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Introduction
 

Face à l’Ordre 66 et à ses impitoyables conséquences, nombreux sont ceux à avoir tenté de fuir leur triste destin. Certains Jedi voulurent réchapper à l’assaut sur le Temple Jedi. D’autres personnes, de simples témoins, jetèrent toutes leurs forces pour fuir un ennemi terriblement puissant. Mais bien souvent, la fuite fut de courte durée et au bout du chemin, ils ne trouvèrent que la mort. C’était aussi ça l’Ordre 66, rendre tout échappatoire impossible…

La Mort de Yoda - Oiki Ran
 

— Maître Yoda ! Enfin ! s’écria Aly Motorsky en se redressant prestement dans son fauteuil.

Cela faisait près d’une journée qu’il tentait en vain de renouer le contact avec son ancien maître, et maintenant qu’il n’y croyait plus, le visage de celui-ci venait d’apparaître sous ses yeux.

— Chevalier Motorsky…Pour toi, que puis-je faire ? demanda le maître Jedi d’une voix basse.

— La République s’est retournée contre nous. Nombre de nos frères ont été massacrés par les troupes mêmes qu’ils commandaient. Le Temple sur Coruscant a été détruit et les jeunes padawans ont… Sa voix se brisa, après ce qu’il avait vu, il ne pouvait plus continuer.

— Je sais. Sur place, je suis allé, rien je n’ai pu faire, dit Yoda les oreilles baissées en signe de deuil.

— C’est le chancelier Palpatine et Skywalker, souffla Aly refoulant ses larmes.

— Des Sith, ce sont, conclut Yoda d’une voix neutre, sans l’ombre d’un soupçon de rage.

Cette phrase fut comme un électrochoc pour le chevalier Aly Motorsky et sa tristesse fut bientôt remplacée par de l’incompréhension et puis par de la rage. Comment pouvait-il rester indifférent à ce massacre ?

— Nous ne pouvons pas rester sans rien faire ! Nous devons réagir ! protesta Aly en serrant le poing devant lui.

— Perdu, nous avons.

— Peut-être…Mais ils nous ont eus par surprise. C’est à notre tour !

Yoda le regarda fixement mais n’ajouta rien. Nous sommes encore nombreux, nous pouvons encore le leur faire payer !

— Jamais ! Le chemin vers le Côté Obscur, cela est, déclara Yoda d’un air sévère.

— Mais nous ne pouvons pas les laisser continuer à nous massacrer ! contra Aly en reprenant un peu de ses esprits. J’ai entendu dire que des sénateurs s’organisaient déjà pour lutter contre Palpatine. Nous pourrions les aider. Qu’en pensez-vous, maître ?

— Les mettre en danger, vous allez. Vador vous poursuivra. Pour survivre, vous cacher vous devez, répondit le maître Jedi après un instant de réflexion.

— Pourquoi ? demanda Aly ne reconnaissant plus celui qui l’avait entraîné et qui lui avait toujours dit de faire face.

— Changées les choses ont. Rien faire nous ne pouvons aujourd’hui. Trop faibles, nous sommes devenus. Patient il faut être, déclara énigmatiquement Yoda.

— Patient ? Pourquoi ? Si nous attendons, nous mourrons et il n’y aura plus d’espoir…

—  Un espoir il persiste, le coupa brusquement Yoda.

— Quel espoir ?

Le petit maître Jedi ne répondit pas tout de suite, Aly pouvait voir qu’il réfléchissait intensément, il semblait peser le pour et le contre.

— Te le dire, je ne le puis. Cache-toi !

Ce fut, cette fois-ci, à Aly de rester silencieux et de réfléchir. Il lisait tant d’espoir dans les yeux de Yoda, et sa voix était si convaincante qu’il était prêt à respecter aveuglément sa volonté, pourtant… Pourtant, la Force semblait lui souffler autre chose, que son rôle n’était pas de rester caché. Non, son rôle était d’assurer l’avenir de la galaxie, son rôle était tout le contraire que de rester caché.

— Non, je refuse. Je suis un chevalier Jedi, je dois tout faire pour que la paix et la justice règnent à nouveau dans la galaxie. Ce que vous me demandez là est impossible. Je sais à quoi m’en tenir, maintenant, à votre sujet. J’irais trouver maître Kenobi, et lui nous aidera, lança sèchement Motorsky d’un air dégoûté.

— Maître Kenobi, une autre mission il a. Une mission supérieure à tout il a. Ne pas aller le trouver tu dois. De toute façon, même si tu le trouves, de t’aider il refusera, déclara Yoda qui avait pris la mesure du gouffre qui les séparait à présent.

— Quelle mission ? questionna Aly en donnant une dernière chance à Yoda de s’expliquer.

Ce dernier secoua la tête et refusa une fois de plus de répondre.

— Si c’est comme ça, nous n’avons plus rien à nous dire. Il approcha sa main pour couper la communication.

— Attends ! Un dernier service à te demander j’ai. En souvenir de notre passé.

— Lequel ? demanda Motorsky après quelques secondes d’hésitation.

— Mort, je dois paraître aux yeux de la galaxie comme à tes yeux je le suis. Détruire ce vaisseau je vais. Plus de nouvelles de moi, la galaxie aura avant longtemps, expliqua le maître Jedi d’un air résigné.

— Soit. Ce sera fait. Adieu, accepta Motorsky se rappelant en une seconde tout ce que lui avait appris Yoda durant toutes ces années de formation.

— Merci. Que la Force soit avec toi.

Aly coupa la communication et resta un instant à fixer l’espace où s’était tenu le visage de Yoda quelques instants plus tôt. Puis il se leva de son siège et sortit de sa cabine ; il rejoignit son apprenti et jeune frère Teram Motorsky sur le pont du cargo à bord duquel ils avaient trouvé refuge après avoir frôlé de justesse la mort.

— Alors, vous avez eu des nouvelles de Yoda ? lui demanda Teram en l’accueillant sur le pont.

— Oui.

— Et alors ?

— Il est mort, répondit calmement Aly en s’avançant pour contempler le vide de l’hyperespace.

 

Dark Vador pénétra dans la pièce à partir de laquelle Palpatine supervisait l’anéantissement de l’ordre Jedi et l’asservissement de la galaxie, il vint se placer devant le fauteuil de son maître et posa un genou au sol.

— Vous m’avez demandé, mon maître, dit-il en baissant la tête.

— Effectivement. Il paraît que Yoda est réapparu. On m’a dit aussi qu’il avait disparu à cause d’une blessure très grave dont il essaye de se remettre en ce moment. Il serait à bord d’un cargo en route pour Mon Calamari, annonça Palpatine en gardant un œil sur les holos qui faisaient face à son trône.

— Il n’y arrivera pas, mon maître. Je pars à l’instant, assura Vador en se levant.

— Parfait, à votre retour, je voudrais vous parler d’une idée que j’ai eu : des agents qui me seraient dévoués corps et âme, et qui parcourraient dans l’ombre la galaxie pour faire respecter ma volonté.

 

— Tu es sûr que c’est en ordre ? s’inquiéta Teram Motorsky en s’approchant de son frère qui supervisait les travaux réalisés sur le vaisseau.

— Oui. Nous avons fait les différents tests hier et tout est opérationnel, confirma Aly en observant le travail que réalisait les techniciens mon calamari. À l’heure qu’il est, Vador doit être en route.

— Et ton chasseur, vous avez effectué les tests aussi ?

— Oui. Et toi, tu as ce que je t’avais demandé ? demanda Aly Motorsky en plongeant son regard dans celui de son jeune frère.

— Oui, c’est une véritable oeuvre d’art. Mais, je n’ai pas compris pourquoi nous devions faire ça ? répondit Teram en tendant à son maître un petit boîtier en métal.

— Ce geste inspirera les générations futures et montrera que l’Ordre Jedi est immortel ! éclaircit le plus vieux des Motorsky qui regarda un mon calamari s’approcher d’eux.

— Nous venons de repérer un destroyer, à deux sauts d’ici, il faut vous mettre en place, annonça-t-il d’une voix monocorde.

— Très bien, dites à vos hommes d’évacuer le vaisseau. Puis se tournant vers Teram. Rassemble tes gars et soyez prêts, je débute peut-être mais vous devez donner le coup de grâce.

— Très bien. Que la Force soit avec toi, lui souhaita-t-il en lui souriant.

Aly le contempla pendant de longues secondes avant de le serrer dans ses bras.

— Oui, la Force soit avec toi aussi.

 

Le destroyer surgit dans le système de Mon Calamari dans un éclair, juste devant lui un cargo de taille moyenne faisait son approche vers la planète. Vu la supériorité et la puissance de ses moteurs, le destroyer n’aurait aucun mal à rattraper le petit vaisseau et à le détruire. De plus, le cargo correspondait aux renseignements fournis. L’ordre fut passé à tous les pilotes de rejoindre leurs chasseurs et à tous les artilleurs de rejoindre leurs canons. Le cargo serait bientôt transformé en poussière.

Surprise. L’engin pivota sur lui-même et changea de trajectoire. Droit sur le destroyer. Folie, il n’arriverait à rien. Deuxième surprise. Une dizaine de chasseurs émergèrent de sa soute et vinrent se placer en position de défense. Intéressant…

 

Teram Motorsky sortit en premier du hangar, il alla aussitôt se placer en position, à la proue du vaisseau. Son chasseur était constitué d’un cockpit effilé avec un long nez et d’une aile de part et d’autre. Au bout de chaque aile, se relevait deux petits volets, un dessous et un dessus, d’où émergeait de puissants turbolasers. Il actionna ses armes et commença à viser les chasseurs adverses. Il y en avait peu, l’armée des clones était son alliée mais depuis l’avènement de Palpatine, elle était devenue sa plus féroce ennemie. Il n’eut donc aucun remord à ouvrir le feu sur eux. Ses camarades non plus. Et grâce à la présence de bouclier énergétique sur leurs chasseurs ils purent contrer efficacement la première vague.

 

Le destroyer se mit à tirer, Aly seul aux commandes du cargo ne chercha pas à éviter les tirs : il avait confiance en ses boucliers. De toute façon, avec les capacités réduites de son moteur, il ne pourrait pas les éviter. Les trois quarts de l’énergie du vaisseau étaient distribués dans les boucliers qui formaient autour du cargo une toile indestructible. Une infime partie du reste était dépensée dans les réacteurs et l’autre partie était gardée en réserve pour la surprise finale. Sinon, tout l’avant de son vaisseau était rempli de charges explosives. Aly sourit en pensant à ce qu’il allait bientôt arriver. Vador-Skywalker payerait cher sa trahison. Il regarda vers la forme allongée à ses côtés, elle était parfaite, tout était en place.

Il enclencha le poste de communication et capta aussitôt un message.

— Cargo inconnu, veuillez couper vos moteurs et tous les systèmes de combat. Nous savons, que vous avez des Jedi à bord, ce sont des traîtres. Nous allons vous aborder pour les récupérer.

— Que ferez-vous des Jedi ? demanda Motorsky en enclenchant que le système vocal.

— Ce n’est pas votre affaire, ils auront le sort qu’ils méritent.

— C’est-à-dire la mort, simplifia Aly en actionnant le système visuel : maintenant, ils pouvaient les voir, lui aux commandes et le holo d’un Yoda mort à ses côtés.

Sauf qu’ils ne sauraient pas que c’était un holo.

— Je suis le chevalier Jedi Aly Motorsky de Corellia et vous avez tué mon maître, reprit-il en indiquant la silhouette à côté de lui d’un signe de tête. — Mais je ne vous laisserai pas le soin de faire la même chose avec moi !

Aly regarda où il en était, la distance était parfaite, il ne pouvait pas le manquer.

Il dévia un maximum de puissance dans le canon ionique qu’il avait tant bien que mal installé à bord du cargo et fit feu. Un instant, les lumières sur la passerelle faiblirent puis il put constater que le destroyer partait à la dérive. Il avait peu de temps avant qu’ils ne reprennent le contrôle de leur vaisseau, il se mit alors à accélérer en fournissant toute la puissance à ses réacteurs.

 

Teram et ses camarades s’écartèrent juste après le tir pour laisser passer le cargo. Il voyait déjà son frère quitter précipitamment le pont et sauter dans son chasseur. Dans moins de dix secondes, il le verrait s’envoler et fuir l’explosion.

Des chasseurs adverses vinrent le provoquer. Ils étaient deux. Grâce à deux habiles manœuvres, il les détruisit. Il se concentra alors sur le cargo mais toujours aucun signe d’Aly. Un frisson lui parcourut le dos, le cargo fonçait sur le destroyer, c’était maintenant ou jamais. Il se concentra et fit appel à la Force. Il envoya un message d’inquiétude à son frère. Une vague de calme lui répondit puis un au revoir.

Le cargo explosa violement contre le destroyer. Teram n’y croyait pas, son frère était mort, il s’était sacrifié. Non, ce n’était pas possible ! Des larmes commencèrent à couler de ses yeux. NON !!!

Une présence se fit alors sentir, le forçant à continuer. Sans le vouloir pourtant, il suivit ses camarades et lança toutes ses torpilles sur le destroyer à la dérive pour l’achever. Vador devait être à bord, il ne devait lui laisser aucune chance.

Avec satisfaction, il vit le vaisseau voler en éclat et une multitude de corps se répandre dans l’espace. Il tenta de repérer l’immense carcasse sombre de celui qui fut jadis Anakin Skywalker.

Il fut interrompu par une sirène stridente qui retentit dans son cockpit : une flotte impressionnante sortait de l’hyperespace. Un instant, il resta immobile, hésitant entre la fuite ou l’attaque. Son frère était mort, il n’avait plus rien à perdre. Il se mit en position de combat en se demandant combien de temps il résisterait.

Encore une fois, une présence se manifesta, le forçant à entrer des coordonnées, qui ne lui disaient absolument rien, dans son ordinateur, et le contraignit à enclencher son hyperpropulsion.

Mon Calamari et la flotte disparurent.

Il était vivant, il était seul. Il se mit à pleurer toutes les larmes de son cœur face à cette nouvelle situation.

 

Dark Vador, seigneur noir de la Sith, écoutait d’une oreille distraite le rapport qu’était en train de faire le commandant du destroyer à bord duquel il se trouvait. Il s’efforçait de distinguer, à travers la baie du pont, les restes du Gloire de Malastar qui flottaient autour d’eux.

— En résumé, le commandant Zaiyek, que vous aviez envoyé comme éclaireur, a décidé de ne pas vous attendre afin de recevoir tous les honneurs. Mal lui en prit, c’était un piège. Bizarre, ce comportement chez un clone…

— Yoda, qu’en est-il ? demanda Vador qu’une seule chose préoccupait dans cette affaire.

— Il semblerait qu’il était déjà mort lorsque Zaiyek est arrivé.

L’officier lui montra un enregistrement en provenance du Gloire datant d’une minute avant sa destruction.

— Il semblerait qu’il voulait se venger.

Vador détailla d’abord celui qui parlait : cheveux noirs, barbe noire, yeux noisette et teint mat. Ce visage lui rappelait vaguement quelqu’un, il avait du le connaître et le côtoyer jadis. Ce n’était plus important. Il s’intéressa à la forme recroquevillée à côté du Jedi, il la contempla et l’étudia avec minutie pendant de longs instants. Effectivement, le petit maître Jedi semblait être mort.

Dark Vador leva la tête et fit appel à la Force. Pendant, une longue minute il chercha une réponse dans celle-ci. Bizarrement, pour une fois, elle resta muette malgré leur grande affinité, mais il ne perçut pas non plus la présence qu’il avait appris à reconnaître comme étant celle de Yoda.

— Seigneur Vador, vous pensez que c’est un bluff et dois-je poursuivre nos recherches ?

— Non, le maître Jedi Yoda doit être mort, conclut finalement Dark Vador qui s’éloigna du commandant.

Sa cape flottant derrière lui, il quitta le pont pour rejoindre sa cabine et faire son rapport à son maître.

Sauvetage - Oiki Ran
 

Une langue de feu brisa la fenêtre et vint lécher le mur extérieur du bâtiment, le noircissant immédiatement. L’agent Jhac Kyfer de la sécurité de Coruscant avait bien vu : le Temple Jedi était en feu. Il avait aperçu la lueur au loin dans la nuit et il avait arrêté son speeder sur l’immeuble le plus proche. Debout, sur le toit de l’édifice, il contempla encore un instant l’incendie réfléchissant à toute allure sur ce qu’il devait faire. Enfin, il bougea et se décida à agir. Il se dirigea vers l’ascenseur tout en sortant son comlink.

— Central, ici, Kyfer, le Temple Jedi est en feu, je vais voir ce qu’il se passe, annonça-t-il en entrant dans la cage d’ascenseur.

— Négatif Jhac, poursuivez votre mission initiale, répondit une voix qu’il reconnut comme appartenir à son chef.

— Pardon ? Cet incendie est vraisemblablement le résultat d’une attaque Séparatiste ! protesta Jhac surpris par la réponse de son chef.

— J’ai mes ordres, Jhac. On reste en dehors de tout ça, c’est l’armée qui s’en occupe.

— L’armée ? Je ne comprends pas, notre service a été créé spécialement par le Chancelier Suprême Palpatine pour régler ce genre de situation. Alors que l’armée et les Jedi menaient la guerre de front, nous protégeons Coruscant contre une infiltration ou des attentats Séparatistes. Si le Temple est attaqué, c’est à nous d’intervenir, expliqua Kyfer sentant d’instinct que quelque chose n’allait pas.

— Désolé, je suis autant dans le flou que vous. J’ai seulement ordre de ne pas intervenir. Pour une fois, ne soyez pas têtu, continuez votre mission sur l’éventuelle cache Séparatiste repérée cet après-midi. Prévenez-moi quand vous serez sur les lieux, ordonna son chef qui raccrocha aussitôt après ne lui laissant pas le choix.

L’ascenseur s’arrêta enfin à son niveau, il sortit et se dirigea vers son speeder hésitant sur la marche à suivre. Son comlink sonna et il répondit immédiatement.

— Kyfer… eut-il juste le temps de dire.

— Jhac, c’est moi.

Réko, son cœur fit un bond dans sa poitrine.

— Où es-tu ? demanda-t-il en prenant un couloir désert.

— Au Temple. L’armée nous attaque, elle nous accuse de traîtrise envers la République. Elle nous massacre tous, les adultes comme les enfants. J’ai pu en prendre quelques-uns avec moi. Heureusement le Temple est vaste mais il me trouvera très bientôt ! dit d’une traite la jeune femme.

Jhac pouvait entendre derrière sa voix le crépitement de blasters et le vrombissement des sabrolasers.

— Qui ça ?

— Skywalker ! Il a succombé au côté obscur, il mène la charge. Il massacre sans pitié. Il est bien trop puissant, je ne peux rien contre lui. J’ai vu des maîtres se faire terrasser en un coup ! Tu es notre seul espoir, viens !

— Où ? demanda-t-il sentant la colère l’envahir.

— L’entrée nord, la où on se voyait. J’espère y arriver.

— Tu dois y arriver. Fais-le. Je serai là, je viendrai à ta rencontre. Tu me connais, je peux faire des dégâts. S’il le faut, j’affronterais Skywalker, il ne me fait pas peur, la rassura-t-il en reprenant sa marche vers son vaisseau.

— Fais vite ! Ils arrivent !

— Que la Force soit avec toi ! eut-il juste le temps de dire avant qu’elle ne raccroche.

Il courut à son speeder, bondit dedans et décolla.

En chemin, il appela la seule personne qu’il respectait vraiment dans les hautes sphères du gouvernement.

— Sénateur Organa, c’est Jhac Kyfer, je vous informe que le Temple Jedi brûle. Vous devriez peut-être aller y jeter un coup d’œil.

— J’y vais de ce pas.

Jhac rompit la communication. Il avait le regard rivé droit devant lui et la mâchoire serrée en un rictus de colère : lui aussi il allait mettre le feu au Temple Jedi.

Kyfer arrêta son speeder dans le parking le plus proche du Temple Jedi. Il ouvrit un compartiment sur son tableau de bord et saisit les deux objets qui s’y trouvaient. Il sortit de son véhicule et parcourut le parking à la recherche du speeder idéal : il le trouva non loin du sien. Il regarda autour de lui puis le plus discrètement possible il força la porte du speeder. Une fois ouvert, il plongea sous le tableau de bord du véhicule, coupa quelques fils puis installa son système de commande puis ressortit et s’éloigna mine de rien. La manœuvre n’avait duré que quelques secondes, personne ne l’avait remarqué. Il s’arrêta à quelques mètres et actionna sa télécommande : le speeder se mit en marche. Jhac se permit un sourire. Il le fit reculer et prendre de la hauteur puis il le dirigea vers le Temple en suivant une voie de trafic. Ensuite, lorsqu’il jugea être suffisamment proche, il fit pivoter le véhicule qui prit la direction du Temple. Enfin, il accéléra progressivement et verrouilla sa télécommande sur vitesse maximale.

Le speeder fonça à toute vitesse sur l’entrée principale du bâtiment Jedi. Les soldats essayèrent de l’abattre mais il allait trop vite et ils l’avaient aperçu trop tard. Le vaisseau explosa en une gerbe de feu au milieu d’une impressionnante colonne de clones. Parfaite diversion.

Jhac ouvrit le coffre de son speeder et s’équipa. Au tout début de la Guerre des Clones, il avait été recruté pour faire partie d’un commando qui devait tuer le comte Dooku. La mission n’avait jamais eu lieu mais il avait conservé l’équipement qui avait été mis au point. C’était à ce moment là qu’il avait rencontré Réko, il avait besoin d’un Jedi pour tester si son équipement pouvait fonctionner contre un des leurs. Les tests avaient duré un an.

Il enfila sur son torse son armure légère pouvant résister, un certain temps, aux terribles éclairs des Sith. Il attacha à sa taille sa ceinture à laquelle pendaient les blasters qu’il avait modifiés ainsi qu’une simple vibrolame. Il accrocha à celle-ci le maximum de chargeurs et de grenades qu’il pouvait. Ensuite, il rangea dans sa poche un petit boîtier qu’il espérait ne pas avoir à utiliser : ça signifierait qu’il serait en très mauvaise posture. Enfin, il saisit son fusil-blaster, il ne l’avait peut-être pas modifié mais il serait toujours utile. Il referma son coffre puis remonta dans son speeder. Il resta un instant immobile, réfléchissant à ce qu’il devait faire. Il savait que dans le cœur de l’action, il n’aurait pas le temps d’y penser, c’était pour cela qu’il le faisait maintenant.

Puis, lorsqu’il se sentit prêt, il décolla et se dirigea vers la petite entrée se situant au nord du bâtiment.

Avant de passer à l’action, il passa un dernier appel pour fixer une dernière chose.

— Inesh Uss’Ar, j’écoute, répondit sa partenaire bothan depuis deux ans.

— C’est Jhac.

— Jhac ! Qu’est-ce que tu fiches ? On t’attend dans le secteur 22 et le chef est fou de rage.

— Ce n’est pas grave, j’ai d’autres choses plus importantes à faire. Mais, j’ai besoin de toi.

Elle ne répondit pas tout de suite et il comprenait qu’elle hésitait.

— S’il te plait, insista-t-il d’une voix plus douce.

— Je t’écoute, reprit-elle à voix basse.

— Je veux que tu me connectes sur le réseau des holocams du Temple Jedi.

— Comment ?

— Via le réseau espion que Palpatine a fait installer. Tu auras besoin d’un code d’accès, voici le mien : RAN6981. Tu transfères ensuite la connexion sur mon holoprojecteur portable. Merci et un dernier conseil : quitte Coruscant, les choses vont changer.

Il éteignit son comlink et le jeta par la fenêtre, ainsi on ne pourrait pas remonter jusqu’à lui par ce biais. Une minute plus tard, il avait devant lui les images de l’intérieur du Temple, il assistait en direct au massacre, ce qui fit redoubler sa fureur. Il parcourut une dizaine d’holocams avant de repérer Réko à la tête d’un petit groupe fuyant le carnage. Parfait, elle était dans la bonne direction. Il accéléra et piqua vers l’entrée nord.

Cette voie d’accès était en fait un petit hangar de réserve où était stocké du matériel et dont l’entrée était pour l’instant gardée par trois soldats. Il n’hésita pas une seconde. Il fonça droit sur le groupe. Il en projeta un contre un mur, le deuxième dans le vide et le troisième roula sur son speeder et finit sa course lui aussi dans le vide. Il entra dans le Temple et arrêta son speeder au milieu du hangar. Il sortit de son véhicule, le verrouilla en actionnant son bouclier d’énergie et se dirigea vers les soldats qui venaient à sa rencontre. Ils étaient six. Il posa sa main sur la crosse de son blaster.

— Vous n’avez pas le droit…

Le clone s’effondra touché en pleine tête. Jhac parvint à en abattre un deuxième et un troisième avant de rouler au sol se mettre à l’abri. Il releva la tête et vit un des soldats courir vers l’intérieur du bâtiment. Sans doute prévenir des camarades. Il ne lui laissa pas le temps. Les deux autres se mirent à faire feu sur lui. Il bondit se cacher derrière son speeder. Il prit une grenade dans sa ceinture, l’activa, compta le temps nécessaire et la lança. Elle explosa presque aussitôt faisant voler dans les airs les deux clones. Il se redressa et ne vit plus personne : entrée réussie.

Il quitta le hangar et se dirigea vers les couloirs du Temple. En passant, il ramassa le blaster d’un soldat : autant économiser ses munitions. Avec son fusil-blaster dans le dos, il était fin prêt. Il avança dans le Temple s’aidant de son holoprojecteur pour trouver Réko et éviter les patrouilles de clones. Jhac comprit très vite pourquoi la Jedi avait choisi cette voie-là. Les clones n’étaient pas encore arrivés dans la zone, ils avaient bloqué toutes les issues mais ils étaient entrés en masse par l’entrée principale. Il arriva à un croisement, il hésitait sur le chemin à prendre lorsqu’il vit surgir, à une centaine de mètres dans le couloir de droite, un gamin muni de son sabrolaser. Il courait à toute vitesse. Puis apparurent derrière lui des gardes qui se mirent à tirer. Mais le jeune padawan était protégé par la Force : il évitait la plupart des tirs et en déviait quelques-uns. Jhac savait qu’il pouvait le rejoindre. Il y croyait, de tout son cœur. Puis d’un couloir perpendiculaire apparut un autre groupe qui coupa le chemin à l’enfant. Ils l’abattirent froidement. Certains s’acharnèrent sur le corps.

— NON !

Le cri lui échappa. Les soldats se retournèrent en sursaut. Il profita de ce moment pour tirer et venger le gamin. La première rangée tomba mais les soldats continuèrent à affluer à l’autre bout du couloir. Ça devenait chaud. Il lança deux grenades et bondit sur la commande de la porte. Elle se ferma juste devant lui et pour plus de sécurité il tira sur la commande. Il entendit ses grenades exploser de l’autre côté. Il espérait avoir fait le plus de victimes possibles. Regardant son holoprojecteur, il reprit sa course. Un nœud commença à se former dans son ventre, il savait que plus le temps passait, plus l’avantage gagnait l’autre camp.

Enfin, il arrivait, il tourna derrière le coin et se trouva face à une porte close. Il appuya sur le bouton d’ouverture : rien ne se passa.

— C’est verrouillé ! entendit-il derrière la porte.

— Je suis là ! Ecartez-vous, je vais essayer quelque chose.

Jhac se recula et saisit son fusil. Il fit feu sur la porte. Seule une marque noire de brûlure témoigna qu’il avait tiré.

— Essaye avec ton sabrolaser ! cria-t-il après son échec.

— Trop tard ! Ils arrivent !

Jhac sentit un frisson lui traverser le dos. Il entendait les tirs de blaster des clones. Il détestait rester impuissant. Il cherchait un moyen d’intervenir lorsqu’il vit un éclair bleu traverser la porte et commencer à découper un cercle de métal.

— Attention ! prévint-il lorsque le cercle fut presque achevé.

Il donna un coup de pied dedans puis passa de l’autre côté lorsque le passage fut dégagé. Il put constater que Réko aidée d’une Twi’lek adolescente déviaient les tirs des soldats. Elles étaient accompagnées de quatre enfants, dont celui qui avait réalisé le trou dans la porte, et Réko portait un bébé d’un bras. Il leva son fusil, visa et tira. L’arme était si puissante qu’il touchait au but à chaque coup. De plus les deux Jedi, qui le protégeaient, lui donnaient un avantage certain. Bientôt, les soldats se replièrent submergés par sa puissance de feu. Jhac rajouta quelques tirs pour les dissuader de revenir.

— Allez ! Tout le monde par le trou, ordonna-t-il en surveillant le couloir son fusil à la main.

La Twi’lek passa en première suivi des enfants. Pendant ce bref instant de répit, il échangea un regard avec Réko pour s’assurer qu’elle allait bien. Elle hocha la tête puis s’approcha du trou. Elle allait passer lorsqu’elle se retourna vivement, Jhac l’imita. Il sentit la peur l’envahir et son courage partir en courant. Anakin Skywalker, tout de noir vêtu, la cape au vent et le sabrolaser à la main, venait d’entrer dans le couloir. Il s’approcha d’eux d’un pas assuré.

— Vas-y, souffla-t-il à Réko en jetant son fusil et dégainant ses deux blasters.

Tout en avançant vers Skywalker, il sut qu’elle ne lui avait pas obéi. C’était le moment de voir si son année de préparation avait servi à quelque chose. Il leva ses blasters devant lui, son adversaire leva son arme, prêt à parer les tirs. Jhac continua à avancer, sans tirer. Il vit l’étonnement s’afficher sur le visage de Skywalker. Il avança toujours.

— TIRE ! lui hurla le Jedi lorsqu’il fut à une dizaine de mètres.

Jhac Kyfer continua d’avancer, sans tirer.

 

— Mais tire donc ! répéta Skywalker d’une voix haineuse.

Jhac s’arrêta enfin et se permit un sourire cruel : il était arrivé où il voulait. Furieux du mutisme de Jhac, Skywalker s’apprêta à l’attaquer.

— Attends ! Si tu fais cela, certes tu me tueras me mais je te promets que tu m’accompagneras, déclara Kyfer en fixant son adversaire droit dans les yeux en signe de défi.

Skywalker ne bougea pas, il avait compris que cette menace n’était pas des paroles en l’air.

— C’est mieux, maintenant écoute, reprit Jhac se sentant un peu mieux. Les blasters que je tiens en mains ont été modifiés : ils tirent beaucoup plus rapidement que des blasters normaux. Aussi, ils ne perdent en rien de leur puissance. A cette distance, tu as beau être le Jedi le plus puissant de la galaxie, tu ne pourras rien faire. Si tu espères enlever mes chargeurs, il y a des sécurités et je le saurais, donc je tire. Si je sens mes mains bouger, je tire. Si tu comptes me les arracher, ils sont bien fixés, je tire. Si tu réfléchis trop longtemps, je tire.

— Tu vas abaisser tes armes, répondit son adversaire d’une voix posée.

— Je vais abaisser mes armes.

Pourtant il garda ses blasters pointés sur Skywalker.

— Une dernière chose, j’ai été sélectionné il y a trois ans pour assassiner le comte Dooku. J’ai un don particulier pour un humain : je suis aussi influençable qu’un hutt. Je lis dans tes yeux que tu ne veux pas mourir, tu as quelque chose à accomplir, moi non plus je ne veux pas mourir. Alors, voilà ce que je te propose, chacun part de son côté et l’on fait comme si on ne s’était pas rencontré. D’accord ?

Jhac se concentra sur le Jedi essayant d’analyser le moindre geste, la moindre pensée qui se réfléchissait dans ses yeux. Il lut le doute mais plus particulièrement le combat : il hésitait. Cependant, il ne devrait pas hésiter trop longtemps car sinon les clones allaient les encercler. C’était peut-être le but de la manœuvre. Il devait agir. Il savait que Réko était toujours là, il aurait voulu lui dire adieu.

Un bruit de bagarre se fit soudainement derrière Skywalker. Des corps de soldats volèrent dans le couloir et apparurent trois adolescents sabrolasers à la main. Skywalker le salua puis s’éloigna s’occuper des jeunes Jedi. Jhac courut rejoindre Réko en récupérant son fusil. Il la poussa dans le trou découpé dans la porte et la suivit.

— Tu les laisses ainsi ? demanda Réko en restant immobile.

— Si on reste, et si on intervient, on est mort, lui expliqua Jhac qui n’aimait pas non plus la situation.

Ils n’avaient vraiment pas le choix. C’était sa capacité à analyser la situation qui l’avait jusqu’à présent gardé en vie. Il ne se lançait jamais au hasard dans une mission même si au premier abord elle semblait folle et suicidaire. Réko lança un dernier regard plein de tristesse vers la porte puis se décida à le suivre.

Le chemin jusqu’au hangar, où se trouvait son speeder, fut très calme. Trop calme. Pour une attaque où il ne devait avoir aucun survivant, on leur fichait vraiment la paix. Jhac n’était pas dupe, il savait qu’il devait rester sur ses gardes. Ainsi à chaque embranchement ou croisement, il se montrait très prudent. Cependant, il essayait de garder un visage impassible pour ne pas effrayer ses compagnons.

Enfin, ils arrivèrent face aux hangars. Il regarda son hoprojecteur puis confirma qu’ils pouvaient y aller. C’était le moment critique. Il les encouragea à aller vite. Alors, qu’ils franchissaient les derniers mètres, Jhac repéra une porte, donnant sur un couloir, qui était ouverte lors de son premier passage. Il fit particulièrement attention à elle et ne fut pas surpris lorsqu’elle commença à monter.

« C’est Skywalker. Allez-y je vais le retenir. S’il le faut, partez sans moi. » Dit-il à Réko en lui donnant la commande d’ouverture du speeder.

Elle continua à avancer tandis qu’il s’arrêta et mit en joue de son fusil-blaster le Jedi déchu. Il mit sur puissance maximale et déchargea son arme sur lui. Skywalker para fermement les tirs essayant de les lui renvoyer mais il les évitait tous au dernier moment. Sentant que son adversaire commençait à trop bien anticiper, il arrêta de tirer et lui lança son arme dessus. Skywalker l’arrêta d’une main et la lui renvoya. Jhac avait mis à profit cette petite interruption pour dégainer ses blasters. Il roula par terre pour éviter son fusil et se releva en tirant. Pendant son année de préparation, il avait aussi appris à éviter tout ce qu’un Jedi pouvait lui envoyer.

Les tirs rapides de ses blasters forcèrent Skywalker à reculer pour se donner un peu de temps supplémentaire. Jhac ne pouvait le lui permettre. Il avança en faisant toujours feu. Skywalker poussa un cri de rage et fit pression sur ses mains pour qu’il lâche ses armes. Ne pouvant se permettre la perte de ses mains, Jhac les lâcha et elles volèrent dans le couloir. Skywalker eut un cri de victoire. Il bondit dans les airs préparant le mouvement qui devait lui couper la tête. Jhac mit sa main en poche et appuya sur son petit boîtier. Le sabrolaser s’éteignit et partit rouler au sol, lâché par la main mécanique d’Anakin. Le boîtier était une bombe électromagnétique détruisant tous les systèmes électriques dans un rayon de deux mètres.

Jhac profitant de l’effet de surprise, l’attaqua au corps à corps. Il lui décocha coups de pieds et coups de poings. Partout. Ils étaient frappés avec force, forçant une fois de plus Skywalker à reculer. Mais le jeune Jedi réagit rapidement et aidé par la Force il para et renvoya des coups de même intensité. Hélas pour Jhac, il ne pouvait compter que sur sa force physique. Skywalker lui en envoya un coup au sternum qui le fit souffrir puis l’agrippa au cou de sa main valide. Puis il se mit à serrer. Jhac avait du mal à respirer et en fixant Skywalker il lui décocha un coup puissant du pied à l’entrejambe. Là où ça faisait mal. Le Jeune homme le lâcha immédiatement. Jhac profita de la situation. Il lui envoya des crochets au visage, puis lui donna un coup de genou dans le ventre et enfin un coup de pied à la tête envoyant le Jedi au sol.

Il regarda où se trouvaient ses blasters : trop loin. Il se laissa tomber sur la poitrine du Jedi et détacha sa vibrolame de sa ceinture. Il leva son bras et puis l’abaissa. Mais la main gauche de Skywalker l’empêcha d’atteindre son but en lui emprisonnant la main. Le Jedi avait une faculté de récupération phénoménale. Jhac essaya de peser de tout son corps mais il ne céda pas. Il voulut lui donner des coups de sa main gauche mais Skywalker les lui bloqua de son bras semi valide. Puis, il sentit une main invisible l’agripper et s’envola dans les airs. Il retomba lourdement sur le sol à cinq mètres. Skywalker se releva et tendit le bras dans sa direction. Jhac monta dans les airs et sa respiration se fit très difficile. Il voyait des points noirs devant ses yeux, voilà, finalement, il avait perdu. Un tir de blaster vint toucher le Jedi. Il le para en le laissant tomber et en l’absorbant de la main. Jhac se retourna et vit Réko qui tirait depuis l’intérieur du speeder. Il n’avait pas vu qu’il ne restait qu’un blaster dans le couloir. Anakin semblait absorber les tirs sans problème. Jhac devait l’aider. Il saisit le deuxième blaster et se mit aussi à tirer sur Skywalker. N’ayant qu’une main de valide, le Jedi fut forcé de fuir. Des clones le remplacèrent aussitôt. Mais Jhac bondissait déjà dans son speeder et fermait la porte. Il décolla et fonça hors du hangar. Il évita de justesse un speeder de l’armée et plongea à pic vers les profondeurs de Coruscant. Il se rendit compte alors qu’il était toujours vivant.

 

Réko aussi était vivante, il la regarda avec tendresse. Elle lui sourit. Elle avait sur ses genoux le bébé qu’elle avait sauvé. Les enfants aussi étaient vivants. Ils étaient serrés derrière et ils le regardaient avec admiration. Il commença à sentir la douleur dans tout son corps et sur son visage. Il espérait que Skywalker était dans le même état.

— Qu’est-ce qu’on fait ? demanda Réko d’une voix douce.

— On se cache quelques jours en bas, je connais des endroits où même un Sith n’oserait pas s’aventurer. Puis on ira sur Alderaan, je connais très bien le sénateur Organa.

— Comment ! Vous fuyez ! Vous laissez tomber nos camarades et vous n’allez rien tenter contre Skywalker ! s’exclama la twi’lek les larmes aux yeux.

— Écoute petite, c’est un miracle que je sois encore vie. Tout ce que tu as vu là-bas j’ai mis un an à le préparer et j’ai failli y rester. Si j’y retourne, je n’aurais plus l’effet de surprise et je deviendrais une autre victime de Skywalker. Crois-moi, si je devais encore une fois l’affronter j’apprécierais énormément que l’effet de surprise soit de mon côté. Je vais donc me cacher quelque temps, récupérer, me préparer et peut-être envisager de l’éliminer si personne ne s’en est chargé avant, répliqua sèchement Kyfer.

— Il a raison. C’est une période difficile pour les Jedi : cachons-nous et restons en vie. Nous reviendrons en temps voulu, déclara un peu plus doucement Réko.

Jhac constata que le bébé qu’elle tenait s’était endormi. Il se sentait pour l’instant en sécurité.

Le Témoin - Darkwilliam
 

La nuit avait enveloppé Coruscant de son grand manteau noir, plongeant les quartiers pauvres de la Cité Planète dans une obscurité troublante. Quelques chiches lumières blafardes éclairaient avec difficulté les ruelles sombres et étroites. Vu d’ici, les lumières vives et rassurantes des quartiers riches semblaient inaccessibles. D’où il se trouvait, Treviss avait du mal à discerner le ciel noir qui englobait Coruscant, car dissimulé par l’amas pesant des structures métalliques.

Treviss expira longuement et se retourna vers le bar minable qu’il venait de quitter. C’était un bouge comme il en existait peut-être des milliers sur Coruscant, un endroit bruyant et plutôt mal famé. Un de ces lieux où l’on ne pouvait compter sur personne et l’on devait redouter tout le monde. Mais Treviss, beau jeune homme aux cheveux bruns courts n’était pas inquiets. Pas aujourd’hui du moins. Car son ami venait de sortir du bar à son tour, le visage souriant, les yeux pétillants.

Et Treviss n’avait pas peur de se promener dans les rues obscures et parfois désertées des quartiers pauvres parce que son ami dégageait une sérénité et une puissance impressionnante et surtout, parce qu’il portait un sabre laser à sa ceinture. Vyle Mekkli, chevalier Jedi, s’approcha du jeune Treviss et lui dit d’une voix calme :

— J’ai été heureux de boire un verre avec toi mon ami mais à présent je dois rentrer au Temple. Je dois y faire mon rapport.

— À propos des chasseurs de primes ?

— Oui, l'assassinat d'un de nos chevaliers par des chasseurs de primes appartenant à un groupe précis, nous a forcés à réagir. J’avais pour mission de mettre fin à la pratique visant à accorder des crédits en échange du meurtre d’un représentant de notre Ordre.

— Et c’est chose faite.

— Oui, et grâce à toi.

— Oh… Je n’ai fait que vous donner un petit coup de main. Je n’apprécie guère non plus les chasseurs de primes. Ils sont trop… dangereux.

C’est alors que des bruits de pas se firent entendre, semblant s’approcher à un rythme soutenu. Mais la cadence était surtout régulière, trahissant une rigueur toute militaire. Vyle et Treviss regardèrent dans la ruelle adjacente à celle dans laquelle ils se trouvaient et distinguèrent petit à petit des formes qui se détachaient de l’obscurité. Les ombres approchaient toujours et semblaient incroyablement identiques. Enfin, une lumière pâle éclaira la scène et Treviss put distinguer le bataillon de clones. Leur chef s’approcha de Vyle et fit aussitôt tout en adoptant une attitude de respect :

— Général Vyle, nous venons vous chercher. Vous avez été désigné pour prendre le commandement d’un bataillon de clones en partance pour…

Un petit bip fit tilter le clone. Il s’excusa poliment auprès de son général, lui tourna le dos et sortit une petite unité de transmission de son armure.

Pendant ce court laps de temps, Vyle fit à Treviss :

— Tu devrais rentrer chez toi, il se fait tard.

— Vous avez raison. A bientôt j’espère.

Sur ces mots, Treviss s’éloigna. Mais alors qu’il voulait saluer une dernière fois le Jedi, il se retourna et observa ce que le clone était en train de faire. Il regardait avec attention l’image holographique d’un homme encapuchonné qui même à cette distance semblait effrayant. Treviss entendit le clone répondre d’une voix faible :

— À vos ordres !

Presque aussitôt, le clone se retourna. Vyle s’exclama :

— Quelque chose d’important ?

— Plutôt oui, je dois vous tuer.

Ecarquillant les yeux de stupeur, Vyle voulut aussitôt attraper son sabre laser mais l’escouade de clones fut plus rapide. Ils brandirent leurs blasters et tirèrent presque instantanément. Une myriade de lasers convergea vers Vyle qui ne put les éviter. Il fut transpercé de toute part, poussa un cri de souffrance qui devînt rapidement monocorde, s’affaissa sur les genoux puis bascula sur le côté, se recroquevillant dans une position misérable sur le sol froid avant que la mort ne l’engloutisse.

— Nooooooon ! hurla Treviss en assistant à l’assassinat brutal du Jedi

Aussitôt, il comprit qu’il n’aurait pas du rappeler sa présence aux clones. Ceux-ci pivotèrent comme un seul homme et virent le jeune homme qui se tenait adossé au mur d’un immeuble désaffecté. Il y eut un terrible moment de flottement. Les clones ne semblaient pas savoir comment réagir. Devaient-ils tuer ce témoin ? Devaient-ils le laisser en vie ? I-547, le lieutenant de l’escadron semblait réellement hésiter. Il regarda pendant quelques secondes Treviss qui pour sa part, n’osait pas bouger, le cœur battant la chamade, la poitrine soulevée par de grandes respirations dues à son effroi. Puis soudain, la décision de I-547 tomba comme un couperet. Il s’exprima d’une voix calme et sereine :

— Tuez-le.

Par pur instinct de survie, Treviss se jeta dans une ruelle adjacente au moment même où les clones ouvraient le feu. Les lasers déchirèrent la quiétude de la nuit et finirent leur course à l’endroit précis où se tenait la tête de Treviss une seconde plus tôt.

Le jeune homme, déboussolé, les yeux agrandis par la terreur, se releva aussitôt et s’élança, atteignant rapidement sa vitesse maximum. La peur lui donnait des ailes…

Il entendit distinctement I-547 qui hurlait dans son dos :

— Rattrapez-le.

Il comprit que les clones s’étaient élancés à sa poursuite. Il pouvait discerner leurs bruits de pas, toujours plus rapides, toujours plus proches, preuve ultime que même s’il allait vite, Treviss serait bientôt rejoint par les clones. Et assassiné. Cette pensée força le jeune homme à poursuivre son effort, tentant de semer ses poursuivants dans le dédale de rues.

Le souffle court, il tourna dans une toute petite ruelle, espérant que les clones n’auraient jamais l’idée de venir le chercher ici. Il regarda autour de lui mais ne vit personne. Aucun civil qui aurait pu lui assurer une protection. Il semblait seul. Il avait l’impression d’être seul à vivre sur Coruscant et que tous les clones convergeaient vers lui, dans un seul but, l’abattre. Il…

 C’était une impasse ! La rue dans laquelle venait de tourner Treviss était une impasse ! Non ! pensa-t-il. Il voulut aussitôt rebrousser chemin mais entendit les voix des clones qui accouraient. Désespéré, il se rencogna dans une petite alcôve formée par un mur crasseux et attendit.

Il entendit un clone qui s’avançait dans l’impasse. Il approchait. Treviss voulut encore reculer davantage, comme pour se fondre dans le mur. Il espérait surtout s’être dissimulé dans la plus totale obscurité. Le clone entra dans son champ de vision. Il portait son lourd blaster noir devant lui, prêt à tirer. Le soldat de la République tourna sur lui-même, regardant tout autour de lui avec une extrême minutie. Treviss cessa de respirer. Le regard du clone s’arrêta sur sa cachette. Une seconde, deux secondes, trois secondes. Le clone s’éloigna enfin, doucement.

Treviss relâcha ses muscles qu’il avait contractés. Il essuya la sueur qui perlait sur son front et tenta de se remettre les idées en place. S’il voulait survivre, il devait à tout prix semer les clones. Mais pour cela, il devait remonter dans les niveaux supérieurs où il se mêlerait au reste de la population. Treviss n’arrivait pas à le croire. Pour la première fois de sa vie, il souhaitait se sentir au milieu de tout ce que la galaxie pouvait compter comme espèces variées. Lui, qui était agoraphobe, quelle ironie du sort !

Prudemment, Treviss se releva et s’avança dans l’impasse, se dirigeant vers la sortie. Un vent frais lui caressa les joues, le revigorant quelque peu. Il jeta un coup d’œil dans l’avenue principale et vit que les clones étaient en grande discussion à quelques mètres de lui. Ils lui tournaient le dos.

— Mais il n’a pas pu disparaître comme cela !

— Il est par là. Trouvez-le et anéantissez-le, s’écria I-547.

En tentant de faire le moins de bruit possible, Treviss s’élança dans la direction opposée à celle des clones, cherchant par tous les moyens à mettre le maximum de distance entre lui et eux. I-547 se retourna brutalement :

— Il est là !

De nouvelles détonations troublèrent le silence pesant qui régnait jusque là. Treviss sentit les rafales qui le frôlaient, manquant de peu à chaque fois de lui ôter la vie. Et soudain il eut une chance incroyable. Il buta sur quelque chose qui traînait sur le sol et s’étala de tout son long, esquivant de ce fait un laser qui lui aurait certainement transpercé le cœur. Treviss se releva, dévoré par la peur de mourir, il tourna à l’angle d’une rue et accéléra encore, bien qu’il sente que son cœur était au bord de la rupture.

 

Mais ce qu’il vit en face de lui le rassura : un ascenseur. Un de ces ascenseurs rapides qui montait vers les niveaux supérieurs. Treviss avala la distance qui le séparait de l’ascenseur, ne prêtant guère attention aux ordures qui jonchaient le sol. Le jeune homme appuya fébrilement sur le bouton d’appel et les portes de l’ascenseur s’ouvrirent aussitôt :

— Oh, merci… murmura Treviss soulagé.

Il grimpa à l’intérieur et actionna la touche de montée au moment où les clones déboulaient à vive allure.

— Là, il veut monter dans les étages !

Les portes commencèrent à se refermer au moment où les clones s’apprêtaient à ouvrir le feu.

— Plus vite, plus vite, conjura Treviss

Les clones tirèrent. Treviss ferma les yeux et banda ses muscles, s’attendant à l’inéluctable. Mais les portes se refermèrent juste à temps. Treviss entendit les multiples impacts qui venaient enfoncer les portes. Puis l’ascenseur s’ébranla et commença à s’élever. Treviss s’effondra sur le sol, épuisé, ne s’attardant pas sur les seringues qui parsemaient le sol de l’ascenseur et sur ses murs sales et tagués d’insultes envers Palpatine.

I-547 ne montra pas qu’il était en colère. Il saisit son comlink, ouvrit une fréquence et fit :

— Le fugitif va arriver au niveau 40 dans quelques instants. C’est là que s’arrête l’ascenseur qu’il a emprunté. Assurez-vous qu’il ne puisse pas en prendre un autre. Je répète, bloquez tous les moyens qui pourraient lui permettre de s’enfuir définitivement.

— Bien reçu.

Les portes s’ouvrirent et Treviss se rua dehors, balayant aussitôt l’espace autour de lui du regard. Il se trouvait sur une vaste place, mieux éclairée et surtout, de nombreux individus plus ou moins louches, plus ou moins saouls, déambulaient, certains hurlant des insanités. Treviss ne fut jamais autant heureux de voir des personnes imbibées d’alcool.

Le jeune homme voulut alors se diriger vers les ascenseurs qui le mettraient pour de bon en sécurité mais il s’arrêta net. Ils étaient gardés par une escouade de clones. Une escouade qui l’identifia dans la seconde suivante :

— Arrêtez cet homme !

Bien qu’épuisé, Treviss sprinta, bouscula deux Dévaroniens qui maugréèrent et vit alors qu’un taxi était stationné à quelques mètres de lui. Reprenant espoir, il se précipita vers l’air-speeder et bondit à l’intérieur. Il hurla aussitôt au chauffeur :

— Les niveaux supérieurs, vite !

Le chauffeur, un humain brun visiblement, ne se retourna même pas et démarra presque aussitôt. Treviss vit avec bonheur les clones qui s’étaient lancés à sa poursuite s'évader. Puis, le taxi intégra le dense trafic aérien de Coruscant, se mêlant aux milliers d’autres speeders.

Treviss s’enfonça dans la banquette du taxi. Il était en vie. Et il était sauf. Il avait pu échapper à des clones entraînés, lui, un jeune homme de dix-neuf ans à peine. Son cœur commença à battre plus normalement et Treviss fit au chauffeur :

— Merci !

— Pour quoi ?

— Pour votre démarrage rapide.  Mais vous devez sûrement être habitué !

— Non non pas du tout. A vrai dire, chauffeur de taxi n’est pas mon métier.

Treviss fronça les sourcils :

— Mais vous faites quoi alors ?

Le chauffeur se retourna alors et regarda Treviss avec un grand sourire inquiétant. Le jeune homme écarquilla les yeux de stupeur car il reconnut aussitôt ces traits, cette expression. C’était celle de Jango Fett, le chasseur de prime célèbre qui avait été tué il y a trois ans par un Jedi dans l’arène de Géonosis.

— Non, c’est impossible, murmura Treviss résigné.

— On n’échappe pas à son destin, répondit le clone.

Une lumière vive et brève illumina l’intérieur du taxi et un corps s’affaissa pour l’éternité à l’intérieur.

L’air-speeder se perdit dans la nuit de Coruscant alors qu’au loin des volutes de fumée s’élevaient au-dessus du Temple Jedi.

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