StarWars-Universe.com utilise des cookies pour faciliter votre navigation sur le site, et à des fins de publicité, statistiques, et boutons sociaux. En poursuivant votre navigation sur SWU, vous acceptez l'utilisation des cookies ou technologies similaires. Pour plus d’informations, cliquez ici.  
Duel de Soldats
VIII-L'Aube du Combat
 
Dans toutes les guerres, il y a un début et une fin. Au commencement, chaque camp espère remporter une victoire rapide et éclatante, une victoire qui restera dans l’Histoire. Mieux encore, à l’origine, chaque soldat rêve de triomphe et de gloire, ils aspirent tous à être le héros, celui qui fera basculer l’issue d’une bataille décisive. Mais à la fin, toute volonté de devenir célèbre, toute recherche de gloire et de magnificence ont disparu, définitivement. La plupart de ceux qui voulaient imposer leur marque sur cette guerre sont soit morts, soit mourants.

Il ne reste plus que ceux qui ont réussi à survivre, tant bien que mal, évitant les embuscades, réchappant aux bombardements. Mais la fin d’une guerre est aussi symbolisée par une ultime bataille, celle qui déterminera le nom du vainqueur. Et tous les soldats qui savent qu’ils vont devoir se battre encore une fois n’espère plus qu’une seule chose : non plus la gloire mais la survie. Et que tout s’arrête enfin.

Mais Endrik Sel est différent, il a été élevé comme un combattant hors pair, comme un homme redoutable. Il sait que chaque conflit est pour lui l’occasion de faire ses preuves. Il ne cherche pas la gloire, il cherche la victoire. Mais aujourd’hui, alors que la nuit s’éloigne peu à peu de Nolvana, Endrik désire autre chose : la vérité.

***

Je savais que j’approchais du Palais Gouvernemental, je reconnaissais en effet les hauts immeubles qui abritaient autrefois la haute sphère de la société Nolvanienne et qui trahissaient la proximité du cœur politique de la capitale. Mais alors qu’il y a quelques mois encore, ce cœur palpitait frénétiquement, aujourd’hui, il semblait dans une léthargie profonde. Les rues étaient désertes, sales, les immeubles abandonnés, les commerces pillés. Des cadavres recouverts de draps blancs étaient dispersés de ci de là dans des ruelles sombres. En fait, c’était simple, je ne reconnaissais plus ma ville.

Je doutais. Je me demandais si toute cette guerre avait un but concret, si nous ne nous étions pas lancés dans un conflit que nous ne pouvions pas remporter. Et même si nous parvenions à repousser les soldats de la République, Nolvana était dévastée, agonisante. Pourrions-nous un jour nous relever de ce conflit destructeur ? Mais je pressentais que nous étions allés trop loin dans l’horreur et les sacrifices pour reculer à présent. Zelekyn était parvenu à rendre la ville inexpugnable et baisser les bras maintenant aurait été un signe de lâcheté.

Zelekyn avait toujours été un héros pour nous, pour moi. Cela avait été mon mentor, celui qui m’avait tout appris, celui qui avait fait de moi une arme. Les propos d’Epsilon à son encontre continuaient de me bouleverser, de m’atterrer. Et si tout ceci était vrai ? Si Zelekyn était un meurtrier ? Se pouvait-il que ce soit effectivement l’homme qui avait tué mes parents ? Celui qui m’avait menti ensuite, m’éduquant alors qu’il savait pertinemment ce qu’il avait fait à ma famille ? Je devais en avoir le cœur net. Je devais parler au général.

Ma jambe droite ne me faisait presque plus mal et je sentais que les longues heures que j’avais passées dans le commerce délabré m’avaient redonné des forces. A présent, je passais à vive allure devant une série de statues dont la plupart avait été abîmées par des shrapnels. Je tournais dans une nouvelle grande avenue qui menait au Palais Gouvernemental et ne faisais même pas attention à un immeuble qui était dévoré par les flammes. Enfin, j’aperçus les barricades que nos soldats avaient installées. Bientôt, je pourrai confronter Zelekyn, même si cela devait être la dernière chose que je devais faire de mon existence. Le cœur battant la chamade, je donnais le mot de passe pour passer les sentinelles aux aguets et m’élançais sur les marches du palais.

***

Je regardais avec un mélange d’appréhension et d’excitation l’effervescence gagner peu à peu l’ensemble du campement Républicain. Voir des soldats se préparer au combat avec autant de minutie et de précaution était quelque chose d’impressionnant. Pour ma part, j’étais déjà prêt.

Dès mon retour au camp, mon premier geste avait été de retirer intégralement mon armure et de la nettoyer, afin de tenter de lui rendre un peu de son lustre. J’avais moi-même pris une douche sonique, bien que je dusse attendre près d’une heure que l’une des rares cabines du campement se libère. Puis, alors que la nuit s’était abattue sur Nolvana et qu’un vent frais s’était levé, je m’étais retiré dans ma tente pour nettoyer mon fusil. Je l’avais intégralement démonté, j’avais caressé toutes ses pièces, je les avais fait briller, dégraisser, avant de remonter l’arme avec soin. Quand enfin, j’eus fini de repositionner la lunette de visée, je m’autorisai à dormir.

Mais mes rêves furent agités. Je ne cessais de revoir la mort de Getro et un sentiment fort d’impuissance m’envahissait, tandis que le rire démoniaque d’Endrik Sel emplissait l’espace, résonnant dans les rues sombres et désertes de Nolvana. Les Kaminoens avaient assuré un jour à un Général Jedi que les clones ne rêvaient pas, qu’ils ne vivaient que pour combattre. J’étais la preuve (encore) vivante du contraire. Non seulement je rêvais, mais en plus j’avais toujours su que je ne vivais pas uniquement pour apporter la victoire finale à la République. Oh bien sûr, j’étais passionné par mon métier de tireur d’élite, mais à la fin d’une journée de combat, j’étais toujours heureux de pouvoir retrouver mon ami Getro et de pouvoir discuter de nos rêves, de nos envies. Tout ceci était désormais fini. Je n’avais plus qu’un objectif dans ma vie : tuer Endrik Sel, celui qui avait mis à bas mes espoirs.

Marchant d’un pas décidé au milieu du campement, je regardais les clones enfiler leurs tenues de combat, ou s’assurer que les mécanoïdes étaient en parfaite condition de fonctionnement. Les renforts qui avaient réussi à être envoyés s’étaient posés à une centaine de mètres du campement, avant que les immenses vaisseaux de débarquement ne reprennent leur envol. Ces renforts avaient été accompagnés d’un message du Chancelier Palpatine lui-même : la bataille de Nolvana avait assez duré. Il fallait en finir et vite. Palpatine comptait sur les troupes encore présentes sur la planète pour qu’elles soient rapidement envoyées sur un nouveau front qui venait de se créer.
En fait, Nolvana n’était pas encore prise que l’on annonçait déjà le prochain lieu d’affrontement. Mais tous les clones étaient déterminés à quitter cette planète maudite sur laquelle ils s’étaient embourbés.

J’arrivais enfin à la tente de l’Etat Major, sous laquelle le Commandant Taylor, le Général Essyen Tuul et le padawan Garek Tonel semblaient en grande discussion. Ils regardaient tous avec concentration une image holographique du Palais Gouvernemental. Alors que Taylor montrait des lieux précis avec un de ses doigts, le Général relisait en même temps une multitude de rapports faits par les éclaireurs.

Je m’arrêtais à quelques mètres de la tente et vis aussitôt le général relever la tête et me sourire. Je fis alors :
-Vous m’avez demandé général ?
-Oui, oui, approchez Epsilon. Nous devons parler.
Je m’exécutais avant de saluer avec respect le commandant Taylor, qui portait toujours son casque sous son bras droit. Tuul fit alors de sa voix fatiguée :
-Nous lancerons l’assaut demain matin, à l’aube. Nous avons encore toute la journée pour nous préparer minutieusement. Toutefois, je suis convaincu qu’aucune stratégie ne pourra nous assurer la victoire. Non, ce qui nous fera vaincre, c’est notre détermination à quitter cette planète. Vous ne croyez pas ?
-Affirmatif.
Le général reposa plusieurs filmplasts avant de déclarer de nouveau :
-Ils nous attendront très certainement. Ils vont préparer un comité d’accueil, et bien que nous soyons en supériorité écrasante, je pense que nos pertes seront lourdes. Et vous savez pourquoi Epsilon ?
-Parce qu’ils se battront avec l’énergie du désespoir.
-Exactement ! Garek m’a fait un bref rapport de votre mission en plein territoire ennemi. Endrik Sel n’est donc pas encore mort.
-C’est exact. Il s’est révélé être un adversaire hors paire, probablement le meilleur soldat que j’ai jamais rencontré.
-Je comprends…mais voyez vous, Sel me pose un problème. Car s’il y a bien un homme qui luttera jusqu’à son dernier souffle, c’est bien lui, n’est ce pas ?
-Oui.
-Alors vous comprendrez aisément pourquoi j’aurai aimé qu’il ne participe pas à l’affrontement final.
-Je peux vous assurer que si j’avais pu le…
Tuul leva lentement la main devant lui pour interrompre Epsilon :
-Je ne vous reproche rien lieutenant. En fait, je tenais surtout à vous repréciser que demain lorsque nous attaquerons, votre mission sera toujours la même. Trouvez le Nolvanien et empêchez-le de nous nuire. Plus vite il sera mort, plus vite nous pourrons remporter cette bataille. Il est un des piliers de la résistance.
-Leur général Zelekyn en est également un. Et le plus solide si vous voulez mon avis.
-Je me chargerai de lui, soyez en sur. Sel et Zelekyn morts, Nolvana tombera !
J’acquiesçais d’un signe de tête. Tuul expira longuement, trahissant sa fatigue à la fois physique et mentale, avant de poursuivre :
-Les Nolvaniens seront certainement arc-boutés sur leurs positions, ils défendront donc leur Palais Gouvernemental coûte que coûte. Notre stratégie sera simple, nous les encerclerons et nous resserrerons notre étau de tous les côtés à la fois. Nous les écraserons une bonne fois pour toute. Mais pendant la bataille, je veux que vous ne pensiez qu’à une seule chose : trouver le sniper Nolvanien.
- Rassurez-vous, je suis certain qu’il fera tout pour me débusquer.
-Alors j’espère que vous serez le plus prompt à tirer. Vous pouvez disposer. Et…bonne chance pour demain.
-Merci général.
Alors que j’allais m’éloigner, j’entendis la voix du Commandant Taylor me dire :
-Eh lieutenant ! Je suis…désolé pour Getro. Sincèrement.
Je faisais un bref signe de tête et m’éloignais.



***

Le Palais Gouvernemental semblait avoir encore perdu un peu plus de sa splendeur depuis mon départ en mission. Peut-être le ciel gris, difficilement contesté par quelques rayons de soleil timides, participait à lui donner un aspect triste et morne. De très nombreux soldats Nolvaniens, les traits tirés, certains blessés, déambulaient autour du palais, cherchant visiblement un moyen de tromper l’ennui. Certains s’étaient assis sur les marches qui menaient à la grande porte, jouant avec de vieilles cartes abîmées. D’autres n’avaient pas trouvé une meilleure occupation que de fumer cigarette sur cigarette. Enfin, certains discutaient, et tous semblaient exprimer leur lassitude et leur désespoir.
La vision de cette armée en décrépitude me porta un coup au moral. Je pouvais pressentir que nous étions au bord de la rupture, que nous vivions peut-être nos derniers instants de liberté et de souveraineté. Je montais avec rapidité les marches qui permettaient de pénétrer dans le palais, m’attirant les regards admiratifs de certains soldats. Le fusil en bandoulière, je m’arrêtais dans le grand hall, faiblement éclairé par des bougies et chauffé par un grand feu qui crépitait dans la cheminée. La vue de ces flammes me remonta quelque peu le moral et je me dirigeais alors vers la grande table qui servait de lieu de prise de décision pour le général Zelekyn.

Celui-ci regardait des données défiler sur un data pad, ses yeux légèrement plissés. Des soldats s’activaient autour de lui, amenant des nouvelles ou prenant leurs ordres. Après avoir souri à un groupe de Nolvaniens qui m’avaient salué, je m’arrêtais à quelques mètres à peine de Zelekyn, qui releva enfin la tête. Une expression de surprise, rapidement remplacée par de la satisfaction, apparue sur son visage barbu. Sa voix puissante résonna alors dans tout le rez-de-chaussée, attirant l’attention de ceux qui avaient sombré dans une semi torpeur :
-Endrik ! Tu es en vie ! C’est un soulagement, je commençais à croire que personne ne reviendrait de la mission.
Je répondais alors d’une voix où pointait la colère :
-Nous sommes tombés dans un guet-apens. La République nous attendait et n’a eu qu’à refermer son étau.
Zelekyn afficha un air renfrogné :
-Les éclaireurs ont effectivement signalés des mouvements de troupes ennemis dans la zone de la centrale. Mais comment diable ont-ils pu savoir que nous attaquions ?
-Nous avons été trahi…par Tomek !
Un bref silence s’imposa, pendant lequel je pus entendre le feu crépiter. Puis Zelekyn s’écria :
-J’espère que ce fils de chien a payé pour cet infamie !
-Il est mort. Mais je vous prierai de ne pas l’insulter et surtout de ne pas souiller sa mémoire.
Le Général fronça les sourcils, avant de faire le tour de la table et de s’arrêter à un mètre à peine de moi.
-Mais Endrik, bon sang, qu’est ce qu’il te prend ?
Je sentis les battements de mon cœur s’accélérer alors que je répondais d’un ton déterminé :
-J’avais confiance en vous, je vous considérais presque comme mon père. C’est vous qui m’avez tout appris, qui avez fait en sorte de faire de moi une arme redoutable. Vous m’avez recueilli à la mort de mes parents, mais bien sûr, vous ne m’avez jamais dit comment ils sont morts !
-Bien sûr que si, voyons ! Tes parents ont été lâchement assassiné par des Indépendantistes qui…
Je ne pus alors m’empêcher de hurler :
-Mes parents ont été effectivement tués, mais pas par des Indépendantistes ! Vous êtes leur meurtrier, vous êtes le responsable !
Zelekyn laissa planer un long silence. Puis ses traits se durcirent et il serra les poings de rage :
-Je ne sais pas qui t’a dit ça, mais il ment ! On veut semer la discorde dans ton esprit ! Ne te laisse pas faire Endrik, ne tombe pas dans ce piège grossier. Tu vaux mieux que ça !
-Dites moi la vérité, articulai-je alors.
-Tu la connais déjà ! Je t’ai sauvé de l’orphelinat et je t’ai donné un avenir. J’ai fait de toi un héros pour Nolvana ! Ne gâche pas tout ça ! Et surtout, ne trahis pas ton peuple dans un tel moment d’incertitude et d’appréhension!
-C’est vous le traître ! Tout ce que vous avez fait, vous l’avez toujours réalisé pour le pouvoir, pour la domination.
-Attention soldat, vous dépassez les bornes ! cria en retour Zelekyn en utilisant tout à coup le vouvoiement
-Plus rien n’a d’importance maintenant ! Tomek est mort, notre planète est assaillie par l’ennemi et tout ce à quoi j’adhérais n’est en fait que mensonges ! Je n’ai plus rien à perdre, car j’ai déjà tout perdu !
-Faux, il te reste l’amour de la patrie ! Il te reste ton devoir envers ton peuple ! N’abandonne pas maintenant, pas après tout ce que nous avons enduré, martela t-il.
Sentant la rage bouillonner en moi, je m’époumonais :
-Vous avez tué mes parents !
Ne pouvant plus se maîtriser, Zelekyn hurla à son tour :
-Tes parents étaient des traîtres qui menaçaient l’unité de Nolvana. Ils voulaient semer les graines de la discorde, ils voulaient renverser le pouvoir en place ! Ils n’avaient qu’un but, mettre un terme au système prospère dont nous bénéficions tous. Je devais faire quelque chose ! J’ai reçu l’ordre de sauver Nolvana, de maintenir la paix sur mon monde, coûte que coûte ! Tes parents ont refusé de se rendre, trop égoïstes pour penser à ce qu’il adviendrait de toi s’ils venaient à disparaître. Ils ont fait passer leur idéologie avant toi, avant ton propre avenir. Oui, j’ai tué tes parents Endrik. Mais je n’avais pas le choix, et je ne regrette rien.
Je ne pus rien répondre. J’étais comme pétrifié devant ces aveux. Toute ma vie, j’avais vécu dans le mensonge. J’en étais même venu à idéaliser un homme qui était pourtant le responsable de mon malheur. Il m’avait ôté mes parents et avait eu l’audace de m’élever, comme si de rien n’était. Alors, rassemblant mon courage, je dis :
-On a toujours le choix !

Au moment où Zelekyn allait de nouveau prendre la parole, on entendit un soldat Nolvanien accourir, avant de s’immobiliser brutalement aux côtés du général. Reprenant son souffle, il essuya la sueur qui perlait sur son front avant de dire :
-Général, j’ai une information de la plus haute importance à vous communiquer !
-Je t’écoute soldat!
-Les forces Républicaines sont en marche ! Elles se dirigent tout droit vers nous et visiblement, elles ont reçu des renforts.
-Tu en es sûr ? fit Zelekyn avec une trace d’inquiétude dans la voix
-Certains. Les rapports des éclaireurs sont formels.
-De combien de temps disposons nous selon toi ?
-Deux heures, trois tout au plus !
-Très bien, alors je veux que tous les soldats capables de se battre soient mis en état d’alerte, qu’ils rejoignent leur position de combat. Si la République vient à nous, inutile d’aller à sa rencontre, nous allons l’attendre ici ! Mais nous allons lui préparer un petit comité d’accueil. Transmettez l’ordre de renforcer nos positions, je veux que nos premières lignes de défense soient infranchissables !
-A vos ordres !
-Le Palais Gouvernemental sera le symbole de notre résistance, c’est ici que nous les déferrons et les mettrons en déroute. Il le faut, pour Nolvana ! Amenez moi tous les officiers, nous n’avons pas beaucoup de temps pour peaufiner notre stratégie.
-J’y vais de ce pas !
Tandis que le soldat s’éloignait, criant sur son passage que les forces Républicaines étaient en marche, Zelekyn se retourna vers moi et me fusilla du regard :
-Si tu es fidèle à ta patrie, prépare toi à combattre. Va te mettre en position, nous aurons besoin de toi !
Alors que le général s’éloignait, ses longs cheveux et sa cape voltigeant derrière lui, je criais :
-Je n’en ai pas fini !
-Moi si ! rugit-il
Et il partit. Au fond de moi, je sentis que de connaître la vérité n’avait en rien épanché ma colère. Calmant les battements de mon cœur, je regardais par une des fenêtres du palais, observant la neige qui s’était remise à tomber. Et je compris qu’avec l’approche des forces ennemies était arrivée l’heure du choix…

***

Le Palais Gouvernemental de Nolvana se trouvait au centre d’une vaste place bordée par de hauts immeubles qui abritaient autrefois l’aristocratie Nolvanienne. Quatre larges avenues, une pour chaque point cardinal, menaient au centre de la place. Si la République voulait s’emparer du Palais, elle devrait arriver par l’une de ses avenues. Mais surtout, elle serait obligée d’enfoncer les lignes de défense Nolvaniennes.

***

Je m’étais moi-même dissimulé dans un des beaux immeubles qui entouraient la place. De ma position, j’avais une excellente vue sur trois des quatre artères menant à la place. Et en choisissant un bon angle de tir, je pouvais couvrir une bonne partie de la place. Seuls les évènements qui se passeraient derrière le palais me seraient inconnus, car de fait, la construction me cachait la vue. Toutefois, d’où je me situais, je pouvais observer la porte principale du palais. Zelekyn se trouvait d’ailleurs à cet instant précis sur le perron, distribuant des ordres à qui voulaient bien l’entendre.

Deux heures étaient passées depuis que l’alerte avait été donnée et je savais que nous étions prêt à recevoir nos ennemis. Je ne pouvais déterminer si nous avions une chance de résister mais tout du moins, je pressentais que nous avions fait tout ce qu’il était possible de réaliser pour nous défendre. Des murs de sac de sable avaient été installés dans les avenues pour retarder la progression des troupes adverses et donner une bonne protection à nos soldats. En effet, derrière ces murs, des blasters automatiques sur pied avaient été installés et bon nombre de Nolvaniens étaient en position de tir, manipulant habilement leurs fusils où leur lance missiles. Quant aux soldats affectés aux tourelles anti-aériennes, ils étaient sur le qui-vive, scrutant le ciel avec angoisse. Enfin, des bataillons de soldats attendaient en renfort, disposés soit dans le palais, soit le long des immeubles voisins.

Mon fusil bien calé contre le rebord d’une fenêtre brisée, je me mettais en position de tir. Je vis alors Zelekyn demander à ses plus proches collaborateurs de rejoindre leurs postes de combat, puis il s’éclaircit la gorge et cria d’une voix tonitruante pour que tout le monde puisse l’entendre :
-Soldats ! La bataille décisive est inéluctable ! L’ennemi marche sur nous, assoiffée de victoire et de conquête ! Le misérable Palpatine nous envoi tous ses petits soldats afin de nous faire plier ! Mais je vous le dis, il ne réussira pas ! Il ne réussira pas parce que nous résisterons, jusqu’au bout, jusqu’à la mort s’il le faut. Je veux que pour chaque soldat Nolvanien abattu, dix clones périssent. C’est seulement comme ça que nous parviendrons à les repousser. Si nous gagnons aujourd’hui, nous repousserons la République, nous la forcerons à quitter Nolvana et nous ferons de cette bataille un moment historique dont on parlera pendant des centaines d’années ! Nous sommes à l’aube d’un moment charnière de notre histoire et c’est à nous qu’il appartient de faire en sorte que nous puissions encore à l’avenir décider de notre sort. Car je vous le dis, si nous nous inclinons aujourd’hui, nous sombrerons dans les ténèbres et le chaos. Résistons et nous vaincrons ! Ayez un moment de faiblesse, et nous serons laminés! Nolvaniens, préparez vous, la gloire est en marche ! Et elle vient pour vous tous !
Sur ces paroles, il dégaina sa lourde vibro-épée, la brandit vers le ciel et hurla :
-Pour Nolvana !
Et tous les soldats de reprendre :
-Pour Nolvana !

Malgré son discours fédérateur, je ne pouvais m’empêcher de haïr cet homme. Le fait de servir un assassin me révulsait, mais je n’avais pas vraiment le choix, je ne pouvais abandonner les miens dans un tel moment. On comptait sur moi. J’étais tiraillé entre mon devoir et l’envie de me lancer dans une vendetta personnelle. Toute ma vie, j’avais servi Nolvana, je ne pouvais abandonner mon poste maintenant, pas alors que la mère des batailles se profilait à l’horizon. Expirant lentement, je tentais de retrouver mon calme. Je devais me concentrer, car je savais que l’affrontement à venir allait mettre mes nerfs à rude épreuve.

Un silence de mort s’était abattu sur la place. Personne n’osait prononcer un mot, n’osait bouger. Personne ne bronchait même quand de petits flocons de neige venaient délicatement se poser sur les visages crispés. Et soudain, un cri se fit entendre, affolé :
-Ils arrivent ! Ils sont là ! Ils sont innombrables !
Mon cœur fit un bond dans ma poitrine et mon doigt se crispa sur ma gâchette. Bientôt, je rentrerai en action ! Et tandis que les premières décharges de lasers se faisaient entendre, je sus que quelque part, au cœur de l’armée ennemie, se tenait Epsilon. Et mes entrailles me firent souffrir quand je compris qu’aujourd’hui, l’un de nous deux allait mourir…
<< Page précédente
Page suivante >>