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Chapitre 4 : Discussion Forcée
 
Kano ressentit une sorte de nouvelle liberté, quand il eut enfin l'occasion de faire une petite promenade dans les rues de Kaleda. Le plus appréciable était de ne pas avoir de hordes de stormtroopers ou autres chasseurs de primes sur les talons. Il put visiter tranquillement les quelques boutiques de l'avenue principale. Marvic lui avait prêté son speeder, qui, faisant honneur au génie mécanicien du vieil homme, fonctionnait à merveille. Il l'avait garé dans un des parkings prévus à cet effet. Alera l'accompagnait, et elle lui avait confectionné un masque qui le faisait ressembler trait pour trait à Marvic. Les étrangers étaient suspects, mieux valait donc se faire passer pour quelqu'un de connu, même s'il s'agissait d'un jeu dangereux.
Se baladant à présent à pied, son attention fut attirée par une petite affiche sur un des murs sales de la ville. Il s'approcha discrètement, alors qu'Alera discutait avec une petite femelle teebooz, et faillit laisser échapper un juron. Il venait de voir sa propre photo, au-dessus de laquelle était inscrite la somme alléchante de 1000 crédits impériaux. Une récompense. Depuis l'installation de la Nouvelle République, la mise à prix de personnes était interdite. Mais ici, l'Empire faisait encore la loi, et en fait, ce devait être les impériaux eux-mêmes qui offraient cette prime.
Kano en eut la confirmation quand il lut le petit texte en dessous. Ecrits en basic, les propos étaient plutôt inquiétants.

"Citoyens de Tabal, cet homme est venu sur votre monde pour en piller les ressources, au nom de la perfide Nouvelle République. Il s'agit d'un individu dangereux. Une prime sera offerte à celui qui capturera et qui livrera aux autorités ce criminel, ennemi de notre tout-puissant Empire. Citoyens de Tabal, faites votre devoir."
Grand Moff Danika, gouverneur du système

Le jeune homme ne s'attarda pas, pour ne pas attirer l'attention. Il voulait éviter à Alera de voir cette affiche, même s'il savait qu'elle n'en tiendrait pas compte. Il ignorait totalement si ce qui était dit était vrai, s'il était envoyé par la Nouvelle République. En tout cas, il n'était pas mentionné qu'il s'agissait d'un Jedi. Cela aurait pu effrayer les éventuels chasseurs de primes.
Il rejoignit Alera, qui le prit par le bras pour marcher. Kano se sentait assez mal à l'aise. Certes, il était de plus en plus attiré par la jeune femme, et cela semblait réciproque. Mais il ne pouvait se permettre de se laisser aller. Il pouvait très bien avoir une femme, morte d'inquiétude, quelque part, et des enfants qui se demandaient pourquoi Papa ne venait pas les voir. Il était jeune pour cela, mais ça restait une possibilité. Plus le temps passait, plus les deux jeunes gens étaient proches. Mais au plus profond de lui, Kano ne pouvait lutter contre cette attraction naturelle, ressentie dès leur rencontre.

C'est alors qu'il aperçut un être à l'autre bout de la rue. Inconsciemment, il resta à le fixer.
– Kano, quelque chose ne va pas ? demanda Alera.
– Qui est ce type ? s'enquit-il en désignant un sullustéen grassouillet qui attachait son sac de provisions sur un petit speeder.
– Je ne le connais pas bien, répondit Alera. C'est un marchand, Gwadj Olan je crois, une des rares personnes qui puisse quitter la planète. A mon avis, il doit être plus ou moins affilié à l'Empire pour avoir ce privilège, dit-elle avec une note de colère. Mon père le connaît un peu mieux, apparemment ce n'est pas un mauvais bougre.
Un moment, Kano se demanda s'il n'avait pas affaire à un Jedi. L'autre vit vite qu'il était observé, et le sabre laser trouvé chez lui pouvait très bien lui appartenir. Mais il rejeta cette idée. Néanmoins, il eut la ferme intention de poser quelques questions à son grand copain, qui l'avait abandonné aux chasseurs de primes.

Tranquillement, il traversa la route et s'approcha du sullustéen, laissant Alera seule un moment. Kano continua à avancer, lentement pour ne pas paraître suspect. Mais l'extraterrestre comprit qu'il était l'objectif de cet homme qui traversait la route. Il s'activa, accélérant son chargement. Mais Kano n'était plus qu'à quelques mètres de lui. Alors il paniqua réellement, et laissa tomber les sachets qui restaient à attacher. Il bondit sur son véhicule, et le mit en route. Avant que Kano ne puisse faire quoi que ce soit, le speeder fonça en avant.

Gwadj Olan partit à toute vitesse, ses provisions dégringolant du speeder. Les passants commencèrent à s'affoler quand ils virent l'appareil démarrer en trombe. Arrivé au bout de la rue, il fit demi-tour, ayant probablement pris la mauvaise route. Kano entendit profiter de cette opportunité. Trahissant son soi-disant âge avancé, il courut de toutes ses forces en traversant la rue, provoquant les insultes des chauffeurs de véhicules qui s'arrêtaient en catastrophe, manquant de l'écraser. Il passa en trombe devant Alera, qui essayait de comprendre quelque chose à la scène. Parvenu sain et sauf au petit parking, il trouva le speeder de Marvic et le démarra à toute vitesse.
Le sullustéen fut éberlué quand le véhicule de son poursuivant jaillit sans crier gare d'un des parkings. Il pressa de plus belle la pédale d'accélération, au mépris total des réglementations de sécurité en ville. Derrière lui, Kano faisait de même. Les moteurs des deux appareils rugirent dans les rues d'ordinaire paisibles de Kaleda.
Le jeune homme n'en avait que plus envie de l'interroger. Quelqu'un qui fuyait de la sorte avait certainement quelque chose à se reprocher. Malgré la puissance du speeder prêté par Marvic, il eut du mal à maintenir la mesure avec sa cible. Il n'avait pas l'habitude de conduire cet engin. En outre, le sullustéen devait connaître la ville par cœur, ce qui était loin d'être le cas de Kano.
Le fuyard faisait des virages particulièrement secs, au dernier moment, dans le but évident de semer son poursuivant. Cependant, il savait bien que les autorités impériales ne tarderaient pas à s'en mêler, soucieuses de maintenir l'ordre public.

Les deux bolides passaient à toute vitesse dans une petite ruelle marchande, balayant sur leur passage les étalages de fruits et autres marchandises des teebooz du quartier, qui braillaient ce qui était probablement des insultes dans leur langue natale. Certains, voyant le danger venir, ramassaient leurs affaires, alors que d'autres fonçaient chercher une arme, pour tenter en vain de stopper ces insolents étrangers qui cassaient tout sur leur passage.
Peu après, trois speeders impériaux surgirent dans la course, ajoutant à la pagaille ambiante. Ces appareils étaient beaucoup plus petits et maniables que les engins des fuyards, et surtout armés. Ils prirent en chasse les deux fauteurs de troubles, tandis que leurs collègues fantassins installaient des barrages à différents axes de la petite ville. En effet, le sullustéen se dirigeait tout droit vers la sortie de la ville. A priori, il devait avoir l'intention de gagner la jungle, pour y semer son poursuivant avant de retourner à sa cabane. Mais ni Kano, ni les impériaux ne comptaient le laisser faire ainsi.
Les choses commencèrent à se gâter quand les éclaireurs impériaux ouvrirent le feu. Les speeders des civils n'étaient pas armés, mais les impériaux, eux, ne se privèrent pas de tirer au nom de la paix publique. Kano, derrière le sullustéen, était le plus exposé aux tirs. Il zigzagua pour éviter les lasers qui ne manqueraient pas de lui causer un accident. Ce conflit montrait une nouvelle fois l'incompétence de la garnison impériale de Tabal… ainsi que son don pour la Force : une sorte d'instinct semblait lui dire où aller et quand esquiver les lasers ennemis des impériaux impuissants. Palpatine les aurait tous fait abattre… Soudain, ils arrivèrent à un barrage. Des barrières antigrav étaient dressées sur la route, et des stormtroopers, barricadés derrière, attendaient le moment propice pour mettre en pièce les cibles. Conscient du danger, Gwadj Olan hésita quant à l'attitude à adopter. Il se décida alors et accéléra le plus possible. Kano se demanda ce qu'il avait en tête, et comprit en voyant les débris d'un étalage qui traînaient sur le sol.

Olan fonça, jusqu'à la vitesse de pointe de son appareil, soit près de 500 km/h. Arrivant près de la plaque de bois au sol, il activa l'amplificateur de répulseurs. Avec ce réglage, n'importe quel obstacle était susceptible de faire dévier l'engin. Mais le pilote savait ce qu'il faisait. Il brancha les répulseurs en sensibilité maximale, et se prépara au choc.
Derrière lui, Kano commençait à se faire du souci. Malgré les bons soins et le génie mécanique de Marvic et de son droïd, son appareil ne possédait pas de réglage des répulseurs. Le sullustéen avait dû s'offrir cette option, avec son habitude de traverser la jungle au terrain irrégulier pour rentrer chez lui. Kano ignorait si le Olan passerait le barrage. Mais pour lui, ce serait encore plus difficile.
Alors que les impériaux se rapprochaient derrière, ceux de la barricade ouvrirent le feu. Les speeders étaient si rapides que les tirs ne parvenaient pas au but. Le sullustéen mit son plan à exécution. Il mit le cap sur l'amas de bois, à quelques mètres de la barricade, et se concentra. Il retint son souffle quand il passa au-dessus du bois. La variation de terrain fit monter son véhicule, mais le niveau choisi par le pilote, la sensibilité des répulseurs et la soudaineté du choc le firent littéralement décoller. Le sullustéen s'accrocha à son guidon, et se trouvait déjà à plusieurs mètres du sol. Les impériaux, éberlués, contemplèrent passivement l'appareil qui s'élevait comme par magie au-dessus de leurs têtes. Ils en oublièrent même le second speeder qui avançait derrière.

Kano pria. Pour forcer sa chance, il avait aussi visé les bouts de bois au sol. Il décollerait probablement aussi, mais pas comme le précédent pilote. Il ne ferait que percuter de plein fouet le barrage impérial. Maigre consolation…
Au moment du choc, il pria la Force de plus belle. Il fut le premier surpris quand, comme saisis par une main invisible, lui et son engin s'élevèrent au-dessus de la barricade. Contrairement au sullustéen, son atterrissage ne fut pas particulièrement brutal.
Il reprit sa course folle vers la sortie de la ville, alors que les tirs impériaux ricochaient autour de lui. Sur ce saut miraculeux, la Force avait été avec lui… ou avec son speeder.
Derrière lui, les impériaux furent plutôt pris au dépourvu quand ils virent les fuyards décoller et dépasser la barrière. Complètement pris au dépourvu, ils fixaient les fuyards qui s’éloignaient, sans voir le barrage qui arrivait droit sur eux.
Kano faillit éclater de rire quand il entendit les trois appareils impériaux se crasher contre la barrière, percutant de plein fouet leurs collègues fantassins. Les flammes envahirent la ruelle, et les teebooz coururent se mettre à l’abri, pas franchement mécontents du sort subi par les impériaux.
– Le vieux Palpatine pleurerait si il voyait dans quel état est son Empire ! marmonna Kano.
Peu après, ce fut ce que le sergent Tiliar faillit faire quand il découvrit le carnage. Ce Jedi était vraiment une malédiction.

Affolée, Alera surgit dans le hangar paternel, et se précipita dans l’Arc de Cristal. Marvic et Edo travaillaient paisiblement, dans leur inlassable quête de la perfection pour le vaisseau.
– Quelque chose ne va pas, mademoiselle Alera ? demanda le droïd.
– Kano a fichu le camp avec le speeder, il poursuit un sullustéen ! cria Alera, en reprenant son souffle.
– Et alors ? fit Marvic. Si ça l’amuse. Il est assez grand.
Marvic Sanaka accompagna sa fille dans le salon de la maison. Celle-ci était sidérée que son père soit si calme.
– Alors, dit-il avec une lueur dans les yeux, on s’inquiète pour un étranger ?
Alera rougit à vue d’œil, haussant les épaules.
– Il te plaît hein ? J’en étais sûr. Tu sais, il me fait tellement penser à ce Jedi que j’ai bien connu avant que Vader ne le massacre comme tous les autres… Un brave gars. Il me manque. Je suis heureux que tu t’entendes avec Kano.
– Papa, je sais que Kano quittera cette planète tôt ou tard. Et je veux partir avec lui.
Marvic la fixa dans les yeux.
– Ma chérie, j’ai toujours su qu’un jour tu finirais par partir, avec ou sans moi. Et tant qu’à faire, je préfère que tu partes avec Kano. Quoiqu’il en dise, c’est un Chevalier Jedi émérite, qui saura te protéger. Mais j’ai peur qu’il t’arrive quelque chose…
Alera n’en croyait pas ses oreilles. Son père l’incitait à partir. Après toutes ces années.
– Et pour ce qui est de cette poursuite en speeder, tu ferais mieux de t’inquiéter pour ce vieux Olan !

Kano se remit de ses émotions pour reprendre sa chasse au sullustéen. Ils avaient atteint une longue route qui conduisait vers la jungle. Sur cette route, il était plus dur pour le fuyard de semer Kano. L'appareil de ce dernier avait une meilleure puissance brute, et il gagnait de plus en plus de terrain. Gwadj Olan avait beaucoup moins d'occasions de le semer. Mais Kano savait qu'il avait intérêt à le rattraper avant la jungle, où l'extraterrestre aurait à nouveau l'avantage.
Bientôt, il rattrapa sa cible, son moteur faisant un vacarme effrayant. L'engin était rapide, et on reconnaissait la patte de Marvic Sanaka. Se mettant au niveau de son adversaire, Kano lui hurla de s'arrêter, lui promettant de ne pas lui faire de mal. Il avait juste des questions à poser après tout. Le sullustéen sembla paniquer encore plus, et tenta de s'écarter. Mais Kano le talonnait, et commençait à percuter le véhicule ennemi. La violence du choc fit s'écarter les deux speeders d'un bon mètre. Kano revint à la charge tout aussi brutalement, et le fracas des deux carrosseries qui se cognaient agressa les oreilles du jeune homme. Bientôt, les flancs des deux bolides furent constellés de rayures occasionnées par les coups. Kano perdait patience, Gwadj faisait une erreur en le provoquant.
Il se rapprocha à nouveau, et empoigna son sabre laser, tout en conduisant d'une seule main. Il activa l'arme, et ne perdit pas de temps. Il dépassa le sullustéen, se retourna brièvement, et trancha l'avant du speeder qui le suivait. L'extraterrestre se mit à paniquer, ne parvenant plus à contrôler son véhicule. Kano ne s'attendait pas à ce qu'il s'accroche autant.
Finalement, le véhicule amputé commença à zigzaguer, et le pilote perdit le contrôle. Kano avait endommagé un des stabilisateurs, et l'appareil se mit alors à tourner sur lui-même. Il voulait juste lui parler, il ne souhaitait pas créer d'accident. Mais si l'extraterrestre restait sur sa monture, il risquerait de s'écraser avec. Kano se colla alors à l'engin fou, et poussa son pilote d'un vigoureux coup de pied. Il fut désarçonné, et tomba lourdement à terre. Pendant ce temps, le speeder allait percuter un arbre, soulevant des gerbes de flammes, qui vinrent lécher les branches de l'arbre. Gwadj Olan gisait sur un lit de branchages, au pied d'un arbre, et avait perdu connaissance.

La claque que lui asséna Kano eut vite fait de le réveiller. Il sursauta, et pépia dans sa langue maternelle à la vue de la mine menaçante de l'homme qui l'avait réveillé. Il se calma un peu, avant de commencer à s'exprimer en basic. Kano le plaquait à un arbre, et n'avait pas l'air de vouloir rigoler.
– Qui êtes-vous, pleurnicha-t-il. Ne me faites pas de mal ! Par pitié.
Lentement, Kano ôta le masque en latex conçu par Alera. Le sullustéen l'étudia un moment. Sa peau grise se plissa, ses grosses bajoues se tendirent, et ses grands yeux noirs s'écarquillèrent. Puis il sembla comprendre.
– Vous…
– Ouais, moi ! lui hurla Kano dans les oreilles. Crache le morceau, ordure ! C'est toi qui as appelé ces salopards de chasseurs de primes !
Gwadj resta perplexe.
– Non, protesta-t-il. Je n'y suis pour rien. Et sinon, je n'aurais pas laissé votre arme !
A ces mots, Kano attrapa son sabre laser, le mit en marche et l'agita devant le museau de l'extraterrestre, hors de lui. La lueur violette de l'arme se réfléta dans les yeux sombres du non-humain terrifié.
– C'est de ça que tu parles ! Tu veux y goûter, ordure ?
– Attendez, monsieur Kano. Je vais tout vous expliquer. Mais de grâce, ne me faites pas de mal !
– OK, accouche ! Mais tu as intérêt à être convaincant, grommela Kano.
– Je vous ai trouvé dans la jungle, raconta le sullustéen en essayant de se calmer. Vous vous êtes écrasé avec votre appareil, un chasseur Toscan, abattu par les turbolasers du blocus. Vous étiez blessé, je vous ai amené chez moi. Mais ces types m'ont contacté. Ils m'ont dit que si je tenais à mon commerce, je devais quitter ma maison dans les plus brefs délais. J'ai eu peur, je me suis enfui, mais j'ignorais qu'ils enverraient des chasseurs de primes pour avoir votre peau. J'ai essayé de faire un minimum, je vous ai laissé des vêtements et votre sabre. Mais je n'y suis pour rien, je vous le jure !
Lentement, Kano laissa tomber Olan au sol. Il semblait bien qu'outre sa présence malvenue sur la planète, les impériaux avaient quelque chose contre lui. Par contre, le sabre avait l'air d'être bien à lui. Tout comme le nom…
– En bref, vous deviez me livrer pour pouvoir continuer votre trafic en dépit du blocus, murmura-t-il à l'extraterrestre qui pleurnichait à côté de lui. Merci quand même pour le coup de main. Je vous dois la vie.
Il le pensait vraiment. Au fond de lui, il était très gêné d'avoir maltraité de la sorte un individu, pitoyable certes au premier abord, mais qui était parti d'un bon sentiment en essayant de le sauver.
– Je vais vous ramener. Votre speeder est fichu.
Kano était inquiet. Son attitude l’avait lui-même choqué. Il avait sauté sur la moindre occasion pour entrer en conflit avec le sullustéen qui, en réalité, lui avait sauvé la vie. Il n’aurait pas donné cher de sa peau si Gwadj Olan ne s’était pas occupé de lui et l’avait abandonné en pleine jungle. Mais il avait agressé le sullustéen, et avait même pris un certain plaisir à le mettre en échec, ainsi que les impériaux. La course avait une nouvelle fois prouvé que la Force l’accompagnait. La question était : l’avait-il utilisée à bon escient ? En effet, il s’en était servi pour parvenir à son but, pour amplifier sa capacité physique. Pas pour entrer en synergie avec elle, pour communier et accéder à une compréhension commune de l’univers. La Force devait l’aider à se fondre dans le monde qui l’entourait, pas à se doper pour tout dominer et parvenir à ses objectifs. Et s’il était sur la mauvaise voie ? Il avait entendu dire qu’une mauvaise formation et une trop grande précipitation poussaient les étudiants de la Force vers le Côté Sombre. Ils voulaient profiter trop vite des pouvoirs conférés par la Force, et cela les menait à utiliser la Force Obscure, plus rapide et plus séduisante.
L’exemple de Darth Vader avait démontré les terribles dangers relatifs aux Jedi. Très souvent, la faute revenait au Maître qui avait formé le Jedi. Dans l’Académie Jedi de Yavin IV, les étudiants du Nouvel Ordre Jedi étaient initialement formés en groupe. Mais Luke Skywalker avait pris conscience des risques d’un entraînement pas assez proche, et avait réinstauré la méthode classique : un Maître, un élève. Les bases étaient apprises à l’Académie avec les Maîtres résidents. Quand l’élève avait passé l’épreuve de la conception de son sabre laser, un Maître le prenait en charge pour achever sa formation.
Kano ignorait s’il avait un Maître, s’il en était un lui-même, ou encore s’il avait déjà séjourné à l’Académie. Il possédait un sabre laser, sans savoir s’il lui appartenait. Bref, il n’avait aucune idée de son niveau, et commençait à craindre d’utiliser la Force. Toute erreur d’application serait catastrophique. Il préféra se passer un maximum de ses pouvoirs, dans l’attente de rencontrer un autre Jedi qui pourrait l’aider.

Kano pilotait le speeder lentement, et Olan le guidait à travers la jungle. Ils avaient réussi à monter tous les deux sur le véhicule de Marvic Sanaka, mais l’extraterrestre prenait une certaine place et ralentissait l’engin. Reprenant confiance en lui, il confia être un des seuls marchands à être autorisé à quitter la planète. Il s'occupait de ramener les pièces dont les habitants avaient besoin, y compris le matériel pirate de l’Arc de Cristal. Il avoua être protégé par les impériaux, et Kano se força à ne pas lui en vouloir. Ce qui intéressa le plus le jeune homme, ce fut quand il lui fit la description complète de l'astroport impérial, et qu'il avança que, selon lui, le blocus n'était pas impossible à passer.
– En fait, la plupart des turbolasers sont autour de Kaleda, expliqua-t-il. Si vous réussissez à vous en éloigner, les risques devraient être moins importants. Je sais aussi que l'Empire n'a que quelques chasseurs sur la planète, et que leurs pilotes ne sont pas des as. Par contre, la station orbitale est plus imposante. Je ne sais pas ce qu'ils y cachent.
– Bien, dit Kano. Vous avez un vaisseau ?
– Oui, reconnut le sullustéen. Mais …
– Vous allez me faire sortir d'ici. Planquez-moi dans vos marchandises, faites comme vous voulez, mais je veux partir. Je préviendrai les autorités impériales, qui s’occuperont du Moff Danika. Vous serez en sécurité.
– Monsieur, c'est impossible ! Ma cargaison est toujours strictement contrôlée. En plus, les impériaux auront des soupçons après l'agitation que nous avons créée en ville aujourd'hui ! Ils vont me tuer !
– Ne vous inquiétez pas. Je viendrai vous voir demain. Tout va bien se passer.
Le speeder et ses deux passagers arrivèrent en vue de la cabane de Gwadj Olan. Kano ne s'en approcha pas trop, on pouvait encore l'y guetter. Il s'arrêta à une centaine de mètres, et laissa descendre l'extraterrestre. Il lui donna rendez-vous, mais vit que l'autre était terrorisé. Il n'était pas sûr de pouvoir lui faire confiance … Mais il devait prendre le risque s'il voulait un jour pouvoir quitter Tabal.
Kano fit demi-tour, et reprit le chemin de la ville. Il ne vit pas l'individu qui sortait de sa cachette dans les arbres, et qui mit son speeder en marche pour suivre le jeune homme. Kano se doutait que les impériaux surveilleraient l'entrée de la ville, mais ils recherchaient un vieil homme, et l'avaient mal vu. Or Kano avait ôté son masque, et les impériaux n'auraient pas le temps de le reconnaître.

Il passa sans encombres un barrage, et arriva près de chez les Sanaka. Il ouvrit la porte du hangar, et gara son véhicule dans un local près de l'Arc de Cristal. Il jeta un coup d'œil admiratif au vaisseau, quand Edo surgit derrière lui, alors qu'on ne lui avait rien demandé, comme d'habitude.
– Mademoiselle Alera était inquiète pour vous, le sermonna le petit droïd, utilisant ses répulseurs pour aller inspecter le speeder. Et monsieur Marvic ne va pas apprécier que vous ayez détérioré ainsi son appareil. Vous ne semblez pas imaginer le travail que ça demande. Vous, les humains, vous vous fichez de tout… Enfin, bonne soirée quand même, monsieur Kano. Alera vous attend.
Kano sourit en observant le droïd qui s'efforçait de ressembler à un humain en colère. Certains droïds étaient vraiment surprenants. Sa tête toute ronde, avec son senseur optique et son micro intégré, n’était capable d’aucune expression. Pourtant, Edo paraissait vraiment en colère. Et ceci malgré la courbe tracée au feutre rouge sur son haut-parleur. Marvic avait raconté que quand Alera était petite, elle trouvait le droïd si sévère qu'elle lui avait dessiné ce sourire pour le rendre plus sympathique. Curieusement, Edo n'avait jamais enlevé cette marque qu'il aurait pu estimer ridicule.
– Salut Edo, fit-il. Tu as fini ton ménage ?
Le robot ne releva pas la plaisanterie, et gravit la rampe d'accès de l'Arc de Cristal, agitant ses bras dans un simulacre de geste d'exaspération.
– Ces humains… maugréa-t-il. Il faut tout faire pour eux…
Kano sourit à nouveau. Il devait bien reconnaître que, au-delà de son mauvais caractère, Edo était bien utile. Il était un excellent mécanicien, un pilote compétent et un entraîneur au sabre laser des plus efficaces. La difficulté était de supporter ses crises…
Le jeune homme se dirigea vers la porte qui donnait sur la maison des Sanaka. Il entra, et trouva Alera en train de lire la propagande de l'Empire dans un journal local. Elle bondit sur ses pieds en le voyant arrivée.
– Kano, vous allez bien ? Que s'est-il passé ? Pourquoi êtes-vous parti avec le speeder ?
– Ce sullustéen était le propriétaire de la cabane dans laquelle je me suis réveillé. Je lui ai… demandé quelques informations. Disons que l'Empire n'a pas apprécié que l'on s'amuse en speeder dans les rues de Kaleda…
Alera acquiesça avec un air vaguement désapprobateur. Puis elle déballa son sac.
– Kano, commença-t-elle, je sais que vous voulez partir d'ici. Je vous en prie, ne partez pas sans moi. Emmenez-moi n'importe où. S'il vous plaît.
– Vous ne savez même pas qui je suis, Alera ! s'exclama Kano Et moi non plus. Vous prendriez de gros risques. Vous ne me connaissez pas.
– J'ai confiance en vous. Et je ferais n'importe quoi pour partir de cette planète. De plus, je sais ce que je ressens pour vous…
Kano n'appréciait pas la tournure que prenait la conversation. Il n'était pas assez sûr de lui pour être sûr de ses sentiments à l'égard d'Alera. Se mordant la lèvre, ne sachant que répondre et n'osant pas rencontrer le regard de la jeune femme, il se contenta de faire un geste de la main.
– Si je trouve un moyen de partir, vous en serez informée. Bonsoir, Alera.
Il quitta la pièce, ne répondant pas aux avances de la jeune femme. Il ne lui parla pas de son projet de partir avec le sullustéen. Il partirait dès l'aube, sans Alera. Le remords le tortura tout au long de la soirée.
Les Sanaka avaient tout fait pour lui, et il s’apprêtait à partir sans leur en parler. Mais il se donna bonne conscience en se disant qu’il avertirait Pellaeon de la situation, et que tout s’arrangerait sur Tabal.

– La prime est à nous, les gars, déclara le patron à ses hommes. Nous avons repéré Kano près de la cabane de ce traître de sullustéen, dont nous nous occuperons plus tard. Kano est chez une famille d’humains, nous sommes les seuls à avoir cette information. Nous ne devons pas laisser les impériaux l’avoir avant nous, ou la prime nous passera sous le nez.
Les chasseurs de primes acquiescèrent, prêts à ne pas laisser passer l’occasion.
– Néanmoins, poursuivit le leader, nous contacterons le sergent Tiliar. Mais au dernier moment, de sorte qu’ils arrivent après que nous ayons liquidé le Jedi, mais alors que son cadavre sera encore chaud. Ils verront le bon boulot que nous aurons fait, la preuve que c'est notre travail. Nous empocherons la prime, et nous quitterons cette planète pourrie. Le Maître des indépendantistes impériaux doit venir, et je ne tiens pas à le rencontrer.
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