédients mystiques que nous connaissons.
La série est un immense succès, et la communauté de fans s'amuse à décrypter la moindre information, souvent prévue pour perdre le spectateur. La série fait son chemin durant 6 saisons, qui auront marqué le monde de la télévision à grand spectacle. A partir du démarrage succès de Lost, Abrams se tourne petit à petit vers le grand écran, laissant le soin aux « show runners » (les responsables des séries) de s'occuper de son bébé.
Il va également créer en 2008 avec ses amis Alex Kurtzman et Roberto Orci la série Fringe, qui rencontre encore une fois un succès critique plus que mérité. Avec Fringe, Abrams réalise là une série ambitieuse et personnelle, qui met en avant l'importance de la famille, notamment des relations père-fils. Les codes du mystères sont toujours présent, et l'ensemble du show, bien que plus « fun » se rapproche beaucoup du système narratif de Lost. La présence à l'écran de Leonard Nimoy au cours de nombreux épisodes n'aura manqué à personne, et cela marque le pas vers la prochaine grande étape du créateur.
Le cinéma
Avec ces concepts originaux, J.J. Abrams laisse le champ libre à ses collègues de gérer ses productions télévisuelles et s'ouvre au monde du cinéma. Son premier grand projet n'est autre que Mission Impossible 3 qu'il réalise, mais scénarise également, toujours avec l'aide de ses compères Alex Kurtzmann et Roberto Orci. Encore une fois, le succès critique est au rendez-vous, et le jeune cinéaste a fait ses premiers pas dans une grosse production hollywoodienne.
Toujours désireux de tester de nouveaux concepts, il se penche sur le projet Cloverfield réalisé par son ami de toujours Matt Reeves. Abrams, lui, s'occupe du marketing viral autour du projet ; c'est un succès, car nombre de spectateurs, intrigués par de faux-reportages sur un New-York attaqué par « quelque chose » dont on ne verra jamais rien avant le film, se précipitent dans les salles.
Si le résultat final s'apparente pour certains à un "Projet Blair Witch rencontre Godzilla", force est de constater que le culte du mystère a encore une fois fait mouche. C'est cette profusion d'images suggérées qui élèvent le film dans son suspens. Les moyens techniques sont limités, mais le mystère autour du monstre ainsi que la caméra-épaule permettent, outre le dynamisme de l'action, de donner une crédibilité et finalement une ampleur à l'ensemble de la mise en scène.
Le projet Star Trek
C'est en 2005 que les premiers pas du retour de Star Trek au cinéma se font. Viacom qui détient Paramount Pictures se sépare de la CBS Corporation qui détient les droits télévisuels de la Paramount, y compris la licence Star Trek. C'est à ce moment que Gail Berman, alors président de la Paramount négocie le droit de développer un nouveau film Star Trek avant que la CBS ne relance les droits pour développer une nouvelle série TV. Berman se tourne alors vers Roberto Orci et Alex Kurtzman pour développer de nouvelles idées pour le film. A la fin du tournage de M:I-III, J.J. Abrams rejoint l'équipe avec Damon Lindelof et Bryan Burk pour produire le nouveau Star Trek. L'idée de retourner aux sources de l'histoire, avant la série originale, vient initialement du créateur de Star Trek Gene Roddenberry qui souhaitait dès 1968 réaliser un film sous forme de préquel à la série. Cette idée n'a jamais atteint le stade de la production et si le projet initial tenait dans la continuité principale, le résultat du film de 2009 est bien différent.
C'est finalement en février 2007 que J.J. Abrams accepte de réaliser le film (il n'en était jusqu'ici que le producteur), le projet est alors définitivement sur les rails. L'idée du voyage temporel et son utilité pour inscrire le film dans un univers parallèle à celui des séries principales est présente dès le départ. C'est un moyen pour Orci et Kurtzman de s'affranchir de tout ce qui a été réalisé auparavant tout en ne créant pas un simple reboot de la franchise que Orci juge comme étant « irrespectueux ». De plus, la présence de Leonard Nimoy dans son propre rôle de Spock était d'une importance capitale pour les scénaristes. Si ce parti pris a divisé les fans de la première heure, il a permis à la Paramount de ré-imposer Star Trek sur les grands écrans et de montrer qu'une licence réputée « fermée » (ou même morte ?) pour les néophytes pouvait étendre son public. Si la mise en scène de ce Star Trek en a dérouté plus d'un avec sa caméra hyper dynamique et le lens flare (effet d'optique parasitaire à l'intérieur de l'objectif) à foison, on peut y trouver une logique avec l'aspect pro-technologique que prône la saga. Cette volonté de moderniser l'aspect scénariste et visuel reste dans la logique d'offrir une démocratisation de la licence Star Trek pour le plus grand nombre. Si ce travail a fait hurler les puristes, nul doute que le contrat était rempli pour la Paramount. La production du deuxième épisode intitulé Star Trek into Darkness prévu pour juin 2013 en France ne viendra pas contredire cet état de fait...
L'hommage en super 8
C'est en 2011 que l'aboutissement du travail débuté dès son adolescence arrive sur nos écrans. Super 8, une ode au cinéma « Spielberguien », des Goonies à Rencontres du Troisième type, sans oublier E.T. L'extraterrestre, nous revoilà plongé dans le cinéma des années 80. Le marketing viral se rapprochera de ce qui a été fait pour Cloverfield (le pitch de départ est d'ailleurs très similaire), mais le résultat est tout autre. Nous voilà avec un film très humain dans ses thématiques, et surtout très cinématographique. Les enfants, véritables héros de ce film, réalisent eux-mêmes un court-métrage à l'aide d'une caméra Super 8. Cela ne vous rappelle-t-il rien ?
Ce sont les personnages et leurs relations qui sont mis en avant dans ce film, une chose qui semble des plus importantes dans le travail de J.J. Abrams depuis Fringe et Star Trek. Une vrai réussite tant l'hommage est vivant et proche de l'ambiance perdue du « cinéma d'avant ».
Les références et easter eggs
L'ensemble des productions estampillés Bad Robot présentent une autre caractéristique commune, les références. Elles sont légion, qu'elles soient in-univers (à l'intérieur même du récit) ou bien simplement de gros clins d’œils à des œuvres cinématographiques.
C'est le cas de Star Wars qui est très régulièrement cité dans les dialogues de ces productions. Dans un épisode de Felicity intitulé The Force (S01E21), Noël Crane se retrouve dans la file d'attente pour la première de La Menace Fantôme. Dans Lost : Les Disparus, les références à notre univers préféré sont excessivement nombreuses et viennent souvent du personnage de Sawyer. Il surnomme régulièrement Hurley de « Jabba », mais également Jin et Michael de « Han et Chewie » alors qu'ils se disputent dans deux langues différentes. On notera aussi le caméo de Billy Dee Williams qui apparaît dans l'épisode 14 de la saison 3 de Lost. Fringe n'échappe pas à la règle lorsque Walter Bishop déclare à un garde contrôlant son identité ainsi que celle de ses accompagnateurs « ce ne sont pas ces droids là que vous recherchez. ». Si Super 8 reste une ode au cinéma de Spielberg, on peut également trouver des jouets estampillés Star Wars dans la chambre de Joe.
Pour finir, un des easter egg les plus significatifs est la présence de R2D2 dans Star Trek ! Ces clins d'oeils parsèment les récits de J.J. Abrams, saurez-vous les trouver ?
Un esprit J.J. Abrams ?
Vous l'aurez compris, J.J. Abrams aime le cinéma. Il aime manipuler l'audience, jouer avec son public et il aime faire plaisir au spectateur. Il aime évidemment le mystère, sa Mystery Box en est la preuve (merci à DarkyVady pour le lien). Le cinéma est pour lui le moyen de repousser les limites de l'imaginaire et la technologie permet de repousser les limites de ce que l'on peut représenter sur un écran, mais le mystère lui, n'a pas forcément besoin d'artifices poussés pour exister.
Mais avant tout il aime les personnages. Tout part de là, les relations entres eux, ce qui les poussent à vivre de formidables aventures, tout est là. Les mystères ne sont que là pour servir les personnages et les faire évoluer entre eux. C'est l'héritage qu'il retient de sa passion pour Spielberg, l'art d'une narration au service de l'humain.
Son cinéma a su évoluer au fil des années, mais la carrière du réalisateur se distingue par plusieurs aspects à celle de ses confrères. S'il ne renie en aucun cas la partie grand spectacle de ses productions (comme le prouve la démocratisation de l'univers Star Trek), il attache de plus en plus d'importance à créer des projets plus personnels qui donnent la part belle aux personnages. Son style s’assagit, la caméra frétillante des débuts se calme, mais l'aspect artisanal du cinéma Super 8 reste très présent et donne toujours un cachet très particulier à ses productions.
Quand Star Wars et Star Trek ne font plus qu'un
Kathleen Kennedy a fait un pari, celui de donner la main à un héritier de la génération Spielberg pour porter le projet Star Wars VII. L'homme connaît Star Wars, c'est indéniable. Il connaît la nouvelle présidente de Lucasfilm, c'est un conteur de choix, qui a l’intuition et les moyens pour gérer une telle franchise. Il est déjà bien intégré dans la production grâce à ses nombreux rapports avec Disney (via ABC), mais également avec ILM avec qui il a travaillé sur tous ses films depuis M:I-III.
Un choix qui parait le plus sage à ce jour, mais peut-être aussi le plus risqué. Nombres sont les détracteurs du cinéaste qui n'apprécient pas toujours les choix de l'auteur, ou qui ont l'impression qu'il en fait « toujours trop ». Si l'envie de voir un simple exécutant à sa place est grande, il n'empêche que de voir un grand fan à l’œuvre qui comprends l'essence de l'univers qu'est Star Wars et qui saura se donner les moyens de voir toujours plus loin est une bonne chose pour le futur de la Saga.
Reste l'incongruité de la situation qui place J.J. Abrams au centre des deux plus grosses franchises de l'histoire de la Science-fiction. Cependant, il est clair aujourd'hui que la gestion de ces deux sagas n'est pas la même. Avec Star Trek nous avons assisté à une sorte de « sauvetage » d'une franchise déclarée comme « morte lucrativement » par sa société de production, la Paramount. J.J. Abrams et son équipe ont ainsi créé un film en marge du Star Trek existant, affranchi de nombreuses contraintes scénaristiques. Leur objectif lors du développement de ce (ces) film(s) a été de recréer un univers adapté à un public plus large et de fournir un spectacle à la hauteur des attentes. Partant de ce postulat, il est clair que les équipes de production ont gagné leur pari.
Pour Star Wars VII, la situation est tout autre. Le film commandé par Kathleen Kennedy est et restera une suite à la Saga que nous connaissons sous l'égide d'un George Lucas qui semble avoir encore des choses à raconter dans son univers. Si l'on sait maintenant que Bad Robot fait également partie de la production, c'est toujours Lucasfilm qui produit le nouvel épisode de Star Wars, avec nombre d'anciens, Lawrence Kasdan en tête. De plus, Abrams connaît Star Wars (ce qui n'était pas forcément le cas pour Star Trek), et il est certain que l'homme saura respecter l'univers qu'il a à présent entre les mains.
Super 8 aura montré le chemin pour imaginer la mise en scène que J.J. Abrams pourra imposer sur son Star Wars. Une mise en scène hommage au travail de George Lucas avec une patte fraîche et moderne. Lucas déclare lui-même : « Il est le choix idéal pour diriger le nouveau film Star Wars et l'héritage ne pourrait pas être entre de meilleurs mains. ». Que dire de plus ?
Une petite note pour finir. L'annonce officielle et les premiers propos recueillis du réalisateur laissent imaginer que la sortie du film prévu pour 2015 pourrait très bien être repoussée si le calendrier semble trop serrer. Une décision logique quand on sait le travail à réaliser en amont pour ce genre de production. De plus, J.J Abrams n'est pour le moment prévu que pour l'Episode VII de Star Wars. La course aux réalisateurs pour la suite de la trilogie (et les éventuels spin-off ?) reste toujours ouverte, et nous ne manquerons pas de rester à l’affût de la moindre nouvelle.
Article proposé par Obiwan Keshnobi le 28 janvier 2013.
C'est officiel depuis quelques jours : le titre du nouveau film de la saga sera Star Wars : The Force Awakens. Suite au dévoilement du logo, une des réactions les plus partagées a été l'étonnement devant l'absence de la mention '"Episode VII". C'était en effet ainsi que le film était désigné depuis son annonce il y a deux ans. Un cadre de Lucasfilm, Matt Martin, a pourtant enfoncé le clou en confirmant que le film serait promu sous le seul titre Star Wars : The Force Awakens.
Précisons d'emblée que The Force Awakens reste évidemment l'Episode VII de la saga. Lucasfilm a confirmé que la numérotation apparaîtrait dans le texte défilant au début du film, comme dans les précédents épisodes. Mais dans ce cas, pourquoi ne pas l'inclure dans le titre ? Voici quelques éléments de réponse.
Il n'y avait pas non plus de mention d'"Episode" sur les affiches des Editions Spéciales de 1997, alors même que l'Episode I - La Menace Fantôme devait sortir deux ans plus tard.
De 1977 à 1999, Lucasfilm a donc toujours promu ces trois films sous les titres La Guerre des Etoiles (Star Wars en anglais), L'Empire Contre-Attaque et Le Retour du Jedi, sans numérotation. La raison en est évidente : il ne fallait pas faire fuir le spectateur potentiel qui aurait pu croire qu'il avait raté trois épisodes... qui n'existaient pas encore.
Les choses ont changé radicalement avec la Prélogie. Symboliquement, la première affiche promotionnelle de l'Episode I ne contenait pas le titre "La Menace Fantôme", mais juste " Star Wars : Episode I".
Sur les suivantes, dont l'affiche définitive, l'inscription "La Menace Fantôme" apparaissait, mais c'était l'inscription "Episode I" qui était mise en avant.
En insistant sur la numérotation, Lucasfilm faisait d'une pierre deux coups au niveau de la promotion. Premièrement, les gens ayant vu les précédents films Star Wars comprenaient immédiatement qu'il s'agissait d'une préquelle et non d'une suite. Deuxièmement, cela disait aux néophytes, et notamment aux jeunes, que ce nouveau film allait raconter le début de l'histoire. La Menace Fantôme leur paraissait donc accessible même sans avoir vus les trois précédents films.
Même après la sortie de La Menace Fantôme, l'insistance sur la numérotation gardait un intérêt pour Lucas. Non seulement cela permettait au spectateur de s'y retrouver dans cette saga atypique commencée par la fin, mais cela consolidait également sa vision d'une saga unifiée, racontant une seule histoire divisée en six parties. Les affiches définitives de l'Episode II - L'Attaque des Clones (2002) et de l'Episode III - La Revanche des Sith (2005) reprirent donc le modèle de l'Episode I en mettant en avant la numérotation.
Quand aux trois films de la Trilogie Originale, leurs jacquettes de K7 (2000) et de DVD (2004, 2006) étaient désormais affublées des chiffres "IV", "V" et "VI", à l'image de celles de la Prélogie. Les coffrets Blu-Ray (2011) confortèrent à leur tour cette imagerie des numéros.
Mais aujourd'hui, avec l'arrivée des nouveaux films, la situation est différente.
Tout d'abord, comme le dit clairement Matt Martin de Lucasfilm, "le numéro 7 pourrait intimider les néophytes". Il est en effet évident que pour une personne ne connaissant pas (ou peu) la saga, lire "Episode VII" sur une affiche est bien plus rebutant que de lire "Episode I", ou même "II" et "III". Il existe un risque réel pour que cette personne estime avoir raté trop de choses et pense ne pas pouvoir comprendre l'histoire.
Cela serait d'autant plus dommageable que The Force Awakens est censé marquer le début d'une nouvelle ère de Star Wars au cinéma. Tout comme Lucas à l'époque de La Menace Fantôme, Lucasfilm et Disney sont très conscients d'avoir une occasion de fidéliser un nouveau public, qui n'a pas forcément vécu la sortie de la Prélogie au cinéma et encore moins celle de la Trilogie Originale. Les rares informations officielles dont on dispose montrent d'ailleurs que de nouveaux héros seront introduits, auxquels la jeune génération pourra certainement s'identifier. Pour atteindre au mieux ce public, The Force Awakens devra être vu comme une porte d'entrée possible dans la saga.... Ce qui serait peu compatible avec le maintien de la mention "Episode VII".
Même pour les gens connaissant déjà Star Wars et souhaitant situer ce nouveau film, la mention "Episode VII" ne semble pas nécessaire. En effet, ce public pourra reconnaître les visages vieillis de Mark Hamill (Luke Skywalker), Harrison Ford (Han Solo) et Carrie Fisher (la Princesse Leia) sur les images promotionnelles, ce dont il déduira immédiatement qu'il s'agit d'une suite du Retour du Jedi. The Force Awakens marque également le retour à une construction "normale" de la saga, où chaque nouvel épisode se déroule après les précédents, ce qui permet au public de s'y retrouver sans avoir besoin de repères numérotés.
C'est donc très certainement cette absence d'intérêt promotionnel qui a poussé Lucasfilm et Disney à rayer la mention "Episode VII" du titre Star Wars : The Force Awakens.
Ce choix pose toutefois deux questions. Premièrement, les jacquettes de DVD et Blu-Ray de The Force Awakens comprendront-elles le chiffre "VII" ? Ce serait a priori une décision logique, permettant aux fans et aux cinéphiles de garder une collection Star Wars numérotée, tout en poussant le public nouvellement conquis à la compléter en se procurant les précédents épisodes.
Deuxièmement, en l'absence de ces numéros d'épisodes, comment les films de la saga et les spin-off seront-ils distingués aux yeux du public ? La numérotation aurait en effet pu servir de symbole clair d'appartenance à la saga, à l'opposé des spin-off qui raconteront tous des histoires séparées.
The Force Awakens sortira au cinéma le 18 décembre 2015.
*Note : La Guerre des Etoiles (Star Wars) n'est devenu officiellement l'Episode IV - Un Nouvel Espoir qu'en 1979, deux ans après sa sortie. Cela fut concrétisé à l'écran lors de sa ressortie au cinéma en 1981.
Note : Cet article a été écrit à la demande du Nouvel Observateur et publié le 08 novembre 2014 sur leur plate-forme participative : Le Plus.
C'est désormais officiel, Star Wars Episode VII a un titre : The Force Awakens. Pas encore de traduction officielle pour ce titre mais La Force se Réveille, Le Réveil de la Force ou L’Éveil de la Forcesera certainement le titre français de ce nouvel épisode. Mais que peut se cacher derrière ce titre ? Les titres des précédents films ont-ils été fort en révélations ? Réflexion garantie 100% spéculative.
Petit rappel historique tout d'abord, le premier Star Wars sorti en 1977 n'avait à l'origine aucun sous-titre, ce n'était que Star Wars, La Guerre des Étoiles en France. C'est fort du succès du film et de la mise en chantier du 2ème épisode que George Lucas a eu la possibilité de numéroter ses films, en passant tout de suite la 5ème ! Et c'est à la ressortie au cinéma du premier film en 1981, peu avant la sortie de The Empire Strikes Back (ESB – Ep V) que la mention Episode IV : A New Hope (ANH) fait sa première apparition.
Les deux trilogies existantes sont intimement liées. Les similitudes et parallèles sont très fréquents et font partie intégrante de l'identité de Star Wars. Et cela va jusqu'aux titres des films :
The Phantom Menace (TPM - Ep I) et ANH sont composés de 3 mots contre 4 pour les épisodes suivants. Ils présentent également un concept plutôt vague : un fantôme, un espoir. Le premier met l'accent sur une crise en devenir, un danger masqué par un voile. Le second au contraire dévoile le début de la solution, l'avenir s'éclaircit.
Attack of The Clones (Ep II) et ESB dévoilent des conflits directs, même si avant la sortie de AOTC, l’affiliation des clones n'était pas encore connue. Amis ? Ennemis ? Cela restait un grand sujet de spéculations. Cependant, le conflit militaire était mis en avant.
Enfin Revenge of The Sith (EP III) et Return of The Jedi (ROTJ – EP VI), les épisodes finaux de chaque trilogie opposent directement les deux entités mythiques de l'univers Star Wars, l'un voit la réussite du Fantôme et le dernier le triomphe de l'Espoir.
Et ce nouveau titre alors ? Et bien il semblerait que J.J. Abrams et les équipes de Lucasfilm poursuivent la tradition de George Lucas. The Force Awakens se compose lui aussi de seulement 3 mots et utilise un concept... Plutôt vague avec la Force ! Même si George Lucas a débuté un semblant de réponse tangible dans TPM autour du concept de la Force, elle reste un élément clé de la mythologie Star Wars. Élément qui sera certainement au cœur de l'intrigue de ce nouveau film.
Qu'est ce que la Force à la fin des deux trilogies ? Luke avec l'aide de son père, a vaincu l'Empereur, le Seigneur Noir des Sith. Ensemble ils ont accompli la prophétie et rétablissent « l'équilibre » dans la Force. Luke devient le dernier représentant de l'Ordre Jedi, dont il ne connaît en réalité pas grand chose. Qu'a-t-il accompli durant les 30 années qui séparent ROTJ de The Force Awakens ? Quel lien entretient-il avec la Force ? Doit-on considérer le fameux équilibre de la Force comme une période de sommeil ? Une nouvelle menace viendrait alors perturber cet équilibre et « réveillera » la Force ? Ou alors la Force se révélera enfin à son apogée maintenant que le déséquilibre est rompu.
En étudiant l'histoire de la Saga, on sait que George Lucas déclarait que la troisième trilogie aborderait des thèmes « moraux et philosophiques » ou encore la « transmission de ce qu'on a appris ». La Force incarne parfaitement la problématique entre pouvoir et responsabilité : elle nous dévoile « ce qu'on y apporte », comme l'explique Yoda à Luke dans l’Épisode V. C'est ce que l'on fait de la Force qui défini ce qu'elle est. Luke en tant que fils d'Anakin Skywalker a fait son choix durant la Trilogie Originale. 30 ans plus tard, il sera confronté à une nouvelle génération qui devra elle-même faire ses choix face à la Force. Serait-ce ces choix qui seront à l'origine de la nouvelle menace envers la Rébellion victorieuse, et du réveil de la Force ?
S'il est difficile de révéler l'histoire de The Force Awakens rien qu'à partir de son titre, il est toujours possible de trouver des pistes de réflexion. Quoi qu'il en soit, il est certain que Luke Skywalker, le dernier héritier de la Force sera au cœur du film.