Le 23 septembre sortira le recueil « Le droit contre-attaque » qui aborde la Saga selon le point de vue du juridique.
Anne-Laure Mosbrucker, Alexandre Ciaudo & Yannick Lécuyer se sont chargés de regrouper des essais écrits par divers professeurs, docteurs, maîtres de conférence, etc … venant de diverses universités (Paris, Rouen, Bourgogne, …).
Le domaine du droit étant très large, les auteurs proposent de s’attarder sur divers aspects (oui, je répète souvent divers, c’est parce qu’on s’éloigne malheureusement de l’été).

Alexandre Ciaudo a eu la gentillesse de nous accorder un peu de sont temps.
On commence toujours par une présentation. Alors allons-y.

SWU : Pouvez vous nous présenter vos collaborateurs et vous-même ?

AC : Yannick Lecuyer est maître de conférences en droit public à l'Université d'Angers, habilité à diriger les recherches (HDR). Spécialiste de droit européen des droits de l'homme, il est l'auteur de plusieurs ouvrages et articles de référence en la matière. Mêlant habilement les éléments de fiction dans ses enseignements, il est également l'auteur de l'ouvrage "Relations internationales et fictions: Ou comment j'ai appris à aimer le droit des relations internationales en regardant la télévision" paru en 2018 chez Enrick éditions.
Anne-Laure Mosbrucker est docteur en droit public, et spécialiste du droit de l'Union européenne. Elle exerce actuellement des fonctions de chargée de mission "politiques sociales" à la Préfecture du Grand Est. A l'initiative des soirées "Droit et fiction" tenues depuis 2015 à l'Université de Strasbourg, elle est au coeur de la démarche de l'enseignement du droit par l'analyse des oeuvres de fiction.
Alexandre Ciaudo est professeur agrégé de droit public à l'Université de Bourgogne-Franche-Comté, et spécialiste de contentieux administratif, de droit de l'urbanisme et de droit des marchés publics. Il exerce également la profession d'avocat, inscrit au Barreau de Dijon. Convaincu depuis des années par les vertus pédagogiques de l'insertion d'éléments de fiction dans l'enseignement du droit, il a participé à plusieurs projets collectifs en la matière, dont l'ouvrage "Les super-héros au prisme du droit", paru en 2020 aux Presses universitaires de Franche-Comté.

SWU : Comment est né le projet ? Et pourquoi avoir choisi le domaine du droit ?

AC : L'ouvrage est issu d'une série de conférences intitulées "Droit et fiction" données depuis 2015 à l'Université de Strasbourg. A l'initiative d'Anne-Laure Mosbrucker et de l'association étudiante Média Droit, divers enseignants titulaires et jeunes doctorants ont été invité à s'intéresser aux aspects juridiques d'oeuvres de fiction afin d'intéresser les étudiants à l'étude du droit et de rendre son enseignement moins austère. Ces conférences consacrées au Seigneur des anneaux, à Star Wars, aux super-héros et à Kaamelott ont été un grand succès, rassemblant chaque fois plusieurs centaines d'étudiants et juristes ou geeks intéressés par la démarche. Afin de diffuser plus largement ces communications, nous avons sollicité d'autres collègues afin de rédiger une série d'articles dont l'ouvrage constitue le recueil. Ce livre, centré sur l'univers de Star wars, est le deuxième de la collection "Droit et pop culture" créée aux Presses universitaires de Franche-Comté, après un ouvrage portant sur les super-héros, et avant un troisième opus consacré à Kaamelott à paraître en 2022.

SWU : Comment a évolué le projet ? Cela n’a pas été trop compliqué de prendre contact avec tout ce beau monde qui vient de différentes universités ?

AC : La maturation du projet a été relativement longue en raison des contraintes professionnelles des différents auteurs. La première difficulté a été de faire accepter notre démarche par les membres de la communauté scientifique, dont certains se sont montrés très réticents sur le projet, pas assez "sérieux" ou "noble" à leur égard. Les critiques restent toujours vives, mais les mentalités changent progressivement, même à l'Université, où une jeune génération de professeurs commence à faire bouger les lignes et à moderniser l'enseignement du droit. La diversité des contributeurs de l'ouvrage révèle à quel point notre démarche est désormais partagée.

SWU : Comment s’est déroulé le travail de compilation ? Est ce qu’il y a des articles qui sont passés à la trappe par manque de place ou trop proche d’un thème déjà abordé ?

AC : Nous avons d'abord sollicité les collègues ayant participé à la journée d'études à Strasbourg il y a quelques années, puis sollicité d'autres chercheurs et doctorants intéressés. Il n'a pas été difficile de trouver des plumes disponibles. En revanche, comme pour tout ouvrage collectif, il est plus difficile de réunir et d'harmoniser les différentes contributions. Certains collègues n'ont pas pu rendre leur copie à temps, mais l'engouement pour le thème de l'ouvrage, et son potentiel succès, nous conduira peut-être à envisager un deuxième tome.

SWU : D’ailleurs, est-ce que cela n’a pas été trop difficile de trouver des approches différentes ? En effet, on revient souvent aux Jedi, l’Empire, l’Ancienne République. Ca n’a pas dû être évident de ne pas se répéter d’un article à un autre.

AC : Au contraire. La matière est tellement riche que les sujets à aborder sont particulièrement divers. Chaque contributeur propose une approche différente de l'univers Star Wars par le prisme d'une question juridique différente. Par exemple, le premier débat juridique qui vient à l'esprit du juriste est sans doute celui de la qualification du système juridique de Star Wars, à savoir si la République (ou l'Empire) constitue d'un point de vue constitutionnel, un Etat unitaire, comme la France, ou une Fédération de planètes, comme les Etats-Unis ou l'Allemagne. D'autres questions juridiques très diverses sont abordées comme le fondement juridique des interventions des Jedis (policiers, gendarmes, autorités de police administrative ou judiciaire, casques bleus galactiques ?), la place du Conseil des Jedi dans l'organisation gouvernementale, l'organisation des migrations de populations dans la galaxie, la réglementation de la fiscalité au sein de la République, ou encore les droits fondamentaux des droïdes.
Le ton volontairement décalé et humoristique retenu permet aux auteurs d'appréhender des notions juridiques parfois complexes, mais dont l'illustration fictionnel permet une appréhension facilitée par un étudiant en droit ou un lecteur non juriste qui appréciera sans doute l'oeuvre de Georges Lucas avec un oeil différent après la lecture de l'ouvrage.

SWU : Pour terminer, voici une question piège. Etes vous plutôt Trilogiste, Prélogiste ou Postlogiste ?

AC : Je ne comprends pas que l'on puisse se revendiquer autre que Trilogiste.

Merci beaucoup Alexandre.

Le livre est toujours prévu pour le 23 septembre 2021.
Pour plus d'informations, voici le lien vers la page de l'éditeur.

Droitement vôtre.