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Episode V : L'Empire contre-attaque
Critiques positives
 
France Soir
Ainsi, au cours de ce deuxième film (en fait, cinquième épisode d’une série de neuf), se développent parallèlement des truquages de plus en plus sophistiqués, et les relations sentimentales entre les personnages. C’est une entreprise un peu folle et délibérément naïve, mais c’est aussi et surtout un extraordinaire spectacle devant lequel les publics de tous les pays retrouvent avec joie leur âme d’enfant.

Le Monde
Bref, « l’Empire contre-attaque », s’il a perdu la rigueur formelle du modèle original, tout en nous enfonçant un peu plus avant dans le mirage technique, se veut plus humain, plus familier, plus terre-à-terre, se révèle porteur d’une éthique du sens commun capable de mobiliser un très large public aux Etats-Unis: ces adultes à l’âme d’éternels enfants qui, à travers vents et marées, veulent croire au bonheur à tout prix. George Lucas, avec une naïveté qui relève de la légende, mais avec une intuition profonde des besoins idéologiques de tout un pays, annonce le retour en force d’une Amérique indécrottablement optimiste.

Le Figaro (14/08/80)
Les superlatifs vont bien à l'Empire contre-attaque. Ce volet de la saga galactique de George Lucas [...] est supérieur à la Guerre des Etoiles. A la fois pour ses performances d'acteurs, ses effets spéciaux et l'histoire contée.

Cinéma 1980 (09/1980)
Gaston Haustrate
Tout récit mythique ayant un langage universel (celui de l'irrationnel) et se référant constamment à un univers onirique, il convient de lui assurer cette base thématique (le côtoiement des peurs primitives) pour permettre aux fictions proposées et à leurs structures filmiques d'être lues à différents niveaux. Kershner semble avoir résisté assez bien - côté scénario - à la naïveté optimiste, voire triomphaliste de Star Wars, pour proposer un récit qui privilégie la dimension initiatique. Le réalisateur accumule les problématiques, ce qui donne soudain au scénario, dans le cadre même de ses conventions, la dimension qui manquait à Star Wars. Grâce à cela, derrière les rideaux de scène, il nous arrive de penser qu'il existe une coulisse, et que derrière les films de ces marionnettes invincibles, existent des hommes qui pensent.

Positif (09/1980)
Alain Garsault
Réaliser la suite de Star Wars soulevait une difficulté rerdoutable: le deuxième épisode se devait, tout en plantant des jalons pour le troisième, de renouveler la séduction du premier sans le répéter et de surclasser les imitations tournées depuis 1977. The Empire strikes back réussit parfaitement à triompher de l'obstacle; cette victoire, il l'obtient en étoffant les caractères et en les humanisant, développement moins surprenant qu'il n'y paraît, et auquel Irvin Kershner apporte plus que ses soins: un peu de sa personnalité, peut-on affirmer sans divaguer, à propos d'une oeuvre résultant, comme toute super-production, de la fusion des talents. Cet étoffement est général; on le constate tout de suite chez les personnages secondaires. Chacun paraît doté de sensibilité, en fonction de sa nature et de son rôle. [...]

Deux nouveaux personnages augmentent l'éventail des développements possibles. Tous deux se définissent par la complexité de leur caractère. Lando Calrissian surprend par des revirements qui trahissent un sens éthique suffisant pour lui permettre de s'agréger au groupe des héros. Yoda est d'une autre stature; il réunit en lui les deux aspects humains et spirituels dont les rapports sous-tendent le film. Son caractère présente les traits du grand-père traditionnel, son visage aussi (aux oreilles près). Sa taille, son apparence le rapprochent de R2D2: il semble un jouet ou un animal favori. Il paraît indestructible (il forme des Chevaliers Jedi depuis huit cents ans); il possède comme eux savoir et puissance (au-delà de ce que suggère cet épisode). Eux appartiennent au domaine de la science et de la technique, lui au domaine de la spiritualité. Ainsi limités, Les personnages oscillent entre l'emploi des puissances psychiques et l'emploi du savoir scientifique.

La transmutation d'archétypes unidimensionnels en êtres riches de facettes se mesure différemment chez les personnages principaux car elle structure le film. L'individualité de leur psychologie permet de leur créer des destins différents, donc de varier les péripéties; réciproquement, les péripéties accusent la variété. Tandis que Han se glisse parmi les ordures pour échapper à Darth Vader, Luke tombe dans l'espace par un sas d'évacuation. Son histoire frôle alors la parodie, qui correspond au besoin, dans les récits traditionnels, d'humaniser les héros. Ce mélange de fidélité aux récits mythologiques et de parodie, de sublimation et d'humanisation, on peut l'attribuer à l'influence de Leigh Brackett. Tous les personnages connaissent des échecs. [...] Darth Vader bénéficie nécessairement de la métamorphose générale. D'homme de main, il est devenu le principal adversaire; de fidèle serviteur de l'Empire, un être attaché à un but personnel. Lui aussi possède deux faces: la carapace luisante de son casque dissimule un crâne chauve et difforme. Il a, lui aussi, un passé trouble, d'ancien élève de Ben. Et il commet des erreurs par manque de réflexion.

A l'interpénétration des domaines, à l'échange des valeurs, aux liaisons permanentes entre les êtres, le peuplement et l'animation du cosmos s'ajoutent pour former un univers plein, vivant, riche de surprises. [...] Deux lieux sont conçus en opposition sur un mode symbolique teinté d'ironie. La Cité des Nuages recèle un piège, la perte de soi, Dagobah permet de descendre en soi et de se connaître.

Le style renforce cette conception de l'univers. L'espace se remplit d'astéroïdes ou de vaisseaux; parfois de manière très chargée. Dans l'ensemble, Kershner remplit le plus possible le cadre, recourant souvent à une composition symétrique.

Deux tendances particulières créent les aspects recensés: le "réalisme" et l'humour. Grâce aux détails matériels, l'univers imaginé multiplie les points de contact avec le nôtre. L'humour introduit l'irrespect envers la science et envers la spiritualité. Il maintient la même distance avec tous les domaines, tous les aspects: l'humain contrebalance l'idéal, la science la spiritualité. L'humour aide à définir la nature de The Empire strikes back. L'humour de Lucas provient d'un recul envers le film entier, étayé par des références. Celui de Kershner se manifeste dans la texture du film. De même, tous les composants du premier sont subordonnés à leur fonction dans l'ensemble; chacun est traité pour lui-même dans le second. Lucas incarne parfaitement la mode du retour à la mythologie.

Ainsi le deuxième épisode complète, prolonge et enrichit le premier. Sans le fond solide formé par Star Wars, The Empire strikes back n'aurait pu avoir d'essort. Mais Star Wars est un aboutissement autant qu'un point de départ, une esquisse et une épure. The Empire strikes back a la plénitude du tableau.

L'Ecran Fantastique (10/1980)
Jean-Marc Lofficier
L'Empire contre-attaque, à notre avis, bien que présentant des qualités évidentes et même un certain progrès par rapport au premier film, ne lui est cependant pas supérieur. D'aucuns avanceront même qu'il lui est inférieur.

Le nouveau scénario est riche en péripéties, humour, et, s'il emprunte un peu à Tolkien, un peu à Flash Gordon, un peu à Buck Rogers, il demeure conforme à la grande vision de George Lucas. Brassant thèmes cosmiques et vieux mythes trouvant leurs racines dans nos légendes, il ne décevra pas les fans. Certains seront particulièrement satisfaits de découvrir de nombreux thèmes sous-jacents également présents dans le "Lord of the Rings" de Tolkien ou la Tetralogie de Richard Wagner, pour ne citer que deux épopées. Car épopée est bien le mot qui convient: dépassant le simple cadre de l'aventure spatiale, du "space-opera", plus encore que dans le premier film, le conflit entre le Bien et le Mal acquiert ici des dimensions universelles. C'est le propre des oeuvres maîtresses de s'élever au-delà de leur aspect fantastique pour devenir à proprement parler des paraboles. L'Empire contre-attaque, de par le rigoureux contrôle imposé par la vision d'ensemble de Lucas, réalise ce dépassement comme aucun autre film de SF ou de fantastique ne l'a fait avant lui. D'un strict point de vue cinématographique, cependant, L'Empire... révèle plusieurs faiblesses.

La première est inhérente au scénario: alors que la narration du premier Star Wars était linéaire, permettant ainsi à Lucas d'orchestrer une ascension graduelle vers un point d'orgue final, la technique narrative de l'Empire... est "en échiquier", l'intrigue séparant très vite Luke Skywalker et R2-D2 du reste de nos héros: Han Solo, Chewbacca, la Princesse Leia, etc... Le réalisateur est donc obligé de nous conter deux histoires, passant d'un décor - la planète marécageuse de Dagobah où Luke apprend à contrôler la Force - à un autre - le Millenium Falcon poursuivi inlassablement par Darth Vader - d'une façon assez saccadée. Il est certain que le rythme en souffre et l'une des conséquences les plus directes de cette technique est que, malgré le suspense inhérent à la dernière moitié du film, le spectateur se perçoit plus comme un observateur que comme un participant. Irvin Kershner ne peut être tenu pour responsable de ce style. Au contraire, le choix de Kershner a permis aux personnages de Star Wars d'acquérir une profondeur toute nouvelle qu'ils n'avaient certes pas dans le premier film. Harrison Ford et Mark Hamill sont indubitablement ceux qui profitent le plus de la direction de Kershner. Ford, en particulier, voit son personnage s'humaniser, perdre son aspect "bande dessinée" sans laisser de côté le charme qui était le sien dans Star Wars. Il est probable que nul n'ira voir l'Empire... pour les prouesses de ses acteurs, mais il est néanmoins plaisant de constater que celles-ci se sont très notablement améliorées. L'addition de Billy Dee Williams ajoute une touche nouvelle à la petite troupe. Mais le personnage qui, de très loin domine le film, est certainement celui de Yoda. Fidèle à la tradition du space-opera ou des épopées classiques, Yoda n'est pas un humain: espèce de gnome galactique, croisement de Gandalf et de Gollum, Yoda est animé par la magie de Frank Oz. Qu'une "Muppet" arrive ainsi à détourner un film aussi bien construit que celui de Lucas est un témoignage du talent inimaginable de Frank Oz, Jim Henson et des créateurs du Muppet Show.

Les effets spéciaux, par contre, se révèlent être relativement décevants. Certes, ils représentent encore ce qui se fait de mieux dans le genre mais on sent très visiblement qu'en l'absence de progrès significatifs, ils ne suivent qu'avec difficulté les choix faits par le scénario: l'ingéniosité de Star Wars était d'éviter les "mattes" trop apparents: un astronef sur fond cosmique - noir, parsemé d'étoiles - est plus réaliste que sur fond de paysage neigeux (blanc) ou ciel rougeâtre, où les lignes de contours bleutées se remarquent plus facilement et où l'absence de relief de l'image frappe davantage. Si les glaciers norvégiens nous donnent une convaincante planète de glaces, il n'en va pas de même des "mattes" peints pour figurer la Cité des Nuages de Lando Calrissian (malgré l'immense talent de Harrison Ellenshaw, fils de Peter Ellenshaw) qui, pas une minute, n'arrivent à nous convaincre qu'ils sont plus que des peintures sur verre.

Une dernière "lacune" est l'utilisation du "stop motion animation" pour animer les tauntauns, animaux tenant du kangourou et du lama. Cette technique est l'une des plus difficiles qui soient en raison de l'aspect saccadé qu'elles présentent à l'écran. Bien qu'utilisée avec parcimonie, elle représente probablement l'aspect le plus faible du film. Le script ambitieux s'est révélé en fait trop sophistiqué pour les prouesses actuelles des techniciens de LucasFilm. Il faut s'empresser d'ajouter cependant que l'ensemble suscite encore l'admiration, et le naturel avec lequel les effets sont intégrés dans la trame du récit, sans s'attarder sur eux, est bien conforme à l'image d'un "futur normal", acceptable et accepté, de Lucas. Le sens du détail est omniprésent: astronefs "vieillis", robots "usagés", etc... La musique de John Williams sait savamment réutiliser les thèmes de Star Wars aux moments appropriés, sans toutefois monopoliser l'attention du spectateur.

L'Empire contre-attaque aurait pu être plus court de plusieurs minutes. Cependant, son charme est immense. La fin, malheureusement, laisse l'un de nos héros entre les mains des vilains. Nous sommes donc condamnés à attendre trois ans avant de pouvoir savourer la nouvelle tranche de l'Histoire Cosmique de George Lucas. Procédé commercial mais peu honnête: on eût souhaité que, comme c'était le cas pour le premier film, l'intrigue ait formé un tout, sans nous allécher avec une fin en "cliff-hanger". D'un strict point de vue marekting, c'est très probablement une excellente idée. Mais pour le fan, quel supplice !
Critiques mitigées
 
Le Quotidien de Paris
Que dire d’autre ? Devant ce cinéma de supermarché on resté écrasé par les moyens mis en oeuvre, on salue le travail des maquettistes, truqueurs, directeurs d’effets optiques: on n’est pas surpris par les duels au sabre laser qu’on a déjà vus quelque part; on admire la machinerie de forteresse articulée en forme de diplodocus de l’an 3000; on découvre tout de même une nouveauté, le personnage de gourou-marionnette censé détenir la sagesse interplanétaire, sorte de pantin du Muppet Show égaré dans la quincaillerie science-fictionnelle; le dolby fait rage... bref, si on aime la SF on peut être sidéré, sinon on trouve cela sidéralement ennuyeux.

Les Cahiers du Cinéma (10/1980)
Olivier Assayas
La toute première qualité de l'Empire contre-attaque est de se situer, autant qu'un film expérimental, hors des cadres traditionnels de la critique. Sa forme neuve est aboutie, elle s'impose donc globalement sur un terrain qui est le sien. Le syncrétisme qui anime la thématique de la saga Star Wars, puisant dans les vieux fonds mythologiques, renvoie toujours à ce qu'il y a de plus traditionnel dans la fiction. C'est cet archaïsme qui tout à coup s'impose lorsqu'il s'agit de développer une analyse. Comme si George Lucas avait retrouvé une formule perdue depuis des temps reculés et que, Propp et Bettelheim à l'appui, on reconnaissait en l'Empire contre-attaque un authentique récit d'aventure.

L'Empire contre-attaque est un film de l'éblouissement. Le spectateur y est soumis à un véritable blitzkrieg d'informations, produisant un véritable maëlstrom narratif. Le montage s'accélère, la narration s'emballe, les décors se multiplient [...]. Cette accumulation est fort habilement doublée d'une accumulation narrative qui fait écran, multiplication des situations, simultanéité de leur déroulement.

Si ce système est pratiquement imparable, il serait abusif de dire qu'il n'est jamais pris en défaut. Il y a dans le film une sorte de trou béant. Tout ce qui concerne l'initiation de Luke Skywalker par Yoda frôle le ridicule. Pourquoi cette morale qu'on croirait empruntée au feuilleton TV Kung-Fu, cette bouillie indigeste d'orientalisme vulgaire ? On peut difficilement plaider la naïveté des auteurs. D'une façon ou d'une autre, une insondable bêtise se mêle par ce biais à l'entreprise. Heureusement, cet exemple est unique et nuit peu à l'oeuvre, mais il présente cette particularité d'être à la fois niais et de contredire le système du film, système où tout est étroitement imbriqué. Elle n'est donc pas vulnérable de par son ânerie mais de par sa vacuité rompant l'agencement d'une structure où le plein règne.

Indéniablement Lucas a été plus inspiré par les figures paternelles telles que Darth Vader ou Ben Kenobi dont la puissante aura n'a aucune peine à s'imprimer dans l'imaginaire du spectateur. C'est malheureusement au détriment des héros du récit, qui ont de la peine à consister. Le plus convaincant, Han Solo, n'est qu'une sorte de cow-boy d'opérette, charmeur mais sans grand relief. Luke Skywalker est desservi par un comédien au physique fade et au jeu insipide, devenant ainsi la doublure de ce qu'il aurait dû être. Leia, que Lucas fait ressembler à une vendeuse de bonbons du Middlewest, parvient par une conviction totale et en jouant adroitement de sa petite taille à donner un personnage qui, sans être réellement attachant, pourrait le devenir.

Star Wars, c'est la technique soudain possédée par le génie. C'est un sens très sûr du spectacle rarement pris en défaut et un adroit mélange d'humour, d'aventures et de bandes dessinées. A cet égard l'Empire contre-attaque donne tout ce qu'il promet et bien plus. Pourtant Lucas ne parvient pas à aller suffisamment profond, faute d'oser aller suffisamment loin. L'ensemble pèche par inclinaison à un infantilisme très nord-américain dont sont toujours dénués les mythes enfantins. De là aussi l'aspect totalement asexué de l'ensemble qui est, même dans le cadre d'un calcul commercial, une grave limitation. Quant à l'empreinte de Star Wars, elle demeurera forte jusqu'à ce qu'un outsider un peu doué vienne apporter la concurrence sur le terrain de Lucasfilm, donnant du point de vue du récit au spectateur la réalité de ce dont Star Wars est l'apparence.
Critiques négatives
 
Le Matin
  • Freud est passé par là. Aucun conte de fées n’oserait dévoiler ses batteries avec autant de simplicité. C’est un signe des temps: à la psychanalyse des contes de fées s’ajoute désormais la mythologie de la psychanalyse elle-même.

  • Faute d’un scénario digne de ce nom, Luke Skywalker, Han Solo et la princesse Leïa traversent les immensités galactiques et affrontent des périls inspirés par les itinéraires initiatiques de Tolkien sans que nous nous sentions autrement concernés. L’ennui se glisse insidieusement dans leur véhicule spatial et l’on ne peut guère s’empêcher d’être pris d’une vague inquiétude à l’idée d’avoir à reprendre sept fois le chemin des étoiles en leur compagnie. A moins que ce ne soit avec leurs ancêtres ou leurs descendants et que ceux-ci aient pris la précaution de relire Shakespeare, comme autrefois les auteurs de la merveilleuse Planète interdite, avant de s’embarquer pour les bourgades perdues au-delà du système solaire.
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