StarWars-Universe.com utilise des cookies pour faciliter votre navigation sur le site, et à des fins de publicité, statistiques, et boutons sociaux. En poursuivant votre navigation sur SWU, vous acceptez l'utilisation des cookies ou technologies similaires. Pour plus d’informations, cliquez ici.  
Duel de Soldats
I-Le Soldat
 
La ville est en ruine. La presque totalité des bâtiments a été anéantie, que ce soit par les bombardements ou par les missiles des tanks de la République. La ville ressemble à un immense cimetière où des fantômes errent, à la recherche d'une cachette salvatrice. L'impression d'horreur est renforcée par la noirceur du ciel, due à l'agglutination de nuages menaçants. Il pleut très souvent, rendant le sol boueux et spongieux. Il pleut comme si la planète tout entière pleurait le drame qui se déroulait sous ses yeux. La République est en guerre contre elle. Ses milliers de soldats ont débarqué pour mettre un terme à la sédition de Nolvana, planète jusque là prospère et paisible. Des milliers de clones mais aussi des machines de guerre, des chasseurs... Et même, des Jedi. Ces maudits Jedi qui, à l'aide de leur sorcellerie insensée, mènent leurs troupes avec bravoure et détermination. Ils les guident dans les ruines de la capitale, véritable champ de bataille. Les rues sont désertes et jonchées de débris, les carrefours sont obstrués par des carcasses encore fumantes de mécanoïdes. Les hauts immeubles ont la grande majorité de leurs fenêtres explosées, des débris de verre se répandant un peu partout. Ces mêmes immeubles sont noircis par la poussière et les cendres. Jadis paisible, Nolvana et sa capitale offrent désormais une vue cauchemardesque.

***

Tout a commencé il y a trois mois. Ne supportant plus la politique d'ignorance menée par la République auprès des autorités Nolvaniennes, celles-ci ont décidé de rejoindre le mouvement Séparatiste du Comte Dooku, croyant en la possibilité d'un futur meilleur. Nolvana a déclaré publiquement au Sénat, sa volonté de quitter la République afin de se construire un avenir serein, un avenir sans corruption, sans manœuvres politiciennes et sans complots en tout genre. Un idéal bien difficile à atteindre. Surtout quand la République et son armée ont décidé de vous en empêcher. Tout à coup, dès que Nolvana a menacé par sa sécession de couper l'approvisionnement en denrées de certains mondes riches du Noyau, le Sénat a demandé l'envoi de troupes armées pour rétablir l'ordre.

Mais les autorités Nolvaniennes ont refusé de céder, répétant à l'envie qu'elles étaient libres de choisir leur destin. Dooku a personnellement appuyé cette démarche, envoyant des contingents de superdroïds sur la planète pour la défendre. Sentant que la situation lui échappait, la République a fait de Nolvana une de ses priorités. Les Jedi aussi. Du jour au lendemain, la guerre s'est déclarée. Une guerre sans pitié, sans pardon, sans retour en arrière possible. Au début du conflit, les forces Républicaines ont littéralement enfoncées les lignes Nolvaniennes, les repoussant sans cesse, massacrant les droïds de la Confédération ainsi que les soldats natifs de la planète. La République ne faisait pas de détail : elle bombardait massivement, réduisant en poussière les villages qui lui résistaient, elle lançait ses machines de guerre en première ligne, dévastant tout sur leur passage. Les Nolvaniens ne cessaient de reculer, se rapprochant toujours un peu plus de leur capitale.

Mais la situation a changé.

D'abord parce que l'hiver a pointé le bout de son nez : les températures ont chuté et la visibilité s'est réduite. Dans ces conditions, la République a perdu petit à petit de sa superbe car elle connaissait bien moins le terrain que les natifs. Et surtout, les autorités Nolvaniennes ont décidé que leur capitale serait le cœur de la guerre, que c'était en ce lieu que la bataille allait se gagner... Ou se perdre. La ville s'est donc transformée en une cité fortifiée, rapidement assiégée. Mais les soldats de Nolvana ont trouvé des ressources insoupçonnées pour défendre leur capitale, pour en faire un lieu de martyr pour les forces de la République. Les natifs ont aménagé leur capitale en une zone particulièrement dangereuse, truffée de pièges, de guet-apens... Mieux, ils ont érigé un véritable mur de défense qui semblait crier à la face des forces Républicaines : "Vous ne passerez pas !". Et la République n'est pas passée. Des hordes de clones ont tenté de prendre la capitale, en vain. Des tanks-scarabées ont été envoyés, aucun n'est revenu. La résistance des Nolvaniens est à la fois héroïque et incompréhensible. Héroïque, parce qu'ils luttent depuis maintenant 3 mois et 28 jours. Incompréhensible parce que pour préserver leur liberté, ils ont été jusqu'à provoquer la perte de leur capitale.

Ne parvenant pas à prendre la ville, la République a décidé de la raser de la carte. C'était il y a 8 jours. Au petit matin, des bombardiers ennemis ont troué l'épaisse couche nuageuse et ont déchainé les enfers. Les bombes sifflaient en tout sens, explosaient violemment, emportant à chaque fois dans la mort des soldats... Et des civils. Le siège aérien a duré toute la journée, sans arrêt. Au crépuscule, la capitale était ravagée. Des cratères immenses étaient apparus en son sein, les immeubles s'effondraient les uns après les autres, des volutes de fumée immenses grimpaient vers les cieux. La capitale était à genoux. Sûre de son fait, la République a lancé un nouvel assaut. Ce fut terrible. Mais ce que la République ne savait pas, c'est que les Nolvaniens avaient construit sous leur ville un impressionnant réseau de tunnels et de caches, leur permettant pour la plupart de survivre aux bombardements. Ces soldats ressortirent au moment voulu, prenant en étau ou à revers des forces Républicaines trop confiantes. Ce fut un carnage. Des milliers de soldats et de clones moururent ce jour-là, jonchant le sol sale de cadavres ensanglantés. Les Nolvaniens étaient parvenus à installer des blasters automatiques sur pied aux fenêtres des immeubles encore debout. Pris dans un feu croisé destructeur, les clones furent massacrés avant même d'avoir pu réagir. Plus tard, ce furent les mines à plasma qui firent trembler les forces ennemies, carbonisant les soldats, atomisant les mécanoïds. Au bout de 12 heures de bataille, le général Jedi ordonna la retraite et les forces Républicaines se replièrent aux alentours de la ville, là ou elles avaient installé leur camp de base.

La capitale de Nolvana avait gagné le droit à un répit, mais à quel prix ! Lors des rares moments de calme, les militaires devaient ramasser les cadavres et les empiler dans des impasses, là où ils ne gêneraient pas les manœuvres des convois armés. Le soir, les amas de corps étaient brûlés, d'immenses flammes grimpant aussitôt vers le ciel, lui donnant une teinte rougeoyante. Le siège avait également affamé la population qui crevait littéralement de faim. On retrouvait tous les jours des civils décharnés, morts dans des coins boueux et malodorants. La ville ne possédait plus d'électricité, ni d'eau potable. Les maladies se répandaient inéluctablement et les autorités, retranchées dans leur quartier général, n'avaient ni le temps ni les moyens d'y faire quelque chose. La capitale mourrait à petit feu. Inéluctablement. Mais il était trop tard pour reculer.

***

J'ai l'impression de ne plus me souvenir de ce que l'on ressent quand les rayons du soleil caressent votre peau. Je ne me souviens plus non plus de la dernière fois où j'ai pris un bon bain chaud, ou un bon repas. Tous les jours, je lutte pour ma survie, tous les jours, je crains d'être emporté par la mort. Et la nuit, bien souvent calfeutré dans une cachette de fortune au milieu des rats, je fais des cauchemars. Des cauchemars horribles. Je vois des cadavres se relever pour me poursuivre, je les sens s'agripper à moi, ralentir ma fuite, m'enserrer le cou, m'étouffer petit à petit. Je dors mal, je suis fatigué, je suis à bout de nerfs. Et pourtant, il faut se battre, encore et toujours. Appliquer les ordres, repousser l'ennemi, donner la victoire. Ma ville ne ressemble plus qu'à une immense plaie béante, je ne reconnais plus les quartiers dans lesquels je déambulais, nombre de mes amis sont morts, mais je n'ai même pas le temps de m'en attrister ! Je n'ai pas le temps car déjà les ennemis sont de retour, et je dois reprendre mon arme. Ma seule amie. La seule chose qui me raccroche encore au monde des vivants. Vivre pour tuer, tuer pour vivre. Je m'appelle Endrik Del et je suis lieutenant dans les Forces de Défense Nolvanienne.

***

- "Endrik, réveille-toi !"
J'ouvris les yeux avec difficulté et me passai aussitôt la main sur le visage pour me les frotter et m'éclaircir la vue. Je regardais alors le jeune homme qui se trouvait à mes côtés et qui venait de me secouer l'épaule. Je m'étonnais une fois de plus de la jeunesse de ce visage, de la douceur de ses traits juvéniles. On aurait dit un enfant. Mais n'en était-il pas un après tout ? Avoir 16 ans et être plongé dans une terrible guerre n'est pas quelque chose de compatible. Et pourtant il était là ! Tomek était un soldat enrôlé de force que j'avais pris sous ma protection. Ou que tout du moins je surveillais. Mais je ne voulais pas le considérer comme mon ami parce que je savais pertinemment qu'un jour où l'autre, il allait mourir et que cela me déchirerait le cœur. Je faisais donc tout pour ne pas m'attacher à lui. Je le traitais comme un soldat, rien de plus.
- "Qu'est ce qu'il y a ?" murmurais-je en me redressant contre le mur sur lequel je m'étais endormi.
- "Mouvement ennemi repéré dans le secteur Sud !"
Ces simples mots suffirent à me mettre en état d'alerte. Je bondissais sur mes pieds et tout en me baissant, je me rapprochais de la fenêtre la plus proche. Discrètement, je jetais un coup d'œil au dehors. Tout semblait calme, mortellement calme. Je me trouvais au dernier étage d'un immeuble de cinq étages à la façade criblée d'éclats d'obus. Il n'y avait plus aucune fenêtre d'intacte, ce qui permettait à de glaçants courants d'air de circuler dans la structure.

Mes yeux balayèrent les rues aux alentours en une fraction de seconde. J'avais acquis des réflexes depuis le début de cette guerre, j'étais devenu particulièrement observateur et remarquait les moindres détails anormaux. La ville qui s'étendait à mes pieds n'était plus qu'un amas de pierre, de permabéton, de ferracier et de tôle carbonisée. Ce n'était plus une capitale, c'était une ville fantôme jonchée de débris. Je me retournais vers Tomek qui me dévisageait avec ses grands yeux bleus. Son visage était couvert de suie, ce qui faisait ressortir son regard de glace. Il se passa nerveusement la main dans les cheveux et dit :
- "Alors ?"
- "Je n'ai rien vu. Tu es sûr de toi ?"
- "Oui, je les ai vus progresser au niveau de l'airtaxi écrasé !"
- "Combien sont-ils ?"
- "Je l'ignore."

Je réfléchis quelques secondes avant de me remettre en position auprès de la fenêtre. Je regardai aussitôt en direction de la carcasse encore fumante de l'airtaxi. Je restai là quelques secondes, immobile, la respiration haletante... Là ! Un mouvement !
Je saisis aussitôt mon fusil lunette DLC-38, tout droit sorti des usines de technologie de pointe Nolvaniennes, et réglais la lunette de visée. Oui, Tomek avait raison, des ennemis étaient bien en approche. Je pouvais discerner le sommet d'un casque de clone qui apparaissait par intermittence au niveau d'une vitre brisée de l'airtaxi. Je ne pouvais pas savoir précisément, par contre, combien ils étaient. Mais leur simple présence déclenchait en moi une grande appréhension et en même temps un sentiment jouissif. J'allais intervenir, j'allais une fois de plus me servir de mon arme pour la défense de Nolvana. Je savais que ma cause était juste, que j'étais dans mon droit. Ils étaient les envahisseurs, ils étaient les meurtriers ! C'est ce que je me répétais toujours avant de tirer. Avec à chaque fois, de moins en moins d'effet.

Je posai avec délicatesse le bout de mon fusil sur le rebord en béton de la fenêtre et plaçai lentement mon œil devant le réticule de visée. Mon doigt vint caresser la gâchette et s'immobilisa, prêt à faire feu. Je restai impassible, guettant la moindre erreur de mes adversaires. Je savais qu'elle ne tarderait pas à venir. Il suffisait juste d'être patient, terriblement patient.

Je ne sais pas combien de minutes s'écoulèrent ainsi. Je ne faisais même plus attention aux gouttelettes d'eau qui s'écrasaient inlassablement sur le rebord de la fenêtre, pas plus que je ne faisais attention à la respiration rapide de Tomek juste derrière moi. Je savais que le jeune homme me regardait, je pouvais le sentir. Il devait être intrigué. On aurait pu me croire endormi, je ne bougeais pas, et les soulèvements de ma poitrine étaient imperceptibles.

Et soudain, je la vis. Une tête casquée venait d'apparaître au niveau de l'avant défoncé et carbonisé de l'airtaxi. Elle redisparut presque aussitôt. Mais je savais à présent que les clones n'allaient pas tarder à se mettre en mouvement, qu'ils se pensaient hors de portée. Je retins ma respiration. La tête réapparut, et une main gantée fit un signe annonçant un mouvement imminent des soldats. Mon tir déchira le silence qui régnait dans la ville morte. Le tir de laser vint se loger en plein dans la boite crânienne du clone. Le casque explosa littéralement, propulsant des débris de métal et de verre en tout sens. Les autres clones se jetèrent à couvert derrière l'airtaxi alors que le corps de leur chef s'écroulait lamentablement dans une flaque d'eau.
- "Tu l'as eu ?" demanda aussitôt Tomek derrière moi.
- "Oui."

***

L'avantage après le premier tir, c'est que l'ennemi n'a pas pu vous localiser, pas encore du moins. L'effet de surprise étant avec vous, vous bénéficiez de l'avantage. Ils ne peuvent déterminer où vous êtes précisément et se sentent donc traqués. Et quand on est traqué, on commet forcément d'infimes erreurs qui peuvent coûter très cher.

Un bout de casque réapparut au niveau de la fenêtre arrière brisée de l'airtaxi. Sans aucun scrupule, sans aucun remord, sans même réfléchir, j'appuie de nouveau sur la gâchette. Le laser transperça le casque et arracha un bout de cervelle au clone qui bascula à la renverse. Le silence revint aussitôt.
- "Tu l'as eu ?"
- "Oui."
- "Combien sont-ils encore ?"
- "Je dirai deux, sans certitude."

***

L'inconvénient, après le second tir, c'est que l'ennemi a pu vous localiser. En général, il essaye lui aussi de vous atteindre mais étant vous même un professionnel, vous ne vous faites pas avoir car vous avez déjà tout anticipé, tout prévu. Mais ce jour là, mes adversaires avaient une ressource inattendue.

Je vis tout à coup un long tube métallique apparaître par la fenêtre brisée de l'airtaxi et dont l'embout était précisément dirigé vers l'immeuble dans lequel je me trouvais. J'eu une fraction de seconde pour réagir. Je bondis sur mes pieds, me précipitai vers Tomek et, tout en me jetant sur lui, je hurlai :
- "A TERRE !!"
Quelques millisecondes plus tard, une roquette perfora de plein fouet la façade de l'immeuble dans un sifflement caractéristique, arrachant des pans entiers de béton, faisant s'écrouler la majeure partie du toit et mettant en péril l'intégrité même de la structure. Des blocs de pierre se déversèrent sur le sol, s'écrasant avec violence, meurtrissant le sol. Par chance, je ne reçus pas de débris importants même si je fus sérieusement touché au niveau du dos. Et, quand la pluie de débris cessa, j'eus le soulagement de constater que Tomek et moi n'étions pas ensevelis vivants. Nous parvînmes rapidement à nous dégager des décombres et en rampant à travers l'épaisse fumée, je me dirigeais vers un trou perforé dans le mur. J'y glissais le bout de mon fusil et ajustais une fois de plus mon œil droit dans la lunette. Les deux clones restants me croyaient très certainement mort après cette attaque. Et dans un cas semblable, l'ennemi devient toujours trop confiant et finit toujours par apparaître à découvert.

Alors que de grandes fissures venaient craqueler les murs encore debout de l'immeuble, je vis les deux soldats de la République sortir de leur cachette et se précipiter en courant vers un autre abri de fortune. Ils n'arrivèrent jamais à destination. Je pressai la détente une première fois et une fraction de seconde plus tard, le premier soldat s'écroulait sur une plaque de duracier, du sang s'écoulant en abondance de sa carotide tranchée. Le temps d'un battement de cœur, je visais le dernier clone et fit feu. Fauché au niveau du cœur, l'homme pivota sur lui même avant de tomber sur son camarade.

J'attendis quelques instants, calmai les battements affolés de mon cœur et essuyai rapidement la sueur qui perlait sur mon front. Et comme à chaque fois, j'entendis Tomek me demander :
- "Tu les as eus ?"
- "Oui... Comme d'habitude."

Tomek me sourit et s'écria :
- "Alors viens, rentrons au campement et fêtons ton nouvel exploit ! Je suis sûr que tout le monde voudra célébrer l'homme aux 188 tués !"
Modestement, je répondis :
- "Oui, probablement."

Je m'appelle Endrik Del et je suis lieutenant dans les forces de Défense Nolvanienne. Je suis un sniper.
Page suivante >>