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Chapitre 8 : Solitude
 
-Vous m’en direz des nouvelles, sourit chaleureusement Roen depuis la cuisine.
-Vous êtes sûre que vous ne voulez pas de mon aide ? suggéra encore Obi-Wan.
-Non, non, non. Restez tranquillement assis, je m’occupe de tout ! Je connais cette maison aussi bien que la mienne.
La voisine revint en effet quelques minutes plus tard dans le salon, un plateau entre les mains. Elle avait préparé du thé, sorti deux assiettes et coupé des tranches de gâteau qu’elle avait savamment arrangées. Après avoir posé l’ensemble sur la table basse, elle s’assit en face du chevalier et entreprit de le servir.
-Tout cela m’a l’air exquis, remarqua-t-il.
-La présentation compte, mais croyez-moi, ce n’est pas avec les yeux qu’on apprécie le plus la saveur ! Mais avant de le déguster, prenez un peu de thé, dit-elle en versant la boisson brûlante. L’arrière-goût qu’il vous laissera, combiné aux épices du pihtel, va vous surprendre.
Obi-Wan obéit et souffla légèrement sur la surface du liquide, chassant la vapeur qui s’en échappait, avant de porter la tasse à ses lèvres. Après quelques gorgées revigorantes, il mordit dans sa part et en apprécia longuement toute la saveur. Il reposa son assiette et souleva un sourcil à l’intention de Roen.
-C’est absolument délicieux, complimenta-t-il sincèrement. Je n’ai que rarement eu l’occasion d’expérimenter un plat si fin mais avec un tel caractère.
-Charmeur, lança-t-elle avec un sourire. Je suis bien contente que ça vous plaise. Votre père en raffolait, c’était son dessert préféré.
-Vraiment ?
-Oh oui ! Il rendait votre mère complètement folle, à lui demander de lui en faire presque tous les jours !
Obi-Wan se cala dans le confortable fauteuil et tourna son regard nostalgique vers l’image holographique de sa famille.
-Vous voulez bien me parler d’eux ? demanda-t-il.
Le visage de Roen Istesna se radoucit.
-Bien sûr, mon garçon. Que voulez-vous savoir ?
-Oh eh bien… Tout ce que vous voudrez bien m’apprendre, rit-il.
Roen avala un peu de thé et observa le jeune homme un instant.
-Dans ce cas, je peux vous dire qu’ils sont tous deux originaires de Panescan, dit-elle enfin. Il me semble qu’ils se sont rencontrés à l’âge de dix ou onze ans d’après ce que votre mère m’a dit. C’était à un anniversaire ou une fête populaire, je ne me rappelle plus vraiment. Il paraît que ça a été le coup de foudre.
-Mon père était un Jedi…
-En effet. Je crois qu’il était revenu avec son maître pour revoir ses parents. La visite annuelle.
Obi-Wan hocha la tête. La visite annuelle à laquelle il n’avait jamais eu droit.
-Ca vous ennuie que je vous en parle ? s’enquit Roen Istesna avec gentillesse, n’ayant pas manqué la pointe de chagrin dans son regard.
-Non, j’aimerais savoir, se reprit le chevalier.
La petite voisine cassa un morceau de gâteau avec ses doigts puis l’enfourna dans sa bouche tandis qu’elle mettait un peu d’ordre dans ses souvenirs.
-Pendant cinq ans ils se sont vus au retour de Theran, passaient quelques jours ensemble, et il repartait.
-Son maître ne disait rien ?
-Oh, si, je crois qu’il est intervenu à plusieurs reprises, mais… D’après Eanel, un des grands maîtres, je ne sais pas comment vous les appelez, lui a ordonné de fermer les yeux sur leur relation.
-Vous vous souvenez du nom de ce maître ? s’enquit Obi-Wan, surpris.
Un Jedi n’avait pas le droit de s’impliquer dans un rapport amoureux, surtout pas au cours de son apprentissage, et le fait que le conseil ait décidé de laisser ses parents se rapprocher l’intriguait au plus haut point.
-Non, répondit Roen. Par contre je peux vous dire qu’il a de grandes oreilles et qu’il est vert ! Et ridé. Et il parle à l’envers. Et…
-Yoda ?! s’exclama Obi-Wan.
-Voilà ! Yoda, confirma-t-elle. Enfin bref. Quoi qu’il en soit, après ces cinq années, Eanel est partie le rejoindre sur Coruscant. Ils devaient donc avoir autour de quinze ou seize ans. Elle a vécu dans un appartement à quelques minutes du temple et travaillait comme assistante dans un cabinet d’architecte.
-Architecte ? s’étonna le chevalier.
-Oui, et au bout de quelques années elle avait appris les ficelles du métier et s’est mise à son compte. Elle exerce d’ailleurs toujours ce métier.
-Et ils ont continué de se voir pendant tout ce temps ?
-Oui, apparemment, entre les missions et l’entraînement de Theran. Il a d’ailleurs terminé son apprentissage à l’âge de vingt-quatre ans. Il paraît que c’est relativement jeune.
-En effet ! La plupart des padawans accèdent au titre de chevalier entre vingt-six et trente ans…
-Dès qu’il a eu son indépendance, il a fait une déclaration officielle devant… comment vous appelez ces maîtres ?
-Le conseil ? chercha Obi-Wan.
-C’est ça, il a déclaré à votre conseil Jedi qu’il avait l’intention d’épouser Eanel, et a obtenu leur accord.
Le jeune homme haussa les sourcils, abasourdi.
-J’ai du mal à le croire.
-Et pourtant, fit Roen Istesna avec un haussement d’épaules. Ils se sont mariés en toute discrétion et ont vécu moins d’un an sur Coruscant avant de décider de revenir sur Panescan et d’emménager dans la maison où nous nous trouvons en ce moment même. Votre père était rarement ici, c’était un Jedi avant tout, mais tous deux semblaient s’en accommoder. Ils avaient passé toute leur jeunesse à s’attendre, je pense qu’ils s’étaient faits à l’idée qu’ils ne se verraient pas aussi souvent qu’un couple normal…
-Et ma mère était tombée enceinte, compléta Obi-Wan.
-Oui, juste après leur mariage. Elle a accouché deux mois après leur retour ici. Ils avaient alors vingt-cinq ans. Je crois que ça a été la plus belle période de leur vie, sourit-elle. Mais je vais vous faire une confidence : quand votre mère a appris à… Yoda qu’elle était enceinte, j’étais présente, et ce qui m’a étonnée est qu’il avait l’air d’être déjà au courant. Comme s’il avait su dès le départ que vous seriez le fruit de leur union…
Obi-Wan baissa les yeux. Oui c’était tout à fait possible, Yoda savait tant de choses que le reste du monde ignorait. Mais pourquoi aurait-il insisté pour qu’Obi-Wan naisse ? Il n’avait rien d’exceptionnel, n’était qu’un Jedi comme un autre… Quelle valeur pouvait-il avoir aux yeux du vieux sage ? Yoda avait peut-être prévu sa venue au monde, mais il avait dû se tromper dans le rôle qu’il allait avoir. Il avait surestimé son importance.
-Tout va bien ?
Il releva la tête vers Roen, qui le dévisageait d’un air soucieux.
-Oui, je vous en prie, continuez, la rassura-t-il.
-Oh il n’y a plus grand chose à raconter…, avoua-t-elle. Après votre naissance, Theran est resté ici pendant une période de trois mois avec vous et votre mère, puis il est reparti pour ses missions.
Obi-Wan se pencha vers elle, ses yeux bleu-vert fixant intensément ceux de la voisine.
-Et ensuite ? Que s’est-il passé ? Quand ai-je été retiré à mes parents ? encouragea-t-il.
Roen se mordilla la lèvre inférieure et baissa les yeux un instant.
-Treize mois après votre naissance, il est parti pour une mission, commença-t-elle lentement. J’ignore les détails. Votre mère elle-même n’en connaît que les grandes lignes, et c’est un sujet qui n’a pas souvent été abordé. Il n’est jamais revenu.
Obi-Wan prit une inspiration hésitante et détourna le regard vers le jardin qui commençait à s’obscurcir.
-Moins d’une semaine plus tard, un des camarades de votre père vous a ramené avec lui sur Coruscant pour faire de vous un Jedi.
Le chevalier serra les dents puis reporta son attention à Roen.
-Qui était-ce ?
-Je me rappelle bien de lui, il était venu plusieurs fois, et votre mère parle de lui comme d’un très bon ami. Il s’appelle Qui-Gon Jinn.
Obi-Wan sursauta.
-Vous le connaissez ? demanda Istesna.
Le jeune homme se contenta de hocher la tête, essayant de maîtriser une colère grandissante, ce qui n’échappa pas à la voisine.
-Mon père est… mort alors que j’avais à peine treize mois, et on m’a retiré à ma mère…, énuméra-t-il.
-Je me doute que vous devez être peiné, tenta de comprendre Roen.
-Ce n’est pas à moi que je pense ! assura Obi-Wan en se levant, incapable de se contenir. Mais à ma mère… Elle venait juste de perdre son mari que l’Ordre lui a retiré son fils ! Je n’ose même pas imaginer l’épreuve que ça a dû être pour elle.
Roen se leva à son tour et posa une main réconfortante dans le dos du Jedi.
-Oui, ça a été très dur. Mais elle savait que c’était la meilleure chose à faire. J’ai été à ses côtés chaque jour, et elle a affronté les évènements avec beaucoup de sagesse et de force.
Obi-Wan se tourna vers la petite voisine.
-Merci, souffla-t-il. D’avoir été là pour elle.
Elle sourit.
-Et puis maintenant elle n’est plus seule ! Vous allez finir par vous retrouver, depuis tout ce temps ! C’est tout ce qui importe !
Roen passa un bras énergique sous celui du jeune homme et l’attira vers le canapé.
-Allons, vous n’êtes pas venu pour vous morfondre, et moi non plus ! dit-elle avec vivacité. Nous sommes d’accord ?
-Parfaitement d’accord, concéda-t-il.
-Bien ! Vous avez d’autres questions ?
Tandis qu’il réfléchissait, son regard se posa sur le journal de son père, qui avait été repoussé au bout de la table.
-Oui, j’aurais en effet encore une question…
-Allez-y, pressa-t-elle en l’obligeant à reprendre sa tasse de thé.
Obi-Wan avala docilement une gorgée puis reprit la parole.
-Avez-vous déjà entendu le nom ¨Omyn¨ ?
La voisine fronça les sourcils en mordant dans sa part de gâteau.
-Oui, mais je ne saurais vous en dire beaucoup, réfléchit-elle. C’est une créature de légende, le genre d’histoire qu’on raconte aux enfants avant de dormir, vous voyez…
-Mais ces créatures existent vraiment, non ?
-Comme je vous l’ai dit, c’est une légende, mais allez savoir quelle part de réel il y a. Si vraiment elles existent, vous devez bien en avoir une description dans vos données au temple…
-Oui il faudra que je me renseigne.
Roen inclina la tête de manière pensive.
-Je crois avoir un bloc chez moi qui parle de tous ces êtres fantastiques. Je pourrais aller le chercher, proposa-t-elle.
-Je ne voudrais pas vous déranger.
-Oh non, ne vous en faites pas ! D’ailleurs j’y vais de ce pas ! J’en ai pour cinq petites minutes. Appelez donc le temple, en attendant ! fit-elle en se dirigeant vers la porte, montrant clairement qu’elle ne comptait pas laisser la place à quelque objection.
-Merci ! lança Obi-Wan tandis qu’elle disparaissait dans le hall d’entrée.
Il sourit en secouant la tête et se dirigea vers l’holocom. Il savait qu’il ne pouvait pas joindre directement les archives depuis l’extérieur, et avant d’essayer de contacter le responsable, il pensait appeler quelqu’un d’autre qui pourrait peut-être tout aussi bien lui apporter les réponses qu’il cherchait. Il n’avait certes pas encore lu l’entrée suivante dans le journal de son père, mais il ne doutait pas qu’il avait fini par faire part de ses inquiétudes à d’autres Jedi, et Qui-Gon en faisait sûrement partie. Il réalisait que son ancien maître ne lui révélerait rien sur son père, mais lui expliquer ce qu’était un Omyn n’avait sans doute pas été compris dans le serment qu’il avait fait. Il composa donc le numéro qu’il connaissait si bien et attendit d’être mis en relation avec les appartements de Jinn. La liaison se fit sans tarder et bientôt l’image de son mentor apparut.
-Obi-Wan ?
Le jeune homme sentit plus que de la surprise dans l’exclamation, mais n’y accorda pas d’importance.
-Bonjour Qui-Gon, salua-t-il. J’espère que je ne vous dérange pas.
-Eh bien, hésita le maître en jetant un œil derrière lui comme pour s’assurer qu’il était seul. J’ai peu de temps, mais je t’écoute.
-Dans ce cas je serai bref. Connaissez-vous les êtres du nom de Omyn ?
Qui-Gon ouvrit de grands yeux.
-Où as-tu entendu ce nom ?
-J’ai trouvé le journal de mon père et il y fait allusion, expliqua le jeune homme.
-Je ne peux pas t’aider, déclara brusquement Qui-Gon.
Obi-Wan fronça les sourcils, confus.
-Mais… pourquoi ?
Jinn détourna le regard.
-Maître ? Quel est le problème ?
-Très bien, je vais t’expliquer, soupira-t-il. Le conseil me surveille.
-Comment cela ?!
-Ils menacent de me retirer Anakin si je ne me consacre pas totalement à lui et je ne veux pas prendre le risque de le perdre.
-Qu’essayez-vous de me dire ? demanda Obi-Wan, la gorge serrée.
-Je dois couper les ponts. J’ai demandé une mission et ne serai pas disponible pour quiconque excepté mon padawan.
-Mais j’ai besoin de vos conseils ! Je ne peux pas affronter cela tout seul !
A peine eut-il prononcé ces mots qu’il les regretta. Depuis plusieurs mois il avait réussi à atteindre le statut de chevalier et à convaincre son entourage qu’il le méritait, et en deux phrases seulement il avait brisé l’illusion, détruit l’image de lui qu’il s’était créée et mis à jour ses incertitudes et sa faiblesse. A cet instant, Obi-Wan souhaita que le sol se dérobe sous ses pieds et l’engloutisse, le retire de la vue de Qui-Gon qui était maintenant confronté à son échec. Alors qu’il s’apprêtait à s’expliquer, Jinn reprit la parole.
-Comprends-moi, Obi-Wan. Je suis désolé mais je n’ai pas le choix. Tu sauras t’en sortir par toi-même, j’en suis convaincu.
Le jeune homme inspira discrètement, et un masque dur et froid remplaça l’expression de désarroi qui s’était affichée sur son visage.
-Très bien. Je ne vous retiens pas plus longtemps.
-Tu me comprends, n’est-ce pas ? s’inquiéta Jinn.
S’il cherchait à être rassuré, Obi-Wan ne lui ferait certainement pas ce plaisir.
-Que la Force soit avec vous, maître Jinn, lâcha-t-il.
-Obi-Wan, tu me compr…
Sachant pourtant que c’était une preuve d’irrespect, le chevalier ne put s’empêcher de terminer la communication avant que Qui-Gon ait fini de parler. Est-ce qu’il comprenait un tel acharnement ? Bien sûr que non ! Plutôt que de réaliser qu’il s’agissait d’un avertissement du conseil quant à la difficulté de former Anakin, Qui-Gon l’avait interprété comme un défi à relever, quelles que soient les conséquences. Même si cela signifiait rayer Obi-Wan de sa vie.
Le chevalier serra les poings. Après tout il serait parfaitement capable de se débrouiller seul, il avait été habitué à être livré à lui-même pendant son apprentissage tandis que Qui-Gon se lançait dans ses croisades personnelles ou se complaisait dans le remords ou les incertitudes.
Obi-Wan secoua la tête. Non, il fallait être honnête, mis à part quelques passages à vide, Qui-Gon avait toujours été là pour lui, il l’avait écouté et guidé comme personne d’autre n’aurait pu. Il avait un autre apprenti et Obi-Wan devait l’accepter. Lui-même n’était plus un padawan et commençait seulement à le réaliser, il lui fallait juste un peu de temps pour s’y faire. Mais ce temps lui manquait…
L’ouverture de la porte d’entrée le sortit de ses pensées.
-Obi-Wan !
Il fronça les sourcils en discernant l'agitation dans la voix de Roen Istesna et alla à sa rencontre.
-Que se passe-t-il ? demanda-t-il posément, son regard calme et sérieux.
-Je viens d’entendre…, s’essoufflait la voisine. Le consulat !… Il y a eu un attentat… un Grand Conseiller a été tué !
-Oh non… Lay !
-Prenez mon speeder, proposa-t-elle. Devant chez moi…
En quelques secondes, le dédain de Qui-Gon avait perdu toute son importance. Seule comptait la vie de la Grande Conseillère.

~*~


Qui-Gon Jinn fixait l’endroit où il avait pu voir juste quelques secondes plus tôt le visage de son pad… non, de son ancien padawan. Le regard insensible et le ton condescendant d’Obi-Wan lorsqu’il l’avait appelé ¨maître Jinn¨, utilisant son titre officiel, furent pour lui l’équivalent d’une monumentale gifle laissant sa marque brûlante à la fois sur ses joues rougissantes et dans son cœur.
A présent il éprouvait l’étrange soulagement d’avoir parlé à Obi-Wan et l’amère déception de n’avoir pas été compris. Mais son ancien apprenti finirait par se ranger de son côté, il en était persuadé, il fallait juste lui laisser le temps de méditer et de réaliser que Qui-Gon n’avait pas le choix, qu’il avait raison, et que le conseil avait tort.
En attendant, réfléchit sombrement Qui-Gon en agrippant les bords de l’holocom, il se sentirait simplement trahi, abandonné, oublié et seul au monde…
-Obi-Wan, soupira-t-il. Ferai-je un jour quelque chose de bien pour toi ?
Il baissa la tête, ignorant totalement le fait que son jeune et tout nouvel apprenti n’avait pas manqué une miette de la conversation, l’oreille collée à la porte de sa chambre. Anakin finit par reculer, serra les affaires de rechange qu’il avait gardées en mains puis les lança de toutes ses forces sur son lit. Il le savait ! Il avait tout de suite deviné que tout était de sa faute. Mais qu’avait-il bien pu faire pour mériter cette hostilité ? Il allait régulièrement en cours depuis son retour au temple, faisait preuve de respect, écoutait attentivement son maître et essayait dur de ne pas céder à ses émotions. Mais ce n’était pas suffisant. Que pouvait-il bien faire de plus pour arriver à obtenir la considération et l’amitié dont il avait tant envie ?
Un profond sentiment de solitude s’empara de lui et des flots de larmes de chagrin vinrent troubler sa vue, mais il refusa de les laisser couler. Il serra les poings et sa tristesse se transforma peu à peu en colère. Il s’agenouilla à terre pour récupérer son sac de voyage puis y fourra rageusement ses affaires. Après tout il ne voulait pas de la pitié ou même de l’affection du conseil. Il n’avait pas besoin d’eux. Il deviendrait un Jedi tellement puissant qu’ils seraient forcés de l’accepter dans l’Ordre, qu’ils le veuillent ou non. Ils ne voulaient pas faire d’efforts avec lui ? Parfait ! Alors il n’aurait pas à en faire non plus. Il n’allait sûrement pas passer tout son apprentissage à courber l’échine. Il n’avait pas été libéré de l’esclavage pour entrer dans une nouvelle forme de servitude et son maître le comprenait. Oui heureusement il y avait Qui-Gon.
Anakin fronça les sourcils et ne put s’empêcher d’en vouloir au grand maître de lui avoir menti. Il n’y avait jamais eu de secrets entre lui et sa mère. Elle disait toujours que l’honnêteté et la franchise étaient la clé de toute relation réussie, et les mystères incessants de tous ces Jedi, leur façon de s’exprimer par énigmes au lieu d’aller droit au but le mettaient hors de lui. Qui-Gon n’aurait pas dû lui cacher la vérité et il lui faudrait du temps pour lui pardonner. Mais là encore, le maître n’avait pas vraiment eu le choix, entre l’intransigeance du conseil et la situation particulière d’Obi-Wan…
Anakin soupira et jeta son sac sur la moquette épaisse et douce de sa chambre. Il ne savait quoi penser du jeune homme. D’un côté il était béat d’admiration devant la grâce, l’aisance naturelle et la force du Jedi, et d’un autre côté il avait envie de le haïr pour l’influence qu’il avait toujours sur Qui-Gon. Il avait peut-être été son apprenti avant lui, mais maintenant c’était le tour d’Anakin, il devait les laisser tranquilles.
Et pourtant… quelque chose chez Obi-Wan l’intriguait. Il avait l’air de dissimuler une puissance en lui que le jeune garçon appréciait et craignait en même temps. Et puis ces rêves qu’il avait faits sur lui depuis leur rencontre…
Il fut sorti de ses pensées alors que la voix de Qui-Gon résonnait à nouveau dans la salle commune. Il savait que c’était mal, mais Anakin ne put s’empêcher d’aller espionner la conversation. Qui sait ce qu’il allait encore apprendre.
De son côté, le maître avait réussi à entrer en contact avec la personne qu’il cherchait. Le visage couleur saumon d’une Mon Calamari apparut sur l’holocom.
-Maître Jinn ! s’exclama-t-elle avec un large sourire.
-Bonjour, Bant.
-Je suis heureuse de voir que vous êtes de retour au temple. Que puis-je faire pour vous ?
-Je vais repartir en mission dans quelques heures, l’informa-t-il. Pourrais-tu me rendre un service ?
-Bien sûr !
-En fait c’est pour Obi-Wan. J’aurais besoin que tu te rendes aux archives et que tu fasses une recherche sur les Omyns.
-Omyn, répéta Bant Eerin afin de bien mémoriser le nom.
-Transmets-lui tout ce que tu pourras trouver à l’adresse de Eanel Kenobi, sur Panescan.
-Très bien. Autre chose ?
Qui-Gon détourna le regard un instant et sembla perdu dans ses pensées.
-Oui, murmura-t-il.
Il prit une profonde inspiration et refit face à la jeune Mon Calamari.
-Je vais te laisser le numéro de l’hôtel où mon apprenti et moi resterons. Dis-lui de me contacter s’il entreprend quoi que ce soit.
-Je le ferai. Maître Jinn ? Est-ce que tout va bien ?
Il sourit tristement.
-Le temps nous le dira.

~*~