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An 10, Kuat
 
– Rendez-vous en haut de la tour !
Rendez-vous en enfer, oui, songea le lieutenant Golpi Rilim en entendant les paroles de son supérieur. Le silence angoissé fut la seule réponse des hommes, leurs regards perdus dans des pensées allant vers leurs proches, leurs amis… Golpi jeta un œil à ses collègues, de toutes races, massés autour de lui dans l’étroit transport de troupes qui filait dans le ciel assombri de Kuat.
Le vacarme était lointain, le vacarme d’une bataille féroce et sanglante dans laquelle les milliers d’hommes dont il faisait partie allaient se jeter courageusement, mais aussi désespérément. Golpi vit une torpille exploser au-dessus d’eux, et échangea un regard angoissé avec un issorien, tous deux ayant compris que les troupes impériales faisaient déjà feu sur les troupes en approche. Eux étaient impuissants, massés dans le transport, tandis que des artilleurs s’échinaient à leur faire la peau.
Le Grand Amiral Thrawn avait été vaincu et Golpi Rilim, soldat depuis déjà dix ans, pensait le temps de la paix enfin venu. Il avait rejoint les rangs de la Rébellion dix ans auparavant, avait participé à de nombreuses opérations clé, avant de devenir lieutenant des troupes terrestres dans l’armée de la Nouvelle République.
Et voilà que le cauchemar recommençait : apparemment, l’Empereur Palpatine était revenu d’entre les morts pour rallier les troupes impériales derrière son étendard. Un peu partout, des cellules impériales reprenaient vie, leur détermination ravivée par le retour du créateur de l’Ordre Nouveau.
Kuat était une planète calme depuis la mort de Thrawn, mais la Nouvelle République semblait avoir ignoré qu’une forteresse impériale subsistait à sa surface. On parlait à présent d’un général qui aurait rameuté les troupes du secteur fidèles au défunt Empereur pour faire de Kuat une base pour les assauts contre la Nouvelle République, et ce à l’insu même des familles aristocratiques dominantes de la planète. Golpi Rilim ignorait si ce général, décrit comme un malade sanguinaire, agissait sous l’impulsion de Palpatine ou s’il appartenait à ces officiers qui profitaient du chaos ambiant dans la galaxie pour mener leur propre lutte pour le pouvoir.
Ce qui était sûr, c’était que ce type était dangereux, qu’il avait des hommes et des moyens et que tout cela ne plaisait guère au Conseil Provisoire de la Nouvelle République. La flotte avait tenté de bombarder la fameuse forteresse, mais s’était heurtée au bouclier de défense qui rendait toute attaque aérienne impossible.
Voilà pourquoi Golpi Rilim, son détachement de 25 hommes et les centaines d’autres groupes similaires dans les autres transports, se retrouvaient en plein sous le feu ennemi pour mener un assaut global. L’opération était simple : des transports arrivaient de toutes parts autour de la forteresse, perdue sur une île, et allaient larguer leurs troupes sur les plages environnantes. De là, les soldats attaqueraient dans tous les sens, le but étant de percer les défenses et de désactiver le champ de protection pour permettre aux chasseurs de neutraliser l’édifice.

Une giclée de liquide aspergea le visage de Golpi, et il se frotta machinalement la joue. Quand il regarda sa main, il y vit le liquide rouge épais, et comprit. Un tir de batterie laser avait atteint un de ses camarades en plein torse, tuant le malheureux sur le coup. Les transports de troupe étaient conçus pour des largages rapides, et ne disposaient donc d’aucune protection, ni toit ni boucliers. Seul une rambarde les entourait, mais les protégeait peu des éclats de missiles. Les soldats étaient donc à la merci des monstrueuses armes de défense impériales, et un autre coup faucha un soldat. Faites nous descendre de là… implora Golpi, conscient que, une fois à terre, ils pourraient au moins se défendre ou tenter de se mettre à couvert.
Golpi et ses collègues auraient aimé pouvoir bouger pour se protéger, mais entassés tels qu’ils étaient les uns contre les autres, ils n’avaient d’autre choix que d’espérer ne pas être le prochain touché, et de prier pour le salut des soldats moins chanceux que les autres.
Les héros de guerre qui ont survécu ne sont pas forcément les meilleurs : ils ont seulement eu plus de chance que leur voisin, se dit Rilim avec amertume, et sa pensée fut sinistrement confirmée quand un fragment de torpille défigura les soldats à l’autre bout du transport. Un rodien pleurait en silence, serrant dans ses longs doigts un porte-bonheur où figurait un holo de sa fiancée. Golpi lui lança un sourire triste qui se voulait rassurant. Le rodien devait à peine avoir la majorité sur sa planète… Aucun de ces types ne mérite de mourir aujourd’hui. Pourtant les rares d’entre nous qui en reviendront se demanderont toute leur vie : « Pourquoi moi ? ». Golpi se ressaisit quand un mouvement brusque indiqua que le transport perdait de l’altitude. Un crépitement se fit entendre dans l’oreillette du lieutenant Rilim.
– Navette 47, préparez-vous au largage.
Golpi comprit l’ordre et leva la tête vers les occupants de sa navette, et constata que, alors que le combat n’avait pas commencé, les pertes étaient déjà sévères. Le rodien, l’issorien et les autres le regardèrent avec détermination. Il leva un bras et brandit le pouce, avant de crier dans son micro :
– A mon signal !
Quelques instants plus tard, le sol de la navette se déroba sous ses pieds, le pilote ayant activé la fonction de largage. Le procédé était simple : le sol était constitué de deux battants, qui s’ouvrirent brusquement sous les pieds des soldats entassés. A peine plus élaboré qu’un transporteur à ordures… Tous les soldats furent lâchés en plein vide, à une bonne centaine de mètres du sol. Golpi s’efforça de ne pas fermer les yeux, et vit les chasseurs impériaux qui tentaient de tirer sur les petites cibles en chute libre. Un Tie fit feu, et son laser vert pulvérisa deux soldats d’un coup. Les sauteurs, encore groupés, faisaient de bonnes cibles, mais à peine quelques secondes plus tard, les Tie se détournèrent : les républicains étaient éparpillés dans le ciel et devenaient trop difficiles à atteindre.
D’un mouvement sec, Rilim tira sur la commande de son parachute à répulseurs. L’appareil se mit en marche instantanément, freinant brusquement sa chute et laissant le soldat planer doucement au-dessus du sol. Golpi constata avec amertume que certains combattants ne l’avaient pas activé, par oubli, par maladresse due au stress ou par dysfonctionnement de l’appareil. Cela arrivait toujours, et il détourna le regard de cette vision de corps humains tombant comme des pierres sur la forteresse ou sur le terrain l’entourant. Des missiles vivants, voilà une arme qui ne m’aurait guère surpris chez l’Empire…

Il était temps qu’il s’occupe aussi de lui, qui avait la chance d’être encore en vie et qui aurait peut-être l’opportunité, par son fusil blaster, de venger la mort de ses camarades.
Il toucha terre très rapidement, amortissant la chute comme il l’avait appris au fil des ans, et il roula sur le sable avant de se redresser souplement. Un coup d’œil lui permit de faire le décompte des soldats qui avaient atterri près de lui. Les troupes étaient massées par unités dans les transports, mais après le largage ils étaient tellement dispersés que ces divisions en étaient obsolètes. Ainsi, les soldats se regroupaient par proximité géographique une fois au sol. Les soldats avaient un uniforme bleu, tandis que les officiers portaient d’autres couleurs. Cette distinction permettait de repérer efficacement le supérieur de la zone. Cela, se dit soudain Golpi, permettait aussi aux ennemis de repérer les cibles à abattre. Mais dans le chaos des combats la différence devait somme toute paraître bien négligeable : tout le monde tirait dans le tas. Dans son uniforme vert sombre de lieutenant, Golpi Rilim se retrouva responsable des hommes qui avaient atteint la plage Nord, la plus petite et probablement la moins défendue.
Il leva la main en direction de la forteresse, indiquant qu’il prenait le commandement et qu’il était temps de se diriger vers la cible.
Mais les impériaux ne perdaient pas de temps non plus. Une rafale de laser faucha plusieurs soldats, et Golpi eut juste le temps de rouler à terre pour éviter un destin funeste. Il ne comptait plus les fois où il avait échappé de justesse à la mort, qui décidément ne semblait pas s’intéresser à lui. Il rampa sur le sable vitrifié en de nombreux endroits par la chaleur des lasers, et blottit son corps contre le cadavre d’un trandoshan massif, qui lui servit de protection précaire.
Quand son destin lui dicta que le moment était venu, il se redressa et brandit son fusil laser. Son expérience ainsi que son sens de l’observation lui avaient indiqué la position d’un poste d’artillerie, et il fit feu avec précision. Sans savoir si sa cible était touchée, il courut de toutes ses forces vers le pied de la forteresse, tout en remarquant que ses hommes le suivaient, tandis que d’autres restaient couchés à faire feu à l’aveuglette pour couvrir leurs camarades. Cela eut certes pour effet de distraire les tireurs impériaux, mais pas suffisamment : les rafales étaient abondantes, et Golpi s’efforça de ne pas se laisser décourager à chaque fois qu’un frère d’arme tombait.
Golpi ignorait parfaitement la situation sur les autres plages, mais avait ses prédictions : la situation était la même, les soldats arrivaient en masse, dans l’espoir que la mort de certains permette aux autres de passer. L’attaque aurait été bien plus facile si des chasseurs les avaient couverts, mais leurs tirs auraient été bloqués par le bouclier déflecteur, qui par contre n’arrêtait pas les êtres vivants.
Au pied de la muraille noire de la forteresse, le lieutenant Rilim avait trouvé un abri relatif : les artilleurs impériaux ne pouvaient tirer avec un angle aussi restreint de 90 degrés. Il eut alors un instant de repos, avant de faire signe aux types près de lui que c’était à leur tour de couvrir leurs camarades restés en arrière. Tous ensemble, les soldats reculèrent de la paroi pour obtenir un angle permettant d’atteindre les impériaux postés à différents niveaux des remparts de la forteresse.
Pris entre leurs cibles sur la plage et entre celles qui réapparaissaient subitement en-dessous d’eux, les impériaux furent quelque peu désemparés. Les républicains parvenaient peu à peu à localiser les postes de tir, et ces derniers, touchés avec plus de précision, se faisaient de moins en moins nombreux. Tout en observant avec satisfaction un canon lourd qui explosait vers les étages supérieurs, Rilim fut motivé par le fait de voir qu’ils parvenaient enfin à mener une attaque construite, une fois le chaos du largage passé. Pendant qu’il tirait, les soldats encore sur la plage se repliaient à leur tour vers le pied de la forteresse, puis les tireurs purent y retourner. Golpi ne prit pas le temps de compter ses effectifs, mais avait une vague estimation. Pas plus d’une cinquantaine… Cette pensée brûla son cœur, mais Golpi se dit que les pertes les avaient ramenés à un nombre où commander devenait possible, les hommes pouvant discerner le leader, et le leader pouvant gérer l’équipe.

Soudain, un hurlement le tira de ses pensées. Il vit avec consternation plusieurs soldats retourner en courant vers la plage, et comprit en entendant une explosion de mauvais augure : les impériaux, depuis les remparts, jetaient à présent des détonateurs thermiques vers leurs adversaires en-dessous d’eux. La déflagration déchiqueta ceux qui n’avaient pas été assez rapides, et Golpi, à l’écart, se couvrit les yeux de son bras gauche. Mais il n’était pas dupe : bientôt, son côté de la paroi serait visé lui aussi. Les impériaux comptaient bombarder la paroi, afin de pousser les républicains à retourner sur la plage, où ils pourraient les canarder à loisir.
Ceux qui avaient couru pour se protéger de l’explosion étaient dans cette situation, en plein échange de feu avec les agresseurs des remparts. Les tirs de laser constellaient le ciel, dans une fusillade bruyante et chaotique. Golpi avisa les soldats restés avec lui près de la paroi, et hurla dans son micro :
– Abandonnez vos explosifs, je répète abandonnez vos explosifs !
Tous les soldats portaient avec eux des charges explosives, destinées à leur permettre de se frayer un chemin dans la forteresse, mais aucun ne souleva d’objection comme quoi cet équipement leur serait nécessaire. Tous se débarrassèrent prestement de leur harnais à explosifs, comprenant la pensée du lieutenant : la moindre déflagration risquait de les transformer en feu de joie ewok. Une fois allégés de leurs charges, ils rejoignirent leurs collègues déjà retournés sur la plage, et levèrent leurs fusils vers les remparts, vers un ennemi toujours aussi protégé et avantagé.
Ce que peu avaient compris c’était que l’ordre d’abandonner les charges explosives au pied du mur était également une manœuvre stratégique du lieutenant Rilim. A l’instant où les soldats s’écartaient de la muraille, une nouvelle fournée de détonateurs thermiques tomba du ciel. Golpi courut encore plus vite, et plongea quand les sphères explosèrent. Il tomba sur le sable, roula sur lui-même, resta couché pour décocher quelques salves de lasers vers les remparts, puis observa la paroi où il se trouvait un instant plus tôt.
Comme il l’avait prévu, les charges explosives se déclenchèrent lors de l’explosion des détonateurs thermiques, le tout se muant en une explosion en chaîne de toutes les charges placées dans l’urgence et involontairement par ses hommes tout le long de la paroi. Tout le mur vibra sous les chocs consécutifs, et enfin la résistance du mur d’enceinte renforcé fut vaincue quand une brèche finit par s’ouvrir, leur ouvrant une voie royale vers le cœur de l’édifice. Golpi serra le poing et murmura un Oui ! victorieux en constatant le succès de son plan improvisé : se servir des grenades impériales et des charges de ses hommes pour faire ce pour quoi ils étaient venus : percer le mur et investir la place forte.

Une nouvelle fois, certains de ses hommes adoptèrent une attitude de couverture pour que d’autres puissent se hâter de rejoindre la brèche. Golpi imaginait déjà les soldats impériaux des remparts qui quittaient leurs postes pour dévaler les étages et aller « accueillir » l’ennemi directement dans la base. En effet, la résistance sur les remparts se fit progressivement moins forte (les pertes impériales commençant également à chiffrer), et bientôt l’ensemble des soldats républicains de la plage Nord encore vivants s’étaient regroupés autour de Golpi Rilim et, avec une détermination nouvelle, rechargeaient leurs armes pour la seconde manche.