Ludwig Göransson est le compositeur de la série The Mandalorian diffusée sur Disney+ depuis 2019. Pour la première saison, chaque chapitre a eu le droit à la publication de sa bande originale.
Pour la saison 2, le tout a été regroupé en deux albums.

Tout d'abord, avant même d'aborder la musique elle-même, il faut noter sa sous-utilisation dans la série. La plupart du temps, elle est inaudible au cours des épisodes, noyée dans le mixage son qui ne lui fait que peu de place, mis à part au générique et sur quelques plans larges du style "traversée du désert en chevauchant" ou "découverte aérienne d'une planète".

En l'écoutant plus attentivement de manière isolée, on peut comprendre cette quasi-absence lors du visionnage des épisodes. En effet, la plupart du temps, on a plus affaire à un fond sonore, à des sons d'ambiance, qu'à de la véritable musique se tenant par elle-même. Chaque piste semble vouloir poser diverses couches de bases sous forme d'ostinati mais sans rien construire au-dessus. Résultat : un sentiment général de répétition et la sensation qu'il manque quelque chose. On a l'impression d'entendre des introductions musicales de chansons sans que jamais la chanteuse ou le chanteur n'entre en scène. Frustrant.

Bien entendu il y a quelques exceptions, de petites fulgurances ça et là. Le thème principal notamment est bien développé et reste en tête (plus facile quand il est repris systématiquement au générique, mais tout de même, il faut lui reconnaître des qualités), avec quelques variations intéressantes (notamment dans la piste You are a Mandalorian ou Signet Forging)  ou plus surprenantes de prime abord comme sa version clochettes dans un épisode de la saison 2. On notera également quelques apparitions furtives des premières notes à de nombreuses occasions. D'autres fragments apportent des idées intéressantes (par exemple dans Jawas Attack), mais hélas souvent soit raidement abandonnées soit répétées en boucle.

Cependant, même ces thèmes plus développés restent relativement pauvres musicalement parlant. Chaque compositeur a certes son style, mais on peut regretter que pour une ambitieuse série comme celle-ci, on n'ait pas une richesse d'harmoniques et d'instrumentation, des leitmotives nombreux et bien identifiés, et un style plus symphonique à la John Williams ou Michael Giacchino (pour prendre des exemples starwarsiens). Certes on peut théoriser que le choix des instruments et d'un style assez primitif/tribal colle assez bien d'une part à la culture tribale des Mandaloriens mais aussi à des aventures aux confins de la galaxie, loin du faste de la civilisation, mais je trouve personnellement l'ensemble plutôt décevant.

Bref, une bande originale qui tient globalement plus lieu de fond sonore que d'oeuvre musicale à part entière, et n'a ainsi que peu d'intérêt à être écoutée toute seule.

-- Ashlack --

J'ai un avis un peu différent de celui de mon collègue Hélvétique. Je trouve au contraire que la musique est bien présente dans cette saison 1. Et parfois je dirais même heureusement au vue de la pauvreté des dialogues dans certains épisodes. 

De mon point de vue la musique de la série soutient l'ambiance générale : un homme qui essaie de faire son chemin dans une galaxie, le tout dans une ambiance western 2.0. On retrouve des instruments de l'orchestre classique dans le thème principale, avec un tempo me rappellant à la fois le thème de l'arène de Geonosis, la marche impériale voire même du thème principale de STalingrad : quelque notes, mais qui restent en tête. Le résultat donnant quelque chose de très martiale, faisant écho à la culture Mandalorienne portée par Din Djarin. Je concède par contre totalement qu'on l'entend parfois un peu trop, "ok les gars je croit qu'on a compris il est bien ce morceau !"

Mais Mandalorian amène une dimension plus moderne et chaotique avec l'utilisation de sonorité plus éléctrique et/ou brutale : notamment dans le titre Bounty Droid, Greatest Warrior of the Galaxy ou Black Skies. Cela m'a rappelé Zam the Assassin and The Chase Through Coruscant de l'épisode 2, ou l'instrumentation classique de l'orchestre est rejoint par une guitare electrique, opposant le monde politique et mondain (le classique) ou bas fonds (guitare éléctrique). Dans la série The Mandalorian, la musique sert cette opposition des mondes : la rigueur d'un code militaire avec la Galaxie dans son ensemble : ce qu'elle a de pire et de meilleurs.

La musique accompagne non seulement les personnage, mais aussi l'ambiance notamment dans l'épisode 6, sorte de 8 clos stressant dans un vaisseau prison avec des gros bras patibulaire (ou presque...). Un temp rapide et angoissant, des violons là aussi très métalliques (Hyperspace, My Saviour [qui me fait clairement penser à la 5ème de Beethoven d'ailleurs]) portant l'ambiance pesante d'un épisode. Et de mon point de vue heureusement, car j'ai trouvé le jeu des acteurs caricaturales parfois à la limite du comique. Sans musique, ou sans cette mise en avant de la bande sonore, je pense que j'aurai vraiment pas pris cette épisode au sérieux.

Je vais terminé par l'une de mes musiques préféré :  Training The pleb. Ou cette fois ci la martialité du thème du Mando et de Cara dune rencontre le commun des mortels dans le but de les aider à résister à l'envahisseur (et sans potion magique) ! Bon ok le violon est assez présent sur cette piste et j'adore cette instrument, mais je sais pas il y a quelque chose d'entrainant et de motivant dans cette musique. Le tempo calme, soutenu de temps à autre par le thème principal (bon qui manque un peu de finesse dans son enchaînement je trouve) amène petit à petit à la victoire contre un ennemi semblant supérieur technologiquement parlant.

Pour conclure, sur cette bande originale de série, je la trouve très intéressante : innovante et classique à la fois. Innovante parce qu'on a des thèmes beaucoup plus tribaux rappelant la sonorité de certaines musiques arabes : l'utilisation de sons plus éléctriques et métalliques. Et classique, parce qu'on retrouve ce qui fait la force d'une BO un orchestre classique. Elle accompagne à la fois les scène d'action (peu nombreuse ne nous mentons pas) mais aussi les scène de contemplations (pour le coup beaucoup plus nombreuses). En ce qui me concerne j'ai beaucoup plus accroché à la BO de cette série qu'à la série en elle même que je trouve "mouais sans plus, une sorte de Downtown Abbaye dans une galaxie lointaine"

-- Goran Skarr --