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1. 1983 : Return of the Jedi - Ewok Adventure
 

Le jeu qui ouvre ce dossier s’avère pour le moins particulier. Il fut développé au début des années 1980, et terminé ; sa sortie fut annulée ; et il est pourtant possible d’y jouer. Dès maintenant, sur un PC. Comme son titre l’indique, Return of the Jedi : Ewok Adventure devait accompagner la sortie du Retour du Jedi, en 1983. Cela ne faisait alors qu’un an que la toute première adaptation de Star Wars en jeu vidéo, The Empire Strikes Back, avait été éditée par Parker Brothers pour l’Atari 2600. Fort de cette expérience, l’éditeur souhaitait proposer deux jeux vidéo autour de l’exploitation cinématographique du dernier volet de la trilogie, dont les noms de code furent Revenge of the Jedi : Game I & Game II.  Seul le second, Return of the Jedi : Death Star Battle, parviendra à atteindre les rayons des magasins (notons toutefois la célèbre borne d’arcade Star Wars d’Atari a fait son apparition la même année). Ewok Adventure, lui, sera longtemps porté disparu. Or ce ne sera pas sur Atari 2600, sa plateforme d’origine, que les joueurs eurent un jour l’occasion de le découvrir…

 

Interdiction de tuer des Ewoks

Ewok Adventure fut intégralement programmé par Larry Gelberg, pour le compte d’Atari Games et de l’éditeur Parker Brothers. Après avoir signé de nombreux accords de confidentialité, Larry Gelberg fut invité à lire le scénario du Retour du Jedi à San Rafael. « Une version spéciale du script », tempérait-il. Ainsi ce document ne mentionnait pas le lien unissant Luke et Leia ! Trois ou quatre concepts de jeux vidéo seront ensuite imaginés par Larry et ses collègues, dont un vol de planeur et une adaptation de la bataille spatiale reprenant les mécaniques de gameplay du jeu Breakout. Cette dernière idée deviendra Death Star Battle. « Ayant adoré mes rares expériences en deltaplane, j’ai opté pour le vol du planeur des Ewoks », se souvenait Larry Gelberg. « Comme nous le savons tous maintenant, il n’y a qu’environ deux ou trois secondes de séquence de planeur dans le film, mais cela semblait être une bonne idée à l’époque ! » Lucasfilm imposa toutefois une restriction... de taille : il était interdit de tuer des Ewoks dans le jeu. Une situation qui, rétrospectivement, amuse le programmeur : « Dommage : j’aurais adoré pouvoir tuer des Ewoks ». L’aventure consiste donc à piloter un planeur ou un bipode AT-ST afin de détruire un bunker impérial. Signe particulier : le jeu ne contient aucune musique ! « Ewok Adventure était un jeu très intense, graphiquement », précisait le développeur du jeu. « Nous ne disposions plus d’assez de mémoire pour ajouter des titres musicaux ». Aucun graphiste ne participa à la création du jeu. « J’ai dessiné la plupart des graphismes moi-même. L’Atari 2600 était une plateforme trop restrictive, graphiquement, pour avoir besoin de l’aide d’un graphiste ». L’un d’eux, Gary Goltz, n’arrêtait d’ailleurs pas de proposer des suggestions. « Je n’arrêtais pas de lui répondre : ce n’est pas possible », s’amuse Larry Gelberg. À l’approche de la sortie du film, le jeu s’apprête à subir les derniers tests auprès d’un jeune public, avant commercialisation. L’artiste Tim Hildebrandt se voit confier l’illustration de la jaquette du jeu. « C’était assez soigné, avec un AT-ST qui abat un planeur transportant un Ewok terrifié ». Ewok Adventure va bientôt pouvoir satisfaire l’appétit des plus jeunes fans de la saga…

 

Sacrifié sur l’autel du gameplay

Mais le crash de l’industrie du jeu vidéo, en 1983, provoque quasiment l’implosion de la division consacrée aux jeux vidéo de Parker Brothers. Après des années fastes, durant lesquelles les jeunes studios dépensèrent sans compter, les considérations financières prennent le dessus. « Tout le monde espérait que chaque jeu obtiendrait autant de succès que Frogger, mais cela n’arrivait pas », se souvient Larry Gelberg. Les campagnes publicitaires étaient onéreuses, et en l’espace de quelques mois, le marché des jeux vidéo avait fortement ralenti. « Cela coûtait tellement cher de sortir un jeu que les dirigeants de Parker Brothers ne voulaient pas diluer la franchise Star Wars. Ils ont décidé de mettre toutes leurs forces derrière un seul jeu. Il a donc fallu choisir entre Death Star Battle et Ewok Adventure… ». Or le responsable du marketing ne réussissait pas à maîtriser les commandes du planeur ! « Ainsi Ewok Aventure est devenu une relique », regrette Larry Gelberg, qui indique que l’annulation de la sortie de son jeu est aussi tributaire de son… orgueil ! « J’avais une vision artistique très précise concernant la pureté des commandes du planeur : des plongées en avant pour accélérer, des remontées pour ralentir, etc. », se souvenait-il auprès d’AtariAge. « Les fouines du marketing ne l’ont pas compris, ou n’ont tout simplement pas aimé. Ils ont essayé à maintes reprises de me convaincre de modifier les commandes : vous allez dans la direction où vous pointez le joystick. Mais j’étais jeune et arrogant et j’ai refusé, et ils ont fini par tuer le jeu. Désolé ».

 

Résurrection

Seules quelques cartouches avaient été produites dans l’objectif de tester l’expérience du jeu auprès d’enfants sélectionnés par une société de marketing. Dépité, Larry Gelberg conserve quelques exemplaires ; il en offre deux à des amis. « Je savais que Parker Brothers n’allait pas distribuer le jeu », précisait-il. En 1997, un collectionneur récupère la ROM (un système de stockage, le jeu étant stocké dans la mémoire morte d’une cartouche) auprès de son père, dont un ami travaillait pour Parker Brothers. Il décide de décrire le gameplay de ce jeu « disparu », mais bel et bien fonctionnel, auprès de quelques passionnés. Mais cette version est précieusement conservée par son propriétaire. En 2000, une autre ROM est découverte, avant d’être distribuée sur internet. Il est donc désormais possible de jouer à Ewoks Adventure sur un émulateur ! « Je suis ravi qu’il ait été redécouvert, et que les gens aient enfin l’occasion d’y jouer… et semblent l’aimer », soulignait Larry Gelberg il y a quelques années. « Comme une sorte de justification de ma vision, vingt ans après les faits ! » Nous vous invitons à lire la fiche du jeu pour découvrir son gameplay et les moyens d’obtenir la ROM.

 


Sources :

2. Aube des années 1990 : un jeu d’aventure Star Wars
 

De 1987 (Maniac Mansion) à 1998 (Grim Fandango), Lucasfilm Games (bientôt LucasArts) fut l’un des piliers de l’âge d’or des jeux d’aventure – point & click. Etonnamment, malgré l’autorisation – aux alentours de 1991 - de produire en interne des jeux issus de la licence Star Wars, LucasArts n’a jamais proposé de jeux d’aventure se déroulant dans la galaxie lointaine. Non pas que certains game designers du studio n’y aient pas pensé. Ou que certaines sociétés n’aient pas proposé leurs services ! Parmi les membres de l’équipe participant à la création de ces jeux, entre la fin des années 1980 et le début des années 1990, il y avait l’illustrateur Mark Ferrari, à qui l’on doit des sublimes arrière-plans (Zak McKracken and the Alien MindbendersLoom ou encore The Secret of Monkey Island). Sur son site professionnel, le graphiste a dévoilé des exemples de son travail réalisé pour des projets qui n’ont pas abouti. Parmi ceux-ci, un jeu d’aventure Star Wars ! Notons toutefois que Mark Ferrari indique sur son ancien site, désormais inaccessible, qu’il s’agissait d’un travail conceptuel pour une proposition de jeu. Le projet n’a jamais obtenu le feu vert de la direction de Lucasfilm Games ; ces images n’ont donc servi qu’à montrer ce à quoi le jeu aurait pu ressembler.

Mark Ferrari nous a précisé qu’une société externe – dont il ne se souvient plus du nom - souhaitait proposer une idée de jeu à un cadre de Lucasfilm. Pour tenter de convaincre avec autre chose qu’un simple pitch, cette entreprise a ainsi demandé à Ferrari de créer des arrière-plans de ce jeu hypothétique. Le projet n’est pas allé plus loin ; on ne peut donc même pas dire qu’il ait été « annulé ». Nous pouvons émettre l’hypothèse que ce vague projet date de l’aube des années 1990. Malheureusement, LucasArts ne produira aucun jeu d'aventure Star Wars avant de disparaitre.


Concept Art de Mark Ferrari

3. 1992 : Return of the Jedi NES
 

L’adaptation de Star Wars sur la console Nintendo NES, réalisée conjointement par Lucasfilm Games et Beam Software, sort en 1991 aux États-Unis. Il s’agit du tout premier jeu vidéo tiré de la saga auquel participe le studio qui deviendra, quelques mois plus tard, LucasArts. Quelques mois plus tard, la version NES de The Empire Strikes Back (1992) est développée par les équipes de Lucasfilm Games et le studio américain Sculptured Software. Mais la Super Nintendo (Super NES), sortie en 1991, rencontre un franc succès aux États-Unis. L’idée d’un troisième opus dédié à la NES est ainsi abandonnée au profit de Super Star Wars. Toujours développé par LucasArts et Sculptured Software, ce titre est publié fin 1992 sur Super NES.

4. 1995 : Rebel Strike
 

Jeu Rebel Strike Saturn

C'est un jeu totalement inconnu refait surface en août 2019. Star Wars: Rebel Strike (rien à voir avec le jeu GameCube) est un prototype prévu sur Sega Saturn au milieu des années 1990. Il s'agit d'un jeu de tir développé par Sega. Hormis un petit encart publié dans un magazine anglais en 1995, aucune information officielle ou contenu n'avait été dévoilé jusqu'à 2019.

Vous pouvez voir quelques extraits d'une phase en speederbike ci-dessous. Apparemment, d'autres séquences inspirées de la trilogie étaient prévues, dont des combats dans l'espace.

Une version ISO avec (beaucoup) de scans de documentation est disponible en téléchargement (non testée par nos soins).

5. 1997 : The New Emperor
 

De 1996 à 1997, Hal Barwood consacre une partie de son temps sur la préproduction de The New Emperor. Ami de longue date de George Lucas et anciennement scénariste pour Hollywood, Hal Barwood a notamment coécrit les scripts de Surgarland Express, le premier véritable film de Steven Spielberg, et du Dragon du lac de feu (1981). Il a également participé à Rencontres du troisième type (1977). À l’aube des années 1990, il entame une seconde carrière au sein de LucasArts, qui perdurera durant une quinzaine d’années. Il fut ainsi le responsable créatif d’Indiana Jones and the Fate of Atlantis (1992), Yoda Stories (1997) ou encore RTX Red Rock (2003). Il a également filmé les séquences en prises de vues réelles de Star Wars : Rebel Assault 2 (1995). Pour The New Emperor, sa vision est pour le moins originale. L’intrigue se serait déroulée après les évènements du Retour du Jedi, au sein de l’univers étendu de la saga (désormais « Legends », car apocryphe depuis 2014). À travers la galaxie, un certain nombre de rumeurs laissent penser que l’Empire galactique s’apprête à élire ou nommer un nouvel Empereur. L’Alliance Rebelle – à moins qu’il ne s’agisse déjà de la Nouvelle République ? – décide d’envoyer un agent afin d’espionner les Vestiges de l’Empire : C-3PO ! The New Emperor aurait été un jeu d’aventure, doté de scènes en prises de vues réelles (à l’instar de Rebel Assault 2 et Dark Forces : Jedi Knight). « C-3PO aurait été le protagoniste idéal pour un jeu d’aventure ! », nous a déclaré Hal Barwood lors d’une interview exclusive. Le projet n’a malheureusement jamais atteint le stade de la production.

 

La fin d’une époque

Durant la même période, le jeu d’aventure Grim Fandango, supervisé par Tim Schafer (Day of the Tentacle, Full Throttle), dépassait allégrement son budget prévisionnel et son planning. Inquiétés par ces écarts inattendus, les dirigeants de LucasArts décidèrent de ne plus financer de jeux d’aventures à gros budget. « À l’instar des simulations de vol, il était devenu clair que les jeux d’aventure n’obtenaient plus le même succès », nous a indiqué un ancien artiste et designer de LucasArts, Jon Knoles (Shadows of the Empire, Bounty Hunter). « À l’époque, faire un gros investissement dans la création de ce genre de jeux – un titre qui, de plus, n’était pas tiré de la prélogie – ne faisait pas sens, commercialement parlant, pour le studio. En outre, pour beaucoup de personnes, il était difficile d’accepter l’idée d’un jeu dont C-3PO serait le personnage principal ». The New Emperor pousse ainsi son dernier soupir en 1997, peu après la sortie de l’Édition spéciale de la trilogie originale… et en amont de la sortie d’un grand nombre de jeux d’action estampillés Star Wars ! Hal Barwood nous a d’ailleurs fait remarquer que le premier « mauvais » jeu tiré de la saga, Masters of Teras Kasi (PlayStation), a été publié en 1997. « Après, il y eut La Menace Fantôme en 1999, Jedi Power Battles en 2000, Force Commander et Demolition la même année… et bien d’autres », regrette Hal Barwood. « Désormais, si vous désirez un jeu d’aventure Star Wars, il est nécessaire de voyager dans le passé… »

6. Fin des années 1990 : Millennium Falcon
 

Après la sortie de X-Wing Alliance, l’équipe de Totally Games (un studio autonome, qui développa les différents opus de la série des simulateurs de vol spatial X-Wing) eut un temps l’idée de consacrer un jeu aux aventures de Han Solo. Notons qu’il était déjà nécessaire de piloter le Faucon dans l’ultime mission de X-Wing Alliance, lors de la bataille d’Endor. « Cela faisait des années que de nombreux artistes de LucasArts souhaitaient faire un jeu où vous pourriez incarner Han Solo, piloter le Faucon, vous poser près d’avant-postes de contrebandiers, faire des affaires, affronter l’Empire ou le Secteur Corporatiste – tiré des romans Han Solo écrits par Brian Daley », nous explique Jon Knoles, qui avait participé à la création du jeu X-Wing original (1993). « Je ne faisais plus partie de l’équipe, donc je ne sais pas jusqu’où ils sont allés dans le processus de préproduction, mais le projet n’a mené nulle part ». Le designer souligne que, de toute façon, les simulateurs de vol n’avaient plus le vent en poupe à la fin des années 1990. X-Wing Alliance reste d’ailleurs le dernier témoin d’une autre époque (bien que les récents Elite Dangerous, No Man’s Sky et le futur Star Citizen aient montré que le public répondait toujours présent). L’équipe de Totally Games signa finalement un dernier jeu pour Lucasarts, Secret Weapons Over Normandy, publié en 2003.

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