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Introduction
 

Nous l’avons déjà vu dans ce recueil : la vengeance de Boba Fett était inéluctable, comme gravée dans le marbre depuis que son père fut assassiné par les Jedi. Mais Fett est également impitoyable et lorsqu’il traque une proie, il le fait jusqu’au bout, il n’abandonne jamais. Lors du massacre du Temple, Dark Vador se montra également sans scrupule parce qu’il avait reçu un ordre précis : éliminer tous les Jedi, coûte que coûte. Et même les non-Jedi, comme Khalee, eurent à souffrir de cette terrible purge impitoyable.

Boba Fett, Chasse au Jedi - Kamocato007
 

Sous la noirâtre couche nuageuse de Sierraa, le Slave I venait de terminer sa furieuse course dans un amas de fumée noire. Les lasers d’une patrouille de chasse Sierraane étaient venus à bout du récepteur sensoriel avant. Du haut de ses douze ans, Boba Fett avait mené la vie dure à bien d’autres patrouilles de sécurité, et celle-ci n’eut pas le temps d’affirmer le contraire. Passant outre les débris des trois chasseurs, le Slave I continua sa route tranquille vers Sierraanar’ où l’attendait sa prochaine mission.

Il était à présent sous contrat avec l’Empire. Dans les rues malfamées de Coruscant, les chasseurs de primes se faisaient rares, la plupart ayant été engagés par les Moffs (ou Vador lui-même) pour punir les traîtrises à la Première Puissance Impériale. Ainsi, la Galaxie était devenue le terrain d’un nouveau combat : les derniers Jedi qui s’y aventuraient avaient la mort à leurs trousses.

Selon les dires des rares personnes à l’avoir vu sans mourir la minute suivante, Boba Fett était un colosse, le regard sombre et ténébreux, son blaster plus rapide que l’hyperespace, ses instincts plus aiguisés que ceux des meilleurs Jedi. Un chasseur de prime impitoyable et solitaire. Toutes ses victimes étaient à sa merci à la seconde même où ils croisaient son regard. C’était un Héros. Un tueur de Héros.

Et les rumeurs étaient bien la vérité : un colosse. Un colosse de douze ans. Une légende. Une légende vivante, un mythe, une ombre qui planait au-dessus de la galaxie. Son Slave I, tel un dieu volant, scrutait les cieux en quête de sa prochaine victime. 

Et Boba, dix jours plus tôt, avait arraché un contrat juteux entre les centaines d’autres qui voletaient dans le ciel de Coruscant. Le contrat s’appelait Meo Diett, et devait, selon les indications des troupes impériales, se cacher sur Sierraa, petite planète indépendante – un parfait refuge pour les hors-la-loi. Moins qu’une quête, il s’agissait plutôt d’une simple formalité, arrondissant ses fins de mois déjà bien ovales.

Il fut l’un des premiers à se précipiter sur les commanditaires de l’Empire, espérant trouver une trace du Maître Jedi Mace Windu, mais les nouvelles qu’on lui rapporta alors furent bien décevantes.

Un moff lui proposa donc le fichier « Diett, Meo » contre un beau tas de dataris, une fois le travail accompli.

Le Slave I atterrit sur une plate-forme de Sierraanar’ et Boba éteignit tous les réflecteurs. La ville était plongée dans les ténèbres sous une pluie battante. Il sortit du vaisseau en compagnie du droid MU-12 qui ne cessait d’émettre des bips-bips frénétiques qui agaçaient le jeune garçon. Il ne portait pas le casque de son père – il était vêtu, comme à son habitude, d’un impeccable costume noir qui l’habillait à chacune de ses missions. Un cadeau de Lama Su à son retour sur Kamino.

— Répare le récepteur, MU. Je n’en aurai pas pour longtemps, je serai de retour dans une minute, le temps de…

Il se tût. Instinctivement, il sauta derrière le premier caisson à sa portée, et écouta les bruits de pas qui se rapprochaient de la plate-forme. Le froid solide s’engouffrait dans ses vêtements, et ses deux yeux, deux petites fentes dans lesquelles brillait un diamant noir, étaient à l’affût du moindre mouvement. Ses tympans étaient aussi affûtés qu’une lame, et étudiaient le moindre bruit. 

Enfin, deux gardes Sierraans abordèrent le vaisseau. La pluie drue continuait de s’abattre sur la plate-forme, s’insinuant presque sous leur casque. Le blaster prêt à l’usage, l’un d’eux s’avança un peu plus du Slave en demandant en sa langue à son coéquipier, si une visite était attendue.

Le second grommela un « Non Non », et éternua dans son casque. Puis, avec un long soupir étouffé par celui-ci, il observa MU-12 qui clignotait avec douceur.

Boba fit le bilan. Deux gardes. Deux blasters. Et lui.

Brusquement, il se leva, fit une galipette et tendit son blaster vers le premier garde. Par réflexe, ce dernier lâcha un tir qui se perdit dans la nuit, et le temps d’un battement de cœur, un laser pénétra sa poitrine. Il devina la chaleur ardente du tir briser son cœur, et chuta en arrière, son corps se mêlant à la pluie et à l’obscurité.

Le second garde ne fut pas une affaire plus difficile. Boba cogna son casque et mitrailla son corps. Une dizaine de trous fumaient encore de la combinaison de l’homme quand le chasseur de prime rengaina son blaster d’un air satisfait. Il adressa un clin d’œil à Mu-12, caressa son blaster et reprit sa route, longeant un long pont balancé par les caresses d’un violent fleuve, et les rumeurs de la nuit, puis, de la ville…

Il mit peu de temps à la trouver. Une vaste cité d’ombres, éclairée par de rares réverbères, bercée par le chant du vent et de la tempête. Un long chemin de lumières se détachait de Sierraanar’ : tel un ruisseau lumineux, il s’écoulait vers la nuit. Des sons de fête s’en échappaient, et d’un rapide coup d’œil derrière lui, Boba Fett descendit la colline et entra dans le seul quartier qui vivait encore dans cette profonde obscurité.

Sa mission commençait ici. Un informateur devait le mener vers Meo Diett. Du moins, c’est ce que l’Empire prévoyait. Ce devait être un homme grand, déguisé, qui l’aborderait dans un bar du nom de « Camarade Ferlusien ».

L’enseigne annonça qu’il était sur la bonne voie : des choppes vides jonchaient les pavés, quelques hommes ivres mort ronflaient bruyamment, le coude sur le tonneau, le verre à la main. Quelques-uns chantaient à la gloire de la boisson, à celle de leurs fils, ou des bâtons de la mort qui les avaient bien sonnés, et peut-être un peu trop inondé de l’ambiance conviviale qui régnait, on vomissait les litres de bières et les tonnes de petits fours qui pesaient lourd sur l’estomac.

Boba Fett ne prêta pas attention aux regards ébahis des ivrognes qui demandaient une seule goutte d’alcool pour sombrer éternellement dans une pitoyable quiétude, et malgré l’assurance et le sérieux du chasseur de prime, on demanda ce qu’un enfant pouvait faire là, s’il s’était perdu, ou s’il venait partager les délices de son portefeuille pour une innommable beuverie.

Quand l’œil d’un vieux briscard cyclope tomba nez à nez avec la ceinture de Boba, celui-ci s’ouvrit en grand, encerclé par un magistral coquard.

— C’est… des jouets, ça, p’tit ? fit sa voix tremblotante, le fixant d’un regard implorant, pointant de son doigt crochu le blaster de Boba…

Il sentait l’alcool à vingt mètres à la ronde, et de ses moindres mots résonnait l’hectolitre de Whisky Correlien qui gazouillait dans son ventre.

Boba caressa son blaster avec l’ombre d’un sourire satisfait sur son visage plongé dans la nuit.

Un homme, un long zabrak au regard clair, la langue pendant lamentablement sur ses lèvres sèches, lui attrapa le bras et porta son murmure à l’oreille de Boba :

— Hey, p’tit… tu cherches ton papa ? ARRRRRRRRRRRRRRrrrr

Boba tenait encore la main du zabrak, tordue, les os brisés en un clin d’œil, tandis que l'enfant tendait son blaster entre les deux yeux de l’homme, louchant vers le canon.

Un seul laser retentit devant la large porte du « Camarade Ferlusien ». Il fendit son visage, proprement, silencieusement, d’une efficacité sans appel.

Le cri de l’homme ne s’était pas encore tu quand il tomba à la renverse sur une rivière d’alcool qui coulait sur les pavés.

Boba rengaina son blaster et entra dans le bar, laissant une quinzaine d’ivrognes sous le choc derrière lui.

Le bar ne différait pas beaucoup ce qu’il avait vu dehors : les fumées des cigares Malastariens et des bâtons de la mort voletaient tranquillement entre les cris et les râles qui s’élevaient de la foule. Des bris de verre constellaient le carrelage, et reflétaient l’intense lumière des plafonds. Le tavernier, un haut twi’lek à la face boudeuse, observait d’un mauvais œil le nouveau visiteur.

Un homme semblait agoniser au pied d’un gros Bothan couvert d’une longue cape noire. Un championnat improvisé de bras de fer faisait rage entre les millions de chopes vides qui camouflaient le pauvre carrelage terreux.

Boba s’assit sur une chaise, à l’ombre du tumulte, sous un long escalier, et attendit quelques minutes avant qu’une grande silhouette noire s’approche de lui. Sa démarche lente lui donnait l’impression de flotter dans les airs, sa cape propre et stérile l’environnait, telles les ailes d’un faucon.

— Fett ? fit une voix masquée par les cris hystériques et les chants grivois.

Le jeune chasseur de primes se leva et fronça les sourcils. Il huma l’air froid qu’amenait l’homme, et caressa d’un air hâtif son blaster accroché à sa ceinture, prêt à l’usage.

Il acquiesça.

— Je vous attendais un peu plus tard, fit la voix rauque de son informateur. J’ai mal choisi l’endroit de notre rencontre. N’importe qui peut nous entendre.

Il approcha son visage, masqué par une cagoule, vers celui de Boba Fett.

— Meo Diett n’est plus ici. Vous le trouverez sur Bakura, dans la Bordure Extérieure… L’Empire ne trouvera rien ici.

L’ombre s’éloigna à reculons de Boba, puis se retourna, et marcha d’un pas rapide vers la sortie, laissant Boba dans la pénombre de l’escalier…

La pluie s’était dissipée dans un brouillard rempli de mystères. L’ombre courait alors sur les pavés, ses pieds cognant les flaques noires dans un son sourd.

Boba Fett sortit alors du « Camarade Ferlusien », dégainant son blaster, comme on sort une lame de son fourreau. 

— Arrête-toi ! fit une voix d’outre-tombe.

La voix de Boba Fett, jeune chasseur de prime, annonciateur de mort aux quatre coins de la galaxie. La voix de Jango Fett, et celle de millions d’autres clones, aussi.

L’ombre se démasqua et se retourna. Dans la pâle lumière d’un réverbère, un visage s’illumina dans la nuit. Une courte barbe grisonnante cachait ses lèvres putréfiées, bleues, comme celle d’un homme tenu éveillé des semaines par une force secrète. Ses yeux, comme deux cristaux vides, fixaient Boba d’un air désolé.

— Tu as la ruse de ton père, fit-il avec l’ombre d’un sourire. L’idiotie aussi, à ce que je vois : il ne t’a jamais appris à ne pas se mesurer à un Jedi, et à ne pas trop te fier à ton blaster ?

Boba s’avança, sous le regard excité d’un public d’ivrognes et d’inconditionnels fêtards.

— Il m’a appris à ne pas les surestimer, s’écria-t-il de sa voix sobre. Et à ne me fier qu’à mon instinct. J’honorerai les consignes de mon client.

Là-dessus, jetant son dédain et son dévolu sur Meo Diett, il fit feu et une longue lueur verte s’échappa du bras du Jedi. Elle tournoya au-dessus de lui et révoquèrent les tirs. L’un d’eux effleura le costume noir de Boba qui, avec une galipette du plus bel effet, s’abrita sous un pylône, évitant de justesse un des tirs refusés.

Le bourdonnement du sabre accueillit alors un silence des plus parfaits, le temps que de courtes secondes s'écoulent dans l'obscurité. La pluie revint encore à l’abordage de la nuit, tandis qu’un public plus large affluait dans le quartier.

Boba bondit sur le côté, usant de la gâchette vers l’ombre du Jedi, sa lame émeraude dansant une nouvelle fois dans le noir, et l’un des tirs explosa une vitre de l’ « Enfoiré Neylanais », un bar avoisinant.

L’agilité de Boba fit face à la puissance de Meo Diett. Chacun des tirs du chasseur de prime se perdait dans la flamme verte qui embrasait le quartier. De par ses bonds et ses galipettes, qui enthousiasmaient les spectateurs, Boba évita à plusieurs reprises le sabre laser du Jedi.

Atterrissant derrière Diett, prenant appui sur la tôle d’une porte d’un hangar, Boba serra les poings et décocha un superbe coup du gauche à la nuque du Jedi, qui chancela, un peu sonné, sur le tapis de sable et de pavés. Il tendit le manche de son sabre en avant, se retournant, et Boba parvint à l’esquiver, se courbant, son nez touchant presque la poussière sableuse des pavés.

Le sabre revint à la charge : un coup latéral faillit déchirer son corps en deux. D’un bond qui lui fit perdre l’équilibre, Boba cibla le visage grimaçant de Meo Diett et pressa la gâchette.

Le tir fendit l’air dans un grand bruit de vent, et un cognement sourd retentit près de lui.

Diett, la main sur son front saignant, serra le manche de son sabre dans sa main et son visage rugissant observa Boba un instant. Le tir avait éraflé sa peau, sur une dizaine de centimètres.

Meo dessina dans la tôle du hangar un large cercle, qu’il frappa du pied. Le bout de tôle chuta et il s’immisça alors dans l’entrée improvisée.

Boba s’approcha alors du trou béant, le blaster postulant au combat, et tendit son regard dans l’obscurité du hangar…

Soudain, il sentit une forte secousse. Comme un coup de tonnerre qui le frappa en pleine poitrine. Il fut repoussé vingt mètres en arrière, si facilement qu’une rage obscure l’inonda en plein vol.

Le Jedi avait usé de ses pouvoirs, et, s’écrasant sur un mur, chutant lourdement sur le sol, soulevant un nuage de poussière noirâtre, il se sentit plus résigné encore à user de ses talents. Il rattrapa son blaster, et sa haine cibla dans le vide.

Un cognement sourd retentit alors devant lui : puis des crachotements de moteurs, des râles d’ailes semblèrent fendre l’air du hangar.

La porte se dégonda dans une explosion de tôle et de plastique : un sublime Sierrawing bondit victorieux hors du hangar, et ne tarda pas à s’évanouir dans la nuit et le tapis d’étoiles, qui continuaient, impassible, de veiller sur Boba.

Il courût à perdre haleine vers son vaisseau, ses jambes dessinant sa route d’un vaste chemin de poussière qui se dissipa dans la nuit, alors qu’il rejoignait le Slave I.

MU-12 bipait avec insistance.

— Où est-il parti ? fit la voix silencieuse de Boba. Scanne les données de sa direction.

MU-12 bipa à nouveau.

Tatooine…

Une douce lumière orange illumina le cockpit à travers la verrière du Slave I. MU-12 bipait avec douceur, et les moteurs hyper spatiaux se rengainèrent dans leurs orbites. Un long silence s’installa alors, tandis que le vaisseau entrait dans l’atmosphère de Tatooine, une brume épaisse et rose qui ne tarda pas à se dissiper, laissant place à un long paysage désertique qui semblait ne pas avoir de fin : un soleil assassin se couchait sous les cieux pourpres, et un autre le suivait dans sa chute, dans un bain d’ombres et de lumières.

Survolant les canyons et les rares banthas qui s’aventuraient sur la plaine sableuse, le Slave I s’immisça dans une belle impression d’immortalité, sur une nuit naissante, et sous la mort du jour. La mâchoire serrée comme celle d’un carnassier, ses yeux n’étant plus que deux fentes où brillaient une lointaine lumière noire de haine, il évita de croiser les images du passé, fourmillant dans son esprit, voguant entre les dunes de sables.

Le sable de Géonosis, en lui, éveillait les mêmes colères qui l’avaient foudroyé deux ans plus tôt : accroupi devant ce qu’il lui restait de vie, il prenait le casque de son père et l’approchait de son crâne, où coulait un long ruisseau de larme. A cet époque, il n’était que Boba, fils de Jango, accompagnant de temps à autres son père dans ses aventures.

Pourtant, assis dans le cockpit d’un superbe Slave I, tenant les commandes mieux que les plus légendaires pilotes, il était Boba Fett, chasseur de prime, assassin craint et respecté. Une ombre parmi les ombres, et pas des moindres : un Fett.

La nuit environnait son chasseur, mais quelques lueurs du jour subsistaient encore dans le lointain. Son ordinateur de bord lui informa la présence de Mos Eisley, non loin de là, et Boba pianota sur l’écran tactile tout en jetant un œil sur son radar.

Une étrange lumière clignotait sur celui-ci.

Par instinct, ou son automatisme bestial refit surface, ses mains se clouèrent sur les commandes, les fentes de ses yeux se rétrécirent encore plus, et, sans attendre les premiers émois du canon à ions de Meo Diett, son Slave fit une jolie pirouette, ses moteurs vrombissant leur hâte de combattre, au rythme de son cœur qui battait la chamade.

La silhouette sombre du Sierrawing de Diet pointa alors à l’horizon, et une pluie de laser zébra aussitôt les cieux pourpres.

Le Slave I esquiva la tempête, usant lui-même de ses torpilles à protons, qui se perdirent dans le lointain…

Le chasseur de Diett s’insinua dans les tonnerres des torpilles, et l’un d’eux effleura sa coque fragile, explosant à la surface de ses générateurs latéraux. Le vaisseau chancela dans les airs, déstabilisé. Une de ses ailes s’effondra alors sur le sable, soulevant un long nuage de poussière orangée, avant de se redresser, majestueusement, vers les cieux tombant.

Dans son cockpit, Meo Diett observait son radar : Boba Fett n’en avait pas encore fini avec lui. Deux nouvelles lumières blanches s’allumèrent sur l’écran : deux torpilles à protons téléguidées bondissaient dans les airs, leur course escortée par la danse du vent dans les dunes sableuses.

Il rectifia sa trajectoire, et donna toute la puissance nécessaire à ses moteurs pour partir loin de leur portée.

Les générateurs rugirent, le moteur cria sa douleur, et Meo, pianotant frénétiquement sur son tableau de bord, baignait dans une longue rivière de sueur, qui dégoulinait sur sa banquette.

Ses canons blasters arrières pivotèrent, et il cibla la première torpille : après trois tirs bien sentis, elle explosa en plein vol, et des brumes de poussières s’évanouirent dans le désert.

Il ne tarda pas à s’affairer à la seconde : une boule de flammes gagnait son vaisseau. Puissante, rapide, solitaire dans un bain d’ombres et de lumières. Ses mains se risquèrent près de la gâchette, ses doigts trouvèrent à tâtons le bouton de tir, et chacun de ses os se crispa, la Force elle-même inonda son corps, et une pluie intense de laser s’écoula de ses canons blasters.

Ce fût à ce moment que la Force lui fit tourner la tête. Alors que la deuxième torpille explosait dans le ciel, au-dessus de Mos Eisley.

Au-delà de la verrière de son cockpit, il vit le Slave I foncer droit sur lui.

Un laser explosa la large vitre. Les bris de verre cinglèrent son cockpit.

Un autre tir pénétra son épaule, et lui arracha un cri. Par réflexe, il pressa la gâchette de tir et une mélodie métallique tinta à ses oreilles : les yeux fermés, il comprit qu’il avait atteint sa cible, par hasard, ou par la Force.

Son moteur éclata sous la force destructrice d’une torpille à proton, et les ailes de son Sierrawing se détachèrent de leur socle, brisées par les bas immeubles de la ville : son chasseur tomba à la renverse, un long chemin de sable se dessina dans les quartiers, et une autre explosion retentit derrière Meo, sous le choc. Les générateurs s’embrasèrent.

Boba ne parvint pas à maintenir une trajectoire fixe : le laser de Diett avait pénétré les générateurs d’hyperpropulsion, entraînant une réaction en chaîne : son moteur Kuat F-31 explosa, menant le Slave I vers une interminable chute au-dessus de Mos Esley…

Boba s’agrippa à son tableau de bord tandis que son vaisseau glissait sur un tapis de sable…

Lorsqu’il rouvrit les yeux, la douleur l’aveuglait, lui brûlant le front.

Un son strident annonça l’heure funeste de ses générateurs Kuat XF16. MU-12, s’éjectant de son socle, lui conseilla vivement de débarrasser le plancher.

Boba prit le casque de son père, le blaster de ce dernier, ainsi qu’une dague bien aiguisée qu’il fixa à sa cheville, et bondit hors de la verrière fracassée.

Sur le sable, il courût quelques pas avant d’être projeté à cent mètres par la force de l’explosion. Son visage baignant dans le sable, il chercha à tâtons son blaster, et le trouva. Son seul contact suffit à le rassurer, et la vue du casque mandalorien le réconforta.

Il se leva d’un bond, prit son autre blaster perdu dans le sable, confia le casque à MU-12, jeta un coup d’œil discret au quartier plongé dans la nuit, et redonna un air de neuf à son costume noire. En quelques secondes, il se sentit redevenir Boba Fett, ce chasseur de prime impitoyable, impeccable. Le même homme qui ne tarda pas à s’élancer à la poursuite de Meo Diett, son contrat, dans les rues de Mos Eisley.

Il serpenta alors les quartiers de la ville, une heure, un siècle, il ne sût pas alors. Il aperçut les flammes rougeoyantes du Sierrawing s’épaissir au-dessus de la cité, et les rumeurs de la foule parvinrent à ses oreilles. Il bifurqua aussitôt dans une petite ruelle, et une vague odeur de fumée lui caressa les narines. Escaladant les murs d’une maison à l’état déplorable, prenant appui aux rebords des fenêtres, il accéda au toit et se mit en quête d’indices.

Le Sierrawing n’était plus qu’un grossier tas de cendres, malgré quelques lointaines lueurs de sa splendeur passée. La foule affluait autour des flammes.

Le regard de Boba analysa tous les quartiers à portée de vue : la plupart étaient plongés dans la nuit, à la douceur des toutes dernières lueurs de la journée, et leurs chemins semblaient sans vie, endormis.

Mais, le long d’une route sableuse, il aperçut une sombre silhouette se peindre dans la nuit, avant de disparaître sous la vitrine d’une échoppe.

Boba bondit hors des toits, atterrit impeccablement sur le sable, ne se risqua pas à un coup d’œil vers la foule interloquée, et partit en quête de Meo.

Il fréquenta les ruelles sombres, le regard droit, fermé, sa vitesse toujours constante, ses deux blasters serrés dans chaque main. Il hanta les longues avenues de Mos Eisley, visita la nuit et n’écouta que son instinct, radar infaillible.

Enfin, il s’arrêta net devant l’échoppe délabrée, remarqua un landspeeder garé sur le sable, et pénétra par une large entrée d’où on devinait la présence d’une porte dans le passé. Il arriva dans un vestibule de commerce, et remarqua un mince filet de poussière sous un rideau de soie, trahissant la présence de Diett. D’un air satisfait, il pointa son blaster et souleva délicatement le rideau… Là, au fond de la pièce, tapi dans l’ombre, Meo Diett le fixait, ses yeux se perdant dans les siens. Une de ses mains soutenait son épaule blessée. Un court silence s’installa alors dans l’échoppe, avant que, brusquement, le combat ne commence dans une mêlée de flammes émeraude et de lasers zébrant la nuit.

Boba bondit sur le côté, s’abritant sous une étagère remplie d’ustensiles de cuisine. Il fit feu à plusieurs reprises, caché par un article nommé « Bombe de Kotorn » tandis que le sabre laser de Diett dansait au-dessus de la caisse du marchand.

Fett se pencha pour éviter la lueur verte qui brisa en deux toutes l’étagère, avant de chuter lourdement sur le chasseur de prime.

Se dépêtrant des bris de verre et des morceaux de plastiques, Boba, le souffle court, fit une cabriole et atterrit sur un long fauteuil doux et moelleux (toutefois le prix lui sembla moins confortable) et ses mains perdirent un blaster qui se cacha sous une étagère.

Meo Diett, le sabre laser s’apprêtant à le décapiter, le fixa de son regard sans pitié. On aurait dit ce gungan de Coruscant devant un steak de bantha appétissant.

Boba trouva à tâtons son autre blaster et le tendit vers Meo.       

Il tira sur la gâchette.

Mais lorsqu’il ouvrit les yeux, il vit avec stupeur que le sabre du Jedi avait brisé le canon, et que Meo, toujours en vie, continuait de l’observer.

Comme si le temps s’était arrêté, Boba vit la lueur verte du sabre se baisser lentement vers lui, plus lentement encore que la peur s’écoulait dans son esprit. Soudain, il se sentit faible, fragile, comme un enfant.

À la différence près qu’il était toujours Boba Fett, chasseur de prime.

Il bondit au-dessus de Meo et roula sur le sol, sur les bris de verre et sa main trouva automatiquement la Bombe de Kotorn. Rugueuse, grosse et difforme, elle allait lui sauver la vie.

Il la dégoupilla. Activée.

Boba la plongea dans l’obscurité de la pièce, et ses deux jambes le portèrent, le temps de trois pas et de trois battements de cœur, hors de l’échoppe, sur le sable.

Cette fois, il trouva son contact doux et rassurant.

La force de l’explosion le repoussa et l’écrasa contre un mur délabré, et il atterrit près du landspeeder, immobile dans la nuit.

Il entendit des vitres se briser, et quand il ouvrit les yeux, il retint sa respiration.

Meo se trouvait là, devant lui, sa longue cape n’était plus qu’un résidu de tissu calciné. Son regard pénétrant n’étant plus que deux yeux implorant, qui le fixaient avec douleur.

Du manche de son sabre laser étincelait toujours une longue flamme verte.

Paralysé, Boba n’osa bouger un os.

Meo Diett s’approcha.

— Joli coup, petit. Kenobi disait vrai, tu es un véritable démon.

Il s’approcha encore, la lueur crépitante de son sabre se rapprochant dangereusement du front de Boba, immobile.

— Une vrai tête brûlée, c’est le cas de le dire, fit une voix derrière eux.

Meo tourna la tête, et eut un sourire surpris.

 

Obi-Wan Kenobi, maître Jedi, se trouvait devant lui, fixant l’échoppe embrasée qui jetait ses flammes et ses cendres sur l’avenue de sable.

Il était différent de la première fois que Boba l’avait rencontré : autrefois, il avait le regard doux, le visage jeune, fier et apaisé. Tel qu’il le voyait, il donnait l’impression d’un homme en passe de devenir un vieillard avant l’heure : quelques lueurs grises dans sa barbe et ses cheveux trahissaient son âge, et les traits de son visage fermaient ses pensées à tout visiteur. Dans ses yeux se dessinait une lointaine douleur, qui semblait l’embraser jusqu’à la moelle.

 Sa voix semblait se perdre dans cette douleur. Son timbre métallique révéla sa longue solitude.

— Bonjour Meo, dit-il en souriant, d’un lointain sourire qui semblait provenir d’outre-tombe. D’un sourire qui était le sien à peine un an plus tôt.

— Obi-Wan… Ce garçon m’en a fait voir de drôle sur Sierra. Excuse-moi d’être venu ici, le sénateur Organa m’a expliqué la… situation. J’ai appris pour Anakin. Je suis désolé…

Obi-wan perdit aussitôt son sourire et fixa les cieux d’un regard perçant.

— C’est bon, s’écria Maître Kenobi, en passant la main sur sa nuque. Je suis heureux de te voir sain et sauf, j'aurais peut-être les nouvelles de l’Empire ? Ici, les seuls ragots concernent les Hutt, ou les champions de Pod...

— Les nouvelles ? Elles ne sont pas très bonnes, Obi. Pas très bonnes pour nous.

— Je m’en doute, fit Kenobi, le regard fermé. Je vous observe depuis votre arrivée, tu sais ! Ca ne m’étonne même pas que tu n’aies pas senti ma présence, tu avais fort à faire avec ce jeune homme, non ?

Meo soupira bruyamment. Boba lui était complètement sorti de l’esprit, bien que son sabre soit pointé sur lui, à une dizaine de centimètres de son front.

Boba le souffle court, fixa Meo d’un regard perçant, qui, au grand dam du jeune chasseur de prime, lui administra un sourire infaillible. Cette façon de se sentir enfant, inéluctablement, fit jaillir en lui une intense colère qui lui brûla les veines.

Meo éteignit son sabre laser et le remit à sa ceinture, et d’un signe de tête, demanda à Boba de se lever.

— Allez mon garçon, fini de jouer. Obi, où pourrais-je trouver un vaisseau d’occasion ? Je suis un peu court, niveau monnaie. La vie à Sierra coûte assez cher... Ici, ça à l'air un peu moins...

— Je verrai ça avec toi. Pour le garçon, son vaisseau est en sale état aussi.

Il eut un léger sourire et Boba savait bien ce qui se tramait derrière sa tête : le Slave I, au temps de son père, ne lui avait pas paru très courtois.

Boba réfléchit à ses dépenses : trois générateurs, peut-être quatre, à réparer ou à remplacer (c’était presque le même prix, vu l’état des dommages) et un moteur Kuat F-31.

Pas assez d’argent pour payer à la loyale. Tant pis, pas besoin de dataris là où les blasters suffissent.

— Jabba le Hutt aura bien besoin d’un petit renfort de toute façon. C’est vrai qu’il aurait massacré une vingtaine de ses employés pour n’avoir pas mis la sauce qu’il voulait sur son steak de bantha ?

— Je me fiche un peu de ces rumeurs, tu sais… fit Obi-wan avec l’ombre d’un sourire. Mais j’ai entendu parler de quarante danseurs et cuisiniers.

Ils s’engagèrent alors tout deux dans un long dialogue qui n’intéressa pas Boba.

Car une idée avait foudroyé son esprit.       

Une idée qui faisait bien de lui un Fett.

Une lame bien aiguisée caressa sa cheville. De quoi honorer son contrat.

Sa main glissa sur sa cuisse, mais les deux Jedi ne semblèrent pas le remarquer, trop concentrés sur leur conversation. Mais la Force les avertit et leurs deux regards pivotèrent en même temps sur leur cou.

Mais il était trop tard. Un hurlement déchira le silence de la nuit.

La dague de Boba pénétra la chair de Meo, coupant net sa respiration. Son cri s’étouffa dans la douleur et le Jedi sentit son cœur imploser dans sa poitrine.

La main de Boba empoigna le sabre laser de Diett. Il esquiva la lame bleue de Kenobi qui manqua de cisailler ses jambes.

Il bondit sur le siège du landspeeder, l’activa, jeta un dernier coup d’œil derrière lui (Obi-Wan rattrapait le corps sans vie de Diett dans sa chute) et l’ombre de sa silhouette s’évanouit aussitôt dans une ruelle obscure.

 

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Tandis que la nuit s’était approfondie autour de Mos Eisley, un speeder fonçait dans un vaste désert de sable, dans une majestueuse impression d’éternité.

Immortel, invincible, le chasseur de prime Boba Fett volait vers son prochain contrat. Il se plaisait de temps à autres à plonger sa main dans sa poche, afin d’y caresser le sabre de Meo Diett, preuve que son contrat était honoré.        

 C’était une mission parmi tant d’autres. Parmi celles qu’il avait accomplies avant. Parmi celles qu’il accomplirait plus tard. Car Boba Fett est un mythe, un dieu. Un chasseur de prime, craint et respecté, dont l’ombre plane aux quatre coins de la galaxie : la légende de Boba Fett.

La Mort de Hanna Ding - Darkwilliam
 

Hanna Ding sentait le chaos se répandre tout autour d’elle, telle une vague immense d’obscurité que rien ne pouvait endiguer. Dans la Force, elle discernait la noirceur infinie du Côté Obscur qui se déversait immanquablement dans tout le Temple Jedi.

Ding se plongea plus profondément encore dans la Force pour mieux contrôler ses émotions. Tapie dans le noir, elle attendait le moment propice pour défendre tout ce en quoi elle croyait, tout ce qui avait bercé sa vie et ses espérances. Ding était une source aveuglante de lumière dans la pénombre et elle voulait se montrer digne des Jedi en repoussant de toutes ses forces l’obscurité.

C’est les yeux fermés qu’elle entendit les soldats clones progresser avec rapidité et efficacité dans tous les couloirs du Temple. C’est les poings serrés qu’elle perçut les cris de souffrance et d’agonie des jeunes Jedi qui se battaient pour leur survie. C’est le visage crispé par la douleur qu’elle ressentit la mort de ses maîtres, de ses amis, de ses frères.

Alors quand les clones s’approchèrent du recoin où elle s’était dissimulée, elle sut ce qu’elle devait faire. Il n’y avait qu’une seule façon d’empêcher la poursuite du carnage, il fallait combattre. Combattre pour la vie, combattre contre la mort, combattre pour la Force.

C’est dans le lieu sacré qu’est le Temple Jedi que Hanna Ding s’apprêta à mener le conflit le plus violent de son existence.

D’un bond prodigieux, elle se retrouva au milieu de l’escouade de clones. En une fraction de seconde, elle alluma son sabre laser, l’outil noble des Jedi. Une magnifique et enivrante flamme verte se déploya, baignant la scène dans une clarté éblouissante. Tout sembla se dérouler au ralenti quand Hanna Ding se servit de la Force pour accélérer ses mouvements amples de sabre, pour anéantir les assaillants qui voulaient la tuer.

Hanna ne réfléchissait plus, elle se laissait guider par la Force. Elle renvoyait le déluge de feu qui lui était destiné avec grâce. Elle pourfendait les clones ennemis avec une rapidité surprenante, mieux, elle tournoyait sur elle-même avec agilité, faisant d’elle un tourbillon verdoyant. Les clones s’écroulèrent les uns après les autres, certains poussant des gémissements, d’autres se contentant de mourir sans un cri.

 Mais c’est alors que le bruit continu et insoutenable de pas se fit de nouveau entendre. Un bruit régulier, militaire, réglé comme du papier à musique. Débouchant d’une pièce adjacente, Ding vit un nombre incroyable de clones approcher. La jeune Jedi positionna sa lame devant elle, prête à en découdre une dernière fois. Mais plus elle attendait, plus les clones semblaient nombreux.

Prise d’une panique légitime que la Force ne parvenait plus à combattre, Ding commença à reculer. Puis alors que les soldats de Palpatine arrivaient à portée de tir, elle se mit à courir vers l’autre bout du Temple. Elle devait trouver un lieu pour se reposer, pour se reconcentrer et pour puiser dans la Force le courage de continuer à se battre.

Mais alors qu’elle s’éloignait du massacre, elle sentit la Force hurler, bouillonner, la poursuivre inlassablement. Mais ce n’était pas l’œuvre du Côté Lumineux. Non, la Force était empreinte de haine et de rage. D’une rage insoupçonnable et intarissable. Ding crut discerner sur les murs des vagues de noirceur qui engloutissaient chaque pièce du Temple, cherchant par tous les moyens à l’atteindre. C’est dans le vacarme assourdissant de l’orage mêlé aux tirs de blasters que la padawan comprit que le Côté Obscur avait définitivement et irrémédiablement envahi le lieu saint des Jedi.

Elle se dirigea alors vers une des quatre tourelles du Temple qui menait à des salles de méditation. Elle gravit les marches blanches trois à trois, le souffle court, le cœur battant à tout rompre. Elle franchit une lourde porte métallique qui coulissa derrière elle puis la verrouilla de l’intérieur et put enfin reprendre son souffle. La pièce dans laquelle elle se trouvait était pratiquement vide mais tellement apaisante. La jeune apprenti se dirigea alors vers une vaste baie vitrée circulaire qui donnait sur les environs du Temple.

Elle s’attendait à découvrir ce qu’elle vit en contrebas. Mais la réalité des choses la rattrapa dans toute son horreur, dans toute sa violence. D’où elle était, elle pouvait voir l’entrée du Temple. Celle-ci était jonchée de cadavres, clones ou Jedi. Pire encore, des renforts arrivaient en nombre, se dirigeant implacablement vers le Temple. Ding regarda pendant un court instant les étendues lumineuses de Coruscant qui brillaient de tout leur feu dans la nuit. Elle se rendit alors compte que c’était une nuit comme des milliers d’autres, à ceci près que quelque chose ou quelqu’un avait donné l’ordre aux clones de se retourner contre les Jedi et de tous les massacrer sans hésiter. Mais qui et pourquoi ?

 L’Arkanienne n’arrivait pas non plus à analyser cette étrange sensation qui l’entourait et la pénétrait sans cesse. La Force était comme aspirée par un trou noir, absorbée par l’obscurité pour devenir elle-même obscurité. La Jedi n’avait pas souvent eu affaire à cette sensation mais elle savait ce que cela signifiait. C’était là la marque du Côté Obscur, la marque des Sith…

Soudain des bruits de pas précipités se firent entendre dans les escaliers menant à la salle de méditation. Des bruits de pas, nombreux, qui se rapprochaient inéluctablement comme si les clones avaient flairé la proie à abattre. Hanna déglutit et saisit son sabre laser. Une froide détermination naquit alors dans son cœur de valeureuse Jedi. Elle comprit qu’elle allait lutter jusqu’au bout, refusant la mort, combattant pour son idéal de paix et de justice, trop longtemps bafoué par des années de guerre sanglante.

Les clones venaient d’arriver face à la porte verrouillée. Certains frappèrent dedans, d’autres tirèrent, tentant de briser le système de fermeture. C’est alors qu’une voix sombre, empreinte de colère se fit entendre. Elle semblait traverser les murs pour mieux atterrer ceux qui l’entendaient :

— Laissez-moi faire. Je vais m’en occuper seul !

Hanna attendit quelques secondes qui lui parurent interminables. Puis dans un nuage d’étincelles, la porte s’écroula, provoquant un fracas assourdissant. Dans la pénombre, une silhouette se démarqua, légèrement éclairé par la lame bleue d’un sabre laser. La silhouette s’avança, l’air sur d’elle et stoppa là où les lumières de Coruscant l’éclairaient faiblement. Ce que vit Hanna la fit reculer d’un pas, l’acculant à la baie vitrée. Face à elle se tenait un homme entouré par la rage et la souffrance. Un homme qui se nourrissait du Côté Obscur et qui l’utilisait comme une arme invincible .Et soudain tout devînt clair dans l’esprit de Hanna Ding qui ne put murmurer que ces quelques mots :

— Anakin, tu nous as trahis.

— Non, c’est vous qui avez trahi la République. Vous devez payer pour cela.

— Tu as tué nos frères.

— J’ai tué les ennemis de la République.

La voix d’Anakin était d’une froideur démoniaque comme si l’obscurité parlait à sa place. Il ajouta en esquissant un sourire terrifiant :

— Tu es comme les autres !

Aussitôt Anakin fit un saut périlleux avant et se retrouva à un mètre à peine de l’Arkanienne qui alluma son sabre laser. Les lames s’entrechoquèrent dans un déluge d’énergie, elles se croisèrent, se décroisèrent à une vitesse vertigineuse. Hanna tentait de parer les coups innombrables qu’Anakin lui assénait, la forçant à s’épuiser rapidement. Bien vite, la jeune Jedi comprit qu’elle ne pourrait jamais gagner, pas contre une telle fureur, pas contre une telle utilisation du Côté Obscur. Ding sentait les ténèbres la cerner et l’écraser comme dans un étau. Elle suffoquait de ne pas pouvoir trouver le réconfort de la lumière. Ses coups étaient de plus en plus lents alors que ceux de son adversaire étaient méthodiques et calculés. Implacables.

Dans un déchaînement de colère, Anakin trancha la main de Hanna qui hurla de douleur. Elle heurta violemment la vitre de la salle de méditation qui trembla sous l’impact. Alors que des larmes coulaient sur son visage, la Jedi murmura :

— Pourquoi Anakin ? Pourquoi ?

— Dorénavant, mon nom est Dark Vador.

Hanna sentit la lame de Vador lui transpercer la poitrine, calcinant au passage ses poumons. Elle voulut hurler mais aucun son ne sortit. Les yeux écarquillés par la douleur, elle sentit à peine le mur de Force qui la heurta quand Vador décida de la défenestrer.

Hanna Ding brisa la vitre de la salle de méditation et tomba définitivement dans la nuit. Elle ne sentit jamais le terrible choc quand elle heurta de plein fouet le sol car à ce moment là, la mort l’avait déjà emportée.

Vie Brisée - Para Emperor
 

Le soleil était en train de se lever, inondant le ciel d’une onde orange intense, chaude, qui rendait violet, par contraste, les quelques nuages dispersés deci-delà ; au midi trônait encore, malgré l’heure matinale, une gigantesque lune, elle aussi colorée de rosé. Autour du spatioport, les bruits de la jungle étaient en train de changer, tandis que les animaux nocturnes, repus, s’endormaient au fond de leurs tanières, cédant la place aux espèces diurnes. Le spatioport, lui aussi, commençait à s’éveiller : les échoppes ouvraient leurs portes, certains commerçants sortant même des étals de marchandises devant leurs vitrines ; à toutes les fenêtres, les volets s’ouvraient, les uns après les autres, laissant entrevoir des familles d’espèces diverses. Une vie normale, dans une petite ville normale, sur une planète en paix…

La jeune femme se permit un sourire, puis s’en sentit immédiatement coupable, alors que les images de guerre qui l’avaient environnée pendant les mois précédents resurgissaient en force dans son esprit, effaçant presque la vue de cette vie paradisiaque.

— Melle Hentz, Kahleen ?

La voix l’avait fait sursauter ; elle, habituée à ne jamais se faire surprendre, comment avait-elle pu se laisser avoir ? Ses muscles se raidirent, ses yeux se firent perçants, et en à peine une seconde Kahleen était concentrée sur son environnement, prête à réagir à toute menace ; elle qui avait toujours vécu parmi la pire pègre, passant des bas-fonds d’une planète industrielle décatie, aux zones sans lois des stations de ravitaillement et de “commerces” en tout genre telles la Roue, et très tôt elle avait maîtrisé de multiples techniques pour se défendre lorsqu’un individu louche l’abordait. Elle considéra celui qui avait parlé : c’était un vieux Rodien bedonnant, à l’allure assez bonhomme, avec une physionomie joviale et rieuse (dans la mesure où le faciès d’un Rodien puisse être qualifié de « jovial ») ; de plus, il arborait un grand sourire, et lui tendait une carte plastifiée… Oui, bien sûr, ses papiers… Ce n’était que le douanier… Kahleen se détendit, lui retourna son sourire, et attrapa sa carte d’un geste assez lent… Si on lui avait dit qu’un jour elle passerait la douane sans aucune fraude, avec des vrais papiers, sous son vrai nom, elle aurait éclaté de rire ; mais les Jedi lui avaient fourni des papiers en règle, et maintenant qu’elle avait décidé de « se ranger », il fallait bien qu’elle s’habitue à passer un contrôle en règle…

Cela faisait bien trois bonnes heures qu’elle avait patienté dans l’enceinte interne de la plateforme d’atterrissage, accoudée à la rambarde du belvédère, à regarder le soleil se lever sur la ville : New Hope n’était qu’un petit spatioport, une colonie pionnière sur une planète encore inhabitée moins de trois années auparavant, et la douane n’était donc pas des plus efficaces, ne devant s’occuper que d’une dizaine de vaisseaux par semaine, principalement des cargos de marchandises, le transport de passagers n’étant qu’hebdomadaire. Bien sûr, Kahleen n’avait pas emprunté une navette de la ligne régulière, puisqu’elle possédait son propre vaisseau, le Skorp’ion. Alors que le douanier retournait assez nonchalamment vers son bureau, Kahleen se leva, et dévala en vitesse l’étroit escalier qui conduisait de la plateforme à la ville ; des enfants de toutes espèces jouaient dans la rue, des bonnes odeurs de plats épicés flottaient dans l’air pur, en provenance des échoppes. Comme d’habitude, Kahleen ne passa pas inaperçue, exposant ses formes généreuses dans une tunique assez courte, son ventre bien mis en valeur par le tatouage en forme de rose des vents noire qu’elle s’était faite faire à quatorze ans. La mode des milieux louches qu’elle fréquentait d’habitude n’était pas apparemment la mode prisée sur un monde de colons majoritairement agriculteurs ; il faudrait que Kahleen s’habitue à ça aussi, abandonner l’éthos provocateur qu’elle avait toujours affiché, se faire plus discrète, « normale ». Inconsciemment, elle se mit à se caresser le ventre de la main droite, cherchant à repérer un mouvement de l’enfant qu’elle portait ; l’enfant de Quinlan… Penser à Quinlan, c’était penser à son corps musclé contre lequel elle aimait à se blottir, c’était penser au timbre grave de sa voix, à son sourire de voyou, à ses yeux noirs comme le vide de l’espace… Vivement que la guerre se termine, qu’il la rejoigne !

Pour lui aussi, se ranger serait sûrement difficile, mais Kahleen avait pris soin de choisir cette planète parce qu’elle était sans problème, pas de mauvaise cohabitation entre les différentes espèces, une criminalité réduite au minimum, une police et une justice efficaces… donc rien qui puisse pousser un ex-Jedi retiré à reprendre du service en jouant au justicier… Kahleen frissonna : et s’il n’aimait pas cette planète ? Cette vie ? S’il s’ennuyait ? Non, il ne pourrait pas s’ennuyer avec elle, avec leur enfant à élever ! Et puis, se retirer du service actif ne signifiait pas qu’il couperait tout lien avec l’ordre : une fois la paix rétablie, il pourrait toujours enseigner pour l’ordre, à la rigueur même mener une mission de temps en temps… Kahleen inspira une grande bouffée d’air, puis tourna la tête de gauche à droite, essayant de s’orienter : elle était arrivée à une petite place ronde, entourée de bâtiments de brique jaune pâle, d’un ou deux étages seulement, avec des cascades de feuillages tombant des toits plats et des balcons ; au centre de la place, une petite fontaine rafraîchissait l’air déjà chaud à cette heure matinale, en émettant un son cristallin ; comment pouvait-on ne pas aimer cet endroit ?

Oui, il viendrait, dès qu’il le pourrait, il la retrouverait sans mal grâce à la balise du Skorp’ion, une balise quasi unique que Quinlan avait en fait obtenue en cadeau d’un Jedi artisan Bith, et que presque rien ne pouvait brouiller ; et lorsqu’il serait là, enfin, ils vivraient heureux tous les deux.

Kahleen revint vers le centre-ville, cherchant la place centrale, où un écran géant retransmettait en permanence les actualités de Coruscant News, qui alternaient entre enregistrements des séances du Sénat, suivis des cours boursiers, matchs sportifs, reportages people, et banalités locales. Après tout, elle avait pris tout son temps pour mettre ses affaires en ordre et choisir cette planète, et peut-être la guerre était-elle déjà terminée ? La dernière fois qu’elle avait consulté les gros titres, les Jedi étaient parvenus à mettre fin au siège de Coruscant, et le Comte Dooku était mort… Kahleen avait bien sûr voulu connaître quelques détails, Dooku ayant été partiellement son patron pendant un certain temps – même si bien vite elle s’était rangée du côté de Quinlan, l’homme qu’elle était censée espionner, ne fournissant plus au Comte des rapports lacunaires, savamment rendus les plus flous possible.

Lorsqu’elle parvint à la place centrale, une place carrée, elle sentit tout de suite que quelque chose de spécial était en train de se passer : il y avait beaucoup trop de monde pour cette heure de la journée, et l’excitation était palpable, les commentaires chuchotés allant bon train. Essayant de se rapprocher de l’écran, elle comprit qu’une séance extraordinaire du Sénat avait lieu. Le Chancelier Suprême Palpatine, qui semblait beaucoup plus faible que d’habitude, le dos courbé, le visage couvert par une capuche sombre, était en train de faire une allocution passionnée, sous les applaudissements du Sénat. Enfin, La jeune femme fut assez proche pour entendre ce qu’il disait :

— …Jedi ont essayé de me tuer, mon corps s’en est retrouvé affreusement mutilé, mais…je peux vous assurer…que ma détermination n’a jamais été aussi grande ! C’est pourquoi, la République sera réorganisée sous le premier Empire Galactique qui durera mille ans, pour plus d’ordre et de sécurité !  

Hein ? Qu’est-ce que c’était que cette histoire ? Alors que les applaudissements se calmaient, le Chancelier – désormais « Empereur » – repris :

— La guerre contre les Séparatistes atteint son terme, et ce n’est qu’une question de temps avant que la Grande Armée Impériale n’ait maîtrisé les dernières cellules rebelles ! Voulant profiter de la position de pouvoir offerte par leur qualité de généraux de nos forces armées, les Jedi ont fomenté un vaste complot pour tenter de prendre le pouvoir ! J’ai moi-même été victime d’une tentative d’assassinat, et plusieurs actions terroristes ont été menées contre les garnisons de la capitale, actions lancées depuis le temple Jedi, ce qui a obligé nos forces de sécurité à investir le temple. Après enquête, ce que nous avons découvert dans les archives Jedi nous a désillusionnés complètement sur cet Ordre que nous croyions un pilier de la République : depuis des siècles, l’organisation est toute corrompue, la vie à l’intérieur du temple n’étant qu’une débauche indescriptible aux frais de l’Etat ! Tous les Jedi, tels qu’ils se révèlent sous ce nouveau jour, sont désormais des menaces pour la sécurité nationale ! Certains documents effacés à la hâte pourraient même peut-être révéler à terme le rôle des Jedis dans la guerre civile, certains de nos agents soupçonnant que l’Ordre n’ait construit de bout en bout le mouvement séparatiste !

Kahleen était demeurée paralysée. Sans rien faire, elle avait écouté le discours de cet homme, le maître de la galaxie, absorbant les mots les uns après les autres… Non… C’était impossible… Suivant Quinlan partout, elle avait quand même eu l’occasion de fréquenter plusieurs Jedi… Ils n’étaient pas cela… Maintenant les défenseurs de la justice, qui s’étaient sacrifiés en grand nombre pour offrir à cette République corrompue la victoire contre les Séparatistes, ne seraient plus que des Parias ? « investir le temple »… Comment les Jedi avaient-ils supporté une telle effraction ? L’armée avait-elle emprisonnés certains Jedi ? Soudain, l’image sur l’écran changea : le podium central du Sénat laissa la place à une série de portraits… « Recherchés, morts ou vifs »… C’étaient des Jedi parmi les plus prestigieux de l’Ordre ! A nouveau, l’écran changea : une image panoramique montrait le temple Jedi en flamme, et tandis qu’un commentateur en voix-off énonçait de multiples horreurs imputées aux Jedi, toutes plus horribles les unes que les autres, une liste de noms commença à défiler du bas vers le haut… Les premiers, Maître Yoda, Maître Sidh, Maître Kenobi, Maître Tholme, etc., étaient suivis du terme « manquants » ; mais après tous les autres étaient indiqués « éliminés »… « ELIMINÉS » ! Ils avaient tous été tués ! La liste n’en finissait pas, chaque seconde apportant une victime de plus… La gorge sèche, Kahleen restait obnubilée par cette liste, simple succession de noms plus ou moins exotiques, mais qui impliquaient un massacre méthodique, en masse, de tous les membres de l’Ordre… Soudain, la jeune femme se sentit mal, prête à tourner de l’œil… Elle venait d’apercevoir le nom de Secura… Aayla, l’ancienne padawan de Quinlan, était sur une planète inhabitée ! Il n’y avait que des combattants, Séparatistes et Républicains, ce qui signifiait que la jeune Twi’lek avait été seule, entourée de milliers de soldats clones, situation où la capturer aurait été des plus aisés ; mais même en telle situation d’infériorité, elle s’était fait exécutée ! Par ses propres hommes, ceux qu’elle avait dirigés au combat, et bien souvent à la victoire, pendant plusieurs mois !

Progressivement, le dégoût remplaça la surprise dans le cœur de la jeune femme, dégoût qui lui-même se commua rapidement en rage, en désir de tout détruire autour d’elle… Elle n’avait pas encore vu le nom de Quinlan, mais réalisant qu’il pourrait très bien apparaître dans les secondes suivantes, Kahleen, détourna les yeux de l’écran, ses jolis yeux qui de toute manière étaient embués de larmes… « plus d’ordre et de sécurité »… « menaces »… « éliminés »… NON ! Cette fois, Kahleen n’avait pas pu s’empêcher de crier… Un cri long, aigu, lugubre, dans lequel elle mit toute la force de sa rage, dans lequel s’enfuirent en même temps tous les espoirs qu’elle avait nourris depuis les jours précédents. Ceux qui l’entouraient se tournèrent vers elle, surpris, certains faussement compatissants, d’autres ouvertement moqueurs… Ne pouvant supporter leurs regards, La jeune femme partit dans la direction contraire à l’écran, fendant la foule plus épaisse et nombreuse de minutes en minute, au fur et à mesure que les nouvelles se répandaient. Alors qu’elle passait des petits groupes de personnes discutant avec animation des derniers événements, chacun voulant y mettre son grain de sel, Kahleen prit conscience que la propagande de Palpatine, sur un monde reculé comme celui-ci, avait eu un réel effet, alors que les seuls paroles qu’elle surprenait, partout, n’étaient que des « Ils l'ont bien cherché, ces chiens de Jedi ! », des « Ces voleurs d’enfants, il paraît même qu’ils se livraient régulièrement à des orgies cannibales, dévorants vivants les enfants les moins doués… », des « je l’ai toujours su, y a jamais eu de Force, tout ça c’était que des trucages, pour mieux nous pigeonner ! »… Kahleen avait envie de les frapper… Mais elle se mit à courir… Il fallait qu’elle en sache plus… Contacter Tholme, puisque lui n’était pas « éliminé » (Kahleen frissonna, puis se mordit la lèvre inférieure, d’avoir spontanément employé ce terme)… Le Skorp’ion était juste là… Se précipitant sur l’holocommunicateur, elle entra toutes les adresses que les Jedi survivants de Saleucami lui avaient passées : aucune ne répondit. Elle composa alors le numéro d’urgence du Temple, et ce qu’elle entendit la cloua sur place… Une voix douce, affable, réconfortante répétait en boucle qu’un événement d’importance s’était produit, mais qu’il ne fallait pas croire les ragots, mais au contraire rejoindre de toute urgence le temple, où toute la lumière serait faite sur la situation. Les ragots… Parce qu’un discours public du Chancelier Suprème, devant le Sénat au grand complet, retransmise en direct sur toutes les planètes membres de la République, traduite dans toutes les langues, c’était une simple rumeur ! Eteignant le récepteur d’un geste rageur, Kahleen changea de tactique, et alluma le terminal de l’holonet… elle utilisa les codes que Quinlan lui avait appris, comme ceux qu’elle-même avait régulièrement utilisée dans sa carrière d’espionne : elle contacta tous les courtiers en information qu’elle connaissait, sur la Roue, sur Nar Shaddaa, sur Coruscant même, essayant d’obtenir des renseignements précis, des documents officiels « confidentiels » piratés…

Après plusieurs heures à éplucher toutes les données récupérées, Kahleen s’effondra, à genoux sur le sol de l’habitacle du Skorp’ion, prit sa tête dans ses mains, et se lâcha enfin, déversant des torrents de larmes, ses beaux cheveux mauves tout emmêlés. Son cœur était brisé, son avenir annihilé, tout ça en seulement quelques secondes. Elle n’avait rien pu trouver sur Quinlan, mais la liste des victimes Jedi, de tous âges, s’étendant à chaque minute supplémentaire, elle ne réussissait plus à espérer.

QUINLAN, OÙ ES-TU ? MON AMOUR, OÙ ES-TU ?

Puis tout d’un coup, elle cessa de pleurer. Elle venait de ressentir un mouvement dans son ventre, de son enfant à naître qui répondait à sa tristesse. Il fallait qu’elle soit forte. Pour l’enfant. Que Quinlan rentre ou non, leur enfant était tout ce qui importait désormais. Il fallait qu’il soit heureux, lui. C’est seulement ainsi, en recréant le bonheur contre la tyrannie de l’Empire, que Kahleen pourrait venger la République. Venger les Jedi. Venger son amour détruit.

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