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1. A la rencontre des artistes
 

Parce qu'avoir une passion, c'est bien, mais savoir la partager c'est encore mieux, nous avons contacté plusieurs cosplayers afin de les interroger au sujet de cette activité si technique. Ces petites interviews ont la particularité d'avoir été menées conjointement deux staffeurs ayant un rapport au cosplay très différents, à savoir par Goran Skarr, responsable de la section costumes & accessoires du site à l'heure où ces lignes sont écrites (janvier 2018), et moi-même (Dark Jies), qui ne connaissais strictement rien au monde du cosplay avant d'effectuer quelques recherches pour co-écrire ce dossier. Le but de ce procéder est de représenter un large panorama de notre lectorat, afin de répondre au mieux aux interrogations de chacun.

Ont ainsi été posées des questions de différents niveaux, les questions de Goran étant naturellement plus orientés vers l'aspect technique que les miennes. Nous espérons que tous les lecteurs de ce dossier y trouveront leur compte, qu'ils soient comme moi novices en la matière ou cosplayers avisés à l'instar de Goran. Bon voyage !

2. Interview d'Héria Wartel, cosplayeuse indé'
 

Pour cette première interview, nous avons interrogé Héria Wartel, une cosplayeuse n'appartenant à aucune association mais ô combien talentueuse ! On ne vous en dit pas plus, et on vous laisse la découvrir ci-dessous, en espérant qu'elle saura vous communiquer sa passion !

 

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Présentation et débuts dans le cosplay

SWU : En quelques mots peux-tu te présenter ?

Héria Wartel : Yop ! Moi c’est Héria ! Cosplayeuse depuis 5/6 ans et animatrice depuis 4 ans ! Mon truc dans le cosplay ? Les armures, les badass, L’EMPIREEEEEEEEEE, huhum, les combattants ou meuchants ! Ha ! Et je suis Picarde !

SWU : Quand et comment t'es-tu lancé(e) dans l'aventure du cosplay ?

HW : Il y a fort longtemps, dans la contrée de Folleville (c’est un vrai village je me paye pas votre tête lol), eut lieu une fête médiévale où je vis nombre de personnes costumées et armurées, et cela me donna aussi l’envie de me costumer et de m’armurer. Au-delà des fêtes moyen-âgeuses, un ami me fit connaître les rassemblement tels que la Japan Party, où les personnes se costumaient elles aussi sur différents thèmes. Et c’est ainsi que naquit ma passion pour le cosplay, au beau milieu de médiévistes et de passionnés d’univers fantastiques ! 

SWU : Possédais-tu des connaissances préalables dans le domaine (couture, etc ...) ?

HW : Nada ! Je suis partie de ZERO. Mon premier costume était composé d’une couverture polaire, de fausse fourrure récupérée sur un vêtement et d’un vieux manteau. Le tout cousu à la main par ma mère qui m’a appris à coudre, et moi-même, c’est dire ! 

 

A propos de la réalisation d'un costume

SWU : Comment choisis-tu le costume que tu vas réaliser ? Coup de cœur ? Sur demande ? En t'inspirant d'un autre cosplayer ?

HW : Je choisis par coup de cœur, j’aime faire des costumes atypiques, pas beaucoup fait, et il faut vraiment que je sois attachée au personnage pour me sentir bien dans le costume et interpréter ce dernier !

SWU : Combien de temps nécessite la réalisation complète d'un costume ?

HW : Ça dépend lesquels. Certains comme Captain Phasma ou le Deathtrooper vont me prendre 15 jours, 3 semaines en mode non-stop. Alors que des cosplays comme Brienne of Tarth (Game of Thrones) ou Sejuani (League of Legends) m’ont demandé plus de 2 mois !

SWU : Ta recette miracle pour ne pas se décourager ?

HW : Huuum, musique, musique et… MUSIQUE !

SWU : La chose la plus simple à faire sur un cosplay ?

HW : Ça dépend de chacun, mais pour moi c’est la peinture, je ne dis pas que c’est « facile » sur toutes les pièces mais c’est quelque chose que je prends plaisir à faire.

SWU : Et la plus délicate ?

HW : Le patronage, mesurer, couper, voir que ça ne va pas, re-mesurer, réessayer, re-couper, et après 2 ou 3 fois voir qu’enfin c’est okay !

SWU : Quelques mots sur tes créations d’accessoires, notamment tes armes patinées /weathered ? Quelles méthodes utilises-tu ?

HW : Si ce sont des armes/kit en plastique, je ponce, passe un coup de bombe de la couleur souhaitée dessus, ensuite je peins à l’acrylique, puis fait du brossage à sec pour les effets d’usures. Si ce sont des armes crées de A à Z, j’utilise du tapis de musculation que je creuse pour y mettre des tiges en bois ou en métal, que je colle, je ponce tout, met du worbla, re-ponce à nouveau et applique de la colle à bois pour un effet lisse avant de peindre avec le même procéder que précédemment décrit. 

SWU : Quelles sont les matériaux que tu utilises pour la création de tes armes et armures ? Et a contrario quelles sont ceux avec lesquels tu n’aimes pas travailler et pourquoi ?

HW : Je travaille principalement avec du tapis de yoga décathlon, ou du tapis de musculation, du worbla (une sorte de thermoplastique vendu en plaque, qu’on peut chauffer et faire prendre la forme que l’on désire). Des matières très pratiques, bien qu’un peu cher pour le worbla, et surtout très SOLIDE ! Et comme je suis une grosse brutasse il vaut mieux que ça le soit ! Après pour des coûts beaucoup moins onéreux je travaille beaucoup avec des matériaux de récupérations (récupérés en raideries, déchèterie, Emaüs, etc.) c’est avec cela que je suis par exemple arrivée à faire mon Proton Pack de Ghostbusters ! A contrario je n’aime pas du tout travailler avec le black worbla et le meshed, que j’ai essayé il y a peu, l’un se rompt hyper facilement et est compliquer à recoller, et l’autre est une horreur à poncer sans faire de dégâts. 

SWU : As-tu une idée du budget moyen qu’il faut pour un cosplay, si on prend l’exemple de ton death trooper (que je trouve très chouette au demeurant)

HW : Le Death Trooper n’est pas un de mes meilleurs exemples niveau « budget pas cher », il faut compter environs 50/60 euros de linoleum, 60 euros de worbla, 10 euros de tapis de yoga, 50 euros pour l’arme, et 150 euros pour le casque ! Ce qui nous fait en gros un total de 320 euros pour le tout, sans compter les bâtons de colles, la néoprène et les outils pour travailler tout ces matériaux !

Mais au-delà du Death Trooper, il est possible de faire des cosplays Star Wars satisfaisant pour des coûts beaucoup moins important, ma version 1.0 de ma Captain Phasma (tapis de yoga + lino + nerf star wars), ne m’aura coûter qu’une petit 100 euros je dirais. Pour un costume d’officier avec Blaster, si vous savez vous débrouiller cela vous coûtera 70/80 euros, et pour un costume de Jedi « simple » comme Luke épisode 4, je pense qu’on peut s’en sortir pour 40/50 euros de matériaux.

SWU : Je vois que tu possèdes aussi une armure de stormtrooper ? Ou l’as-tu trouvée ?

HW : C’est un ami qui me l’a revendue en kit, elle est en fibre de verre, mais je sais qu’il peut en fournir en ABS, il s’agit de Rescapé Tatooïne sur Facebook, et pour que l’armure ne soit pas pétée alors que je la porte quasiment tout les 15 jours, c’est du solide ! Pour le casque c’est un Rogue One Black Series sorti l’année dernière à l’occasion du film, dispo entre 70 et 100 euros selon les revendeurs. Pour le E-11 c’est un nerf Stormtrooper Star Wars Rebels vendu entre 25 et 50 euros.

 

Le cosplay et Héria

SWU : Un souvenir particulier lié au cosplay SW ?

HW : Mon premier cosplay SW était quand j’avais 8/9 ans. Ma mère m’avait acheter un costume de Stormtrooper Ruby en créa-mousse qui était beaucoup trop grand, mais je m’amusais quand même à mettre le casque. Un soldat de l’Empire était né lol.

SWU : De quelle création es-tu la plus fière ?

HW : Captain Phasma sans hésitations, le costume n’est pas parfait, car il est très compliquer d’avoir un effet 100 % Shiny sans débourser 100 euros dans un pot de sous couche et de peinture chrome, mais j’en suis très fière car je l’ai fait à 100 % moi même, et en ne me fiant qu’a quelques images de figurines ou de tournages qui étaient sorties avant l’épisode 7 ! Un véritable défit en soit. Et puis j’adore porter se costume et me la jouer capitaine autoritaire. Sans parler que je love l’interprète de Phasma, qui n’est autre que Gwendoline Christie (qui joue aussi Brienne dans Game of Thrones !).

SWU : Quel est ton sentiment, ou qu’est-ce que tu ressens quand tu portes un costume de l’univers star wars ? (Oui, c'est la question philosophique à 100 000$ ^^)

HW : Tout dépend lequel ! Si c’est le Stormtrooper, je vais me montrer légèrement autoritaire mais gaffeuse (comme le stormtrooper qui se prend le haut de porte, ou qui vise mais vois rien), si c’est Alecia Beck je vais prendre mon air aimable de nazi de l’espace et dire que je vous ai à l’oeil, si c’est le Death Trooper silencieuse et inquiétante, et Phasma autoritaire en demandant partout si vous n’auriez pas vu FN-2187 lol ! Bref le cosplay peut vraiment faire ressentir tout un tas de chose selon le personnage que j’incarne, mais je tire toujours un plaisir fou à incarner tous ces personnages en essayant de respecter leur caractère un maximum, et en interagissant avec les gens !

SWU : Quel conseil donnerais-tu à un novice qui souhaiterait se lancer dans le cosplay ?

HW : Huuum… Il n’y a pas d’essai ! Fais-le ou ne le fais pas ! L’échec est profitable ! Ou autrement dit : C’est en forgeant qu’on devient forgeron ! Il ne faut surtout pas se décourager ! Car l’on apprend de chacun de ses échecs et réussites ! Si un costume ou personnage vous plaît, faites-le, peu importe votre taille, poids, couleur de peau, genre, osef tant que ce que vous faites vous fait plaisir ! Alors DO IT, JUST… DO IT !

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Merci à Héria d'avoir accepté de nous donner un peu de son temps ! Pour en voir un peu plus sur son travail, on ne peut que vous encourager à consulter ses différentes pages :

FaceBook (boutique disponible !) | YouTube | Instagram | DeviantArt

3. Interview de Hilde Cosplay, une autre cosplayeuse indé'
 

Hilde Cosplay, encore une cosplayeuse ! Vous la connaissez déjà car elle m'aide dans la réalisation du tutoriel du costume du Général HUX. Mais qui se cache derrière Hilde....

 

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Présentation et débuts dans le cosplay

SWU : En quelques mots peux-tu te présenter ? 

Hilde Cosplay : Hello SWU, je pratique le cosplay depuis  2011. Je fais principalement des armures lourdes, mais depuis peu je me suis lancée dans des armures plus confortables ! C’est-à-dire en tissu ! Je suis basé en région Nantaise.

SWU : Comment et pourquoi t'es-tu lancée dans l'aventure du cosplay ?

HC : Parce que j’aimais énormément tout ce qui était l’univers de la japanim, et par conséquence le cosplay. J’ai connu ça d’abord par les cosplayers de manga, et des jeux vidéo. Ce milieu me fascine, j'adore être quelqu’un d’autre. Et j’ai toujours aimé le fait de tout faire soi-même de la conception à la réalisation.

SWU : Héria nous a confié qu’elle n’avait pas de compétences particulières avant de commencer, qu'en est-il de toi ?

HC : Le point de croix ça compte ? *rires*. Non je n’avais aucune compétence en la matière. J’ai la chance d’avoir une mère qui m’a réalisé les parties en couture les première fois, avant de m’apprendre.

A propos de la réalisation d'un costume

SWU : Comment choisis-tu le costume que tu vas réaliser ? 

HC : Je marche au coup de cœur et au challenge ! Si le cosplay que je vise me plait et qu’en plus il me permet d’explorer des techniques que je ne connais pas (éclairage LED, servomoteurs, techniques de coutures …) je saute sur l’occasion !

SWU : Si on prend le costume de Hux, combien de temps a t’il fallut ?

HC : C’était mon premier ensemble veste et pantalon. Il m’a fallu une quinzaine de jours. En travaillant deux à trois heures par jour dessus.

SWU : Pour avoir réalisé avec toi le tutoriel sur Hux, j’avoue que j’ai eu souvent envie de tout arrêter, comment fais-tu pour ne pas baisser les bras ?

HC : Quand je bloque, je fais de la merde *rires*, du coup je passe à autre chose comme regarder des vidéos de porgs ! Et j’y retourne plus tard l’esprit clair ! D’ailleurs, je vous conseille les porgs pour destresser !

SWU : La chose que tu aimes le plus faire sur un costume ?

HC : Trouver l’idée *éclats de rire*. J’aime bien la peinture, car ça permet d’avoir vraiment une idée de ce à quoi ça ressemble. Sur un cosplay en tissu c’est la phase où tu assembles les pièces ensembles et où tu peux ENFIN essayer ce que tu as fait !

SWU : Heria nous a parlé des patrons qu’elle n’aimait pas faire, est-ce ton cas ?

HC : Oui tout à fait d'accord ! Ce n’est jamais bon du premier coup, il faut recommencer, rerecommencer, etc. Et ça à de quoi décourager, d’où le porg !

SWU : Quand tu as réalisé le costume de Hux, il y avait très peu d’image de références, comment as-tu fais ?

HC : J’ai essayé de trouver sur internet différentes images de référence, plus ou moins détaillé. Après je passe par la phase croquis du devant et du dos qui me permet de visualiser l’ensemble, et de prévoir le matériel dont j’aurais besoin pour la réalisation du costume. Ensuite, je crée de A à Z mon patron à l’aide d’un bouquin sur les patrons de base…..Sans ce livre je pense que j’y serais encore.

SWU : Pour les détails du costume, comme l’écusson, la ceinture ? Comment as-tu procédé ?

HC : Pour l’écusson, j’ai la chance d’avoir une machine qui fait brodeuse. J’ai commencé par redessiner le logo sous illustrator, puis je l’ai transféré sur le logiciel de ma brodeuse. Et après une heure de réglage de cette dernière et une heure d’échec *rires*, l’écusson est sortie nickel ! Pour la ceinture j’ai tout simplement acheté une ceinture en cuir large. J’ai démonté la boucle, je l’ai remplacée par une plaque en worbla bombée en chrome, le tout scratché sur la ceinture et le tour est joué. Le cosplay c’est aussi se simplifier la vie à moindre coût !

SWU : Je vois que tu as réalisé une arme, quelle méthode as tu utilisé ?

HC : C'était pour une commande, c'est un fusil blaster du premier ordre. Je l'ai réalisé en mousse ! J'ai recrée l'arme sous un logiciel en 2D à plat, à l'echelle 1:1. J'ai découpé les pièces en mousse, avant de les coller et de les poncer entre elles. Au niveau de l'assemblage c'est un peu le même principe que des Lego, tu assembles plein de petites pièces pour arriver à un ensemble cohérent.

SWU : As-tu une idée du budget moyen qu’il faut pour un cosplay tissus ?

HC : Si tu veux des beaux tissus, il faut compter une centaine d’euros pour l’ensemble (fils, tissus, thermocollant, aiguille, etc.). Si on part sur des armures plus « lourdes » comme celle de Ciri de l’univers The Witcher ou bien un Chevalier de la Mort de World of Warcraft, on est plus sur du 400/500 euros. Parce que beaucoup d’électronique….. C’est joli, mais ça monte vite !

SWU : Justement, concernant l’électronique, as-tu des astuces pour par exemple la confection d’un blaster ou sabre laser ?

HC : L’avantage avec les LED c’est qu’on peut tout faire ou presque. J’ai une formation en automatisme qui m’aide. Pour un blaster, je pense qu’il faut partir sur un petit microcontrôleur (type arduino), un module son et quelques LEDS RGB. Il faut passer par une phase programmation un peu ennuyante. L’avantage c’est que sur internet tu peux trouver pleins de tutaux ou de programmes déjà existant pour ce genre de chose.

 

Le cosplay et Hilde

SWU : Un souvenir particulier lié au cosplay SW ?

HC : Pour la petite histoire, je n’avais pas vu les Star Wars il y encore 3ans, j’avais juste joué à un jeu Star Wars sur PS1, et c’est mon compagnon qui m’a initié à ce bel univers. Puis j’ai décidé de sauter le pas. Pour répondre à ta question, mon premier cosplay Star Wars correspond à ma première convention Cusset et j’ai vraiment adoré !

SWU : Je vois que tu as pas mal d’actualité cosplay en ce moment, un futur projet Star Wars dans les cartons ?

HC : Je me tate…..*rires*. Soit un autre gender swap (comprendre un changement de sexe, comme je l’ai fait pour Hux) de Kylo Ren de l’épisode 8. Ou si j’ai vraiment le temps l’armure de Shae Vizla, j’aime beaucoup son armure. Note je n’aime pas la rebellion ! J’ai aussi une commande pour réaliser le costume d’Orson Krennic de Rogue One.

SWU : Quel conseil donnerais-tu à un novice qui souhaiterait se lancer dans le cosplay ?

HC : Tout est réalisable avec du temps ! Faites-le pour vous, peu importe les remarques s’il est « accurate » ou pas. Le cosplay n’a pas de genre, pas de couleur, de taille. Jetez vous à l'eau ! Plouf *rires*

 

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Un grand merci à Hilde pour avoir accepté de prendre du temps pour nous répondre. N'hésitez à vous rendre sur ses pages pour en savoir un peu plus sur son travail :

FaceBook (commande possible !) | Instagram |

4. Interview d'Olivier Renaudeau, président de Transfert à Ord Mantell
 

Qui se cachent derrière les décors fascinants de l'association Transfert à Ord Mantell, que nous vous avons présentée à la page précédente ? Nous contacté son président pour en apprendre plus !

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SWU : Comment en êtes-vous venus à produire des décors de qualité professionnelle ?

Olivier Renaudeau : Tout vient en fait de la découverte d’un gîte troglodyte, dans la région de Saumur, dont les pièces étaient creusées dans d’anciennes carrières de tuf et les dortoirs étaient meublées en blanc et orange dans le goût des années 70. Avec notre pratique de la reconstitution historique, nous avons eu envie de créer, avec Star Wars, ce que nous faisions déjà pour le XVe siècle ou le XVIIIe siècle (entre autres), c’est-à-dire construire un environnement complet immersif et peuplé où des visiteurs- non encore identifiés - pourraient se perdre en ayant l’impression de voyager dans les décors du film. Sans trop savoir ce que nous allions organiser (nous hésitions entre la convention privée pour costumés, sans public, et le jeu de rôle grandeur nature pour que les participants incarnent vraiment leurs personnages), nous avons commencé à imaginer un scénario et les lieux que l’on pouvait trouver dans un bled paumé de la bordure extérieure : une cantina, une salle de contrôle du petit spatioport local, un marché où des autochtones à sale gueule vendaient leurs denrées et trafiquaient… Si un gros effort a été fait pour les décors, le scénario est resté bloqué en route et nous avons dû annuler le projet de jeu de rôle. Mais une trentaine de dingues se sont tout de même déplacés, un week end de mars 2014, « pour voir » et le résultat a été ahurissant : nous étions sur Ord Mantell, d’affreux trafiquants tentaient de refiler leur camelote, des jawas puants courraient partout, les gardes impériaux patrouillaient en rudoyant la population et les boissons de la cantina avaient vraiment un drôle de goût… Nous avons réellement eu l’impression d’être dans Star Wars, malgré nos décors en carton peint qui ont pourtant fait illusion. Et nous ne rêvons que d’une chose : recommencer. Beaucoup de nouveaux décors ont été construits, de nouveaux costumes acquis, mais il nous manque encore un scénario bouclé et une équipe d’orgas pour faire, pour de bon, ce que nous avions envisagé.

SWU : Pouvez-vous nous décrire en quelques lignes le processus général de création d'un décor ?

OR : Nous commençons en fait par imaginer comment nous pourrions « jouer » avec, quels personnages ou quelles histoires peuvent se déployer autour : un véhicule en panne, ou un droïde en ruine, c’est un garagiste, un ferrailleur, un jawa qui démonte ou qui négoce. Nous ne cherchons pas forcément à recréer exactement un décor du film, nous essayons de rester dans l’esprit et souvent l’inspiration vient du débris qui va servir de base : mince, ce grille-pain ressemble vraiment à la tête du droïde tortionnaire qui officie chez Jabba : je rajoute un œil là, un bras articulé ici et hop, j’ai un robot bourreau parfait ! Et le vieux prototype de hors-bord construit par mon grand-père en 1948, est devenu un magnifique landspeeder…

 

SWU : La conception d'un décor issu d'un univers fictif demande-t-elle une approche différente particulière (par rapport à l'élaboration d'un décor appartenant au monde réel) ?

OR : L’avantage de la saga galactique sur les périodes historiques, c’est que n’importe qui peut faire du Star Wars chez soi, en fouillant dans les poubelles, ce à quoi sont experts les décorateurs de George Lucas. Tous les membres de l’équipe se sont donc transformés en chiffonniers, en récupérant aspirateurs défunts, tuyaux orphelins, sorbetières éreintée… et même la quasi-totalité du mobilier et du matériel d’un supermarché en faillite ! En faisant du Star Wars, nous avons aussi retrouvé une certaine fraîcheur par rapport à nos décors historiques réels : un coffre gothique, c’est du chêne, c’est lourd et les ferrures doivent être réalisées par un forgeron qualifié, donc c’est coûteux. Une armure en acier, un service en porcelaine du XVIIIe siècle, ne peuvent pas être fabriqués, il faut des vrais objets. Avec Star Wars, deux curvers et deux bouts de tuyau de ventilation font un magnifique droïde Kong. Un abat-jour en métal et une poubelle permettent de créer un moteur de vaisseau convaincant et des composteurs de jardin en plastique noir sont parfaits pour des blocs techniques… Le plaisir du bricolage sans complexe, le plus drôle étant d’arriver à faire des accessoires crédibles et conformes à l’esprit des films avec des matériaux improbables. Et en plus, c’est du 100% recyclé !

 

SWU : Recevez-vous beaucoup de demandes de décors Star Wars chaque année ?

OR : Nous ne sommes pas follement adeptes des salons et des conventions de fans. Nous les avons fréquentés un peu pour faire connaître notre projet et faire des rencontres, mais notre objectif est vraiment de refaire un week-end d’immersion total, idéalement en mobilisant les plus dingues de la communauté : les fabricants de vaisseaux, de droïdes, les costumes les plus originaux. La sortie d’une nouvelle série de films Star Wars nous donne l’occasion de faire des animations dans les cinémas et de finaliser de nouveaux décors, mais nous attendons le grand jour ou tout pourra être déployé à nouveau pour le grand voyage. Pour la sortie de The Last Jedi, nous étions sollicités sur trois sites, mais notre petite équipe est assez dispersée (entre Brest et Paris, avec des membres à Angers, près d’Alençon, près de Laval, en Vendée…) si bien qu'il n'est pas très facile de se retrouver régulièrement, d’autant que nous continuons nos activités historiques en parallèle, qui sont plutôt chronophages. 

 

 SWU : Créez-vous aussi vos propres cosplay Star Wars ?

OR : Là c’est plus compliqué, car une armure de Stormtrooper conforme est difficile à improviser ; pour ce genre de matériel, ainsi que pour les masques d’aliens en latex, nous passons par des fabricants spécialisés pour que le résultat soit crédible. En revanche, nous préférons les personnages de second plan, les figurants invisibles, plutôt que les héros emblématiques : aucun d’entre nous n’a la tronche de Mark Hamill (de Jabba non plus, d’ailleurs, quoique…) et les costumes sont souvent des créations, mais qui respectent le sacro-saint principe Star Warsien « point de boutons, de fermeture éclair ou de lacets apparents ne portera, pour le reste, tout ce que tu voudras tu feras ». Nous aimons bien ce mélange assez improbable d’équipements technologiques, de costumes ethniques ou cette fusion entre matériel militaire et tenues médiévales que l’on trouve dans les films. Et nous sommes capables de passer un temps fou à rechercher la cartouchière suédoise de la 1ère Guerre Mondiale (authentique) que porte le Tusken au fond à droite.

 

SWU : Et pour finir, un souvenir particulier lié de près ou de loin à la saga de George Lucas ? ;)

OR : Je me souviendrai toujours de ma découverte de Star Wars grâce à un dossier publié dans Pif Gadget (acheté en cachette pour le gadget) en 1980 au moment de la sortie de l’Empire contre-attaque. Je suis allé voir le film avec mon grand-père, dont le seul commentaire fut que c’était trop bruyant. Il n’a rien compris au film et à vrai dire moi non plus, ne connaissant pas les personnages et leurs premières aventures. En revanche j’avais vu quelques temps auparavant le colossal péplum d’Anthony Mann, La Chute de l’Empire Romain, qui, contrairement à la règle de tous ces films à jupette antique, commence dans la neige. Et les deux films sont pour moi éternellement liés, avec le coup de génie que représente le fait de situer des films de genre (le film de science-fiction spatial et le péplum) dans un environnement où on ne les attend pas. Quand nous serons grands et riches, nous recréerons le hangar de la base Echo. A l’échelle 1/1.

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Merci à Olivier d'avoir répondu si précisément à nos questions ! Et une fois de plus, n'hésitez pas à consulter la page FaceBook de l'association !