Attention, l'avis qui suit est 100% subjectif et 1138% spoilers ! Si vous n'avez pas vu les trois premiers épisodes d'Obi-Wan Kenobi... fuyez (pauvres fous) !
Voilà donc ce que cette série avait dans le ventre. Le potentiel était évident depuis le début, depuis les premières images et surtout après un pilote que j'ai trouvé excellent. Si, je trouve, la série s'est un peu perdue dans son développement, ce final confirme à mes yeux la pertinence de ce projet Obi-Wan Kenobi. Cependant, je vais m'arrêter ici pour l'analyse globale que je réserve à une actualité ultérieure. Nous allons donc nous concentrer sur le 6 ème épisode et final de la série (ou juste de la saison ? #RestezConnectésàSWU #OuiJeRecommenceAvecMesHashtags). Petit rappel : l'analyse qui suit est totalement subjective !
Bonne lecture !
Les personnages "legacy"
Voilà comment Lucasfilm nomme les personnages dits "légendaires" dans leurs discussions stratégiques. Je crois que vous les connaissez, il s'agit de quelques têtes à peine connues (Luke, Leia, Han, Vador, Obi-Wan...), bref, les personnages les plus marquants de notre galaxie lointaine. Ainsi, l'utilisation de ces personnages dans de nouvelles oeuvres de fiction a de nombreuses implications.
Premièrement, il y a un côté stratégique comme je le disais. Vous êtes un décideur, vous possédez la licence Star Wars, vous regardez ce qui marche autour de vous dans le paysage cinématographique et télévisuel et vous constatez l'omniprésence de cette tendance au retour de personnages mythiques (les Spider-McGuire et Spider-Garfield, le cast original de Jurassic Park, notre bon vieux trio de la trilogie originale...). Il n'est donc pas suprenant que des projets Boba Fett et Obi-Wan aient vu le jour. C'est commercialement intéressant.
Mais nous sommes dans un domaine culturel, donc il faut une bonne raison, une bonne histoire à raconter pour ramener ses personnages au risque d'essoufler une licence au sens large. Ramener Obi-Wan sur le devant de la scène doit donc être justifié.
Nous pouvons donc aujourd'hui donner un début de réponse à la question qui paraissait centrale dès le début : est-ce que cette série a quelque chose d'intéressant à apporter à notre Jedi ?
Ce final permet de franchement pencher vers le oui comme réponse. Mais dans le global, ce constat sera à atténuer (#ActuAvisGlobalAVenir).
Une rencontre au sommet
Le duel est puissant, l'iconisation parfaite, le visuel travaillé, la série nous sort tout son potentiel dans ces quelques minutes où la puissance de Star Wars nous revient en pleine tronche (pour notre plus grand bonheur).
Les scènes de combat n'étaient pas toutes excellentes dans les précédents épisodes, le premier duel était lui aussi surprenant, mais celui-ci vaut le détour et va s'inscrire parmis les moments forts de la saga au sens large (regardez toutes les vidéos YouTube déjà sorties sur le sujet en quelques jours).
Obi-Wan est revenu d'entre les morts et est enfin prêt à affronter son pire cauchemar, non pas afin de vulgairement gagner et vaincre un adversaire, mais pour donner une ultime leçon et se défaire de son fardeau.
La scène est donc importante dans la mythologie de ce personnage : il en sort guéri, grandi. Car il ne faut pas oublier que les combats et les scènes d'action, notamment les duels, ne sont pas censés être de simples moments funs (même si c'est cool) mais bien des éléments faisant avancer une intrigue, évoluer les personnages.
Et ici nous avons une évolution. Les deux protagonistes en sortent changés à jamais.
Quid de Vador ?
Pour lui aussi la séquence est fondamentale.
Déjà, l'iconisation est parfaite. Quand son casque est brisé, les jeux de changements de voix passant de celle de Hayden Christensen/Anakin Skywalker à James Earl Jones/Dark Vador et le jeu de lumière sur son visage déformé par la haine (et un brin de lave) sont certes un brin convenus mais terriblement efficaces...
Ce sont des scènes que j'ai déjà envie de revoir tant leur puissance évocatrice et leur degré mythologique sont forts.
Ainsi, Vador ne ressortira pas indemne de cette rencontre, aussi bien physiquement que psychologiquement.
Physiquement d'abord car nous entendons à nouveau ce râle découvert dans Le Retour du Jedi, la respiration du Seigneur Sith étant difficile, nous rappelant que sous l'armure il n'y a qu'un homme.
Psychologiquement surtout puisqu'un nouveau point de non-retour est franchi.
En effet, Vador nous est présenté comme complétement obsédé par Kenobi. L'avoir face à lui et constater deux fois de suite la supériorité de son ancien maître met à mal et l'égo et peut-être aussi les certitudes de Vador.
Le bonhomme reste quand même ambivalent. J'ai trouvé que quelque chose d'intéressant sortait de lui et de son comportement : on dirait qu'il a envie d'être sauvé de lui-même.
Pourquoi ne pas tuer franchement son ancien maître plutôt que de le laisser sous terre enseveli sous de la roche ? Pourquoi ne pas lui transpercer le coeur histoire d'être sûr ? De plus, à ce moment, il y aura eu encore un de ces "levages de sourcils" pour moi. Je m'explique : s'il veut le tuer et qu'il peut sentir sa présence, pourquoi ne le tue-t-il pas tout simplement, vérifiant la présence d'un corps inerte ? Et en partant comment ne sent-il pas son ancien maître faire appel à toute sa maîtrise de la Force à quelques mètres de lui ? Bizarre.
La seule explication que je trouve (à peu près) satisfaisante est celle que je vous propose : il n'a pas vraiment envie de tuer Kenobi à ce moment-là et a peut-être même envie que ce soit l'inverse.
Autre élément qui donne du crédit à cette supposition : Vador explique à Kenobi qu'il n'est pas responsable de la dispararition d'Anakin. Cette phrase est une délivrance pour Obi-Wan ! Et Vador lui offre sur un plateau de se libérer de la culpabilité évidente qu'il porte depuis des années. Pourquoi lui dire que c'est lui qui a fait ses propres choix ? Si ce n'est pour soulager son ancien ami ? Il aurait très bien pu continuer à le tourmenter, jouer sur une fibre sensible pour avoir le dessus et gagner, une bonne fois pour toute.
Mais il ne le fait pas.
Malheureusement, la série ne nous offre qu'une supposition ici. J'aurais aimé qu'elle tranche peut-être un peu plus cet aspect. Mais j'aime cette idée. J'aime me dire que 10 ans après la Revanche des Sith, Vador n'a pas encore tout à fait tuer Anakin qui est présent en lui, préservant coûte que coûte la part d'humanité que touchera Luke bien plus tard.
Leia
Toujours aussi attachante, la petite Leia est donc sauvée et même si on comprend mieux pourquoi elle nommera un jour son fils "Ben", il est peut-être plus "problématique" de se souvenir d'Un Nouvel Espoir et de sa manière d'être et de réagir face à Obi-Wan et sa mort, elle qui l'a connu enfant (ce qui n'est pas le cas de Luke car pour lui, rappelons-le, Obi-Wan c'est ce voisin chelou).
J'ai beaucoup aimé son personnage et les clins d'oeil à la leader intrépide qu'elle deviendra font plaisir. Cependant, si je veux être objectif, il peut paraître gênant ou facile de considérer qu'à 10 ans, une enfant dispose déjà de toutes les qualités qui feront sa force plus tard. Laissons-lui le temps de grandir.
Luke de son côté apparaît bien comme l'enfant qu'il est. Presque timide bien qu'avenant, aidant son oncle et sa tante. L'enfance de Luke fait bien plus envie que celle de Leia !
En effet, la réplique à cette petite critique de ma part peut se faire en mettant en avant l'éducation "royale" de Leia. Mais elle a quand même 10 ans et est déjà parfaitement en accord avec celle que nous découvrirons dans Un Nouvel Espoir. Souvenez-vous de comment vous étiez à 10 ans pour rigoler ... ^^
Owen
J'ai vu passer ce même avis en forum et j'étais content de constater que je ne suis pas le seul à apprécier ce personnage et son rôle de père dans cette série. Il est agréable de le voir si farouchement investi dans la protection de Luke tout comme il est cool de voir Beru donner des ordres à cet homme bourru.
Bail est souvent dépeint comme un père modèle, mais Owen fait aussi le job et peut-être encore mieux, offrant une vraie vie saine d'enfant à Luke (ce que Leia n'a pas avec ses cousins royaux relous et le protocole étouffant).
J'ai particulièrement apprécié cette séquence.
Reva
Celles et ceux d'entre vous qui avaient suivi mes critiques avec assiduité (déjà merci ça fait plaisir), vous vous souvenez peut-être que pour moi Reva était un personnage que j'avais hâte de découvrir. Or, la fin de son arc dans la série me laisse sur ma faim et un brin déçu. Le parallèle entre sa traque et le duel Vador/Kenobi est sympa mais nous savions déjà comme cela aller finir : elle n'allait pas enlever Luke (on ne peut décemment pas réutiliser l'exact même procédé narratif deux fois de suite, elle n'allait pas le tuer, elle doit accomplir une certaine rédemption).
Sa rédemption viendra donc du choix de ne pas tuer Luke, pour ne pas reproduire ses traumatismes. C'est intéressant mais convenu.
D'ailleurs, ce qui la pousse à comprendre que Luke est une autre cible potentiel n'est pas très clair.
Bref, son histoire, bien qu'ayant énormément de potentiel, est loin d'être la plus intéressante sur ce final.
Obi-Wan la laisse d'ailleurs partir en ayant connaissance du plus grand des secrets, lui faisant donc visiblement confiance... Etrange.
Obi-Wan en mode Lucky Luke
L'ancien ermite nous gratifie donc d'un "Hello There" des familles en rencontrant Luke avant de partir dans le désert en chantant "I"m a poor lonesome cowboy"... ou presque.
Sur le trajet lui apparaît donc enfin Qui-Gon comme si, le fait d'être enfin en paix avec lui-même faisait sauter le blocage qu'il ressentait (ou alors il vient râler sur le fait que lui il n'a pas survécu à un coup de sabre laser dans le bide !). Je trouve cet aspect intéressant : son traumatisme avec Anakin, sa honte, sa culpabilité l'avaient éloigné et peut-être même coupé de la Force, rendant impossible la maîtrise de ce pouvoir. Ce n'est donc qu'en affrontant son passé et en le dépassant qu'Obi-Wan retrouve le contact avec son ancien maître.
J'aime cet aspect.
La fin reste donc ouverte. Obi-Wan fait confiance à Beru, Owen pour protéger Luke et à Reva pour ne pas révéler le secret. Il va donc probablement chercher quelques cantinas locales histoire de rattraper le temps perdu en sirotant une bonne vieille eau-de-vie savarienne tout en faisant la leçon à cette jeune génération trop accroc aux bâtons de la mort à son goût.
NOTE : 95%
On en parle sur le forum dédié !
Blue a écrit:mais donc, je te repose la question : puisqu'il n'est plus question de tuer Anakin, qu'est-ce qui empêche Obi-Wan de tuer Vader ?
DRIII a écrit:Il y a quelque chose de pathétique dans cette scène. Vader n'est pas Sauron dans cette scène, c'est Gollum.
DRIII a écrit:Moi ça ne m'a pas dérangé non plus qu'Obi-Wan laisse Vader seul, blessé, vociférant. Il y a quelque chose de pathétique dans cette scène. Vader n'est pas Sauron dans cette scène, c'est Gollum.
xximus a écrit:le code Jedi.
Anthony11 a écrit:Le code Jedi était valable quand ils étaient à 10000 contre 1, dès qu'ils découvrent que Palpatine est un Sith c'est fini, Windu et Yoda veulent tuer Palpatine, et Obi-Wan doit tuer Anakin (selon les ordres de Yoda lui-même).
xximus a écrit:Blue a écrit:mais donc, je te repose la question : puisqu'il n'est plus question de tuer Anakin, qu'est-ce qui empêche Obi-Wan de tuer Vader ?
La même chose qui aurait dû empêcher Anakin de tuer Dooku : le code Jedi.
Blue a écrit:Je ne suis pas certain que le parallèle que tu proposes serves tant que ça ton idée : Gollum n'est pas une figure de détresse dans le SDA.
C'est d'abord un personnage ambigu, qui certes est profondément pathétique, mais dans le même temps extrêmement dangereux, si bien que le prendre en pitié n'est pas vraiment une bonne option. C'est précisément ce que dit Frodo à Gandalf lorsqu'il reproche à Bilbo de l'avoir épargné.
La fin du livre donne raison à la pitié de Bilbo, mais pour de tout autres raisons.
xximus a écrit:Anthony11 a écrit:Le code Jedi était valable quand ils étaient à 10000 contre 1, dès qu'ils découvrent que Palpatine est un Sith c'est fini, Windu et Yoda veulent tuer Palpatine, et Obi-Wan doit tuer Anakin (selon les ordres de Yoda lui-même).
Mais l'un n'empêche pas l'autre : tout cela est vrai, "d'un certain point de vue."
Je ne crois pas que la prélogie nous montre que Mace Windu et Yoda sont de parfaits Jedi justement. De même, Obi-Wan a ses failles et choisit de ne pas verser dans la vengeance/le meurtre. Il est libre, de ses propres mots.
Je préfère à titre perso cette proposition plutôt qu'un deus ex machina qui sépare les deux protagonistes. Au moins ici les personnages motivent la scène.
DRIII a écrit:Blue a écrit:Je ne suis pas certain que le parallèle que tu proposes serves tant que ça ton idée : Gollum n'est pas une figure de détresse dans le SDA.
Ah si. C'est un être pathétique qui vit dans la souffrance. Une déchéance physique, une tragédie personnelle.
dusse6 a écrit:Le souci, c'est qu'à la fin de la scène, de nombreuses personnes, dont moi, ne comprennent pas pourquoi Obi-Wan se barre. On peut discuter entre fans du pourquoi et du comment, le code Jedi et tout ça. Mais la scène ne fonctionne pas à elle seule. Les motivations d'Obi-Wan ne semblent pas claires, voire incohérentes avec ce qui précède (et avec ce qui suit, puisqu'il dans son dialogue avec Luke dans ROTJ, il sous-entends clairement que ce dernier doit tuer Dark Vador).
Blue a écrit:Donc non, à mes yeux, ça n'a strictement aucun sens. C'est comme si les Soviétiques étaient venus dans le bunker d'Hitler, l'avaient trouvé, lui avaient cassé les genoux et étaient repartis en mode "À la prochaine Alfie". It doesn't make any sense
dusse6 a écrit:Le souci, c'est qu'à la fin de la scène, de nombreuses personnes, dont moi, ne comprennent pas pourquoi Obi-Wan se barre. On peut discuter entre fans du pourquoi et du comment, le code Jedi et tout ça. Mais la scène ne fonctionne pas à elle seule.