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Critiques positives
 
L'Aurore (15/08/77)
Guy Teisseire
Et même si certains chroniqueurs parisiens font aujourd'hui la fine bouche, il est assez probable que ce film phénomène leur survivra.

Ecran 77 (15/09/77)
Claire Clouzot
La poétique de Lucas a tout dans son grand sac à malices électroniques. Sa princesse, c'est Jeanne d'Arc joufflue ou Ulriche Mainhof. Lord Vader, c'est Hitler ou Poniatowski. Le tout en images néon d'Epinal puisque Star Wars ne fait pas appel aux fanatiques de science-fiction mais à la conscience populaire. [...] Lucas à réussi l'impossible: à force de recherche maniaque, il est parvenu à rendre sa folie plausible et sa plausibilité surréelle et inquiétante. [...] Avec son grand joujou [il] nous a rendu la régression facile. On ne reviendra pas sur Terre d'ici lontemps.

L'Express
Grâce au coup de pouce de l’humour - suprême habileté - le reste passe. Et, devant la maestria des effets spéciaux, devant ces scènes étonnantes où des vaisseaux blancs se donnent la chasse sur fond d’infini étoilé, plongent dans des canyons futuristes, font exploser des planètes, on se retrouve, petit garçon, devant un spectacle magique.

Le Figaro
A quoi bon bouder notre plaisir s’il peut nous apporter l’illusion de vivre une seconde enfance ? « Peau d’astre » nous est contée. Pourquoi ne pas y prendre un plaisir extrême ?

Lumière du Cinéma (10/1977)
Gilles Gressard
Contrairement à 2001, A Space Odyssey [...], Star Wars revendique son délire et sa gratuité. Le film [...] appartient à ce que Tzetan Todorov, dans son "Introduction à la littérature fantastique", appelle le merveilleux exotique : une suite d'événements fantastiques acceptés comme naturels car se déroulant dans des régions inconnues. Star Wars ne met en scène aucun Terrien [...], ne plonge pas ses personnages au-delà du réel comme la plupart des films fantastiques traditionnels, c'est déjà de l'autre côté du réel. [...] Le film [...] retourne aux mythologies hollywoodiennes d'antan. [on y trouve] une certaine nostalgie des serials de science-fiction d'avant les années cinquante, d'avant la dénonciation du péril atomique, d'avant la psychose des invasions insidieusement extraterrestres, d'avant la "speculative fiction". [...] C'est dans des récits féeriques de dictatures renversées et de paix rétablies par un jeune héros élu des dieux que l'Amérique retrouve son âme d'ange gardien du monde libre et de garant de valeurs morales qu'elle n'arrive plus à faire respecter dans sa propre maison. Le rêve américain n'est plus à une contradiction près.

La Marseillaise (31/10/77)
Pierre Paret
Ce film s'adresse à la fois aux rêveurs, aux intellectuels et aux enfants. Aux rêveurs pour l'étrange voyage qu'il nous fait faire dans le futur intersidéral, aux intellectuels par sa puissante bouffée visuelle d'où se dégage l'accord d'une plastique et de son objet. Aux enfants par ses héros de chevalerie, tout droit sortis des romans de la Table Ronde, pour s'affronter dans les espaces galactiques. [...] On est saisi d'emblée par l'unité de l'oeuvre. la science-fiction, point de départ du film, s'élargit tellement qu'elle devient réalité, façon d'imaginer ce que peut être demain. Chaque chose, chaque détail est d'une logique implacable et tend vers une vision réaliste du futur.

Le Nouvel Observateur
Dans notre civilisation exorbitante, désorbitée, où règnent l’ordinateur et la carcasse métallique, et qui sent de plus en plus fort la « rousse » et le roussi (voici venir le temps des brûleries d’atomes, sous escorte policière), le film de Lucas a tenté, avec les moyens du bord, de mettre sur orbite, imaginaire, quelque chose de neuf, de frais, de juvénile; de lancer, un peu bégayant, le bip-bip de quelque chant nouveau.

Le Parisien (24/10/77)
Eric Leguère
Immense recueil de belles images héroïques et poétiques, ce film est l'aboutissement en superproduction de ce qu'avait commencé Méliès.

Positif (9/77)
Robert Benayoun
[On retrouve dans Star Wars tous les films qui sont] des films musculaires, des films d'adrénaline, d'ozone ou de poussière qu'on peut accessoirement relier à leurs composantes expressionnistes, picaresques, arthuriennes ou romantiques, mais qui atteignent avant tout l'"entertainment" par la détente corporelle et mentale. Ce sont de vrais vaisseaux de l'immédiat. [...] L'une des forces majeures du cinéma américain a toujours été son absence volontaire de recul par rapport aux mythes qu'il véhiculait. [...] George lucas, qui est loin d'être inculte, a décidé insolemment de rester élémentaire. [c'est cette] absence absolue de prétention [qui a conduit l'auteur du film] à éliminer de son sujet toute réflexion philosophique et à se réfugier de préférence dans un manichéisme nu. [...] Lucas a choisi de réaliser une aventure homogénéisée, dans la grande tradition des "quick food" et des doubles programmes. Son odyssée de l'espace est un hamburger géant, un super-icecream de péripéties mécaniques, un dragster trafiqué qui file plus vite qu'il n'est permis, un tutti frutti de clichés cinématographiques transcendés par son génie de mécano planant. Parrish échappe à Peyton Place pour étudier à Berkeley, mais, une fois franchi le Rio Grande, se retrouve en plein royaume d'Oz avec les Lanciers du Bengale, combattant Jean sans Terre dans la fusée de Buck Rogers. [...] Lucas, barbare moderne bien dans sa peau, produit un divertissement pour speed freaks en blue jeans, une extravaganza de surfeur cosmique qui est la négation même de l'Histoire. pour lui le philosophe et le penseur sont un chevalier chenu un peu croulant. [...] La Guerre des Etoiles est une métaphore de l'aventure adolescente selon Thomas Wolfe, Steinbeck ou Saroyan, une manière de renoncement au foyer paternel, une assomption graphique du fameux aphocisme : on ne revient jamais chez soi. [...] Luke Skywalker est l'écuyer lancelot; Han Solo un soldat de fortune motivé par l'argent (serait-ce Coppola?). [...] [Lucas ne voit] aucune menace dans les machines. [Les robots] sont de gentils clowns fidèles et affectueux. L'ordinateur [...] sera domistiqué sans le moindre problème, comme un simple distributeur de Coca-Cola. [...] [on admire] la richesse du bestiaire, la désinvolture des événements et la frénésie du rythme général.

Le Quotidien de Paris
On a envie de faire exploser l’Etoile de la Mort, monstre d’acier traversant la Galaxie, porteur de vaisseaux intersidéraux, semant terreur et destruction, après qu’elle ait anéanti Alderaan, la planète de la princesse. On se projette complètement du côté du héros, Luke Skywalker [...] quand il va délivrer la gentille mais énergique princesse aux nattes tressées et enroulées autour des oreilles - réminiscence médiévale.

La Revue du Cinéma Image & Son (11/1977)
Guy Gauthier
[la simplicité du scénario] nous ramène quarante ans en arrière. [...] Loin d'être l'objet de modèles stéréotypés, le film au contraire en joue avec virtuosité, et c'est là que réapparaît un auteur que le spectateur aurait peut-être tendance à récuser parce qu'il manipule du déjà vu. [les thèmes du film] ne peuvent s'imposer qu'en raison de leur affinité profonde avec les structures de l'imaginaire. [...] L'Opéra de Pékin, qui passe pour un sommet de raffinement, est codifié dans ses moindres détails, gestes et costumes. le spectateur [...] applaudit la variante subtile qui vient d'être apportée. [Il salue] la façon dont un très vieux signe a été performé. C'est cela que nous applaudissons dans Star Wars. [...] Dans Star Wars, humour et fantastique font bon ménage comme dans les vieux contes.

La Saison Cinématographique (10/1977)
Bruno Duval
Les contes de fées peuvent fonctionner à plusieurs niveaux de lecture, la signification réaliste du message poétique qu'ils délivrent n'étant pas nécessairement réductible à l'idéologie qu'ils illustrent à la surface spectaculaire de leur système de représentation. [le sens profond du film est que] la seule véritable puissance qui vaille la peine pour l'humanité d'être conquise est une puissance intérieure, une "force" psychique qui permette à l'espèce entière de triompher des puissances destructrices qui s'acharnent contre la substance régénératrice de la vie. Message idéaliste certes [...] mais aussi message utile.

Libération (19/10/1977)
Le voir ne signifie pas seulement visualiser du futur, mais, proprement, consommer du futur. [...] On est saisi par la force inaugurale d'un tel film, par l'impression de voir, d'une certaine manière, pour la première fois. Rare.

Télérama (19/10/77)
Il y a le spectacle, un spectacle captivant, saturé d'effets spéciaux riches en action et en trouvailles, écrasé de musique symphonique. La Guerre des Etoiles est une allégorie goguenarde, simpliste, mais voulue telle, sur les grands principes et les grands sentiments manichéens qui gouvernent le monde. On n"y croit pas, mais c'est tellement agréable de faire semblant.

Le Monde (21/10/77)
La Guerre des Etoiles est un western cosmique réalisé par un Cecil B. De Mille qui aurait planté ses caméras sur une fusée de la NASA.
Critiques mitigées
 
L'Année du Cinéma
[...] Nous savons par ce qu’il nous a confié que, dans ses premières versions, La guerre des étoiles avait eu de nombreuses tentations ésotériques, légendaires, voire esthétiques. Mais par fidélité à son adolescence, George Lucas a choisi de réaliser une aventure homogénéisée, dans les grande tradition des « quick foods » et des doubles programmes. Son odyssée de l’espace est un hamburger géant, un super-icecream de péripéties mécaniques, un dragster trafiqué qui file plus vite qu’il n’est permis, un tutti-frutti de clichés cinéphiliques transcendés par son génie de mécano planant.

Parrisch échappe à Peyton Place pour étudier à Berkeley, mais une fois franchi le Rio Grande se retrouve en plein royaume d’Oz avec les Lanciers du Bengale, combattant Jean sans Terre dans la fusée de Buck Rogers: je pense que Lucas accepterait à la limite ce résumé de son film, qui fait de nombreuses références à d’autres films idolâtrés par lui [...], à nombre de livres clés de sa culture de drugstore et d’université contestataire. Tarzan, Blanche-Neige et les Sept Nains, Rio Bravo, Prince Vaillant, la Planète des Singes, le Cygne noir, les Sept Samouraïs, la Patrouille de l’Aube se mêlent ici à des souvenirs de Tolkien, Frank Herbert, Hérigel, Rudyard Kipling et Paul Bunyan [...].

Le Progrès (30/10/77)
Raymond Barkan
George Lucas a réalisé dans son anecdote et sa mise en scène une véritable synthèse de nombreux genres cinématographiques : on y identifie à la fois, outre le space opera et sa féérique atmosphère musicale, la roman de la Table Ronde, le film de cape et d'épée, le western, le film de samouraïs, la bande dessinée. il n'est point jusqu'aux monstres réunis dans une sorte de saloon qui me font penser à Jérôme Bosch.
Critiques négatives
 
Cinéma 77 (12/1977)
Mireille Amiel
Je ne crois pas exagérer, et pas tellement davantage me tromper, en affirmant que la Guerre des Etoiles est le premier film complètement décadent de l'histoire du cinéma. J'entends par là que les auteurs les plus connotés comme décadents (les Visconti, Fellini et autres), n'ont jamais, au plus fort de leur logorrhé occidentale, pu se débarrasser d'un phénomène de création. [...] Ici, pas une seconde du film n'échappe à son genre, le genre parodique. [...] Une surrabondance de citations, de références, d'allusions. [...] Une incapacité de créer ou de transformer des mythes, même d'ajouter quoi que ce soit à ces mythes (fût ce au niveau des personnages). Nous pensons "tout fait".

L'Ecran Fantastique (1977)
David Pierce
la nature temporaire du triomphe du bien n'est pas tant une conception métaphysique et philosophique de l'univers, qu'une "provision" commerciale destinée à ses séquelles éventuelles. [...] Seul Alec Guiness est un choix heureux parmi les personnages au service du bien. [...] mark Hamill est par moment trop maussade et bien trop exubérant. [...] Carrie Fisher joue avec bien du panache. [...] Le film sombre dans le grotesque à chaque fois que Harrison Ford se permet de dominer l'action. [...] Le film semble conçu aux seules fins de fournir une structure de récit sur laquelle les magnifiques décors et effets spéciaux puissent être accrochés comme autant de parles sur un collier. Ces perles miroitent et le collier lui-même est attrayant, mais on a toujours l'impression que ce n'est que du toc et que si le fil se brisait tout ce qui en resterait ne serait qu'une poignée de morceaux de verre.

L'Humanité
Tout cela appartient à l’imagerie, mais ne constitue pas forcément un film.

Le Quotidien du Peuple (10/11/77)
Prêchi-prêcha religieux, obscurantisme, élitisme fascisant, racisme, relents de sionisme [résument ce film]

Rouge (29/10/77)
Piotr G.
Mais le cinéma de science-fiction étant ce qu'il est (de la merde à peu de choses près) et la science-fiction étant ce qu'elle est, le film de Lucas apparaît un peu comme une mauvaise action, une photographie régressive d'un genre qui menace tous les équilibres romanesques et cinématographiques possibles. lucas fait l'apologie d'une science-fiction qui déjà tendenciellement n'existe plus, repoussée par la maturation du genre et dont surtout la perpétuation se fait contre la science-fiction qui vit, bouge, dérange, provoque, blasphème. la science-fiction n'a rien à faire de l'attendrissement et nous n'avons rien à faire d'une science-fiction attendrie.

Témoignage Chrétien (27/10/77)
Joël Magny
La Guerre des Etoiles est évidemment chargée d'idéologies diverses, de présupposés contestables [...] le fantastique et le merveilleux ont toujours dominé le cinéma à l'aube des plus noires périodes totalitaires.

Cahiers du Cinéma (12/1977)
Serge le Péron
Ce n'est certes pas du côté de la science-fiction qu'il faut trop s'obstiner à chercher ce qu'un film comme Star Wars peut impliquer par son succès exceptionnel. Il y a déjà quelques temps que la SF est un genre où culminent l'angoisse, la folie, la parano, la catastrophe, les amphétamines et les neuroleptiques: rien de tout cela dans Star Wars.

A l'opposé, Star Wars se veut "vision romantique, confiante, positive", atemporelle, universelle et bien sûr unanimiste, mais d'un unanimisme nouveau, qui ne relève plus d'une quelconque stratégie de la tension, qui n'est plus celui du coude à coude nécessaire contre l'ennemi intérieur et/ou extérieur, mais découle d'un consensus librement consenti, sans loi de nécessité, sans impératif déclaré ni raison, avec plaisir et avec confiance. Sans doute l'accrochage science-fiction du film permet de rapporter cette confiance, de la projeter dans l'avenir: ce qui est toujours ça de gain idéologique immédiat. Mais surtout, la référence à la SF a l'avantage immense de permettre la constitution d'un espace fictionnel fluide, sans ancrage apparent, enveloppant, sollictant: quelque chose comme la Mère Amérique pacifique et pacifiante [...]. Mais c'est aussi le capital dans son ensemble qui parle dans un tel film.

Lucas vient du camp de ceux qu'on appelait, il y a quelque temps, les nostalgiques, les pessimistes, les neurasthéniques; on sait aujourd'hui qu'ils avaient raison de l'être: aussi ce sont des hommes comme lui qui se retrouvent aujourd'hui chargés de projets gigantesques de lutte générale contre la dépression; sans doute le font-ils avec la même ardeur qu'ils ont pu mener la lutte contre la répression dans la décennie précédente [...]: l'époque est moins à la révolte contre les symboles de l'oppression qu'au revoltage tous azimuts des énergies à plat: par injection artificielle d'imaginaire perdu. Quel imaginaire ? Le retrouver n'est pas chose facile: pour un cinéaste comme George Lucas, qui a un peu plus de trente ans et se trouve être de la génération de la fin du western, la solution réside dans un retour à l'enfance; plus exactement aux conditions de son enfance et au cinéma d'aventures sereines qui a bercé celle-ci. Faute d'imaginaire contemporain "positif" disponible, la solution est dans la synthèse des anciens: le problème est donc technique; il suffit de reprendre les termes et les thèmes de ce cinéma (en fait ceux dégagés par les discours sur le cinéma), de les sophistiquer, les habiller d'effets spéciaux et de donner ces signes à reconnaître, à décoder. "Héros aussi désintéressés qu'entreprenants, méchants d'une noirceur irrémédiable", "triomphe du bien sur le mal, etc.

Dès lors, il s'agit de conformer scientifiquement le scénario à ce programme suivant la logique du computer qui traduit en signes-réponses les questions-signes qu'on lui signifie. Aussi l'histoire, les personnages, les comédiens n'ont pas en eux-mêmes une grande importance; ils sont là pour attester les intentions du scénario; ils sont le support de ces intentions. D'où cette froideur et ce sentiment que tout est déjà joué d'avance et où ce qui arrive n'est que péripétie dans un récit planifié; cette rapide impression d'interchangeabilité constante; bientôt l'impossibilité de voir dans la princesse Leia Organa autre chose que "l'héroïne à la vaillance sans défaut" annoncée au programme, [...] de faire plus que décoder Peter Cushing comme le signe absolu du maléfique [...]. Lecture garantie sans risques et vite monotone [...].

Et l'Ensemble, s'il fonctionne admirablement, laisse l'amateur de fiction sur sa faim: tout à fait logiquement, Star Wars fonctionne autant (ni plus ni moins d'ailleurs) qu'un ordinateur génial au travail et en parfait état de marche. C'est que sans doute, d'une manière ou d'une autre, la fiction exige la passion; qu'il n'est pas de grande fiction sans grande passion et au fond de grand film sans histoire d'amour. [...] Les héros de Star Wars ne sont pas des passionnés: ils agissent intuitivement et son au fond totalement désinvestis. Les passions qu'ils rencontrent sont fugitives et compréhensives: elles ne prêtent pas à conséquence. Les rivaux coexistent pacifiquement: chose impensable dans les films d'aventure d'autrefois. Dans la fiction de Star Wars, on retrouve ls système binaire qui est le mode de fonctionnement du capital aujourd'hui: deux héros à peu près équivalents et incroyablement, délibérément, désexualisés.

Le système fictionnel de Star Wars implique bien cette participation intense et cette grande torpeur, cet engagement profond et cette grande indifférence propre à la consommation télévisuelle: indifférent l'endroit où ça se passe, ou l'époque; [...] pas important le sexe, ni la violence; ni même la passion totalitaire de "l'Empire"; ni la mort de Ben Kenobi. Tout se veut et veut rester délibérément abstrait, se donne comme principe, postulat, repère conventionnel et jamais moteur, embrayeur ou relance de fiction.

[...] Dans Star Wars, toutes les hétérogénéités sont recevables, toutes les altérités, différenes, peuvent apparaître et fonctionner dans l'harmonie narrative la plus parfaite, pourvu que tout se produise en l'absence de sexe. Ainsi est résolu le problème, à sa racine si l'on peut dire: plus de sexe, plus de passions; plus de violence, plus de fiction non plus: que de la cohabitation, de l'exploit, du désintérêt. Fini le sexe, finis les risques de conflit, les violences passionnelles et la force fictionnelle. Peu importe, la force est ailleurs, cette Force dont parle l'affiche du film.

C'est la force tranquille du capital qui a produit ce film avec une étonnante économie de moyens: conformité exacte là aussi du filmage, des trucages, des effets, au but et au budget recherché. C'est un film sage qui renoue par là avec la morale hollywoodienne qui voulait que quelque part le film puisse être édifiant: ici, dans ce qui lui tient lieu de fiction, sa conception elle-même. [...] L'histoire de la réalisation du film constituerait un vrai sujet de science-fiction et ça ferait frémir.
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