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Duel de Soldats
De l'Histoire à la Légende
 
La neige ne cessait de tomber sur Nolvana, comme si la nature essayait tant bien que mal de dissimuler les plaies béantes de la planète. La dernière bataille avait ravagé le centre ville, transformant ce qui restait de la splendeur Nolvanienne en un terrible champ de ruines. Les combats avaient été acharnés, les morts nombreuses et les destructions innombrables. Vue du ciel, la capitale ressemblait à un amas de ruines noires, duquel s'échappait encore de grandes volutes de fumée grisâtres. La ville était aux mains de la République. Les patrouilles quadrillaient les rues à la recherche d'éventuelles dernières poches de résistance. Mais cette fois ci, la population n'avait plus envie de lutter, certains disaient même qu'elle n'avait plus le goût de vivre. A quoi cela servait-il de combattre lorsque le leader incontesté de la planète n'était plus là pour guider le peuple? A quoi cela servait-il de résister lorsque le héros de toute une nation était mort au combat? Déjà, l'histoire de la fin d'Endrik Sel se répandait dans tous les villages, dans toutes les contrées. Le sniper avait sacrifié sa vie pour abattre le général Zelekyn. Mais pourquoi? Que diable s'était il passé sur cette maudite place pour qu'un tel dénouement se produise? Il faudrait probablement encore de longues semaines avant que la vérité n'apparaisse au grand jour, avant que les Nolvaniens ne se réveillent du long cauchemar qu'avait représenté le règne de Zelekyn.

***

Je creusais. A vrai dire, je ne savais pas trop pourquoi, mais j'avais le sentiment de devoir le faire. J'avais posé mon casque et mon fusil à quelques mètres de moi, et aidé par une lourde pelle, je creusais deux trous dans ce sol gelé. Je relevais la tête pendant quelques instants et regardais les immeubles décapités et les habitations en cendres. Un silence de mort régnait tout autour de moi, à peine troublé par les bruits lointains des turbines des vaisseaux de la République. J'étais parvenu à trouver un coin de verdure au milieu de la ville détruite, probablement un ancien parc qui permettait aux Nolvaniens de venir se détendre, à l'époque où la guerre n'avait pas encore frappé leur monde de plein fouet.

J'étais en sueur malgré le froid glacial. Mais cela n'avait pas beaucoup d'importance, je devais terminer cette tâche avant de m'éloigner à tout jamais de ce monde. Mais même si je quittais Nolvana, pourrais-je un jour oublier tout ce que j'avais vécu ici? Les Kaminoens m'auraient probablement assuré que ce n'était qu'une bataille de plus au milieu d'une vaste et immense guerre qui me dépassait à bien des égards. J'avais toutefois le sentiment de laisser sur cette planète une partie de mon âme. Je n'aurai jamais cru cela possible mais force était de constater que j'avais connu sur Nolvana un concentré d'émotions contradictoires et intenses: l'amitié, la colère, le désir de vengeance, la compassion, la tristesse...Le duel que je m'étais livré avec Endrik me laissait épuisé, chancelant. Je ne m'en rendais peut-être pas encore tout à fait compte, mais je savais qu'un jour où l'autre je comprendrai à quel point ma rencontre avec Endrik avait bousculé ma simple existence de clone.

J'entendis du bruit derrière moi et me retournais aussitôt, prêt à bondir sur mon fusil. Mais il n'y avait aucun danger. Le commandant Taylor approchait, son casque logé sous son bras droit, de gros flocons de neige venant se poser sur sa chevelure noire. Taylor s'arrêta à quelques mètres de moi, regarda les trous que je venais de creuser, puis les deux grands sacs qui se trouvaient à proximité, avant de me dévisager avec insistance.
-Pourquoi faites vous cela? me demanda t-il alors
-Je ne comprends pas, lui répondis-je
-Enterrer ces deux morts. Ce n'est pas à vous de faire ça.
-Je crois que si. Vous comprenez, je n'ai pas envie que Getro finisse dans une fosse commune ou pire encore. Nous avons perdu tellement de soldats sur cette planète que nous ne pourrons pas rapatrier toutes les dépouilles. Exact?
Taylor approuva d'un bref signe de tête. Je poursuivais:
-Alors je préfère l'enterrer moi même. C'est le moins que je puisse faire pour lui.
-Et pour le sniper?
Taylor regardait à présent l'autre sac.
-Je...je ne sais pas. Je...je crois qu'il a le droit à une sépulture et il mérite aussi qu'on lui rende les hommages militaires.
-Epsilon, ce gars était un ennemi. Il a tué plus de cent de nos hommes.
-Je sais tout cela, mais...il n'était qu'un pion dans cette guerre, tout comme moi. Il croyait que ce qu'il faisait était juste pour son monde. Aurions-nous agi différemment à sa place?
-La question ne se pose pas, nous sommes des clones!
- Alors peut-être ferions-nous bien de réfléchir à notre condition.
-Il n'y a rien à réfléchir, nous servons la République, à point c'est tout.
-C'est tellement plus simple comme ça, n'est ce pas?
-Nous n'avons pas choisi d'être ce que nous sommes. Mais nous devons faire avec.
-Endrik Sel n'a jamais choisi de mener cette guerre, il y a été forcé. Et...son sacrifice n'a donc aucune valeur pour vous?
-Quel sacrifice?
-Il a sauvé le Général Tuul...
-Les circonstances de la mort de Zelekyn ne sont pas claires et...
J'interrompis Taylor:
-Elles le sont pour moi. Endrik a tué Zelekyn. Et c'est uniquement grâce à cela que j'ai pu l'abattre à mon tour. Endrik le savait, il a accepté de mourir.
-Et qu'est ce que ça change?
-Pour moi, ça change tout. C'est le point final d'un duel qui m'aura fait profondément...évoluer.
Taylor garda le silence pendant quelques instants. Puis, il ne pu s'empêcher de me demander à nouveau:
-Pourquoi enterrez vous le sniper et Getro au même endroit?
J'eus un sourire las:
-Parce que ce sont les deux personnes qui auront le plus compté dans mon existence, autant qu'elles soient l'une à côté de l'autre. Et puis, il y a autre chose...
-Quoi donc?
-Vous savez ce qu'est un symbole, commandant?
-Oui, bien sûr.
-Et bien vous en avez un devant les yeux.
Taylor regarda une nouvelle fois les deux tombes et acquiesça silencieusement. Puis, au bout d'une minute qui parut durer une éternité, il fit:
-Epsilon, je suis venu vous prévenir que nous allions bientôt quitter Nolvana. Les vaisseaux d'évacuation commencent à arriver. Visiblement, nos services vont être requis sur un autre monde en guerre.
-Cela ne finira donc jamais...
-Je ne sais pas. Et ce n'est pas à nous d'en décider malheureusement. Nous ne pouvons que combattre et apporter la victoire à la République. Pour vous comme pour moi, il n'y a que ça qui compte.
Je ne répondis rien. Alors Taylor termina:
-Je vous laisse encore une heure, ensuite, il faudra que vous reveniez au camp. Que vous le vouliez ou non, nous avons encore besoin de vous.
Sur ces paroles, Taylor s'éloigna d'un pas rapide en grelottant.

Dans le temps qui m'était imparti, je parvins à glisser les lourds sacs mortuaires dans les trous et à les recouvrir de terre. Je plantais à la hâte deux écriteaux au bout des tombes, avant de me reculer. Je regardais pendant quelques instants les deux sépultures avant de m'éloigner progressivement. Je jetais un dernier coup d'œil en arrière et lisais une fois encore l'écriteau déposé sur la tombe d'Endrik: "Ici repose Endrik Sel, le Héros Nolvanien, mort pour sa patrie." Puis je rejoignis mon campement, une chape de plomb pesant sur mon cœur. Lorsque mon vaisseau d'évacuation s'éleva dans les airs, je me surpris à faire quelque chose que je pensais impossible pour un clone. Sous mon casque qui rendait mes expressions impassibles, je sentis un liquide s'échapper de mes yeux.

Je pleurais pour la première fois de ma vie.

***

Longtemps après la bataille de Nolvana et alors que la Guerre des Clones faisait rage, l'histoire du duel entre Epsilon et Endrik Sel commença à se répandre de monde en monde. Pour certains, le courage d'Endrik était un appel à la résistance, pour d'autres, la détermination d'Epsilon à remporter la victoire était un modèle à suivre. Durant les longues nuits d'hiver, l'histoire de ce duel à mort résonna entre les murs des casernes de la Grande Armée de la République. Et des clones, expérimentés comme novices, ne cessaient de s'émerveiller devant le dénouement tragique de cette aventure. Oh bien sûr, au fil du temps, et alors qu'il était de plus en plus raconté, ce récit fut déformé et l'issue bouleversée, certaines versions allant même jusqu'à parler d'un duel final entre les deux soldats, remporté par Epsilon qui était parvenu à tirer le plus vite.

L'histoire était devenue légende.

Mais partout où Epsilon se rendait, sur chaque champ de bataille où il posait le pied, il ne cessait de raconter la véritable histoire et il n'oubliait jamais de dire à quel point il respectait la mémoire de son ancien adversaire.

***

Et Nolvana me demanderez vous? Qu'est-il advenu de la planète après la victoire totale de la République? Et bien, souvenez vous du début de ce récit, souvenez vous qu'à l'origine, la République était entrée en guerre pour s'assurer la main mise sur une planète prospère et riche en matières premières. Avec la guerre, Nolvana fut ravagée, les installations minières furent détruites, l'économie de la planète s'effondra, plongeant cette dernière dans la misère. Quand la guerre cessa, la République constata que Nolvana ne pouvait plus rien lui apporter, qu'elle était devenue sans intérêt. Sur ordre du Sénat, les contingents restés sur place pour maintenir l'ordre furent rapatriés et la planète fut abandonnée à son sort. L'économie de Nolvana mit près de 20 ans à se relever complètement de ce conflit destructeur.

***

Le lieutenant clone Epsilon continua de servir la Grande Armée de la République jusqu'à la fin de la guerre. Il fut à l'origine de nombreux actes héroïques et son talent de sniper ne fut jamais remis en cause. Mais il devînt un soldat réservé, qui ne parlait à personne. Les deux seules exceptions étant les moments où il pouvait raconter son histoire et lorsqu’ il était seul à seul avec Essyen Tuul, son général Jedi. Lui seul avait également connu l'enfer de Nolvana et pouvait véritablement comprendre les tourments d’Epsilon.

On raconte que lorsque l'Ordre 66 fut proclamé, Epsilon abattit lui même son ancien général...



FIN

Ecrit par Darkwilliam
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