Bonjour à tous,
Il y a un mois et demi, les éditions Pocket ont publié le roman Chaos croissant, premier tome de la nouvelle trilogie consacrée au plus célèbre personnage à la peau bleue de la littérature... Non, je ne parle pas des Schtroumpfs ou de Ganthet mais bien sûr du Grand Amiral Thrawn ! ;-)
Encore que dans ce premier tome de Thrawn – L’Ascendance, notre ami n’est pas encore Grand Amiral. En effet, cette trilogie se déroule, comme son nom l’indique, au sein de l’Ascendance Chiss, un endroit maintes fois nommé dans les écrits de l’auteur Timothy Zahn, mais que nous n’avions jamais réellement visité alors même que Mitth’raw’nuruodo gravit les échelons du commandement militaire.
Je vous propose donc ma critique basée sur l'exemplaire VF du roman, un exemplaire offert par Pocket que j'en profite pour remercier chaleureusement au passage.
Mais d'abord, un rappel de la sublime couverture choisie par Pocket et du synopsis !
Découvrez les origines du Grand Amiral Thrawn et percez les secrets de l’Ascendance Chiss !
Au-delà des frontières de la galaxie s’étendent les Régions Inconnues : non répertoriées, et presque infranchissables, elles abritent autant de dangers que de secrets. Nichée au cœur de ce chaos se trouve l’Ascendance, territoire des énigmatiques Chiss et des Neuf Familles Régnantes qui les dirigent.
Bien que havre de paix et de stabilité, l’Ascendance subit une attaque mystérieuse contre sa capitale. Déconcertée, elle souhaite débusquer les assaillants invisibles et missionne l’un de ses plus brillants officiers, une jeune recrue née sans titre mais adoptée par la puissante famille Mitth et répondant au nom de Thrawn.
Avec l’aide de la Flotte d’Expansion et celle de sa camarade, l’Amirale Ar’alani, Thrawn se met en quête de réponses mais ne tarde pas à comprendre que sa mission n’est pas ce qu’elle semble être.
La menace pesant sur l’Ascendance ne fait que commencer.
Pocket, 544 pages, 9,50 €
La critique de L2-D2
Une recette alléchante...
Enfin ! Depuis le temps que l’on attendait d’explorer les recoins de l’Ascendance Chiss ! Des années que Timothy Zahn nous fait miroiter ce territoire de la galaxie Star Wars, s’aventurant régulièrement dans les Régions Inconnues sans jamais réellement nous faire découvrir tout ce pan de la culture galactique. Et comme si cela ne suffisait pas, cette visite sera l’occasion de nous apprendre comment son personnage Mitth’raw’nuruodo est devenu le Thrawn que nous connaissons tous. Un régal !
… Avec des ingrédients connus...
Pour un bon roman de Timothy Zhan, il vous faut :
- un bon morceau de Thrawn.
C’est son personnage vedette, son chouchou, celui sur lequel il avait tout de même réussi à bâtir deux épais romans à nous faire croire que le personnage, que l’on savait pourtant mort, était de retour (vous vous rappelez de la « légendaire » Main de Thrawn ?), celui-là même qui était tellement populaire qu’il a survécu, quasiment tel quel, à un reboot de l’univers des romans et comics. Le Thrawn de ce roman est fidèle à celui des trois autres romans de Zahn se déroulant dans l’Univers Officiel.
(Pour plus de saveur, mélangez Thrawn avec un autre personnage, malin lui aussi mais pas autant que lui tout de même, histoire que le stratège Chiss puisse expliquer les tenants et les aboutissants de ses stratégies au lecteur, en d’autres termes, ajoutez-lui un docteur Watson.
- des références aux autres romans de Zahn.
Il est comme nous, Timothy, il aime bien ses romans, alors autant s’auto-référencer, ça fait toujours plaisir. Et si vous pensiez qu’avec un roman se déroulant chronologiquement avant tous les autres c’était impossible, vous vous trompiez. D’abord parce que l’Amirale Ar’alani est dans les parages, ensuite et surtout parce que le roman Thrawn – Alliances contenait deux intrigues, dont l’une se déroulant en pleine Guerre des Clones…
Attention toutefois à bien rendre ces références digestes : il ne faudrait pas que le lecteur qui n’a pas lu l’œuvre référencée se demande bien de quoi on parle ici !
- une ou des espèces inconnues mais forcément hostiles
Timothy Zahn pourrait bien nous remplir une base de données d’espèces, rien qu’avec ses romans. Dans l’Univers Légendes, les Chiss faisaient face aux Yuuzhan Vong mais surtout aux Vaagari. Dans l’Univers Officiel, les Grysks avaient l’honneur d’être les antagonistes, et l’on pouvait s’attendre à les revoir ici. Sauf que ce n’est pas le cas. Les vilains-pas-beaux du roman sont les Nikardun, qui prennent sous leur « protection » plusieurs peuples comme les Vaks ou les Lioaoi. Cependant, là encore, attention à bien rendre digestes toutes ces peuplades, sous peine que le lecteur finisse par se demander de qui on parle, ou pourquoi un tel agit de telle façon !
… mais un résultat qui manque de saveur
Les ingrédients étaient connus, les risques identifiés, et voilà pourtant que la mayonnaise ne prend pas. Et ce, pour plusieurs raisons.
Déjà parce que le roman est long. Ce n’est pas mal écrit, pas du tout, cela reste tout de même du Timothy Zahn ! Mais c’est fade. Il n’y a pas, ou si peu, d’émotion, les scènes d’action manquent d’épique, et quand le moindre fait et geste d’un des vaisseaux est expliqué et analysé, prévu par Thrawn ou par l’un de ses « assistants », difficile de s’enthousiasmer pour une bataille… L’ensemble donne l’impression que le roman pourrait presque être deux fois plus court, ce qui le rendrait beaucoup plus fluide. Et l’irruption de l’intrigue de Thrawn – Alliances, une fois passée la satisfaction du lecteur, donne furieusement à l’intrigue un air de deus ex machina.
Ensuite parce que, si le génial système politique de l’Ascendance est développé (voilà, ça, c’est ce que j’attendais de ce roman!), le système en lui-même n’est guère exploré, l’essentiel du roman se déroulant en-dehors des frontières de l’Ascendance, avec une volonté de non-ingérence telle que cela devient ridicule. Un groupe ennemi rassemble ses forces dans l’optique manifeste de s’en prendre aux Chiss ? Ouhlà malheureux, ne tire surtout pas le premier, hein, dès fois qu’il le prendrait mal…
Et il y a Thrawn, bien sûr.
On avait pris l’habitude d’un Pellaeon ou d’un Eli Vanto, un seul homme faisant office d’assistant. Mais là, le moindre de ses interlocuteurs joue à ce jeu-là, et ça devient trop. Sauf bien sûr pour ceux qui veulent lui mettre des bâtons dans les roues, et ils sont quelques uns… sauf qu’on ne sait pas trop pourquoi, finalement. Leurs arguments paraissent bien minces.
Thrawn, toujours, qui est finalement un pistonné. On le savait depuis le roman Thrawn que l’Empereur avait assuré sa progression dans la hiérarchie Impériale, et en un sens c’était logique. Ça l’est beaucoup moins de voir la même chose ici, le Chiss étant couvert, récompensé, protégé, préservé. C’en devient presque agaçant. Alors oui, il a du mérite, mais étant donné qu’il n’assumera aucune erreur et n’en subira pas les conséquences, c’est un peu facile…
Thrawn, enfin, qui a un défaut, un vrai : il ne comprend rien au jeu politique. Mais là encore, ce défaut bienvenu en devient agaçant tant le Chiss semble candide, un fait qui ne changera finalement pas au cours des années, lui qui ne comprendra pas plus la politique Impériale. On revient sur le fait que Thrawn a besoin de quelqu’un de plus haut gradé que lui pour le couvrir et l’aider… un élément que le Thrawn de La croisade noire du Jedi fou n’avait pas besoin. Et si c’était pour cela qu’il avait autant marqué les esprits ?
« Tes souvenirs se voilent... »
Le roman est régulièrement entrecoupé de « Souvenirs », une intrigue flash-back faisant supposément écho aux événements vécus dans le présent (pensez à la série TV Lost). Le souci, c’est que cette nouvelle intrigue fait intervenir quasiment les mêmes espèces que dans le présent, mais dans des rôles plus ou moins différents… ce qui fait qu’on (en tout cas, ce fut mon cas à la lecture) risque de se perdre. On retrouve dans cette partie les mêmes points positifs et négatifs que dans l’ensemble du roman.
Bilan
C’est triste à dire, mais les romans de Timothy Zahn se suivent désormais et se ressemblent tous. Chaos croissant manque cruellement de rythme pour atteindre ses ambitions. Le roman est loin d’être mal écrit, et les amoureux du Chiss y trouveront leur compte. Les autres risquent fort d’oublier aussi vite qu’ils les ont lus les événements de ce roman.
NOTE : 65 %
A noter que le roman porte le numéro 183 !
N'hésitez pas à nous dire ce que vous avez pensé du roman en vous rendant sur sa fiche ou bien sur le topic du forum !
Encore merci aux éditions Pocket pour l'exemplaire offert pour la critique, et on se retrouve dans quelques jours pour parler à nouveau du roman Étoiles perdues, que Pocket a ré-édité au format poche début décembre avant le gros morceau de ce mois de janvier : L’orage gronde, la suite tant attendue de La Haute République !
darkfunifuteur a écrit:Je regrette aussi qu'on en ait pas plus sur sa jeunesse et le développement de son intelligence et de sa pensée.
[...]
Ça aurait été sympa de créer une origine plus concrète et solide à son intérêt pour l'art et sa capacité à y déceler la psychologie des artisans.